Come Back To Me | Jessie

Come Back To Me

I can't get you out of my mind... Come back to, come back to dance

Son petit sac en toile à la main se balançait à chacun de ses pas, tandis que la foule se pressait autour d'elle, comme pendant une période de rentrée scolaire. Dans le sac se trouvaient ses derniers achats chez Fleury&Bott où elle se rendait assez régulièrement pour passer le bonjour à Charlie, ignorant parfaitement si cela lui plaisait ou pas du tout. Cependant, c'était un peu sa rédemption personnelle, puis elle n'avait rien de mieux à faire de ses temps libres -sauf préparer son voyage à Florence en lisant tous les guides touristiques du monde. Automne avait hâte de partir en vacances, de prendre un peu l'air et surtout un peu de recul, puis c'était l'heure de leur voyage annuel avec Hippolyte. Sans quoi leur compte commun n'avait plus aucune raison d'exister.

La française marchait plutôt lentement dans la rue, le regard perdu dans la foule alors qu'elle était en train de réfléchir à ce qu'elle pourrait bien faire pour sa prochaine exposition. La dernière avait eu un petit succès, ce qui lui imposait de faire un peu mieux. L'ennui c'était que l'inspiration n'était pas vraiment au rendez-vous depuis quelques temps et que toutes ses photographies semblaient infiniment tristes et sinistres. La plus grande raison à cette panne d'inspiration était sans surprise la disparition de Jessie. La lettre, bien que rassurante continuait à lui faire de la peine et Automne ne voulait qu'une seule chose, son retour. A chaque fois qu'elle parlait de lui, elle pleurait et elle ne savait vraiment plus quoi faire pour se rendre utile. Néanmoins, elle essayait de continuer sa petite vie, même si cela voulait dire passer trois fois plus de temps à lire, seule sous sa couette ou dans son bain.

Un homme la bouscula, ce qui la fit s'arrêter dans sa marche. Agacée, elle le regarda partir dans la foule. Une épaisse foule au mille visages, une brume sans nom et sans personnalité. Pourtant, ses yeux se posèrent sur une petite silhouette au loin qui marchait aussi lentement qu'elle. Son coeur s'arrêta, ainsi que le temps et toutes les choses de la vie. Elle n'en revenait pas, Jessie se tenait là, vivant, dans la même rue qu'elle. Automne resta immobile quelques secondes avant de lâcher son sac et de marcher à travers la foule en direction du brun. Elle marcha chaque seconde plus rapidement, pour finir par courir, n'hésitant pas à rebousculer l'homme de tout à l'heure. Elle arriva rapidement à la hauteur du garçon et lui attrapa le poignet. « Jessie. » Sans même lui laisser le temps de respirer, elle le serra dans ses bras. Le jeune homme était plus petit qu'elle et ne devait sûrement pas comprendre ce qui était en train de lui arriver. Cela dit, elle s'en fichait.

Le sentir dans ses bras était sûrement la meilleure chose qui lui était arrivée depuis des mois et pourtant elle sentit une sorte de colère monter en elle, ce qui la poussa à le lâcher pour venir lui coller une gifle. « Comment tu as pu me faire ça ? » Des larmes coulaient sur ses joues, tandis qu'elle reprit Jessie dans ses bras le serrant de toutes ses forces contre elle, comme si elle avait peur qu'il ne s'échappe encore une fois.

