— Et voilà. Tu vois, c'était pas si compliqué. Elias lance un sourire à la brune assise à quelques pas de lui. Il a fini par partir en camping avec Antinea grâce à un pari débile qui interdisait à la jeune fille de boire du thé glacé – une chose qui la réjouit vu qu'il la trouve plutôt mignonne. Seulement, cette sortie a rapidement rappelé au jeune garçon pourquoi il déteste à ce point le monde sorcier. Il a fallu que la brune stresse durant tout le trajet en voiture, au point de s'accrocher comme une folle à la poignée de porte. Une fois arrivés, et alors qu'il pensait avoir enfin la paix, la jeune fille a décidé de lui passer chaque élément de la tente en suivant scrupuleusement le mode d'emploi – une perte de temps pour le mexicain qui a regretté de ne pas avoir laissé celui-ci à la maison. C'est pour ça que je lis jamais les modes d'emploi. C'est bon pour les abrutis. Malgré l'impression qu'il peut donner, Elias est quelqu'un de vraiment manuel et supporte difficilement ces instructions pour idiots incapables de construire quelque chose par eux-même. Tu peux maintenant profiter des joies du camping, dit-il en rigolant.

Il se pose par terre avec un petit sourire satisfait. La tente est montée, la plupart des choses déballées – ils n'ont plus qu'à se reposer et profiter de la nature apaisante. Elias s'allume une cigarette en jetant un coup d'œil autour de lui. Les paysages ici lui paraissent toujours fades par rapport à ceux qu'il a connus au Canada. Bien sûr, Nemo et lui ont fini par trouver des endroits assez sympas à force de changer de coin durant les week-ends qu'ils passent ensemble, mais pour le plus jeune des deux Desario ce n'est pas suffisant. Il n'ira pas jusqu'à dire qu'il a le mal du pays mais il regrette clairement l'époque où il vivait tranquillement à Toronto. Il allume la musique en souriant un peu à Antinea avant de se mettre à fredonner un peu les paroles du groupe canadien. Rien n'est plus agréable que ces moments de calme dans la nature, à profiter d'un endroit que les industries n'ont pas encore détruites avec leur politiques anti-écologistes.

La notice lui semblait bien compliquée, mais elle était habituée à les lire pour ne pas faire n’importe quoi. Antinea était une personne assez prévoyante et elle se souvenait assez bien de la fois ou Maximilien, dans un excès de virilité avait monté le tiroir à l’envers. Bien sûr, elle ne doutait pas un instant que le mexicain savait très bien faire, mais c’était le moment d’apprendre un peu, surtout qu’elle n’avait pas envie de rester planté sur une bûche à rien faire. Partir en camping avec Elias était quelque chose d’un peu dingue pour elle, surtout pour une histoire de pari, pourtant elle se sentait bien avec lui, même après des heures de voiture à sentir son coeur battre à cent à l’heure. La brune s’appliqua à lui donner les pièces une par une, dans un ordre minutieux et ne put cacher un sourire sincère en voyant la tente enfin montée. « Wouah, c’est comme dans les livres ! » La brune n’avait sans surprise jamais campé de sa vie et son expérience ce limitait à quelques livres qu’elle avait lu rapidement. Pourtant, elle trouvait cela réellement fascinant, surtout quand ses yeux se baladèrent dans ces feuillages qui sentait bon l’été.

L’odeur de la forêt et du lac se mélangeait subtilement et le vent caressait ses jambes nues. Avec les chaleurs premières chaleurs, elle avait opté pour un short en jean, histoire de se sentir un peu baroudeuse, bien qu’elle avait prévu un pantalon en cas de pluie. « C’est beau comme endroit, on se croirait sur un autre monde, où les problèmes n’existent pas. » Ses yeux fixaient le vide, affirmant d’une certaine manière le sens que ces mots prenait dans la bouche de le jeune Stomby. Profiter d’un peu de répit était un réel plaisir et elle en remerciait déjà secrètement le mexicain. « Et si on faisait un feu ? Le soleil se couche et ça sera trop beau. » Le ciel rose était somptueux, mais annonçait déjà la nuit, ce qui voulait dire l’absence de lumière. Et même si elle n’était pas une peureuse, elle ne comptait pas se retrouver dans une forêt dans lumière. Sans tarder, elle se leva en souriant et ramassa des branches de bois pour allumer un feu avant de s’accroupir devant le trou préalablement creusé pour cela. Ne quittant pas le brun des yeux, qu’elle trouvait particulièrement mignon dans cette élément.

