Astoria pousse la porte du petit café – elle a décidé de quitter son appartement et le confort de son canapé pour une petite balade dans les rues de Londres, profitant du soleil qui éclaire la ville malgré la saison. Elle a découvert cet endroit où il y a maintenant quelque temps, et y vient parfois pour boire un verre en travaillant ses cours. La jeune fille retire ses écouteurs qu'elle enroule proprement, les rangeant dans une pochette qu'elle glisse dans son sac alors qu'elle s'approche du comptoir. Ses yeux sont rapidement attirés vers une fille assise à côté de la fenêtre. La brune lui semble assez familière et il ne lui faut que quelques secondes pour se rendre compte qu'il s'agit d'une ancienne étudiante de Poudlard – une fille de son année à qui elle n'a jamais pris la peine de parler. Après une petite hésitation, l'ancienne serpentarde commande à boire avant de se diriger vers la table d'Armelle – elle n'a pas eu le moindre mal à se souvenir de son prénom, en partie car elles ont passé sept longues années ensemble lors de cours divers.

— Armelle ?, dit-elle avec un petit sourire rassurant. Elle pose les deux boissons sur la petite table – sa citronnade et une bouteille de jus de cerises pour la serdaigle. Elle n'espère ne pas s'être trompée en prenant le jus de fruit dont une bouteille se trouvait déjà sur la table. Je savais pas ce que tu aimais. Elle dit ça d'un ton assez calme et amical bien qu'elle soit persuadée que l'ancienne serdaigle ignore totalement ce qu'elle fait ici. Elle-même n'est pas sûre d'avoir pris la bonne décision en venant parler à la jeune fille qui ne doit pas spécialement avoir envie de la voir. Mais Astoria s'en est souvent voulu de ne pas avoir agi quand elle la voyait se faire embêter par d'autres serpentards. Je sais pas si tu te rappelles de moi, on était à l'école ensemble. La situation est inverse à ce qu'elle devrait être – il est rare de voir une personne populaire poser cette question à celle qui n'avait pas le moindre ami. Mais Armelle a toujours semblé être perdue dans ses rêves.

Elle se demande à cet instant si son idée était vraiment bonne – débarquer de cette façon à la table d'une personne qu'elle ne connaît pas, et qui ne doit pas forcément la porter dans son cœur peut être assimilé à un manque de respect assez important. Mais elle a devant elle sa seule occasion de s'excuser auprès d'Armelle pour son comportement durant leur scolarité. Bien qu'elle ne s'en soit jamais prise personnellement à la jeune fille – Astoria n'a jamais compris l'intérêt de rabaisser les gens comme elle, ils n'ont l'air ni méchant ni dangereux – elle regrette un peu de ne pas avoir pris sa défense ou de lui avoir parlé. Quand elle repense aux filles de sa maison qui la suivait partout, elle se dit qu'elle aurait pu trouver bien mieux si elle ne s'était pas arrêté à quelques préjugés comme la maison ou l'importance de traîner avec des gens d'un statut égal.

Le soleil lui chauffait légèrement le visage, tandis que ses yeux ne quittaient pas son dernier roman. Avec son nouveau boulot, lire pour son divertissement était devenu un peu plus compliqué, mais à chaque fois c’était un véritable plaisir. Surtout depuis qu’elle avait trouvé ce petit café qui proposait une variété incroyable de jus de fruits -une bonne adresse pour l’été d’ailleurs. Profitant pleinement de l’ambiance, Armelle se reposait un peu avant de recommencer son article un peu stupide sur les joncheruines. Alors qu’elle allait entamé un nouveau chapitre, quelqu’un déposa une nouveau verre sur la table, ce qui l’a fit lever la tête. Ses yeux se posèrent rapidement sur une blonde qu’elle connaissait vaguement, Astoria Greengrass. L’ancienne serdaigle semblait plus que étonnée à l’idée en voyant la blonde l’approcher. « Euh… Merci ? » Bien que la blonde ne s’est jamais montré directement désagréable avec elle, c’était néanmoins typiquement le genre de personne qui refusait de lui adresser la parole en temps normal. « Euh oui, c’est très bien. J’aime bien le jus de cerises. » La brune avait toujours été un peu timide avec les autres, mais encore plus avec des personnes comme celle qui se tenait devant elle. Pour dire vrai, elle était presque persuadée que ceci était une mauvaise blague, histoire de se foutre de sa gueule.

