Maximilien observe à nouveau le message de Rose qui le laisse encore un peu perplexe. Il avait d'ailleurs fini par demander conseil à Antinea, qui lui avait répondu avec simplicité que s'il l'appréciait, il devait y aller – ce qui n'avançait pas vraiment le cas, mais il avait réfléchi et Antinea avait souvent raison : il apprécie assez Rose pour lui envoyer des cadeaux d'anniversaire, alors pourquoi pas pour aller boire un verre pour une très bonne raison, après tout. Alors, Maximilien a répondu positivement à l'invitation de l'ancienne Gryffondor.
D'accord, même si c'est son ex, ils continuent de s'entendre plutôt bien au final (en partie grâce à leur amitié commune avec Antinea, d'ailleurs) Rose a toujours cette étrange tendance à nier tout ce qui avait pu avoir lieu entre eux ; ce qui échappe à Max. Il est loin d'être un expert en filles, surtout une fille comme Rose qui est plutôt loin (aux yeux de l'ex-serpentard) de l'idée qu'on se fait d'une « vraie fille ». Bref, tout ça lui semble un peu incompréhensible, mais Rose reste quelqu'un de sympa …

… Et quelqu'un de toujours en retard. Certaines choses ne changent jamais, donc.

« Yo, Rose. » lance-t-il quand la brune arrive finalement dans son champs de vision, il se décolle du mur du bar pour s'approcher d'elle. « A une demie heure près, t'aurais eu seulement dix minutes de retard. » Il enfonce les mains dans les poches de son blouson. « Je m'attendais pas à un miracle non plus, donc je ne me suis pas pressé. » (Il lui avait fallu plus de quinze minutes pour se motiver à sortir de chez lui, quinze minutes pendant lesquelles il s'est, comme à son habitude, plaint, bien évidemment) « Ca va sinon ? Ton cadeau d'anniv, il t'as plus ? » Ce n'est pas une remarque foncièrement méchante, d'ailleurs, juste une petite pique lancée à la jeune fille sur son très légendaire retard. Dire « Rose est à l'heure » revient à dire « Maximilien ne s'est pas plaint » et tout le monde sait que des choses comme celles-ci n'arriveront jamais.

— Maxou ! Tu m'as manqué ! L'étudiante lui fait un grand signe de la main en arrivant à côté de lui, un grand sourire aux lèvres. Elle a légèrement conscience d'être en retard – peut-être parce que l'ancien Serpentard lui rappelle, comme à chaque fois – mais ça ne l'empêche pas de sautiller de joie. Oh, ça va. Je suis presque à l'heure alors, dit-elle avant de rire un peu. Elle a l'habitude d'entendre Maximilien se plaindre et ne s'en formalise plus vraiment. Après tout, pendant les quelques mois où ils sont sortis ensemble, elle a pu se rendre compte que c'était quasi constant chez l'étudiant en sortilège. Mon cadeau d'anniversaire ?, demande-t-elle avant de réaliser de quoi il parlait. Oui carrément ! Il est juste génial. Tu es le meilleur. Quelques secondes plus tard, elle est tranquillement en train de lui faire un câlin, sans la moindre gêne. On y va ? J'ai envie d'une bière. Elle lui attrape le bras pour le tirer vers le bar le plus proche en chantonnant un peu ce qu'elle était en train d'écouter en arrivant.

Rose est plutôt heureuse de pouvoir passer du temps avec Maximilien – même si elle ne l'avouera jamais. En fait, elle s'attendait même à ce qu'il refuse sa proposition, parce que c'est Max et parce qu'il aime se plaindre. Alors quand il a accepté, elle n'a pas pu s'empêcher de sauter de joie. Pas qu'elle ressent encore quelque chose pour lui – non, ils ne sont plus ensemble et ça lui va très bien – mais simplement parce qu'elle sait que derrière cette manie de se plaindre en permanence, c'est un garçon adorable. Elle s'assoit à côté de lui après avoir commandé sa boisson et lui adresse un sourire ravi qui contraste clairement avec la tête déjà fatiguée de son ami.