Elias ignore parfaitement de quel livre la jeune fille est en train de parler, mais l'important c'est que la tente ait l'air de lui plaire. Il n'aurait jamais pensé qu'il arriverait à amener une fille aussi mignonne en camping simplement à l'aide d'un pari aussi stupide – mais heureusement pour lui, tout est possible. Bien sûr, s'il lui a proposé une expédition pareille, ce n'est pas simplement pour son physique. Après la catastrophe de son anniversaire et les excuses qu'elle lui a fourni lors du concert des Green Brothers, ils ont eu régulièrement l'occasion de se croiser et c'est vrai qu'il la trouve particulièrement sympa, drôle et attachante – sans parler que c'est la petite sœur d'un ami à lui et qu'il n'ira jamais risquer ça pour des conneries, bien que Galaad n'ait pas vraiment l'air d'être du genre grand frère protecteur. Il lui sourit alors qu'elle annonce trouver l'endroit très beau, ce qui n'est pas étonnant. Elias adore se retrouver en pleine nature, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il s'est engagé dans des causes écologistes – pour lui, rien ne vaut ces endroits splendides mais hélas en danger.

— Oui c'est magnifique. Enfin, encore là c'est rien. Au Canada, je te dis même pas à quel point les forêts sont magnifiques. Au bout d'un an, et bien qu'il se soit fait de bons potes aussi bien sorciers que moldus, Elias continue à avoir un peu le mal du pays. Le Canada lui manque, tout comme sa bande de potes et sa petite routine. Vivre avec Nemo n'est pas tous les jours facile surtout qu'il est bien plus attentif à ce qu'il fait que leurs parents – et malgré le fait qu'il affirme ne pas avoir peur de son frère, le plus jeune fait attention pour ne pas avoir à subir une nouvelle conversation comme celle sur la drogue qu'ils ont eu après Noël. Bonne idée, un feu. En plus, on en aura besoin pour les marshmallows. Le mexicain se lève à son tour pour aller chercher suffisamment de branche afin de tenir toute la nuit. Quelques secondes plus tard, il attrape dans son sac à dos un vieux journal ainsi qu'un briquet afin d'allumer un début de feu. Certains sorciers pourraient trouver ça bizarre qu'il se complique la vie comme ça pour allumer un feu au lieu d'utiliser la magie, mais Elias n'y pense simplement pas. De toute façon, il a dû laissé sa baguette sous son oreiller à Londres – là elle où elle ne lui ait d'aucune utilité. Au bout de quelques minutes, il relève la tête vers Antinea, lui adressant un sourire ravi. Et voilà, tu ne vas pas mourir de froid.

La lumière se faisait de plus en plus faible, alors que le ciel prenait de magnifiques teintes orangées juste au dessus de leurs têtes. Partout où elle promenait son regard, elle trouvait quelque chose à regarder et on pouvait facilement lire la fascination sur son visage. Jamais la brune aurait imaginé faire ça dans sa vie, surtout en compagnie d’un jeune homme comme Elias. Le mexicain était tout ce qu’il y avait de rafraîchissant et amusant, ce qui lui faisait aisément oublier sa vie privé, bien moins rayonnante. Ici, dans ce petit coin de paradis entre des centaines d’arbres, elle se sentait sereine, loin de Londres et de ses problèmes. Antinea avait pleinement confiance en Elias et ne doutait pas un seul instant qu’il avait tout prévu pour que ce soit un merveilleux souvenir de camping. Ce dernier n’en était pas à son premier voyage en tente et quand elle l’écoutait parler de ce pays incroyablement lointain, elle se surprenait à imaginer d'immenses sapins recouvrant les montagnes. « Y a des loups là bas ? Et des ours ? Tu en as déjà vu ? » Dans son imaginaire, ces prédateurs c’étaient toujours trouvé là bas et même si elle avait un peu peur de passer pour une idiote, elle avait posé la question. Après tout, c’était le moment d’en apprendre un peu plus sur le monde qui se tenait de l’autre côté de l’océan qu’elle ne traversera sûrement jamais.