La phrase de Astoria l’étonna encore plus qu’elle ne l’était déjà. Pourquoi une fille aussi populaire qu’elle, lui demandait si elle se souvenait d’elle et enfin comment Armelle aurait pu oublier une des filles les plus célèbres de son année. « Astoria, oui je me souviens. » Voyant bien qu’elle était seule, l’irlandaise referma son livre, histoire de ne pas perdre sa page. « Tu veux t'asseoir ? » Elle n’avait aucune idée de ce que cette dernière lui voulait, mais elle supposa que ça ne serait pas très long de toute manière. Puis la serpentarde ne pouvait pas lui vouloir du mal, sans quoi elle ne lui aurait pas commandé un verre. « Tu voulais me demander quelque chose ? » Elle attrapa le verre et bu quelques gorgées, évitant au passage le regarde de la jeune fille se tenait désormais juste devant elle.

Astoria voit dans le regard de la jeune fille que celle-ci ne semble pas rassurée. Elle choisit de ne pas s'en offusquer – les raisons qui poussent Armelle à être autant sur la défensive sont multiples. Elle a conscience de ne pas avoir été toujours très gentilles avec l'ancienne serdaigle. Même si elle peut, contrairement à certains, se vanter de ne jamais lui avoir rien fait, l'inaction est également quelque chose de répréhensible. C'est en grande partie de ça qu'elle tente aujourd'hui de se faire pardonner. En tout cas, elle voit bien que sa présence étonne la brune qui a dû s'attendre à ne plus jamais la croiser, une fois les examens terminés. C'est ce qu'elle aurait pensé aussi, si elle n'avait pas eu à subir l'abandon de ses soi-disant amies. Mais Astoria ne s'en plaint pas, persuadée que c'est l'événement qui va lui permettre d'évoluer en repartant un peu de zéro. Elle adresse un petit sourire à Armelle en prenant place en face d'elle. La table choisie par celle-ci est exposée au soleil, chose particulièrement agréable par ce temps.

— Tant mieux, j'avais un peu peur de me tromper. Ça n'aurait pas été la fin du monde – loin de là – mais Astoria, quitte à faire les choses, aiment les faire correctement. Alors si elle débarque dans la vie d'Armelle en lui payant une boisson, autant que ce soit quelque chose que la brune boit et aime. Elle retire sa veste et pose son sac au moment où l'ancienne serdaigle prononce son prénom. Même si elle s'en doutait un peu, elle est néanmoins rassurée de voir que la jeune fille se souvient réellement d'elle, sinon la situation aurait été d'autant plus gênante. Elle avale une gorgée de sa citronnade en écoutant la question – elle réalise à cet instant qu'elle n'a rien préparé, qu'elle n'a rien à dire alors qu'Armelle s'attend à quelque chose de concret. Mais sa présence en face d'elle n'est qu'une action dictée par son instinct. Pas vraiment. Je t'ai aperçu en entrant et je me suis dis que ça serait sympa de prendre des nouvelles, pour voir ce que tu deviens depuis Poudlard. Sa phrase rend sûrement la situation encore plus irréaliste mais c'est l'un des derniers soucis d'Astoria. Après tout, elle ne fait rien de mal en tentant de sympathiser avec Armelle, et n'a donc rien à se reprocher.

Le fait que Astoria Greengrass puisse s'inquiéter de savoir si elle avait pris une bonne boisson pour elle ou pas, l’intriguait un peu. A vrai dire, elle pensait que c’était le dernier problème de l’ancienne serpentarde, mais elle n’allait pas l’envoyer péter simplement parce qu’elle doutait de la véracité de tout cela. « Non, non, c’est bien. » Le jus à la cerise était de loin la boisson qu’elle préférait au monde et elle ne pouvait tout bonnement pas refusé cela. Elle laissa la blonde s’installer devant elle, la regardant d’un regard un peu curieux, avant de ranger son livre dans son cartable en cuir offert par son oncle à son entrée au chicaneur. Elle aura tout le temps de le lire plus tard dans le week end. Puis au fond, elle ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi la blonde éprouvait un intérêt aussi soudain pour elle. Alors qu’elle se demandait encore pourquoi elle lui adressait la parole, la blonde annonça vouloir simplement des nouvelles, ce qui l’étonna beaucoup. « Ah… Euh d’accord ? » Objectivement, elle avait clairement l’impression d’être sur une autre planète et comprenait à peine ce qui lui arrivait.