I wanna fly
and put back all the pieces of this broken heart tonight
Il erre Jessie, il va là où ses pas veulent bien mener – au restaurant de Lester où il est sûr de pouvoir trouver un ami ou ailleurs, là où il pourra voir des gens sans risquer d'être jugé. Il fuit la solitude qui le ramène à une réalité beaucoup trop douloureuse mais cela le ramène sans qu'il ne puisse rien y faire à ces endroits trop connus, plein de souvenirs souvent trop joyeux. Il pourrait aller sonner aux portes habituelles, cherché à retrouver sa stabilité passée dans des gestes quotidiens qu'il a effectués pendant des années. Mais le retour au ministère lui suffit, les regards des gens, les remarques sur son absence de plusieurs mois. Chaque jour il se cache derrière une pile de dossiers presque aussi grande que lui, des choses moins importantes qu'on lui a confiées pendant sa pause prolongée. Et les autres, il n'est plus capable de les voir. Ceux qu'il aime vraiment, il les fuit comme la peste, se contentant des moins importants, des gens qui ne lui ont même pas manqué durant son exil en enfer. Il ne veut pas voir la déception dans les yeux d'Automne, la haine dans ceux de Basile, la colère chez Joy et l'incompréhension chez ceux qui ont été inévitablement mis au courant. Les remarques de Victory lui suffissent, tout comme sa gentillesse aux allures de pitié.

La foule qui l'entoure l'aide mystérieusement à se sentir mieux. Il n'est qu'un nom au milieu de centaines, un inconnu qui se balade, un homme banal sans histoire. Il n'est plus traître, lâche ou pire encore. Il n'est qu'un garçon trop petit, perdu dans la foule, à marcher là où bon lui semble. Personne ne sait qu'il est perdu, ils ignorent tous ce qui se trame sous sa bouille d'innocence, derrière ce sourire tout fait qu'il s'acharne à afficher depuis qu'il est revenu dans le monde des vivants. Jessie n'est pas malheureux – le monde entier pourrait le croire, il affirmerait le contraire même sous véritasserum. Il est conscient de la chance qu'il a – Victory est venue, Lichuan lui a parlé, il ne vit plus sur un carton miteux dans un taudis insalubre. Et il n'est pas ingrat – bien que Basile dirait le contraire, ou ne rien dirait rien, tirant définitivement un trait sur ces longues années d'amitié – il n'aura jamais le culot de se plaindre. Il dira merci bien calmement, avec un sourire qui se veut vrai. Il y aura dans ses yeux toute la reconnaissance du monde, pour ceux qui l'ont sorti d'une nuit sans fin, qui l'ont arraché à cette souffrance qu'il s'infligeait à lui-même.

Jessie. Entendre son nom lui fait bizarre mais cette voix il la connaît. Il l'a toujours aimé, depuis son enfance quand la petite fille débarque dans le jardin d'à côté à Fowey. Il tient à Automne au point de la fuir. Dans un moment de lucidité, il cherche à la préserver du mal – ou peut-être de lui-même. Et pourtant elle est là, à lui faire un câlin en plein milieu de la rue et Jessie se sent bien, il se sent à sa place dans les bras de cette grande sœur qu'il sait avoir fait souffrir. Et il s'en veut, stupidement. Il regrette chacun de ses choix avant de se rappeler qu'à un moment – et c'est le plus important, le croire au moins à un instant – il a pensé qu'ils étaient bons. La baffe suit, il ne bronche pas. Il la mérite, il en mérite des centaines d'autres. Au second câlin, Jessie sent les larmes. Il respire calmement, il ne veut pas pleurer devant elle. Il ne veut plus jamais pleurer.

— Je t'aime ma Automne, dit-il en la serrant à son tour dans ses bras. Il ne sait pas quoi dire, ni quoi faire. Il craint de prononcer les mots qu'il a en tête, ceux dont la réponse pourrait être négative. Ça l'obsède depuis des jours. Tu me pardonneras un jour ? Il s'entend les prononcer sans comprendre, il ne s'est pas autorisé à dire ça, il aurait aimé les garder pour lui, à l'abri. Si personne ne les entend, personne ne lui dira non. Il restera seul à jamais, mais personne ne prononcera ce mot.
electric bird.

