Une semaine après sa première tentative, elle grimpa de nouveau les marches en bois de l’immeuble de Pré-au-lard, espérant sincèrement tomber sur la blonde. Elle priait réellement pour ne pas retomber sur l’idiot de la dernière fois et surtout de ne pas devoir repartir en direction de la gare pour attendre comme une cruche de service. Énergiquement, elle frappa à la porte attendant de voir un visage avant de sourire ou de faire la gueule pour le reste de la journée. Après quelques minutes, la porte s’ouvrit et le visage de sa blonde favorite apparut dans le cadre de la porte. Un sourire sincère s’afficha sur son visage, tandis qu’elle lui fit un signe de la main. « Hey ! Devine qui est de retour ! » Un retour qui allait sûrement surprendre la blonde, surtout que le brun idiot qui lui sert de colocataire n’avait rien dû lui dire.

Bien que cela faisait déjà des années qu’elle n’avait pas parlé à Sybella, elle était réellement heureuse de la revoir et surtout de tomber sur une si jolie fille. « Tu es magnifiques ! Je suis vraiment contente de te voir. » Un sourire sincère, avant de replacer correctement ses cheveux. « Je peux entrer ? Le train c’est un peu fatigant. » Surtout quand on ne sait pas s’il l’on va tomber sur la bonne personne ou pas en arrivant.

La joie des week-end, lorsqu’elle se cumulait à ceux des jours où il n’y avait qu’elle dans l’appartement, était un bonheur incommensurable. C’était généralement le moment idéal pour profiter du délicieux silence qui régnait dans l’appartement, savourer la joie de son propre parfum qui embaumait partout et éclipsait ceux des autres, et profiter du divin canapé pour elle seule.

Sybella, confortablement installée dans ce dernier et occupée à lire un livre, nageait donc en plein océan de joie. Une véritable définition du cocooning s’appliquait à son cas, sauf si on omettait qu’elle n’avait plus de thé à la vanille sous la main et qu’elle avait passé les trois heures précédentes à ranger et nettoyer de fond en comble les pièces communes pour espérer vivre dans un lieu décent – mais qu’importe. Tout allait bien, très bien même.

La sonnette rompit son charmant petit train-train, et Sybella soupira d’avance en se levant, prête à devoir se coltiner l’arrivée impromptue de Finch-Fletchley. Sauf que ce n’était pas du tout l’ancien Poufsouffle à qui elle venait d’ouvrir.

« Olympe ? » La blonde écarquilla les yeux, littéralement sous le choc. Il n’y avait aucun doute possible quant à l’identité de la brune pétillante qui se tenait droite comme un I sur son paillasson. C’était bien une de ses meilleures amies de Poudlard. « Olympe !! » répéta la blonde, cette fois-ci beaucoup plus enjouée et enthousiaste. Un vent de fraîcheur agréable vint emplir ses poumons tandis que Sybella continua de dévisager l’ex-Serpentarde. « Quelle surprise ! Si je m’attendais à toi. Tu es revenue ici depuis combien de temps ? » La blonde passa une main dans ses cheveux, pas vraiment certaine d’avoir autant d’allure que son amie qui elle, était toujours aussi tirée à quatre épingles. Il y a du laisser-aller, Tyrel, depuis un an ou deux … Tu vas le lui dire quand ? A moins qu’elle ne s’en rende compte elle-même, taquina méchamment son subconscient. « Toi aussi tu es superbe. » L’automatisme de l’irlandaise en matière de bonnes manières n’était guère totalement perdu et la jeune fille s’écarta pour inviter la jeune Bellamy à entrer.

Elle ne pouvait pas faire autrement ; son amie allait bel et bien mettre les pieds dans la colocation où elle vivait. Si curieusement la journaliste avait fini par accepter son sort et se plaisait au fond plutôt bien dans ce mode de vie, se retrouver face à une de ses anciennes amies qui l’avait connue en haut de l’échelle sociale à l’époque lui rappelait sa dégringolade. Un frisson d’angoisse parcourut son échine mais Sybella le réprima fièrement et fit signe à Olympe de la tête de se mettre au chaud. « Eh bien … Oui vas-y entre. Fais comme chez toi ! »

La blonde jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, ayant sans doute espéré naïvement que les innombrables preuves qu’elle vivait dans une garçonnière qui pullulaient auraient été effacées comme par magie. Mais ce n’était pas le cas, tout la désignait comme non propriétaire absolue de ce lieu en apparence calme. « Ne fais pas attention au bazar, c’est … Assez compliqué. » murmura la jeune fille qui prit la direction de la cuisine. « Je peux te servir quelque chose à boire ? » Partagée entre l’envie de tout savoir sur ce qu’était devenue Olympe et la peur d’être écrasée sous le poids violent de la réussite de son ex-comparse, Sybella commençait à voir la joie se substituer par une nervosité qu’elle n’avait pas vécu depuis de longs mois paisibles.

L’étonnement de la blonde était parfaitement compréhensible, mais Olympe était réellement heureuse de voir que cette dernière ne l’avait pas oublié depuis tout ce temps. Surtout qu’elle avait l’air contente, bonne nouvelle. La brune souriait sincèrement, dégageant comme toujours un certain charisme naturelle dont elle n’abusait pas vraiment. « Je suis arrivée il y a … Deux semaines environs. Je suis passé la semaine dernière, mais tu n’étais pas là. » Elle lui aurait bien précisé qu’elle s’était retrouvé à l’idiot de Finch-Fletchley, mais elle avait un peu peur de paraître agressive alors que ce n’était pas du tout le cas. « Merci. » Une réponse accompagnée d’un sourire face au retournement de compliment, avant d’entrer dans l’appartement de la blonde.

Olympe avança dans l’appartement, elle qui avait un sens aiguë de la décoration le trouva sans surprise un peu simplet, mais elle n’en tiendra pas rigueur à son amie, surtout qu’on voyait bien qu’elle ne vivait pas seul ici -ce qu’elle savait déjà plus ou moins. Maintenant Olympe ne pouvait pas mentir en disant qu’elle ne souhaitait pas savoir le pourquoi du comment. Elle remarqua un pull de mec sur le rebord du canapé et s’hasarda sur une question. « Tu vis avec ton petit copain ? » La brune ne jugeait pas vraiment, mais elle était très curieuse et adorait être au courant de tout.