Comme pour marquer une pause, elle avala quelques gorgées de sa boisson favorite un peu gênée. D’un côté, elle avait l’impression qu’on lui faisait une mauvaise blague, mais de l’autre elle ne voulait pas être méchante avec la jeune fille, en sachant qu’elle ne lui avait jamais vraiment parlé. « Je suis journaliste pour le chicaneur et je vis en colocation avec Isaac et un autre gars qui vient de Brooklyn. Et toi ? » Un résumé de vie assez rapide, mais qui était déjà bien rempli aux yeux de la brune. Jamais elle n’aurait imaginé vivre autant de chose en si peu de temps. Bien sûr, elle ne regrettait rien et se sentait plutôt heureuse dans sa nouvelle vie.

La blonde esquisse un sourire rassurant en écoutant Armelle. Elle a conscience que celle-ci ne doit pas comprendre ce qui se passe. Après tout, elle n'est pas sûre elle-même de l'aspect correct de ce qu'elle est en train de faire. Elles n'ont jamais été amies, se sont à peine parler hors quelques questions sans intérêt, et elle débarque dans sa vie alors que la brune tentait juste de se détendre. Astoria doute qu'elle aurait apprécié cette démarche, et elle réalise qu'en tentant de bien faire, elle a sûrement aggravé son cas. Mais le moment n'est pas aux excuses bafouillées et la jeune fille choisit d'assumer jusqu'au bout son choix de boire un verre avec l'irlandaise. Quand elle la voit comme ça, elle se dit que finalement cette fille n'a rien de vraiment bizarre. Tous les élèves de Poudlard qui affirmaient le contraire avaient définitivement torts. Elle a peut-être son look à elle, et une méconnaissance profonde de beaucoup de sujets, elle n'en reste pas moins une personne qui semble assez sensée. Et puis, qu'un sorcier se moque de quelqu'un comme elle est vraiment une blague – après tout, ils sont souvent les premiers à ne rien comprendre de ce qui les entoure, et elle en est parfois la preuve même.

— Wouah, lâche-t-elle en regardant Armelle un peu étonnée. Elle a du mal à croire que c'est la même personne qu'elle a connue à Poudlard – celle qui n'avait pas d'amis, qui restait seule avec sa sœur – qui puisse vivre avec un des mecs les plus beaux de leur année, et un américain venant du quartier le plus cool de la planète si elle en croit ce que lui a raconté son ancien petit ami. Et ben, c'est génial tout ça. Tu dois pas vraiment pas t'ennuyer. Au final, et elle s'en veut beaucoup à cet instant de penser une chose pareille, le point le moins inattendu de la vie d'Armelle se trouve être son travail pour le Chicaneur – autrement dit, le journal le plus bizarre du monde magique. C'est bien la vie en colocation ? Si elle avait dû parier sur les filles susceptibles de vivre avec deux garçons après Poudlard, elle n'aurait définitivement pas mis la jeune fille dans cette liste mais comme elle l'a appris il y a pas si longtemps, la vie réserve des surprises.

Comme elle n’arrivait tout bonnement pas à définir les intentions de la blonde la concernant, elle essaya ce qu’elle savait relativement bien faire, la sympathie -enfin au moins faire la conversation de manière convenable. Sans jamais quitter les yeux de l’ancienne serpentarde, un peu curieuse de sa présence, elle répondait à ses questions avec une simplicité à toutes épreuves. Les raisons qui avaient fait de la plus âgée des Doherty étaient totalement basé sur son style et sur son inculture aussi bien magique que moldu et aucunement sur sa personnalité que très peu connaissaient d’ailleurs. Au final, Armelle était quelqu’un d’accès normal, avec ce petit côté poétique indéniable. Maintenant que Poudlard était terminé, elle découvrait enfin les joies de l’amitié et avait rapidement oublié toutes ses années de solitude. Si bien qu’elle acceptait de faire la conversation avec une fille qui lui avait sûrement casser du sucre dans le dos, mais bon tout le monde méritait une seconde chance -surtout qu’elle ne pouvait pas prouver que Astoria aurait eu de mauvaises paroles à son sujet.

