You know you're a cute little heartbreaker

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Il a toujours préféré Halloween au Mexique. El dia de los muertos, avec ses crânes peints en guise de décor, ses couleurs, ses musiques et ses plats ont beaucoup plus d'attrait à ses yeux que les traditions essentiellement commerciales qui ont su s'imposer en occident. C'est ce qu'il a expliqué à Willow pendant presque une heure. La pauvre tatoueuse a encore une fois été obligé de l'écouter refaire le monde – c'est sa plus grande passion après tout. Mais il n'y peut rien Elias. Les décorations qui ornent désormais le Chemin de Traverse lui donnent envie de partir loin – une semaine entière en camping, au minimum, pour échapper à cet engouement bien trop marqué pour la fête des morts. Mais Natali a fait disparaître cette possibilité le jour où elle a appris que cette date était également celle de son anniversaire. Il la voit encore prévoir d'organiser une soirée – chose que Elias n'a pas pu refuser à condition qu'elle s'occupe de tout et qu'elle invite Balthazar. Des choses au final simples pour l'australienne qui l'a alors empêché de fuir la ville.

Il marche dans la rue, son skate à la main. La réunion de laquelle il revient est la seule chose qui n'a pas été complètement ennuyante dans sa semaine. Il a juste hâte de voir sa meilleure amie revenir de Poudlard – il trouve ça spécialement chiant qu'elle soit en internat à l'autre bout du pays. Ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles, il essaye d'éviter le mieux possible la foule anglaise qui lui donne toujours envie de rentrer au Canada par le premier vol. Le pire reste le côté sorcier de la capitale. Il n'y voit qu'une bande d'inculte en robe – aucun intérêt, aucune ambition politique, sociale ou écologiste. Sauf peut-être la fille passant à côté de lui, qui porte un pull Joy Division.

— Salut, j'adore ton pull, lance-t-il sans réfléchir à la brune. Il relève les yeux des lignes blanches symboles d'un de ses groupes préférés pour les poser sur le visage de la fille qu'il a maintenant arrêtée à côté de lui. Plutôt mignonne, mais genre vraiment mignonne. Elias hallucine face à ces yeux bleus – les plus beaux qu'il a vus d'après lui. Ce groupe est super. Mais je pensais pas que des sorciers pouvaient connaître. Ils ont l'air plutôt inculte niveau musique. Il soupire en pensant à certains abrutis qu'il a rencontré à Poudlard – ou même à son cousin. Il voit d'ici son frère lui expliquer qu'il faut arrêter de prendre les gens de haut dans la rue. Mais il n'y peut rien si les jeunes ici aiment quelque chose d'aussi nul que ce qui passe à la radio – une aberration à ses yeux. Enfin, à croire qu'on peut pas faire de la magie et écouter autre chose que de la merde. Mais tu dois comprendre ce que je veux dire, non ?

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Un pas sautillant, un habituel sourire aux lèvres, une écharpe plus grande que grande, son pull préféré, un bonnet en laine, un thé glacé dans la main et l'éternelle Sunshine of your love s'échappant de son casque rouge –autrement dit, la description parfaite de Antinea. Comme tous les mardis, elle terminait le travail un peu plus tôt et pouvait profiter de sa fin d'après midi pour souffler un peu en buvant sa boisson préférée avant de faire un tour chez le disquaire à la recherche d'un nouveau vinyle pour sa petite collection. C'était un peu sa manière à elle de décompresser d'une dure journée de travail et de tous les autres problèmes qu'elle pouvait rencontrer dans sa vie -qui étaient d'ailleurs de plus en plus nombreux, surtout en terme de famille. Les Stomby n'étaient clairement pas prêt de devenir la meilleure famille de l'année et elle était désolée de ne pas savoir comment dénouer la situation.

Elle pouvait déjà apercevoir la boutique de vinyle au coin de la rue, quand un garçon lui adressa la parole, la complimentant sur son haut. Naturellement, elle s'arrêta et retira son casque pour finalement adresser un magnifique sourire au garçon. « Merci, c'est un de mes groupes préférés. » Le brun semblait avoir plus ou moins son âge, pourtant elle était parfaitement sûre de ne jamais l'avoir croisé à Poudlard -sinon quoi, elle serait sûre de se souvenir de ce charmant visage. Le brun semblait plutôt volontaire pour faire la conversation et ce n'était pas l'ancienne Serdaigle qui s'en plaindra. « Pourtant il y a un disquaire pas loin qui vend un peu de tout en musique. » Dans la manière de s'exprimer du garçon, elle décela ce qui semblait ressembler à un accent étranger et elle se demandait d'où est-ce qu'il pouvait bien venir -lui et son esprit critique.

