Elias jette un coup d'œil aux invités qui grouillent dans son salon – certains plutôt éméchés, d'autres sur le point de rentrer. Il cherche la jolie brune qu'il a invitée – celle-ci a reçu de la bière sur son tee-shirt et il lui a indiqué d'un geste de la main sa chambre à l'étage pour qu'elle puisse lui en emprunter un. Mais elle ne revient pas et il commence à se poser des questions. Le canadien range son téléphone dans sa poche pour monter les marches et pousser la porte de la pièce qu'il partage avec Natali. Il arrive derrière Antinea pour poser la main sur son épaule en souriant. Cette fille est définitivement mignonne, encore plus après plusieurs verres de tequila.

— Tu as trouvé ce que tu veux ?, demande-t-il avec un petit sourire. Il n'avait pas vraiment prévu de se retrouver seul avec elle mais il ne va pas se plaindre. Après tout, elle lui plaît suffisamment, et Balthazar a passé sa soirée avec ses amis. Oh, très bon choix. C'est mon tee-shirt préféré. Il s'adosse à la porte en la regardant mettre le fameux tee-shirt, pas gêné une seule seconde de se retrouver avec une fille qu'il ne connaît pas vraiment à moitié dénudée dans sa chambre. Tu as passé une bonne soirée sinon ? Elias est bien déterminé à lui faire la conversation, profitant un peu de l'absence de l'homme au sourcil en absent circonflexe. Il sort son paquet de cigarettes de sa poche de son costume de Marty McFly pour s'en allumer une, restant à distance respectable d'Antinea.

Elle ne marchait plus très droit depuis pas mal de temps et s’était même trompée de salle en cherchant la chambre du garçon, afin de changer de t-shirt. Par malchance, un garçon lui avait renversé sa bière dessus, alors qu’elle était tranquillement en train de boire un verre en discutant avec Maximilien et d’autres connaissances. Antinea n’avait aucune idée de l’heure qu’il pouvait être et encore moins depuis quand elle avait disparu de la soirée. Au bout de quelques minutes, elle avait trouvé la chambre de Elias, qu’elle reconnu grâce au lit superposé. La brune trébucha légèrement à cause du tapis, avant d’ouvrir l’armoire à la recherche d’un t-shirt. Ses doigts se baladèrent sur les étagères de vêtement, avant de tirer le plus joli vêtement de la pile. Au même moment, une main se déposa sur son épaule, celle du garçon plutôt mignon qui fêtait son anniversaire. « Ouais, c’est pas comme s’il n’y avait pas de choix. » Un sourire en direction du garçon qui alla s’adosser contre la porte, absolument pas décider à partir. Antinea, qui avait sûrement trop bu pour être d’humeur pudique n’hésita pas longtemps avant de retire son haut et d’enfiler celui du garçon. « J’ai du goût, je sais. »

Une fois dans son vêtement sec, elle s’approcha un peu du garçon en souriant et surtout en avançant pas très droit. « Tu sais que c’est mal de regarder les filles se changer ? » Elle se tenait soudainement très proche de lui et approcha sa bouche de la sienne, avant de reculer rapidement, comme une provocation. L’ancienne serdaigle se lança dans une petite visite de la chambre en s’arrêtant devant la collection impressionnante de cassettes. « Oui, une bonne soirée et toi, monsieur je rentre dans ma troisième décennie ? » Après quelques essais, elle lança une cassette dans le lecteur, n’ayant absolument aucune idée de ce qu’elle venait de mettre.

Il ignore si c'est à cause de l'alcool qu'elle semble avoir bu – Antinea ne marche définitivement plus droit – mais il la trouve quand même assez drôle. De même, il apprécie son absence de pudeur bien qu'il ignore si celui-ci est quotidien ou pas. La plupart des gens le sont plus en temps normal mais il est de toute façon lui aussi un peu trop imbibé pour penser à ce genre de choses. Elias lève les yeux au ciel au moment où elle se recule – cette fille est bien trop provocatrice, et il trouve ça particulièrement intéressant. Il apprécie les gens qui ne restent pas cantonnés à leurs bonnes manières – il les trouve majoritairement ennuyant à mourir. L'idée que cette fille puisse être différente lui plaît et rajoute un plus à la liste de ses qualités – ça et le fait qu'elle soit à la fois très gentille, magnifique et semble ouverte d'esprit.

