Violette appuya sur le bouton pour demander l'arrêt, se laissa retomber sur le siège, profitant des dernières minutes où elle pourrait rester assise, le temps que le bus ne parcourt les derniers mètres qui les séparaient de l'arrêt en question. Elle attrapa les écouteurs au fond de son sac, prenant le temps de défaire les nœuds tout en se relevant. « Au revoir et bonne journée ! » lança-t-elle de façon sonore en sautant la marche du bus, ce qui lui valu un regard surpris de la part du chauffeur et des autres passagers – Violette n'y prêta pas plus attention, glissant ses écouteurs dans ses oreilles et démarra sa musique. Elle termina le message qu'elle envoyait à Rose -même si elles ne s'étaient quitté il n'y a pas si longtemps que ça – rangea le téléphone dans sa poche et prit la direction de chez elle. Elle avait terminé ses cours, traîné à la cafétéria aussi longtemps que possible, et n'avait maintenant plus qu'une seule envie : manger une bonne glace, discuter de leurs journées respectives avec Raphaëlle quand elle serait rentrée ; bref, se la couler douce.

Violette marchait depuis quelque minutes et elle finit par dépasser un banc sans y prêter attention, concentrée à chantonner la chanson qui passait dans son mp3 – mais il lui sembla entendre qu'on essayait d'attirer son attention.
Elle tourna la tête vers la source du bruit, retirant un écouteur. « Quoi ? » lâcha-t-elle de manière peu élégante, mais c'était bien le cadet de ses soucis. Elle s'arrêta devant quatre garçons qui venaient d’apparemment lui adresser la parole.  « Vous m'avez parlé ? » Elle regretta  immédiatement d'avoir retiré son écouteur à la seconde où ils ricanèrent en se regardant. « Oui, on disait que t'étais bonne et on voulait ton numéro. » Bien sûr. « Oh. Ok, je vois. » marmonna-t-elle rapidement en détournant les yeux, s’apprêtant à remettre son écouteur et se dépêcher de rentrer.

A peine eut-elle fait quelques pas pour reprendre son chemin que le garçon – et ses petits  compagnons/sous-fifres-  s'approcha d'elle et l'attrapa par le bras pour la forcer à se retourner, Violette ne pu s'empêcher de soupirer. « Quoi encore ? » lâcha-t-elle. « Eh oh, soit polie, on est gentil nous ! On veux juste savoir ton prénom et ton numéro, tu pourrais être plus gentille. On t'as fait un compliment en plus, tu pourrais dire merci. » Clairement, il n'avait pas la même définition de « compliment » mais Violette ne se voyait pas débattre sur ça. La rousse inspira – elle n'était décidément pas prête de se débarrasser des quatre lourdauds et ne voyait aucune issue, d'autant plus qu'elle était seule face à des garçons légèrement agressifs ; dans quel truc foireux c'était-elle encore fourrée exactement ? « Allez, c'est quoi ton prénom ? Emily ? Sophie ? Rose ? » - en entendant le prénom de sa meilleure amie, Violette ne put s'empêcher de tiquer. Ce qu'il prit pour une confirmation, visiblement. « Ah, c'est ça, tu t'appelles Rose ! Allez, Rose, soit gentille, donne nous ton numéro de téléphone, fais pas ta chieuse. » Hors de question qu'elle lui donne, si c'était pour se faire harceler par la suite, non merci. Elle chercha des yeux un moyen de se sortir de ça. « J'suis pressée, et j'ai pas envie de te donner mon numéro, d'accord ? On m'attends. » Ce n'était pas ça qui allait le convaincre d'abandonner, mais au moins, elle aurait tenté, songea-t-elle en croisant les bras.  

Dexter marche tranquillement dans la rue, les mains dans les poches de sa veste et ses écouteurs enfoncés dans ses oreilles à écouter le dernier album de Notorious Big. Il revient du terrain de basket où il a passé sa fin d'après-midi avec ses amis après avoir accompagné Armelle quelque part en Écosse pour le boulot – c'est donc encore une de ces journées normales qu'il apprécie particulièrement. Dans ce genre de moment, et même si sa famille lui manque, il ne regrette pas d'avoir choisi de revenir vivre ici. Les choses sont plus simples quand on évite les plans galères qui te réveillent à deux heures du matin pour sortir par la fenêtre de sa chambre pour errer dans les rues de Brooklyn. Là par exemple, il n'a plus qu'à passer au Chemin de Traverse récupérer un livre pour Armelle avant de pouvoir rentrer chez lui. Avec un peu de chance, Isaac aura terminé tôt, et ils passeront une petite soirée à trois.