Come Back To Me

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Ses bras serraient le presque trentenaire si fort qu'il allait certainement finir étouffé dans quelques minutes. Pourtant, Automne refusait de le lâcher de peur qu'il disparaisse à nouveau pendant des mois, la peur de devoir vivre encore sans nouvelle -ne même pas savoir s'il est en vie. Les joues d'Automne devenaient de plus en plus humide, elle était parfaitement incapable de définir la nature de ses larmes, entre tristesse et joie, la frontière semblait floue. Les mots de Jessie, bien que doux ne changeaient pas grand chose à la situation et ne faisaient qu'empirer la tristesse d'Automne. « Moi aussi je t'aime, Jessie. » Elle le lâcha légèrement, le laissant ainsi un peu respirer, mais ce fut rapidement les bras de plus vieux qui l'encercla. La française était réellement heureuse de retrouver son ami d'enfance, de savoir qu'il était vraiment vivant et qu'il acceptait encore de la considérer comme son amie -comme sa soeur.

Automne essuya ses larmes à l'aide du revers de sa main, comme une enfant avant de plonger son regard entre vert et bleu dans celui de Jessie. La question qui lui posa se révéla bien plus compliquée que prévue. Elle aimerait sincèrement lui dire qu'elle lui avait déjà tout pardonné, qu'elle avait déjà tourné la page et qu'elle le voyait toujours uniquement comme son petit frère, mais ce n'était pas vrai. Comme seule réponse, elle lui offrit un silence, avant de lui attraper la main. « Tu manges bien ? Tu as des amis ? Tu travailles encore ? Tu vas mieux ? » La photographe avait sûrement encore une tonne de questions à lui poser, sur ses derniers mois, sur son retour et surtout sur l'avenir. Elle ne savait pas encore si elle arrivera vraiment à tout lui pardonner, mais elle savait qu'elle n'était pas prête à se séparer de lui.

Une dame arriva lentement vers eux, portant dans ses bras le sac d'Automne, celle-ci l'avait vu abandonner ses affaires pour courser son ami et avait décidé de la rattraper pour lui redonner. « Merci Madame. » Au moins, elle pourra toujours lire un livre. Son attention se reporta rapidement en direction de Jessie, qu'elle ne comptait pas abandonner si rapidement. « Je peux t'aider ? Tu veux faire un truc ? On peut papoter ? Juste rester ensemble ? » Honnêtement, elle était si désespérée qu'un rien lui suffirait, du moment qu'elle pouvait partager un moment avec son ami d'enfance.

I wanna fly
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Il ne s'est jamais autant détesté qu'au moment où il voit les larmes sur les joues de son amie d'enfance – sauf peut-être le jour où il a vu Basile franchir la porte de l'appartement sans un regard en arrière. Sa logique lui dicte que ce n'est pas la première fois pourtant, qu'Automne a régulièrement pleuré pour lui. Il a envie de vomir, elle ne mérite pas ça – un ami stupide au point de la blesser. Jessie baisse les yeux en entendant sa réponse. Il n'est pas sûr de comprendre, comment peut-elle encore l'aimer après ces erreurs, comment peut-elle un seul instant vouloir passer encore un peu de son temps en sa présence. Il n'a pas le droit à ce bonheur, aujourd'hui il doit payer pour ses crimes – il a beau accepté le retour de certaines personnes dans sa vie, Automne est différente. Elle fait partie de sa famille, une fille qui l'a vu grandir plus que tous les autres. Il aurait voulu ne jamais la décevoir.

Il tente de respirer calmement. Trop de questions, lui dit son cerveau. Il fixe avec une détresse à peine dissimulée la française qui lui apparaît à ce moment comme une bouée de sauvetage. Sa main vient prendre celle de son amie, Jessie a peur qu'elle parte, qu'elle se rappelle à quel point il est monstrueux et qu'elle l'abandonne. Il a conscience qu'elle n'a pas répondu à sa question – elle ne lui pardonnera jamais ses choix, comme Basile, comme tous les autres.

