Les sanglots longs, des violons, de l’automne

Blessent mon cœur, d’une langueur, monotone.

Assise à même le sol, la française promenait ses doigts à la recherche du vinyle parfait, où plutôt celui qu'elle se décidera enfin à mettre sur ce tourne disque. Vêtu d'un simple pull en laine, qui lui allait tout de même à ravir, elle souriait vaguement, comme si elle nageait dans une certaine forme de bonheur. Sans mentir, elle se sentait divinement bien en partageant cette soirée avec le brun, mais ce sourire collé sur son visage était surtout dû au dernier verre de vin blanc qu'elle venait de terminer. Cette bouteille, c'était son idée, histoire de faire goûter un bon vin à son petit copain anglais. Ce rendez-vous, comme les quelques rendez-vous qu'ils avaient déjà eu auparavant, avant ce goût de découverte -comme deux adolescents qui flirteraient vaguement ensemble à travers quelques contacts chaleureux et quelques sourires malicieux. Charlie fumait tranquillement sur sa paillasse, tandis qu'elle attrapa enfin une pochette parmi toutes les autres. « J'adore cet album ! » Lola versus powerman and the moneygoround de The Kinks, une base musicale que tout le monde possédait chez lui ou du moins toutes les personnes qui partageaient un minimum ses goûts musicaux. Sans plus attendre, elle plaça le vinyle sur la platine et celui-ci commença sa frénétique danse répétitive.

Automne attrapa une de ses cigarettes qui se trouvaient sur la table basse, caressant au passage le chien se reposait paisiblement à côté de son maître. « Je l'écoutais tout le temps quand Hippolyte était en Amérique. » Trois longues années qu'elle avait passé à des milliers de kilomètres de son meilleur ami, une période vraiment longue où ce dernier l'avait réellement manqué. Alors le soir, après lui avoir téléphoné pendant des heures, elle avait pris l'habitude d'écouter de la musique, celle qu'ils écoutaient avant son départ comme Oasis ou Police. La française se releva, dans le but de s'asseoir au côté de Charlie, qui la regardait, mais elle tangua légèrement à cause de l'alcool et préféra rester debout pour sauver son image. « C'était vraiment délicieux ce repas. » Un sourire en direction du brun, tandis qu'elle balançait lentement son corps de droit à gauche, tournoyant même sur elle même comme si la musique prenait le dessus sur elle. Son état un peu second -juste un peu joyeuse, lui donnait un air maladroit et bien moins froid qu'elle pouvait parfois avoir.

electric bird.

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Blessent mon cœur, d’une langueur, monotone.

« Hippolyte me manquait terriblement, un moment j'ai même hésité à le rejoindre, avant de me souvenir que je ne pourrais jamais vivre dans ville aussi grande. » Le brun la connaissant désormais suffisamment pour savoir qu'elle ne pourrait jamais avoir assez de patiente pour vivre là-bas et que surtout, elle ferait terriblement tâche. Parfois, il fallait savoir rester à sa place et celle d'Automne n'était pas au milieu des barres d'immeubles et des grosses voitures. Déjà, Londres sonnait parfois un peu trop comme une contrainte à ses yeux, elle qui préférait le calme de ses maisons de famille en bord de mer, dans la douceur poétique des villages de pêcheurs. Parce que pour elle, l'endroit parfait se résumait à une fenêtre donnant sur l'eau, un bon livre et un thé subtilement infusé. « Puis comme il avait un copain, j'avais peur qu'il ne revienne pas. » Ce genre de choses, elle ne l'avait jamais dit au blond, parce qu'elle ne voulait pas qu'il se pense tenu en laisse par elle, parce que même si elle avait été terriblement triste de ne pas le voir rentrer, elle aurait été heureuse pour lui s'il avait trouvé l'amour, même à l'autre bout du monde. Le brun semblait douter de la qualité de sa cuisine, ce qui le rendait réellement adorable aux yeux de la française qui lui adressa un sourire encore plus doux. « Non, vraiment, c'était parfait. » Avant de se perdre dans une danse fantasmagorique.

La deuxième chanson toucha à sa fin, quand la jeune femme réalisa qu'elle était totalement en train de planer au milieu du salon de son petit copain. La française ne se sentait pas vraiment gênée, elle se demandait juste depuis combien de temps elle tournoyait de cette manière, sans rien dire. Histoire de ne pas ennuyer le brun, elle se décida enfin à le rejoindre, se posant juste devant lui en tailleur, le regardant avec ce regard doux qui -même s'il était un peu vitreux- disait beaucoup sur la nature de ses sentiments pour lui. Elle attrapa avec une de ses mains, son sac à main et en sorti un appareil photo. Elle coinça sa cigarette entre ses lèvres, avant de viser l'anglais pour prendre une photo de lui. Automne ne lui demandait pas de sourire, elle préférait prendre les gens tels qu'ils étaient, parce que c'était ça qui les rendait beau à ses yeux. « Voilà, tu es dans la boîte ! » La française avait toujours aimé prendre des photos et savait capturer ce petit détail chez les gens ou dans les lieux qui pigmentait chacune de ses photographies. Elle reposa son appareil et recracha sa fumée de cigarette dans le visage de l'anglais en souriant gentiment. « J'adore passer des soirées avec toi. » Un aveux terriblement sincère, qui avait le mérite de venir du coeur.