Ses années dans le quartier new-yorkais lui auront au moins appris quelque chose, reconnaître une situation problématique quand elle arrive, et c'est exactement ce qui lui arrive maintenant. Quand l'américain voit la rousse entourée d'autant de garçons, il comprend immédiatement ce qui se passe. Dexter est loin d'être stupide et des scènes comme celle-ci, c'est loin d'être la première fois qu'il y assiste – et si beaucoup de personnes passent à côté d'eux sans prendre la peine d'intervenir, ça n'a jamais été son cas. Pour lui, aider les filles se faisant embêter par un groupe de gros lourds est une habitude. Même si ça ne lui arrive plus depuis qu'il est à Londres vu qu'il ne connaît plus personne, il est persuadé lorsqu'il croise son regard que c'est la bonne chose à faire.

— Ah t'es là, je t'attendais plus loin, dit-il à l'attention de la rousse en arrivant à côté d'elle. Cette fille lui apparaît plutôt courageuse, beaucoup n'auraient pas refusé aussi directement de peur de s'attirer des problèmes supplémentaires. On va être en retard au ciné. Sa remarque est suivie d'une vague de protestations de la part de celui qui semble être le petit chef de ce groupe ridicule. Des mecs comme ça, il en a vu des centaines et ceux-là sont loin d'être effrayants comparés à ceux avec qui il a sympathisé à Brooklyn. Il se tourne donc vers eux avec un air à la fois décontracté et sérieux. Hey cousin, y'a pas de problèmes j'espère. Il passe son bras autour des épaules de l'inconnue, comme pour marquer d'un hypothétique territoire, et croise au passage son regard qui se veut rassurant. Il espère qu'elle va comprendre qu'il n'est là que pour l'aider, et qu'il ne fait pas partie de ces idiots qui veulent juste obtenir son numéro. Tu comprends, j'ai rien contre toi mais j'aime pas trop qu'on vienne emmerder ma copine, lâche-t-il en insistant bien sur son accent nord-américain afin de rappeler la différence existante entre ces petites racailles londoniennes et lui qui a passé son enfance à Brooklyn.

Violette, les bras croisés contre elle dans une posture envoyant à quiconque dans un rayon de cinq cent mètres le message suivant « je ne veux absolument pas être dans cette situation, aidez-moi », envisageait de nouvelles alternatives pour s'en sortir sans attendre que quelqu'un ne daigne s'intéresser à elle. Pourquoi Merlin se retrouvait-elle toujours à attirer les plus lourds du quartier ? Elle songeait maintenant à piquer un sprint – non pas pour leur échapper, mais pour au moins s'éloigner le plus possible pour transplaner sans en plus s'attirer les ennuis du Ministère pour avoir transplaner devant des moldus. C'était risqué, elle était loin d'être une coureuse excellente (pour ne pas dire, médiocre) mais la rousse commençait à manquer de solutions réellement efficace. Violette retint un nouveau soupire, tentant d'ignorer les paroles de plus en plus insistantes des quatre rigolos. Quelle poisse.

Heureusement - du moins, elle espérait - pour elle, quelqu'un semblait s'intéresser de plus prêt à leur petit rassemblement pour le moins inhabituel. Mentalement, Violette remercia Merlin, Morgane, le petit Jésus et qui vous voulez que quelqu'un soit visiblement assez courageux pour s'interposer et elle ne pu s'empêcher de lui adresser un sourire soulagé quand il lui adresse la parole. Il venait de lui éviter une séance de sport forcé qui ne faisait absolument pas partie de son planning de la journée. « Ah oui ? Zut, j'avais compris ici, quelle tête en l'air je fais. Ça fait longtemps que tu m'attends ? » Jouer le jeu était bien plus facile que ce qu'elle aurait pu imaginer, et tant mieux. En revanche, les protestations des garçons lui firent hausser un sourcil un peu surpris. Violette ne connaissait pas celui qui venait de lui filer un coup de main, mais il n'avait pas l'air du type à qui on cherchait des noises sans conséquences. Ces garçons étaient sûrement très courageux, ou carrément idiots, et Violette penchait plus pour la seconde solution – et ils ne semblaient pas se laisser impression malgré le ton de l'inconnu qui  ne laissait pas place à la plaisanterie, sans pour autant être agressif. « Tu sais quoi ? Je pense qu'on devrait y aller, je nous ai déjà mis assez en retard pour le film, si on traîne encore, on va louper le début ! Je suis sûr qu'ils ont autre chose à faire aussi. » suggéra Violette  qui tenait quand même à éviter l'altercation en plein milieu de la rue. Elle passa un bras autour du jeune homme sans écouter ce que le quatuor pouvait bien avoir à dire, et l'entraîna un peu plus loin, jetant un rapide coup d’œil derrière elle. (Peut-être qu'ils étaient réellement stupide, et qu'ils allaient les suivre. Mais visiblement, ils semblaient bien avoir un minimum de jugeote et pouvaient réaliser quand il s'agissait d'une cause perdue.)