— Ça va mieux, finit-il par articuler incertain. Jessie ne ment pas – ça fait partie de ses résolutions, il ne veut plus mentir, plus jamais. Il va réellement mieux malgré les rechutes constantes – mais un cachet, un peu de poudre ou quelque chose à fumer et ça repart. J'ai repris le travail. Et je vois du monde du coup. La chose est parfois plus dure qu'il le penserait. Heureusement que pour la majorité, il n'est que ce gamin instable qui a disparu pendant des mois avec pour seul but de prendre des vacances. Victory m'héberge. Je croise Dimitri et d'autres au bureau. J'ai revu Lichuan. Il ne le dit pas, il se doute qu'elle n'apprécierait pas la nouvelle. Elle doit voir l'asiatique comme un parasite, une raison supplémentaire à toutes celles qu'elle a déjà trouvées pour expliquer sa déviance.

Il se perd dans ses pensées alors qu'Automne retrouve ses affaires. C'est une conclusion logique finalement. Tout redevient normal – les choses reprennent leur cour mais sa vie n'est qu'un pâle reflet de ce qu'elle a été. Il y manque l'élément central. Basile lui manque, il n'est pas capable de vivre sans son meilleur ami. Ils ont passé bien trop de temps ensemble pour que l'absence soit vivable. C'est son cas – il se doute que l'écossais vit mieux la situation, la preuve la plus flagrante est l'article publié dans la Gazette. Jessie disparaît et Basile réussit le coup de sa vie, il n'était qu'un poids pour lui.

— On peut marcher un peu. Il ne peut rien lui refuser, pas après l'avoir blessé en lui donnant si peu de nouvelles. Je pensais à toi tous les jours, dit-il en lançant un regard gêné à son amie. Il s'est passé quoi pendant mon absence ? Le mot qui sort de sa bouche lui paraît bizarre. C'est ça, il n'a pas été assez courageux pour rester, il a fui des mois entiers, il s'est contenté de répondre absent face à tous ces problèmes.
electric bird.

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La française le fixait, comme si elle tenait dans ses mains un souvenir lointain. Elle ne voulait pas le laisser partir et elle était trop heureuse d'apprendre qu'il allait mieux et qu'il n'était plus seul. Dans ses nuits les plus sombres, elle s'était imaginée des scénarios macabres et avait presque fini par se dire qu'il était sûrement déjà mort au fond d'une ruelle sombre. Automne avait fait un nombre incalculable de cauchemar pendant ses derniers mois, sans parler du nombre de litre de larmes qu'elle avait versé, mais le simple fait de le voir et de le tenir dans ses bras l'aidait à oublier toute cette peur qui l'avait habité tout ce temps. « Tu vas mieux ? Je suis contente de l'apprendre ! Tu pourras passer à la maison, Aslan a grandi depuis la dernière fois. » Elle ne voulait pas que Jessie se sente étranger et était parfaitement prête à le refaire rentrer dans sa vie, même si elle n'était pas vraiment sûre de pouvoir le pardonner, de faire semblant de ne pas voir ce monstre qui pouvait se cacher dans ce si petit corps.

Automne souriait en apprenant que le brun retrouvait peu à peu une vie normale, une vie presque comme avant. La photographe se doutait bien qu'il était loin d'être redevenu comme avant, il suffisait de voir tout le poids qu'il avait perdu depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Néanmoins, elle ne voulait paraître agressive après six mois de silence et se passa de commentaire à ce sujet pour le moment. « Mais c'est génial, je suis contente de voir que tu as trouvé des gens pour t'aider ! Tu sais, tu peux me demander tout ce que tu veux ! » En vérité, elle était un peu déçue de voir que son ami ne s'était pas tourné vers elle, elle avait subitement l'impression de l'avoir perdu et de n'être d'aucune utilité pour lui. Automne s'en voulait, elle aurait dû partir à sa recherche dans les rues de Londres, comme dans les terres de Narnia.