L’idée de faire un feu semblait être approuvé par le campeur professionnel, si bien qu’il s’activa aussi de son côté. L’irlandais déposa ses branches dans le trou, avant de s’asseoir à côté, regardant avec fascination le jeune homme allumer un feu. Si elle s’était retrouvée seule dans cette situation, elle aurait sûrement utilisé la magie, mais elle devait avouer trouvé cela bien plus naturel. « Un vrai survivant. » Un sourire doux en direction du jeune homme, avant de regarder avec des étincelles dans les yeux le feu s’allumer en douceur. « Au fait, c’est quoi un marshmallows. » Un mot qu’elle trouvait très amusant et très étrange, dont elle serait ravie d’avoir l’explication.

Une fois le feu allumé, le garçon la regarda en souriant, ce qui l’a fit étrangement rougir. Heureusement, les flammes orangées cachaient un peu cela. « C’est pour ça que j’ai pris un gilet en laine. » Bien qu’elle ne soit vraiment pas du genre frileuse, elle avait assuré ses arrières en emportant de quoi se réchauffer, bien que son sac ne soit pas bien épais. « J’ai lu que dans cette forêt, il y avait pas mal de renard, tu crois qu’on va en voir ? » Antinea lisait toujours beaucoup de chose et avait la fâcheuse manie de toujours se renseigner quand elle allait quelque part.

Les questions de la jeune fille lui font esquisser un sourire amusé. Il a l'impression d'être avec une enfant qui découvre les joies de la nature. Il a conscience qu'elle n'a jamais campé de sa vie – après tout, elle lui a dit et c'est en partie de ce qui provoqué ce défi dont il est plutôt fier vu qu'il lui permet de se retrouver en forêt avec une fille grave mignonne – mais il a l'impression que la méconnaissance d'Antinea à ce sujet dépasse la simple absence d'expérience. Il choisit de trouver ça mignon, se disant que ce n'est pas le moment de parlementer pendant des heures sur comment elle est la preuve que la culture sorcière est néfaste au développement de l'individu. Il n'a jamais rencontré de cas pareils à Salem, aucun élève qui semble avoir à ce point vécu en autarcie. Pourquoi les sorciers se pensent-ils meilleurs au point de supprimer l'évolution même de la culture humaine de leur vie ? Pour Elias qui est clairement pro-moldu, il s'agit d'une aberration et c'est d'ailleurs pourquoi la jeune fille en face de lui lui fait tant de peine. Il aimerait pouvoir l'aider un peu plus même s'il sait que ça risque d'être compliqué. Au moins, elle est là avec lui, ce qui montre qu'elle est ouverte à la découverte du monde extérieur.

