(ISALEM) ϟ the beauty and the beast

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D'un pas souple, le chat se glissa dans le bar bondé. Les odeurs lui parvinrent comme si elles atteignaient directement son cerveau, et il éternua bruyamment sans faire plus attention. De toute façon, le peu de moldus qui étaient ici n'auraient rien vu d'étrange à ce qu'un chat éternue. Par contre, si ils l'avaient entendu parler ...

▬ Non mais c'est incroyable, ça. Je lui ai déjà dis cent fois d'installer une chatière, ou je dois passer par les fenêtres, et c'est pas du tout sympa.

Tout en grommelant, le chat sauta sur le bar. Dans le fondu musical électrique et la fumée des mécanismes, il était aussi discret qu'une ombre. Il battit de la queue, lança un regard acéré au barman de sa connaissance et lui fit un sourire - ou du moins, ce qui passait pour un sourire sur sa face de félin. Ses vibrisses se hérissèrent et il tapa de la queue sur le bar avant de retourner dans la foule, à la recherche de sa Némésis. Enfin, il disait Némésis parce qu'il n'y avait pas d'autre terme aussi intéressant. Leur relation était vraiment étrange. Il doutait que quiconque ait jamais pissé sur les chaussures de Isaiah par dépit ou jalousie, tout en étant de pure mauvaise foi en s'exclamant que c'était juste parce qu'elles étaient mieux comme ça. Enfin, il l'espérait du moins. Vis-à-vis des relations étranges qu'avait parfois Isa, on était jamais sûr ...

Il le trouva, entouré d'une ribambelles de jeunes gens, relativement jeune du moins. Salem fouetta de nouveau l'air de sa queue, les oreilles baissées. Il n'aimait pas voir ces personnes inconnues tourner autour de son Isa. Parce qu'il était un peu son maître et son ami, et qu'il était sa propriété. Des années dans la peau d'un chat avaient fait de Salem un véritable félin sur bien des points, et c'est avec la grâce d'un conquérant et l'air impérieux de celui qui a la victoire entre les griffes qu'il atterrit sur la table. Il lança un miaulement innocent à Isa et s'assit tranquillement alors qu'il devenait le point de mire de l'attention. Il adorait ça - voler la vedette à Isa. Et puis, même en temps qu'humain, il avait toujours aimé qu'on s'occupe de lui, qu'on le regarde, qu'on le flatte, qu'on le cajole.

▬ Bonsoir, Isa. Tu passes une bonnes soirées, à faire du baby-sitting ? Je ne savais pas que tu les recrutais à la crèche glissa la voix un peu rauque du chat, alors qu'il allait se frotter aux mains tendues, totalement réceptif aux exclamations de surprise des beaux éphèbes et des jolies demoiselles. Il aurait mieux fait de ne pas y penser, vu que lui-même était plutôt jeune, techniquement, mais il aimait trop taquiner Isaiah pour ça.

▬ Je t'ai manqué ? Toute la journée avec Leroy, j'espère que tu ne t'es pas imaginé quoi que ce soit. Bien que son fichu piaf me fasse de l'oeil, j'en suis certain. Il s'était installé tranquillement et son corps se hérissait un peu régulièrement sous les sons de basses. Il avança son visage triangulaire et tenta d'attraper la paille du verre de Isaiah, mais l'espèce de parapluie failli lui crever un oeil et il feula de déception. Sur qui vas-tu jeter tes penchants ce soir ? Que je sache à qui je vais lacérer les pieds ? A moins que tu ais totalement abandonné l'idée de les amener à la maison ? fit-il sans pouvoir cacher le ton victorieux. Il aimait ennuyer les conquêtes de Isaiah. Il arrivait griffait, miaulait, rendait fou l'homme et les gens qui partageaient sa couche. Le chat jeta un coup d'oeil amusé à Isaiah. Les iris d'or et d'émeraude glissèrent le long de son sempiternel col en V et il poussa un soupir en détournant presque pudiquement le regard, ses griffes crissant sur la table. Attention à toi, Miss Sunday, on voit ton nombril grinça t-il d'un ton comme une porte qui s'entrebaîlle lentement.

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L'ambiance de son bar lui faisait un bien fou – boire un verre avec quelques clients et clientes était bien le meilleur moment de sa journée. Dans son domaine, il régnait en maître et était libre de poser les pieds sur la table, notamment. Ce qu'il faisait déjà, portant le verre de whisky américain à ses lèvres. Aucun chat à l'horizon pour gâcher ce début de soirée qui commençait bien.

Oups. Isaiah se dépêcha d'avaler le liquide ambre. Il avait pensé trop vite, voilà que le sac à puces parlant qui lui servait d'animal de compagnie débarquait, comme un roi fier, ce qui avait le don de faire lever les yeux au ciel à l'américain. A peine l'animal ouvrit la bouche, Isa secouait la tête, désapprouvant les paroles et prenant à témoin sa petite troupe d'admirateurs et admiratrices. Regardez moi ce matou, toujours à se mêler de ce qui ne le regarde pas.

« Si tu parles de toi, je n’appellerai pas ça du baby-sitting. Tu es aussi proche du bébé que moi de la Reine d'Angleterre. » Regardez le, la boule de poils, objet de toutes les attentions ! Isa prit une nouvelle gorgée de son verre, fronçant les sourcils devant ce voleur d'attention. Il faisait tout le temps ça...

Il laissa retomber ses jambes, s'asseyant de manière plus ou moins convenable – on parlait d'Isa, tout de même – alors que Salem s'installait avec la même aisance que s'il était chez lui. On ne le changerait pas, et de toute manière, Isa n'aurait pas voulu que cela change ; ça l'amusait presque autant que cela l'agaçait. Un sourire narquois s'afficha sur son visage alors qu'il regardait le chat se débattre avec son verre, et il se fit un plaisir de le mettre hors de portée, glissant la paille entre ses lèvres avec un air de défi.

« Toi, me manquer ? » Il éclata d'un grand rire bruyant. « Ne prends pas trop tes rêves pour des réalités. Et tu sais ce qu'on dit – quand le chat n'est pas là. » Les souris dansent, bien qu'Isa n'ait rien de commun avec la souris, de près comme de loin. « Parce que tu penses que je suis assez bête pour ramener quelqu'un à la maison alors que tu es là ? Je te pensais plus brillant. Si je ramène quelqu'un, tu ne le sauras pas. » Le souvenir de certaines mésaventures qu'il avait eu à cause de ce petit chat prétentieux était encore bien ancré dans sa mémoire. Il n'était pas assez inconscient et provocateur pour reproduire plusieurs fois la même chose, non. Les conquêtes d'Isa ne verraient jamais son appartement – et heureusement pour elles. Mais rien que par sa présence, Salem avait le don de foutre à l'eau le moindre de ses essais.

Le sorcier s'étira, un sourire se dessinant sur ses lèvres à la remarque de Salem. Qu'il était drôle de l'agacer, de provoquer ses petites remarques – c'était un jeu dont il ne se lassait définitivement pas. Il haussa un sourcil.

« Tu n'as qu'à ne pas regarder, si ça te dérange. Comme si ça te dérangeait vraiment. Espèce de voyeur. »
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Salem eut un reniflement dédaigneux. Il gratta une oreille couturée d'une cicatrice fraîche, remportée dans un combat avec un autre chat de gouttières, et plissa les yeux d'un air mauvais.

▬ Tu es beaucoup moins joli qu'elle. Et tu n'as pas ses superbes boucles ... Non, je parle de ta horde de bébés sur pattes. Aucun respect pour toi-même. Comme quoi, tu as enfin compris que tu n'en méritais pas gloussa t-il en se trémoussant, observant la foule qui dansait de son regard doré. Il aimait le contraste flagrant entre les lumières et les ombres qui dansaient. Il sentait de là où il était les parfums bon marché, les effluves de cocktails et les odeurs de sueur des danseurs.

Salem fronça son petit nez rose en pestant. Il voulait boire, mais il n'avait pas le droit à l'alcool, et ça amusait Isa de le narguer. Il imita un geste de griffure, sans pour autant le toucher, et se détourna d'un air totalement dédaigneux, les poils de l'encolure hérissé comme une collerette de plumes noires.

▬ Tu es donc une petite souris qui danse ? Va donc sur la piste, je te regarde, papy. Ne va pas te casser une hanche, ça serait dommage, je ne pourrais pas t'aider à te relever ... fit-il d'un ton amusé. Il adorait leurs petites joutes, qui le maintenaient dans l'esprit humain. Parfois, la conscience féline prenait le contrôle, et il détestait ça. Les paroles de Isa firent flamboyer son mécontentement, et il continua de frapper la table de sa queue, poc, poc, poc, d'un air agacé. Bonne idée. Emmène tes sacs de maladies sexuelles ailleurs. Il avait toujours l'air aussi hautain que possible, c'était le genre félin qui voulait ça. Il glissa un regard brillant de malice vers Isaiah. Il savait que, même si ils se disputaient et se crêpaient le chignon, ils se manquaient quand l'un l'autre n'était pas là. Enfin, bien entendu, le chat manquait plus à l'humain que le contraire. Bien entendu.

Il eut un rire qui tint en une onomatopée dédaigneuse. Un HA, qui éclata dans l'air comme un coup vif. Il se tourna totalement vers Isa et baissa les yeux vers ledit col en V, et remercia Merlin d'avoir la frimousse d'un chat et autant de visage gênés qu'il existe de Isaiah pur et chaste. C'est à dire aucun.

