Ils étaient entassés dans cette pizzeria à cinq, et Sybella se sentait parfaitement hors sujet dans cette ambiance joyeuse et familiale. Elle n’était venue que parce qu’on l’avait invité – et que sa mère lui avait toujours appris à être polie et à ne jamais refuser une invitation. Et aussi parce que Seamus l’avait accessoirement tannée pendant une semaine pour qu’elle soit présente.

Si elle s’était écoutée, la blonde n’aurait jamais voulu venir à cet anniversaire ; premièrement parce que c’était celui d’une personne qu’elle ne connaissait pas du tout – et qui, pour le peu qu’elle en avait entendu depuis qu’ils s’étaient salués, commençait à lui laisser une impression presque Justinienne -, et enfin parce que cet individu qui répondait au nom de Jude n’était autre que le frère de Dean. Dean Thomas, avec qui elle n’avait absolument aucune envie d’aller manger quoi que ce soit. Il lui était déjà difficile de passer le temps d’un petit-déjeuner en sa présence, alors un restaurant face à lui avec une partie de sa fratrie, c’était une épreuve dont elle se serait bien passée.

Les arguments de son camarade irlandais avaient pourtant eu l’effet escompté et si elle ne se souvenait plus vraiment du pourquoi du comment, elle s’était faite plutôt jolie pour l’occasion, avait réprimé sa mauvaise humeur naturelle et avait suivi le mouvement. Elle se retrouvait donc assise à côté de Ceridwenn et face à Seamus, une place qui avait le mérite de l’éloigner physiquement des deux Thomas les plus susceptibles de l’agacer.

Mais Jude avait une caractéristique commune avec Lynch, il ne lâchait pas l’affaire. Il aimait régulièrement la taquiner et sa lettre le lui avait prouvée, mais il ne manqua pas de rajouter une petite louche – louche suspecte puisque Dean s’agita pour le faire taire. Donc on parle de son ancienne petite copine à son frère ? Ben voyons. « Ah oui ? C’est qu’il cache bien son jeu, dis donc. » répondit Sybella d’un ton parfaitement ironique.

La seule présence féminine à ses côtés avait le mérite de calmer le jeu à côté des trois autres dadais bourrés de testostérone. C’était peut-être autant le contexte menaçant pour la blonde que l’odeur délicieuse des pizzas qui avait donné envie à l’irlandaise d’être plutôt sympathique envers la jeune fille – pour une fois, c’était surprenant. « C’est rien. J’ai l’habitude d’avoir bien pire à la colocation. » Petit sourire entendu – oh oui, Dean, Justin et Seamus savaient être ingérables. « Et, hum, sinon tu es en quelle … enfin tu fais quoi au juste ? » Oui, Sybella était en train de discuter avec Cerridwen. Sans la menacer, sans la regarder de travers, sans même la prendre de haut. Un record.

La blondinette coula un regard pincé au surveillant de hiboux face à elle - même s'il n'en était rien, Finnigan connaissant suffisamment sa colocataire pour savoir que ce n'était pas une si petite taquinerie qui la vexerait pour de bon. « C'est l'hôpital qui se fout de la charité, là. » Avec attention, elle délaissa donc la thématique footballistique abordée par les trois garçons pour écouter Cerridwen ... et haussa les sourcils, ne cherchant guère à cacher son étonnement devant un tel niveau. Bon, pas qu'elle ait déjà songé que Dean soit idiot, au contraire, mais sa soeur avait un vrai potentiel de Serdaigle - pas sûre qu'elle saisisse la flatterie cela dit. « Ah vraiment ? Eh ben dis donc. Chapeau. » Fait rare pour être remarqué, là encore, Sybella donnait l'air de la respecter pour son niveau. Ce qui était louable, mais malheureusement passerait sans doute aussi inaperçu.