« Si tu as moyen de me faire un chocolat chaud, tu seras vraiment parfaite. » La brune suivit l’irlandaise vers la cuisine, regardant au passage les objets qui occupaient la pièce. « Je suis à l’université et comme mon frère et mon père vivent ici, j’ai eu le droit de rentrer en Angleterre. Du coup, je ne pouvais pas ne pas passer chez ma blonde préférée. » Un sourire, avant de s’adosser au comptoir de cuisine replaçant ses cheveux sur les épaules et regardant par la fenêtre le petit village. « Bon, je veux tout savoir sur ce que j’ai manqué ! » Vraiment tout et surtout sur son ancienne meilleure amie.

Revoir une partie de son passé – cette partie exacte – surgir devant elle était toujours perturbant. Bien sûr, Olympe avait été et demeurait en toute logique une de ses meilleures amies. La brune était, comme elle et quelques autres, une de ces filles qui avaient fait les grandes heures de Serpentard. Elles avaient été pestes ensemble, elles avaient toutes les deux joué un rôle – et si Olympe n’avait pas quitté Poudlard bien plus tôt que prévu, elle aurait continué à faire partie de ce groupe de vipères qui avaient réussi à faire régner leur loi pendant un temps. Elle n’en était également pas moins une amie, une fille qui s’avérait sympathique, à l’écoute et disponible pour ceux qu’elle estimait. Depuis, de l’eau avait néanmoins coulé sous les ponts, elles s’étaient au fil du temps de moins en moins écrites et puis un beau jour l’image d’Olympe s’était mué en un souvenir agréable qui n’avait pas de raison de revenir la hanter. Jusqu’à ce jour, précisément, où la jeune Bellamy avait décidé d’elle-même qu’elle ne pouvait plus être « ce vieux souvenir d’école ».

Olympe l’informa qu’elle était déjà passée la semaine dernière la voir, sans succès – et pour cause Sybella était dans un autre pays et avec une toute autre compagnie. « Ah oui ? » Sa voix avait dépassé les aigus normaux sur les dernières notes de sa question. Un peu crispée, Sybella songea que si la jeune fille ne le mentionnait pas, elle n’avait sûrement pas croisé un de ses autres colocataires, Merlin merci.

Tout était donc parfaitement jouable et on pouvait compter sur l’eprit très viril des garçons pour ne pas couvrir l’appartement de photos d’eux. Impossible de savoir donc combien de garçons et lesquels habitaient ce lieu. L’irlandaise priait pour que la curiosité naturelle de son ancienne amie ne soit pas restée ancrée en elle – dommage, c’était le cas – mais la conclusion que tira sa camarade la soulagea très vite intérieurement et elle s'y engouffra très vite. « Oui ! » approuva un peu trop vite la blonde. Spontanément, elle poursuivit, parfaitement sereine de l’extérieur. « Il est pas là pour le moment. Mais je serais ravie de te le présenter. » Pourquoi avait-elle dit ça ? Pourquoi ? Olympe allait forcément la cuisiner pour savoir de qui il s’agissait. Et comme ça n’était ni Lucas, ni aucun ancien beau Serpentard, et que Galaad refuserait catégoriquement de lui servir d’alibi – étant donné qu’ils ne dialoguaient même pas en temps normal -, Sybella se retrouvait dans une impasse plus tôt que prévu.

Se réfugiant dans la confection de deux boissons chaudes pour elle, la blonde ouvrit les placards de la cuisine à la recherche de cacao et de deux tasses. « Bien, bien. Deux chocolats, parfait. » murmura t-elle en faisant chauffer du lait qu’elle avait sorti du frigidaire.

Elle marchait toujours néanmoins sur le fil du rasoir et même si l’étudiante en histoire papotait avec elle comme au bon vieux temps sans remarquer le léger trouble qui agitait son amie, Sybella, elle, prêtait une attention particulière à ses paroles. Elle guettait la moindre perche susceptible de la sauver. « C’est super gentil, après tout ce temps. » Qu’Olympe ne l’ait pas totalement oubliée lui arracha un petit sourire – et une once de culpabilité, sachant qu’elle-même n’aurait peut-être pas fait tant d’efforts pour la retrouver dans son cas.

A nouveau la discussion revint vers elle, et si d’habitude Syb’ adorait parler de son cas, pour le coup elle s’en serait bien passée. « Oh ben tu sais, pas grand-chose … » commença la blonde, anodine. « Après Poudlard j’ai un peu bossé pour Sorcière-Hebdo. Et puis je suis partie et maintenant je travaille à la Gazette ! » Ca c’était sa fierté depuis qu’elle n’était plus une élève. Elle était enfin dans le monde du travail, dans le domaine qu’elle voulait – même si elle s’emballait un peu. « Enfin tu sais, en tant que stagiaire … Mais j’y écris enfin mes propres articles. » Et bien évidemment, ce détail-là avait son importance. « Et toi alors ? Tu dois avoir un tas de choses à me raconter depuis que tu es partie d’ici, je suis sûre que tout ça doit être super intéressant ! » Pitié, oui, qu’elle ait des choses à dire. Sybella ne voulait surtout pas avoir cette conversation maintenant, celle où elle devrait lui révéler avec qui elle vivait réellement et quelle fille elle était devenue.

La chaleur de l’appartement fit automatiquement sourire la brune, qui s’habituait difficilement au froid anglais depuis son retour. Une fois un peu réchauffée, elle retira son manteau, avant de regarder avec intérêt la blonde qui venait d’avouer vire avec son copain. Elle se demandait bien avec qui, avant de se souvenir de la personne qui lui avait ouvert la porte une semaine auparavant. L’idée que la blonde puisse flirter avec Finch-Fletchley l’étonna réellement, surtout qu’il n’avait pas l’air de la porter dans son coeur quand elle l’avait croisé. « Oh je vois, du coup tu étais en vacance avec lui la semaine dernière ? » Au moins, elle sera fixé sur la question, avant de se souvenir qu’elle pouvait poser une question bien plus rapide. « C’est un ancien élève ? Je le connais ? » Un petit sourire farouche, tandis que son ancienne meilleure amie s’occupait de préparé deux chocolats chauds, la remerciant d’avoir pensé à elle.