▬ Tu plaisantes ? Tu n'as pas grand chose à regarder. Ca peut bien impressionner les gamins que tu fais danser, mais je suis quelqu'un d'un peu plus raffiné, voyons. Ceci expliquait sûrement pourquoi le chat aimait suivre Isa quand il allait dans la salle de bain, pourquoi il se collait à lui dans le lit comme une grosse peluche et pourquoi il lançait parfois des regards imperceptibles, qui cachaient une certaine admiration teintée d'une jalousie envieuse. Mais, de toute façon, il était bien mieux en tant humain. Il avait été si parfait ! Si tu m'avais vu lorsque j'étais humain, tu aurais su ce que c'est que de regarder quelqu'un avec désir.

Il aspira une gorgée d'un cocktail qui se révéla n'être que du jus de fruit et soupira. Je rêve d'un bon whisky. Il maugréa et, afin d'embêter Isa, s'installa sur ses cuisses, le regard dirigé vers son humain. Retire tes jambes de la table, s'il te plaît. Je déteste ça. On voit que ce n'est pas toi qui nettoie. Tu laisses un chat qui parle être ta femme de ménage, tss ... Puis, comme si cela lui revenait, il malaxa les cuisses de Isa d'un air malicieux. Leroy et moi avons bien avancé sur la potion. Un jour, je redeviendrais humain fit-il rêveusement, en délaissant une seconde son masque félin et indifférent. Il haussa les épaules et lécha une patte, non sans tenter d'attraper de nouveau la paille du verre de Isaiah, l'air de ne pas y toucher.

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Moins beau que la Reine d'Angleterre – ce chat dirait vraiment n'importe quoi pour avoir le dernier mot, c'était flagrant. Isaiah se contenta de laisser couler sa remarque sur la « horde de bébé » ; il jeta un œil à ses potentielles conquêtes de la soirée, qui devaient être à peine plus vieilles de Salem. Autrement dis, l’hôpital se foutait clairement de la charité, comme souvent avec l'animal. Mais il n'allait pas laisser un chat dicter ces actions – ils se chamaillaient comme des enfants, mais à la fin de la journée, Isa continuait de faire ce qu'il voulait. Du moins, dans la mesure du possible.

« Hilarant, je ne savais pas que la condition de chat venait avec un humour démesuré. Avec la souris, je n'ai qu'un seul point commun : je n'aime pas les chats. » Isa reposa le verre vide avec un petit claquement sec contre la table. Il lâcha un petit sifflement dédaigneux, répondant à l'air hautin de Salem. « Tu es bien renseigné, tu mènes ton enquête sur moi ? Tu ne peux plus te passer de moi, on dirait bien. » Si Isa passait son temps à se plaindre de Salem – car, par Merlin, ce chat était une vraie plaie – il était clair qu'il finissait par s'ennuyer s'il n'était pas là pour faire ses petites remarques sur le moindre de ses faits et gestes.

Un sourire étira ses lèvres devant l'exclamation indignée de Salem, sourire qui se transforma rapidement en rire amusé. La mauvaise foi et l’ego surdimensionné de la boule de poils – bien qu'il commençait à s'y habiter – le faisait toujours beaucoup rire. Une si petite carrure, et pourtant, un ego plus gros que celui d'un être humain particulièrement narcissique. Pas de doute, Salem finissait par adopter des traits félins ; mais Isa ne se faisait pas d'illusion : cet ego existait déjà avant qu'il ne soit un chat, ça, c'était certain.

« La modestie ne t'étouffe pas, ça, c'est clair. Mais laisse-moi émettre des doutes : toi, raffiné ? Quand on s’abaisse à pisser dans mes chaussures quand on est contrarié, on ne peux pas prétendre être raffiné, désolé. » Il fronça légèrement le nez. Le véritable désir... Eh bien, Narcisse, à côté de Salem, avait l'air d'un garçon tout à fait sain et normal.

Isaiah baissa les yeux sur l'animal qui s'installait déjà confortablement sur ses jambes. Il avait beau geindre et se plaindre, celui-ci aurait été bien embêté si ses jambes n'avaient pas été là pour servir de fauteuil pour chat. Il haussa un sourcil, presque surpris par l'annonce. Un jour oui – et ce jour-là, Isa sortira le whisky qu'il gardait pour les occasions spéciales ! Il laissa échapper un petite exclamation amusée.

« Déjà, c'est mon bar, alors je fais ce que je veux. Deuxièmement, personne ne t'as demandé de faire la femme de ménage, mais puisque tu prends ce rôle à cœur, qui suis-je pour t'en empêcher ? Tu ferais une très bonne femme au foyer. » Il reprit le verre vide, jetant un regard à Salem – vraiment ? tu es un vrai gamin. pensa-t-il. « Le jour où tu redeviendras humain sera le plus beau jour de ma vie : enfin débarrassé de la boule de poils ! Mais hors de question que tu continues à squatter quand tu marcheras sur deux jambes : ma bonté à des limites. » Héberger un chat était une chose, héberger un être humain aussi emmerdeur que Salem - et gratuitement ! - en était une autre, Isa se savait patient, mais peut-être pas à ce point là.
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Il faut dire que l'espèce de perruque étrange de la Reine d'Angleterre aurait été bizarre sur la tête de Isa. Salem n'avait dit ça que pour l'embêter - et puis, même si Isa était vieux, du moins plus vieux que lui, Salem ne faisait pas dans les papys. Mais, à son grand désespoir, Isaiah n'avait rien d'un grand-père. Il avait beau avoir la quarantaine, il restait fringuant et jeune, surtout dans sa tête. Et c'était cet esprit ardent qui aimait l'embêter qu'aimait Salem par-dessus tout. C'était ce qui lui manquerait le plus quand il redeviendrait humain. Mais cela voulait dire qu'une fois redevenu Hermès, il partirait. Et ça, ce n'était pas gagné, Isaiah !

▬ Tu n'aimes pas les chats ? Pauvre princesse, obligée d'avoir un petit chat noir gentil qui fait le ménage chez elle. J'ai oublié de lacérer tes robes, il semblerait, mademoiselle grogna t-il en prononçant le dernier mot en français. Ses oreilles bougeaient en suivant les sons de la musique. Tu rêves. C'est juste que tu es loin d'être discret avec tout ça. J'ai beau tenter de ne pas observer tes ridicules relations, c'est comme tenter d'ignorer un éléphant dans une fanfare. En parlant de musique, tu as de très mauvais goûts. Ce qui passe à cet instant est particulièrement laid. La seule et véritable musique qui existe n'est autre que le jazz, mon bon monsieur déclara t-il d'un air supérieur, agacé par les percussions et la musique électronique. Les jeunes dansaient, près de la table, et si certains faisaient attention à l'homme et à son chat, la plupart étaient dans ce que Salem appelait la transe. Le genre d'état où plus rien n'existait hormis la musique et soi-même. Il avait connu ça - mais d'une autre façon, en jouant de son saxophone. Mon saxophone me manque miaula t-il tout bas, en s'affaissant un peu sur les cuisses de Isaiah.

Mais il reprit rapidement du poil de la bête - il ne s'agissait pas de se laisser vaincre par le passé, et surtout pas devant Isaiah. Sache que c'est ta compagnie rustaude qui m'a rendu aussi peu raffiné. Mais une fois redevenu humain, je redeviendrais l'élégant jeune homme que j'étais. Si tu as de la chance, je viendrais te voir. Avec ma horde de fans gloussa t-il. Mais son esprit tenait là ce qu'il désirait fort - redevenir humain, et venir parader devant Isaiah. Pas pour l'embêter, pour une fois, mais pour qu'il voit à quoi il ressemblait. Il y avait entre eux une espèce de relation de chien à chat, et il pouvait se sentir fier que Isaiah l'apprécie pour ce qu'il était - et ça se résumait à une boule de poils noirs avec une mauvaise foi sans borne et un certain don pour le sarcasme. Mais si une fois humain, Isaiah décidait que c'était fini, qu'il avait assez donné ? Si, une fois humain, il ne lui plaisait pas ?
Impossible.

Le moment de doute était rejeté par sa fierté. Il plaisait à tout le monde, non ? La preuve. Isaiah n'aurait jamais accepté quiconque à habiter chez lui, même si c'était un pauvre chat parlant. Or, Salem faisait partie intégrante de sa vie, quand bien même Isaiah refusait de le reconnaître. Il avait déjà des points d'avance, le gros chat.

▬ Une femme au foyer ? s'insurgea le chat, en fronçant ses sourcils, les vibrisses se hérissant. Je déteste la saleté. Tes pieds laissent toujours des traces sur ta table basse ! Sans moi, ça ressemblerait à une porcherie, tu devrais me remercier miaula t-il d'un ton dédaigneux et amusé. Les paroles d Isaiah avaient touché un point sensible, mais ce n'était pas comme si il avait réponse à tout. Avec un regard brillant et amusé, il planta ses yeux dans ceux du quadragénaire. Leurs prunelles se heurtèrent, comme si leurs atomes crochus se battaient ensemble. Je risque de trop te manquer, mon chou. Qui jouera les peluches quand tu dormiras, hm ? Je te rassure - je suis aussi doux humain que chat. Je ferais semblant de ronronner, si ça te plaît. La sarcasme, la vie de Salem. Ca et ennuyer Isaiah. Il avait un air terriblement malicieux, et si il n'avait pas parlé fort, il n'avait pas parlé tout bas non plus. Est-ce que Isa voulait vraiment rester si près de ses bébés, quitte à ce que Salem dévoile des points qu'il aurait préféré rester seul à connaître ? Il avait un sourire de chat, l'air victorieux de l'homme conquérant.