Une fois à une distance raisonnable, hors de la vue des quatre idiots, Violette se décida à lâcher le jeune homme. Elle s'appuya contre une barrière et soupira bruyamment. « Eh beh, je suis bien contente que tu sois intervenu, c'était vraiment cool de ta part. » le remercia-t-elle en passant une main dans ses cheveux et lui adressant un sourire. Tout le monde à Londres ne serait pas intervenu, et elle était tombé sur visiblement, quelqu'un de serviable. « On dirait que t'as l'habitude de faire ça, ça faisait très naturel. J'espère que c'est pas une technique de drague, hein, parce que je te donnerais pas mon numéro. » Violette le fixa quelque secondes sérieusement avant de rigoler, ce qui fit se retourner un passant pas au courant que Violette et la discrétion n'étaient pas synonyme. « Je plaisante hein, je me doute que t'es pas venu me draguer... Sinon, paye ta journée nulle. » Elle retira son deuxième écouteur pour ranger le baladeur dans sa poche.

Son regard ne quitte pas celui du garçon qu'il a rapidement identifié comme le leader de cette bande de débiles. Dexter n'a pas le moindre respect pour les mecs dans son genre – ceux qui s'en prennent à des filles sans défense de façon abusive, trop appuyée, qui les mettent mal à l'aise au point qu'elle ne veuille plus sortir. Il a connu trop de cas de filles gentilles un peu terrorisées par ce genre d'individu, et il ne le supporte plus. Même si Londres n'a rien à voir avec les quartiers chauds de Brooklyn, il ne peut pas laisser passer ça, et s'il n'avait pas peur d'amener des problèmes supplémentaires à la rousse, il leur aurait sûrement foutu son poing dans la figure. Mais contrairement à beaucoup de ses amis restés au pays, l'américain sait se sentir ce qui lui a souvent permis d'éviter aux clichés sur les afro-américains violents – un cliché dans lequel il pourrait par contre facilement rentrer si on le cherche trop. Il quitte des yeux le nouvellement nommé abruti congénital numéro un pour regarder la jeune fille à côté de lui. Celle-ci joue parfaitement la comédie, ce qui lui fait esquisser un petit sourire satisfait. Elle n'a pas l'air de faire partie du genre de filles à se laisser faire, mais c'est vrai qu'il est préférable de faire attention face à quatre personnes bonnes qu'à cogner sur les autres.

— T'as raison. Ça serait con de rater ça, dit-il à l'attention de la rousse avec un petit sourire. Comme il s'y attendait, les réactions ne se font pas tarder, mais la jeune fille les a déjà fait quitter le lieu de l'affrontement pour un coin de rue plus tranquille. Dexter lâche un soupir rassuré – encore une bonne action de faite – avant de se tourner vers sa fausse petite amie de galère avec un grand sourire. C'est normal écoute. J'allais pas laisser ces cons te faire chier. La suite de la remarque le fait plutôt rire. Il n'est pas spécialement dragueur, et n'utiliserait encore moins la détresse d'une fille comme moyen de rapprochement. Il trouverait ça assez inadapté, surtout qu'il sait à quel point ça peut être douloureux de se retrouver dans ce genre de situation. Merde alors, démasqué, dit-il d'un ton amusé en rentrant ses mains dans les poches de son jean. Moi je comptais vraiment aller le voir, ce film. Il prend enfin le temps de regarder la demoiselle en détresse un peu discrètement. Il comprend immédiatement mieux pourquoi elle s'est faite emmerder par une bande d'idiots – elle est vraiment mignonne, mais ça Dexter se passera bien de le faire remarquer.

Au moins, ce qui était un mauvais moment avait finalement pris une tournure agréable, au grand plaisir de la rousse. Violette préférait évidemment discuter avec un inconnu sympathique que se faire harceler par quatre mecs qui n'avaient probablement aucune notion de la politesse. Après un moment pareil, elle se sentait carrément plus légère et joyeuse, cela allait sans dire. « Quand même, merci encore. Tu étais le preux chevalier dont j'avais besoin, et tu es arrivé pile au bon moment. » surenchérit-elle, en riant. De plus, elle était rassurée que ce dernier, preux chevalier ou non, ne cherche pas non plus à vouloir la draguer par la même occasion. Enfin un homme qui ne pensait pas uniquement à mettre une fille dans son lit ! Quel soulagement.  