« Oh bah c’est rien, on va pas dire que je connaisse beaucoup de monde à Londres et entre nous, mon frère et son pote son pas les personnes les plus marrantes du monde. » Un rire rapide, tandis qu’elle repensait à la soirée qu’elle avait dû passer avec les deux autres dans l’appartement. Heureusement, elle pouvait enfin profiter d’une présence féminine qui la comprendrait sûrement mieux. Sans surprise, Sybella semblait avoir réussie dans sa carrière professionnel, ce qui était un peu l’inverse d’Olympe qui traînait à l’université. « La gazette ! Vraiment, bravo ! Tu devais avoir de bons pistons quand même. Je ne dis pas ça parce que je doute de tes talents, mais à notre âge c’est rare. » Souriante, elle se posa dans l’un des fauteuils du salon et croisa les jambes comme une princesse. « Je vais lire tous tes articles désormais. » Ce qu’elle ne manquera pas d’essayer de faire en disant à son frère d’aller lui chercher le journal tous les matins.

« Eh bien, l’afrique du Sud c’était plutôt sympa. Il faisait beau et j’avais une maison de rêve, mais les gens sont un peu ennuyeux. » Résumer quatre ans de sa vie n’était pas super facile, alors elle se contenta de dire ce qui lui passait par la tête. « Oh si, faut que je te raconte un truc. La grosse loose je te préviens. Figure-toi que ma mère a un nouveau petit copain, un militaire même pas beau entre nous, avec un prénom de merde. » Son ton de pimbêche avait reprit le dessus, tandis qu’elle remuait les mains en parlant. « Et comme si ce n’était pas suffisant, il se trouve qu’il a une fille, une sorcière qui était à Poudlard quand on est partie. Natali Oliver, ça te parle ? Il paraît qu’elle vit avec des mexicains. » Le mépris se lisait sans difficulté dans la voix de la brune, tandis qu’elle racontait ses aventures familiales.

« Oui, on était partis en week-end. » L’irlandaise ne savait pas exactement pourquoi mais elle trouvait ce mensonge étonnamment facile à mener et à tenir. Normal, puisqu’il n’était pas vraiment faux. Dean et elle avaient été absents tout le week-end, mais techniquement, les garçons avaient tout de même continué à occuper leur appartement – ce qui signifiait que si Olympe était venue la voir, soit elle avait trouvé porte close, soit elle était tombée sur quelqu’un et n’en parlait pas. Mais la connaissant, la blonde aurait déjà entendu son amie faire une réflexion si elle avait croisé un de ses colocataires. Cela dit elle ne pouvait être sûre de rien, cela faisait des années qu’elle et Olympe ne s’étaient plus parlées – elle avait peut-être changé autant qu’elle.

L’interrogatoire au sujet de son mystérieux petit ami continua et la blondinette ne se laissa pas impressionner, faisant même un peu durer le suspens. Elle n’allait vraiment pas lui faciliter la tâche ; si Olympe n’était là que pour quelques temps, Syb’ pouvait peut-être lui cacher la plupart de sa vie privée le temps qu’il faudrait, juste pour ne pas la décevoir. « Hum eh bien … Oui c’est un ancien élève que tu connais … Mais je ne t’en dirai pas plus, je veux te garder la surprise. » Et quelle surprise, rajouta son subconscient moqueur. Quand Olympe allait découvrir qu’elle sortait plus ou moins avec Dean Thomas, Sybella allait devoir s’expliquer.

En attendant, les deux jeunes filles avaient grandi et si l’une était encore en étude, l’autre bossait déjà et avait presque une vie … normale. Quelque part, la jeune journaliste était contente d’avoir gagné ce round, mais elle se sentait aussi un peu ridicule de comparer leurs vies. Elle n’avait rien à envier à Olympe et vice-versa, et elles étaient même supposées être amies et ne pas participer à une sorte de compétition malsaine de « qui avait le meilleur avenir ». « Dans ce métier, le piston et le culot, c’est ce qu’il faut. Sinon autant aller au Chicaneur. » commenta la jeune femme en apportant les deux chocolats chauds qu’elle déposa sur la table basse.

Elle s’installa face à la brune et l’écouta raconter son existence dans cette contrée ensoleillée et retirée de chez eux qu’était l’Afrique du Sud. De ce que l’étudiante lui disait, ça n’avait pas l’air si terrible que ça, bien au contraire. « Tu m’étonnes. La vie doit être tellement chouette là-bas. » La blonde l’enviait un peu, elle qui avait fait une croix depuis quelques temps sur les mots « vacances au soleil ».

Les potins ne tardèrent pas à venir s’imposer comme un sujet naturel de discussion et l’irlandaise gloussa lorsque son interlocutrice lui parla du nouveau beau-père qu’avait dégoté sa génitrice. « Oh. Donc j’imagine que tu lui pourris la vie dans les règles de l’art ? » Sybella avait vu à l’œuvre les talents de la demoiselle pendant quatre ans, elle ne doutait pas des capacités d’Olympe à faire de la vie de ceux qu’elle n’aimait pas un vrai petit enfer. Après tout c’était en partie pour ça qu’elles étaient devenues si proches dans leur adolescence.

