Trois heures qu'il erre au milieu de l'université magique à la recherche d'un inconnu, avec comme seul indice un surnom. Zombie – il ne sait pas qui est ce mec, mais c'est plutôt fantôme qu'il aurait dû s'appeler vu que personne n'a été capable de réellement le renseigner. La réponse la plus courante que les étudiants acceptent de lui donner est qu'il s'agit d'une des personnes travaillant à la radio. Le problème, c'est qu'il le savait déjà ça, et que ça ne l'aide aucunement à trouver ladite personne. Il s'est donc décidé d'aller faire un tour à la radio – et ça même s'il doute le trouver à cette heure-là vu que ce n'est pas du tout celle de son émission. Mais bon, peut-être qu'il pourra obtenir un vrai prénom, un numéro de téléphone ou à la limite laisser une note. Le mexicain décide avant tout de faire une pause bien méritée – après tout, il n'est plus à ça près – et entre dans la cafétéria pour se rapprocher du comptoir.

Il vient rarement ici, préférant celle de la fac moldue où il étudie, mais un café reste un café, et il en a définitivement besoin. Son regard se pose sur le garçon en face de lui – il le salue de la main avec un petit sourire. Il a rarement vu quelqu'un aussi cerné. Il trouve ça d'ailleurs assez drôle, jusqu'à ce qu'une idée germe dans sa tête. Ce mec ressemble à un véritable zombie ambulant, et il ne serait pas étonné que ça soit celui qu'il cherche.

— Zombie ?, demande-t-il en regardant le serveur. Le pourcentage de chance que ce soit lui est minime mais au point où il en est. Il s'assoit sur la chaise haute face au bar. Son idée de trouver quelqu'un pour l'aider à étendre son réseau à l'université magique n'est pas si mauvaise, mais s'il ne parvient pas à mettre la main sur ce garçon, il aura du mal – à moins de trouver quelqu'un d'autre, mais il n'a pas la moindre envie de repartir à zéro.

Dix-sept heure à sa montre, la cafétéria était comme tous les vendredi après-midi, très calme. Pour la peine, il se paya même le luxe de se prendre un café en écoutant l’émission de Lee Jordan sur la fréquence radio du campus. Il avait terminé sa première audience depuis déjà deux heures et pensait déjà à la prochaine qui était dans sept heures. Son petit boulot à la radio était un véritable plaisir et s’il rapportait assez il s’en contenterait largement, évitant de servir le café. Malheureusement, il fallait bien se loger et se nourrir. Comme il ne parlait plus à ses parents, il avait dû trouver une autre source de revenues. Finalement, il ne se plaignait pas vraiment, trouvant le cadre de la cafétéria plutôt sympathique comparé à d’autres boulots. Alors que les derniers résultats de Quidditch étaient annoncés, un jeune homme se pointa et Benjamin l'accueillit en s’avançant un peu. « Je te sers quoi ? » Alors qu’il sortait sa grande réplique, le brun le dévisagea un peu avant de demander si c’était bien lui Zombie.

Le surnom qu’il avait obtenue à l’université lui collait apparemment toujours aussi bien au visage, mais là encore, ce n’était pas un problème. Ce nouveau blase était devenu un peu comme un prénom pour lui, si bien que même certains professeurs si étaient mis. « Ouais ? » L’ancien serpentard était quelqu’un de plutôt physionomiste et possédait une très bonne mémoire, cela dit il était persuadé de ne jamais avoir vu ce jeune homme. Ni à l’université, ni à Poudlard. Cela dit, pour une raison qu’il ignorait un peu, il était un peu devenu un relais pour pleins de monde et ce n’était pas la première fois qu’on l’accostait de cette manière.

Elias n'en revient pas – s'il avait su qu'en venir s'acheter un café pour continuer ses recherches il serait enfin tombé sur ce fameux Zombie, il se serait précipité à la cafétéria bien avant. Parce que même s'il n'a rien contre les étudiants sorciers – au fond, ils restent une masse de jeunes susceptibles de se mobiliser pour de grandes causes, même si elles sont sensiblement différentes de ceux des moldus – il n'en connaît aucun et se balader seul dans les grands bâtiments n'a rien d'une partie de plaisir. Il lance donc un grand sourire ravi à ce garçon en face de lui – reste plus qu'à trouver un moyen d'aborder le sujet, autre challenge de la journée. Le mexicain jette un petit regard autour de lui alors que le serveur prend sa commande, histoire de s'assurer que personne n'est trop près et risque d'entendre leur future conversation.

— Un grand café, demande-t-il en sortant son portefeuille d'une des poches intérieures de sa veste. Le garçon n'a pas l'air méchant, ni dangereux – encore moins le genre de personne prête à dénoncer une personne sous prétexte qu'il deale un peu. Oh dios mío, enfin. Ça fait trois heures que je fais le con dans cette fac de merde pour te trouver. Chose dont il se serait passé surtout qu'il avait des choses bien plus importantes à faire, mais il ne pouvait passer à côté de l'occasion de s'implanter sur le marché étudiant sorcier. Elias réfléchit – mieux vaut ne pas commencer la conversation en lui annonçant directement qu'il compte vendre à tous les étudiants intéressés de la fac. Minimiser la chose à cet instant précis lui paraît intelligent, parce qu'en cas de refus il pourra toujours trouver quelqu'un d'autre. Je me demandais si tu étais intéressé par un petit truc, dit-il en lui tendant la main pour la serrer – main où se trouve dans la paume un petit sachet de cachets qu'il a pris dans sa poche afin de lui passer.

