She's a lady, man

I swear

« Oh, Basile, commença-t-elle en secouant ses lourdes boucles temporairement rousses. Qu'est-ce que tu es allé faire ? » Voyant qu'il s'apprêtait à répliquer, elle leva un doigt accusateur pour l'interrompre. « Oh, Basile, commença-t-elle en secouant ses lourdes boucles temporairement rousses. Non, ne dis rien. Je comprends. Ta soif de justice l'a emporté sur la raison, n'est-ce pas ? Figure-toi que je te soutiens. C'est normal. C'est comme ça que tu es fait. Tu es un véritable héros, Basile... Bien sûr, tu pourras toujours compter sur moi. » Pensive, elle laissa passer une seconde de silence, scrutant avec attention les traits de son ami. Lorsqu'enfin, elle devina l'ébauche d'un sourire, elle continua : « Enfin, ça, c'est le genre de débilités qu'on raconte dans les films, PAS VRAI, BASILE, PUTAIN, T'AS FOUTU QUOI, MEC ?! » On aurait pu croire qu'elle explosait, littéralement. Sa main s'abattit avec violence sur sa joue, sans le moindre remords. « EST-CE QUE TU TE RENDS COMPTE, BASILE, DES PUTAINS DE RISQUES QUE TU T'AMUSES A PRENDRE, ESPÈCE DE CRÉTIN ? JE SAIS MÊME PAS POURQUOI JE PRENDS ENCORE LA PEINE DE TE PARLER. QU'EST-CE QU'IL Y A DANS TA TÊTE A LA PLACE DE TON CERVEAU POUR QUE TU PUISSES AVOIR DES IDÉES PAREILS, HEIN, DIS-MOI ? TU RÉALISES... » Son poing entraîné de boxeuse fouetta son épaule. « A QUEL POINT... » Menaça de le frapper encore. « TU M’INQUIÈTES ?! » Essoufflée, elle avorta son geste. Le fixa en silence un long moment, le bruit de sa respiration hachée résonnant avec une étrange incongruité dans le silence qui avait succédé à ses rugissements. Enfin elle laissa échapper un sanglot désespéré. Un seul, un unique. Elle l'étouffa dans une grimace rageuse. « Merlin, t'es con, Basile... Qu'est-ce que t'es con... »

Les épaules secouées de tremblement, elle lui faisait face avec l'autorité d'un commandant de l'ancienne époque et la hargne héritée de l'enseignement de Nikolaï. « J'te déteste, conclut-elle en haussant les épaules comme si tout cela ne la concernait pas. » Dans sa tête résonnait encore ses derniers mots.
Tu m'inquiètes, Basile. Tu m'inquiètes vraiment.

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Sans broncher comme un enfant devant sa mère, il encaissait chaque mot et chaque geste de la brune. Son air désolé ne changera rien, Basile avait fauté et au fond, il l'assumait. Ses raisons n'étaient peut-être pas suffisante pour justifier ses actions, mais c'était les siennes et il devait les assumer jusqu'au bout ses choix. L'écossais avait délibérément mis à l'écart son amie et ce n'était pas la seule. Joy était trop précieuse pour être mise en danger et maintenant qu'il avait lu son dossier plus que jamais. La gifle le réveilla, le ramena à la réalité, face aux regards ténébreux de Joy. Il savait bien qu'elle lui en voudrait et il acceptait sans sourciller cette violence. C'était parce qu'elle tenait à lui qu'elle se montrait si dure, il le savait.

Tu n'imagines même pas à quel point je suis idiot. Si Joy pensait que Basile avait dépassé les limites et qu'il ne pourrait pas la décevoir plus, elle se trompait. L'écossais imaginait déjà l'incompréhension dans le regard de la brune quand elle apprendra pour Lichuan, parce qu'elle finira bien par l'apprendre. Aucun secret n'était éternel et il était trop bien placé pour le savoir. « Aoutch. » Son épaule le lance, Joy n'était pas faible et elle venait de le lui prouver, pour sûr il en gardera un joli bleu, mais il ne riposta pas préférant la laisser vider son sac. Crever l'abcès.

