armelle. + big jet plane (TERMINE)

big jet plane
She smelled of daisies, she drives me crazy
C'était le dernier été avant qu'Armelle prenne son indépendance, avant qu'elle quitte leur nid douillet perché en haut de Curlew Hill – Eibhlin débordait d'excitation et de joie pour sa sœur, et en même temps, une petite pointe d'inquiétude restait. Mais elle avait, heureusement, bien d'autre chose à penser.

Elle retira le t-shirt qu'elle portait, trempant sa main dans l'eau fraîche de la baignoire. Vêtue d'un maillot de bain qu'elle avait acheté la dernière fois qu'elle et Armelle étaient allé en ville, elle glissa une jambe puis l'autre avant de s’asseoir au fond. Il faisait bien chaud, même pour l'Irlande, et elles avaient eu la bonne idée d'utiliser la baignoire comme piscine improvisée : bien plus confortable que l'océan pour lire et discuter entre sœurs.
Eibhlin releva ses cheveux récemment devenus roux et attrapa une cigarette et une allumette qu'elle craqua. Elle inspira l'odeur de la fumée, puis l'odeur du tabac, affichant un petit sourire. Ce genre de moment, elle les gravait dans son esprit, comme des petits trésors à regarder plus tard.

— Armelle, tu viens ou quoi ? fit-elle, jetant un coup d'oeil à sa sœur. Sinon je prends toute la place, tant pis.

La rouquine tira sur la cigarette, appuyant sa tête contre le rebord de la baignoire avant d'allonger ses longues jambes aussi blanches que la baignoire elle-même. Par la fenêtre ouverte, elle entendait ses parents dehors, les oiseaux, le fracas de l'eau sur les rochers, en bas. Elle sentait l'odeur de l'eau salée. Poudlard lui manquait, mais ça n'avait rien à voir avec la maison.

— Au fait, tu ne m'as pas encore raconté ton rendez-vous, avec Isaac, c'est ça ? C'était bien ?

Eibhlin ramena ses jambes pour faire de la place à sa sœur au fond de la baignoire, les yeux pétillants de curiosité. Depuis qu'Armelle avait reçu la lettre d'Isaac, Eibhlin était persuadé que quelque chose se tramait. Elle n'était pas très au courant des relations amoureuses garçons-filles — ou des relations amoureuses tout cours — mais elle avait entendu les autres filles de Poudlard en parler. Et cette invitation ressemblait beaucoup à un rendez-vous amoureux, dans les yeux d'Eibhlin. Dans l'esprit trop imaginatif et bourré de romans romantiques.

— Il est mignon ? Vous vous êtes embrassés ? — Enfin, non, on embrasse pas la première fois, ça serait un peu précipité. J'imagine. Raconte moi, raconte moi, raconte moi ! supplia la cadette en faisant déborder un peu d'eau. Oups.
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We played hide and seek in waterfalls. We were younger, we were younger. Syd Matters.

« J'ai oublié un truc, je reviens. » Les petons de la plus âgée des Doherty traversaient au pas de course le couloir avant de débouler dans une des chambres qui se trouvaient à l'étage de la petite maison. Un nid douillet en dehors du temps, que les deux soeurs se faisaient un plaisir de retrouver chaque été. C'était le dernier qu'Armelle deviennent véritablement une adulte et étrangement, elle rêvait que ce dernier soit éternel. Presque tous ses souvenirs joyeux étaient rattachés à cet endroit. Les promenades en forêt avec son père, les baignades nocturnes avec sa soeur, les trajets en voiture avec son oncle. Le village de Curlew Hill avait peut-être quelques airs de donjon, il n'en était pas moins son petit paradis à elle. Ses pieds dérapèrent sur le carrelage froid tandis qu'elle déboulait dans sa chambre, attrapa son cartable en cuir qui se tenait sagement sur son lit avant de repartir en direction de la salle de bain.

Sa petite soeur était déjà en train de se prélasser dans la baignoire qui à l'arrivée de beaux jours prenaient des airs de piscine. La jeune diplômé tira de son sac, deux magazines moldus achetés quelques jours plus tôt dans la gare de Dublin et en tendit un à la fillette qui recrachait une épaisse fumée grise. Sa petite soeur fumait depuis déjà quelques temps et Armelle devait lui accorder que ça lui donnait un air cool. Pour dire vrai, si elle n'était pas aussi sage et peureuse, elle aurait sûrement déjà tenté l'aventure. « Avec tes grandes jambes, tu prends toujours toute la place. » Sa petite soeur n'avait absolument rien de petit et elle aimait le lui rappeler, une petite boutade de soeur comme elles aimaient tant le dire. Armelle déboutonna sa robe bleue ciel qui tomba sur le carrelage de la salle de bain, se retrouvant ainsi en sous-vêtement. Avant d'entrer dans la baignoire, elle jeta un rapide coup d'oeil par la fenêtre et salua ses parents qui s'occupaient du potager.

L'eau ni trop chaude, ni trop froide du bain était absolument parfaite pour la saison et elle pouvait sentir le vent caresser sa nuque dégagée. « On aurait dû prendre le tourne-disque. » Un oublie qui sera très certainement rectifié avant le prochain bain. Les deux soeurs pouvaient passer des journées entières dans cette baignoire à lire, discuter, rêvasser ou écouter la douce mélodie de la nature. Armelle ouvra le magasine et commença à feuilleter les pages en papier glacé. C'était sa soeur qui brisa en première le silence pour lancer un sujet auquel elle s'attendait. Son rendez-vous avec Isaac Delpech.