« Ah-ah ! Je le savais. Rien n'échappe à mon œil de lynx, tu ne pouvais pas me le cacher. Blague à part, c'est pas tout le monde qui aurait fait ça. » Violette se hissa pour s'asseoir sur la barrière, balançant un peu ses jambes, l'observant avec curiosité – si ce n'était donc pas pour la draguer, c'était seulement parce qu'il était sympa, aidant son prochain, et ce genre de chose. Une qualité plutôt honorable. « Hein, t'es sérieux ? » fit-elle, surprise, quand il parlait d'aller voir le film – c'était probablement une plaisanterie, mais trop tard, elle s'imaginait déjà au cinéma. « Après, j'veux bien t'accompagner, t'as l'air cool, mais seulement si tu me payes du popcorn. Ou des marshmallows... Ou les deux à vrai dire, je meurs de faim. » fit la rousse absolument pas gênée, laissant parler son estomac avant tout ; tant d'émotion lui avait ouvert l'appétit, et elle songeait maintenant à descendre un pot de glace, confortablement installée chez elle en racontant les événements à Rose qui devait se demander pourquoi elle ne répondait plus aux messages. « Mais dis moi, t'es pas d'ici, j'me trompe ? Non parce que, sans vouloir te vexer, ton accent fait pas du tout, mais pas du tout british. » fit Violette en détournant finalement son attention de la nourriture et changeant un peu le sujet. Il faut dire, un simple regard au jeune homme et on comprenait rapidement qu'il n'avait pas le look du « black britannique » classique. Sauf erreur de sa part, aucun moyen qu'il soit anglais. « Au fait, moi c'est Violette. » ajouta-t-elle, réalisant qu'elle avait totalement oublié de se présenter un minimum, maintenant qu'ils étaient libres de discuter comme ils le voulaient.

Dexter sourit – il n'est pas le genre de garçon à faire ça uniquement pour recevoir des compliments. Pour lui, donner un coup de main à une fille en ayant vraiment besoin est naturel, et peu lui importe finalement qu'elle le remercie ou non. Bien sûr, entendre d'une fille aussi mignonne qu'il est un véritable chevalier fait toujours plaisir à l'ego, et il n'ira pas le nier. Il n'ira pas non plus dire qu'il ne se serait pas un peu retourner en la voyant passer, mais jamais il serait parti lui demander son numéro de téléphone d'une façon aussi ridicule. Il se contente donc de rire à sa remarque, les mains toujours dans les poches de son jean. La réponse de la rousse au sujet du ciné est plutôt inattendue. Il n'était pas sérieux, mais il n'aurait pas pensé qu'elle répondrait à la blague de cette manière – si elle a l'air très drôle au premier abord, elle l'est encore plus au bout de quelques minutes de conversation et l'américain trouve ça plutôt agréable. Bien sûr, quand leurs chemins se seront séparés, ils ne se recroiseront sûrement jamais, mais ça ne dérange pas Dexter qui aime rencontrer même pour un bref moment des gens sympathiques à l'image de cette fille.

— Question d'habitude. Puis j'aime pas les bouffons comme eux qui se croient tout permis. On pourrait facilement croire le contraire – Dexter a le bon look du mec qui traîne dans les quartiers un peu craignos, il fait du basket et a gardé sa façon de parler caractéristique de Brooklyn et pourtant il ne s'est jamais vraiment permis de manquer de respect à une fille. Il a peut-être ce côté un peu protecteur qui laisse entendre qu'à ses yeux, c'est le rôle du garçon de défendre les filles, mais ce n'est en soit pas vraiment dérangeant. Eh bah, je serais presque tenté si j'avais pas autant de choses à faire. Il a promis à Armelle de lui ramener son livre et c'est son tour de faire les corvées du soir. Bien sûr, il suppose que sa meilleure amie serait compréhensive s'il lui envoyait un message pour lui expliquer la situation, mais il préfère ne pas abuser. C'est con, j'ai l'impression qu'on aura jamais ce rendez-vous, quel dommage, dit-il à nouveau sur le ton de la plaisanterie. Même si ça ne l'aurait pas gêné d'aller au cinéma avec la rousse, il n'a pas le moindre regret. Il est loin de rechercher activement une copine contrairement à certaines personnes qu'il connaisse.

L'américain rigole un peu. La remarque de la jeune fille au sujet de son accent ne l'étonne même plus. Depuis qu'il est là, il ne compte plus le nombre de personnes qui lui ont fait remarquer qu'il faisait tout sauf anglais. Si au départ il trouvait ça drôle et doutait que l'écart était si marqué, c'est en rencontrant son cousin qu'il a réalisé le gouffre existant. Ce n'est pas juste une question d'accent ou de style – c'est une manière de vivre. Dexter parle comme à Brooklyn, et pour ceux qui n'ont jamais entendu l'accent new-yorkais, ça peut être un peu déroutant.

— C'est ça. Je viens de Brooklyn, dit-il avec un petit sourire. S'il y a une chose dont il est fier, c'est de son quartier natal et n'est pas prêt d'arrêter de se vanter. C'est pour ça que bon, les racailles de tout à l'heure me font plus rire qu'autre chose. Dexter a vu bien pire quand il vivait aux États-Unis, et n'hésitait déjà pas à ce moment-là de s'interposer quand les mecs en question abusaient clairement. Sympa le prénom. Moi c'est Dexter. Il regarde rapidement l'heure sur son téléphone en le sortant de sa poche. Et je vais être en retard. Je vais par là, dit-il en indiquant la route menant à l'entrée du Chemin de Traverse. Je sais pas où tu vas toi, mais on peut faire un bout de la route ensemble.