La remarque vint de nulle part et Syb' encaissa un peu promptement la réflexion. Dis donc, c'est qu'ils savaient vraiment tout sur tout, les deux cadets. « Hem ouais. En effet. Enfin il m'en devait bien une. » répliqua un peu trop rapidement la jeune fille avant de sentir une paire d'yeux se poser avec insistance sur elle. Elle engloutit une bouchée de pizza tout en voulant rire pour créer la diversion, mais le résultat fut une sorte de gloussement semi-étouffé peu glorieux. « Je plaisante, bien sûr. C'est ... très sympa de la part de ton frère. » Les mots avaient eu du mal à sortir mais ils avaient été dits ! Même si clairement, la blonde ne l'avait pas beuglé haut et fort - c'était tout juste si Dean l'avait entendu en tendant l'oreille. Sybella choisit de s'occuper l'esprit en reprenant un peu de pizza, et commenta le plat. « Très bonne, la pizza. Tu l'as prise à quoi ? » demanda d'un air dégagé au possible la blonde à l'adresse de son voisin irlandais. Détourner le sujet de la conversation, plutôt habile. En espérant que le reste de la tablée n'y fasse pas trop attention - et que ce cher Seamus joue le jeu.

La perfidie de l’ex-rouge et or la fit écarquiller des yeux. Non mais par Merlin, avait-il craqué son slip ?! La légendaire rancune de la blondinette se lisait dans son regard, limpide pour Seamus. « T’es vraiment un … » Abruti dans le meilleur des cas, le pire était censuré même dans ses pensées. Elle étouffa une grimace en sentant un coup dans sa jambe, signe qu’en plus de se payer sa tronche il lui imposait le luxe de se taire et d’encaisser sans broncher. Parce que ce n'était pas un jour pour faire un scandale, pour insulter tout le monde et se barrer après avoir brisé l'ambiance festive. Festive, tu parles ! « Laisse tomber. » grinça t-elle tout bas, très, très amèrement. Elle ne put néanmoins pas se retenir, et écrasa son talon pointu pile dans le pied de Seamus – celui-là même qui a cru qu’il pouvait se permettre de cogner le tibia de Sybella sans se prendre une raclée. Le reste des convives, lui, ignorait le duel de jambes qui venait de se produire.

Cerridwen pensait sans doute flatter la blonde en lui parlant des jalousies que devaient lever leur relation, mais Sybella s’était refroidie pour de bon grâce à l’intervention couplée de Finnigan et Jude. Et puis de toute manière c’était complètement débile, il n’y avait plus rien entre eux à part de l’atmosphère avec de l’oxygène et de l’azote, soit aucune raison d’être jalouse pour les groupies de ce cher Dean ! « Ah ouais ? Y a pas de quoi l’être. Pas me concernant, en tout cas. » rétorqua t-elle. Puisque de toute façon, sa petite amie, ce n’était pas elle, c’était Sofia. D’ailleurs, où elle était celle-là ? Pourquoi ce n’était pas la charmante Serdaigle que Jude n’avait pas invité, mais elle, l'ex-garce-en-chef ? Le moldu aurait mieux fait de l’oublier, pour le coup. Ce type était décidément un crétin, exactement comme Justin, d’ailleurs même Seamus devenait un traître à ses yeux, à jouer de connivence avec le frère de Dean pour le plaisir de la mettre mal à l’aise. De les mettre mal à l’aise – car s’il y eut au moins un soulagement, ce fut celui de constater par un discret coup d’œil que son ex semblait aussi gêné qu’elle par la surenchère des deux lourdeaux de service.

Sybella ne put qu’éclater d’un grand rire franc lorsque l’aîné des Thomas répliqua, sauvant mine de rien leur honneur in extremis – pour le coup, on n’allait pas tout de suite entendre la réaction de l’irlandais. Et s’il comptait sur elle pour l’aider à se sortir de ce mauvais pas, Seamus ne reçut qu’un regard faussement désolé qui voulait dire « débrouille-toi tout seul ». Ca lui apprendra, tiens.

Sybella ignora délibérément le sourire plein de sous-entendus de Seamus et se contenta de finir sa pizza dans l’indifférence la plus totale. Le sujet chaud avait été écarté, on pouvait remercier son ex de ne pas être totalement idiot et d’avoir vite intégré que plus on parlerait d’eux, plus tout cela serait extrêmement gênant et désagréable pour l’un comme pour l’autre.

Et puis de toute manière Jude et Seamus faisaient mine de roucouler, tout ça occupait donc très bien les trois quarts de la tablée pendant qu’elle réfléchissait à un moyen efficace mais rusé de pouvoir écourter sa participation à ce repas où elle n’avait définitivement pas envie d’être. Surtout si c’était pour subir des remarques débiles dignes de la maternelle.