Sybella but une gorgée de chocolat chaud avant de reposer la tasse et d’hausser les sourcils lorsque un nom familier et complètement inattendu fut prononcé. « Oliver ? Si je connais Oliver ? » Syb’ n’avait pas besoin de faire fonctionner ses méninges très longtemps pour se rappeler de la grande brune australienne qui avait compté parmi les gens qu’elle méprisait – et pour cause, seul le blason de sa maison avait suffi. « Bien sûr. C’est une Poufsouffle. Le dédain dans sa voix était tout à fait perceptible. Ma parole, ta mère a gagné le gros lot. » L’ex-Serpentarde ne riait qu’à moitié et poursuivit, afin de mieux permettre à Olympe de cerner le personnage qu’était Natali. « Cette fille est tellement … Tu sais, une Poufsouffle quoi. En plus elle sort avec Wells. Elles font vraiment la paire, ces deux-là. » Deux cinglées assez irritantes qui n’en rataient jamais une pour faire n’importe quoi et se ridiculiser. Son amie ne méritait absolument pas ça, et Syb’ se prit d’une certaine compassion et d’une envie lointaine, ancienne, de reprendre les armes pour un complot. Ca faisait bien longtemps qu’elle n’en avait pas fait. « Sans blagues, ma pauvre. Tu vas te retrouver avec Natali Oliver comme belle-sœur, c’est impossible qu’on laisse ta mère faire une erreur pareille. »

« En week-end ? Trop romantique. » Un sourire malicieux, tandis qu’elle replaça une nouvelle fois ses cheveux sur ses épaules, heureuse de savoir que la blonde en plus du travail avait réussi en amour. Olympe pourrait presque être jalouse si c’était un sentiment qu’elle pouvait réellement ressentir, bien trop satisfaite de sa situation. « Oh, madame veut jouer les mystérieuses ? D’accord, mais je te promet que je ne lâche pas l’affaire. » Ce n’était pas dans les habitudes de la brune de lâcher un potin aussi croustillant, maintenant qu’elle savait que la blonde ne sortait pas avec l’idiot de la semaine dernière. « Du coup, Fletchley s’occupe du ménage chez toi ? Ou alors c’est un pote à ton copain à qui vous prêtez l’appartement ? » Sortir cette information maintenant était clairement digne d’elle, mais contrairement à ce que l’on pouvait penser, Olympe n’était pas si peste que cela et ne jugeait pas vraiment les fréquentations hypothétiques de la blonde. Néanmoins, elle aimerait bien pouvoir comprendre les raisons pour lesquels un gars comme lui se trouvait chez elle, persuadée d’avoir loupé énormément de choses.

« Ouais, ca va c’était plutôt sympa. » Olympe ne réalisait sûrement la chance qu’elle avait eu de pouvoir partir dans un autre pays, profitant de presque vacances au soleil à l’année. « Sauf la blague de ma mère bien sûr. Surtout que l’autre idiot s’accroche, même après l’enfer que je lui ai fais vivre. » Un sourire inquiétant se dessina sur son visage, tandis qu’elle repensait fière d’elle à la méchanceté dont-elle avait été capable. Malheureusement, d’après les informations de la blonde, ce calvaire ne faisait que commencer et il allait falloir agir rapidement, « Okay, une idiote encore ? Bon, je suppose qu’une visite va s’imposer. » Il était temps de voir cette jeune femme et de lui proposer un marché, sans quoi, elle devra utiliser la manière forte. « Aucune chance, je gagne toujours. » Quand elle parlait de cette manière, elle faisait réellement peur et semblait pouvoir détruire l’humanité d’un simple claquement de doigts. « Bon sinon, tu as bien des potins sur poudlard ? Des trucs sur les gens qu’on aime pas ou sur les autres filles ? » Qui d’autre que Sybella pouvait la mettre à jour sur ce point ?

« N’est-ce pas ? » répondit Sybella, pas peu fière. Sans être honnête sur l’identité de celui qui l’avait accompagnée, la blonde devait avouer qu’elle avait passé deux jours plutôt agréables et qu’elle aurait signé de suite pour un nouveau voyage en duo. Mais leurs emplois du temps n’étaient ni flexibles, pas plus que leurs porte-feuilles – et la dure réalité les rattrapait toujours d’un instant à l’autre.

Olympe lui promit qu’elle ne lâcherait pas le morceau, ce qui n’étonnait guère l’irlandaise qui lui accorda un petit sourire en coin parfaitement familier. « Accroche-toi, alors. » lui lança t-elle comme une vieille blague entre elles avant de prendre sa tasse. Ces retrouvailles avec la jeune femme étaient finalement pas si terribles que ça, elle se plaisait presque à regretter la bonne époque où les deux demoiselles étaient hautes comme trois pommes et préparaient leurs coups fourrés ensemble.

Son aise fut néanmoins de courte durée quand le nom irritant de son Némésis fut lâché comme une petite bombe atomique sous son nez. La journaliste faillit renverser son chocolat mais se contenta de boire une lampée de lait pour se laisser le temps de cogiter avant de froncer les sourcils, vaguement perdue. « Tu es tombée sur lui il y a deux semaines ? » Si la jeune Bellamy n’était pas aussi pressée de lui fournir des excuses sur-mesure, Sybella aurait mis le temps avant d’en inventer une potable – un signe que ses anciennes aptitudes de peste avaient quelque peu rouillé. « Evidemment il n’a rien dit. Quel abruti. » commenta la jeune femme à voix haute avant de soupirer et de porter une main à son front, un brin soucieuse. « Vraiment désolée. Il ne t’a pas accueilli comme une malpropre au moins ? » Un petit rire légèremer amer, avant que la blonde ne devine par elle-même la réponse qu’aurait pu lui fournir son ancienne camarade. « Suis-je bête. Bien sûr qu’il a du mal t’accueillir, ça fait partie de son ADN. » Cracher sur Justin, même en son absence et surtout quand il n’avait rien fait de mal – à part oublier de mentionner qu’une ex-amie à elle s’était pointée bien sûr – avait toujours un effet bénéfique sur ses nerfs.

Un peu plus détendue, Sybella se lança dans un périlleux challenge, celui de se retenter aux mensonges. Et elle se débrouillait finalement mieux que prévu. « Il devait garder notre appartement en fait. Je ne lui fais pas du tout confiance mais visiblement mon petit ami s’est laissé un peu avoir … Il a toujours eu plus de cœur que moi avec les losers. » fit-elle mine de déplorer. Là encore tout était facile à feindre, puisque Dean avait tendance à bien souvent trouver des excuses pour tolérer les sournoiseries de ce blaireau de Finch.

