Do what you want

'cause a pirate is free, you are a pirate !

Il est face à celui qu'il a longtemps considéré comme un modèle, celui qui lui a paru meilleur – plus fort, plus courageux, plus sociable – et ça dans tous les domaines. Il est celui qui à Poudlard, a su se montrer présent quand il n'avait pas d'ami. Il était cette personne plus âgé qui aurait pu lui servir de modèle, de figure pourvue d'une aura divine – et quand il y pense un peu, il se dit que ce n'est pas d'une réalité désormais révolue – cette personne qu'il a regrettée à son départ de Poudlard, sans qui il a dû terminer sa scolarité. Mais les choses évoluent et la relation qu'il entretient avec l'actuel directeur des Serdaigles aussi. Même s'il continue à voir en Oz cette personne plus âgé terriblement classe, leur amitié n'est plus basée sur cette différence d'âge primordial à l'époque de Poudlard. Avoir des nouvelles du professeur de vol – par lettre ou de vive-voix – est toujours un réel plaisir pour lui. Il fait partie de ces personnes avec qui les conversations sont toujours intéressantes. Il est un peu trop utopique Charlie, alors il apprécie de trouver des gens qui partagent, de près ou de loin, des idéaux similaires aux siens. Les idéaux de l'Ordre du Phénix.

Ça a toujours été une certitude. Plus que lui, Oz a sa place au sein de l'Ordre. Il possède ses nombreuses qualités qu'on n'apprécie jamais assez, ceux qui font des gens engagés les plus compétents. Il ne l'a compris qu'en intégrant lui-même cette organisation officieuse à son retour voyage. Dans ces quelques lettres échangées lors de ces années de fuite où les rares jours passés dans des villes l'étouffer, Oswald n'était que celui qui devrait s'engager dans des associations, à défaut de pouvoir faire mieux. C'est en comprenant l'importance de l'Ordre, en saisissant tous les aspects cruciaux de son combat qu'il s'est mis à le voir comme un membre potentiel. Évidemment, il aime appartenir à ce groupe œuvrant pour le bien contre une bande de psychopathes en cape mais il aurait donné sa place sans hésiter si elle avait été pour Oz. C'est sûrement dû à ce manque cruel de confiance en soi, au fait qu'il ait constamment l'impression que les gens agissent mieux que lui dans leurs missions. Pourtant, il n'a jamais pensé à la quitter, au contraire. Il apprécie de pouvoir agir, et il ne doute pas une seconde désormais qu'Oz pense la même chose que lui à ce sujet.

Il a mis un temps fou à lui en parler. Ce n'est pas trop le genre de chose qu'on peut aborder avec n'importe qui, on doit attendre d'être sûr de ne prendre aucun risque. Il a l'interdiction formelle de parler de son appartenance au groupe avec des gens non concernés. C'est risqué, aussi bien pour lui que pour les autres et Charlie n'est pas du genre à vouloir la vie de ceux qui l'ont accueilli. La plupart font désormais partie de ses amis et il serait incapable de les trahir. Il a pris sur lui, tentant d'orienter au mieux leurs conversations de ces derniers mois pour avoir la certitude de ce qu'il avait déjà deviné. Oz est un peu la recrue parfaite, et se joindre à eux ne lui poserait pas le moindre problème. C'est devant dans la rue face au 12, Square Grimmaurd qu'il hésite. Il le regarde avec une certaine appréhension. Attiré son ami dans le coin pour lui montrer une chose super-intéressante – qui n'existe pas, pas ici – et passer pour un gamin faisant un caprice n'est pas la meilleure idée du siècle. Il recule au maximum le moment où il se retrouve obligé de poser la question.

— Tu sais Oz, si je t'ai amené ici, c'est pour une bonne raison. Il repense à cette conversation qu'il a eue avec les membres de l'Ordre au moment où il leur a parlé du professeur de Poudlard et de sa probable prochaine intégration dans le groupe. On se connaît depuis longtemps, tu es quelqu'un en qui j'ai entièrement conscience, et j'ai cru comprendre que tu aurais aimé intégrer un groupe qui t'aurait permis d'en faire plus pour la société. Il fait une pause, cherche ses mots. Il hait à ce moment-là son manque de courage. Je fais partie de l'Ordre. Instinctivement, ses yeux viennent chercher une réaction sur le visage de son ami. Même s'il ne prend que peu de risques en lui annonçant la nouvelle, le sentiment de peur existe au fond de lui. Je pense que tu t'en doutais un peu, non ? Je te dis pas ça par hasard. J'aimerais... Non, je-. Tu pourrais- voudrais. Oui. Tu veux nous rejoindre ?