— Ah bon ? C'est mal ?, demande-t-il en rigolant. Il n'a pas besoin de confirmation pour savoir ce que ce n'est pas le genre de choses à faire – il a quand même reçu une éducation correcte à ce sujet et il est d'ailleurs prêt à parier que Nemo l'aurait sorti de la chambre par les oreilles s'il avait été présent. Même si elle est vraiment très mignonne ? Elias lui fait un petit sourire alors que la jeune fille lance une de ses cassettes. Une musique résonne dans sa chambre et il ne peut qu'approuver le choix qu'elle vient de faire – il n'y a de toute façon que des groupes qui lui plaisent alors elle n'aurait pas réellement pu se tromper. Une très bonne soirée, oui, dit-il avant de se rappeler de la mauvaise nouvelle qu'il a entendue une heure plus tôt et qui l'a littéralement forcé à aller fumer quelque chose avec Galaad pour oublier. La fille en face de lui travaille au ministère – quelle tristesse, quel gâchis. Décidant momentanément de faire abstraction de cette information pour profiter de la chance qui lui est donnée, Elias se rapproche un peu. En plus, maintenant que tu es là, on va pouvoir un peu discuter. On avait pas trop eu l'occasion, tu trouves pas ? Il n'est pas certain d'être vraiment en état de discuter, mais il est prêt à essayer, surtout si ça peut lui permettre à l'occasion de revoir la jeune fille – une relation qui ne sera sûrement jamais sérieuse à cause du travail de celle-ci.

« Très mal même. » Un sourire en coin, tandis que le garçon lui adressa un compliment que même bourrée elle était capable de reconnaître comme un compliment. « Très mignonne ? Je ne sais pas, ça ne me concerne pas. » La brune n’aimait pas vraiment la fâcheuse tendance qu’avaient les gens à la réduire à son physique et cela encore plus depuis la sortie du magazine féminin préféré des sorciers, qui la vendait ni plus, ni moins comme un joli morceau de viande à prendre. Chose que son frère adorait lui rappeler. Pourtant, à ses yeux, elle n’était qu’une fille parmi tant d’autres, avec pleins de défauts, mais elle devait avouer que c’était appréciable de savoir que le brun la trouvait attirante -puisque c’était parfaitement réciproque.

La musique résonna dans la pièce et Antinea dansa légèrement avant de se tourner vers le jeune homme qui s’était légèrement approché. « Tant mieux si tu as passé une bonne soirée, c’était ton anniversaire après tout. » Un sourire sincère avant de se bouger et de s’approcher du lit superposé. Du plat de sa main, elle tapa doucement celui du haut. « Laisse moi deviner, tu dors en haut ! » C’était toujours les plus vieux qui dormaient en haut et elle en savait un rayon puisqu’elle n’avait jamais eu la chance de dormir en haut. D’un geste lent, elle s’adossa contre l’échelle du lit, regardant le mexicain s’approcher. « Discuter ? Pourquoi pas. Je m’appelle Antinea. » Le garçon le savait sûrement déjà, mais elle n’avait pas vraiment d’idée de sujet de conversation dans un moment pareil.

Elias lève les yeux au ciel – il a parfois l'impression qu'il existe deux sortes de filles sur terre, celles qui pensent vraiment que les compliments sont de trop, et celles qui disent ça pour qu'on leur en fasse d'autres. Il se surprend à espérer que la brune ne fasse pas partie de la seconde théorie – il déteste ce genre de personne, ce qui n'étonne d'ailleurs jamais personne – bien qu'il ne comprenne pas comment une personne comme Antinea puisse douter qu'elle soit magnifique. Il recroise au même moment les yeux de la jeune fille – ce sont définitivement les plus beaux qu'il a pu voir de sa vie. Juste pour ça, il pourrait la complimenter pendant des heures – uniquement pour ça – mais il ne le fera pas Elias, ce n'est pas trop son genre. Il préfère la regarder danser – preuve supplémentaire que cette fille consomme et qu'elle n'a pas dû s'en priver ce soir vu son état. Le mexicain rigole un peu à sa remarque concernant les lits – il est plutôt content d'avoir réussi à obtenir celui du haut même s'il n'a pas vraiment laissé le choix à son amie.

