Clouds will cover your eyes, you'll tell me lies,

But I won't leave you.

Fidèlement adossé au comptoir, Basile descendait les verres d'alcool comme si c'était de la grenadine regardant régulièrement l'heure sur sa montre. Les minutes passaient avec une lenteur désolante et il était à deux doigts de partir quand il aperçut soudainement une petite brune aux oreilles de chat passé devant lui. Après toutes ses années à la côtoyer, ce n'était pas un déguisement qui allait lui empêcher de la reconnaître. Intérieurement, le fait que Victory ai choisi un costume de Catwoman l'amusait beaucoup et lui faisait vaguement espérer qu'elle ne lui en voulait finalement pas tant que ça. La conversation avec Joy l'avait légèrement blasé et il avait hâte de pouvoir passer à autre chose. La dernière fois qu'il allait mal, il avait trouvé en Victory une sorte de rayon de soleil et il espérait au fond  pouvoir se détendre un peu à ses côtés en rigolant comme deux adolescents parfaitement immature.

La jeune femme semblait ne pas l’avoir vu et il abandonna son verre sur le comptoir pour se lancer à sa poursuite, bousculant au passage un superman. En moins de temps qu’il en faut pour dire Quidditch, il l’avait déjà rattrapé et l’attrapa par le poignet. « Joyeux Anniversaire ! » Un sourire de gosse, tandis qu’il se tenait juste devant elle. « Sympa la combinaison, Mini Miss !» Basile remercier infiniment son frère de lui avoir parlé des anciens talents de la brune et se régalait déjà à la nommer par ce titre peu glorieux. Objectivement, il aurait adoré le savoir quand ils étaient encore à Poudlard.  Il se serait bien lancé dans une énumération interminable de blagues au sujet de la brune, mais le regard sombre de cette dernière le coupa directement.

Le regard de l'écossais se posa sur la bouteille de champagne que cette dernière tenait à la main. « Je vois que tu passes une bonne soirée. » L'auror se tenait, un air faussement joyeux devant la jeune femme, espérant que cette dernière l'aidera à rendre cette soirée un peu moins nulle, sans quoi, il partira sans plus attendre, mais il connaissait suffisamment son amie pour savoir qu'elle était toujours partante pour s'amuser.  Loin d'imaginer ce qu'il, enfin ce que l'autre Batman, avait bien pu faire ou dire quelques secondes auparavant.

electric bird.

Clouds will cover your eyes, you'll tell me lies,

But I won't leave you.

Des reproches et encore des reproches, c'était décidément sa soirée. S'il avait espéré un seul instant pouvoir passer du bon temps en compagnie de l'ancienne poufsouffle c'était désormais un rêve lointain. Il ne fallut pas plus de temps à Basile pour savoir qu'il allait en prendre pour son grade, une fois de plus, sauf que cette fois il ne s'y était absolument pas préparé. Un léger soupire avant de passer sa main sur son visage effaçant ainsi le sourire de premier de la crèche qui s'était installé sur son visage en voyant la brune passer. Basile pouvait comprendre qu'elle puisse lui en vouloir, pour lui avoir menti et surtout à cause de l'article, mais il ne regrettait pas ce choix et ne voyait pas vraiment pourquoi la brune en faisait toute une histoire, après tout il ne comprenait pas pourquoi Victory pouvait se faire du soucis pour lui. « Je suis désolé pour l'article, mais c'est plus compliqué que… » Ne le laissant même pas finir, elle retira violemment sa main de la sienne et lui lança un regard terriblement dur et accusateur qui faisait bien plus de mal qu'une gifle.

L'anglaise était définitivement remontée et l'auror ne comprenait pas du tout ce qu'elle était en train de lui reprocher. « Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles là. » Un air plus que blasé sur son visage, tandis qu'il essayait de recoller les morceaux. Finalement, il conclut rapidement que la brune avait un peu trop abusé de la boisson et ne savait plus vraiment ce qu'elle racontait. Peut-être que s'il n'avait lui-même pas bu, ou simplement dormi un peu plus ces dernières nuits, il aurait rapidement fait le rapport avec le deuxième Basile Flaversham de la soirée, qui avait d'ailleurs disparu depuis un bon bout de temps. L'écossais n'était pas vraiment d'humeur à supporter une deuxième dispute, pourtant il tenait trop à la brune pour simplement partir. Rien que pour cela, il restait impassible devant les mots blessants de la milliardaire, encaissant comme toujours sans rien dire. Il avait fauté, il était temps d'en assumer les conséquences, telle était sa punition.