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Le pire chez Isaiah n'était peut-être pas ses blagues d'un goût douteux, ses répliques piquantes ou encore sa manie de toujours mettre les pieds sur la table, peu importe l'endroit où il était. Non, le pire, sûrement, c'est qu'il savait lorsque les gens le trouvaient attirant et n'hésitait pas à s'en servir pour ses propres intérêts. Tout dans sa manière d'être traduisait ça ; Isaiah savait qu'il vous plaisait, et vous souhaiteriez qu'il ne le sache pas.

« Je n'aime pas les chats, surtout quand ils parlent, qu'ils répondent au nom de « Salem » et qu'ils squattent mon appartement. Pauvre Cendrillon, tes méchantes belles sœurs t'obligent à faire le ménage, où est ta marraine la bonne fée sensée te sauver ? » Il ricana. Imaginer Salem en princesse de conte de fées était trop amusant. Pauvre Salem, condamné à faire le ménage – une vraie vie de chien, une ironie pour un chat, décidément. « Personne ne t'oblige à rester, tu le sais ça ? Tu es libre de partir si je t'ennuie trop, mon cher chat. » glissa-t-il avec un sourire. « Je ne suis pas celui qui sélectionne la musique – va te plaindre, vas-y, je t'en prie. Je suis sûre que le DJ sera ravi d'être conseillé par un sac à puces comme toi. » Isa et la musique, c'était une longue histoire – né dans la ville de la musique américaine, comment aurait-il pu en être autrement ? Le blues, le jazz, le bon vieux rock'n'roll avaient bercés ses premières années, et c'était bien loin de la musique de la fin des années 90. Mais les temps changeaient – et Isa s'adaptait. Mais il n'était pas contre un peu de bonne musique, de temps en temps. « Tu n'as qu'à apprendre à jouer, en tant que chat. Tu pourrais te donner en spectacle dans la rue – le chat qui jouait du saxophone. Un filon à exploiter. »

Bien sûr, Isa était responsable de tout les maux – il s'en amusait. Mais il n'avait aucun mal à imaginer que Salem devait être tout aussi raffiné avant d'être coincé – les chats ne font pas des chiens. (Isa prenait un plaisir fou à penser à toutes les expressions contenant le mot « chat », afin de les sortir au moment opportun, avec un l'air fier de lui.) Il haussa les épaules.

« Qui sait, d'ici que tu redeviennes je me serais peut-être lassé. Ou pire – je serais peut-être mort. Tu devras te trouver quelqu'un d'autre à embêter et à tenter d’impressionner. » Il ponctua sa phrase d'un petit haussement de sourcils – tu serais bien embêté. « Mais ne t'en fais pas. Je savais me débrouiller sans toi avant que tu arrives, je t'assure. »

Isa fronça les sourcils – Salem s'aventurait sur un terrain où Isa n'aimait pas trop aller. Il y avait des choses qu'il se gardait bien d'évoquer en public, cultivant un petit jardin secret qu'il protégeait avec maintes précautions mais le chat s'acharnait à n'en avoir rien à faire. Isa attrapa le chat, retirant ses pieds de la table et se levant.

« Mais bien sûr – là encore, tu prends un peu trop tes rêves pour des réalités. Ce n'est pas parce que tu te glisses dans mon lit et que je ne t'en chasses pas que je ne peux pas m'en passer. » Néanmoins, il porta le chat jusqu'à l'arrière du bar, là où les clients ne pouvait pas aller.

Il referma la porte, laissant retomber Salem – un chat retombe toujours sur ses pattes, surtout Salem – et leva les yeux au ciel.

« Tu ne peux décidément pas t'empêcher de parler, hm ? Est-ce qu'humain, tu étais déjà aussi chiant, dis moi ? » Il s'appuya contre la porte en croisant les bras. S'il avait l'air agacé – Isa l'était un peu, c'est vrai – il n'en était pas encore au point de couper court à la conversation. Juste de la déplacer dans un lieu un peu moins public.
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Salem détestait beaucoup de choses chez Isaiah. Le fait qu'il ne fasse pas attention à où il mettait ses pieds, notamment sur les tables ; ses blagues idiotes et plus que douteuses ; ses répliques parfois -souvent- immatures. Et tout cela, ce qu'il n'aimait pas, c'était paradoxalement ce qui lui plaisait chez le sorcier. C'était ce qui faisait que c'était vers lui qu'il se tournait quand il avait un souci, et pas vers Nemo ou Leroy. Parce que Salem savait que, même si Isaih se fichait de lui, se moquait, il trouvait toujours un moyen de l'aider. Et puis, leurs petites joutes à savoir qui était le maître de qui était des plus divertissant.

▬ Tu parles de Leroy ? Je viens de l'imaginer avec des ailes et une couronne de fleurs, c'est ridicule. Salem eut un petit rire de chat, grave et rauque. Je suis un chat, j'aime la propreté. C'était une explication qui en valait une autre. Et c'est toi la princesse, de nous deux. Enfin, niveau royauté et élégance, on a vu mieux. Trop de décolleté je crois. La prochaine étape c'est quoi ? Des tee-shirt transparents ? Tellement sophistiqué tout ça. Salem adorait taquiner l'humain sur sa façon de s'habiller ou d'être. Dans le fond, le chat avait délaissé tout cela depuis longtemps, ces considérations sur le physique, ça n'avait plus d'importance pour lui. Dans le fond, que Isaiah s'habille avec un col en V ou pas, peu lui importait, mais l'homme aimait plaire. Alors des remarques sur son physique avaient le don de l'agacer.

▬ Tu serais trop perdu sans moi. Si je reste, c'est pour les enfants ricana Salem, en prenant une pose mignonne, ses grands yeux papillonnant. Tout le monde serait ravi d'être conseillé par moi, grand singe. Mais comme ce bar est à toi, tu pourrais conseiller quelques musiques. Du bon jazz, ou du blues bien de chez moi rêva un instant Salem, en se souvenant du doux contact de son saxophone. Il soupira un peu et secoua la tête. Ris tant que tu veux, si je deviens riche un jour, tu t'en mordras les doigts !

Il en avait rêvé, d'être riche et célèbre. C'était même la raison principale de son expérience qui avait raté. Il avait voulu faire de l'animagie en bouteille. Ca avait fonctionné, mais involontairement. Vu que le sujet commençait à s'approcher un peu trop de tout ça, il préféra changer de discussion. Tu nous enterras tous, vieillard ronronna le chat noir avec un sourire. Et puis, tu es bien trop amusant à embêter. Et tu sais parfaitement ce que j'aime - ça serait trop ennuyant et fatiguant de rôder un autre humain à mes besoins et mes envies. C'était le ton d'un chat, purement et simplement - le ton d'un être qui se croyait pour un dieu. Après tout, Isaiah achetait son thon favori, parce qu'il détestait la bouffe pour chats. N'était-ce pas une preuve de son génie ?

▬ H-Hey ! grommela Salem en se sentant soulevé. Il fit une grimace qui ne se vit pas sur son visage de chat et prit appui sur les bras de Isaiah pour retomber avec douceur sur ses coussinets moelleux. Il renifla d'un air amusé. Que veux-tu ? J'ai toujours été un grand bavard fit-il d'un air innocent. J'étais parfait, étant humain. Intelligent, beau, grand ... Je regrette pas mal mon enveloppe charnelle, même si ça ne veut plus dire grand chose à présent. Mais tu nous a écarté du public ? Tu voulais me parler en tête à tête, ma petite souris ? gloussa t-il encore en bondissant sur un bureau, s'asseyant à la manière des chats de l'égypte antique, hautain et félin dans tous ses gestes. Tu ne veux pas que les autres apprennent que, le soir, tu serres contre toi ta saleté de chat comme une peluche ?

Salem savait que Isaiah tenait à lui. C'était peut-être pour ça qu'il allait parfois si loin. Il ne connaissait pas les limites à ne pas franchir. Mais il reconnaissait -intérieurement- que sans l'humain, il aurait été pas mal ennuyé. Tu comptes dormir chez l'une de tes conquêtes ce soir ? La petite brune te jetait de sacrés regards. L'air totalement indifférent, il lécha une patte, cachant sa curiosité à ce sujet. Il n'avait plus grand chose comme relations, et mine de rien, celles d'Isaiah l'intéressaient, même si elles ne duraient jamais. Un séducteur, cet homme. Tu sais ce que tu es ? Satan en col en V, mon grand. C'était un compliment, ronronné avec un sourire narquois.

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« Je suis sûr que ça lui irait bien. Tu devrais lui proposer, la prochaine fois. Avec un peu de chance, vous pourrez avoir des couronnes de fleurs assortis – a-do-rables. » Il eut un rire moqueur en fronçant légèrement le nez. Il avait du mal à imaginer Leroy – bien qu'il ne le connaisse que très vaguement – avec une couronne de fleurs, mais rien que pour ça, l'idée était tentante. « Un t-shirt transparent ? Autant ne pas en mettre du tout. Ne dis rien – il leva la main pour interrompre Salem avant qu'il ne dise quoi que ce soit – je sais que ça te plairai, même si tu t'acharnes à prétendre le contraire. Je te connais, sale boule de poils. » Sur ces paroles, Isaiah réajusta son t-shirt particulièrement échancré – comme il les aimaient. Les autres formes lui donnaient l'impression d'étouffer, mais il n'avait pas à se justifier auprès du chat noir.

Il secoua la tête devant la mine faussement mignonne – à d'autres ! Il n'était pas assez naïf pour se laisser prendre à ce jeu-là. Salem était aussi crédible que lui était un ancien tueur qui avait changé d'identité. Salem n'était, donc, absolument pas crédible du tout.

