Shine bright like a diamond,

We’re beautiful like diamonds in the sky.

Dans son look habituel de joyeux dandy anglais -une chemise, un jean replié vers le bas, des chaussures bateau et un gilet en laine, il descendait les marches du château comme s'il avait toujours vécu ici -ce qui était un peu le cas cela dit. Même si cela faisait un an qu'il n'avait pas mis les pieds ici, il se souvenait parfaitement de chaque couloir et chaque tableau de ce lieu, autrement Dean -Professeur Thomas se sentait comme un poisson dans l'eau et savait qu'il avait toujours été fait pour faire ce travail. La plupart des élèves étaient heureux de l'avoir pendant les heures de classes comme stagiaire et il retrouvait au passage quelque camarades de classe bien sympathiques. « Hey les gars ! Je vous conseil de partir dans votre dortoir si vous ne voulez pas avoir de problèmes. » Un clin d'oeil en direction de deux jumeaux de poufsouffle avant de continuer sa marche dans les couloirs. Être professeur sous-entendait beaucoup d'avantages comme celui de pouvoir sortir comme bon vous semblez du château et surtout de ne pas avoir à respecter des horaires précises, même si aucun élève de l'établissement ne les respectait.

L'anglais arriva très rapidement dehors et il était plutôt content d'avoir prit son gilet, l'été semblait définitivement lointain en ce jour. Il poussa le grillage du portail et s'arrêta cinq minutes pour prendre le temps de regarder son téléphone. Sybella partait de chez elle, parfaitement dans les temps. Sortir prendre un verre avec la blonde un jour après avoir cassé avec sa copine n'était sûrement pas sa meilleure idée du siècle, surtout en omettant de lui dire. Seulement, ils avaient réussi à trouver un terrain d'entente et il ne voulait pas qu'elle pense qu'il n'arrêtait pas de penser à elle -ce qui était parfaitement vrai et ce qui le gênait un peu. Redevenir ami avec elle, lui avait rappelé les raisons pour lesquelles il l'avait apprécié autrefois. L'anglais avait parfaitement conscience de ne pas vraiment faire les choses honnêtement, mais il se disait que ça ne pouvait pas faire de mal de voir une amie s'il en avait envie.

Après quelques minutes, il transplana dans une ruelle de la capitale écossaise pour rejoindre le bar qu'ils fréquentaient régulièrement avec la bande pour éviter de détruire l'appartement tous les week-end, surtout que la majorité des habitants étaient aux abonnés absents pour la séance nettoyage. Sans surprise, la blonde si trouvait déjà et il s'approcha discrètement sans qu'elle le remarque. « Dix points pour serpentard ! » Il rigola légèrement avant de lui sourire. « Alors, tu vas bien Syboulette ? » Un vieux surnom dont elle ne se débarrassera absolument jamais. « On rentre ? » La blonde était comme toujours parfaitement bien vêtue, mais pour ne pas paraître complètement déplacé il se passa de ce compliment -pour le moment. Ils entrèrent dans le bar et s'installèrent à une table. « Tu veux boire quoi ? »

electric bird.

I'm a flame,

You're a fire.

Moins tu te poseras de questions, mieux ce sera. Sybella en arrivait à chaque fois à la même conclusion tandis qu’elle marchait dans les rues du centre-ville d’Edimbourg afin de rejoindre Dean. L’idée lui paraissait toujours aussi bizarre, et ce même s’ils étaient maintenant devenus officiellement depuis plusieurs mois des amis, des vrais – pas ceux qui couchent ensemble régulièrement mais prétendent ne pas être en couple, non, de véritables amis platoniquement amis. Et puis il lui avait envoyé cette lettre, au demeurant totalement amicale, afin de prendre des nouvelles et de se voir un jour pour papoter. Se voir, oui, mais comment ça, au juste ? En tête à tête ou en groupe, coincée entre Seamus et Justin en guise de bras de fauteuil ? Syb’ avait suivi son instinct de fille et joué les gourdes pour être certaine de ne pas mal interpréter la chose : et puis Dean avait fait mine de l’inviter aujourd’hui parce que les gars ne pouvaient pas, pour reprendre ses exacts termes.