Heureusement que Rose ne se vexe pas à chaque fois que quelqu'un fait une remarque sur son retard, sinon, celle-ci serait vexé en permanence. Max esquisse un vague sourire et un roulement des yeux en entendant le surnom ridicule ; bon sang, il a quel âge pour qu'on l'appelle encore comme ça, deux ans ? Enfin – il ravale sa remarque, pour une fois. « Je sais, je sais. Je trouvais qu'il te ressemblais. » faisant référence à la petite taille de la jeune fille. Max marque un peu sa surprise quand elle lui fait un câlin ; mais après tout, ce n'est pas si surprenant de la part de Rose, surtout quand il n'y a pas ses amis autour pour lui faire des remarques. « Va pour une bière.» marmonne-t-il avec clairement beaucoup moins d'enthousiasme que la brune. Elle est une véritable boule d'énergie et il est quasiment certain qu'elle le draine de la sienne en quelques secondes.

Il se laisse tomber sur la chaise avant de commander et de jeter un coup d’œil à Rose. Bien sûr, il a accepté de la voir, il ne peux pas dire qu'il est totalement blasé et qu'il n'avait pas envie de la voir – sinon, monsieur aurait trouvé un excuse pour se défiler, quitte à devoir subir le regard d'Antinea par la suite. Rose est quand même et malgré tout une fille sympa, et au final c'est le plus important. « Ton sms m'a un peu surpris, je m'y attendais pas trop. » Il ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre avec elle, c'est un fait. Maximilien s'appuie sur le dossier de sa chaise avec un petit soupir. « Du coup quoi de beau ? La fac, tout ça ? Ça fait un moment qu'on s'y est pas croisé. » Maximilien ne traîne pas particulièrement sur le campus, contrairement à Rose ; lorsque le serveur dépose leur bière, il pousse celle de la jeune fille devant elle et attrape la sienne.  

Rose sourit – elle connaît suffisamment Maximilien pour ne pas prendre au sérieux chacune de ses remarques. Le gallois se plaint constamment et tout le monde le sait. Les choses ne changeront sûrement jamais, mais elle ne le trouve pas désagréable pour autant. Contrairement à ce que beaucoup de personnes pourraient penser, cette constante mauvaise humeur de la part du blond est loin d'être une des raisons qui les ont poussé à la rupture – même lui serait incapable de venir à bout de l'optimisme sans failles de la brune. Rien ne changera d'ailleurs ce jour-là, et elle le prouve à nouveau en lui adressant un sourire ravi alors que les bières arrivent sur la table. Il n'y a rien de mieux aux yeux de l'écossaise qu'un verre avec un bon ami – sauf peut-être une balade en voiture avec Léopold ou une soirée au Deus avec son frère adoré.

— Ah bon ?, demande-t-elle en rigolant. Les choses ne sont pas évidentes et c'est entièrement sa faute. Elle est celle qui rend les choses compliquées en refusant d'accepter le fait qu'ils soient sortis ensemble devant les autres. Parfois, elle se demande elle-même pourquoi, surtout qu'elle apprécie toujours autant le gallois en tant qu'ami. Tu sais, c'est normal d'aller boire un verre avec ses amis. Voilà ce qu'ils sont à ses yeux – des amis qui passent occasionnellement du temps ensemble même si elle se doute que du côté de Maximilien, ce n'est pas vraiment intentionnel. Elle devra sûrement encore une fois remercier Antinea pour cette bonne action. C'est vrai. Nos bâtiments sont loin quand même, et je vais pas souvent en cours. Elle lui fait un petit sourire en buvant une gorgée de sa bière. La première gorgée de bière est toujours la meilleure, et personne ne pourra jamais changer ça. Mais maintenant, je travaille à la cafétéria, alors tu sais où passer si tu veux me voir, dit-elle souriant. Et sinon, quoi de beau ? Elle sourit en le regardant un peu, bougeant toujours sur sa chaise comme à son habitude.

Quiconque passant à côté de la table occupée par Rose et Maximilien penserait que ce dernier n'est pas en train de passer un bon moment – air blasé, enfoncé dans sa chaise, sa bière à la main, il a plutôt l'air du gars forcé d'être ici que du gars qui passe un excellent moment ; pourtant, c'est seulement partiellement vrai. Même si en partie parce qu'Antinea l'a « forcé » à venir qu'il est ici, c'est aussi et surtout parce que malgré tout, il apprécie la petite brune et ne s'emmerde peut-être pas autant que ce qu'il à l'air.