Qu'elle puisse penser qu'elle n'était rien pour lui le dérangeait, le blessait. Sa langue passa sur ses lèvres comme pour se retenir de lui dire de se taire. Parce qu'à ce moment précis, il avait juste envie qu'elle se taise, qu'elle arrête de lui reprocher des choses aussi futiles, parce que jamais il n'avait voulu la blesser. L'auror n'avait jamais voulu autre chose que le bien de ses proches et l'idée qu'ils puissent penser le contraire l'attristait et l'agaçait fortement. « Je ne t'ai jamais prise pour une conne. » Basile semblait terriblement fatigué et sa joie habituelle avait totalement disparue, laissant place à ce presque trentenaire malmené par la vie. Puis Victory se détourna de lui, s'apprêta à partir. Il ne pouvait pas la laisser partir, pas comme ça. Elle avait déjà disparue assez longtemps de sa vie

« Victory ! Arrête un peu sérieusement ! » L'agacement se percevait facilement dans sa voix, l'auror n'avait plus aucune envie de rire et si la brune voulait des règlements de comptes, elle les aura. « Oui, j'ai menti. Je t'ai menti. » Une vérité qui sonnait comme un aveux. « Et si je devais le refaire, je le referais. Parce que c'était la seule manière de vous tenir à l'écart. Tu ne t'ais jamais dit que j'avais fait ça, juste pour vous protéger. Juste parce que je tiens à toi ?! » Basile Flaversham faisait terriblement adulte et commençait à regretter son verre. .

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Ses paroles ne semblaient absolument avoir apaisées la brune dans sa colère et l'auror ne savait pas vraiment ce qu'il pouvait répondre à ça. Qui te protège toi ?! Il avait toujours été du genre trop courageux pour son propre bien et il ne prenait que très rarement les risques en ce qui le concernait.  Objectivement, il savait mieux que personne ce que la mort brutale d'une personne qu'on aime pouvait faire, mais il savait surtout qu'il ne pouvait plus supporter de perdre un autre proche. Sous ses airs de jeune homme joviale et détaché, il était bien plus tiraillé et sa consommation grimpante en boisson en était très certainement la preuve. Basile était fatigué de tout cela et il donnerait tout pour pouvoir vivre une vie parfaitement normale, loin de tout ça. Ayrton. Joy. Son père. Victory. Les reproches le lassaient plus que jamais et il aimerait tellement que ses quatre personnes comprennent, parce que c'était les seules personnes dont il avait réellement besoin.

« Victory, je t'ai toujours fait confiance, après le zoo, je pensais que c'était une évidence. » L'auror ne comprenait absolument pas l'histoire de toilette et préféra ne pas relever, histoire de ne  pas vexée encore plus la jeune femme en lui disant qu'elle était complètement déchirée et qu'elle ne savait même plus ce qu'elle racontait. « Me compare pas à eux, s'il te plaît. »  Un rictus de désaccord sur le visage de l'auror, surtout en entendant le de Jessie. L'oublier était bien plus difficile qu'il ne l'aurait imaginé et à chaque fois qu'il en entendait parler, il le revoyait en sang sa salle de bain. Une vague envie de vomir, tandis que ses poings se fermait comme pour canaliser son énervement.

Toi et moi. Jamais Basile n'aurait imaginé la brune dire une chose pareille, envisager qu'entre eux il pouvait y avoir quelque chose. Qui voudrait être avec lui ? L'auror ne comprenait pas et resta quelques secondes  parfaitement immobile, le regard vide tandis que la brune terminait de déballer tout ce qu'elle avait sur le coeur. Dans un autre contexte, cette déclaration l'aurait sûrement fait sourire, mais après tout ce qu'il s'était passé, elle apparaissait comme un nouvel échec. Alors qu'il était en train de réaliser à quel point le lien qui les unissait était important, il sentait qu'il la perdait. Seulement, malgré tout le malaise qu'il pouvait ressentir, il ne regrettait aucun de ses choix et assumait d'avoir délibérément menti  à toutes ses personnes. Si seulement vous vouliez bien comprendre un peu.