Olympe Bellamy n’avait donc pas véritablement changé concernant sa manière d’être. Elle raffolait toujours autant des scandales et surtout, elle détestait fortement qu’on contrarie ses plans et ses habitudes. Un bon point, tant qu’elle parvenait à s’assurer qu’elles étaient toujours du même côté. « Tu vas aller la voir ? » Syb’ ne put retenir une certaine curiosité dans son ton de voix. « Je te souhaite bien du courage. Cette Oliver n’a pas une goutte de plomb dans la cervelle. » Elle leva la tasse vers son amie pour honorer sa démarche et rajouta, le plus sérieusement du monde. « Si tu as besoin de moi, n’hésite pas. » Après tout, faire la misère à quelques vieilles têtes de Poudlard pouvait être un passe-temps amusant entre anciennes sœurs de maison.

La brune se remit à la questionner, avide d’histoires croustillantes. Dans la tête de la jeune journaliste, défilaient toutes les dernières rumeurs. La moitié la concernait – elle ne comptait pas parler de l’engueulade qui avait définitivement coupé les ponts entre elle et Gaya, ni de sa coucherie avec Galaad révélée au grand jour, pas plus que de son dernier plan régulier qui avait été affiché dans le Sorcière-Hebdo. Ca faisait un paquet de potins en moins, constata t-elle. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Ou plutôt sur qui ? »

« Je finirai bien par savoir, tu sais bien qu’on ne cache rien à Olympe. » Un rapide sourire avant de lancer ses cheveux en arrière, persuadé de trouver très rapidement l’identité de ce sombre et bel inconnu -quel n’imaginait sûrement pas assez sombre d’ailleurs. Dans le meilleur des cas, la blonde finirait bien pas le lui révéler et dans le cas contraire, elle fera sa fouineuse et enquêtera de son côté. Olympe était bien placé pour savoir que tout se sait dans le monde magique et que rien ne reste secret bien longtemps, comme le fait qu’elle soit tombée une semaine plus tôt sur l’idiot du village. « Ouais, j’étais plutôt surprise de tomber sur lui, du coup je me demandais un peu ce qu’un blaireau comme lui pouvait faire chez toi. » Sans parler qu’il l’avait laissé dehors dans le froid et qu’il était toujours aussi immature et lourd. « C’est le cas de le dire, je suis restée à la porte, avant de retourner à la gare pour attendre le prochain train. » De cette manière, elle avouait ni plus ni moins ne pas savoir transplaner, mais tant pis elle le vivait très bien.

L'explication de la blonde était assez étrange, mais Olympe supposa que c’était la vérité étant donné que c’était son amie qui le disait. En quatre ans, elle espérait au moins avoir gardé la confiance de son ancienne amie. « Oh, je vois, bah pas de chance alors, mais au moins ça prouve que ton copain est quelqu’un de gentil. » Un sourire, tandis qu’elle serrait un peu plus la tasse de chocolat, récupérant la chaleur comme le saint Graal. S’il y avait bien une chose qui lui manquait d’Afrique, c’était bien la chaleur, que même le copain de sa mère n’avait pas réussi à gâcher -alors, il valait mieux le dégager avant que cela soit le cas. « Ouais, je vais lui dire de faire en sorte que son père quitte ma mère, sinon je vais faire de sa vie un enfer. » Son sourire de pimbêche en chef s’afficha, tandis qu’elle réfléchissait déjà à son futur échange avec cette fille peu fréquentable que lui décrivait la blonde.

« Une gogole ? Elle doit bien s’entendre avec l’autre idiot de la semaine dernière. » Un rire rapide, avant de prendre d’un air plus solennel. « C’est très gentil, mais je pense pouvoir m’en sortir. » Olympe n’avait pas peur de ce genre de fille et comptait bien lui faire comprendre ce qu’elle voulait, sans lui laisser le choix. Seulement, ce n’était pas le moment de penser à cette idiote -oui, Olympe l’avait déjà casé dans la catégorie idiote sans intérêt, mais plutôt d’en apprendre plus sur ces quatre années. « Hum, je sais pas. Sur cette pétasse de Gaya ou ce débile de Finnigan ? » En entendre sur les gens qu’elle n’aimait pas était sûrement la meilleure chose qui pouvait lui arriver, surtout s’ils étaient morts sous un pont.

La blonde souffla un peu, rassurée d’avoir pu échapper au pire concernant son petit copain. Les ennuis viendraient plus tard, pour l’heure il y avait mieux à faire : critiquer Justin. L’ingratitude de Finch-Fletchley atteignait des sommets et cela se vérifiait une fois n’était pas coutume. En espérant qu’il n’ait pas raconté un nombre incalculable d’idioties à son sujet à Olympe, la blonde souffrait d’une brutale envie de faire passer un sale quart d’heure à l’anglais – voire peut-être bien plus que quinze minutes. Les propos que lui rapportaient son amie ne l’étonnaient pas et elle n’avait cette fois-ci pas besoin de se forcer pour exprimer toute sa haine à l’égard de l’ancien Poufsouffle. « Crois-moi, si ça ne tenait qu’à moi il n’aurait jamais mis les pieds ici. Mais que veux-tu, cet abruti réussit toujours à s’attirer la sympathie des autres, je ne sais pas comment il fait pour les amadouer. J’ai toujours pensé à une sorte de sortilège d’illusion ou à un truc magique. » Cette théorie bien rôdée ne datait pas d’hier et si Sybella n’avait pas encore réussi à prouver qu’elle état vraie, ce n’était que parce que Finch se débrouillait bien pour cacher toute la laideur de son âme – non, Syb’ ne diabolisait pas du tout à un haut niveau d’exagération le jeune homme.

Maintenant qu’elle en savait plus sur les raisons du retour de la jeune Bellamy, une dernière question subsistait. « Et où est-ce que tu vis, du coup ? » interrogea la jeune fille, à peine désintéressée. Elle ne comptait pas l’inviter chez elle pour le moment – ça aurait été se tirer une balle dans chaque pied – mais mine de rien elle voulait savoir où logerait son ancienne camarade afin de pouvoir mieux maîtriser toute éventuelle visite future et éviter le pire aux yeux de sa chère amie.