Malgré le fait que ce soit clairement une critique qui la touchait, elle ne pouvait s'empêcher de sourire en entendant le franc parlé de l'inconnu et rigola vaguement. « Non je vois pas du tout, mais ce n'est pas grave. » Elle apporta son verre de thé glacé à la bouche, puis reposa ses yeux sur le brun. « Tu es nouveau dans le coin ? Au fait, moi c'est Antinea. » Faire la conversation avec de parfaits inconnus avait quelque chose de très excitant aux yeux de la brune et surtout quand ce dernier avait une bouille aussi adorable.

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Cette fille est magnifique, se dit Elias alors qu'il la voit sourire. Ce n'est pas le genre de chose qu'il pense habituellement – en réalité, il ne fait pas trop attention à ce genre de détail en temps normal, mais il faut croire que la réponse enjouée de sa nouvelle interlocutrice joue un rôle important là-dedans. Elias n'aime pas les manières anglaises, la manie de craindre plus que la mort la possibilité de blesser la reine. Mais elle semble plus aimable que les autres, plus heureuse aussi. Et en plus, elle aime Joy Division, quelle personne idéale. Il lui sourit rapidement alors qu'il écoute sa réflexion à propos du disquaire du Chemin de Traverse. Bien sûr qu'il le sait – quand il a vu l'enseigne au loin, il a accouru pour voir les dégâts. Mais au lieu de contempler dans les rayonnages que des éléments plus que mainstream, il a dû faire face à la pire bande de hipster qu'il n'avait jamais vue. Il a donc préféré fuir, rentrer chez Nemo pour lui affirmer qu'il était large – il peut continuer à porter des chemises à carreaux et faire du sport en toute sécurité.

— Ouais, au coin de la rue c'est ça ? Il a de la musique pas mal mais je préfère aller dans le coin moldu pour ça. Vers Camdem on peut vraiment trouver des trucs géniaux en cherchant bien. Il en a passé des heures dans des coins perdus depuis son arrivée à Londres dans l'espoir de trouver la cassette parfaite. Suffit de prendre le temps, et savoir quoi chercher, ajoute-t-il tout simplement. La réplique suivante de la jeune fille l'étonne. Comment ça elle ne comprend pas ? Elle porte un pull Joy Division et a un style parfaitement acceptable – elle a forcément des goûts bien plus cool que le commun des sorciers. Tu vois pas du tout ? Attend, comment ça tu vois pas du tout ? Ben eux-là. Il marque une pause pour montrer d'un signe de la main la majorité des sorciers se baladant dans cet endroit central dans la vie de tout sorcier londonien. Eux, ils sont chiants à avoir des goûts de merde.

Il n'a pas vraiment confiance de sa méchanceté Elias, de pouvoir être blessant. Parce qu'il ne faut pas se mentir, Elias n'est peut-être pas un modèle de tolérance, bien qu'il tente depuis des années d'affirmer le contraire. Et puis il n'est pas contre toute la musique qu'il n'aime pas – juste celle beaucoup trop commerciale pour être supporter par d'autres êtres humains innocents.

— Elias. Ravie de te concentrer, dit-il en souriant. Il le pense aussi – ce n'est pas tous les jours qu'on croise une fille si belle qu'elle, et ça il est capable de l'affirmer sans la moindre honte. Et non, je viens d'arriver du Canada il y a quelques mois. Pourquoi, ça s'entend ?, demande-t-il plus intéressé par l'idée de rester encore un peu avec cette jolie fille que par la réponse. Il a de toute façon compris depuis maintenant une éternité qu'il devrait arrêter de se formaliser pour ce genre de remarque – il préfère de toute façon qu'on ne le prenne pas pour un anglais, ça serait la honte monumentale.