L'écossais était à bout, à fleur de peau et cela depuis déjà bien trop longtemps pour un seul homme. Si Victory avait voulu la vérité, elle allait peut-être rapidement le regretter. « Parce que tu penses que c'était un plaisir de passer toutes mes putains de journées avec l'autre abruti qui te sert de meilleur ami ?! D'ailleurs tu comptais me le dire un jour que tu l'hébergeais encore sur ton canapé ? Tu crois que c'était facile de vous regarder dans les yeux et de vous dire que tout va bien ? Ou que vivre chez mon petit frère parce que rentrer chez moi ça me donne juste envie de vomir, c'était juste pour le plaisir ? » Il s'arrêta un bref instant, plongeant ses yeux verts dans ceux de la brune. « Ma mère est morte, mon meilleur ami est mort et j'ai déjà failli perdre Joy une fois. Alors, si tu penses que je vais m'amuser à mettre vos vies en danger, c'est que tu ne me connais pas si bien finalement. » Ses mots étaient durs et Basile n'en revenait même pas. Il venait de sortir tout ce qu'il gardait pour lui depuis bien trop de temps, mais contrairement à ce que l'on pouvait lire dans les magazines de psychologie, cela ne le soulageait absolument pas. « Tu peux m'en vouloir autant que tu veux, mais sache que si je suis venu dans cet endroit stupide c'était certainement pas la musique. » Désinvolte, il attrapa le petit paquet qui se trouvait dans sa poche et le plaça dans la main de la brune sans lui demander son accord. Basile détestait déjà le Deus, mais maintenant c'était une certitude.

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But I won't leave you.

Parler de cette manière à Victory, le jour de son anniversaire qui plus est, lui faisait beaucoup de peine. Elle l'avait laissé parler jusqu'au bout, sans le couper comme il l'avait fait. Basile s'exprimait pour la première fois sur toutes ses choses qui avaient rendue sa vie si compliquée. Ça le rendait malade de voir que même avec la brune c'était devenu un désastre, que même cette amitié purement naturelle venait de se détruire en mille morceau, par sa faute. Il savait bien qu'il était coupable, mais il n'arrivait pas vraiment à s'en vouloir, il savait qu'il avait fait le bon choix. Le sens du sacrifice il le connaissait, faire passer les autres avant lui était dans sa nature, mais jamais il aurait imaginé que cela lui coûterait la confiance de tous ses proches. Il voudrait qu'ils puissent comprendre, qu'ils puissent faire comme si de rien était, même si lui en serait parfaitement incapable.

Victory le connaissait bien plus qu'il ne l'imaginait, mais elle ne pouvait pas savoir à quel point l'écossais était au fond du gouffre et que remonter la pente serait bien plus compliquée que prévu. L'écossais faisait peine à voir avec ses cernes, son air grisé et son sourire de plus en plus forcé sur son visage, à cette vitesse il ne passera sûrement pas les trente ans. Parfois, il se demande ce qui avait vraiment déclenché cela ou s'il avait toujours été sur la pente glissante. La mort de sa mère ? L'arrestation de Joy ? La trahison de Jessie ? Ou simplement le fait d'apprendre qu'il travaillait pour une bande de trou du cul ? Finalement, c'était peut-être le tout qui l'avait rongé de l'intérieur. Malgré les révélations que lui avait fait la brune, il avait fini par accepter le fait qu'elle le déteste et qu'elle fera sa vie de son côté loin d'un type comme lui. Enfin, il le pensait avant de sentir les lèvres de Victory sur les siennes. Une scène aussi improbable qu'agréable.

Abasourdi, face à cette scène, Basile restait parfaitement muet et immobile. Pourquoi Victory Willard m’a embrassé ? Il se répétait inlassablement cette question, comme si la réponse allait apparaître sur un plateau d’argent. Pas un seul instant il imaginait qu’elle puisse l’aimer, qu’elle puisse avoir envie d’être avec lui, du moins pas de cette manière. Il ne comprenait et restait debout à se demander ce qu’il pouvait dire ou faire. Au bout de quelques secondes qui avaient semblé durer des heures, il conclut que c’était très certainement l’alcool qui rendant la jeune femme un poil trop émotive. D’ailleurs la brune ne tarda pas à prendre la fuite, laissant le batman de la soirée seul au milieu de la salle avec le reste de la bouteille. Il se demandait si c’était la fin, s’il venait de la perdre ou si c’était un nouveau départ. Il ne saisissait pas les intentions de la brune. L’auror aurait pu la rattraper, la prendre dans ses bras, mais pourquoi faire ? Ils n’avaient aucun avenir ensemble et c’était peut-être mieux ainsi. L’écossais attrapa la bouteille et se dirigea en dehors de la boite, c’était le moment pour lui de rentrer, de se poser et de prendre un peu de recule en compagnie d’une énième bouteille. Chercher des réponses et surtout des solutions pour retrouver le semblant de vie qu’il avait avant.

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