Bizarre, bizarre, bizarre, trois fois bizarre. Bien sûr elle comprenait qu’on puisse donner rendez-vous à une amie pour aller boire un verre en ville. Ca se faisait. Mais quand c’était avec son ex, les choses prenaient toujours une dimension légèrement plus ambiguë. Sybella savait néanmoins à quoi se tenir et avait donc choisi de jouer la carte de la sagesse : de toute façon, elle avait fait une croix sur lui et maintenant qu’elle se savait plus ou moins en paix avec lui, elle était passée à autre chose – même si on ne pouvait pas parler clairement de stabilité relationnelle pour la journaliste. C’était donc avec son habituel look faussement négligé mais parfaitement calculé qu’elle avait quitté la colocation sans rien dire retrouver son ami Dean.

Cette appellation la faisait toujours autant rire – si on lui avait dit à son double du passé qu’elle allait copiner avec Thomas, jamais elle ne l’aurait cru – mais elle s'y était plutôt bien faite ; et ce fut avec un sourire qu’elle arriva au bar la première. Ponctuelle, comme toujours. Elle décida d’attendre devant le bar, oubliant derechef l’idée de fumer une cigarette en attendant. L’irlandaise fit passer le temps en chassant toutes les curiosités qui fourmillaient d’impatience dans son esprit.

Dean la surprit alors, faisant son entrée à pas de loups et la blonde faillit protester mais se contenta d’une moue semi-amusée. « Très drôle ! » La jeune fille soupira : au fond, elle était contente de ne pas avoir à se retrouver encerclée par la garçonnière que représentait quasiment la colocation depuis que Galaad était arrivé. Discuter en privé avec Dean lui rappelait qu’il était le plus sage de tous et sans aucun doute le plus posé, ce qui lui convenait tout aussi bien sinon mieux.

« Ca va. Et toi ? Qu’est-ce que ça fait de vivre dans l’intimité de Flitwick et McGonagall ? » Elle gloussa et le suivit tandis qu’ils rentraient dans le bar pour s’installer à une table. « Je vais prendre un mojito. » La jeune fille reporta presque aussitôt son attention sur le nouveau jeune professeur. « Ne me dis pas que tu n’as pas au moins un potin à me raconter sur ce qui se passe en salle des profs. »

electric bird.

Shine bright like a diamond,

We’re beautiful like diamonds in the sky.

Bien que Dean semblait comme toujours parfaitement serein, une infime partie de lui ne pouvait s'empêcher de se dire que ce n'était pas très honnête comme façon de faire. Quitter sa copine, mentir à ses amis et surtout inviter Sybella à boire un verre après leur pacte n'était pas vraiment le comportement du parfait gentleman. Son code d'honneur en prenait très certainement un coup, mais la voix de son amie le fit rapidement changé d'avis -et dans le pire des cas, il pourra toujours dire que tout cela était parfaitement amicale. La clientèle du bar ne changeait pas vraiment, avec une majorité d'étudiants et de la musique moldue à la mode que Dean n'écoutait que pour courir le matin. La boutade de l'irlandaise le fit rire, tandis qu'il se leva pour aller commander. « Un rêve, vraiment. Ça sera bientôt ma meilleure amie. Prochainement je l'invite en soirée à l'appartement. » Puis sans vraiment attendre de réaction il se dirigea vers le comptoir pour commander un mojito et un autre à la framboise -son fruit préféré de loin.

Au bout de quelques minutes, il revint vers la table, les deux verres en main et se posa à côté de la blonde, face au reste de la salle. (Hs : Pas de maman et de fils qui dansent.) « Un mojito pour la jolie blonde. » De la part de Dean ça ne ressemblait aucunement à une phrase d'accroche de vieux relou de soirée, il avait toujours donné des surnoms aux gens et n'était pas prêt de s'arrêter. Il soupira légèrement en entendant la demande de la blonde. « Même pas, je pense qu'ils ne me font pas encore confiance, pour eux je suis encore un élève, mais bientôt. T'en fais pas, tu seras la première au courant. » Une musique qu'il aimait bien passa et ses doigts tapotèrent la table en rythme, tandis qu'avec son autre main il apporta la paille à sa bouche. « Et toi ? La reprise du boulot ? Ça se passe bien ? J'ai vu que Hippo était dans la gazette. Surprenant quand on le connaît un peu, mais au moins tu peux toujours t'en servir s'il n'est pas gentil avec toi. » Bien sûr, Dean rigolait, il trouverait ce genre de comportement déplacé et surtout blessant surtout qu'il le blond ne semblait pas du genre à faire les tabloïds et devait très certainement mal le vivre. « Au fait, tes cheveux sont superbes aujourd'hui. » L'honnêteté de Dean n'aidait en rien à rendre la situation purement amicale, si bien que lui-même réalisa qu'il s'y prenait très certainement terriblement mal. Il tourna la tête en direction de la salle, histoire de faire comme si tout était parfaitement normal et surtout qu'il était parfaitement serein.

electric bird.