« Tu ruinerais la soirée de toute le monde. Les jeunes de ton âge ne connaissent plus la vraie musique. » fit-il, parodiant la manière dont parlait les vieux – catégorie dont il refusait de faire partie. « Tu n'as qu'à venir les soirs où le bar est moins rempli, au lieu de te plaindre. » Ces soirs-là, où seuls les habitués se retrouvaient, la musique était bien moins forte et bien plus agréables aux oreilles de l'américain – mais on ne pouvait pas toujours faire ce qu'on voulait ; le business, tout ça.

Il se resservit un verre de whisky, avant d'emporter le chat jusqu'à l'arrière. Ce chat prenait trop ses aises et c'était de sa faute – il n'aurait pas du l'habituer à un tel confort. Salem était comme un enfant pourri gâté et Isa leva les yeux au ciel en se demandant ce qu'il avait fait pour récolter un espèce de gamin à sa charge.
Isa tira la chaise pour s'y asseoir, posant avec insolence les pieds sur le bureau, le regard fixé sur le félin. Isa ne savait pas s'asseoir autrement, mais surtout, n'aurait plus voulu s'asseoir autrement depuis qu'il avait compris à quel point cela embêtait Salem. Ils étaient deux horribles gamins qui passaient leurs temps à se chercher.

« Je vais finir par te jeter un sort de mutisme, saleté de chat. » Marmonna-t-il en reposant le verre sur la table. « Et un sort pour dégonfler ton égo – tu vas finir par ne plus pouvoir marcher, avec la grosse tête que tu te payes, tu le sais ça ? » Il passa sa langue sur ses lèvres, plissant les yeux en fixant son « colocataire ». « Je ne sais pas toi, mais j'apprécie d'avoir un peu de vie privée, et ce qui se passe chez moi, eh bien, reste chez moi. Il faut savoir entretenir un peu de mystère pour rester intéressant aux yeux des autres. Je pensais que tu le saurais. » Haussement d'épaules, nouvelle gorgée.

Ou parce qu'il faisait preuve d'une certaine sensibilité qui tranchait avec l'image qu'il aimait se donner en public – c'était une grossière erreur d'en avoir fait preuve face au matou, qui pouvait maintenant s'en servir contre lui. Mais le mal était fait, et Isaiah contrôlait la situation. Pour l'instant.

« Vraiment ? Je vais peut-être changer mes plans, alors. J'avais prévu de finir la soirée chez Quentin mais après tout, je peux bien me permettre ça, tu ne penses pas ? » Les coins de ses lèvres se relevèrent en un sourire amusé. Il éclata de rire. « Eh bien merci. Tu sais que Satan était un ange, à l'origine ? On l'appelait « Prince de ce Monde » , même. Je suis vraiment ravi que tu penses ça de moi. » Il prit une nouvelle gorgée avec un air joyeux.
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Leroy avec une couronne de fleurs, c'était déjà le summum du ridicule. Et à présent, le chat s'imaginait avec une même auréole à bourgeons, c'était d'un tel absurde qu'il rit aussi, de bon coeur. Si son patron apprenait ça, il devinait qu'il le regarderait de son air indifférent, avec dans le regard ce même mécontentement qu'il éprouvait devant le chat et ses bavardages intempestifs. Mais Leroy, Salem le respectait - il était intelligent, et puis il avait du mal à résister à ses yeux doux quand il s'y mettait vraiment. C'est pour ça qu'il faisait de son mieux pour attirer des gens à la boutique. Menteur, tu ne sais rien de moi. Tu ne connais même pas mon vrai nom. C'était un des maigres avantages qu'il avait sur Isaiah. Il y avait peu de gens qui connaissaient sa réelle identité. Nemo était l'une de ces rares personnes. Hermès Donovan Salavatore. Ces noms et prénoms avaient autrefois signifié quelque chose. Mais à présent ... Et tu sais encore moins ce qui me plaît. Qui te dis que j'aime les hommes ? Et quand bien même, serais-tu à mon goût ?

Sans se mentir, Salem avait toujours détesté l'idée de choisir. Hommes et femmes l'intéressaient autant l'un que l'autre, mais surtout, c'était leur façon de le regarder qui le décidait. Il aimait ceux qui l'admiraient, qui poussaient ses réflexions et les taquineries. Et, il aurait été difficile de le nier, Isaiah était un homme séduisant. Mais il refusait de lui donner ce point-là. Parce que, avant tout, même si son physique était certes agréable, ce n'était pas ça qu'il recherchait.

▬ Ce n'est pas ma faute si je sors tard du travail. Leroy et moi continuons de faire nos expériences, et ça nous prend du temps, plus que ce que j'avais pensé fit-il, en prononçant la dernière phrase d'un air pensif. Il s'était imaginé qu'avec un homme aussi redoutablement intelligent que Leroy, tout cela mettrait peu de temps. Il n'avait pas cru que cela mettrait plusieurs années. Et si tu mets du jazz, peut-être même que je me tairais quelques minutes pour écouter. Petit rire caché derrière une patte. Il avait aimé cette musique, quand il vivait encore en Amérique. Une question franchit sa gueule avant qu'il n'eut pu la retenir. T'es pas d'Angleterre, toi, non ? Il ne se souvenait plus si il avait déjà abordé ses origines. En tout cas, le chat restait privé sur son passé. Par honte, et pour jouer les mystérieux.

Salem plissa les yeux vers les pieds posés sur le bureau et donna un coup de fesses dedans, pour les pousser, et soupira en voyant que l'homme était bien décidé à l'ennuyer avec ça. Avec cet air de chat, il détourna son attention, comme si les pieds et les jambes n'existaient plus.

▬ Vas-y ! le taquina t-il d'un air de défi. Sans mon cynisme et mes sarcasmes magnifiques, tu t'ennuierais. Tout comme sans moi, ta vie te paraîtrait vide, hm ? Et mon égo est parfait là où il est. Certaines personnes se sous-estiment. Hé, il faut avoir de l'ambition dans la vie, et l'ambition se construit à l'aune de notre égo. Je compte bien aller loin, quand j'aurai retrouvé mon enveloppe humaine. Parce que là, aller loin, quand on était un chat, c'était assez difficile. Il regrettait ses potions, ses sorties le soir, ses partitions de saxophone, la magie. Son regard se voila un instant d'une espèce de tristesse qui disparut aussitôt. Il était hors de question qu'il se morfonde. Surtout devant cet espèce de démon à forme humaine. La vie privée ne veut rien dire pour un chat. Et puis tu aurais pu être un peu plus discret, ça n'aurait pas titillé ma curiosité. Hem, je veux dire ... Non pas que je sois curieux vis à vis de toi ou te ce qui se passe sous tes couettes hein essaya t-il de se rattraper, en grommelant. Il se mit à marcher sur le bureau, les poils hérissés, une invite à une caresse - ou une invite à des remarques sur tout cela, allez savoir.

▬ Tu passes ta vie chez Quentin. On aurait pu entendre dans cette phrase un reproche. Ou se l'imaginer. Mariez-vous et finissez en, ça ira plus vite. Le chat cligna doucement des yeux, très lentement, comme si il cherchait à mettre des mots sur ses pensées. Il eut un rire condescendant. Un ange ? Je ne crois pas en grand chose, Isa, mais si il y a bien une chose d'impossible, c'est toi en tant qu'être chaste et pur. Nouveau rire guindé et insolent. T'es loin d'être aussi blanc que ça. Mais ... tu as donc envie que je pense des choses bien sur toi ? Il fallait le dire, si mes pensées à ton propos t'importaient tant ricanna t-il dans une parodie de mépris, mais qui était plutôt un échec. Il y avait un réel timbre curieux. Il sauta à terre, et s'étira.

▬ T'es pas un Prince, en tout cas. Au mieux un duc. Ou un petit seigneur d'un petit lopin de terre. Mais on se contente de ce qu'on a, hein ? Et toi Salem, tu te contentes de quatre pattes et d'une queue, d'une paire de moustache et de ta langue rouge et arrogante ?

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Isa croisa les bras – touché, un point pour toi, l'animal. C'est vrai, il ne connaissait pas le vrai nom de Salem mais il eut l'ombre d'un sourire, pendant quelques secondes. Salem ignorait beaucoup sur Isaiah aussi, et il n'avait même pas idée.

« Et qui te dis que tu serais à mon goût, hm ? » Isa haussa un sourcil. Ses « critères » étaient aussi vagues que sélectifs, un véritable paradoxe, incompréhensibles pour quelqu'un qui n'était pas dans la tête d'Isa. Qui sait, peut-être que Salem n'y répondait absolument pas – mais ni le chat, ni le quadragénaire ne pouvaient le savoir. « Et peut-être que je fais semblant de ne rien savoir sur toi. »

L'américain se balança légèrement sur sa chaise, faisant tourner le reste de whisky au fond du verre, au rythme incessant des paroles de Salem. Le regarder était passionnant ; on voyait passer sur son visage de chat et dans le ton de sa voix des multiples émotions. Passionnant.

« Eh bien tant pis pour toi, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Mais si tu promets que tu te tairas, alors il se peut – éventuellement – que je prenne le temps d'en passer. Seulement si tu te tais. A la seconde où tu ouvriras la bouche, ça sera terminé. » Isa annonça, d'un ton ferme et d'un air faussement sérieux, qui disparut aussi vite qu'il était passé sur son visage. « Américain. » Une petite pointe de fierté dans la voix, l'accent qui reprends le dessus. « De l'état du Tennessee, même. » fit-il en agitant la bouteille de Jack Daniels comme on agite un drapeau avec fierté.

Il leva les yeux devant les efforts de Salem de lui faire avouer qu'il s’ennuierait sans lui. Même sur son lit de mort, il aurait fallu lui arracher des mots comme tel avec un Imperius – et encore, ce n'était même pas sûr qu'il finirait par les dire.