Il serait faible de dire que l'irlandaise était surprise d'une telle invitation et il n'était pas étonnant que sa petite soeur, la première au courant souhaite en savoir un peu plus sur ce rendez-vous. « C'était magnifique, Dublin est une ville magnifique. Tu aurais adoré le pub où on a bu un verre, sans parler de la musique qu'ils passaient. » Sa soeur serait sûrement heureuse de savoir qu'elle avait découvert pleins de nouveaux endroits, mais elle se doutait bien que ce n'était pas là où elle voulait en venir. Eiblhin ne tarda pas à se montrer plus précise en parlant de baisers. Les joues d'Armelle prenaient une petite teinte rosée sans réelle raison. Il ne s'était rien passé de spécial et cette soirée avait été en tous points amicale selon elle. Néanmoins, c'était la première fois que quelqu'un l'invitait quelque part et surtout la première fois qu'un garçon lui portait un certain intérêt. Après sept années sans se faire un seul ami, elle découvrait enfin ce genre de joie. « Tu dis vraiment n'importe quoi Ei ! C'est juste un ami, puis de toute façon, je suis sûre qu'il a une copine. » Puis d'un geste assez rapide, elle se cacha derrière son magazine, devant un article absolument pas intéressant sur le divorce de personnes qu'elle ne connaissait parfaitement pas.

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Attendant sa sœur, Eibhlin faisait clapoter l'eau en bougeant ses pieds, inspirant et expirant le poison qui lui donnait l'air adulte, mature. Elle attrapa le magazine d'Armelle avait ramené, coinçant la cigarette entre ces lèvres. Elle fit une moue perplexe devant le contenu du magazine : spécial été 1999... les tendances de l'été... Des préoccupations qui paraissaient vraiment étranges pour Eibhlin. Elle tira la langue à sa sœur, l'éclaboussant avec ses jambes en guise de réponse. Ei était, littéralement, une géante pour son âge et la baignoire avait longtemps été assez grande pour elles deux, mais maintenant, elle commençait à être trop étroite.

Elle se frappa le front quand Armelle mentionna le tourne disque. Brusquement, elle se leva, déposa sa cigarette dans le cendrier avant d'enjamber le rebord et courir jusqu'à la chambre en dérapant au passage. Elle prit le tourne disque et quelques disques avant de revenir dans la salle de bain, laissant au passage une traînée humide derrière elle. Elle déposa avec précaution le disque sur la machine, avec une délicatesse presque religieuse – car pour Ei, la musique, c'était plus que sacré. Pas une seconde de sa vie ne se passait sans qu'elle ne pense à de la musique.
Une fois la musique lancée, Eibhlin retourna dans l'eau. Le sujet « Isaac Delpech » était bien trop important .

— Nina Simone. Tu aimes ? Elle tendit sa cigarette à Armelle, avec un sourire.

Elle posa son visage sur ses genoux, écoutant Armelle parler de Dublin. Ça sonnait magique ! Peut-être pas aussi magique que Poudlard, mais une forme de magie qu'elle retrouvait dans les baignades à la plage, les voyages en tracteur faute d'autre chose. Entendre Armelle raconter la faisait voyager, comme les romans. Elle ferma les yeux, imaginant le bar, l'ambiance.

— On y retournera toute les deux ?

Elle rit en voyant sa sœur rougir. Ah, l'amour ! L'amour, l'amour, l'amour : Eibhlin avait beau avoir quatorze ans, elle avait bien entendu tout le monde en parler. Il suffisait de prendre le magazine : comment séduire... trouver l'amour... Le monde ne tournait qu'autour de ça, même dans sa prison dorée, Eibhlin ne l'ignorait pas. Et Armelle était son aînée, pas étonnant que cela lui arrive avant elle.

— Une copine ? Tu te moques de moi, Mellie ! Elle arracha des mains le magazine avec une moue amusée. Une copine ! Il ne t'aurais pas invité s'il avait eu une copine, tu sais ! Il aurait préféré passer du temps avec elle.

La rousse écrasa la cigarette dans le cendrier, tournant les pages du magazine. Pourquoi ne parlait-on pas de littérature ? Elle soupira, plia le magazine pour lire un article sur un festival de musique italien.

— Tu sais, je pense qu'il craque sur toi et qu'il tente de se rapprocher de toi, doucement. Ça à l'air d'être un gentil garçon. Vous avez fait quoi, exactement, je veux des détails. Et n'essaye pas de te cacher derrière un autre magazine !