I'm a flame,

You're a fire.

La blondinette gloussa tandis que son esprit s’amusait à lui représenter McGonagall en peignoir écossais perdue au beau milieu d’une soirée typique à la colocation. Un vrai désastre, parfaitement hilarant. « J’imagine déjà Seamus et Galaad jouer à « Je n’ai jamais » avec elle ! » Sybella ne put retenir son perfide subconscient de lui rappeler que la dernière partie de ce jeu auquel elle avait participé lui avait coûté plutôt cher – et leur avait apporté suffisamment d’ennuis pour éviter de s’y reprendre à deux fois. Priant pour que Dean ne relève même pas l’évocation involontaire de ce souvenir, la jeune fille se contenta de faire comme si de rien n’était et observa autour d’elle les autres clients.

Elle aurait pu se formaliser du compliment glissé à la va-vite par l’ex-Gryffondor mais la journaliste le connaissait suffisamment mieux que quiconque pour savoir qu’il avait toujours été d’un naturel flatteur. Ca n’avait pas réellement à voir avec ce qu’il aurait pu penser ou non, en fait ça avait toujours fait partie de ses manières, elle l’avait remarqué au premier moment où ils s’étaient parlés – plutôt, au premier moment où elle lui avait balancé une vacherie aigre-douce pour voir comment il réagirait. Il avait été et était toujours ce gentil garçon trop poli et trop honnête, ça ne changerait pas. L’irlandaise prit le coktail, remerciant son ami avec un sourire avant de l’inviter à trinquer avec elle, les yeux dans les yeux. « Merci. Santé ! » Une seconde plus tard, la saveur du rhum enflammait légèrement sa gorge et les bulles achevaient de la détendre.

Bien évidemment Dean manquait trop d’expérience et de vice pour avoir déjà de quoi la satisfaire en matière de potins. Ca ne pouvait pas la surprendre, elle restait sans doute la meilleure en ce domaine qui parfois lui rappelait ses jours heureux et glorieux de petite peste en chef– mais comme venait de lui certifier le jeune anglais, il la plaçait en tête de liste des personnes à renseigner. Et il valait mieux pour lui ! « En effet, tu as tout intérêt à ne rien me cacher, Dean Thomas. » Faux sous-entendu suspicieux et sourire malicieux de circonstance, Sybella jaugea son adversaire quelques secondes avant de reprendre son sérieux.

Le boulot … Vaste sujet. Si la dernière fois qu’il le lui avait demandé, la blonde avait été presque au bord du gouffre, les choses étaient à présent radicalement différentes. « Ca va toujours mieux qu’à Sorcière-Hebdo, ce qui est pas difficile à imaginer. Les gens sont … sympas, et le boulot y est intéressant. » Difficile de concevoir quelqu’un comme elle avouer qu’elle trouvait ses collègues agréables, et pourtant elle le faisait. Il y avait de quoi faire en même temps, surtout avec Icarus, rajouta une petite voix narquoise qu’elle s’empressa de faire taire. Aborder la nouvelle célébrité de son supérieur la fit éclater de rire et la relança sur le sujet. « Haha oui, t’as vu ça ! C’est incroyable, surtout quand on sait comme il peut se la jouer strict et très propre sur lui alors qu’en fait il sort avec un Bolgarov … » Toute la rédaction avait jasé, elle y compris, et Automne et Kendra n’avaient pas manqué de lui en parler à la pause café – en l’absence du concerné, bien sûr. La blondinette sirota un peu de mojito avant de jeter un coup d’œil à Dean. « J’espère que tu ne viens pas de tester mon sens de la déontologie en me parlant de mon boss, mh ? » Il en aurait été clairement incapable, mais Syb’ aimait à se rappeler qu’elle pouvait lui faire confiance.

Cette soirée ne pouvait que bien se passer. Comment avait-elle pu craindre quoi que ce soit ? C’était à se demander d’où lui étaient venues ces suspicions idiotes. Dean était là, il semblait parfaitement heureux et normal – et les choses n’avaient jamais été aussi simples entre eux. Que pouvait-elle demander de mieux ?