La colocation avec les deux garçon était la chose la plus folle qui lui était arrivé depuis sa naissance et elle était vraiment heureuse que les choses se soit passées ainsi. « Avec eux ? Impossible de s’ennuyer. » Chaque jour était plus amusant que le précèdent et d’une certaine manière, elle ne s’était jamais sentie aussi vivante en dix-huit ans de sa vie. Alors que la jeune fille affichait un léger sourire en parlant de sa nouvelle vie, l’étudiante elle semblait surprise de la nouvelle et un peu curieuse de ce mode de vie. « Oui, c’est rafraîchissant. » Dexter et Isaac étaient très différents, mais se complétaient parfaitement, composant un équilibre idyllique pour une colocation. Armelle s’entendait aussi bien avec l’un que l’autre, et ne pourrait plus s’en passer. Si Astoria semblait étonnée de voir la brune en colocation, Armelle elle voyait parfaitement la blonde vivre en groupe. « Je suppose que tu vis avec tes amies ? » Dans es souvenirs, la blonde traînait toujours avec sa bande, comme des abeilles suivant leur reine.

Les paroles de la brune la font rêver. Contrairement à elle, elle a toujours vécu entourer de personnes. Le simple fait d'être une Greengrass à Poudlard amène des avantages considérables, comme le fait d'avoir une sorte de petite cour personnelle. Les filles de son année se sont toujours montrées amicales – parfois même trop – et si elle a fait l'erreur qu'elles étaient sincères, c'est peut-être parce qu'elles lui montraient un soutien sans failles quoi qu'il arrive. Aujourd'hui, la seule qu'elle accepte encore de voir est Hannah, mais on peut difficilement dire que les deux filles sont les meilleures amies du monde. Alors entendre quelqu'un comme Armelle Doherty raconter le bonheur de vivre en colocation la rend un peu nostalgique d'une époque où elle était entourée d'amies. Mais contrairement à ce qu'on pourrait penser, en aucun cas Astoria n'est jalouse de la brune – au contraire, elle est ravie de savoir que celle-ci a enfin trouver des gens pour partager son quotidien, même si c'est arrivé plus tard que pour la plupart des gens.

— Le rêve, dit-elle avec un sourire gentil en avalant une gorgée de sa citronnade. Dans un certain sens, elle aussi aurait aimé vivre avec quelqu'un au début mais elle ne se voyait pas rejoindre Daphné dans la maison de Rougemont – tout autre personne a été rayé de la liste, en grande partie parce que l'anglaise ne se sent plus capable de faire confiance aux gens qui l'entourent. Moi ? Non pas du tout, je vis seule. Elle est un peu étonnée par cette question, parce que la plupart des gens qu'elle a connu à Poudlard savent très bien ce qui s'est passé chez les Serpentardes à la fin d'année. Mais c'est de Armelle qui s'agit, et la jeune journaliste a dû échapper à ces informations totalement stupides. De toute façon, je suis mieux sans elle, lâche-t-elle plus doucement sans vraiment s'en rendre compte. Même si elle ne l'avouera jamais, Astoria leur en veut toujours un peu pour ce qu'elle lui ont fait, et même si elle s'est largement vengé, elle ne compte pas leur pardonner. Enfin bref. Elle lui adresse un sourire rassurant avant de continuer son verre.

Un rêve. C’était exactement le mot qu’elle utiliserait pour expliquer les derniers changement dans sa vie. Jamais elle n’aurait pu imaginer un tel scénario et pour dire vrai, elle avait encore du mal à y croire. Pour elle, c’était le genre d’aventure qui n’existait que dans les livres ou pour les filles comme Astoria. Les jolies filles, populaires et aimées des gens naturellement. Pourtant, cela ne semblait pas être le cas et Armelle réalisa qu’elle faisait peut-être erreur sur la jeune fille se trouvant devant elle. Astoria n’était peut-être pas là pour se moquer d’elle ou pour vanter sa génialissime vie, mais peut-être simplement pour sympathiser. La raison d’un tel acte lui échappait parfaitement, mais elle se doutait avoir la réponse plutôt rapidement. « Ah oui ? J’aurai pas pensé. » Non, elle l’aurait plus imaginer vivre dans une colocation avec ses meilleures amies ou avec un petit ami joueur de quidditch aussi riche que stupide -bien sûr, elle se passer bien de le dire à la blonde. Après quelques minutes de conversation, la présence de la blonde s’expliqua enfin. Cette dernière avait enfin réaliser à quel point les filles qu’elle avait fréquenté étaient creuses et inintéressantes. « Je vais sûrement avoir l’air méchante, mais bien sûre que tu es mieux sans elles, une bande de filles superficielles. » Un rapide sourire avant de boire sa boisson.