La blonde allait boire un peu d’eau pour se désaltérer quand elle capta la moquerie de Dean et manqua de s’étouffer de rire avec son verre. Ah, s’il savait … Non, Syb’ n’allait pas faire un scandale de plus devant tout le monde, quoiqu’il aurait été hilarant de voir la tête d’un certain Thomas s’il savait ce qui pouvait potentiellement se trafiquer entre Isaac et elle – enfin, surtout de son côté à elle … « Mini-Delpech ? Quelle idée ! T’irais beaucoup mieux avec Stomby ! » lâcha t-elle avec un sourire parfaitement énervant et un air si sérieux qu’il en était stupéfiant. En espérant que la mémoire de l’irlandais ne lui fasse pas trop défaut, et qu’il se souvienne de cette mémorable après-midi qu’ils avaient passée à comploter sur un futur rapprochement entre eux … Ah, oui, tout à coup imaginer Galaad main dans la main avec Finnigan la mettait beaucoup plus à l’aise et lui redonnait le sourire.

L’ex-Serpentarde retrouvait peu à peu sa tranquillité, mais elle n’en oubliait pour autant pas que chacun y avait été de sa petite remarque sur Dean et elle. La jeune femme se tourna donc très légèrement vers sa voisine, un sourire paisible aux lèvres. « Et toi Cerridwen ? Tu n’as pas de petit ami ? » La question était on ne peut plus anodine et pourtant Sybella voulait voir si les deux frères Thomas allaient faire ensemble une levée de boucliers unie pour leur petite sœur. Généralement, les frères avaient cette particularité fâcheuse et agaçante d’être très vite méfiants avec les petits copains potentiels – mais après tout la cadette des Thomas avait bien mérité cette petite taquinerie.

Si Sybella s'était imaginée pouvoir échapper plus de trente secondes aux remarques lourdes et aux sous-entendus pénibles de l'équipée de ce soir, elle était peu à peu en train de comprendre que c'était une belle utopie. Et même si au départ l'ex-Serpentarde avait cherché à rester intouchable et inatteignable, elle commençait sérieusement à sentir sa patience s'effriter - et ni le cadet Thomas, ni Seamus ne l'aidaient à prendre le contre-pied de tout ça.

Elle aurait du s'en douter, parler de Delpech allait se retourner contre elle et finalement la moquerie de Jude acheva de la convaincre. Il valait mieux partir, maintenant, avant que ça ne dégénère. La blonde jeta un coup d'oeil à sa montre et enchaîna, ne laissant le temps à personne de se mettre en travers de son soudain coup de tête. « Eeeet je viens de me rendre compte que j'ai laissé un dossier super important au bureau. Vraiment désolée, faut que je vous laisse. Passez une bonne soirée. » Et plus rapide que la lumière, la blonde s'état déjà levée, avait enfilé son manteau en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire et quittait la table en saluant furtivement la petite troupe pour leur tourner le dos. Elle laissa derrière elle sa part de l'addition et le goût âpre de cette soirée qu'elle avait cherché à écourter au plus vite par un prétexte complètement faux mais plausible - le travail.

De toute manière, l'anniversaire de Jude ne la concernait pas et elle n'aurait pas du y venir. Il était le frère de Dean, et à la table, tout le monde avait réussi plus ou moins à sa façon à s'intégrer - et à lui faire comprendre implicitement qu'elle n'était tout simplement pas à sa place et à son aise. L'idée d'avoir accepté l'invitation était mauvaise et surtout biaisée. Qui avait-elle cru duper en jouant le jeu de "je vais bien, tout va bien" ? Il faisait déjà nuit dehors et plutôt frais, aussi la blonde resserra sa veste sur elle et se mit à marcher un peu - autant traîner puisqu'en réalité elle n'avait aucunement l'intention d'aller à la Gazette.

Il faisait bien trop froid pour que ça ne soit qu’à cause du vent, et maintenant qu’elle était sortie de l’ambiance étouffante et chaleureuse de la pizzeria, Sybella réalisa à quel point elle était fatiguée. De tout ça, de ces chamailleries sans fin avec Dean, des remarques constantes de toute la colocation à leur sujet, de son incapacité à être avec quelqu’un de manière stable. Tout ce à quoi elle pensait quand on lui parlait de relations amoureuses en ce moment, c’était au néant – et Icarus était bien le seul qui arrivait encore à la faire penser à autre chose, même si ça n’avait rien de sérieux ni de concret entre eux.