Un compliment inattendu, sans doute. Cela pouvait paraître absurde, mais dans l’univers de la jeune fille, ce genre de paroles n’était jamais prononcées au hasard. Jamais, et même si c’était Dean Thomas. Elle porta sa main à ses cheveux, réflexe complètement idiot qui lui donna l’impression de jouer les midinettes – mais relax, Sybella, c’est seulement qu’il est content de te voir. Pas de malaise, il fallait seulement rester dégagée, cool, naturelle. « … Ah oui ? Pourtant j’ai rien fait de spécial. Enfin, merci. » Eviter le silence bizarre qui allait suivre devint soudain primordial et la blonde suivit, sans se départir de son air angélique habituel. « J’aurais aimé dire en autant des tiens mais bon, tu sais, Seamus m’apprend à être honnête en ce moment. » Elle esquissa un sourire, persuadée que l’allusion à l’irlandais allait faire revenir cet instant d’égarement dans la normale. « La coloc’ te manque pas trop, j’imagine ? » Et Sofia ? Sybella avait hésité mais préférait ne pas encore en parler maintenant. Aussi platoniquement amis pouvaient-ils être, la jeune femme n’était toujours pas à l’aise sur le sujet Skogar.

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Shine bright like a diamond,

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L'anglais trinqua avec la blonde avant d'apporter son verre à ses lèvres pour boire un peu de ce breuvage nocturne. La soirée s'annonçait manifestement plutôt bonne et Dean comptait bien profiter de ce petit tête-à-tête entre amis. Il ne savait pas vraiment comment il devait réellement nommer sa relation avec Sybella, étaient-ils des amis, des exs, des colocataires ou encore deux individus flirtant ensemble. Théoriquement, ils étaient de manière officielle deux amis, assez adultes pour tirer un trait sur leurs erreurs et d'aller de l'avant. Seulement, Dean savait très bien qu'il avait quitté sa copine parce qu'il était incapable de supporter l'idée de sortir avec quelqu'un en ayant encore des sentiments pour une autre. C'était peut-être sa trop grande honnêteté et gentillesse qui l'empêchait de faire de choses pareilles, mais il était finalement assez fier d'être ainsi, même si cela ne le mettait pas toujours dans des positions très confortables.

« Non, Miss Potins, tu seras au courant ! » Bien sûr, c'était sûrement son plus gros mensonge de la soirée, parce qu'il lui cachait justement tout. Sa séparation avec Sofia, qu'il avait déjà annoncé à Justin et Seamus. Il se sentait un petit peu mal de lui mentir à elle, surtout après lui avoir fait promettre de rester de simples amis, mais Dean était un éternel optimiste et aimait dédramatiser la situation en se disant qu'il pourra toujours lui dire plus tard. « Tant mieux si tu t'entends bien avec tes collègues, je me doutais que ça serait mieux que le sorcière hebdo pour toi. » Il fallait avouer que les deux filles du sorcière hebdo semblaient un poil trop boderline pour s'entendre avec l'ancienne reine de Poudlard que faisait la blonde.

Le couple qui s'était formé entre le journaliste et le russe avait plus que bouleversé la presse et on ne pouvait plus passer une journée sans en entendre parler, surtout dans les couloirs de Poudlard. Les élèves suivaient la presse à scandale autant qu'ils espéraient que le Professeur Rogue soit malade pour son prochain cours. « C'est clairement surprenant, mais je suis sûre qu'ils sont mignons tous les deux. » Être joyeux pour son prochain était une des fonctions premières de Dean et même s'il faisait partie d'une grosse minorité, il aimait penser que ce genre de couple avait ses chances. La remarque de la blonde le fit sourire. « Non, ce n'est pas mon genre, puis de toute manière j'aurai trop peur des représailles. »

Son compliment avait naturellement plus de sens pour lui que pour elle et c'était sans surprise qu'un léger malaise s'installa entre les deux amis, mais heureusement, la blonde passa largement outre en répliquant sur sa chevelure. « Ahah, très drôle, laisse mes cheveux en dehors de ça. » Ce n'était plus un secret pour personne, Dean Thomas complexait sur ses cheveux et n'aimait pas trop en entendre parler. Raison pour laquelle il était heureux de voir que la blonde changeait de cap. « En vrai, ça manque un peu, c'est pour ça que je tente de rentrer plusieurs fois dans la semaine. Après à Poudlard il y a encore Natali et Jude pour faire des petites parties de foot de temps en temps. » L'anglais s'amusait beaucoup dans son nouveau job, mais il était très heureux de retrouver tous ses colocataires à chacun de ses retours qu'il essayait aussi fréquent que possible.