— Exactement, toujours en haut. C'est plus planant, dit-il avec un petit sourire complice – comme s'il s'attendait à ce qu'elle comprenne, entre personnes qui consomment. De toute façon, depuis qu'il sait qu'il s'agit de la sœur de Galaad, il n'a plus le moindre doute à ce sujet. Et moi, Elias. Vraiment, enchanté. Il rigole – persuadé que la jeune fille plaisante. Il sait forcément comment elle s'appelle, il ne l'aurait pas invité sans prendre la peine de lui demander son prénom après tout. T'aimes bien la musique ? C'est mon groupe préféré. Le garçon attend sa réponse en chantonnant tout bas l'air de RATM qu'il connaît par cœur. L'idée qu'elle puisse avoir les mêmes goûts musicaux que lui a un côté attrayant – encore un, se dit-il alors qu'il se rapproche lui aussi de l'échelle où elle est adossée, faisant mine de simplement attraper le cendrier qui se trouve à côté de son lit.

La brune ne releva pas la phrase du garçon sur la différence entre le lit du haut et celui du bas, elle se contentait simplement de le regarder en se posant sur un des barreaux de l’échelle. « Trop de chance, mon frère et ma soeur ne me laissaient jamais dormir en haut. » Un rapide sourire en direction du garçon, qui semblait au moins la trouver drôle avec ce sourire. Antinea ne savait pas si c’était sa blague où le fait qu’elle est bu le verre de trop qui amusait le garçon, mais elle devait avouer que sourire lui allait à merveille. « Ah bon ? Elias ? J’aurai jamais deviné. » Au même moment, elle cala une mèche de cheveux derrière l’oreille, tandis que le mexicain lui demanda si elle trouvait la musique à son goût. Avant de répondre, elle se concentra un peu sur le morceau qui était en train de passer. « Je connais pas, mais c’est sympa, mais je préfère les trucs un peu plus doux… C’est plus hypnotisant. » C’est sûr que la musique psychédélique était de loin plus hypnotique.

La brune venait de remarquer que le garçon c’était soudainement rapproché d’elle et attrapa au passage son cendrier qui se trouvait à côté du lit. La proximité ne la dérangeait pas vraiment, de toute manière elle avait trop bu pour ca. Assise sur son barreau d’échelle, elle souriait en le regardant chantonner les paroles de la chanson, avant de relancer la conversation. « Tu parlerais espagnol pour moi ? » C’était sûrement le genre de question que tout le monde lui demandait, mais Antinea avait vraiment envie de l’entendre parler dans sa langue natale, c’était si amusant. « Si tu veux, je pourrais dire une phrase en français, mais si je ne suis pas parfaitement bilingue. » Avec sa mère en France, la brune s’était lancé dans l’apprentissage de la langue et on pouvait dire qu’elle se débrouillait plutôt bien.

— C'est vrai ? C'est d'une tristesse quand même. Je vais pas te le cacher, on est beaucoup mieux là-haut. Elias ne peut s'empêcher de sourire suite à la remarque d'Antinea concernant les frères et sœurs. Lui aussi comprend de ce que c'est d'être le benjamin de la famille. Bien sûr, il se doute que la situation est bien différente pour lui – déjà parce qu'elle a moins d'écart avec Galaad que lui avec Nemo, mais aussi parce qu'elle n'a pas dans sa famille un joueur de Quidditch mondialement connu. Et pourtant malgré ça, il y a des choses qui ne changeront jamais d'une famille à l'autre – il l'a appris à ses dépens en traînant dans des familles ne lui appartenant pas dans le monde moldu. Ah oui, tu es plutôt Cream toi, c'est ça ? C'est con, je suis pas sûr de les avoir en cassette. C'est pas ce que j'écoute le plus. En soi, le groupe ne dérange en rien Elias, mais il préfère de loin quelques groupes indépendants canadiens aux sonorités moins psychédéliques.