Pour une fois qu'elle ne tombait pas sur un cas (elle avait tendance à les collectionner, cela en devenait particulièrement ridicule), Violette était joyeuse : un mec normal, enfin, il fallait fêter ça. Bon, d'accord, il s'agissait sûrement d'un garçon qu'elle ne reverrait probablement jamais à la seconde où ils se diraient au revoir, alors autant en profiter tant qu'elle pouvait. En plus, il avait l'air carrément sympa, il ne fallait pas se mentir. Cela ne l'aurait absolument pas déranger de passer quelques temps de plus avec lui – mais bien-sûr, ils avaient chacun leurs plans et ne se connaissaient que depuis quelques minutes, et la vie n'était pas une comédie romantique ; « Ah merde, je m'imaginais déjà avec du pop-corn, tu brises mes rêves, là. » fit Violette en rigolant. « Arrête, si ça se trouve, ça te sauve d'une catastrophe. Tu aurais peut-être découvert que je mange la bouche ouverte et bruyamment ou des trucs beaucoup plus affreux. » surenchérit-elle. Elle pouvait penser à des milliers de choses qui pouvaient ruiner un premier rendez-vous.  

Pas de doute, Violette avait raison – il était américain ! Elle était à deux doigts de lâcher une petit exclamation de victoire, mais elle se réprima, affichant seulement un sourire satisfait. « Brooklyn ! La classe. » commenta-t-elle. « En même temps, j'imagine qu'ils font pâle figure, c'est juste des petits crâneurs de pacotilles. » Violette avait vu assez de films américains pour réaliser que les voyous de plus tôt n'avaient rien à voir avec certains thugs des banlieues les plus malfamées des States – tout un monde entre les deux. Violette imagina le ridicule de la racaille britannique face à ça, avec un sourire. « Dexter ? Cool. » fit-elle en hochant la tête et mémorisant le prénom. « Oh zut, sauver les jeunes filles en détresse, ça prends du temps, désolée! » Elle sauta de la barrière, jetant elle aussi un coup d’œil à son téléphone puis à la direction que Dexter indiquait. «C'est ta chance, je vais par-là aussi ! T'habites là-bas alors ? »  La rousse était tout de suite un peu intéressée – peut-être qu'elle s'était trompé et qu'elle aurait l'occasion de le recroiser, ne serait-ce que par hasard dans la rue ou dans le quartier. « Enfin, si c'est pas indiscret. Si ça peut te rassurer, je suis pas une psychopathe qui va s'introduire chez toi, ou une cambrioleuse. » D'ailleurs, Violette serait une bien piètre cambrioleuse, bruyante comme elle était.

La remarque de la rousse arrache un petit rire à l'américain qui trouve le côté extraverti de la jeune fille assez mignon. C'est le genre d'humour qu'il aime chez les gens, et plus particulièrement chez les filles – ce n'est ni trop vulgaire, ni trop niais, juste parfait. Dexter a toujours aimé les personnes qui disent ce qu'elles pensent comme ça vient, ceux qui n'ont pas peur du ridicule ou du jugement. Violette a beau être belle, elle doit sûrement supporter les regards des gens trop coincés qui ne supportent pas l'autodérision. Au final, elle lui semble vraiment sympa et il l'aurait clairement amené au cinéma s'il en avait le temps. Dommage pour lui, le devoir l'appelle ailleurs et il ne reverra jamais la jeune fille – il traîne rarement dans ce coin-là, bien loin du terrain de basket ou de son appartement. Les rares fois où il y met les pieds, c'est pour aller au Chemin de Traverse, ce qui n'arrive pas très souvent – et encore, il se contente souvent d'y transplaner si c'est pressé.

— Ouais, la grande classe, dit-il avec un petit sourire amusé. Dexter a l'habitude des compliments sur son quartier natal depuis qu'il vit en Angleterre. Celui-ci apparaît à toutes les personnes qu'il rencontre comme super cool et il ne va pas s'en plaindre. Seule Armelle ne semblait pas y voir quelque chose de fabuleux, mais avec le recul il comprend pourquoi. Tu m'étonnes, que des petits joueurs. L'américain doute que ce soit vraiment le fait qu'il vienne de Brooklyn qui fasse ça. Il ne doute pas une seule seconde que Léopold les aurait trouvés aussi ridicule que lui – ce mec rencontré il y a quelques temps au terrain est vraiment cool, ce qui n'a rien à voir avec les racailles qui ont embêté la rousse. Ah cool, on va faire un bout de la route ensemble. Il lui adresse un grand sourire ravi alors qu'ils reprennent la route tranquillement. Dexter observe la jeune fille du coin de l'œil, relevant au passage à quel point il la trouve bien mignonne. Non j'habite à l'autre bout de Londres mais j'ai un truc à faire dans le coin. Il peut difficilement lui dire où il va vu que le Chemin de Traverse est un lieu uniquement sorcier et qu'elle ne connaît sûrement pas l'existence de leur monde. Il espère seulement que leurs chemins se sépareront avant qu'il arrive à l'entrée, sinon il n'aura plus qu'à faire un détour pour ne pas attirer l'attention sur le quartier interdit aux moldus. Oh putain, j'y avais même pas pensé tu sais.