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L’irlandaise se rappelait de l’état dans lequel elle était alors qu’elle travaillait encore à Sorcière-Hebdo. Elle ne regrettait alors guère sa décision d’être partie ; même si on lui avait fait miroiter que l’herbe ne serait jamais aussi verte ailleurs et qu’elle aurait bien plus de peine à faire sa place dans une telle rédaction, la Gazette l’avait fait progresser plus rapidement que jamais. Et surtout, elle était écoutée. Difficile de le croire, mais après avoir vécu une telle année, Sybella avait eu en quelque sorte un aperçu de ce qu’elle avait pu faire vivre aux autres à Poudlard. « Ouais. Il y avait des filles complètement cinglées là-bas. Je me rends compte maintenant que j’étais pas faite pour ce genre d’univers, contrairement à ce que je pensais au départ. » Elle délesta son mojito de quelques gouttes et esquissa un sourire amusé en entendant son ami s’extasier innocemment de cette amourette qui faisait les choux gras de la presse. Lui voyait, sans surprise, le côté romanesque de la chose, mais dans les coulisses, les gens étaient bien moins tendres et plus profiteurs que cela.

Pauvre Hippolyte Nemours. Il avait du enrager en voyant l’article, évidemment, Sybella ne connaissait pas par cœur son mentor mais elle avait rapidement et suffisamment observé l’individu pour comprendre qu’il ne raffolait pas des projecteurs et de la célébrité. Et puis cette exposition médiatique avec quelqu’un comme un Bolgarov n’était pas ce qui se faisait de mieux en matière de crédibilité journalistique. « Les gens ne voient pas tous ça d’un point de vue seulement ‘mignon’ … Ils sont tous les deux très haut placés, si ça se trouve c’est juste une tentative politique pour mieux manipuler la Gazette. Bon, on arrête de parler boulot, Hippolyte est en train de déteindre sévèrement sur moi là. » Syb’ gloussa en constatant non sans une petite pointe de fierté que son aura était toujours aussi dissuasif – même si on pouvait surtout mettre ça sur la gentillesse exacerbée de Dean, qui n’aurait jamais rien fait de pareil contre elle.

La blondinette esquissa un sourire. Le même son de cloche résonnait pour ce qui était des autres Fantastiques – Seamus semblait d’ailleurs être de plus en plus en relâche. Justin avait la tête dans le travail autant sinon plus qu’elle, et Galaad passait le plus clair de son temps à se projeter dans ses délires d’artiste avec Lynch et Owen. Hannah tentait comme elle pouvait de maintenir le cap de cet équipage un peu ramolli. Dean ne pouvait pas tout à fait le voir au quotidien mais d’une manière ou d’une autre, son départ avait fait baisser les bras de plus d’un. « Je crois pouvoir dire sans trop me tromper que tu manques aussi à la colocation. Les garçons se plaignent beaucoup plus quand tu n’es pas là. » Et elle, elle n’avait pas la patience de l’anglais pour les recadrer gentiment. Dean manquait à leur vie, à la sienne également, mais ce dernier détail restait occulté dans un coin de sa mémoire, bien décidé à ne jamais en sortir sous aucun prétexte. Elle était bien trop fière pour ça.

Alors oui, Dean le professeur pouvait encore compter sur quelques irréductibles élèves à l'école brittanique des sorciers. Mais ses amis n’y étaient plus, et encore moins sa petite amie. « Dommage qu’il n’y ait plus Skogar à Poudlard, mh ? » Le ton était léger, anodin. Il n’y avait plus de raison valable d’éviter le sujet, puisqu’après tout entre amis, on pouvait bien parler de ses relations amoureuses sans aucune crainte ni ambigüité. « T’arrives à la voir assez souvent ? » La blonde sirota son verre, observant son interlocuteur avec attention. Elle avait, au fond, hâte de savoir où les choses en étaient pour lui.

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« Tu as sûrement raison, ce genre de journal n'était pas fait pour toi. » L'anglais n'avait jamais douté du bon fond de la blonde, même à l'époque où ils se chamaillaient au détour d'un couloir de Poudlard. Il avait toujours été du genre à voir le bon côté des gens et cela encore plus chez elle, parce qu'il savait qu'elle n'était pas si forte qu'elle le montrait et qu'elle souffrait intérieurement. Dean se souvenait encore parfaitement de chaque mot de cette lettre qu'elle lui avait envoyé à Noël, il l'avait rangé dans un coin de sa tête pendant presque un an et depuis quelques temps ne faisait qu'y penser. Étrangement, il avait peur d'avoir loupé le coche, d'avoir peut-être tout gâché sans le savoir. Dean semblait légèrement ailleurs et manqua de peu d'oublier de répondre à la blonde. « J'espère pour Hippolyte que ce n'est pas que par intérêt… Oui, tu as raison changeons de sujet. » De toute manière, ce n'était pas sa bataille.