Puis vient la demande – la même qu'à chaque soirée qu'il fait en fait, les gens trouvent toujours exotiques d'être avec un mexicain et se sentent obligés de lui demander de parler sa langue maternelle. On pourrait croire qu'avec le temps, Elias se serait lassé – pire, qu'il aurait fini par se vexer – mais ce n'est pas le cas. Le plus jeune des Desario adore l'espagnol au point de refuser de parler une autre langue lorsqu'il est en compagnie de son frère. Il fait donc un grand sourire à Antinea en se rapprochant d'elle, posant une main sur l'une de ses hanches.

— Tu as des yeux totalement magnifiques. Je crois que j'en avais jamais vu d'aussi bleus. On dirait un peu une parcelle d'océan bloquée chez un être humain. Oui, je sais c'est totalement ridicule – mais moins que si j'avais parlé de pierres précieuses – mais c'est pas grave. Je peux dire des conneries pendant une demi-heure, de toute façon tu comprendras pas. Donc pour en revenir à ce que je disais, tes yeux. C'est ce qu'il y a de plus beaux chez toi, sans la moindre hésitation. Enfin après, tu es particulièrement belle aussi, mais tes yeux c'est au dessus, explique trop rapidement le mexicain en espagnol sans la quitter des yeux. Elias est bavard, alors quand on lui demande de parler espagnol en soirée, il part rapidement dans des monologues trop rapides pour être sûr de perdre la personne, au cas où elle aurait des bases – surtout qu'il se rappelle qu'elle ne parlait pas la langue quand il l'a croisé au Chemin de Traverse. Tu me parles français ?

« J'en doute pas une seconde, mais au pire je te volerai ton lit à l'occasion. » Un sourire, tandis qu'elle posa l'arrière de sa tête contre un des barreaux du lit, pouvant ainsi pleinement observer le brun. La brune aimait son sourire, elle le trouvait honnête et sympathique, étrangement elle avait presque l'impression de le connaître depuis des mois. Bien sûr, elle n'avait pas vraiment conscience d'être parfaitement ambiguë ou alors seulement un peu. Elle ne connaissait pas la musique, mais elle trouvait qu'elle lui allait à merveille, il était pour le moment comme elle l'avait imaginé -comme elle l'avait idéalisé avant de venir à cette soirée d'anniversaire. « Oui, je suis totalement fan de Cream, mais je ne vais pas t'en vouloir pour ça.   » Sa voix était un peu plus grave qu'en temps normal, un des effets seconds de l'alcool sur elle, qui lui donnait un petit air séductrice particulièrement charmant.

Elias ne s'offusqua absolument pas face à la demande de la brune et il n'hésita pas longtemps pour se lancer dans un véritable monologue en espagnol. La main du mexicain sur sa hanche ne la dérangeait pas, même si un léger frisson parcouru immédiatement son corps. Elle souriait en entendant ses mots bien trop rapides pour elle et qu'elle ne pourra sûrement jamais comprendre, mais même sans comprendre, elle était comme hypnotise par la voix du jeune homme, son regard plongé dans le sien. Quand ce dernier termina, elle frappa rapidement dans ses mains, comme pour le féliciter, avant de rire timidement. « Je suis loin de parler aussi bien Français, mais je n'ai qu'une parole… Tu n'as sûrement aucune idée de ce que je raconte actuellement, mais j'ai quand même envie de dire que je te trouve très sympa et rafraîchissant. Que je pourrais sûrement passer des heures à t'écouter parler. » La brune se leva, se tenant debout juste devant lui, à quelques centimètres. « Sans parler, que j'adore ce nez. » Avec son doigt, elle lui toucha rapidement le bout du nez en souriant avant de s'écarter un petit peu. « Tout le monde à des petits secrets dans sa chambre, où se cache les tiens ? Tu m'autorises à chercher ? » Un sourire espiègle, tandis qu'elle avait entouré à l'aide de son bras la barre du lit, ayant l'air farouchement malicieuse, mais n'osant pas fouiller sans son accord -par respect.