Armelle se doutait parfaitement ne rien être d’autre qu’un moyen de passer pour une bonne personne, rien de plus qu’une bonne action. L’irlandaise hésita un instant à l’envoyer valser, en lui disant qu’elle n’avait en aucun cas besoin de sa pitié et qu’elle se portait très bien sans des gens comme elle dans sa vie. Cependant, l’ancienne serdaigle était incapable d’être aussi méchante et accepta son sort en faisant la conversation. « Et du coup, tu fais quoi maintenant ? » D’un geste doux comme toujours, elle attrapa son verre pour en boire une partie, ne quittant pas des yeux la blonde qui se trouvait en face d’elle. Armelle savait qu’elle partira très rapidement, parce qu’au fond elle se moquait bien d’elle et que c’était simplement pour se donner bonne conscience qu’elle lui parlait.

Cette rapide conversation se passe plutôt bien, ce qui ravit la jeune fille. Depuis qu'elle a quitté Poudlard pour l'université, elle ne parle plus à grand monde, en partie parce qu'elle ne se sent plus d'accorder sa confiance aux gens et d'avoir des amis. C'est extrêmement triste de penser de cette façon, et elle en a conscience. Seulement, l'anglaise se préserve comme elle peut. Le second problème qui se pose alors qu'elle se trouve face à des gens l'ayant connu à l'époque où elle était entourée de d'amis, c'est qu'ils pensent toujours à elle comme la fille populaire entourée de personnes prêtes à obéir à ses ordres comme un petit chien. Aujourd'hui, la blonde ne regrette pas un seul instant les derniers événements. Elle préfère largement se retrouver seule qu'avec ces filles sans la moindre valeur. Elle avale une nouvelle gorgée de sa citronnade en adressant un petit sourire à Armelle pour la remercier. Celle-ci n'était clairement pas obligée de dire quelque chose d'aussi gentil, surtout qu'elle n'a objectivement jamais pris sa défense à l'époque quand ces mêmes filles – ses amies – embêtaient la serdaigle.

— Merci, c'est gentil, dit-elle doucement sans vraiment savoir comment le prendre. Astoria a conscience d'avoir fait partie de cette bande de filles, et même si aujourd'hui elle ne peut plus supporter leur vision, ça n'en reste pas moins une partie de sa vie. Elle l'effacerait bien en réalité – si tout était à refaire, elle traînerait peut-être avec des personnes comme Armelle, qui paraissent finalement beaucoup plus fiables. Tu sais, je suis désolée. Pour Poudlard, et tout. Je dis pas ça pour faire ma bonne action de la semaine ou je sais pas quoi. Je le pense juste. Tu méritais pas ça. Elle parle calmement en regardant la brune dans les yeux. Si elle a honte de ce qu'elle a fait à cette époque, elle n'a aucun souci avec le fait de s'excuser. Armelle le mérite après tout. Je suis en fac de botanique. C'est intéressant. La jeune fille n'a pas la moindre idée de ce qu'elle peut bien faire de sa vie mais doute que ça ait un réel rapport avec les plantes. Seulement, il faut bien faire quelque chose en attendant de trouver, et décider d'aller à l'université lui a permis de quitter le domicile familial avec l'accord de ses parents, ce qui était tout ce qu'elle demandait.

Si à Poudlard on lui avait dis qu’elle aurait un jour ce genre de conversation avec Astoria Greengrass, elle n’y aurait sûrement pas cru, si bien qu’elle ne savait pas vraiment comment se comporter. D’un côté, elle trouvait assez sympathique de la part de la jeune femme de s’excuser pour ça et d’un autre côté elle ne pouvait s’empêcher de trouver cela bien facile. Après tout, elle ne voyait pas pourquoi elle devrait se montrer agréable avec des personnes qui ne l’avaient jamais été avec elle, mais ne se sentait pas non plus d’humeur à se montrer désagréable. Finalement le plus simple, c’était d’être le plus honnête possible avec la blonde. « Oh tu sais, je m’en fiche un peu moi. J’aurai pas aimé être votre amie, donc ça ne change rien. Sauf peut-être que sans vous, j’aurai eu des amis, mais c’est un détail. » Même si Armelle ne le disait pas méchamment, on pouvait lire une certaine amertume dans sa voix qui en disait assez long sur ce qu’elle pensait de ces filles. D’une certaine manière, elle trouvait ça assez juste que celles-ci se disputent et aussi qu’elles se sentent seule comme elle l’avait été jusque là. C’était un peu comme ce film en noir et blanc célèbre pour son proverbe : l’arroseur arrosé.