Prendre des nouvelles au sujet des habitants de la colocation lui faisait réellement plaisir et il était presque content d'apprendre qu'il manquait un peu. Au fond, il avait sûrement eu peur que les autres l'oublient peu à peu, mais il fallait croire qu'il pouvait compter sur ses amis pour lui garder un lit de libre à chacun de ses retours. « Ahah, s'ils sont trop chiant tu les réveilles le matin pour courir, il comprendront que tu es redoutable.  » Bien qu'il ne doutait pas un seul instant que la blonde ne devait pas avoir de mal à se faire entendre parmi tous ces garçons. Après tout, son fort caractère était célèbre et d'après son frère cela faisait clairement son charme -enfin sa douceur était aussi bienvenue.

Le changement de sujet de la blonde l'étonna, il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'elle parle de Sophia, surtout que c'était le sujet qu'il aurait préféré éviter pour la soirée. Une certaine gêne se lisait sur son visage, si bien qu'il se doutait ne pas pouvoir lui mentir totalement en jouant le gars parfaitement serein dans sa vie de couple -cela dit, il se voyait mal lui dire qu'il l'avait largué, pas aujourd'hui, pas de cette manière. Il soupira légèrement. « C'est un peu compliqué avec elle, sûrement la distance… Enfin, ce n'est pas très important. » L'anglais s'approcha de la blonde et lui sourit rapidement. « C'est cool de pouvoir boire un verre tous les deux, ça change !  » Dean Thomas, on ne le changera pas.

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You're a fire.

Nul doute que les séances de footing déguisées en menaces avaient toujours eu l’effet escompté avec Dean. Quand il s’agissait de Sybella, les ultimatums étaient davantage portés sur la torture psychologique – vider le ballon d’eau chaude, faire résonner de la musique classique à six heures du matin ou même réorganiser la décoration un peu trop épurée de certaines chambres masculines en faisaient partie. Aussi la blonde ne put-elle que rire en se rappelant de toutes les foisn où le rouge et or les avait épuisés physiquement pour avoir le dessus. Par la même occasion, Sybella et Seamus avaient fini par apprendre par cœur les tracés de running de Pré-au-Lard.

Si ces pensées étaient légères, celles sur lesquelles la journaliste les avaient relancés l’étaient moins. Elle-même se surprenait à évoquer Skogar mais la réponse de son ami ne manqua d’encore plus la désarçonner. Compliqué n’était pas le mot auquel elle s’était attendue de la bouche de Dean Thomas. Surtout quand il s’agissait de son ex-Serdaigle de petite amie. « Oh. Mince. » Bien sûr elle aurait pu se lancer dans un fervent discours de soutien, lui dire que ce n’était qu’une passade, ou au contraire brimer la jeune fille concernée pendant un quart d’heure et lui faire la liste de toutes les solutions de réconfort possibles. Mais pour le coup, Sybella semblait tant à court de réactions plausibles qu’elle s’était contentée de cette pauvre phrase qui manquait franchement de crédibilité – et en même temps, elle ne pouvait pas se retenir de songer qu’il était évident que cette histoire ne tiendrait pas la route à terme. Tout ça était bien trop … ennuyeux, à son goût.

Dean paraissait plus gêné que d’habitude et l’irlandaise le laissa faire comme si de rien n’était, et parler d’autre chose. En réalité elle n’était pas dupe, loin de là, elle avait bien saisi que quelque chose clochait – et d’autant plus pour qu’il lui avoue qu’il y avait de l’eau dans le gaz dans son couple. Mais Sybella restait Sybella, et jouer la comédie restait un de ses traits de caractère fondamentaux. Elle sirota un peu de mojito avant de sourire, légèrement ironique. « Oui, c’est clair que les dernières soirées passées ensemble ne ressemblaient pas exactement à ça. » Ce qui ressemblait étrangement à une bourde en bonne et due forme n’était qu’un retour du naturel de la jeune fille. Elle aurait pu s’en vouloir, mais au final, il y avait du vrai dans cette blague un peu vaseuse ; leurs dernières beuveries en date avaient été on ne peut plus dramatiques.