Cette impression que tout a changé reste marquante. Pour la première fois, il a pleinement conscience de ne plus être le gamin perdu qui cherchait dans le plus âgé un pilier. Il a fait du chemin Charlie, et c'est avec une certaine fierté qu'il a désormais sa place au sein de l'Ordre – place héritée de son oncle – et au sein d'une vie banale où ses amis, Oz compris, ont la place principale.

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Peut-être que c'est ce qu'il attendait Charlie, l'approbation d'une personne qui l'a connu plus jeune. Quelqu'un qui sait d'où il est parti, qui a conscience des efforts faits pour en arriver là. Il doit se forcer parfois, se faire mal, aller à l'encontre de ses envies pour une cause qu'il pense juste. Je suis fier de toi. Tu as fait le bon choix. Ces mots qu'il aurait tant voulu entendre de la bouche de son oncle. Mais le modèle est mort avant de les avoir prononcés, lui permettant juste d'emprunter le chemin qui y conduit. Alors c'est un véritable soulagement pour lui, de savoir que Oz accepte ses choix, et même qu'il les partage. Avec Aloysius, l'actuel directeur de Serdaigle fait partie des celles personnes lui permettant d'avoir de réels bons souvenirs de Poudlard – dans les jours où il accepte de considérer les moments passés à la bibliothèque avec l'asiatique comme des moments agréables. Alors oui, l'avis que peut avoir son ami sur son intégration à l'Ordre, et le fait qu'il accepte de rejoindre cette organisation le ravit. Il a l'impression d'avoir accompli quelque chose aujourd'hui, sa première intégration au sein, le choix parfait.

— Tant mieux alors. Je suis content que tu acceptes Oz. C'est un honneur de pouvoirs te compter parmi nous. Tu verras, l'Ordre est comme une grande famille. On prend soin les uns des autres, on fait attention à ne jamais les mettre en danger. Je suis obligé de te préciser ce que ça implique vu que tu es un nouveau membre : ne pas parler de l'Ordre à n'importe qui, ou en public – évite aussi les lettres, on ne sait jamais – et ne jamais dévoiler l'emplacement du quartier général. Il se rappelle encore du jour où Clément lui a dit tout ça, avant de le faire entrer au 12 Square Grimmaurd. L'émotion ressentit à l'idée de faire quelque chose de grand – bien plus grand que lui – l'avait bouleversé. Il trouvait ça merveilleux, comme aujourd'hui. Une nouvelle intégration, on la célèbre comme il se doit avec le sourire, tout comme on enterre les morts les yeux trempés de larmes. Et le jour où tu veux intégrer une nouvelle recrue, tu dois nous en parler à une réunion. La question est toujours posée à la fin, même si c'est rare que quelqu'un propose.

Tu as réussi Charlie, tu as finalement intégré quelqu'un à votre famille. La nouvelle le fait sourire. Il s'est demandé pendant des heures s'il en serait réellement capable, s'il n'aurait pas dû laisser cette tâche à quelqu'un d'autres. Il n'est pas le seul membre de l'Ordre à connaître Oz, certains sont moins timides, plus habitués à ses tâches difficiles. Et pourtant il a tenu à le faire, a expliqué à Clément qu'il voyait ça comme une étape à passer. Une étape réussie.

Les compliments que lui fait son ami l'étonnent. Ce sont des choses auxquelles il ne pense jamais, il se l'interdit même. Se remémorer les souvenirs douloureux dans lesquelles les élèves de Poudlard n'ont pas le meilleur des rôles aux yeux de l'ancien Serdaigle est le moyen le plus sûr qu'il a de perdre toute confiance en lui – ça et penser à sa sœur. Alors il pense qu'Oz a tort, que tous les autres, même s'ils savaient, ne changeraient pas d'avis. Pour eux, il resterait le gosse raté toujours dans son coin, celui qui ne dit jamais rien même quand on l'embête. Lui aussi se trompe, et il le sait. Ce serait une victoire si les gens se rappelaient de lui comme ça, mais il ne reste lui dans leurs mémoires sûrement pas l'ombre d'un souvenir. Ils ont tous grandi depuis Poudlard, plus d'une dizaine d'années se sont succédé. Tous ces gens l'ont oublié, ne le remettent pas en le croisant dans la rue ou à la librairie. Souvent, Charlie se demande comment il doit le prendre pour finir par l'accepter simplement. Sa vie a commencé plus tard que certains, ses plus belles années ne seront jamais celles passées enfermés entre les murs de l'école.