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Faire de nouvelles rencontres sur le chemin de traverse en pleine période scolaire était plutôt rare, puisque c'était principalement les habitués et les résidents qui s'y promenaient. Sans parler du simple fait que le monde magique soit bien plus petit que le monde moldu. Antinea s'y rendait de temps en temps pour flâner et découvrir des choses que son monde ne possédait pas et elle était heureuse d'observer que ce n'était pas la seule. « J'adore ce quartier, j'ai acheté plein de trucs là-bas, comme ce sac d'ailleurs. » Elle montra rapidement son toot  bag à l’effigie de son groupe préféré. C'était dans une petite boutique underground de la capitale qu'elle avait fait la bonne affaire, s'offrant un sac et tous les vinyles du groupe pour moins de trente livres -groupe dont elle ne se lassait jamais.

L'irlandaise de ne comprenait pas réellement où voulait en venir le garçon en montrant la foule d'un mouvement de main aussi désinvolte. Ainsi elle balaya rapidement la rue du regard, avant de replonger dans celui du garçon. « Peut-être que certains écoutent aussi Joy Division... » Antinea ne comprenait pas vraiment le concept de bons goûts ou pas, puisque c'était un concept parfaitement subjectif et qu'elle n'était personne pour juger les préférences musicales de autres. Cela dit, elle ne ressentait pas vraiment d'agressivité dans les paroles du jeune homme et supposa vaguement qu'il était en train de rigoler pour faire la conversation. Elias. Ce prénom bien que peu commun, lui allait à merveille, mais n'aidait pas vraiment l'ancienne serdaigle à deviner l'origine du garçon, mais celui-ci le lui révéla rapidement.

« Du Canada ? Wouah, c'est cool ça. Tu as un accent, mais j'aurai pas pu deviner. Elle marqua une légère pause avant de reprendre. Mais tu es venu seul en Angleterre ? » Antinea n'avait pas beaucoup voyager, si ce n'était en France et elle trouvait un certain exotisme au pays des sapins, mais elle ne se voyait pas vraiment traverser l'atlantique seule -même si elle était débrouillarde, elle amènerait au moins son cher colocataire dans sa valise. Antinea se décala légèrement pour ne pas gêner les passants et montra ainsi sa volonté de rester ici pour faire la conversation avec ce sympathique Elias.

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Il ne peut pas s'empêcher de sourire en regardant le tote bag à l'effigie de Cream. Ce n'est pas vraiment le genre de musique qu'il écoute – il est plus rock underground que psychédélique – mais il n'a rien contre le groupe aux goûts trop colorés pour ses yeux. Il pense tout simplement être face à une future cliente – quelqu'un ayant des goûts pareils consomment forcément, c'est une évidence. Il est certes un peu étonné d'en découvrir au Chemin de Traverse – il a plus l'habitude de vendre du côté de l'université – mais il sait très bien que les jeunes sorciers ne sont pas mieux que les autres quand il voit grandir son nombre de clients très rapidement. Ne reste plus qu'à détourner la conversation pour lui demander si elle souhaite acheter quelque chose ou si elle reste fidèle à son dealer – et alors là, il lui expliquera les nombreuses raisons qui devraient la pousser à le choisir lui, la principale étant la qualité.

— Cream ? Ah oui, pas mal. Un peu trop mainstream à mon goût mais je juge pas, dit-il sans grande conviction. Il se rappelle très bien de la dernière soirée où il a écouté ça, complètement mort sur un canapé à regarder le plafond. Le groupe n'a pour lui que peu d'intérêt mis à part ce genre de situation. Je sais pas. J'ai rencontré deux trois personnes avec de bons goûts, mais surtout quand je suis allé passer une semaine à Poudlard. Sinon, j'ai des doutes. Enfin, il a rencontré Balthazar Owen, le reste n'a pas la moindre importance.

Mais ce n'est pas le moment de penser au gallois aux chemises à théière. Il regarde la fille devant lui, bien content qu'elle décide de rester lui faire la conversation. Finalement, il se demande s'il ne devrait pas tenter sa chance – ça fait un bail qu'il n'a pas eu de copines, et si les choses se passent comme au Canada, il n'aura aucun mal à lui faire dire oui. Toutes les filles rêvent de sortir avec quelqu'un qui produit de la drogue, il l'a compris il y a bien longtemps.