Après, elle refusait de céder à la méchanceté, c’était gratuit et parfaitement stupide et elle valait infiniment mieux que cela. Dès lors, elle décida de faire comme si cela ne la touchait pas le moins du monde. « Botanique, c’est pas fréquent. » En général, on attribuait bien plus souvent cette matière aux poufsouffles qu’aux serpentards, tout simplement parce qu’elle n’était pas particulièrement noble. La plupart des sang-purs suivaient les traces de leurs parents dans des domaines compliqués et parfaitement élitiste. Au moins, il fallait croire que Astoria Greengrass ne semblait pas attirer par le pouvoir comme une certaine Parkinson. Alors qu’elle attrapa son verre pour boire quelques gorgées, elle regarda la blonde dans les yeux. « Au fait, tu n’es pas obligé d’être sympa avec moi, je t’en veux pas tu sais ? » Il était temps de mettre les choses aux claires. Si l’ancienne serpentarde s’en voulait d’avoir été une mauvaise personne avant, ce n’était pas la peine de s'étaler, Armelle vivait très bien et n’en voulait pas vraiment à cette dernière.

À une époque, Astoria n'aurait pas spécialement compris le raisonnement de l'ancienne Serdaigle – cette même époque où accompagnée de sa gentille bande de faire-valoir, elle pensait que tout le monde avait envie de l'avoir comme amie. Aujourd'hui, les choses sont totalement différentes et la blonde a conscience que beaucoup de personnes auraient préféré la voir morte que cherchant à sympathiser avec eux. Cela paraît peut-être un peu excessif mais dorénavant, elle préfère largement penser de cette façon plutôt que d'envisager être ami avec quelqu'un qui la trahirait à nouveau. Sa confiance entre autrui est passée à zéro et même si elle continue d'afficher le même sourire satisfait à toute personne lui adressant la parole, elle n'est plus prête d'apprécier réellement la compagnie de quelqu'un. Elle aurait pu se dire quelque chose de bateau, comme quoi elle aurait préféré être amie avec Armelle à Poudlard si c'était à refaire, mais elle sait très bien que dans les mêmes situations, elle choisirait toujours les mêmes personnes. Astoria est née dans une bonne famille, entourée de personnes qui lui ont expliqué qu'elle ne devrait jamais se laisser marcher sur les pieds – seule Daphné a le droit de lui faire de réelles réflexions sans qu'elle ne cherche à se venger. Traîner avec les populaires, des personnes de bonnes familles envoyées à Serpentard, était pour elle aussi naturelle que respirer, et jamais elle n'aurait remis en question ce fonctionnement si ces filles n'avaient pas décidé de la laisser.

— Tu as bien raison, je suppose. Elle prononce ces mots calmement. Elle se demande ce que valent vraiment ses excuses aux yeux d'Armelle – sûrement pas grand-chose. L'anglaise se retient de soupirer. L'important c'est peut-être qu'elle les pense vraiment – comme chaque chose qu'elle a dit durant cette conversation. Au final, Astoria fait les choses pour elle, et c'est peut-être pour ça qu'elle se trouve devant cette fille avec qui elle n'a jamais parlé avant. Non, pas vraiment. Mais tu sais, c'est plus pour dire que je fais quelque chose. Elle n'a pas la moindre idée de ce qu'elle veut faire, et se voyait mal aller travailler au Deus comme sa sœur en rentrant au passage chez les mangemorts. La blonde a pris une autre voie, qui n'est sûrement pas la bonne mais qui lui donne au moins un peu de temps. Je me sens pas obligée. En fait, je t'ai parlé pour m'excuser au début, même si tu dois penser que ce n'est pas sincère. Elle regarde la brune sans la moindre méchanceté – cette situation est assez gênante et elle n'est pas sûre d'être très correcte avec la journaliste qui ne doit pas avoir envie de passer du temps avec elle. Après, je te trouve vraiment sympa, mais si tu as envie, je peux m'en aller. Elle n'a pas le moindre problème à aller s'asseoir seule à sa table – elle en a pris l'habitude et elle pourra de cette manière travailler sur ses cours en écoutant de la musique.