« Hum, bref. » Elle se racla la gorge, se cachant dans son verre pour réfléchir quelques instants. La sensation qu’il y avait un non-dit impalpable dans l’air persistait. Dean et elle étaient officiellement amis, mais boire un verre en tête à tête, même pour parler de choses anodines, c’était presque déprimant et trop normal pour eux. D’ailleurs, même son hibou et son texto pour l’inviter dans ce bar lui avaient paru exagérément conventionnels. Elle avait envie de vérifier quelque chose, une hypothèse qui pouvait expliquer cette insistance de la part de Dean à jouer le garçon parfaitement heureux et platoniquement ravi de la voir. Et cela ne pouvait passer que par deux seuls moyen dont elle ne serait pas fière, certes, mais qui auraient le mérite d’être efficace.

Le premier consistait à lui parler d’Icarus. Mais ça, Syb n’était pas vraiment certaine d’avoir envie de lui annoncer de but en blanc qu’elle couchait avec un de ses collègues. Quant à la deuxième solution, elle signifiait un gros paquet de mensonges. Mais rien qui ne pouvait être insurmontable pour quelqu’un comme elle. « En parlant de distance …  » commença t-elle, légèrement hésitante, sa main droite agitant sa paille distraitement. « Il faut que je te dise un truc. Tu es un peu le premier à qui je l’annonce en fait. » Un petit sourire indescriptible pointa sur son visage. « Hippolyte m’a proposé de partir à l’étranger dans le cadre du boulot. Ils ont besoin de jeunes reporters dans des annexes de la rédaction. Il faut que je lui donne ma réponse avant la fin du mois, mais je crois que c’est vraiment l’opportunité à pas rater, là. » Elle ne savait pas d’où ça lui était venu. C’était le plus gros bobard qu’elle avait pondu en six mois, et n’importe qui aurait pu ruiner cette fausse nouvelle. « Il faut que tu me promettes de ne rien dire à personne, même à Seamus ! Je lui ai pas encore dit. » C’était là que la magie devait opérer. A elle d’observer et d’attendre sa réaction.

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Dean n'était pas vraiment serein et cela se voyait sur son visage habituellement vide de toutes inquiétudes. L'anglais était sûrement une des personnes les plus optimistes du monde et n'était pas du genre à se tracasser pour des banalités. Pourtant, face à Sybella il n'en menait pas large et commençait sérieusement à douter de ses choix. La bourde de la blonde ne passa pas inaperçue et il ne put retenir un léger rictus. « En effet… Enfin, ça c'était avant. » Le genre de réplique tout droit sorti d'une mauvaise publicité pour des lunettes de vues, mais qui restait assez neutre pour ne pas vexer la blonde. Cette partie de jambes en l'air, il ne la regrettait pas vraiment, mais il regrettait la manière dont cela c'était fait, ce n'était vraiment pas son genre. Un gentleman ne couche pas avec ses amies pour faire comme si de rien n'était pas la suite.

Un moment de gêne avait suivi la remarque de l'ancienne serpentarde et l'anglais priait intérieurement pour que la situation devienne un poil moins gênante. Cependant, la suite n'allait pas vraiment le réjouir, bien qu'il resta le plus impassible possible. Une hypothétique départ de la blonde l'attristait et il espérait secrètement que cette dernière refuse -ce qui lui semblait en même temps très égoïste. « C'est vrai ? Je suis vraiment content pour toi, si ça te permet de réaliser ton rêve. » Il lui offrit un sourire, le genre de sourire un peu faux, mais qui suffisait largement à faire l'illusion. Dean s'en voulait terriblement de ne pas sauter de joie pour elle, il savait mieux que personne à quel point elle avait travaillé pour arriver là et à quel point elle le méritait. « Tu vas me manquer si tu pars. » Une révélation qu'il voulait le plus amicale possible, même si elle était un peu plus.

Dean ne comprenait pas vraiment pourquoi la blonde tenait tant à ce que cela reste secret, mais jugea inutile de poser la question et se contenta de hocher la tête. « D’accord, ça reste entre nous si tu veux. D’ailleurs pour Sofia, garde le pour toi. » L’ancien gryffondor semblait soudainement un peu triste et ne souriait plus vraiment, sans même s’en rendre compte.