— C'est le pays le plus cool de la terre, dit-il en souriant. Il adore le Canada, ses forêts, sa température et le mode de vie qu'il y avait et qu'il tente difficilement de retrouver depuis qu'il est à Londres. J'habitais à Toronto, c'était génial. Mais ils disent aussi que j'ai un accent là-bas, je suis à moitié mexicain. Il n'a pas la moindre gêne à parler de ça Elias, il ne voit même pas pourquoi il en aurait. L'idée que ça ne puisse pas intéressé la jeune fille lui traverse l'esprit mais il se dit qu'à ce moment-là, elle adopterait exactement la même technique que lui, c'est-à-dire partir. Non, je suis venu avec mon frère. Je pense que sinon, je serais resté là-bas mais j'avais pas trop le choix du coup. Londres c'est moins cool, mais je suppose qu'il y a toujours des gens qui aiment s'amuser, non ?, lui fait-il avec un petit sourire sous-entendant autrement dit, qui aiment consommer.

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Ses creepers à paillettes tapotaient la ruelle piétonne du chemin de traverse tandis qu'elle souriait en écoutant le garçon. Il avait définitivement la langue bien pendue et semblait bien se moquer de déplaire à monsieur et madame tout le monde, un côté que Antinea trouvait plutôt amusant -du moins pour le moment. De toute manière, elle faisait partie de ce genre de personnes qui préféraient voir le verre à moitié plein, plutôt que à moitié vide, autrement dit elle savait voir du bon dans presque tout au monde et vraisemblablement encore plus chez les gens qui ne faisait pas l'unanimité -comme on pouvait le voir avec son frère ou son meilleur ami. La brune ne comprenait pas vraiment en quoi son groupe préféré pouvait apparaître comme mainstream pour quelqu'un, mais elle acceptait parfaitement cette déviance de goûts, comme le disait le proverbe, les goûts et les couleurs ça ne se discute pas. « J'adore vraiment ce groupe, d'ailleurs c'était justement ce que j'étais en train d'écouter au moment où tu es arrivé. » Elle n'était pas forcément du genre à croire les histoires de destiné, mais trouvait cela assez atypique pour le préciser

La déclaration du jeune homme attisa sa curiosité et elle ne put s'empêcher de relever un détail. « Tu es allé à Poudlard ? Tu voulais devenir surveillant ? » Il n'avait pas vraiment la tête de l'emploi, mais la vie lui avait appris à ne pas mettre les gens dans des cases trop tôt et que tout était possible, comme son frère qui se découvrait soudainement une motivation pour un groupe de musique. « Les sorciers écoutent de plus en plus de musique moldus, surtout les jeunes. » Venant d'une famille plutôt opposé à la culture moldue, c'était seule -ou avec son frère et sa sœur- qu'elle avait construit un minimum de culture musicale, surtout en terme de musique d'origine moldue et elle était assez fière de sa collection de vinyles.

Elias ne semblait pas réellement enthousiasme à son nouveau pays et ne cachait pas du tout son envie de retourner chez lui, ce qui était sûrement parfaitement normale pour quelqu'un qui était habitué au grand espaces en se retrouvant dans une ville si grise. « C'est sûre que c'est plus gris Londres. » Un rapide sourire avant dans apprendre plus sur l'origine de cet accent qu'elle trouvait de plus en plus charmant, cela dit elle ne trouvait pas du tout qu'il ressemblait à l'image qu'elle avait pu se faire des mexicains, ce qui rendait la chose encore plus amusant. « Du coup, tu es bilingue espagnol ? » Si la brune avait quelques bases de français, elle était loin d'être bilingue et elle admirait secrètement le gens qui l'étaient. « Ton grand frère ? Ignorant parfaitement l'identité de Némo Desario. Oui ça va, les gens sont assez marrant à Londres. Loin de se douter du but de cette question. » La brune commençait à prendre goût à cette discutions avec le jeune Elias Desario.

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Elias hoche la tête en entendant la remarque de la jeune fille – il ne veut pas la vexer. Ce serait stupide de la faire fuir alors qu'elle peut apporter un peu de fun à sa vie. Une personne qui porte des creepers à paillettes ne peut pas être ennuyante au niveau de tous les autres anglais qu'il croise sans pouvoir rien faire au Chemin de Traverse. Il réalise finalement que tout le monde ne peut pas avoir l'intelligence de s'intéresser à la scène underground. Cette fille est déjà au dessus de toutes les personnes qu'il peut voir marcher autour d'eux, et s'il ne se gêne pas pour leur faire remarquer en temps normal, il ne lui dira pas à elle – il n'en voit pas le moindre intérêt.