« En attendant, tu restes un chat. Concentre-toi à retrouver ta forme humaine avant de penser à ce que tu feras après, tu risques de perdre ton objectif de vue. En revanche, tu sais ce qui ne me manquera pas ? Tes poils, partout dans mon appart. » Il caressa distraitement le chat. « J'avais vite remarqué, pour le manque de vie privée avec toi. Je sais que tu es curieux à mon sujet – il ne faut pas avoir honte, c'est une réaction normale. Qui ne serais pas curieux à mon sujet ? Pourtant, je suis quelqu'un de plutôt banal, désolé de te décevoir. »

Banal n'était pas vraiment le mot idéal pour décrire Isa, il en était conscient : pourtant, il menait une vie qui ne sortait en rien de l'ordinaire. Il avait un boulot, des amis et accessoirement, un animal de compagnie. Quiconque regardait comme ça pouvait être d'accord qu'Isaiah n'avait rien de particulier. Et pourtant, tout le monde s'acharnait à détruire cette image qui construisait soigneusement.

« Oh-oh. Est-ce qu'on serait jaloux ? Je connais Quentin depuis plus longtemps que je te connais toi, c'est normal que je passe ma vie avec lui. Tu penses vraiment que je vais passer mon temps à t'attendre ? Ma vie ne tourne pas autour de toi, je sais, c'est triste. » Il fit semblant d'essuyer une larme. « Je ne vois pas pourquoi tu ne me crois pas, qu'est-ce que j'ai fais pour mériter un traitement pareil ? Et puis, ce n'est pas tant tes pensées qui m'intéresse : j'aime juste les compliments. » Il stoppa le balancement de sa chaise pour aller rincer le verre dans l'évier. « De toute façon, je n'avais pas vraiment envie d'être un Prince : gérer un royaume, non merci, je dois déjà m'occuper de toi. »
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Salem fit semblant de ne pas avoir entendu. Bien entendu qu'il serait à son goût ! Hermès était du goût de tout le monde ! Il était certain que Isaiah ne pourrait lui résister. Mais nul besoin de le lui dire pour le moment - il le laissait, convaincu que le chat, sous forme humaine, n'était qu'un homme mystérieux. Le jour où il redeviendrait humain, Salem réservait des surprises à son cher maître ...

▬ Tu fais très bien semblant alors le complimenta t-il pour de faux d'un air faussement gentil. Il adorait prendre des mimiques de chaton, comme dans les dessins animés. C'était très drôle de voir que la plupart des gens, pour un ronron ou un miaulement, faisaient ce que l'on voulait. Si c'est pour du jazz, je suis prêt à me taire gloussa t-il. Et puis, même si il n'en avait pas l'air, parfois il était capable de ne rien dire. Pendant au moins cinq minutes ! Un véritable record. Les yeux du chat s'écarquillèrent et il se redressa, l'air affolé, comme surexcité. Je savais que j'avais déjà entendu cet accent quelque part ! Américain ! Tu es américain ! Il avait l'air étrangement heureux, et peut-être que c'est par patriotisme, ou quelque chose de ce goût là, qu'il exprima sa pensée. Je viens d'Amérique aussi. Salem déclara t-il avec un sourire amusé, en prononçant le nom de sa ville d'origine. C'était là également le pourquoi de son prénom.

Salem pencha la tête de côté, puis ne put s'empêcher de suivre le mouvement de la main sous la caresse, bombant le dos et ronronnant, puis toussotant comme si c'était involontaire, et non l'expression de son profond contentement au simple contact humain. Sois content : j'aurais pu être plus coloré que ça, et mettre des poils voyants sur tout tes vêtements. Il suffit que tu évites le blanc, et ça ira. Petit regard malicieux et flamboyant. Je ne suis pas vraiment curieux. Tu n'es pas exactement le genre de personne qui m'intéresse vraiment. Et puis, les potions sont plus distrayantes à étudier. Mais je dois avouer que ta vie banale sans accro est ... divertissante. Au ton pris, il était évident que Salem était très peu convaincu du bien fondé de ces paroles. Pour le chat, Isaiah n'était pas normal. Dans le bon sens du terme - c'est à dire dans le sens intéressant. Un homme niais et ordinaire ne lui aurait jamais plu. Ou plutôt, il n'aurait jamais autorisé monsieur tout le monde à le servir.

Le chat eu un nouveau reniflement agacé. Je ne suis pas jaloux, cesse de te faire des idées. C'est juste un constat et des plus flagrants. Vous faites ce que vous voulez, après tout - les hommes ont cette tendance à faire ce qui leur plaît. Vous êtes de vieux - non, pardon, de grands garçons, je veux dire fit-il avec un ton compassé et doucereux comme une cuillerée de poison au miel. je ne te demande pas de m'attendre répliqua t-il un peu plus sèchement que voulu, et je me fiche d'autour de qui ou quoi tourne ta vie tant que tu m'achètes mon thon et que tu t'occupes de moi. Cela lui suffisait. Sa vie lui suffisait, bizarrement. Et c'était un peu grâce à cet idiot de grand singe. Il n'avait pas à se plaindre - il aimait juste ça, geindre un peu.

▬ Il faut les mériter, les compliments, tu ne trouves pas ? Et je ne te félicites pas sur le choix de ton pantalon. Il te fais de grosses fesses dicta Salem en s'installant sur la chaise délaissée, profitant de la chaleur des-dites fesses imprimées sur le port de la chaise. Je te fais des misères, je suis beaucoup de boulot pour toi ? Pourquoi tu m'as cherché, pourquoi tu as posé des affiches, quand j'ai disparu deux semaines, la dernière fois ? Tu t'inquiétais. Le ton triomphant était hérissé de ce contentement victorieux. Salem avait apprécié de savoir que Isaiah avait cherché après lui. Le chat s'était enfui et avait vécu deux semaines dans la boutique de Leroy, comme un gros pacha. Et il avait découvert, un peu après être rentré chez Isaiah, que ce dernier s'était inquiété. Tu t'es senti seul, sans ta peluche ? Tu as besoin de tes ronrons quotidiens ? pouffa t-il, sans admettre lui-même que le lit confortables et les câlins de Isa lui avaient manqués.

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L'air enthousiaste du félin le fit éclater de rire : il n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi heureux de connaître ses origines. Voilà un point commun entre les deux compères – ils étaient tout les deux américains. Isaiah fronça les sourcils devant le manque d'originalité du surnom – voyons, n'aurait-il pas pu faire mieux que ça ? Il se décida à passer l'éponge sur ce manque de goût. Comme si lui avait décidé de s'appeler Nashville – non vraiment, on avait vu mieux comme nom.

« Tu sembles bien joyeux. Eh bien, il en faut peu pour être heureux, on dirait. » Il coupa l'eau, reposa le verre sur le bord de l'évier après l'avoir sécher. « Parmi tout les anglais, il a fallu que je tombe sur le seul chat américain. Le hasard joue parfois des tours assez surprenants. » mentionna-t-il plus pour lui-même que pour Salem.

Il en profita pour épousseter d'un geste les poils qui auraient pu se trouver sur son haut, avec un soupir. Il fallait vraiment qu'il jette un sort pour empêcher les poils de se mettre un peu partout. Et encore heureux qu'il préférait porter du noir, Isa avait, de toute façon, abandonné de mettre du blanc lorsque Salem était dans les parages. Voilà à quoi il était réduit : adapter sa garde-robe à un chat !

« Ça me blesse, tiens. Moi, pas le genre de personne qui t'intéresse ! Je retiens. » Isa pris une mimique faussement outré. « Divertissante, vraiment ? Je me demande quand-même ce qui peut bien te divertir, à part nos échanges. »

Touché – pensa-t-il en entendant le reniflement agacé du félin, alors qu'il s'appuyait contre la table en croisant les bras. Pas jaloux, hein ? Tout dans son comportement disait le contraire, et Isaiah ne pouvait dissimuler son demi sourire.

« Eh bien, je suis ravi que monsieur Salem me donne sa bénédiction pour faire ce que je veux. Et heureusement que tu ne me demandes pas de t'attendre – tu imagines à quel point je m'ennuierai ? » Isa prit un ton dramatique, avant de décroiser les bras. « Tu devrais être sympa avec moi, sans moi, tu crèverais de faim. » nota-t-il. Non pas qu'acheter une boite de thon de temps en temps le ruine particulièrement, mais l'idée que Salem lui soit redevable était une idée très agréable.

Ah, les fameuses affiches. Une erreur de la part d'Isaiah – bien que le contenu des affiches n'avaient en rien trahi sa réelle inquiétude (« chat chiant perdu »), le simple fait d'en avoir mis avait mis la puce à l’oreille de Salem, et il devait maintenant en faire les frais. Il soupira.

« Oh, la ferme. » lâcha-t-il d'un ton léger. « Le jour où je m'inquiéterais pour toi sera le jour où tu auras décidé d'arrêter de parler pendant plus de cinq minutes. Alors, oui, ce jour-là, je m'inquiéterai. Et tu n'as pas du lire les affiches, si tu penses que je m'inquiétais. » Un beau mensonge, mais Isaiah et le mensonge avait fusionné depuis tellement longtemps que même lui parfois ne savait plus s'il disait la vérité ou non. « Je suis une créature d'habitude : j'apprécie que mon quotidien reste le même, et ta disparition interrompais ma routine, voilà tout. Pendant que toi, tu te la coulais douce, espèce de petit vaurien. La prochaine fois, si tu fuis comme ça, tu te retrouveras face à une porte fermé. Pour toujours. » ajouta Isaiah d'un ton qui se voulait intimidant.
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C'était totalement absurde, mais Salem était content de ce point commun. Leurs racines s'entremêlaient, sous la patrie américaine. C'était idiot, mais il prit fierté de ce simple fait. Et même si Isaiah se mit à rire de lui, le chat garda son calme et se contenta de frémir des moustaches, heureux comme tout. Il pencha la tête sur le côté, curieux de savoir ce que l'homme voulait dire avec ses propos sur le hasard, mais ça n'avait finalement aucune importance. Par contre, les gestes n'échappèrent pas au regard acéré du félin qui eut un air moqueur, ses vibrisses toutes tournées vers Isaiah dans ce qui semblait être le hasard - or, il est méconnu que les chats tournent oreilles, regard et moustaches vers le centre de leur attention.