Elle souriait, ravie qu'Armelle se trouve un ami - ou plus. Pendant ce temps, Nina Simone chantait en français – « ne me quitte pas » et Eibhlin chantonnait à mi-voix, balançant sa tête lentement.
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Sa soeur qui n'était définitivement pas une faignante n'en demanda pas plus pour traverser la maison en maillot à la recherche de son fameux tourne-disque. Bien que les filles ne connaissaient pas grand chose en musique, elles savaient l'apprécier à sa juste valeur et se réjouissait de pouvoir chantonner un air qu'elle connaissait. En moins de temps qu'il en faut pour dire Quidditch, la plus jeune était de retour dans l'eau tiède de la baignoire. Ce vinyles, elles le connaissaient toutes les deux par coeur, comme tous ceux que la Gryffondor possédait dans sa chambre. De toute manière, le Doherty avaient les mêmes goûts. « Bien sûr. Ne me quitte pas. » Un français pas si mauvais pour une Irlandaise qui ignorait parfaitement l'origine de cette chanson et encore plus sa vraie signification. Dans un soupire qui trahissait son bien-être, Armelle s'enfonça un peu plus afin de reposer sa tête contre le rebord de la baignoire. Sa soeur lui tendit la cigarette, elle hésita un court instant et refusa d'un geste de la main. Une petite voix en elle, qui répondait au nom de raison lui indiquait sagement que c'était une mauvaise idée et elle décida pour couper court que ce n'était tout bonnement pas le jour pour jouer les rebelles.

« Oui ! Peut-être que parrain voudra bien nous y amener. » Son récit sur Dublin faisait sans grande surprise rêver Eiblhin et elle avait hâte de pouvoir l'amener partout avec elle pour vagabonder à travers tout le pays. Elle se souvenait de son air rêveur en écoutant son oncle parler de ses voyages et de toutes ses choses qui avaient le goût de l'inconnu, de l'aventure. Intérieurement, elle espérait que son futur poste au chicaneur qu'elle avait miraculeusement obtenu puisse l'aider à visiter de monde et vivre à son tour de belles aventures, comme celle qu'elle prenait tant de plaisir à lire ou à écrire.

Ses joues rosés amusaient sans surprise sa petite soeur qui semblait vouloir prendre les choses en mains. Le magazine qui lui servait de rempart disparu afin de laisser place aux deux yeux bleus de sa chère soeur. Eibhlin ne manquait pas d'énergie et disait toujours les choses comme elle le pensait. Pour le coup de la copine, la plus jeune avait sûrement raison et Armelle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. « Et bien, peut-être qu'elle n'aime pas le Quidditch. » Si c'était sa soeur qui avait sortie une répartie aussi nulle que celle qu'elle venait de dire, elle lui aurait sûrement ri au nez, mais elle disposait d'un atout supplémentaire, c'était elle la grande soeur. Puis histoire de faire diversion, elle reprit le magazine sur un article qui expliquait comment faire pousser ses cheveux plus rapidement.

La plus jeune ne lâchait pas l'affaire et semblait décidé à en savoir plus sur cette sortie. Armelle lui lança un regard un peu sombre par dessus son magazine avant de pousser un soupire et de le baisser. Personne ne pouvait gagner contre une Eibhlin déterminée. « Très bien. On est allé voir le match de Quidditch, puis après on est allé dans un pub, on a bu un verre ou deux, on a discuté et on s'est plutôt bien amusé. Tu vois, rien d'extraordinaire. C'est juste … Amicale. » Pour la plus vieille, rien que le mot “ami” sonnait comme une découverte et elle était suffisamment contente d'imaginer que quelqu'un veuille devenir son ami.

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Nina Simone chantait des mots qu'Eibhlin ne comprenait pas – mais ce n'était pas grave : peu importe ce qu'elle disait, Eibhlin ressentait la musique, les sentiments, et c'était assez pour la faire aimer cette chanson et ce disque, assez pour le faire repasser en boucle lorsque le vent soufflait dehors et s'infiltrait à travers les fenêtres, ou lorsque la chaleur devenait trop lourde et qu'elle somnolait sur son bureau.
Les quelques mots d'Armelle suffisait à faire fonctionner son imaginaire de petite fille : déjà, Eibhlin dérivait sur les flots des images mentales produites par le récit de sa sœur. Elle s'imaginait déjà sa sœur et le garçon marcher main dans la main sur les plages irlandaises, les rires étouffés et les baisers timidement dérobés, l'amour naissant et maladroit, comme elle en avait lu dans les poèmes : quelle chanceuse sa sœur, pensait Ei, même si elle était on ne peux plus loin de la réalité. Elle fermait les yeux et se faisait des films mentaux tout à fait satisfaisants – elle poussa un petit soupir mélancolique. Ses yeux bleus se reposèrent sur sa sœur, qui reprenait le magazine. Elle repris alors le sien, tournant les pages jusqu’à tomber sur un article assez intéressant sur les destinations de voyages.

— Je pense que, commenta-t-elle, ses yeux parcourant rapidement la page, s'il avait vraiment eu une copine, elle serait venu avec lui. Elle l’aurait pas laissé aller avec une autre fille ! Ou bien elle n’est vraiment pas du tout du genre jalouse. Mais avec un copain comme Isaac Delpech, je me méfierais : il est beau, il plaît sûrement à pleins de filles.

Elle se donnait un ton de sagesse alors qu'il y avait dans sa phrase une sorte de candeur adolescente qui la caractérisait bien. Elle tendit le bras pour attraper son verre de thé glacé, coinçant la paille entre ses lèvres. Eibhlin arrondit les yeux en fixant sa sœur. Amical ! Dieu, que sa sœur était touchante dans sa naïveté, même si elle n'était guère mieux elle-même. Et puis, il suffisait de ça pour lancer une histoire, conclue Ei silencieusement.