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Ses yeux ne quittaient plus ceux de Charlie, elle trouvait son regard doux et chaleureux -en fait, tout était doux et chaleureux chez Charlie pour elle. Il semblait toujours calme et apaisé, tandis qu'elle était capable de s'énerver pour un rien et pensait presque tous les jours à son petit frère. L'anglais était sans le savoir, exactement la personne qui lui fallait dans la vie, celui qui lui donnait un équilibre dans sa vie et elle était plus qu'heureuse de lui avoir personnellement présenté ses excuses. « Oui, New-York. Je pense que ça doit être assez étouffant comme ville. » Quand le brun aborda le sujet de la chanson de Sting, elle ne put retenir un petit rire, puisque c'était exactement la phrase qu'elle avait sorti pendant trois ans à son meilleur ami. « Exactement, je lui avais même acheté un T-shirt avec cette chanson pour son anniversaire. » Hippolyte lui avait vraiment trop manqué pendant toutes ces années et elle préférerait qu'il ne reparte plus jamais aussi loin d'elle.

Elle posa sa main sur la cuisse de Charlie, après avoir doucement posé l'appareil photo à leurs côtés. Elle aime sentir le regard du jeune homme sur elle, parce qu'elle le sait doux et sincère. Avec lui, elle se sent comme sur un petit nuage à l'extérieur du monde, à l'abri des malheurs. Automne pourrait passer des jours dans cet état, dans ce salon pour lui parler, pour lui sourire ou tout simplement, être avec lui. Un large sourire se dessina sur son visage lorsque l'anglais lui avoua lui aussi adorer ce genre de moment. La française termina sa cigarette, quand Charlie lui attrapa la main, avant de lui dire qu'il l'aimait. Son coeur s'accéléra, elle savait que c'était sincère et elle savait qu'elle ressentait exactement la même chose pour lui. Apprendre que ses sentiments étaient partagés avec lui, la rendait vraiment heureuse et la rendait peut-être même plus amoureuse encore. « Moi aussi je t'aime. » Elle était incapable de retirer ce sourire stupide et dans un élan de joie, elle s'approcha de l'anglais et l'embrassa langoureusement. Elle ne l'avait jamais embrassé de cette manière, mais elle en avait vraiment envie à ce moment précis. Seulement, au bout de quelques secondes, elle réalisa ce qu'elle était en train de faire et s'écarta un peu, guettant la réaction de Charlie, qui lui avait lui-même avoué de ne pas avoir l'habitude.

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Ses bras autour d’elle, il n’en fallait pas plus pour la rendre heureuse. C’était le constat qu’elle s’était fait après ce mois passé avec lui en tant que couple. Chaque instant passé avec lui était magique, pour sa douceur et pour sa beauté. Automne ne s’était jamais sentie aussi bien que depuis qu’ils étaient tous les deux, comme sur un petit nuage, loin du monde extérieur. C’était sûrement cette raison qui l’avait poussé à en vouloir plus, à lui imposer ce baiser incroyablement sincère et qui voulait dire beaucoup pour elle. C’était sa manière de lui dire qu’elle l’aimait et qu’elle l’acceptait comme il était, avec ses défauts et ses qualités. Lui dire qu’elle s’offrait à lui et qu’elle le considérait vraiment comme l’homme qu’elle aime. Seulement, en relevant les yeux vers le brun, elle regretta rapidement son acte, peut-être que c’était trop tôt, que c’était trop bizarre ou simplement qu’il ne voulait pas. Automne qui jusque là avait été dans un état un peu second, trop beau pour être vrai était obligé de redescendre rapidement, happé par la dure réalité. «Originale ?» Pour elle, ça ne l’était pas, mais elle était prête à l’accepter, mais plus le brun parlait, plus elle se sentait mal.

Charlie n’avait pas aimé. Peut-être qu’elle ne lui en donnait pas envie ou peut-être qu’il ne l’aimait pas de cette manière. Un milliard de questions s’entrechoqua dans sa tête, tandis qu’elle restait passablement immobile devant l’anglais. Automne était un peu vexée, à moins que ce ne soit blessée par cette révélation et après un léger soupire elle se recula. Elle n’avait pas envie de s’énerver, de gâcher cette soirée qui avait été parfaitement idyllique, de toute manière elle avait trop bu pour ça. La photographe l’avait lâché, pour s’asseoir un peu plus loin et s’alluma une cigarette. «Je suis désolée, je n’aurai pas dû faire ça par surprise...» Les joues un peu roses, elle s’en voulait en même temps qu’elle lui en voulait. Pourquoi il n’aimait pas ce que les autres adoraient ? Et pourquoi ce sentait elle si offusquée ? S’excuser était visiblement la meilleure solution, même si elle en avait aucune envie.