▬ C'est justement nos petites discussions qui maintiennent l'ancien Salem en vie. Sinon, il y a longtemps que le chat aurait prit le pas sur l'humain. J'ai toujours apprécié les singes. Les moqueries étaient les seules manières qu'il avait de taquiner les gens, de leur faire savoir qu'il était vivant, et surtout humain. Oh, je suis certain que même toi, tu sais qu'attendre quelque chose - ou quelqu'un - donne bien plus de piquant aux retrouvailles. Ton narquois. Salem avait beau être jaloux comme un pou, il ne le reconnaissait nullement, et il était d'accord avec le fait que Isaiah faisait ce qu'il voulait de ses ~~jolies~~ fichues fesses. Tu ne me laisserais pas mourir de faim. Et puis, je sais toujours chasser. Et Leroy se laisse amadouer lui aussi glissa t-il innocemment. Mais faire savoir à Isaiah qu'il n'était pas le seul à être sous le charme du félin n'était pas inutile. Enfin, Leroy restait juste un homme. Il était plus ferme et plus critique envers Salem que quiconque. Mais le chat l'appréciait pour cela - pour les mots qu'il haïssait et qu'il savait vrais. C'était le seul qui l'avait remis tellement à sa place que, l'espace d'une seconde, son monde intérieur s'était effondré comme un château de cartes. Bien entendu, sa transformation était de sa faute, mais il n'avait jamais réalisé à quel point. Et il camouflait cette révélation sous une seconde couche de mauvaise foi durcie au chalumeau.

Salem se leva et rendit sa chaise à l'humain, en s'étirant et en faisant la toilette de son visage. Il aurait aimé pouvoir prendre un bain, mais ses essais avaient frôlé le ridicule le plus abyssal, pauvre petite créature trempée et gauche, qu'il avait refusé de retenter l'expérience.

▬ Oh, j'ai bien lu les allusions au fait que le chat cherché était chiant, et que si quiconque me trouvait, il avait intérêt à me ramener, parce que, et là je paraphrase, j'allais lui gâcher la vie. Comme je gâche la tienne, hm ronronna Salem en s'allongeant sur le dos, les pattes en l'air, les yeux clos. Peu importait ce qui était vrai, dans le fond. Peut-être bien qu'il gâchait la vie d'Isaiah. Mais il fallait dire que l'humain n'en avait jamais assez, de son point de vue. Il fallait être maso pour vivre avec un Salem bavard et taquin. Et sûrement que le chat l'était aussi, à partager la vie d'un quadragénaire futile et incapable d'être sérieux plus de deux minutes - et encore, pas à la suite. Pour toujouuuuurs singea Salem d'une petite voix grelottante, comme le ton pris par les gamins pour mimer un fantôme ou quelque chose d'effrayant.

Il ouvrit une paupière paresseuse et posa son iris droit sur Isaiah, un peu plus loin. Sa stature était si familière, si habituelle. Peut-être que lui aussi avait ses habitudes ? Le même quotidien depuis dix ans, vingt ans peut-être ? Et dire que tu te crois curieux et intéressant. Tu as peut-être tes habitudes, mais tu aimes aussi le changement. Ou peut-être pas, qui sait ? Pas moi, sûrement fit-il d'un ton théâtral, semblable aux tragédies, comme si cela l'ennuyait réellement de ne pas savoir. Et ferme donc la porte, pour le bien que ça te fera. Je passerai par les fenêtres gloussa Salem, en éclatant de rire. Oui, ce chat noir adorait ses propres blagues, et surtout, il aimait s'entendre parler. Quand je serai redevenu humain, si tu es sage, je te jouerai un morceau de saxophone. Oui, c'était la façon maladroite et extrêmement gauche de Salem de dire une espèce de merci. Une façon si compliquée et détournée qu'il grogna et ne put s'empêcher de poursuivre d'un ton amusé. Enfin, sage, l'es-tu vraiment ? Tu as du oublier ton auréole quelque part, mon ange. Ce chat n'avait jamais su reconnaître ses limites. Il resta allongé, reposant son dos et ses muscles, appréciant la coupure avec la musique affreuse de l'autre pièce bondée. Et puis ici, il n'y avait pas cette odeur intenable de sueur. Juste celle, familière et presque plaisante, de Isaiah.

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« Tu serais surpris de ce que je peux faire. » Isaiah laissa peser ses paroles avec une aura de mystère qu'il se plaisait à faire planer, juste pour l'air perplexe sur le visage de ses interlocuteurs. D'un haussement d'épaules, il balaya la phrase comme si de rien était. « Tu me parles beaucoup de Leroy. Mariez-vous et finissez en, ça ira plus vite. » lança-t-il en reprenant mot pour mot les paroles de Salem – un petit sourire satisfait. Ah, il était fier de lui, fier de sa remarque, ça, oui. De la jalousie ? Non, jamais – Isaiah pensait, avec une certaine justesse, que c'était juste un tour du félin pour le faire réagir, et Merlin, Isa n'était pas du genre à perdre si facilement.

Il se laissa retomber sur la chaise que le chat avait bien voulu lui rendre, résistant à l'envie enfantine de narguer Salem en reposant ses jambes sur la table. Isa se contenta d'un petit rire amusé en voyant l'animal agir comme un véritable enfant.

« Eh bien quoi ? Je n'ai pas menti, tu es particulièrement chiant. Mais bon, que veux-tu, il faut croire que j'ai fini par m'attacher à toi, à force. » Il croisa les bras avec un regard entend. Il n'en dirait pas plus – il en avait déjà dis beaucoup, à vrai dire, et préférait garder encore un peu de mystère... Mais oui, Isaiah avait bien fini par s'attacher à la boule de poils noirs qui squattait son appartement, foutait en l'air ses coups d'un soir et agissait comme un chat pourri gâté. « Méfie-toi, tu vas vraiment finir par rester à la porte. »

Le changement. Isa eut une micro-expression indescriptible. S'il savait, Salem, il s'amuserait autant qu'Isa s'amuse actuellement en entendant des choses comme ça. Ou bien il aurait déjà mis les voiles – Isaiah ne prenait pas le temps d'imaginer quelle réaction l'animal pourrait avoir, puisqu'il ne saurait jamais. Du moins, il espérait.

« Je suis un homme simple qui se satisfait de choses simples, c'est tout. Je n'ai pas besoin d'aventures rocambolesques pour être heureux. Tu comprendras quand tu seras vieux. Une bière, de la musique, quoi demander de plus ? » Sincèrement. Isa n'avait pas vraiment d'autres plans pour sa vie. Les choses qui se passaient autour de lui, eh bien, étaient simplement des dommages collatéraux dont il n'était absolument pas responsable. Un pur hasard si lui, Isaiah Wilson-Turner, se retrouvait au milieu de choses tout sauf banales. « Je fermerais les fenêtres. Tu sais, avec ce formidable engin qu'on appelle baguette magique. Même des pattes de chat n'arriverons pas à les ouvrir. Et tu pourras gratter à la porte, je t'y laisserai dehors – tu l'auras bien mérité. » Mais il n'était pas sans cœur à ce point. « Je suis toujours sage. Du moins plus que toi. Et j'ai abandonné mon auréole : tu sais, le Paradis, ils n'ont pas une aussi bonne musique qu'aux États-Unis. Ange ou musique, il fallait faire un choix... »
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Le ton de la voix de Isaiah fit frissonner Salem du bout des oreilles jusqu'aux pointes de ses griffes. Le genre de timbre de voix que l'on entend lors des soirées nocturnes, et sa manière de la faire vibrer dans l'air, volontairement ou non, avait quelque chose d'hypnotique, comme les sifflements d'un serpent. Le chat repoussa cette impression de menace excitante qui faisait écho dans son petit coeur de chat. C'était bête comme chou, juste une intonation. Juste une intonation. Vivre avec Leroy, toute ma vie ? Par Merlin, je préférerais être transformé en pâté à chat. Il passerait son temps à ressasser mes moindres erreurs et à me critiquer. Salem, tu as encore renversé la poudre de mandragore ! Salem, tu as mal fait chauffer le chaudron, la potion a mal décanté ! Gnagnagna. Et puis, tes petites piques me manqueraient, mon chaton. Tout cela sentait bon la mauvaise foi et l'enfantillage, mais il s'en fichait. Leroy était gentil, c'était son patron et il le respectait pour son intelligence. Mais il n'aurait guère supporté de vivre avec lui. Et puis, il n'était pas spécialement son genre physiquement. Il n'est pas aussi amusant à asticoter ajouta t-il d'un air plein de malice.

Mais la lueur laissa place à un étonnement, le chat étant saisi par les paroles qui venaient de sortir de la bouche simiesque de son maître. Salem toussota pour retenir un léger rire. Je voiiiis fit-il, amusé, mais c'était dit d'une voix chaude et plus douce que ce qu'il voulait. Que Isaiah admette ce genre de choses était un véritable miracle. Devait-il le récompenser ? Une croquette pour Nemo le caniche, du thon pour les chats, mais qu'offrait-on aux grands singes ? Je me méfie déjà, tu sais ? C'était à la fois vrai et faux. Il se méfiait de bien des choses, mais pas vraiment d'Isaiah. Parce qu'il comptait sur lui pour bien des choses qu'il ne pouvait plus faire - et qu'il n'admettait pas de ne plus savoir faire. Sa fierté n'avait jamais pris plus grand coup que depuis qu'il était recouvert de cette douce fourrure noire.