Faire des études en attendant, elle avait un peu hésité, avant de se dire qu’elle ne sera que mieux loin de l’école. Elle n’avait pas aimé ses années sur les bancs d’école et surtout ses camarades, inutile de persévérer. Sans parler qu’elle n’y avait aucune matière qui lui plaisait à l’université de Londres et qu’elle se voyait très mal aller ailleurs. « Je vois. » Bien sûr, si elle n’avait pas obtenu son poste de stagiaire au chicaneur, elle serait allée à la fac, comme tout le monde, dans une matière tranquille avant de trouver quelque chose de mieux. Il fallait croire que la blonde avait pris cette option et Armelle se doutait bien qu’elle n’était pas la seule dans cette situation. Heureusement, elle avait trouvé autre chose, ce qui lui faisait vraiment plaisir, sans parler qu’elle avait rencontré des personnes formidable avec ce job, comme Dexter. Surtout que ce job n’était pas si mal et qu’elle apprenait de nombreuses choses et qu’elle voyageait un peu dans le pays pour son plus grand plaisir.

Quand Armelle pointa du doigt le côté llégèrement opportuniste de cette approche, la blonde se rattrapa immédiatement en avouant qu’elle avait certes voulu s’excuser, mais qu’elle la trouvait sympa. C’était bien la première fois qu’une fille de son âge lui disait cela et encore plus une serpentarde. Elle avait toujours pensé que ce genre de fille ne pouvait pas l’apprécier, parce qu’elle n’était pas assez bien pour elle. Si bien que cette aveux la fit un peu bloquer en rougissant légèrement. « Ah euh… D’accord. Non, mais c’est bon tu peux rester. » Elle se voyait mal repousser quelqu’un qui se montrait gentil avec elle, même si cette personne avait déjà été dans le camp des méchants. Peut-être que c’était cela que l’on nommait rédemption dans les livres ? Armelle n’en savait trop rien, mais elle préférait lui laisser une chance. Une nouvelle gorgée de son verre avant de regarder la blonde dans les yeux, comme pour essayer de la comprendre, avant de reprendre avec une cette douceur qui lui était si propre. « Tu es toute seule du coup ? » D’après ce qu’elle avait compris, ses anciennes amis ne l’étaient plus et elle était désormais obligé de sortir en solitaire pour se désaltérer tranquillement.

Astoria adresse un petit sourire reconnaissant à l'ancienne Serdaigle. Elle ne se l'avouera jamais à elle-même mais parfois la solitude a quelque chose de pesant. Bien sûr, les choses vont beaucoup mieux depuis qu'elle a intégré la radio du campus. Même si on ne peut pas aller jusqu'à dire qu'elle s'est fait des amis, elle a au moins l'occasion de parler avec des gens qu'elle estime plus que les autres étudiants en botanique. Aller au local est toujours l'occasion d'écouter les conneries de Tommy, de croiser Benjamin pour boire un verre assez silencieux. La blonde apprécie ce changement dans sa vie qui lui donne l'impression de faire quelque chose – elle passe moins d'heures chez elle à tourner en rond et fabriquer conneries en tout genre. Mais pouvoir rester un peu avec quelqu'un lui fait du bien, même si elle ne se fait pas d'idée. Elle sait très bien qu'une fois sortie du café, elle ne reverra jamais la brune. D'ailleurs, celle-ci lui pose une question qu'elle aurait préféré éviter. Pas qu'elle ait du mal à en parler – elle ne ressent pas la moindre douleur, elle préférerait juste pouvoir tirer un trait sur cette partie de sa vie, bien qu'elle sait que ce n'est pas possible. Toute personne revoyant aujourd'hui Astoria Greengrass se demande forcément où sont toutes ses amies assez stupides pour la suivre en souriant.