Le plus âgé proposa de marcher un peu et elle ne put qu'accepter, de toute manière, elle n'avait aucune envie de le laisser partir. Elle garda sa main dans la sienne, se fichant bien du regard de certains passants. S'il voulait se changer les idées, elle l'aidera. « Il s'est passé quoi ? Euh … Hippolyte est en couple avec Dimitri. Oh ! Et tu vas être fier de moi, je me suis excusée auprès de Charlie, d'ailleurs je sortais de sa boutique justement. » La française ne lâchait pas son ami, de peur de le voir partir en courant. « Jessie, tu veux un truc à manger ? Une glace par exemple ? » Automne ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour la perte de poids de son ami, en même temps elle se souvenait de toutes ses nuits à l'hôpital après des malaises de son ami.

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Il lit sans grandes difficultés les différentes émotions qui se succèdent sur le visage de son amie d'enfance. Il la voit osciller entre la tristesse et le soulagement sans pouvoir rien faire, bien conscient que ces changements parfois brutaux sont son entière responsabilité. Alors quand elle lui propose de passer chez elle – quand elle accepte de lui redonner une place dans sa vie et ça malgré toutes les erreurs qu'il a bien pu commettre – il est tout simplement heureux Jessie. Pour la première fois depuis des mois, il a l'impression qu'il pourrait revenir vers un semblant de stabilité – sentiment déjà procuré par la présence de Victory mais qui s'accentue alors que sa main ne quitte pas celle de la bretonne.

— C'est vrai ?, demande l'anglais les yeux remplis d'un espoir presque triste. Ce n'est Basile qui lui proposera quelque chose comme ça, ce n'est pas l'auror qui acceptera à nouveau sa présence après les révélations qu'il a obtenues. Il n'y a que ses deux amies pour ça – Automne et Victory héritent sans le vouloir de ce rôle maternel, elles le protègent de lui-même sans s'en rendre compte et il ne leur en sera jamais assez reconnaissant. Oui, heureusement qu'ils sont là. Jessie paraît presque silencieux si on le compare à celui qu'il était avant, celui qui aurait déjà expliqué à l'aide de grands gestes en quoi ses amis sont merveilleux. Merci, mais je veux pas trop te déranger. Je passerai, je te le promets, mais je veux pas trop t'en demander. Il a conscience qu'elle en fait déjà beaucoup, bien plus qu'elle ne le devrait comme tous les autres.

Les yeux de Jessie se posent sur la devanture du glacier. Comme chaque endroit au Chemin de Traverse, ce lieu est plein de souvenirs. Il a vécu plus d'une dizaine d'années à Londres en compagnie de Basile, le trahissant chaque semaine pour rejoindre les mangemorts à des réunions qui dénigrent les droits humains. Alors oui, des souvenirs il en a par milliers, ils le font plonger dans cet état de nostalgie qu'il fuit pourtant par dessus tout. Il ne doit pas craquer, il ne doit rester fidèle à l'image qu'il renvoyait avant – un sourire, un air enjoué et l'impression de courir partout pour rejoindre des gens qu'il aime. Sauf qu'aujourd'hui, il est seul.

— Oui, je sais pour Hippo et Dim mais c'est totalement- Il hésite sur les mots à utiliser. Improbable ? Je vois pas ce qu'un mec comme Dimitri peut lui trouver. C'est pas méchant, Hippo est assez cool mais ils sont tellement différents que ça semblait impossible. Et pourtant, s'il avait le temps de voir plus régulièrement les deux garçons, il verrait que ça peut fonctionner. Sauf que Jessie a abandonné ses visites quotidiennes. Attend, j'ai cru mal comprendre. Toi, excusée auprès de Charlie ? Impossible, tu le détestes ! Jessie soupire, il a conscience d'avoir raté une infinité de choses durant ses mois d'absence. En fait vous attendez tous que je parte pour révolutionner vos vies, c'est ça ? Il dit ça en rigolant, bien que ces informations lui donnent une nouvelle fois l'impression que sa présence n'est qu'optionnelle pour ses amis qui semblent avancer bien mieux lorsqu'il n'est pas là. Une glace c'est cool, dit-il en lui souriant pour la tirer vers le marchand de glaces.
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«Mais oui, bien sûr, on pourra faire tout ce que tu veux.» Du moment qu'il ne disparaissait pas, cela lui suffisait. Elle avait besoin de lui, parce qu'il était son petit frère et même si elle avait besoin de temps pour lui pardonner, il restait important à ses yeux. La française avait trop pleuré pour Jessie et le revoir en vie lui remontait infiniment le moral, même si l'on pouvait voir sur son visage des larmes couler. « Tu ne me déranges pas, vraiment. » Ils arrivèrent aux abords du glacier, tandis que Jessie avouer être déjà au courant des aventures amoureuses du blond et du russe -en même temps, difficile de le louper. « Improbable, mais c'est pourtant vrai et je ne te cache pas que cela ne m'enthousiasme pas du tout. » Automne avait beau accepter les choix de son meilleur ami, elle ne pouvait s'empêcher de redouter le jour où elle devra le ramasser à la petite cuillère, quand le ministre se sera lassé de cette situation.