— Non pas du tout, dit-il en explosant de rire. L'idée de devenir surveillant est sûrement la chose la plus absurde qu'il a entendu depuis un bon bout de temps. Il se voit mal représenter la figure d'autorité contre laquelle il tente de luter depuis des années. Une amie m'a fait rentré en douce parce que je m'ennuyais tout seul à Londres. Je sais pas si tu la connais, c'est Natali Oliver. Mais du coup, j'ai visité Poudlard et j'ai squatté leur salle commune. Mais bon, c'était un peu de la merde. Enfin, c'est une école quoi. Les gens me regardaient bizarrement parce que je faisais du skate dans les couloirs.

Elias a du mal à comprendre ce qui pousse les gens à agir comme ça – c'était la même chose à Salem et ça le fatiguait déjà. Les choses ne changent peut-être pas d'un pays à l'autre et c'est d'une tristesse. C'est ce qui le pousse à vouloir rentrer au Canada d'urgence. Il s'imagine parfois utiliser ses économies pour acheter un billet en direction de Toronto, aller squatter chez des amis les premiers mois avant de finalement s'installer en colocation avec quelqu'un – la drogue lui rapportant finalement assez d'argent pour se payer un loyer. Mais il se doute que Nemo n'apprécierait pas trop ce comportement et il choisit de rester avec son frère – même s'il se plaint, la perspective de rattraper le temps perdu lui plaît assez.

— Gris, carrément. Et puis les forêts sont moins belles, les paysages c'est pas totalement ça. Enfin, c'est pas moche, mais voilà. Elias n'a aucune pitié pour ce pays qui l'accueille. Il se plaint à longueur de temps, et se fiche clairement de vexer les gens qui en sont originaires. Oui, je suis bilingue. C'est plutôt cool d'ailleurs, parce que l'espagnol est une langue trop géniale et que je peux parler des gens dans la rue sans qu'ils comprennent. Surtout qu'avec mon frère, c'est un peu notre passion de parler en espagnol devant les gens pour les perdre. Un peu comme je suis en train de faire là tout de suite, dit-il un peu trop rapidement dans sa langue maternelle. Je pense que ça répond à ta question. Il sourit à Antinea, encore plus quand elle se rend compte qu'elle n'a pas fait le rapprochement entre Nemo et lui – rares sont celles qui le fait sans qu'il donne des informations sur son aîné, mais ça arrive quand même. Oui, mon grand frère. Il devait venir ici, du coup il m'a abandonné. On vit pas trop loin d'ici, un peu par là. Il indique d'un geste de la main la rue adjacente où se trouve son appartement, comme pour l'inciter à y passer à l'occasion.

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Le rire du jeune homme lui indiqua rapidement qu'elle avait raison de penser qu'il n'avait en rien le profil du surveillant scolaire et qu'il y avait sûrement une explication à ce séjour dans le grand château de Poudlard. Cependant, la justification de Elias n'était en rien logique et se révélait même plutôt étrange. Elle ne connaissait pas personnellement la Poufsouffle, mais elle avait déjà entendu parler de certains exploits et après quelques secondes envisagea la possibilité d'une telle histoire -même si elle ne voyait pas comment cette idée avait pu germer dans leur tête. « Je vois vite fait qui s'est, mais je ne la connais pas personnellement... Ou alors il te regardaient bizarrement parce qu'ils se demandaient ce que tu faisais là, Poudlard ce n'est pas très très grand, on connaît vite tout le monde. » Le monde était petit et les deux bruns réaliseront bientôt à quel point c'était le cas. Ses yeux se posèrent sur le skate du jeune homme, elle n'en avait jamais fait, mais avait déjà passé une après midi près du skate park de Londres à regarder les jeunes moldus faire des figures impressionnantes. Une culture qu'elle trouvait parfaitement attirante, bien qu'elle n'en comprenait pas la moitié.