L’amitié potentielle entre sa future belle-sœur et Justin fit rire franchement la blonde. « Oh ça, c’est peu probable. Finch est aussi homophobe, enfin si tu veux mon avis il n’aime pas les homosexuels parce qu’il en est lui-même un qui ne s’assume pas. Ce type est un cas d’école psychologique à lui tout seul, je t’assure. » Ce qui était bien avec lui, c’était qu’elle retrouvait naturellement tout son potentiel mesquin sans avoir à éprouver une once de regret. L’ex-Blaireau était un pain béni pour assurer sa crédibilité de peste auprès d’Olympe.

Olympe qui, elle, n’avait visiblement toujours besoin de personne pour aller réduire à néant la vie d’autrui. Suffisamment indépendante et forte pour aller en solitaire se frotter à Oliver, Sybella salua l’initiative sans pour autant cacher sa très légère déception. Parfois, jouer aux garces lui manquait un peu. « Dommage. Comme tu voudras. » conclut-elle avant de revenir aux potins qui affolaient tant la curiosité de sa comparse. « J’ai plus de nouvelles de Gaya depuis qu’on a quitté Poudlard. Elle a … disparu dans la nature. Enfin, elle a surtout rejoint les Mangemorts. Depuis, silence radio. » Inutile de parler du fait qu’elle avait couché avec Lucas et Galaad, deux garçons qui étaient loin d’être des anonymes pour la brune qui lui faisait face. Elle n’avait pas non plus envie de mettre en exergue le petit scandale de leur fin de septième année où Gaya et elle avaient failli se battre et avaient toutes deux été de belles garces. Ca ne valait pas la peine de remuer les mauvais souvenirs.

Le second sujet fit rire la blonde – cela avait au moins l’avantage de dissimuler sa nervosité croissante puisqu’elle lui parlait de Seamus, un autre de ses colocataires. Syb’ se mordait d’avance les doigts de ce qu’elle allait dire mais elle se voyait mal annoncer à Olympe que l’irlandais était devenu un de ses plus proches confidents. « Finnigan ? Ha, comme si j’avais des nouvelles de lui. Ce mec doit sûrement être en train de picoler dans un pub depuis huit heures du matin ou nettoie les fientes des hiboux de la Poste. Tu vois le genre. » Elle se sentait parfaitement honteuse intérieurement, presque mal à l’aise en s’entendant parler de façon aussi méprisante et hautaine d’un garçon qui était devenu un ami – c’était certainement d’ailleurs ainsi qu’elle s’en rendait compte. Elle n’avait néanmoins pas le choix ; de toute façon ce rôle serait provisoire, le temps qu’Olympe reparte chez elle. « Tu sais ce qu’on dit. Bouffondor un jour, Bouffondor toujours. » acheva la blonde en buvant son chocolat chaud pour étouffer l’acidité de la bile qu’elle déversait.

A ses yeux, la blonde ressemblait presque parfaitement à celle qu’elle avait laissé en partant et l’entendre parler du poufsouffle la faisait réellement sourire. Le temps n’avait visiblement pas affecté le potentiel pimbêche de son amie et cela à son plus grand plaisir, après tout les bons commérages passaient toujours divinement bien le temps et elle pouvait difficilement s’en passer. « Ou alors, les gens font de la charité avec lui pour se faire bonne conscience. » Un principe qu’elle ne comprenait d’ailleurs pas vraiment et qu’elle ne pouvait de toute manière pas faire à cause de sa franchise à toutes épreuves. Autrement dit, si elle n’aimait pas quelqu’un, elle était presque incapable de lui faire croire que oui. Une qualité qui pouvait tout aussi bien être un défaut dans certaines situations, mais heureusement elle était assez intelligente pour ne pas se mettre dans des situation compliquées.

« Je vis sur le chemin de traverse avec mon grand-frère. » Un grand appartement qu’elle transformait un peu plus chaque jour, grâce à ses qualités décoratives et manuelles au plus grand plaisir de son frère. Pour dire vrai, elle avait déjà terminée sa chambre et travaillait activement sur le salon qu’elle comptait bien finir avant la fin du mois -mais pour cela, elle devait absolument finir ses planches, trop méticuleuse pour se lancer au petit bonheur la chance. « L’appartement est sympa, puis au moins je mange divinement bien. » Avoir un grand-frère cuisinier dans un des plus grand restaurant du monde magique était définitivement génial, même si cela elle se passait bien de le lui dire.

Un profond soupire quand la blonde lui rappela que sa demi-soeur était définitivement pas une tasse de thé. Comme si une poufsouffle n’était pas déjà suffisamment gênant, il fallait en plus que ce soit une grande gueule de lesbienne. A vrai dire, elle n’avait pas grand chose contre les homosexuels, mais le fait que cela soit le cas de cette fille qu’elle ne pouvait déjà pas encadrer devenait de suite un défaut supplémentaire. Cela dit, apprendre que Justin était un gay refouler la faisait sourire et elle ne manqua pas de faire un petit commentaire. « Oh bah, il devrait tenter sa chance avec ce connard de Finnigan, après tout, qui se ressemble s’assemble. » Elle lâcha un petit rire avant de recaler tranquillement une mèche de cheveux.

Elle critiquait des gens qu’elle n’avait pas vu depuis quatre ans comme si c’était hier et n’y voyait absolument aucun problème. D’ailleurs, elle avait vraiment hâte d’en apprendre un peu plus sur ce qu’ils étaient tous devenu, trouvant cela vraiment hilarant. Le premier sujet fut Gaya, la grande blonde que Olympe n’avait jamais supporter et étonnamment cela ne la surprenait pas vraiment. « Vraiment ? Ca ne m’étonne pas, c’était une vraie trainée celle là. » Olympe bien qu’elle était une véritable commère jugeait finalement bien les gens et elle ignorait d’ailleurs à quel point c’était le cas concernant la mangemorte.