Si cette première information ne semblait pas le surprendre, la suite le fit bien plus réagir. Il fallait dire que ce rapide changement de situation était tout ce qu'il y avait de plus surprenant, surtout pour quelqu'un qui la connaissait aussi bien que Jessie. « Je sais, mais je me suis trompé sur son compte, en fait il est super sympa. Tout le monde fait des erreurs. » Elle ne savait pas vraiment si elle parlait d'elle ou du plus petit, mais elle savait que c'était une vérité qu'elle essayait de suivre elle-même. « Non pas tant que ça, regarde je vis toujours avec Wendy et Aslan. » La française le rassurait comme elle pouvait, même si elle savait parfaitement que cela ne servait à rien. « Une glace, parfait. » Toujours en le tenant fermement, elle se dirigea vers le marchant de glaces. « Une glace à la vanille pour moi et une … Jessie tu veux quelle couleur ?»

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Il est incapable de dire si c'est de la pitié – ou quelque chose d'autre – qui pousse Automne à accepter de passer plus de temps avec lui. Il espère intérieurement que ce n'est pas le cas, que c'est ces années d'amitié et peut-être encore un peu d'amour envers sa personne. Maintenant, quoi qu'il fasse, Jessie a l'impression d'être jugé – par les gens au bureau qui l'ont vu disparaître sans qu'il accepte de donner la moindre raison, par ceux qui sont au courant pour sa tentative de suicide et qui voient uniquement en lui un lâche, et plus rare par ceux qui connaissent sa condition de mangemort. Pour eux, pour ces rares personnes, pour Basile, Jessie aimerait faire marche arrière.

— Tu juges sans connaître. Dimitri peut être vraiment cool. Parfois même plus qu'on le penserait. Il est bien placé pour le savoir. Le russe a été beaucoup prévenant avec lui qu'il ne l'attendait – et il n'ira pas se plaindre, il a été le réconfort dont il avait besoin à un moment donné. Après, je dis pas que sa relation avec Hippo durera. Tu devrais lui conseiller de pas trop s'attacher. Pour Dimitri, tout est jetable je crois. Certaines personnes se vexeraient de ce genre de procédé mais ce n'est pas son cas – il préfère ceux qui le disent clairement plutôt que les autres, ceux qui laissent espérer sans raison. Il évite néanmoins de penser à tout ça – ce n'est pas le moment de s'effondrer en pleurs alors qu'il cherche à montrer à Automne qu'il se porte bien. C'est vrai, tu as peut-être pas changé. Tu restes ma belle narnienne, dit-il avec un brin de nostalgie. Cette époque lui semble tellement loin qu'elle paraît inexistante. Je veux du vert. Jessie montre la glace pistache avant de sourire à son amie d'enfance alors que ses yeux fuient tout ce qui se rapproche du rouge – il n'en a pas consommé, pas utilisé et ça depuis cet événement avec Basile. Si la plupart des gens voient dans sa façon de manger une bizarrerie, il s'en fiche. Pour lui, chaque couleur correspond à quelque chose – une émotion, une personne, un sentiment. Il ignore le rouge comme il a ignoré le besoin de rentrer pendant des mois.
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