— Rien d’extraordinaire, tu trouves, vraiment ? Il a aimé son cadeau, au fait ?

La rouquine se souvenait parfaitement du paquet soigneusement emballé, elle avait regarder sa sœur répondre à la lettre du jeune homme. Elle se souvenait de tout le soin que Mellie avait mis dans la préparation du paquet – elle espérait qu'Isaac avait apprécié ne serait-ce qu'un petit peu les efforts de l'aînée. Tout cela était trop passionnant.

— Tu vas le revoir, hein ? Sinon, j'écrirais une lettre à ta place, ça serait trop bête de ne pas le revoir, s'il est si gentil. Oh, Mellie, pourquoi tu ne l'inviterais pas à la maison aussi ? Je suis sûre que ça serait drôle !

Ses yeux pétillaient à l'idée de faire venir l'amie de sa sœur ici – Eibhlin n'avait pas peur de jouer la troisième roue du carrosse ou de tenir la chandelle, elle était bien trop enthousiaste pour sa soeur.
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Le tourne-disque virvoltait à quelques centimètres de la baignoire, faisant de ce lieu un véritable havre de paix. Armelle avait certes énormément aimé la capitale irlandaise, mais elle n'imaginait définitivement pas sa vie sans un peu de calme, sans ses petits moments précieux avec sa petite soeur. Dans un moins, elles prendront des chemins différents et se retrouveront à des centaines de kilomètres l'une de l'autre, comme sept ans auparavant, quand elle avait fais son entrée dans les rangs de Poudlard. Bien sûr, elle ne manquera pas une occasion pour lui écrire, en espérant en recevoir de la part de la plus jeune. Armelle ne se souvenait pas vraiment de voir sa soeur avec des amis et pendant un instant, elle se sentait coupable d'avoir passé tout son temps avec elle, l'empêchant de se faire des amis. Cela dit, Eiblhin était très différente d'elle et elle était persuadée qu'elle se fera très rapidement de bons amis.

La légèreté enfantine de la gryffondor l'amusait, dans les yeux d'Eiblhin tout semblait plus simple, plus joyeux que dans ses yeux. Elle n'avait absolument aucune idée de si Isaac avait une petite copine ou pas, mais pour une étrange raison elle se doutait que non. Sa soeur avait raison, elle le savait, mais c'était sa manière à elle de faire diversion, d'éviter les questions trop embarrassantes. « Va savoir… Et puis, je ne vois pas pourquoi une fille serait jalouse de moi. » A ses yeux, elle n'était que la fille invisible qui longeait les murs, évitant soigneusement d'être remarqué. Pourtant, elle avait été heureuse d'apprendre que quelqu'un comme Isaac puisse l'avoir remarqué et avait pu la percevoir comme quelqu'un de sympathique.

« Je crois, en tout cas, il le portait. » Peut-être était-ce plus par politesse que par coup de coeur, mais au moins, il l'avait porté et Armelle devait même avouer qu'il le portait bien. De toute manière, selon elle, les pulls en laine vont à tout le monde. Voir sa soeur boire lui donnait soif et sans plus attendre, elle attrapa son thé glacé à la cerise et en but une bonne gorgée. Si elle évitait passablement de se faire des films, ce n'était aucunement le cas d'Eiblhin que se voyait déjà témoin d'un hypothétique mariage. « Je ne sais pas, peut-être. Je ne vais pas l'inviter ici, ça serait... gênant et je t'interdis d'envoyer une lettre ou sinon je coule ton tourne-disque. » Une menace qui n'en était pas vraiment une, Armelle ne ferait jamais une telle chose et sa soeur le savait très bien. « Ei, tu sais l'amitié filles / garçons, ça existe. »

Ses yeux se promenèrent sur les pages de son magasine, à la recherche de quelques choses d'un peu plus amusant à lire. Au bout de quelques secondes, elle tomba sur l'horoscope, une rubrique qu'elle adorait lire. « Balance : Journée qui sera porteuse de bonnes surprises. Des appuis soudains que vous n'attendiez vraiment pas soutiendront vos initiatives. Vous risquez d'être trop franc ou pour dire les choses franchement d'être de mauvais poil, débitant des vérités subjectives aux visages d'amis choqués ! Vous retirez beaucoup de plaisir de vos rencontres et de vos découvertes, c'est une excellente journée pour se détendre, exactement ce que l'on est en train de faire. Et le tien il raconte quoi ? » Les cours de divination lui manquaient déjà, à vrai dire tout à poudlard lui manquait, sauf peut-être sa solitude.

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Eibhlin secoua la tête, l'air faussement consternée par la modestie de sa sœur. Les autres filles avaient toutes les raisons d'être jalouse de sa sœur, dans les yeux de la jeune rouge et or : sa sœur était la meilleure, sur tout les plans, disait la cadette. Son modèle, voilà ce qu'était Armelle. Une inspiration. Un but ultime : être aussi bien qu'Armelle. Ei reposa son verre.