J'te déteste. De tout ce que la brune venait de dire ou faire, c'était la plus dure à endurer. Si Joy l'abandonnait, il ne pourrait certainement pas se relever et n'aurait aucune raison de continuer. « Je comprends. » Il acceptait qu'elle lui en veuille, qu'elle le haïsse, mais il ne pouvait définitivement pas se résigner à la perdre, pas elle. « Je suis désolé et je sais bien que ça n'excuse rien, mais c'est compliqué.  » Basile posa sa main sur l'épaule de son ami et plongea ses yeux verts. « Je ne suis pas un héros, j'essaye juste de faire les bons choix. S'il te plaît, ne me regarde pas comme ça, j'ai besoin de toi.  » Il aura toujours besoin d'elle, parce que Joy c'était une héroïne, plus badass que celle des comics.

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Joy attendait. Elle attendait l'habituel, profondément exaspérant mais pourtant étrangement rassurant Because I'm Batman. Elle attendait l'inimitable sourire en coin, le rictus confiant, douloureusement honnête, guettait l'assurance que Basile était toujours le même, pétri de justice et d'idéaux en acier, terriblement insoumis. Mais, dans son regard, elle ne rencontra qu'une faible étincelle résignée que ses mots avaient contribué à allumer. La jeune femme serra les poings. Sa main sur son épaule était aussi lourde qu'une chape de plomb, aussi lancinant que le plus grand des regrets. Il ne comprenait rien, l'imbécile. Ses excuses ne convainquaient que lui. Mais plus que son stupide élan de bravoure, ce qui l'inquiétait, c'était l'idée qu'elle soit incapable de l'aider. De le défendre. De le protéger. « C'est compliqué ? rétorqua-t-elle d'un ton bravache. Très bien. Explique-moi. J'ai été ta coéquipière pendant tant d'années, ta meilleure amie même, alors si tu as vraiment besoin de moi, si tu veux me garder auprès de toi, tu as plutôt intérêt à tout déballer. » Elle jeta un coup d'œil distrait vers les lumières qui illuminaient la piste de danse et grimaça. « Je hais les fêtes. Tu sais pourquoi je me suis décidée à venir ? Parce que Victory m'a confié quelque chose que tu lui as racontée et il s'est avérée que tu m'avais offert une version différente. Pas très malin pour le meilleur Auror de l'année, hein, Basile ? T'as menti aux mauvaises personnes. » Elle inspira profondément.

« Je te déteste pas, crétin, conclut-elle en saisissant la main qui s'était échouée sur son épaule et en la serrant fort. Le truc, Basile, c'est que je ne sais pas comment je suis censée te seconder si tu me maintiens délibérément à l'écart. Qui protège tes arrières, cow-boy ? » Si elle savait, Joy, si elle savait.

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L'amitié que les deux avaient construis était sûrement la plus solide du monde et même si Basile se doutait avoir déçu sa meilleure amie, il savait qu'il pourra toujours compter sur elle en cas de besoin -partenaire à vie. Pourtant, son mensonge laissait fortement penser le contraire et il comptait bien se rattraper auprès de Joy, la personne qui comptait désormais le plus à ses yeux. « Je comptais t'en parler, mais … » La brune parla de ses mensonges et l'auror baissa vaguement les yeux, il savait bien que son mensonge à la milliardaire ne tiendrait pas très longtemps, mais il avait au moins réussit à l'épargner jusque là. « J'ai menti à Victory pour qu'elle pense que tout allait bien… Bon c'était raté je te l'accorde. » Un petite rire devant cette évidence déconcertante qui n'allait sûrement pas faire rire l'ancienne auror. « Toi comme toujours Joy, mais faut vraiment que je te parle d'un truc. » -une chose très importante.

Il prit une grande inspiration, cherchant le courage et les mots pour expliquer rapidement ces derniers mois. « Ça a commencé avec Sherkan, puis Jessie. Et après il est venu me voir, quand j'étais encore chez toi. Je voulais t'en parler à ce moment-là, mais quand on est allé dans les bureaux de la SEEPOM, j'ai réalisé l'importance de cette mission. Je sais que tu aurais fait la même chose, parce que tu es une putain de justicière. » Il marqua une pause, non pas pour faire durer le suspens, mais pour ne pas dire de bêtises. « Joy, j'ai trouvé ton dossier, ils le cachaient dans les bureaux de la SEEPOM. En fait, c'était juste pour te dire ça que je suis venue ici ce soir. »