Aux yeux de Maximilien, il n'y a pas vraiment d’ambiguïté dans leur relation, sauf celle que la jeune fille peut mettre elle-même de temps à autres : il voit Rose comme une ex, une amie, mais il est certain de ne plus avoir de sentiments qui pourraient rendre les choses gênantes. « Ben ouais, mais je pensais que t'aurais invité Antinea, par exemple. Pas que ça m'emmerde d'être là seul, c'est sympa quand même. » dit-il simplement. Antinea ou d'autres personnes, par ailleurs. Il ne cherche pas à comprendre ce qui lui est passé par la tête, et prends une gorgée de sa bière. « Ça m'étonne même pas de toi. » Il a du mal à voir la jeune fille comme une personne extrêmement studieuse et il esquisse un sourire un brin moqueur. Rose est loin d'être idiote, mais clairement pas une personne assidue comme certains étudiants. « Tu t'es pas encore fait viré ? Félicitations, je suis impressionné. » fait-il en levant sa bière comme pour porter un toast avec un rire moqueur. « J'essayerai de venir te voir à l’œuvre avant que ça arrive, je veux voir ça. » Max espère néanmoins pour elle que ça n'arrivera pas forcément de si tôt ; ça vaut mieux pour elle. Il pousse un soupir – quoi de beau, à part un frère qui est n'en fait qu'à sa tête, des cours, toujours pas de petite amie ? « Tu sais, pas grand chose. Rien de bien passionnant, plutôt. » rectifie-t-il.

La petite brune esquisse un sourire moqueur. Maximilien est une des personnes les plus drôles qu'elle connaisse mais contrairement à ses meilleurs amis, c'est bien malgré lui que le gallois la fait rire. Tout chez son ami est susceptible de devenir un sujet de moqueries – son air sempiternellement blasé, ses soupirs à répétitions et ses justifications loin d'être nécessaire. Elle le connaît Rose – Antinea ou pas, s'il n'avait pas envie de la voir, il serait tout simplement pas venu. Mais pourtant Max est là, fidèle à lui-même. Elle lui fait un petit clin d'œil en buvant une gorgée de sa bière. Toute personne la connaissant un minimum saurait qu'elle prépare une nouvelle connerie à sortir – ça se lit sur son visage, un air de malice brille dans ses yeux et son visage laisse entendre qu'elle est déjà fière de la connerie qu'elle s'apprête à sortir.

— Je vais pas inviter Antinea à un rendez-vous avec le prince charmant, dit-elle avant d'exploser de rire. Certaines personnes se retournent peut-être pour regarder d'où vient la source du bruit mais Rose n'y fait pas attention – comme toujours, elle s'en fiche. La seule chose qui compte est la réaction de Max qui doit en avoir légèrement marre de leurs blagues. Parfois, l'écossaise est une réelle incompréhension en soi – elle refuse de mentionner le fait qu'ils ont pu sortir ensemble, puis elle fait des blagues bien trop douteuses et légèrement ambiguë. Elle prend un air satisfait quand Maximilien lui fait remarquer son exploit. Non, Rose n'est toujours pas virer de son travail à la cafétéria et tant que cet idiot de Benjamin Eddington ne s'oppose pas à ce qu'elle reste, les choses se dérouleront bien. Merci, merci. Je savais bien que je t'impressionne. Tu as même le droit de me payer une boîte de chocolats pour fêter ça. Rose n'a aucun état d'âme quand il s'agit de quémander de la bouffe – ou quoi que ce soit, son grand frère adoré peut largement en témoigner d'ailleurs. Genre quand tu passeras, c'est une bonne idée ça. Elle sourit en buvant quelques gorgées supplémentaires tout en écoutant Max faire un point assez inintéressant sur sa vie. Je suis sûr que tu me mens. Ta vie est toujours passionnante Maxou. Je te rappelle que pour toi, aller acheter du gingembre c'était déjà toute une aventure. Rose ne s'est clairement pas remise de ce jour où son ami est partie acheter l'épice demandé par sa colocataire et compte bien lui rappeler jusqu'à la fin de sa vie.