Il rigole un peu de bon cœur en imaginant la rousse s'introduire chez lui en pleine nuit. Même s'il ne serait pas totalement contre, il doute que ses colocataires apprécient autant que lui une visite aussi inattendue. Il doute que ce genre de situation lui arrive un jour, mais dans le pire des cas – celui où Violette ne serait qu'une psychopathe cherchant à le tuer – il n'aurait qu'à la maîtriser. Malgré ses airs un peu casse-cou, la jeune fille n'a pas l'air d'être le genre de filles trop dangereux. Comme pour les garçons de tout à l'heure, il a vu largement pire à l'époque où il vivait encore aux États-Unis.

Violette se demandait ce qu'un américain de Brooklyn pouvait faire à Londres – elle se demandait quel attrait pouvait-on trouver au Royaume-Uni quand on en venait pas. Etait-ce pour la Reine d'Angleterre et ses corgis ? Probablement pas, et Violette n'aurait probablement pas non plus de réponse à cette question intérieure, mais elle continua à y réfléchir, élaborant mentalement des théories plus délirantes à chaque fois. « Ça doit te faire un sacré changement, quand même ! » Elle ignorait depuis combien de temps il était en Angleterre ; en tout cas, pas assez longtemps pour perdre son accent, sûrement.

Elle emboîta le pas de l'américain, prenant la direction du Chemin de Traverse – aucun chance que celui-ci soit sorcier ; une (heureuse mais) simple coïncidence. « Ah, génial ! » L'ancienne gryffondor lui fit un grand sourire, détournant les yeux juste le temps d'envoyer un message à Rose et lui dire qu'elle aurait des tas de choses à lui raconter lors de leur coup de téléphone du soir. « Ah? Ben on dirait que j'ai de la chance alors, tu vas m'escorter pour le reste du trajet. Au cas où. » Non pas que le chemin soit particulièrement dangereux, au contraire. « C'est parce que j'ai pas l'air comme ça, mais en fait, j'avais tout organisé et tu étais ma prochaine victime. Mais comme t'es sympa, j'irais cambrioler quelqu'un d'autre ce soir. » Elle jeta un coup d’œil au jeune homme, avec un air faussement sérieux. « Et puis, on dit bien qu'il faut se méfier des inconnus. » Elle haussa les sourcils, amusée. « Enfin, tu connais mon prénom, je connais ton prénom, un peu plus et on allait au cinéma, on est plus vraiment des inconnus ! » dit-elle avec un sourire.

Quelques minutes de marche et ils arrivaient maintenant vers l'entrée du Chemin de Traverse – le moment de faire leurs adieux si elle ne voulait pas révéler l'existence du monde sorcier à un moldu et se retrouver à avoir des ennuis avec le Ministère ; il y avait peu de chance qu'elle tombe par hasard, en plein milieu de Londres, sur le seul sorcier (américain en plus) de la zone, à part elle-même. Elle se stoppa avant qu'ils n'arrivent trop près, se balançant sur ses jambes et enfonçant ses mains dans ses poches. « Bon, moi je vais par... là. » dit-elle en désignant approximativement la direction du Chemin – si jamais celui-ci voulait encore l'accompagner, elle devrait sûrement faire un détour. « En tout cas, encore merci d'avoir jouer les gardes du corps. Très efficace. » Elle donna une petite tape amicale dans l'épaule de Dexter. « En croisant les doigts pour que j'ai pas à nouveau besoin qu'on vienne à ma rescousse comme ça ! » Sauf si bien sûr, la personne qui venait à nouveau lui filer un coup de main était Dexter – improbable, donc. « Et toi, tu pars où? » demanda-t-elle juste pour être sûre.