— Ouais ! Les ours c'est mignons de loin en vrai. Genre, juste de loin tu vois ? Parce que quand ça s'approche et que t'es obligé de passer la nuit en haut d'un arbre comme un con, tu as beaucoup moins envie de lui faire des câlins. Il raconte la petite anecdote avec le sourire, persuadé de réussir à faire rire Antinea comme ça. L'important pour lui, c'est que la jeune fille passe un bon week-end en sa compagnie, même s'il ne s'y passe rien. Bien sûr, il ne serait pas contre le moindre rapprochement, étant donné que l'irlandaise lui plaît définitivement beaucoup, et ça malgré la petite dispute qui date de son anniversaire. Un marshmallow ? Attend je te montre, dit-il en attrapant le paquet dans son sac à dos. Il lui adresse un petit sourire assez doux, essayant de lui montrer qu'il ne juge aucunement son manque de culture. Pour lui, ce n'est pas sa faute, elle est victime d'un système obsolète. Il met un des bonbons sur un petit pic en boit qu'il a ramassé et une fois que celui-ci est suffisamment grillé, il le tend à la jeune fille. Attention à pas te brûler. Tu vas voir, c'est super bon. Elias aime bien les marshmallows, mais uniquement à petite dose. Il ne pourrait pas en manger des tonnes et si Antinea aime vraiment ça, elle ne pourra que le remercier d'en laisser plus pour elle. T'es prévoyante. Il la regarde un peu étonné. Il a l'habitude de traîner avec des personnes légèrement tête en l'air – combien de fois s'est-il retrouvé à partager un duvet à trois autour d'un feu parce qu'ils avaient préparé les affaires pour camper à la dernière minute ? Je sais pas. La question de la jeune fille l'étonne – on ne peut pas prévoir la nature après tout. Tu lis toujours sur tout dès que tu vas quelque part ?, demande-t-il un peu intrigué par ce qui semble être un des traits de caractères de la jeune fille.

Quand Elias parlait, il prenait de plus en plus des airs de conteur d’histoire autour de ce feu crépitant. Tout ce qu’il racontait sur ce pays lointain paraissait incroyable pour elle qui n’était jamais allée plus loin qu’à Paris. Elle rêvait de voyages et de dépaysement, mais faute de moyens, elle se contentait d’écouter les récits des autres et de lire des livres. Après tout, un rêve de voyage était déjà un voyage. La vie du jeune homme avait l’air palpitante et très marrante, ce qui était en tout point à l’antipode de la sienne. Cependant, l’histoire de l’arbre l’amusait grandement, alors qu’elle regardait rêveuse de feu. « J’imagine que ça doit être impressionnant un ours quand même. » Dans le zoo de Londres, elle en avait déjà vu un, mais elle se doutait bien qu’en pleine nature c’était très différent. Cela dit, ils avaient presque aucune chance de tomber sur un ours en angleterre, surtout dans cette forêt si on en croyait le manuel qu’elle avait acheté sur les forêt et sites naturelles de la région.


Le soleil s’était couché et la température commençait à baisser un peu, si bien qu’elle s’approcha du feu avec un sourire doux. C’était la chose la plus excitante qu’elle faisait depuis très longtemps, si bien qu’elle avait soif de découverte et quand Elias lui montra comment faire pour manger cette chose étrange, elle le regardait avec beaucoup d'intérêt. Fasciné, elle attrapa le pic et souffla sur le bonbon avant de croquer dedans et de sourire.« Miam, c’est super bon ! » Antinea n’avait jamais rien mangé de pareil, si bien qu’elle décida de prendre elle-même un bâton pour essayer à son tour en souriant. Soudainement, elle avait l’impression d’être une sorte de survivante et elle trouvait ça bien plus palpitant que sa vie de bureaucrate en herbe. « En même temps, je préfère ne pas attraper un truc et gâcher le week-end. » La brune avait déjà conscience d’avoir gâché l’anniversaire du mexicain et ne comptait pas faire pareil avec ce petit séjour, surtout qu’elle commençait réellement à l’apprécier.


La question de Elias, l’étonna un peu et elle comprit assez bien qu’elle devait ressembler à une fille très ennuyeuse. Sans s’en rendre compte elle baissa les yeux pour regarder le sol jonché de feuille en jouant nerveusement avec ses doigts. « Bah… Je voyage pas beaucoup, alors j’aime bien lire des trucs. » Elle avait parfaitement conscience qu’elle allait passer pour une fille chiante et sans intérêt, surtout que le jeune homme devait avoir des tonnes d’amis bien plus divertissants qu’elle. « Mais c’est mieux d’y aller en vrai. » Un petit sourire timide avant de s’approcher de lui doucement, jusqu’à être presque collée.