— Je t'assure, les filles devraient être jalouses de toi. Tu es jolie, intelligente, cultivée, et tu n'as pas besoin de tout ces trucs qu'ils disent dans les magazines pour être une fille intéressante. dit-elle, comptant sur ses doigts les qualités qu'elle énumérait. La preuve, c'est toi qu'Isaac a invité, pas une autre. Rien que pour ça, je suis sûre que certaines seront mortes de jalousie ! conclut-elle de manière convaincante. Et en plus il a porté ton pull – je veux dire, il était pas obligé, mais il l'a quand-même mis, je suis sûre ça veut dire quelque chose.

Son esprit voyait sûrement des signes là où il n'y en avait pas. Entre Armelle plus rationnelle et Eibhlin plus rêveuse, elles trouvaient l'équilibre parfait lorsqu'elles étaient toutes les deux. Elles avaient toujours été comme ça, d'aussi loin que la rousse se souvienne.

— Mais non. Ou invite le en ville ? A boire un chocolat. Et après tu l'inviteras à la maison. Ou juste lui faire visiter les environs, tu vois, lui montrer la beauté de notre petit bout de paradis ! Ei souriait largement. Qui disparut bien vite quand Armelle évoqua son tourne-disque. Ah non, on touche pas à Caroline. Oui, Eibhlin avait donné un nom à son tourne-disque. Compris, pas de lettres, promis-juré.

Armelle n'était pas du genre à s'attaquer à ses objets personnels pour se venger. Elle n'était pas non plus du genre à se venger, encore moins envers Eibhlin, et elle ne prenait pas si sérieusement la menace. Quelques secondes plus tard, le sourire enfantin était revenu sur le visage de la rousse, aussi large et sincère qu'avant.

— Bien sûr que ça existe. Je serais contente si toi et Isaac devenez super amis ! Et je serais contente aussi si vous devenez plus que ça – du moment que tu es heureuse, je serais heureuse, Mellie, tu le sais. fit-elle, aspirant le thé avec sa paille, son regard dérivant par le paysage qu'elle apercevait par la fenêtre derrière.

Elle se laissa glisser un peu plus dans l'eau, écoutant Armelle lire l'horoscope. Elle rit un peu : des bonnes surprises, ici, dans leur maison perchée loin de tout ? Être de mauvais poil alors que le soleil réchauffait sa peau claire, que elle et sa sœur profitaient de ses instants au son d'une mélodie ? Pff, les horoscopes, c'était n'importe quoi. Sauf pour la fin, évidemment.

— Alors, le mien, voyons ça. fit Eibhlin en dépliant les pages. Ah ! Voilà, Balance. Elle se racla la gorge. « Votre vie de couple sera encore au centre de vos préoccupations. La passion sera au rendez-vous pour beaucoup de natifs. Ceux du premier décan seront mieux lotis que les autres natifs du signe grâce à Jupiter, qui décuplera leur charme et rendra leur partenaire très amoureux. Célibataire, vos émotions seront à un comble et vous sentirez que l'amour n'est pour vous qu'une ombre insaisissable. Ne désespérez pas ! Tout pourra arriver à tout instant ce jour pour bouleverser toutes les données de votre situation actuelle. » … Tout pourrait arriver hein ? fit-elle, taquine.

Ceci dit, songea Eibhlin, l'horoscope était aussi valable pour sa sœur que pour elle. L'amour, l'amour, pff, à quatorze ans, ça semble bien vague. Eibhlin appuya sa tête contre le rebord de la piscine, faisant couler l'eau du bain entre ses doigts. L'amour ça faisait rêver, mais ça semblait un peu effrayant : elle y rêvait parfois, mais sans plus, un peu effrayée. Elle avait le temps.

— Ça va faire bizarre quand tu ne seras plus à la maison. Je pourrais venir te voir pendant les vacances, quand-même, hein ? La maison, c'est vraiment pas pareil sans toi.
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Les compliments de sa soeur étaient certes très sympathiques, mais clairement peu objectif. Armelle aimait sa soeur autant qu'elle l'aimait, simplement parce que c'était sa soeur, sa meilleure amie ou sa jumelle comme elles aimaient tant le dire. Seulement Armelle était quelqu'un de très modeste et elle se contenta de se cacher derrière son magazine avec son verre de thé. « Je crois ma pauvre Ei, que le soleil commence sérieusement à te taper sur la tête. Je suis sûre que ça ne veut rien dire, ce n'est pas son genre. » Comme si elle connaissait assez l'anglais pour savoir ce genre de choses. Néanmoins, elle aimait croire que rien n'était calculé dans cette soirée et qu'elle était réellement en train de se faire un ami.

« Quand je le connaîtrais un peu plus, pourquoi pas. » Un léger rire en entendant le nom de ce cher tourne-disque, avant de reposer son verre non loin d'elle. Rendre heureuse sa petite soeur heureuse semblait bien facile aux yeux d'Armelle. Eiblhin était quelqu'un d'étonnement honnête et naïve, si bien qu'elle avait parfois peur que les autres abusent d'elle ou qu'il se moque d'elle. L'an prochain, elle ne sera plus à ses côtés pour s'assurer que tout aille bien et cette idée lui faisait de la peine. Seulement, l'heure n'était pas aux peines, mais à l'horoscope.