— T'imagines même pas, le plus gros de ma vie, répond-il en enfonçant ses mains dans les poches de son pull. Dexter se dit qu'elle ne pourrait pas avoir plus raison. Il n'oubliera jamais le sentiment qu'il a ressenti en arrivant sur le sol anglais – celui de se sentir perdu au milieu d'un endroit qui ne serait jamais chez lui. Bien sûr, il a fini par s'y faire, mais il y a encore des tonnes de choses qui lui manquent. Comme il le dit régulièrement aux gars du terrain de basket, Londres est cool par moments mais n'atteindra jamais le niveau de Brooklyn. Il l'a tristement constaté en rentrant avec son cousin pour voir sa famille, et il ressent toujours un certain manque – par exemple, il ne serait pas contre que Pedro vienne s'installer au pied de son immeuble pour qu'il puisse manger des hot-dogs dignes de ce nom. Je sais, je suis plutôt serviable là pour le coup. Il a conscience de ressembler à tout sauf au parfait gentleman, mais parfois c'est finalement ceux qui paraissent le moins qui le sont le plus. Trop sympa. J'espère bien que tu vas pas le faire, sinon je retrouve ton numéro pour aller le donner aux bouffons de tout à l'heure. Le sourire amusé qu'il esquisse à ce moment-là prouve bien qu'il ne le fera jamais, tout comme elle ne viendra s'introduire dans son appartement. C'est vrai. On est presque les meilleurs potes du monde là, dit-il en rigolant un peu. Il aime cette façon de penser – c'est simple, concis et sans prise de tête.

Ils arrivent à proximité du Chemin de Traverse et Dexter s'arrête naturellement. L'heure tourne et il doit arriver à la librairie avant que celle-ci ferme. Armelle lui pardonnerait sûrement l'absence du livre, mais il sait qu'elle en a besoin pour un article. Et si tout le monde qualifie l'américain de personne sympathique ou amusante, c'est aussi quelqu'un de confiance qui s'arrange toujours pour tenir ses promesses. Violette a beau être plutôt mignonne et cool, il faut bien lui dire au revoir. Dommage, se dit-il alors que leurs chemins vont se séparer – il aurait bien aimé la revoir, mais il n'est pas du genre à reprendre par hasard un chemin qu'il ne fait jamais à la même heure dans l'espoir de la revoir. L'américain est beaucoup plus simple que ça et se demande s'il y a vraiment des gens à faire une chose pareille. Il lui adresse un petit sourire en la regardant se balancer sur elle-même. Le courant a plutôt bien passé entre eux, mais il sait très bien que ça ne veut rien dire – après tout, ils ne se connaissent que depuis une petite dizaine de minutes. Il regarde un peu étonné le chemin qu'elle lui indique approximativement – le même que lui. Elle ne peut pourtant pas aller au Chemin de Traverse, ce qui voudrait dire qu'elle est également sorcière – une coïncidence à laquelle il n'est pas prêt de croire.

— Ouais t'inquiète, c'est normal, dit-il alors qu'elle le remercie à nouveau. Dexter se fiche pas mal de ça – il ne fait pas ça pour la gloire – et la seule chose qui le réjouit c'est l'idée d'avoir pu rendre service à une fille plutôt sympa. J'espère aussi pour toi. Ou attend que je sois dans le coin. Il ne le pense pas vraiment – il préférerait que Violette n'ait plus de problèmes avec des mecs pareils, mai sil ne serait pas non plus contre l'idée de la recroiser à l'occasion. Et qui sait, peut-être que la prochaine fois, il aura le temps de lui proposer un ciné – ils pourront même choisir le film devant les pseudo racailles qui n'auront plus qu'à fermer leurs gueules. Je vais par là aussi en fait. Il observe rapidement sa réaction, cherchant au passage un élément qui pourraient lui indiquer qu'il n'est pas en train de se tromper et que la rousse est bien une sorcière. À la librairie. Il ne sait pas s'il dit ça pour la rassurer ou dans l'espoir qu'elle lui donne le nom de celle du quartier sorcier. La coïncidence serait quand même grande, mais depuis qu'il a appris que Léopold était sorcier, plus rien ne l'étonne.

N'ayant jamais vraiment quitté le Royaume-Uni, Violette avait un peu de mal à imaginer le changement radical que cela pouvait faire de traverser l'océan pour arriver dans un autre pays et faisant confiance à Dexter lorsqu'il disait qu'il s'agissait du plus gros changement de sa vie. Au moins, celui-ci n'arrivait pas non plus dans un pays où il s'agissait d'apprendre une langue totalement différente, même si l'anglais et l'américain avaient leurs petites différences. Et si parfois Violette rêvait de voyager, elle se plaisait quand même assez bien à Londres pour ne pas vouloir définitivement la quitter ; ou du moins, pas actuellement et pas avant quelques années sûrement. Et au moins, ne pas être partie lui permettait de rencontrer par hasard des gens comme Dexter. « Oups, j'irais faire passer le mot à mes potes cambrioleurs, ton appartement est intouchable. » Elle lui adressa un grand sourire et lui donna un petit coup de coude. « A ce propos... Puisqu'on est « presque » les meilleures potes du monde, je me disais, tu veux bien être mon témoin à mon mariage du coup? » fit-elle en rajoutant une couche dans la démesure. Même si bien sûr ils n'étaient pas « meilleurs amis », Violette ne cherchait jamais compliqué dans les relations : ou elle aimait bien la personne, ou pas du tout, pas d'entre deux. Et si elle appréciait, elle n'allait pas s'en cacher. Elle n'était pas non plus timide, et si parfois cela pouvait lui attirer de léger ennuis, la plupart du temps, cela résultait juste en une conversation agréable avec un ou une inconnue.