Quand la conversation dévia sur l’irlandais, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir en apprendre d’avantage, sachant qu’il était de loin la personne dont elle gardait le plus mauvais souvenir de Poudlard. Un garçon agaçant qui adorait l’embêter, pour un oui ou pour un non et qu’elle trouvait aussi inutile que les quatre mille pierre levées de Carnac. « Oh oui, je vois très bien le genre. Une sorte parasite suprême. » La gentillesse n’était pas forcément une de ses premières qualités, mais ce n’était pas la blonde qui lui en tiendrait rigueur. D’ailleurs, la réplique de cette dernière l’amusa beaucoup et elle ne manqua pas de rire à cette phrase célèbre chez les verts et argents. « Je vois que les choses ne changent pas vraiment, bonne nouvelle ! En tout cas je suis vraiment contente de te revoir, tellement de bons souvenirs. On était un peu des reines, alors qu’on avait quoi, quatorze ans. » Une époque qui commençait sérieusement à remonter, mais qui n’en était pas moins agréable aux yeux de la brune.

Ce qui était rassurant, c’était de constater qu’elle pouvait encore compter sur des gens assez sais d’esprit pour savoir ce que Justin était : un petit con. Evidemment il n’y avait pas besoin de mentionner que cet individu faisait partie de sa vie et de son univers maintenant qu’ils étaient en colocation, mais au moins, vider son sac à son sujet et ne pas faire comme si elle supportait toutes ses imbécilités sans broncher pendant quelques minutes lui faisait un bien fou.

Maintenant qu’elle s’était purgée de tout son ressentiment, Sybella avait besoin de passer à autre chose. « Bref. Changeons de sujet, il est vraiment tout sauf intéressant. » clôtura donc la blonde tout à fait spontanément avant de boire un peu de chocolat et d’écouter la nouvelle vie d’Olympe sur le Chemin de Traverse. Se souvenant de l’existence du frère aîné de la jeune femme, l’irlandaise esquissa un sourire compréhensif. « J’imagine ! Tu en as de la chance. Je ne peux pas dire que je me sois améliorée en cuisine. » Elle ne put s’empêcher de rire en repensant à la dernière fois où elle avait tenté de faire le repas pour tous – autant dire qu’ils avaient fini par commander des pizzas plutôt que de tous s’empoisonner avec la nourriture qu’elle avait concoctée. Son ex-camarade devait se rappeler de ses exploits de danger nucléaire en matière de potions, ce qui lui donnerait une bonne indication sur ses compétences culinaires.

La suite de la discussion se compliqua de nouveau, demandant un effort assez insoupçonné à la jeune femme pour faire comme si elle approuvait complètement les dires de la brune. « Ouais … Ahah c’est clair. » Sybella Tyrel, honte sur toi ! songea t-elle tout en gloussant. L’exercice lui paraissait vieux comme le monde et d’une facilité enfantine, même si maintenant, elle se sentait bien moins fière de tacler les gens dans le dos de cette façon. Surtout quelqu’un comme Seamus, en fait.

Gaya, en revanche, ne lui posait pas vraiment de problème. Depuis ce qui s’était passé, elle n’avait certes plus envie de lui envoyer des menaces de mort ou des colis piégés, mais elle conservait une rancune glaciale envers elle – et tout était bon pour enfoncer le couteau dans la plaie. « C’est pas sa faute, tu sais, elle a eu de mauvaises fréquentations vers la fin de Poudlard et puis … » fit-elle mine de l’excuser avec une petite voix mielleuse à souhait avant de sourire d’un air narquois. « Bon, tu sais ce qui arrive aux gens qui n’ont pas assez de force de caractère pour prendre les bonnes décisions. » Non, ça n’était absolument pas mesquin et bas.

Finalement, en dépit des quelques improvisations auxquelles elle devait s’adonner, la journaliste avait réussi à se détendre et à devenir presque naturelle avec Olympe, ce qui la rendait moins tendue. « Oui moi aussi. Je suis vraiment contente. » Sybella était en train de se demander si sa phrase était entièrement sincère ou si ce n’était pas une façon de s’auto-persuader qu’elle était réellement ravie de revoir une vieille amie de Poudlard. Olympe lui avait toujours été loyale et sympathique, et même si elle était sans doute restée bien plus Serpentarde qu’elle à ce jour, elles étaient faites du même bois. Syb’ retrouvait en quelque sorte ses racines, et d’un certain point de vue, cela lui faisait plaisir – et en même temps un peu mal au cœur. « On était de vraies garces. » se remémora t-elle non sans un drôle de sourire nostalgique. Il n’y avait bien qu’elles pour s’attendrir de cette période, relique d’une amitié de longue date.

Critiquer les autres étaient une seconde nature pour la brune, surtout si c’était des gens qu’elle méprisait comme ce fameux poufsouffle qui était malheureusement sa première retrouvailles sur le sol anglais. « Je ne te le fais pas dire. » En espérant d’ailleurs ne pas le recroiser de si tôt dans les prochaines années, sans quoi elle sera encore obligé de lui faire comprendre qu’il est parfaitement stupide et qu’il ferait mieux de s’acheter une vie au lieu de jouer les beaux gosses du dimanche. Heureusement, quand le Poufsouffle l’avait renvoyé, elle avait pu compter sur son grand frère pour lui faire un super repas qui compensait sa journée de merde. « Bah a défaut d’être beau, il sait faire à manger. Un mal pour un bien, d’ailleurs tu pourras passer si tu veux manger un vrai bon repas. » Elle ne disait pas vraiment cela pour être méchante, mais plus comme une fatalité évidente surtout quand elle repensait aux frères aînés de ses deux amis d’enfances, à savoir Joshua Tyrel et le magnifique William Travers. Et même sans les avoir vu pendant quatre ans, elle se doutait qu’ils n’étaient pas devenu moche avec le temps, à l’inverse de l’autre irlandais stupide qui n’arrêtait pas de la faire chier dans leurs jeunes années. « Lui c’était clairement le plus gros débile de notre année. » Un ton clairement méprisant, avant de boire tranquillement son chocolat chaud.