« Ça va encore, il ne fait pas trop mauvais, bientôt ça va être une autre histoire. » Parler météo était un peu le genre de conversation bateau qu'elle détestait, mais ça lui donnait au moins l'occasion de parler avec une nouvelle tête, ce qui n'avait rien de désagréable. Ce dernier, en guise de réponse à sa question libéra une cascade de mots espagnols qu'elle ne pourrait pas comprendre même avec un peu de base simplement à cause de la vitesse. « Ouais carrément, même dans ma langue je ne pourrais pas parler si vite. » Le garçon lui souriait autant qu'elle le faisait et elle ne pouvait s'empêcher de lui trouver un côté mignon -surtout avec son petit nez. Quand Elias indiqua la direction de chez lui, la brune tourna la tête en direction de la main avant de se rencontrer sur son interlocuteur. « C'est doit être sympa de vivre avec son frère, enfin je suppose... » Antinea n'imaginait pas vraiment pouvoir vivre avec son frère, même si elle l'aimait clairement beaucoup, elle n'était pas sûre de pouvoir partager un espace vital avec lui et elle était heureuse de voir que d'autres acceptaient de le faire. « Je vis avec mon meilleur ami pas très loin d'ici, ça fait déjà deux ans, donc on est bien installé, alors s'il vous manque un truc hésite pas à demander. » Rendre service était une deuxième nature chez Antinea et était parfaitement d'accord avec l'idée de revoir ce charmant jeune homme -surtout qu'il était aussi fan de Joy Division.

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— Peut-être, dit-il en haussant les épaules. C'est vrai qu'à ce niveau-là, ça m'a un peu fait penser à Salem. Tout le monde se connaît mais s'ignore dans les couloirs. Les gens sont de mauvaises humeurs, et le pire c'est que les septièmes années stressent pour leurs examens. C'est blasant, je comprends pas l'utilité d'agir comme ça. Il passe la main sur sa nuque en soupirant. Il déteste les gens qui donnent de l'importance à des choses aussi futiles que des diplômes ou un travail à un poste important. C'est pour ça qu'il a autant sympathisé avec Natali et quelques uns de ses amis. Ceux-ci ne semblent pas se prendre la tête avec ce genre de détails et il espère soudainement que la fille en face de lui pense également d'une façon plus ou moins similaire. Il aurait tendance à penser que c'est le cas en la voyant fan d'un groupe comme Cream mais Elias n'aime pas vraiment mettre les gens dans des cases – bien que certaines choses ne peuvent pas être ignorées.

Il hoche la tête en l'écoutant parler du temps qu'il fait. Il a beau crié régulièrement à la crise climatique, parler du réchauffement planétaire pendant des heures, savoir qu'il risque de pleuvoir dans le semaine est le dernier de ses soucis. C'est de toute façon un fait avéré qu'il pleut sur les îles britanniques, qu'il neige au Canada et qu'on bronze en moins d'une heure au Mexique – chose qui ne se voit pas vraiment quand on le regarde, mais ça fait bien longtemps qu'il n'est pas allé dans son pays natal pour voir sa abuela. Alors bien sûr, maintenant c'est plus compliqué – encore un défaut à être venu dans ce pays barbant. Il regarde Antinea en se disant qu'il y a quand même quelques avantages à être là. Il la trouve assez mignonne avec ses cheveux bruns et ses magnifiques yeux bleus. Sans s'en rendre compte, il se persuade intérieurement qu'il n'a jamais vu une fille aussi magnifique de sa vie – et aussi gentille aussi. Elias est finalement étonné par la proposition de sa nouvelle rencontre. Même si Raph qui a rapidement débarqué à leur porte lui a prouvé que les gens d'ici pouvaient se montrer très accueillant, il n'aurait pas pensé que ça serait le cas d'une personne croisée dans la rue.