— C'est gentil Oz, mais je pense pas que ça changerait quoi que ce soit. Un sourire triste sur son visage, Charlie se gratte les cheveux exposant alors sa gêne au grand jour. Mais le moment n'est pas à la tristesse, se répète-t-il en regardant les alentours pour chercher le moindre signe de passants. Mais comme souvent, la rue est déserte et il s'avance vers la porte de l'Ordre. Oui, tu as raison. C'est ici que se trouve le quartier général. Suis-moi. Ils entrent dans l'ancienne demeure des Black. L'attention du libraire se porte sur son ami, à l'affût de la moindre réaction. Si aujourd'hui se retrouver ici ne lui fait plus le moindre effet – à force d'y passer presque toutes ses soirées depuis trois, c'est normal – mais il conçoit que cette découverte soit impressionnante pour les nouvelles recrues. Bienvenue chez toi. Tu vois, cette maison est un peu comme la taverne de Saint-Domingue à l'époque des Frères de la côte. Il y a quasiment toujours quelqu'un, on t'y donnera tes missions et tu trouveras des gens avec qui les faire. Il sourit. Bien sûr, si tu veux de moi, je serais toujours heureux de te servir de partenaire.

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Il se sent serein pour la première fois depuis des mois. La présence de son ami à ses côtés est d'un réconfort sans pareil. Même s'il s'est toujours senti bien au sein de l'ordre – la présence de Clément, ou encore Charlie n'est pas étranger à ce sentiment – pouvoir désormais compté Oswald dans ses frères d'armes lui donne envie de sourire. L'actuel directeur des Serdaigles est quelqu'un de bien qui n'attendait que de pouvoir mettre en pratique ses valeurs, il en était persuadé. Aujourd'hui, c'est le début d'une nouvelle vie. Charlie ne pourrait envisager sa vie sans l'Ordre, et il aime croire que c'est le cas pour les autres membres de l'organisation œuvrant pour le bien. Elle est pour lui, une réponse à sa vie, à ses voyages, aux choses qu'il a vues. Pouvoir appartenir à un groupuscule apolitique ne cherchant qu'à aider les gens et pas un parti, voilà ce qui le rend heureux. Il offre au plus âgé un sourire réconfortant.

— Tu verras, ça paraît un peu lourd comme ça – toutes ses maximes – mais quand on est habitué, ça paraît logique et on le fait naturellement. C'est l'impression qu'il a, lui. À force de passer toutes ses soirées au quartier général, il a fini par adopter ces réflexes sans plus y penser. Si au début, il risquait quelques gaffes en parlant aux autres, mentir pour dissimuler son appartement à l'Ordre est devenu au fil du temps immédiat. Il pose une main sur l'épaule de son ami, comme pour le rassurer. Ils se connaissent depuis longtemps, et Charlie sait qu'il n'est pas la personne la plus sociale au monde. Pire que lui, se dit-il soudainement, ayant conscience d'avoir changé durant les années qu'il a passés loin de Londres. Si tu veux, tu peux m'en parler avant si ça te met plus à l'aise. Je connais tout le monde, je pourrais te dire si je pense qu'ils approuveront ou non.

Les couloirs du 12, Square Grimmaurd lui sont aujourd'hui aussi familiers que ceux de son propre appartement. Il sait qu'il devrait peut-être pas y passer autant de temps, mais il trouve en ce lieu un moyen d'échapper à la solitude. C'est tellement plus simple que de se trouver quelqu'un pour partager sa vie, que se faire de réels amis hors de ce lieu – des gens auxquels ils devraient mentir pour les protéger – ou se trouver un énième hobby qui diminuerait encore une fois le temps qu'il s'accorde pour dormir. Il rigole à la question d'Oz, ne doutant pas un seul instant que son ami ferait un bon pirate, un tricorne sur la tête et une bouteille à la main Il l'imagine parfaitement sur un navire, le dos droit, faisant face à la tempête qui approche, une longue vue à la main. Hélas, leur travail au sein de l'Ordre du Phénix est moins épique, et il se contente d'acquiescer en souriant.

— Merci. Il lui sourit. Je suis ravi de l'entendre. On confie toujours les nouvelles recrues à un membre plus ancien pour les habituer aux missions. De toute façon, nous en faisons rarement seul. J'avais pensé que ça serait plus simple pour toi que j'occupe ce rôle de mentor. Il baisse les yeux, ça lui fait bizarre de se retrouver dans ce genre de situation, à l'inverse de celle qu'il a connue lors de sa première année à Poudlard. Il profite de la question de son ami pour cacher sa gêne Un peu des deux, ça dépend de ce que les gens préfèrent. Il regarde ailleurs, lançant un coup d'œil à la cuisine d'où il entend des murmures. En fait, j'ai un peu le rôle de coordinateur ici. Je les aide à trouver leurs places puis j'attribue souvent des missions aux membres, en fonction de ce que je pense pouvoir leur plaire. Il n'est pas spécialement de fier de ces responsabilités Charlie, pas qu'il ne les apprécie pas – pouvoir se rendre utile provoque chez lui un sentiment de confiance – mais il n'est pas du genre à s'en vanter, bien au contraire. Du coup, on verra ce que tu préfères, ce dans quoi tu es le plus doué. Il avance dans les couloirs pour visiter les différentes pièces du quartier général.

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