— Oui c'est ça. Je n'étais plus assez bien pour elle. Tu comprends j'ai osé sortir avec né-moldu et prendre votre défense au milieu de la salle commune, j'étais plus fréquentable, dit-elle d'un ton amer. Non, Astoria ne regrette en rien cette époque où elle passait son temps avec des filles un brin trop fermé d'esprit. Les choses sont bien mieux maintenant. C'est mieux comme ça. Elle sourit gentiment. L'avantage, se dit-elle, c'est qu'Armelle ne sera pas du genre à avoir de la pitié pour elle – après tout ce qu'elles lui ont fait subir dans sa scolarité, elle doit parfaitement être indifférente au fait qu'elle n'ait pas d'amis. Peut-être même que la brune pensera que c'est le karma, et elle n'aura peut-être pas tort.

Rancunière, elle ne l’était finalement pas vraiment et ressentait désormais que de l’empathie pour le blonde. Armelle savait mieux que personne ce que voulait dire le mot solitude, si bien qu’elle trouvait cela extrêmement triste pour la jeune fille qui se tenait sur la chaise d’en face. Personne ne méritait ça et ce n’était pas le moment de se montrer plus conne que toutes ces personnes sans coeur qu’on pouvait croiser dans tous les coins de rues. « C’est un peu triste… Mais je pense que c’est mieux pour toi, ce genre de personne aide pas à évoluer. » Évoluer, c’était un peu son mot à elle, sa vision à elle de la vie. On ne grandit pas vraiment, on évolue juste et chacun à sa manière. Pour sa part, elle avait le sentiment d’avoir réellement évolué en se faisant des amis, mais peut-être que pour la blonde c’était justement en les perdant qu’elle évoluait. Une porte se ferme et une autre s’ouvre, c’était comme cela que la vie était faite, peu importe les erreurs que l’on pouvait bien faire.

Si Armelle ne pouvait lui en vouloir, elle ne pouvait pas non plus ignorer son malaise et décida de lui tendre la main comme elle aurait aimé qu’on le fasse. Il était temps d’apprendre à connaître cette fille qui n’avait pas l’air bien méchante d’ailleurs. « Si tu veux, tu peux venir manger des crêpes à la maison ce soir. » Un rapide sourire avant de boire encore un peu le jus de cerise, terriblement rafraîchissant en cette période de l’année. Si la blonde refusait, elle ne lui en voudra pas, après tout elle avait peut-être mieux à faire, mais au moins, elle aurait fait le premier pas et elle ressentait déjà un sentiment de fierté.

Astoria ne comprend pas vraiment ce qu'elle est en train de faire – pourquoi elle se retrouve à raconter tout ça à une personne à qui elle n'a jamais réellement parlé à Poudlard, et pourquoi celle-ci se montre aussi gentille et douce alors qu'elle n'a rien fait pour mériter ça. L'ancienne serpentarde a certes du mal à accorder à nouveau sa confiance – à raison – et elle ne comprend pas pourquoi malgré tout ça, Armelle se montre aussi ouverte avec elle. Bien sûr, elle ne va pas lui dire. Pouvoir discuter avec quelqu'un d'autre que sa sœur ou les idiots qui lui demandent de l'aide en cours est un véritable miracle. Elle se rend compte malgré tout que tout ça lui a manqué. Même si elle est la première à dire l'inverse, Astoria aimerait beaucoup retrouver des amis avec qui elle pourrait passer du temps – pas récupérer les anciens, ces filles auront le temps de mourir avant qu'elle lui pardonne.

— Tu pouvais pas dire mieux, dit-elle avec un petit sourire. Armelle semble douée pour trouver le bon mot car c'est exactement cette idée. Ses anciennes amies l'ont complètement lâché parce qu'elle avait changé, s'éloignant des cadres droits des sang-purs pour devenir un peu plus progressiste. Astoria se passionne d'un certain nombre de choses qui n'ont pas plus, elle est sortie avec un né-moldu ce qui est mal passé. Tous ces détails – cette tentative d'évoluer – ont clairement joué un rôle dans sa nouvelle situation, et elle sait qu'elle se retrouve seule pour ça. La suite de la conversation l'étonne un peu vu qu'Armelle l'invite à venir manger des crêpes chez elle. Oh, euh. C'est très gentil, dit-elle avec un petit sourire, ayant totalement conscience que l'ancienne serdaigle n'est pas obligée de faire ça. Avec plaisir. Elle ne se voit pas refuser, déjà parce qu'elle n'en a pas la moindre envie et qu'elle n'a rien à faire, mais aussi parce que se serait blessant envers la jeune fille qui l'invite alors qu'elle n'y est pas du tout obligée. C'est très gentil en tout cas.