Le jeune homme semblait extrêmement heureux de le voir, bien que lui ne l’est jamais vu de sa vie. Benjamin resta un peu de marbre, préparant un grand café pour cet inconnu, encaissant au passage la monnaie. « Ah oui ? Bah tu pouvais venir me voir après mon émission à la radio. » C’était après tout, le lieu pour trouver Zombie sur le campus et il se demandait bien ou le brun avait pu le chercher si longtemps. Heureusement, le café lui prenait moins de temps à se faire, et on pouvait déjà sentir l’odeur des aromates, issues du commerce équitable s’il vous plaît. Une fois la boisson prête, il tendit le gobelet vers l’inconnu, avant d’écouter sa requête. Après tout, s’il cherchait Zombie, c’était sûrement pour ça. Sans savoir ce qui lui arrivait, Benjamin se retrouva avec un petit sachet dans les mains, contenant de toute évidence des cachets de catégorie plutôt illicites.

Ben regarda rapidement, confirmant ses soupçons et les glissa dans sa poche avant de regarder la brune qui travaillait tranquillement à côté. « Laurène, tu me remplaces ? Je vais fumer une clope. » Il retira son tablier rouge, le posa sur le comptoir et attrapa sa veste en jean pour sortir dehors, à l’entrée de la cafétéria. Le garçon s’alluma une clope, en aspira une bonne bouffée, avant de se tourner en direction de l’autre garçon. « Alors, tu veux quoi du coup ? » Le brun était de toute évidence un dealer ou un fabriquant et cherchait sûrement à se créer un petit réseaux, chose que Benjamin comprenait parfaitement. Cependant, il devait s’assurer que c’était un mec fiable et pas un débile qui pourrait le faire virer de la fac.

— C'est ce que j'avais prévu de faire ce soir en fait. Et encore, c'était pas facile non plus, parce que les personnes qui m'ont renseigné étaient vraiment connes, dit-il sans se soucier un seul instant d'avoir l'air condescendant devant un parfait inconnu. De toute façon, Elias n'est pas du genre à tenter par tous les moyens de donner une bonne impression, surtout quand il s'agit d'une chose aussi basique qu'une simple vente de drogue. Et puis, ce Zombie ne deviendra sûrement pas son ami – en fait, il n'en sait rien – alors à quoi bon perdre son temps à paraître aimable. En fait, je suis à la fac moldue alors je connais pas trop les lieux. On peut se demander ce qu'il fait là mais l'idée que se créer un réseau ici était simple n'a pas réussi à sortir de son esprit.

Son café en main, il suit le serveur dehors et en profite également pour s'allumer une cigarette. Le simple fait de se retrouver ici avec lui est une bonne chose – cela veut forcément dire que ce Zombie n'est pas entièrement réticent à son petit projet et il doit avouer que c'est une bonne chose. Maintenant, il ne reste plus qu'à lui expliquer son projet, et tout ce qui va avec. Il regarde tranquillement le brun en attendant qu'il lui pose sa question.

— Des clients. Je connais personne dans le coin, mais j'ai cru comprendre que toi si. Les choses sont aussi simples que ça pour lui, en grande partie parce que Elias refuse généralement de passer par quelqu'un d'autre pour vendre ce qu'il produit – une manie qu'il a prise pour être sûr de ne pas s'attirer de problèmes. Au moins, s'il reste un petit dealer indépendant, il n'y a aucune raison pour que les autorités ou les gérants de gros trafics de drogue s'intéressent à son cas. Genre, tu pourrais m'envoyer les intéressés, quelque chose comme ça. Et en échange, je peux te fournir si tu es intéressé, ou je sais pas quoi d'autre. Il regarde Zombie pour guetter sa réaction. Je comprends si tu veux goûter d'abord ce que je t'ai donné avant de te décider. Pour lui, cette réaction serait totalement naturelle, et mais il espère qu'au final, la réponse du garçon sera positive. Il boit une gorgée de café – celui-ci est très bon, largement meilleur qu'à la cafétéria de sa propre fac et il se promet mentalement de revenir en chercher ici à l'occasion. En fait, je m'appelle Elias.