« Tu m’as fais peur, j’ai cru que tu lui cherchais des excuses, ce qui n’est pas la peine, j’ai jamais pu l’encadrer celle là. » Certaines choses n’avaient pas de raisons de changer avec le temps et ce n’était pas la brune qui allait pleurer Gaya. Surtout qu’elle ne la recroisera sûrement jamais de sa vie, ce qui était une très bonne nouvelle d’ailleurs. Si jamais elle la recroisait, elle se passera bien de lui adresser la parole, préférant ne pas s'encombrer avec des gens insipides à ses yeux. Après tout, Olympe n’était pas une pimbêche pour rien et ne comptait pas changer d’ici demain d’ailleurs. « C’est vrai, on était pas très intelligente, mais on se marrait bien, c’était le plus important. » Le bon vieux temps lui manquait presque, tandis qu’elle termina son chocolat chaud et posa la tasse sur la table basse. Poudlard lui paraissait maintenant bien lointain, mais elle étrangement cela tissait des liens un peu indestructibles, du moins elle l’espérait. Ses yeux se posèrent sur sa montre et lui indiqua qu’elle ne pouvait malheureusement pas traîner trop longtemps. « J’ai un train bientôt, je devrais pas trop tarder tu comprends, mais je te propose de venir à la maison la prochaine fois. Donne moi ton numéro, ça sera plus simple. » Elle dégaina au passage son téléphone, histoire d’ajouter un nouveau contact.

Pendant qu’elle ajoutait le numéro de la blonde, la porte d’entrée s’ouvrit. La fille curieuse qu’elle était ne manqua pas de diriger son regard en direction de celle ci, se doutant que c’était logiquement le copain de la blonde qui venait. Ses yeux se posèrent sur un garçon de bonne carrure et un peu cerné, qu’elle n’eut pas de mal à reconnaître, puisque c’était nul autre que Galaad Stomby. Un sourire en coin se dessina sur son visage, tandis qu’elle reporta son attention sur la blonde en murmurant. « Tu sors avec Galaad Stomby ? Wouah ! » Elle était heureuse de savoir qu’elle sortait avec un des mecs populaires de Poudlard, ce qui finalement était plus que logique.

La chaleur et le soutien de la brune à son égard forçaient la réciproque – Sybella appréciait quand les gens se mettaient de son côté, et plus particulièrement quand il s’agissait de personnes comme Olympe. Elles auraient pu encore facilement papoter de leurs anciennes connaissances pendant quelques temps mais celui-ci rattrapa la brunette qui devait déjà quitter les lieux. « C’est une bonne idée. » Sybella récita la combinaison formée par les chiffres de son numéro de téléphone, totalement détendue. Maintenant que le pire de cette entrevue était passé, Syb’ réalisait que retrouver son amie Olympe lui faisait plaisir et qu’elle avait envie de la revoir – en tout cas loin du cadre de la colocation, propice à beaucoup trop de complexités et d’histoires dont elle préférait l’épargner.

L’irlandaise se leva pour accompagner l’ex-Serpentarde jusqu’à l’entrée. Elle s’apprêtait à lui libérer l’accès à la sortie quand la poignée s’actionna dans le vide. Le regard de la blonde s’aimanta à ce mouvement qui n’était pas du tout normal. La porte s’ouvrit ; littéralement, elle s’ouvrit pour laisser passer quelqu’un, et quand elle découvrit de qui il s’agissait, Sybella crut qu’elle était arrivée au bout de ses ressources et qu’elle allait tout bonnement y laisser sa peau. Olympe allait forcément réaliser qu’elle lui avait menti depuis le début – et elle allait devoir expliquer sa chute sociale magistrale en moins de deux ans. Elle imaginait déjà l’air écœuré de son amie quand celle-ci découvrirait qu’elle vivait avec Seamus et Justin.

Mais loin d’avoir à affronter une tornade d’incompréhension, l’irlandaise fit plutôt face au malentendu le plus arrangeant de l’année. En effet, il lui suffisait de prétendre que ce n’était pas simplement Galaad Stomby qui venait de franchir le pas de l’appartement – avec la même tête d’ahuri que le jour où il était arrivé à la colocation, ce qui était ironiquement drôle - mais son présupposé petit ami pour être tranquille. Devant ce quiproquo qui tombait à pic, Sybella arriva rapidement à la conclusion que ce mensonge serait un moindre mal, et qu’Olympe n’en saurait jamais rien d’ici à ce qu’elle ait élaboré une meilleure tactique. « Chéri, c’est toi … » s’enthousiasma t-elle avec une justesse désarmante avant d’étouffer un petit gloussement un brin moqueur. « Voyons, je n’ai pas de petite sœur. C’est Olympe. Olympe Shafiq, elle était à Serpentard avec nous, tu ne te souviens pas ? » Son regard convola furtivement entre les deux verts et argents, notant une fois de plus la force de son comparse à ne jamais se rappeler des filles auxquelles il plaisait.

La blondinette se tourna vers son amie de longue date, un sourire d’excuse aux lèvres. « Eh oui, voilà … La surprise n’aura pas été très longue, n’est-ce pas ! » Elle eut un petit rire gêné à l’adresse de la brune avant de se tourner vers l’irlandais qu’elle regarda avec beaucoup d’attention, espérant véritablement qu’il se contenterait, sinon de comprendre et de jouer le jeu, de ne rien dire du tout jusqu’au départ de la jeune femme. « Je pensais pas que tu rentrerais si tôt, c’est tellement dommage, Olympe a un train à prendre – mais on se tient au courant pour la prochaine fois, n’est-ce pas ? » La blonde regarda sa camarade avec une moue de circonstance avant de lui claquer d’autorité deux bises. « C’était vraiment sympa, allez, à la prochaine ! On s’appelle ! » la salua t-elle à grands renforts de coucous et de larges sourires tandis qu’elle refermait lentement la porte sur elle.

Lorsque la blondinette pivota, sûre que l’appartement était bel et bien fermé et que personne n’était susceptible de les écouter l’oreille collée à la serrure, son visage fixa celui de Galaad : il transpirait non pas la colère mais l’anxiété la plus totale. « Ok. Je pensais pas te dire ça mais … Merci d’être là. » souffla t-elle, visiblement soulagée et au moins aussi fatiguée que lui.