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Une sorte de malaise s’installa dans la salle, tandis qu’elle attrapa une cigarette dans son paquet comme pour oublier son erreur. Elle avait l’impression de passer pour une idiote, le genre de fille pas fréquentable qui saute sur son copain sautant les étapes de manière stupide. Automne voyait très bien que son copain était mal à l’aise et elle ne voyait pas vraiment comment rattraper le coup cette fois. Sans surprise, il s’excusa. En fait, Charlie avait cette manie de toujours s’excuser même quand elle commettait des erreurs et elle devait avouer qu’elle trouvait cela très charmant -sans parler de l’aveu qui suivit. « J’aurai pas dû te surprendre comme ça. » Automne s’en voulait terriblement et cela se traduisit par une étonnante descente de son verre de vin blanc, ce qui n’allait pas aider à la rendre moins palpable.

La question du brun l’étonna vraiment et elle continuait de plus en plus à s’en vouloir. La française culpabilisait de l’avoir embrassé ainsi, mais aussi de s’être éloigné pour boire et fumer. Sans rien dire elle se servit un autre verre, avant de lever les yeux vers lui. « Non... » A la suite de quoi, l’anglais lui déclara la chose la plus mignonne et gentille qu’un homme lui ai dit dans sa vie, ce qui la fit rougir très rapidement. « Charlie... » Elle posa sa cigarette sur le cendrier, avant de s’avancer sur le genoux en direction de l'anglais en lui attrapant les mains. « Je ne m’énerve pas du tout et bien sûr que je ne pars pas, je suis trop bien avec toi pour partir. » D’un geste presque maternelle, elle passa sa main dans les cheveux sombres de son petit ami, en lui souriant. « Toi aussi tu es une des meilleures choses de ma vie et je suis désolée si je t’ai offensé. » Toujours aussi douce, elle lui caressa la joue en souriant se tenant face à lui.

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Blessent mon cœur, d’une langueur, monotone.

L’inquiétude qui s’était installé sur le visage de plus âgé semblait enfin s’être dissipé sous les belles et sincères paroles de la française. Elle s’en voulait un peu de savoir qu’il pouvait penser qu’elle partirait s’il ne répondait pas à ses pulsions, pourtant elle n’avait aucune envie de partir. C’était la meilleure chose qu’il lui était arrivée depuis très longtemps et elle comptait bien faire en sorte que tout se passe bien, parce qu’elle s’était très vite attaché à lui, comme s’ils étaient fait pour être ensemble. Charlie était réellement doux et bienveillant, prêt à faire de concessions pour son bien être, ce qui était à la fois touchant et un peu triste. Automne ne voulait pas cela soit vu comme un sacrifice ou une soumission, elle voulait réellement que cela soit partagé. « Je ne le referai pas tant que tu ne le voudras pas. » Un sourire avant de lui faire un bisous sur la joue, plein de douceur. Passer du temps avec le brun était toujours un plaisir et elle adorait chacune des petites attentions qu’il lui portait, parce qu’elles étaient plutôt rares, mais toujours sincère. Alors quand elle sentit la main un peu chaude de l’anglais sur sa joue, elle ne put s’empêcher de sourire.

Ses mains se posèrent sur les jambes du brun, tandis qu’elle se tenait toujours à genoux devant lui, ne le quittant pas du regard. L’alcool lui montait toujours à la tête et elle avait clairement les yeux vitreux, ce qui expliquait sûrement l’invitation du jeune homme à rester dormir. C’était la première fois qu’ils dormiraient ensemble et elle supposa naturellement que c’était un peu pour s’excuser de ce baiser trop intime. Elle ne se fit pas de film, devinant qu’il ne se passerait rien, mais elle s’en fichait pour la simple et bonne raison qu’elle pouvait de cette manière rester dormir chez lui. « Avec plaisir. » Comme pour confirmer ses dires, elle se leva rapidement, manquant au passage de trébucher et attrapa la bouteille de vin, pour la finir, puis la posa direction la chambre. Épuisée, elle retira son jean et son haut, avant de se tourner vers Charlie. « Tu aurais un t-shirt s’il te plait ? » Un peu trop éméchée, elle ne réalisait pas vraiment qu’elle se trouvait actuellement en petite tenue devant l’anglais trop timide pour un baiser avec la langue, mais elle s’en fichait parce qu’elle avait déjà bu quelques verres de trop et que c’était son petit ami.

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