▬ J'aurais bien deux trois choses à demander de plus, moi grogna le chat d'un air boudeur, comme deux mains, deux pieds et un visage un brin moins poilu. Mais je ne dirais pas non à une bière tenta t-il en faisant les yeux doux à Isaiah, de ces yeux aux pupilles rondes, comme les chatons ou les chats des dessins animés. Le regard dit de Bambi, auquel même Leroy avait du mal à résister, tout indifférent qu'il fût. Je n'ai jamais pensé comme ça, moi. Il me faut des aventures folles, pour me sentir vivre. Je veux que mon coeur batte à tout rompre, alors que je dois courir, pour sauver ma vie ou pour fuir un ennemi. Comme dans les livres, ou les films ! Sinon la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. C'est pour ça que je voulais devenir célèbre et riche, quand j'étais humain et que j'ai ... Il s'interrompit, réalisant qu'il en dévoilait peut-être un peu trop et qu'il atteignait quelques lisières jusque là invisibles. D'un certain côté, je suis devenu célèbre. Un chat qui parle ! Héhéhé fit-il avec une bonne humeur dont on ne savait si elle était feinte ou non.

Son rire s'arrêta dans une nouvelle moue boudeuse, toutes moustaches en avant. C'est injuste ! Moi aussi je veux ma baguette ! Je veux pouvoir réutiliser ma magiiiie se mit-il à geindre en roulant sur le dos et sur le ventre alternativement, comme ces enfants qui font des crises, avant de se redresser et de donner un coup de griffe rageur à un meuble qui passait par là. Arrête de faire le gros dur ! Et tu sais quoi ? J'aime bien être chez toi. C'est ça que tu voulais entendre ? Hé bien voilà. Si je dois pisser sur les chaussures de quelqu'un, autant que ce soit les tiennes. Quelle drôle de façon de dire merci et de montrer à quelqu'un qu'on l'apprécie. C'était Salem - aucune finesse dans les propos, juste dans la forme, parfois. Il détourna les yeux, tout hérissé ; il avait envie qu'on le cajole pour le calmer, mais il refusait de demander la moindre caresse comme un vulgaire chien qui quémanderait. Il ne s'abaisserait pas à ça.

▬ Je suis sûr que l'auréole te va moins bien que la superbe lumière glauque de ce bar, mon ange. En tout cas, une chose est sûre - l'Amérique a la meilleure musique au monde. N'est-ce pas, compatriote ? fit Salem en montant sur une table puis un meuble, à coup de bonds agiles. Il aimait cette sensation de force dans ses pattes, une sensation qu'il n'avait jamais eu étant humain. La puissance physique n'avait guère été son fort, et avoir un corps musclé et puissant avait été nouveau sous sa forme féline. Tu comptes retourner danser avec tes bébés baveurs, ou tu vas directement chez ton Quentinounet ? Il était de mauvaise humeur. Il avait envie d'un peu de thon et d'un câlin. Mais qui dirait ce genre de choses ? Personne. Il se sentait un peu seul, et surtout faible. Il voulait sa forme humaine, il voulait pouvoir boire une bière et danser si il en avait envie. Il grommela dans son coin et entreprit de faire ses griffes sur le bureau de bois, le regard déterminé, les pupilles fendues.

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Isa était satisfait de son petit effet – celui qui faisait que les gens retenaient leur souffle, se demandant intérieurement de quoi il était réellement capable... Avant de secouer la tête et se dire que non, un homme comme lui devait forcément être en train de plaire. Le coin de ses lèvres dessina l'ombre d'un sourire, qui disparu tout aussi rapidement. Merlin, qu'il était passionnant de regarder l'effet qu'il provoquait chez les gens avec une simple phrase, la bonne intonation ! Cela le fascinait et le fascinerait encore longtemps. Il reposa ses jambes sur la table – existait-il une manière plus confortable de s’asseoir ? Non, répondait Isaiah et croisait les jambes et affichait un large sourire.

« Dis donc, je n'avais pas réaliser que tu m'aimais à ce point ! » railla l'américain. « Je vais finir par m'attendre à quelque chose à la Saint Valentin, si tu dis des choses comme ça. Tu sais que j'ai une très bonne mémoire : crois-moi, je te le ressortirais quand l'occasion se présentera. » Et il n'y manquerai pas.

Il rit devant l'esprit vif et jeune de Salem – si Isaiah a vécu son lot d'aventures folles, il ne le laissait pas savoir et ne s'en vantait pas. Il ferma les yeux devant les yeux attendrissants du félin ; il n'allait pas se laisser prendre si facilement, quand-même. Pour quoi le prenait-il, sérieusement. Sauver sa vie pour fuir un ennemi... Tout cet optimisme et cette passion était trop touchante et un brin comique : cela faisait penser au genre de paroles tout droit sorties de la bouche d'un enfant.

« Que de plans. Crois moi tu changeras d'avis quand tu auras un peu grandi. Et non, tu aurais beau faire les yeux doux, je ne te donnerai pas de bière. Tu es déjà bien assez embêtant quand tu es sobre, je n'ose même pas imaginer si tu étais bourré. Un si petit corps, une bière et tu es par terre, mon pauvre chat. » Sur cette réplique, il se pencha sur sa chaise pour attraper une bière qu'il décapsula, narguant sans pitié le chat. « Pas de coup de griffes sur mes meubles, merci. » grinça-t-il devant le cinéma de Salem.Il pouvait râler comme il voulait, du moment qu'il ne touchait pas à ses meubles.

A chacun son tour d'avouer à demi-mot des choses, il fallait croire ! Isa prit un air satisfait. Il en apprenait tout les jours, décidément, et il n'était pas au bout de ses surprises !

« Tu vois, quand tu veux, tu peux être presque tolérable. Mais tu sais, tu n'es vraiment pas obligé de marquer ton territoire sur mes chaussures... Ah pardon, c'est vrai, c'est les chiens qui font ça. » Il suffit des yeux le ballet animal du félin, avec une curiosité dissimulée derrière un masque flegmatique et presque ennuyé. « Rien ne peux mieux m'aller que ce que je choisis de porter, voyons, Salem. » Il prit une gorgée de sa bière – une posture presque lascive sur sa chaise, presque indécente par son naturel. « Au moins un point où nous pouvons être d'accord. » Il attrapa le chat pour le déposer sur ses jambes et l'empêcher de se défouler sur le mobilier, lui offrant quelques carresses. « Que tu es grognon. Je devrais peut-être rester avec toi ce soir finalement, pour éviter que tu mettes à sac mon appartement parce que tu n'es pas bien luné. »

Il n'avait pas vraiment de plan défini pour ce soir ; mais pour sauver son appartement d'un massacre, il aurait bien pu passer une soirée en compagnie du félin sans que cela ne le contraigne trop.
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Salem eut un petit regard agacé devant les remarques de l'américain. C'est qu'il allait finir par y croire, le bougre. Le chat fit un bruit qui ressemblait à un pfeuh de dédain et préféra regarder ailleurs. Tu as une bonne mémoire pour ce qui t'arranges, oui. C'est que cette espèce de papy-là était spéciale. Il savait quand et comment ressortir les phrases que sa mémoire avait engrangé, et parfois de façon à signifier autre chose que l'origine. C'était un filou, un rusé. Un vieux renard, en somme. Du genre aux dents longues, et au cerveau encore en état de marche.

▬ Vieilli tu veux dire marmonna t-il, parce qu'il devinait sans peine qu'ils faisaient la même taille, à un ou deux centimètres près, et puis il adorait taquiner Isaiah sur son vieil âge. Ils devaient avoir un peu plus d'une dizaine d'années de différence, et cela en faisait un vieillard aux yeux de Salem - qui était sûrement un bébé au regard de Isaiah. Tout était dans le bon ordre des choses pour ces deux sarcastiques. Disons qu'avec un corps de chat, si je commence à boire de l'alcool, ce n'est pas par terre que je finirais, mais au cimetière. Le foie des animaux a du mal à assimiler les ... bon peu importe. Quand bien même j'ai envie de quelque chose, je sais me retenir, moi. Il préférait ne pas partir dans des explications scientifiques, même si il adorait ça. Et puis, les petites piques à la fin de ses phrases, c'était comme le sel et le citron d'une tequila - ça donnait la saveur.

Salem s'amusa à sortir une griffe et à l'avancer jusqu'au meuble sans le toucher, très lentement, à la manière de ces sales gosses qui pointent un doigt vers un objet précieux, avec la musique angoissante en fond. Si il avait été humain, un sourire goguenard aurait illuminé son visage. Mais il arrêta, par charité ou parce que ça ne l'amusait plus. Il préférait quand c'était vivant et que ça couinait, de préférence.

▬ Les lions et les grands félins le font aussi rétorqua t-il d'un air princier, comme si il avait d'autres relations plus proches que celles d'un lointain arrière-arrière-cousin. Les animaux frottent leurs hormones pour désigner ce qui est à qui. Sache qu'aux yeux des autres animaux, tu m'appartiens gloussa t-il. Après avoir frotté son visage un peu partout, aux narines animales, Isaiah sentait un peu comme " propriété de Salem, ne pas toucher " ce qui faisait beaucoup rire le chat. Il ne prêta nullement attention aux manières séduisantes de l'espèce de serpent qu'il côtoyait. Il préféra d'ailleurs laisser quelques secondes le pilotage automatique, parce que c'était plus facile de laisser les instincts du chat se réveiller, quand il voyait Isaiah avec de pareilles poses. Au moins, son esprit humain ne faisait pas briller ses yeux de curiosité et de gourmandise. C'était juste l'air hautain du félin, juste le temps de quelques battements de coeur, pour qu'il reprenne le contrôle. C'était quand même bien utile, parfois.