Il ignore si c'est c'est le fait d'avoir bu ou fumé, mais à ce moment précis tous chez Antinea l'attire plus qu'avant – peut-être à cause de sa voix ou de la proximité qu'on pourrait presque qualifier de non convenables qu'il y a entre eux. Mais Elias n'es pas encore stupide pour se plaindre d'une chose pareille. Après tout, cette fille est mignonne et lui plaît alors autant en profiter. Il l'écoute donc parler français avec un petit sourire – il trouve que cette langue a bien plus de charme dans la bouche de la jeune fille que dans celles des québécois qu'il a eu l'occasion de rencontrer dans sa vie. À ce moment précis, Antinea lui semble être une sorte d'idéal, le genre de filles avec qui il pourrait envisager de sortir si seulement elle ne travaillait pas dans ce ministère de vendu. Quel dommage mais peut-être fera-t-il une exception, se dit-il alors qu'elle lui touche le nez avec un sourire. Le mexicain rigole, au final assez curieux de ce qu'elle a bien pu dire dans cette langue qu'il ne comprend pas.

— Adorable, dit-il en se décalant un peu suite à sa demande. Sa chambre est remplie de choses en tous genres – de ses diverses collections de gourdes, casquettes, bonnets et autres, des nombreuses affiches et tracts qu'il a en réserve pour la prochaine manifestation prévue dans deux semaines, des photos éparpillées, du matériel pour changer les roues de ses skates et des jeux de game boy jamais dans leurs boîtes. Face à ce spectacle, il ne considère rien avoir à cacher – c'est un bordel monstre, rien d'autre – et il ne pense même plus à l'armoire derrière eux où se trouve tout son matériel du parfait petit chimiste. Si tu veux écoute. Ça me pose pas de problème. Il lui fait un petit en enlevant sa main. Fais toi plaisir, ajoute-t-il avant de s'adosser au lit pour la regarder faire.

Adorable. Un petit mot qui la fit légèrement rougir, avant de se concentrer à sa nouvelle quête de soirée. Elle jeta un rapide coup d’oeil à la chambre, cherchant le petit truc à fouiller. Elle remarqua un carde photo sur un meuble et s’avança pour regarder les personnes s’y trouvant. Antinea adorait les photos, loin d’être une bonne photographe, elle trouvait que cela avait au moins le mérite de conserver de bons moments pour l’éternité. « C’est toi et ta famille là ? Et là tes amis ? » Elle montra du doigt les fameuses photos, avant d’attraper celle avec la famille. L’ancienne serdaigle avait toujours été porté sur la famille et elle trouvait ça intéressant de voir à quoi pouvait une famille normale, une famille joyeux contrairement à la sienne. Sur la photo, tout le monde semblait heureux et tout le monde semblait s’aimer. Elle reposa le cadre, se disant qu’elle n’aura sûrement jamais une photo pareille dans sa chambre. « Vous avez l’air proches ? » Ecoutant la réponse, elle s’approcha d’une petite armoire fermée et l’ouvrit rapidement.

La surprise n’était définitivement pas à son goût et elle ne manqua pas de bloquer quelques minutes sans rien dire. Tomber sur une véritable fabrique de drogue était le détail de trop et avec l’alcool son émotivité était à son maximum. Antinea retomba rapidement de son petit nuage et se tourna vers le brun. « Sérieusement ? Pourquoi tu as ça dans ta chambre ? » Elle pensait à son frère, à celui de Eve et à toutes les personnes victimes de la drogue -et aussi à ceux qui tenaient à ces personnes. La brune ressentait une certaine colère monter en elle et le garçon avec qui elle aurait bien envisager un peu plus, devenait rapidement un être répugnant. Bien sûr, elle avait trop bu et bien sûr sobre elle n’aurait pas réagit ainsi, mais c’était ainsi que cela devait se passer. « Tu devrais avoir honte de faire ça ! Y a des gens qui en souffres et toi tu te fais de l’argent sur leur dos ! » Avec sa main, elle balaya une étagère, faisant ainsi tomber tout ce qui s’y trouvait sur le sol. « M’adresse même pas la parole ! » Un peu bourrée, elle chercha la sortie oubliant par où elle était entrée et se retrouva devant le mexicain.