— Oui c'est plutôt sympa de vivre avec lui. Si on enlève certains points plus gênants comme la réputation de son frère mise en avant par ces filles du Sorcière Hebdo. Enfin, c'est comme tout. Avantages, inconvénients. Des fois, il oublie de m'acheter des poivrons, tu imagines l'horreur ?, dit-il comme pour détendre l'atmosphère, même si c'est faux. Ce qui le gêne le plus chez Nemo, ce sont les périodes de pleine lune. Il hait que l'aîné refuse de prendre la potion tue-loup qu'il s'acharne à lui préparer chaque mois. Oh c'est super cool ça, mais normalement ça devrait aller. On a fini de s'installer, j'ai fait quelques meubles quand je m'ennuyais et Nemo a rien de mieux à faire que de s'occuper de ce qu'il manque. Et ça même s'il disparaît régulièrement sans raison apparente – peut-être une copine, qui sait. Ah tiens, j'y pense. On fête mon anniversaire samedi avec Natali et quelques gens qu'elle connaît de Poudlard. Tu peux venir si tu veux, c'est soirée déguisée, mais si tu as pas le temps de trouver c'est pas grave. Elias la regarde en espérant qu'elle dise oui, histoire qu'il ait plus de temps pour envisager un éventuel rapprochement et à l'occasion lui vendre deux trois trucs.

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L'avis du garçon sur les études et sur les étudiants n'était pas vraiment partagé avec celui de la jeune fille, mais Antinea était assez ouverte d'esprit pour accepter des avis divergents du sien. « Ca va, à Poudlard les gens sont plus sympas. Enfin de mon temps, ils l'étaient.   » Antinea réalisa soudainement que ses années à Poudlard commençaient déjà à bien dater et la majorité des gens qu'elle fréquentait avait fini par passer leurs ASPICS -ou pas dans certains cas. Le garçon, malgré son franc parlé semblait très sympa et la brune se plaisait à lui faire la conversation en souriant. Elle souriait en entendant parler de l'histoire des poivrons, elle vivait la même chose chez elle et trouvait ça plutôt hilarant au final. « Il m'arrive la même chose avec mon colocataire, presque à chaque course. » D'ailleurs, cette semaine c'était son tour et elle n'avait pas intérêt à oublier le poivre cette fois ci.

« D'accord, j'espère que vous vous plairez à Londres alors ! » A ce moment là de la conversation, Antinea était presque certaine de ne jamais revoir le jeune homme, mais c'était sans compter cette invitation parfaitement inattendue. Elle ne savait pas si cela se faisait d'accepter ce genre d'invitation, mais l'idée de le revoir lui plaisait bien. « Euh, pourquoi pas ouais ! Je peux inviter quelqu'un ? » Une sorte de garantie pour être sûre de ne pas se retrouver toute seule à une soirée ou elle ne connaîtra sûrement personne. « Je vais te passer mon numéro, comme ça tu pourras m'envoyer l'adresse. » Ce n'était pas la manière la plus subtile d'obtenir un numéro de téléphone, mais c'était sûrement suffisant pour aujourd'hui.

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Se plaire à Londres – voilà une idée un peu bizarre pour le garçon qui regrette chaque jour un peu plus sa vie au Canada. Il n'est pas sûr que ça soit possible un jour, et ça bien qu'il se soit fait de nouveaux amis. Alors bien sûr, il s'amuse énormément ici – il passe son temps vers l'université, il a un réseau très correct de clients et en plus il peut se moquer de son frère – mais ça ne vaut pas la vie à Toronto. En réalité, il n'attend que le moment où il sera autorisé à y retourner – l'idée d'y rentrer en douce sans prévenir Nemo lui a souvent traversé l'esprit mais il a bien trop peur de son frère pour ça.

— Ouais, merci c'est gentil, dit-il simplement pour ne pas s'étaler sur le sujet – chose rare de la part d'Elias mais il n'a pas spécialement le temps de lui faire une explication travaillée en trois parties, trois sous-parties, introduction, conclusion. Il a autre chose à faire – il ne sait plus exactement quoi mais ça va sûrement lui revenir. Oui bien sûr, pas de soucis. C'est sûr de débarquer à une soirée où on connaît personne ça peut être chiant. Ramène qui tu veux. Elias n'est pas très compliqué à ce niveau-là. L'idée de voir débarquer des inconnus chez lui est loin de le gêner, pour le plus grand malheur de son frère qui n'a déjà pas trop apprécié l'épisode avec Natali. Bonne idée. Il lui tend son téléphone pour qu'elle puisse y enregistrer ses coordonnés, plutôt content de pouvoir récupérer le numéro de cette fille qu'il trouve particulièrement magnifique. On se voit à la fête du coup ? À plus Antinea. Il lui fait un petit sourire avant de repartir en skate.

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