D'ailleurs, la rousse n'était pas non plus superstitieuse ou croyant aveuglément au destin, mais il fallait avouer que le hasard faisait parfois extrêmement bien les choses. En effet, ils arrivaient au Chemin et il ne semblait toujours pas changer de direction, Violette venait à en penser qu'il était réellement un sorcier ; la coïncidence aurait été énorme,  peut-être un peu trop, mais si elle s'avérait vraie, Violette se jura de jouer à la loterie le plus rapidement possible. Néanmoins, elle s'évita de trop s'emballer et se faire des idées. « Bien sûr. Si tu veux je peux t'engager comme garde personnel, si jamais t'as rien à faire. » dit-elle avec un rire. Elle n'allait pas non plus attendre le soir à l'arrêt de bus dans l'espoir de le voir repasser – il s'agissait d'une perte de temps et rien ne garantissait d'ailleurs qu'il repasse au même endroit à la même heure tout les jours, et la jeune fille avait quand même autre chose à faire que d'attendre inutilement en plein milieu de Londres. « Oh non, sérieux ? Trop dingue, décidément. » Elle marqua sa surprise par un petit froncement de sourcil curieux. Elle ne connaissait pas non plus le quartier par cœur, mais elle était quasiment sûre qu'il n'y avait pas quinze libraires dans cette direction. « Genre, la librairie, Fleury... Machin ? » tenta-t-elle l'air de rien. S'il était sorcier, il comprendrait immédiatement qu'elle l'était aussi. Et s'il était moldu, eh bien, il penserait sûrement qu'elle était une fille un peu étrange qui ne connaissait pas très bien le nom des librairies. « Ou un truc du genre. » ajouta-t-elle avec un petit sourire. « En tout cas elle est pas très loin de chez moi, si c'est celle à laquelle je pense. T'imagines la coïncidence ! »

Dexter a l'impression qu'il aurait pu continuer à lui parler pendant des heures. Les blagues et les conneries se succèdent naturellement, comme si lui et la rousse était amis depuis des années. Pourtant, ils ne sont que deux inconnus qui font un bout de chemin ensemble avant de se séparer – chose qui risque d'arriver plus rapidement que prévu vu qu'ils sont désormais à la limite du Londres moldu. Les mains dans les poches, il attend rapidement confirmation avant de s'enfoncer seul dans cette allée à première vue sinistre. Il n'a pas vraiment l'habitude de passer par là – après tout, il va rarement au Chemin de Traverse après être parti joué au basket avec Léopold. Ce à quoi il ne s'attendait pas, c'est qu'elle lui sorte en partie le nom de la librairie. Fleury & Bott est bien du côté sorcier, et donc si elle vit à côté elle ne peut en être qu'une. La nouvelle le réjouit un peu, il aura peut-être plus de chance de la recroiser de cette façon et peut-être de l'inviter au cinéma.

— Genre Fleury & Bott ?, demande-t-il en observant bien la réaction de la jeune fille. La réponse de la jeune fille ne se fait pas attendre – positive, évidemment – ce qui lui arrache un sourire. Bon bah c'est parti, je garde encore un peu mon rôle de garde du corps alors. Dexter a toujours apprécié les gens sympa et cette fille en fait définitivement parti, à son plus grand plaisir. Il a bien fait de l'aider finalement – bon, penser ça est stupide vu qu'il le ferait même pour une personne qu'il n'aime pas. En vrai, c'est vraiment un truc de malade. À chaque fois que je rencontre dans le monde moldu, c'est un sorcier. Tu imagines le hasard de ouf. Il observe du coin de l'œil la rousse alors qu'ils marchent maintenant dans la célèbre rue pavée. Du coup, tu habites pas loin ? Son ton ne laisse pas sous-entendre la moindre chose – Dexter n'est pas un crevard tentant par tous les moyens de squatter chez les filles mignonnes qu'il croise. C'est mignon comme quartier. Par contre, tu m'excuses, je vais t'abandonner là, dit-il en s'arrêtant au niveau de la fameuse librairie. Ma coloc va vraiment m'en vouloir si je lui ramène pas son livre. Je voudrais pas la décevoir. Il sourit. Armelle compte beaucoup à ses yeux, bien plus que taper la discute avec une jolie inconnue. Bon, peut-être à une prochaine Violette. Fais gaffe à toi. Il lui lance un grand sourire avant d'entrer dans la boutique, se précipitant vers le vendeur pour retirer la commode, le remerciant mentalement de ne pas encore être fermé.