« J'étais sûre que tu allais lire cette partie, tu deviens prévisible Ei ! » Accompagnant ses paroles d'une attaque surprise d'éclaboussures. C'était tellement agréable comme moment, que la plus âgée s'imaginait aisément vivre dans cette baignoire pour l'éternité. Un peu comme un royaume. Armelle posa la tête sur le rebord de la baignoire, levant les yeux vers le ciel bleu qu'elle pouvait voir par la fenêtre. Une mouette passait, volant contre le vent avec une légèreté sans pareille. Elle repensait à cette conversation qu'elle avait eu avec ce garçon dans ce pub, cette histoire de vol en balais qui résonnait comme une aventure féerique au-dessus des falaises. « Un jour, on devrait essayer de voler avec nos balais, on y a jamais pensé. » Ne se donnant même pas la peine de justifier cette idée qui tombait un peu comme un cheveu sur la soupe.

La plus jeune prenait un air bien plus triste en parlant du départ de sa soeur, de ce nouveau chapitre qui allait s'ouvrir après les vacances d'été. Un moment que les deux filles redoutaient autant l'une que l'autre, mais son rôle de grande soeur l'obligeait à avoir l'air plus enthousiaste. « Bien sûr que tu pourras venir et tu pourras même inviter tes amis ! Puis pour les vacances d'été je reviendrais dans notre royaume. Et toi, tu as intérêt à m'écrire, pour me raconter comment la vie se passe à Poudlard. » Poudlard, le plus bel endroit du monde aux yeux d'Armelle, avec peut-être leur irlande à elle. « D'ailleurs, il faudrait vraiment que je commence à chercher un appartement, j'espère qu'il n'est pas trop tard … J'en prendrais un avec une baignoire. » Avec la frénésie d'avoir obtenue son diplôme, d'être de retour à la maison, elle avait complètement oublié de chercher un appartement.

Prenant un air plus grave et abaissant le journal, la plus âgé posa ses yeux ténébreux sur sa soeur. « Ei, promet moi de te faire pleins d'amis l'an prochain. » Armelle était sûrement la mieux placée pour savoir que les journées à Poudlard pouvaient parfois être très longues quand on avait personne avec qui les partager.

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Ei posa sa main sur son front, couvrant ses yeux des rayons de soleil qui traversaient la fenêtre pour terminer sa course directement dans ses pupilles bleus clairs. Elle avait un large sourire, et leva les yeux d'un air faussement lassé quand Armelle balaya d'une remarque ses compliments. Bien sûr qu'Eibhlin exagérait, que ses compliments étaient biaisés par son statut de petite sœur – ils n'en étaient pas moins sincères, et Eibhlin pensait chacun de ses mots. Elle n'insista pas – elle savait quand s'arrêter avec Armelle, c'était instinctif.

Elle gonfla les joues, avec une grimace quand sa grande sœur l'éclaboussa, répliquant de plus belle en lui envoyant une vague dessus – grimace qui se transforma bien vite en éclats de rires aux sonorités enfantines, témoignant de toute l'innocence et naïveté dont la rouquine faisait encore parfois preuve, malgré ses allures de grande femme.

— J'aurais pu lire le passage sur la famille, mais il était bien moins intéressant, je pensais que cette partie là piquerait plus ta curiosité !

Eibhlin se releva pour attraper la bouteille de savon qui traînait à côté de la baignoire, savonnant ses mains pour faire des bulles – celles-ci s'envolèrent bientôt par la fenêtre, disparaissant dans le ciel au gré du vent, sous les yeux brillants de l'adolescente. Elle haussa les sourcils, abandonnant ses bulles de savons. Voler sur un balai... L'idée était tentante, poétique, agréable – presque tentant.

— Oh ça sera bien ! Mais il ne faudrait pas voler trop haut : on risquerait de nous voir. C'est Isaac qui te donne envie de faire du balai, Mellie ? lança-t-elle, taquine, etosa son visage sur sa main, oubliant la mousse et le savon.

La cadette se releva pour changer le disque qui avait fini de tourner, faisant des petites moues en choisissant lequel mettre. Ayant finalement fait son choix, elle se laissa retomber au fond de la baignoire, un sourire aux lèvres. Leur royaume, leur maison, leur jardin, leur petit bout de plage : Armelle et Eibhlin étaient les princesses d'un petit bout de terre, aux allures de jardin d'Eden oublié. Et si, parfois, elles rêvaient d'ailleurs, elles finissaient toujours pas retrouver le chemin de la maison. Mais l'appartement d'Armelle – le potentiel appartement – était tout aussi attirant.

— Je t'écrirais tout les jours, tu le sais bien. Assura la rouquine. Tu voudras que je t'aide à en trouver ? Je suis sûre qu'on peut trouver de bon appartement avec une baignoire – peut-être pas aussi belle que la notre, par contre.

Elle tapota la céramique de leur bonne vieille baignoire – celle-ci devait les avoir vu grandir, de nouveaux-nés à jeunes femmes, et elle avait une valeur toute particulière pour Eibhlin, même si ce n'était qu'une simple baignoire.
Des amis... En trois ans de scolarité à Poudlard, elle ne connaissait personne : elle n'avait même aucune idée des élèves qui partageaient sa maison. Elle soupira – la perspective de devoir se débrouiller sans sa sœur était un peu effrayante.