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La colère l'emportait sur la compassion. Elle mourrait d'envie de l'entendre bredouiller des excuses maladroites mais sincères, parce que Basile était l'homme le plus stupidement honnête qu'elle avait jamais rencontré. Puis, lorsque sa fierté imbécile l'aura finalement laissé tranquille, ils s'assiéront autour d'une assiette de frites trop salées, trop grasses, feront quelques mauvais jeux de mots et parleront longtemps ; de tout, de rien, de ses inquiétudes, de son enquête, Basile lui confierait ses doutes et Joy lui livrerait ses hypothèses. Comme avant. Cette routine familière lui manquait. Le feu qui courrait dans ses veines, lui ordonnait de tout lâcher pour reprendre du service, en était la preuve. Cependant, Basile réussit à la surprendre.

Faut vraiment que je te parle d'un truc.

Ses épaules se tendirent douloureusement, sa respiration se calqua instinctivement sur la sienne. Son ton était beaucoup trop sérieux pour qu'elle ose l'interrompre et pourtant, à l'instant même où il acheva sa confession, elle aurait aimé l'avoir arrêté avant d'en arriver là, à l'inévitable évocation de son crime oublié.

Joy, j'ai trouvé ton dossier. Le reste était superficiel. Elle laissa échapper un soupir tendu, incertain. Une putain de justicière. Elle ne savait pas réellement à quelle réaction de sa part s'attendait Basile mais elle choisit de faire exactement ce qu'elle aurait fait en n'importe quelle autre occasion.
Elle serra les poings et le frappa à nouveau. Le ventre, cette fois.

« Crétin ! elle beugla avant de poursuivre d'une voix plus calme : C'est pas ça l'important, idiot. Je t'ai déjà dit que je voulais pas savoir. » C'était la pure vérité. Cependant, le fait que son dossier ait été caché, volontairement dissimulé dans les bureaux d'une organisation aux agissements plus que douteux, alluma une lueur d'intérêt dans son regard. Cela, allié à l'article que Kendra avait écrit il y a longtemps, commençait à torturer ses certitudes. Ce doute lancinant, elle choisit de l'ignorer sans un regret. Je viens de me remettre avec Kendra, ma vie a retrouvé un semblant d'équilibre depuis peu, je ne peux pas me permettre de tout gâcher.
Seulement —
Non.

Elle s'apprêtait à répéter à quel point elle voulait laisser tout ça derrière elle lorsque quelque chose l'interpella. Pensive plus que vexée, elle demanda : « Qui ça, il ? Qui ça, on ? »

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Une pression sur l’abdomen et une soudaine difficulté à respirer, voilà un petit aperçue de la force que pouvait avoir sa meilleure amie quand on l’énerver. Il encaissa le coup, sans rien dire et restant droit comme un piquet. Il comprenait parfaitement cette colère et était prêt à la subir, à condition qu’elle reste ici pour discuter. Fuir la conversation était inutile, il fallait la régler une bonne fois pour toute. « Si tu ne veux rien savoir, tu ne sauras rien, mais je veux que tu saches que tu n’es aucunement une criminelle. Simplement une victime de tout ça… Comme moi. » Un constat soudainement douloureux, les deux aurors avaient été traîné en laisse là où le ministère avait voulu les mettre, sans jamais montrer les crocs. Cela dit, ils n’étaient pas amis pour rien et avec quelques années de différences, avaient fini par se rebeller faisant d’eux ce qu’ils étaient aujourd’hui -des âmes torturées. Basile avait dit ce qu’il avait à dire et n’en dirait pas plus sans l’accord de Joy, il se sentait bien mieux maintenant, du moins avant que la brune capte une anomalie dans son récit.

Un complice. L’écossais pourrait mentir et dire que c’était Ayrton, ce qui serait logique, mais le mensonge ne l’avait pas vraiment aidé jusque là. C’était assez compliquer d’admettre qu’il avait formé une équipe avec Lichuan Whitelaw et il était prêt à parier que la brune ne trouvera pas du tout l’idée amusante. Il soupira et passa sa main sur son visage comme un enfant qui se débarbouillerait le visage. « Lichuan. » Un nom, tout droit sorti des abysses. « Écoute, ça doit paraître dingue, mais on avait plus ou moins un but commun. »  Cela devait paraître aussi dingue à entendre qu’à dire. « La fin justifie les moyens ? » Une petite note humoristique, histoire de dédramatiser la situation, pas sûr que cela soit aux goûts de la brune.

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