Les choses se sont peut-être passées un peu trop vite pour qu'il puisse les comprendre. Pendant un instant, Antinea était tranquillement en train de regarder les photos accrochées à son mur et lui de lui répondre en rigolant, et la seconde d'après, elle s'était transformé en véritable monstre. Pour le canadien toujours persuadée que la jeune fille consommait, sa réaction était un véritable mystère. La réponse était pourtant logique – il avait ça dans sa chambre parce qu'il dealait – et pour d'autres raisons qu'il préférait ne pas aborder avec des inconnus, comme les tentatives ratées de potion qui finissait bien trop souvent par lui pourrir les petits chaudrons qui se trouvaient au fond de l'armoire. Comment pensait-elle qu'il avait rencontré Galaad ? Dans un musée face à une peinture de la Renaissance ? Sûrement pas. Elias grimace quand elle expose la moitié de ses affaires – cette fille n'est difficilement pas nette. Lui qui était sur le point de lui pardonner le fait de travailler au sein d'un ministère change d'avis dans la minute et n'a plus qu'une seule envie, celle de la voir sortir de son appartement.

— Mais t'es malade ou quoi ?, demande-t-il un peu énervé par le geste de la jeune fille. Il s'était largement trompé en la trouvant cool ou abordable, cette fille était un vrai cauchemar à s'énerver pour quelque chose d'aussi futile. Parce que pour lui, la drogue est loin d'être un problème. Elias consomme occasionnellement et de manière à ne jamais devenir accro de tout ça. Alors la souffrance des gens accros, ce n'est pas vraiment sa faute – plutôt celle de la société qui pousse en premier lieu au besoin d'oublier la réalité dans un ensemble de substance psychotrope, puis en second lieu à consommer en excès. Oh bien sûr, tu comptes me ressortir tout le discours de « la drogue c'est mal alors n'en consommez jamais les enfants » ? Parce que merci, je le connais et crois-moi, c'est sûrement la chose la plus stupide que j'ai entendu. Antinea se retrouve alors face à lui, cherchant la sortie. Il soupire – lui adresser à nouveau la parole ? Plutôt mourir, pense-t-il en partie à cause de l'alcool qui lui monte au cerveau. Tu sais quoi ? Parfait. De toute façon, j'ai aucune envie de te reparler. Non aucune, il oublie presque à cet instant qu'elle lui plaisait beaucoup pour poser ses yeux sur son armoire saccagée. Dégage, dit-il en s'allumant une cigarette, ne prenant même plus la peine de regarder la jeune fille.

Sa tête lui faisait soudainement mal, ce qui s’expliquait sûrement par cette chute du petit nuage plus rapide que la lumière. La brune voulait partir, se blottir dans les bras de son meilleur ami et se descendre au passage un pot de glace à la vanille. A cause de l’alcool la jeune femme était parfaitement émotive et le brun n’arrangeait en rien cela. « Moi malade ? Ouais, de la part d’un malfrat comme toi c’est comique. » Son visage était crispé et c’était presque comme s’il n’avait jamais vu un sourire de sa vie, alors que quelques minutes avant, elle était souriante comme un rayon de soleil. « Oh non, pas de discours c’est inutile avec des gens comme toi. » Plus elle s’énervait, plus le mexicain envenimait la conversation, ne manquant pas une occasion de répliquer pire qu’elle. « Ca tombe bien, je n’ai aucune envie de te parler. »

Le dernier mot de brun la marqua finalement bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Bien qu’elle avait trop bu, c’était la première fois qu’elle se faisait virer de chez quelqu’un et pour dire elle n’avait imaginé que cela arriverait -encore moins si son frère y était. Seulement, elle avait trop d’orgueil pour admettre sa défaite et après un temps d’arrêt, elle attrapa son t-shirt mouillé et se dirigea vers la porte. « Pas besoin de le dire, j’avais pas envie de rester. » Sans même attendre de réponses, elle dévala les escaliers, agrippa le bras de son meilleur ami et fonça vers la sortie. « On se barre. »