— Promis. fit-elle. Mais à une condition. Elle imita le regard sérieux d'Armelle. Tu t'en fais aussi. Et tu me les présentes ! Et tu m'écris des lettres aussi, hein. Et tu m'enverras des exemplaires du Chicaneur, comme ça je pourrais les avoir en avant-première pour lire tes articles.

Eibhlin se voyait déjà agiter l'article sous le nez des autres élèves : « regardez ! c'est l'article de ma sœur ! » dirait-elle avec un brin de fierté dans la voix.
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Des éclaboussures qui rafraîchissaient son visage pâle et dessinait un sourire espiègle sur ses lèvres framboises. Ce genre de moments qui n'appartenaient qu'à elles et qui les rendaient si inséparables. Armelle ne se souvenait pas s'être une seule fois disputé avec sa soeur et elle espérait très sincèrement ne jamais avoir à le faire. Préférant de loin la voir sourire que la voir pleurer. Cette dernière semblait avoir trouvé une nouvelle passion, l'embêter au sujet d'Isaac et la plus âgée avait hâte de pouvoir lui rendre l'appareil. « Pas du tout ! Enfin un peu, mais c'est normal vu qu'il en faisait. » Elle ne pouvait même pas dire si c'était le match ou Isaac, à moins que ce ne soit les deux, qui lui avait donné cette envie soudaine de voler, mais elle comptait bien essayer avant la fin des vacances.

Même s'il leur restait encore un mois de vacances, la brune ne pouvait pas s'empêcher de penser à la rentrée et au début de cette nouvelle vie. Elle annonçait le début de la vraie vie, des responsabilités et quelque part, ça lui faisait un peu peur et elle ne serait pas contre une année de plus à Poudlard. Néanmoins, il fallait bien faire le grand saut et elle n'était pas contre un petit coup de pouce. « Demain, on regardera les petites annonces dans le journal, en espérant qu'il en reste. » Comme pour approuver les paroles de sa soeur, elle pose sa main sur la baignoire, repensant à tous les bons moments qu'elles avaient pu passer dedans et de toutes ces discussions sans importances et pourtant si précieuses à ses yeux qu'elles avaient pu avoir. Une baignoire qui prenait des allures de palais royal pour ses deux princesses d'un autre temps.

Savoir que sa soeur allait faire l'effort de se faire des amis lui faisait plaisir, cependant elle n'était pas sûre de pouvoir lui promettre une pareille chose, doutant de ses capacités à se faire des amis. « Je vais essayer, promis. » Essayer, c'était déjà beaucoup pour la jeune fille et au fond d'elle, elle espérait aussi rencontrer de nouvelles têtes bien plus sympathiques que ses anciens camarades de classes. « T'en fais pas, tu seras la première à lire mes articles, si jamais ils sont publiés. » Armelle ne connaissait pas encore le monde du journalisme, mais elle se doutait qu'avant de pouvoir être publié il fallait faire ses preuves et que ce n'était pas si simple, même dans un journal aussi indépendant que le chicaneur. « Bob Dylan ! J'adore. » Elle repose sa tête contre la baignoire, se laissant aller à quelques rêveries.

big jet plane
She smelled of daisies, she drives me crazy
Eibhlin coinça la paille entre ses lèvres, avec un sourire amusée. Elle ne se lassait pas de taquiner sa sœur: le sujet « Isaac » était on ne peut plus bienvenue ; il apportait une légèreté et une brise de nouveauté dans la vie d'Armelle, et par extension, dans la vie de la cadette. En tout cas, Isaac donnait des nouvelles idées à sa grande sœur, la rouquine les accueillait à bras ouverts. Il suffisait de ces quelques phrases pour qu'Eibhlin se voit déjà sur un balai.

— On aura qu'à faire ça demain. J'ai tellement hâte maintenant ! Oh non. On pourrait faire ça aujourd'hui, Mellie ?!

La fillette enthousiaste n'attendait que le feu vert d'Armelle pour la suite de la journée : si celle-ci disait oui, Eibhlin était déjà prête à courir remettre ses vêtements et attraper le balai. Mais si Armelle disait demain, Eibhlin saurait prendre son mal en patience, heureusement.

L'année prochaine faisait un peu peur à Ei. Elle avait du mal à s'imaginer dans les couloirs de Poudlard sans la présence de sa sœur, malgré leurs années et maisons différentes. Ei avait toujours été à Poudlard avec Armelle, et elle avait l'impression de faire un saut à l'élastique dans l'inconnu, mais sans élastique.

— J'ai hâte qu'on visite des appartements. On trouvera un château idéal pour Princesse Armelle ! lança-t-elle, tout sourire et tout rires.

Ei ramena ses jambes contre elle, posant son menton contre ses genoux. Elle espérait bien que sa sœur se fasse autant d'amis : si Ei n'avait pas beaucoup vécu en dehors d'Armelle, la réciproque était aussi vraie. Malgré les années qu'Armelle avait passé à Poudlard sans sa sœur, elles s'étaient quand même contentés de leur relation sans jamais chercher plus loin. Cette année promettait d'être une véritable révolution pour les deux jeunes filles. Leurs parents allaient finir par ne plus reconnaître leurs petites filles rêveuses et un peu timides ! Déjà qu'Eibhlin râlait de plus en plus – les joies de l'adolescence...