Elle n’en avait plus rien à faire de toute manière. Sa vie, maintenant, c’était son travail. Ca et uniquement ça. Le reste pouvait bien aller se faire voir. Les amis ? Seamus lui avait montré ce soir qu’il brillait par son absence de soutien – même si Sybella savait qu’il avait été infiniment présent à d’autres moments, en cet instant, elle lui en voulait profondément -, Hannah n’était pas là et … Elle n’avait plus grand monde au final. La blondinette soupira, voulut s’arrêter pour chercher son paquet de cigarette dans le bazar portatif qu’était son sac à main … mais une main la rattrapa et alors qu’elle allait se retourner pour décocher un regard insultant à l’abruti qui l’avait rattrapé, son énervement fut douché en voyant qu’il s’agissait de Dean.

Seulement pour quelques secondes, elle le laissa parler, le regarda, comme prête à le gifler, et finalement se ravisa. « Je sais. Mais j’en ai marre. » C’était sorti tout seul. Elle allait abandonner la recherche de sa cigarette, songeant qu’il n’apprécierait pas, et finalement s’en moqua pour en sortir une et l’allumer. « Dean, soyons réalistes, on fait quoi exactement ? On est quoi ? A quoi ça rime d’inviter son ex à l’anniversaire de son frère et de même pas avoir ramené sa petite amie officielle ? » Elle avait touché un point sensible, et surtout, elle se surprenait d’avoir été aussi franche. Seamus aurait presque pu être fier d’elle si elle n’avait pas abordé un point sensible. « J’aurais pas du venir. Sofia aurait été l’invitée parfaite. » Elle n’avait pas pu s’en empêcher, il y avait une certaine aigreur dans sa voix, une note d’amertume ineffaçable.

La blonde recracha la fumée d’un air agacé en entendant l’ex-Gryffondor annoncer qu’il n’était pas celui avec lequel elle souhaitait être même en soirée. Parfois, il pouvait faire preuve d’une humilité abrutissante. « Arrête de dire n’importe quoi. » Bien sûr qu’elle aurait aimé passer du temps avec Dean. Ce n’était pas l’envie qui manquait, simplement la blonde savait qu’elle avait mis une première fois fin à leur histoire et que reprendre quoi que ce soit entre eux n’était signe que d’une relation bien trop floue et risquée. Elle n’arrivait pas à mettre de frontière à ce qui se passait entre eux, pas plus qu’un nom. Ils avaient été ennemis, ils avaient été en couple … Et après ? Maintenant, c’était l’indéfinissable. Le néant. Pire que tout, en quelque sorte.

Sofia était la pierre angulaire au problème, celle qui avait tout fait resurgir. Syb’ ne savait pas si elle devait la haïr ou la remercier pour ça. Pour l’heure elle n’en pouvait tout simplement plus d’être l’ex. « C’est ta petite amie. Et Jude est ton frère. » annonça la jeune journaliste platement. « Je sais pas ce qu’il croyait. Ce qu’ils croient tous d’ailleurs. » Peut-être voyaient-ils une vérité qu’ils s’escrimaient tous deux à nier. Ou peut-être qu’ils se foutaient royalement de leurs têtes de mules à tous les deux.

Quand Dean lui demanda de but en blanc si tout allait pour elle, la jeune fille n’hésita même pas une seule seconde. « Non ça va pas. Et si tu veux qu’on en parle, c’est parce qu’on ne fait que de la merde quand on est ensemble, toi et moi. » Coucher ensemble, par exemple, et faire comme s’il ne s’était rien passé. L’ex-Serpentarde n’arrivait même pas à le regretter. Ce qui était fait était fait. La blondinette en vint à lâcher la conclusion qui lui vint à l’esprit le plus naturellement du monde. « Je sais pas quoi faire. Peut-être que je devrais déménager … Peut-être qu’il faudrait que je bouge de la coloc’. Je peux même plus encadrer Justin de toute façon. » Le simple fait qu’elle l’appelle par son prénom signifiait le contraire. Mais Sybella était tout simplement en train de fuir, lâche qu’elle était, incapable d’affronter les vrais problèmes qui créait la discorde entre Dean et elle.

