Everything is blue

His pills, his hands, his jeans and now I'm covered in the colors

Ce n'est pas grave, s'il ne la croit pas – Inga se plait à croire qu'elle a fait une bonne action, quelque chose de bien, pour une fois. Être heureux, un concept étrange qui échappe à Inga. Ou plutôt, le bonheur, Inga l'observe de l'extérieur, les yeux brillants – si elle tends les doigts, elle peut en sentir la chaleur, la douceur, mais elle recule avant de se brûler. Le bonheur, on vous l'enlève si brusquement et l'on se retrouve sans rien : alors Inga préfère ne pas courir après, ne pas prendre le risque de goûter à quelque chose pour vivre le manque après. Elle esquisse un sourire.

« D'accord. » Comme s'il suffisait de ça pour un accès au bonheur – un petit d'accord, une simple volonté de deux jeunes adultes défoncés au fond d'une ruelle. Ce n'est peut-être pas si simple, non, mais l'ombre d'un instant, c'est suffisant pour Lucy. Un peu moins pour Inga. « Si je pars... On se reverra ? » fait-elle d'un coup, inquiète. C'est pas l'envie qui lui manque, de rester là, mais le Deus requiert parfois sa présence. Et si elle ne revoyait jamais Max – envolé comme un rêve inaccessible, qu'elle l'oubliait ? Non, elle a ses lettres, cette photo, elle ne l'oubliera pas. Mais est-ce qu'elle le reverra, c'est une autre question. « Moi je veux qu'on se revoie. »

electric bird.

someone is there at the turnstile

The girl with kaleidoscope eyes

L'idée lui plaît. Être heureux avec Lucy, ça semble facile. Ils n'ont qu'à rester là, tous les deux, ne jamais s'abandonner. La perspective de ne plus se retrouver seul réchauffe son cœur d'une façon inattendu. Elle n'est pourtant pas grand-chose à ses yeux – ses amis qu'il a abandonnés avec sa trahison comptent plus, il les connaît depuis ce qui semble être une éternité – mais pourtant c'est suffisant. Lucy est ce soutien dont il a avait besoin, plus spirituel que physique.

Et durant un instant, il se demande si elle existe vraiment.

— Je t'attendrais ici, à cet endroit précis, dit-il d'un ton fatigué. Il sourit tristement, ils se reverront mais lui ne bougera pas de cette place de misère qu'il occupe depuis des mois. Tout paraît simple comme ça, mais au moins il ne sera plus seul. Je partirais pas sans toi. Il est sincère, il n'imagine pas lui mentir en disant ces mots. Et pourtant, il ne le sait pas encore mais le lendemain, quand Victory viendra le chercher, il la suivra sans repenser un seul instant à cette fille, à cette Lucy qui a réchauffé son cœur cette nuit-là. On doit forcément se revoir.

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His pills, his hands, his jeans and now I'm covered in the colors

Un sourire sur son visage – quelque secondes seulement. L'idée que quelqu'un puisse l'attendre, quelque part, ça lui fait chaud au cœur, même pour l'ombre d'un instant. Peut-être qu'il dit ça pour lui faire plaisir, ou parce que de toute façon, il n'a que ça à faire, être là, peut-être qu'il n'a pas vraiment envie d'attendre qu'Inga revienne... Mais au final – qu'importe. Inga se lève, chasse la poussière de ses vêtements d'un vague geste.

«  C'est gentil. Je reviendrais bientôt. » Elle ajouterai bien qu'elle promets, mais elle ne sait même si ses pas ne la mèneront pas loin d'ici sans qu'elle ne s'en rende compte. «  Bien sûr. » C'est évident – la russe n'a pas de visions pour confirmer ça, mais elle y croit. Pour des tas de raisons ; ils se sont croisés là par hasard, deux sorciers paumés au milieu de moldus, il n'y avait pas de raisons qu'ils ne se revoient pas. «  Je suis contente que tu existes. » dit-elle simplement, comme si c'était quelque chose de tout à fait naturel à dire à quelqu'un. Elle dépose un baiser sur le front de Max – avant de tourner les talons et de s'éloigner rapidement.

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The girl with kaleidoscope eyes

Il la regarde partir, heureux. Jessie est persuadé d'avoir rencontré une personne magnifique, merveilleuse. Je suis contente que tu existes, se répète-t-il, cette phrase qu'elle a dit et qu'il affectionne particulièrement. Personne ne lui a dit, pour ses meilleurs amis il n'existe plus. Alors il a l'impression de revivre. Sous le nom de Max, quelqu'un l'aime. Ça peut paraître minuscule, futile, mais il n'est pas prêt d'oublier cette blonde un peu perdue – c'est ce qu'il croit, ce qu'il se dit pour se rassurer.

— Merci Lucy, dit-il simplement à sa nouvelle amie. À la prochaine. Parce qu'il y en aura une, il l'espère de tout son cœur. Et alors qu'elle part, Jessie ressort de sa poche la poche en plastique pleine de cachets et papiers en tous genres. Le buvard échoue une deuxième fois sur sa langue, il s'allonge en allumant une cigarette. Ses yeux se perdent au plafond, il commence à chantonner une vieille chanson des Beatles, toujours la même. Lucy in the sky with diamonds.

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