Surpris, il ne tarda pas à soupirer comme si tout cela l'ennuyait, et à se rouler en boule. Malgré lui, il ronronna, plaqué contre la chaleur du ventre et des bras de l'homme. Son visage posé sur ses pattes, il leva son regard vers lui. Merlin qu'il semblait grand, vu de là où il se tenait. Je ne suis pas grognon, d'abord maugréa t-il d'un ton qui disait le contraire. Je suis juste fatigué d'avoir couru partout pour Leroy. Mais si tu tiens tant à rester avec moi, tu peux l'avouer, je ne t'en tiendrais pas rigueur ronronna t-il en secouant la tête et en la frottant contre la main caressante de Isaiah. Au point où ils en étaient, ils savaient parfaitement qu'ils finiraient dans le salon, à échanger des théories bizarres sur tout et n'importe quoi, Isaiah avec une bière, Salem avec une coupe de lait. Pile poil ce qu'il fallait au chat pour être de bonne humeur. Mais d'abord, gratte moi les oreilles. J'adore ça. Ce pouvait être pris comme n ordre - ou une demande, cela dépendant de qui l'entendait. Il bougea d'ailleurs les deux triangles tout doux qui lui servaient de conduits auditifs et lança un petit regard pour amadouer Isaiah.

▬ Si tu tiens à ramener la brune, j'vais être sympa et te laisser te dépenser. Et tes chaussures seront intactes. Il avait fermé les yeux, sa gorge formant un concert de ronronnements. L'instinct du chat avait prit le dessus, et il devait avouer que c'était bien agréable de s'installer tranquillement sur un humain doux et chaud. Tu peux courir par contre pour que j'aille acheter les croissants. Je garde ça pour la saint-valentin. Sa queue fouetta l'air une fois, comme un clin d'oeil, une virgule noir dans les airs. Un signe d'amusement, alors qu'il avait les yeux fermés.

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Heaven help me, I didn't see
The devil in your eyes
Vieilli. Il eut une petite grimace et une exclamation moqueuse, comme à chaque fois que Salem s'acharnait à tout entendre qu'il était vieux. Sarcastique et enfantin comme le chat était, ça n'étonnait plus Isaiah, mais il se contentait d'illustrer ses remarques – pour continuer le jeu, ignorer simplement aurait mis fin à la routine qu'ils avaient pris le temps d'installer.

« Eh bien je sais quoi faire si je veux me débarrasser de toi. Je n'aurais qu'à dire que tu as succombé à tes envies, et c'est comme ça que ta vie a, tragiquement, pris fin. » commenta-t-il d'un ton dramatique. Il fixa du regard l'animal qui menaçait de faire ses griffes sur le meuble, pinçant les lèvres et fronçant les sourcils. Et il le narguait, le bougre, l'animal ! Il remercia Merlin d'avoir fait en sorte que Salem se lasse aussi vite d'un enfant : pour la santé de ses meubles, c'était bien mieux.

Isaiah haussa les sourcils, diverti par les paroles du chat noir. Ben tiens. Je lui appartiens. Il ne put s'empêcher d'avoir ce sourire qui fendait son visage – ainsi donc Salem était aussi possessif que lui pouvait l'être ! A la différence, fort heureusement, qu'Isa ne se frottait pas à Salem pour marquer sa propriété – par la barbe de Dumbledore, encore heureux. Il se contenta de caresser l'animal.

« Tu dois rendre jaloux le reste des animaux. Ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir quelqu'un comme moi. Mais tu es sûr que je t'appartiens ? Je pourrais très bien m'enfuir. » gloussa-t-il. « Tu aurais dû mal à mettre des affiches pour me retrouver. »

Pas grognon ! Isa posa son regard sur l'animal – bien sûr, comme s'il pouvait croire une chose pareille. Il leva un sourcil inquisiteur attendant la suite. Rien que son ton lui faisait clairement comprendre que Salem était actuellement le chat le plus grognon d'Angleterre. Il lui accorda de nouvelles caresses ; un très bon moyen de faire changer son humeur assez rapidement.

« Je ne fais pas ça pour toi, je fais ça pour sauver mon appartement. Et seulement pour mon appartement. » Il appréciait les ronronnements de Salem qui avaient cet effet « rassurant » ; un bruit qu'on associe à quelque chose de familier, une valeur sûre. Il poussa un soupir. « Au dernière nouvelle, je ne suis pas ton grattoir personnel. Et on dit « s'il te plaît », quand on est poli, malotru. On ne t'as pas appris ça, dis moi ? » L’hôpital, la charité. Il grinça des dents devant ce manque de politesse qui l’irritait, sauf quand c'était lui-même qui en manquait. Faites ce que je dis, pas ce que je fais, surtout. Mais quand bien même, il leva les yeux au ciel, et après un duel intérieur de quelques secondes, Isaiah finit par obtempérer. Cet animal finissait par être pourri gâté, et l'américain était décidément bien coupable de ça.

Le silence s'installa – Isa appréciant le concerto de ronrons que lui offrait Salem. Pour une fois qu'il ne parlait pas, il fallait apprécier des moments aussi rares que précieux. Se dépenser ; pff, comme s'il avait « besoin » de ça. Il n'était pas encore esclave de ses envies et pulsions comme une vulgaire bête, Isa était encore un homme avec un peu de décence – aussi surprenant que cela puisse paraître. Il finit par rompre le silence.

« Vivement le mois de février, alors, hm ? » Il se releva, déposant Salem alors qu'il balançait ses jambes hors de la table. Il attrapa ses clés qu'il fourra au fond de sa poche avant de se retourner vers le chat noir. « Je vais plutôt rentrer à la maison. Tant pis pour la brune – il y en aura d'autres. » ajouta l'américain, avec une facilité déconcertante. « J'espère que mes chaussures seront intactes malgré ça. »
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Le chat avait une grande satisfaction a voir Isaiah tenter de paraître indifférent. Dans le fond, ils n'étaient pourtant pas si divergents l'un de l'autre. Face à des critiques du genre qu'il balançait à l'américain, il aurait réagi pareil. Avec plus de panache, sûrement. Après tout, il n'était pas n'importe qui. Me tuer avec de l'alcool. Quelle douce mort. Je prendrai bien garde à vomir tripes et boyaux au moment fatal sur tes jolies chaussures de ville. Leurs petites mesquineries entretenaient cette atmosphère de tension que le chat appréciait par-dessus tout. D'un regard extérieur, on aurait pu croire qu'ils se détestaient, à souhaiter la mort l'un de l'autre. Or, pour Salem, c'était au contraire une preuve de grande amitié. On ne souhaite la mort que de ceux qu'on apprécie, non ? Les autres, on les ignore. Et puis, ce n'était pas pour ça qu'il allait passer à l'acte. Même si l'idée de tenir Isa sous sa coupe, entre ses pattes, avait de quoi affoler l'imaginaire du sorcier. Jaloux ? Pas vraiment, non gloussa t-il, avec un regard en coin plutôt taquin. Je penserai à t'acheter un nouveau collier. Avec une jolie clochette. Ca t'ira à ravir. Il partit d'un rire comme un feulement, avant de réaliser que ça avait pu donner de mauvaises idées à l'humain. Et si Isa décidait de lui en mettre un à lui, de collier ? Par tous les dieux à moustache ! Si tu t'enfui, je prendrais un humain plus docile. Et je penserai à fermer la fenêtre et à le castrer. Comment ça, la conversation commençait à dériver ? Pas du tout. Elle avait bifurqué il y avait trop longtemps pour rattraper le coup.

▬ Ton appartement, oui gloussa de nouveau le chat. Mais il fallait reconnaître que, dans le fond, ledit appartement n'était pas mal. Son propriétaire non plus. Il pouvait l'embêter à loisir, mais avait à manger, un toit, et des caresses pas dégeu du tout. Sa gorge formait un vibrato de ronronnements, et il lui était impossible de cacher que l'américain et ses caresses étaient agréables. Fichu caractère de chat. Ce que tu peux être barbant. La politesse t'intéresse quand elle t'arrange hein ? Il eut un petit regard de chat, joueur et malicieux, puis grogna tout bas un s'il te plaît, merci qui aurait pu aussi bien être un éternuement ou une toux. Il ferma les yeux et soupira de bien-être. Il était certain de ne pas pouvoir trouver quelqu'un qu'il puisse taquiner aussi proprement. Donc il faisait avec Isaiah. Et puis, il était à lui. C'était simple.

Salem sauta des bras de Isaiah trois secondes avant qu'il ne le dépose, comme si c'était un principe personnel de se bouger le cucul poilu plutôt que d'être déposé. Le regard vert et or se leva vers l'humain et si un chat pouvait sourire, c'était exactement le visage qu'aurait arboré Salem. Blablablaaa. On se retrouve à l'appart, alors ! Il bondit sur une fenêtre, puis après avoir prit un air princier et hautain, fila par une gouttière. Il allait retrouver Isa et ... non, il ne pisserait pas sur ses chaussures. Après tout, il avait été gentil ce soir, pour un humain. Et puis, il n'avait pas ramené la brune. Un bon point pour lui, non ? Il aurait même le droit à un câlin supplémentaire. Mais c'était vraiment parce que c'était lui.

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