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Dean Thomas eut la réaction la plus Deanesque qu’il pouvait avoir : il se réjouit pour son amie. La perche que Sybella lui avait tendue était tombée à l’eau, et d’une certaine façon, la jeune fille ne pouvait pas dire qu’elle était prévenue. Depuis le temps qu’elle connaissait l’anglais, elle avait appris à composer avec sa gentillesse et sa générosité. Pourtant l’irlandaise n’était ni agacée ni vexée de le voir aussi compréhensif et aussi peu morose. Elle l’observait sans relâche, avec attention, passant pour la jeune fille en quête d’approbation et de conseils qu’elle devait être. Et le jeune professeur de la féliciter avec un grand sourire de composition. Si la blondinette n’était pas beaucoup plus avancée sur le cas Thomas maintenant qu’elle avait lancé son stratagème, elle pouvait au moins noter qu’elle lui manquerait. Un petit lot de consolation dont elle se moqua gentiment et pour la forme – même si elle avait senti la part de sincérité dans ses mots. « Oh, c’est mignon … » Elle pencha la tête sur le côté, après avoir fini son verre de mojito. « Tu vas verser de vraies larmes de tristesse ? Parce que j’en connais un qui pleurerait plutôt de joie s’il apprend ça. » La question faussement sérieuse cherchait plutôt à le dérider qu’à réellement apprendre s’il allait s’épancher à ce point. Après tout, ce n’était certainement pas du goût de l’ancien Gryffondor de pleurer en règle générale.

Elle ne prêta pas réellement attention à la confidentialité du sujet Sofia que Dean lui imposa en retour. Se contentant de hausser les épaules comme si cela lui paraissait logique, la demoiselle acquiesça tout simplement. « Oui, bien sûr. Un prêté pour un rendu. » Il n’avait peut-être guère envie que toute la colocation apprenne ses aléas sentimentaux – surtout que Syb’ soupçonnait que leur couple était de ceux qui traversaient les zones d’orage sans aucune difficulté. Les choses s’arrangeraient nécessairement pour lui et sa petite amie, puisqu’ils étaient une sorte de modèle agaçant en matière de bons sentiments et de don de soi.

Maintenant que sa fausse future mutation était tombée, l’anglais paraissait plus silencieux, bien plus qu’il n’aurait du, et la journaliste plissa les yeux pour mieux le jauger. « Tu fais la tête ? » Ca, elle le notait dans un coin de sa tête. Ce n’était pas tous les jours que Dean Thomas se renfrognait. Elle le poussa gentiment du doigt sur sa chaise. « Allez, arrête un peu. On aura tout le temps d’être déprimés quand je prendrai le Portoloin ou l’avion pour Pétaouchnok. » Sybella observa son verre vide, puis le bar autour d’eux qui s’était bien rempli – et qui avait même mis la musique un peu plus fort depuis quelques minutes. « En plus ils passent ta chanson préférée et ça tombe bien, j’ai envie de danser ! » La jeune fille lui décocha un regard de défi assorti d’un sourire malicieux. Leur petit jeu ne s’arrêtait jamais totalement, et Sybella ne pouvait cacher son contentement.

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Shine bright like a diamond,

We’re beautiful like diamonds in the sky.

Sans surprise, la blonde semblait se satisfaire de sa presque tristesse, mais il passa outre, préférant lui offrir un sourire en réponse. « Hum, je ne sais pas… Tu me laisses ta chambre en partant ? » Une boutade amicale, qui évitait une réplique trop niaise pour l'humanité et qui lui laissait un minimum de virilité. Il terminait tranquillement son verre, laissant de côté le sujet de son ex-petite-copine, qui n'était d'ailleurs pas son ex pour la blonde. « Ça me va, je te fais confiance pour ne pas en parler et tu peux compter sur moi pour en faire autant. » Pendant ce temps, ses yeux se baladaient dans le bar, sans vraiment la regarder. En fait, il évitait simplement de tomber dans le regard de Sybella, parce qu'il savait qu'il avait de plus en plus de mal à y résister.

Son silence se fit vite remarquer et il se doutait qu'il était temps de se reprendre un peu s'il ne voulait pas trop éveiller les soupçons. Quand il sentit le doigt de la jeune fille, il sourit vaguement. « Je fais pas la tête, pas ce soir du moins. » Dean déposa son verre vide sur la table en verre avant de rigoler devant la proposition de la blonde. « Ce n'est pas du tout ma chanson préférée, mais si tu veux danser je suis parfaitement partant. » Sans perdre de temps, il se leva et attrapa la main de la blonde pour la tirer sur la petite piste de danse en souriant et improvisa quelques pas. Tout semblant extrêmement simple et doux, le genre de soirée qu'il aurait aimé pouvoir passer avec la journaliste, autrement qu'au titre de simple ami.

electric bird.