Du Dean Thomas tout craché. Elle roula des yeux avant de tirer une nouvelle taffe, secouée par un petit rire qui n’avait rien d’amusé. « Personne ne pense jamais à mal avec toi. » Si elle avait tendance à voir le verre constamment à moitié vide, lui était l’emblème de l’optimisme et de la gentillesse. Jamais un mot plus haut que l’autre – sauf peut-être cette fois où ils avaient été courir, et où Seamus et elle avaient été tout bonnement [i]infects.

Sybella écouta le reste de ses mots sans réellement y croire. Pourtant elle ne doutait en aucun cas de sa sincérité. Il ne disait pas ça simplement pour lui faire plaisir ou pour la voir sourire –il le pensait. Mais la blonde n’avait pas besoin de ses attentions pour avancer. C’était plus compliqué qu’autre chose de réaliser qu’il tenait à elle. S’ils voulaient passer à autre chose, ils ne pouvaient décemment pas rester sur cette brèche, à osciller entre deux sentiments sans jamais faire de choix définitif. « Il faut que t’arrêtes d’être gentil comme ça, Dean. On y arrivera pas si tu n’y mets pas du tien. » Sa voix n’était pas agressive ni accusatrice, elle paraissait même plutôt douce pour une fois.

La jeune fille envoya valser la moitié de sa cigarette qu’elle n’avait pas encore terminée, tout à coup lassée de cette fumée dans laquelle elle se noyait depuis le début de cette conversation. « De toute façon même si je pars, ça changerait rien au problème. » Elle regarda ailleurs, peu habituée à avoir une conversation privée de cet ordre avec Dean depuis longtemps. « Je veux juste que les autres arrêtent avec leur délire sur nous. On sait très bien qu’il ne se repassera plus rien. » C’était en tout cas ce qu’elle avait fini par intégrer. Elle avait grillé sa chance avec Dean. Elle allait devoir encore passer un bon nombre de week-ends en club avant de pouvoir passer à autre chose. « Et toi, tu … Veux quoi, au juste ? » La réponse lui faisait peur, mais elle était nécessaire.

« Des amis, hein ? » Difficile d’imaginer tout ça. Elle ne pouvait pas admettre qu’elle sautait de joie à l’idée d’être recalée au rang de « bonne copine », mais c’était peut-être tout ce qu’elle pouvait espérer de mieux maintenant qu’elle avait assez saccagé les choses entre eux. Et puis Dean Thomas était mille fois trop correct, il méritait quelqu’un comme Sofia. Quelqu’un pour lui offrir autre chose que des drames et des complications tous les trois jours.

Elle finit par répondre, à court d’arguments et d’idées. « Pourquoi pas. » Ca allait être vraiment étrange et peut-être même que Seamus mourrait de rire en entendant la nouvelle. Ou peut-être qu’il lui jetterait un regard de pitié si douloureux qu’elle préférerait encore l’entendre se marrer comme une baleine. Elle choisit d’ignorer la réaction de son meilleur ami, égoïstement, et d’opter pour la seule option qui lui reste qui ne la ferait pas se sentir comme la pièce rapportée. « De toute façon on a tout essayé alors tentons le coup. Amis ! » Elle leva sa main droite, brandie comme un poing compact pour faire ce qui ressemblait au plus maladroit et ridicule « check » de bros que Londres ait vu. Mais Dean n’allait pas lui en tenir rigueur – et s’il se moquait, Sybella n’aurait pas la force de répliquer quoi que ce soit étant donné qu’elle n’y connaissait rien dans ce genre de trucs.

Elle soupira, tout à coup exténuée. La fatigue la guettait depuis un moment mais maintenant que toute la tension était retombée, elle avait terriblement envie d’être à la colocation pour dormir et oublier cette soirée bizarre. « On rentre ? J’repasserai au boulot demain. » Quand j’aurai un vrai dossier à récupérer. La blondinette chassa l’éventuel regard de reproche de Dean ; n’avait-elle pas dit quelques minutes plus tôt qu’elle devait passer à la Gazette ? « Ca va, je suis pas la première personne à inventer une fausse excuse pour partir plus tôt … » Du Tyrel tout craché.