— J'ai hâte de lire. Oh, et, tu pourras m'écrire des histoires aussi ? Je pourrais les lire avant d'aller me coucher, ça sera un peu comme si tu étais là. fit Ehbhlin, la voix douce. J'aime bien aussi Bob Dylan. C'est parrain qui me l'a offert la dernière fois. D'ailleurs, il viens cette semaine non ? Maman ne va pas être contente s'il nous amène encore des cadeaux !

Leur mère n'allait peut-être pas être ravie – elle n'aimait pas voir ses filles lentement se faire inclure dans la société moderne de consommation, mais elle ne pouvait pas non plus lutter éternellement. Elle ruminait, mais elle n'empêchait pas Armelle et Eibhlin de vivre leurs grandes aventures.
electric bird.

Big Jet Plane

We played hide and seek in waterfalls. We were younger, we were younger. Syd Matters.

Armelle aurait dû se douter qu'en mettant une telle idée dans la tête de sa petite soeur, cette dernière ne lâcherait pas l'affaire si vite. Même si elle était la plus vieille, ce n'était jamais elle qui prenait réellement les initiatives et pour dire vrai, c'était plus souvent sa soeur qui la poussait à prendre des risques. La brune avait besoin de quelqu'un pour la pousser, pour prendre des décisions et ce rôle convenait parfaitement à la plus jeune. « Je termine mon thé et on ira essayer. » L'ancienne Serdaigle imagina la tête de ses parents en les voyant voler au-dessus du jardin, d'ailleurs elle n'était pas sûre qu'ils puissent accepter une chose pareille. Elle attrapa son verre et en but une nouvelle gorgée. La cerise était définitivement son fruit préféré et elle pourrait en manger au moins toute sa vie.

Il était effectivement plus que temps de commencer à chercher un appartement si elle ne voulait pas se retrouver allée des embrumes. Pendant un moment, elle avait envisagé de chercher un appartement avec un ou une colocataire, histoire de payer un peu moins cher, mais elle avait rapidement réalisé qu'elle ne connaissait personne qui voudrait bien vivre avec elle et qu'elle était de toute manière trop timide pour emménager avec un parfait inconnu. « Princesse Armelle, c'est ça ouais. » Elle souria et avala une nouvelle gorgée de son thé avant de poser son magazine sur la chaise.

« Pas de problème, du moment que tu ne les fasses pas lire aux autres. » Son verre toucha à sa fin et elle se leva afin de sortir de la baignoire. Elle attrapa deux serviettes qui traînaient sur un petit meuble et en passa une à sa soeur. « Je crois qu'il passera mercredi, il doit aider papa à tailler le pommier. » Elle s'enroula dans sa serviette et se détacha les cheveux en passant la tête par la fenêtre, jetant un regard à ses parents qui étaient toujours en train de s'occuper du potager. « On ne devrait peut-être pas dire qu'on va voler. » Armelle qui voulait mentir, ça ce n'était définitivement pas banal. « Bon je vais me changer et prendre mon balais, on se retrouve dans cinq minutes. » Elle attrapa son verre vide et ses magazines avant de se diriger dans sa chambre, faisait traîner ses pieds sur le sol froid de la maison.

big jet plane
She smelled of daisies, she drives me crazy
Ouiiii ! s'écria la jeune fille, en se relevant dans la baignoire, avant d'une traite le fond de son thé glacé. A peine Armelle avait-elle fini de prononcer sa phrase, Ebhlin sortait de la baignoire.

Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre, agitant la main à ses parents dans le jardin. Ils allaient sûrement être surpris de voir les deux Doherty s'élever sur leurs balais respectifs, mais rien n'allait empêcher Eibhlin et Armelle de s'amuser un peu.

— Tu pourrais vivre avec Isaac, sinon, si vous vous entendez bien ! glissa la rouquine avec malice.

Elle imagina sans peine l'appartement idéal de sa sœur. Une grande baignoire, assez grande pour les longues jambes d'Eibhlin et assez grande pour avoir de la place à deux. Elle connaissait le style de sa sœur, et elle pouvait voir clairement le genre de décoration qu'Armelle aurait. Et c'était encore mieux si Armelle n'était pas seule dedans.
Eibhlin hocha la tête : les histoires qu'écrivait Armelle, elle les gardait pour elle, jalousement, gardés dans une boite spéciale qui avait déjà pris place au fond de sa valise. Elle attrapa la serviette que lui tendit Armelle, s'enroulant dedans.

— J'ai hâte d'être mercredi alors ! Ça me donne envie de pommes tout ça. On pourrait essayer d'en décrocher depuis nos balais !

La jeune adolescente enfila son t-shirt par dessus son haut de maillot de bain encore humide. Non, mieux valait garder leur plan pour elle. Eibhlin détacha ses cheveux, les laissant tomber sur ses épaules.

— La dernière dans le jardin est une perdante ! fit Eibhlin en riant, dépassant Armelle dans le couloir en glissant, les pieds encore mouillés.
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» Someone New • Armelle (terminé)
» Never look away — Kendra (terminé)
» Looking for a friend { Dimitri ▬ terminé
» I can't even live with myself { Basile ▬ terminé
» Check my brain { Isaac ▬ terminé

armelle. + big jet plane (TERMINE)

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