Le jeune homme n’était pas de l’université, ce qui n’était pas du tout une surprise. Après tout, il n’avait pas le look du parfait petit sorcier et Benjamin l’aurait sûrement déjà remarqué si c’était le cas. Malgré ce que l’on pourrait penser, il se souvenait très bien des visages et avait une très bonne mémoire, si bien qu’il était assez évident pour lui qu’il n’était pas en train de parler à un étudiant. Néanmoins, même pour un étranger des lieux, il n’était pas très compliqué de joindre le jeune Eddington. « Ok, bah au pire tu aurais trouvé mon mail je pense. » En effet, il se trouvait que son adresse se trouvait sur les contacts de la fac depuis maintenant deux ans, au nom bien sûr de Zombie. Après il se doutait bien que le brun n’avait pas chercher si longtemps et que s’il ne l’avait pas trouvé, il aurait sûrement envoyé un petit mail pour faire sa requête.

Une requête qui là encore n’était en rien surprenante. L’anglais se doutait bien que cela allait avoir un lien avec un éventuel marché. Benjamin n’était absolument pas retissant aux drogues, surtout qu’il en consommait régulièrement le soir, dans l’espoir de trouver sommeil. Trouver des clients sur le campus sorcier n’était pas vraiment compliqué, surtout quand on savait à qui s’adresser. « Ouais, des clients ça peut se trouver facilement. » Les jeunes sorciers adoraient pimenter leurs soirées avec ce genre de produits moldus et pour dire vrai, les gens lui demandait souvent s’il avait des contacts. Le deal semblait assez honnête, surtout que cela ne lui demandait pas spécialement d’efforts et qu’il pouvait en profiter un peu. « Pourquoi pas, ouais. » Bien sûr, il aurait pu demander une part de bénéfices, mais ça serait s’abaisser aux niveaux de ses parents, véritables requins de la finance. Pour lui, l’argent ne rendait pas heureux, juste complètement con.

Il souffla un peu de fumée dan l’air, avant de regarder le jeune homme, le contour des yeux presque violet à cause du manque de sommeil. « Ok Elias, bah je vais l’essayer ce soir et je redis, tu peux me laisser un mail ou un numéro ? » Si la qualité était bonne, il n’hésitera pas à le contacter, pour voir comment ils pourraient fonctionner. Benjamin pourrait très bien lui donner une liste de clients très rapidement, mais ne souhaitait pas non plus empoisonner tous les élèves. « Si ça se fait, je te préviens de suite que je me dédouane totalement en cas de problèmes. Je compte pas me faire virer d’ici. » Une condition qui à ses yeux était évidente, puisqu’il était hors de question qu’il se fasse viré pour un parfait inconnu gérant mal son truc.

Elias est finalement plutôt satisfait de la réaction du garçon. Celui-ci ne semble pas vouloir le dénoncer et il va plutôt l'aider. C'est plutôt rassurant, surtout qu'il n'avait pas vraiment prévu grand-chose dans le cas contraire. Il se serait contenté d'attraper son skate pour partir loin, si le brun avait menacé de le dénoncer à la police. Dans ce genre de moment, il comprend un peu ce qu'entend Nemo par non responsable. C'est vrai qu'il pourrait faire plus d'efforts pour ne pas amener de souci à son frère. Seulement, vu que tout se passe plutôt bien, le mexicain n'a pas besoin de considérer cette option. Il fume tranquillement en écoutant le serveur, avec un petit sourire quand il l'entend dire qu'il trouvera facilement des clients. C'est un peu ce qui lui pose problème depuis qu'il est arrivé. Déjà, ça le fait chier de devoir dealer en boîte de nuit, ou dans des endroits déjà trop fréquentés. Pour cette raison, la fac sorcière est parfaite, et lui facilitera la vie.

— Ouais, je me doute que des clients, c'est pas très compliqué à trouver, dit-il en buvant un peu de son café. Il ne connaît pas vraiment la consommation des jeunes sorciers, mais vu ce qu'il en a vu avec Galaad, ils ne sont pas en reste. Le marché semble plaire à ce fameux Zombie, ce qui rassure un peu le mexicain. Ensuite, ça ne l'aurait pas dérangé de devoir donner une part des bénéfices – l'argent est loin d'être sa priorité et même s'il en a besoin pour en reverser une grande partie à toutes les associations dans lequel il est engagé, il peut très bien se passer d'une partie des recettes. Bien sûr, je te file mon numéro, pas de soucis. Normalement, il devrait pas avoir de problème. C'est un peu fort, mais bon. On va pas prendre quelque chose pour pas avoir d'effet. La logique du garçon est parfois un peu déprimante, et Elias est sûr que son frère serait énervé de l'entendre parler comme ça. D'ailleurs, quand il repense à leur dernière dispute à ce sujet, il ne peut s'empêcher de se sentir un peu fautif en faisant ça – sentiment qui ne dure hélas pas plus de quelques secondes. Ouais t'inquiète, je comprends totalement. C'est pour ça que je préfère que tu m'envoies juste les clients. Comme ça, au moindre problème, je suis le seul à avoir des emmerdes. Elias termine sa cigarette avec un petit sourire rassurant. Il a l'habitude de dealer, il le faisait déjà à Toronto, et c'est vrai qu'il préfère gérer ses histoires seul. C'est de cette façon qu'il ne s'attire pas vraiment d'emmerdes, parce que aucune personne revendant pour lui pourra le dénoncer en cas de soucis.

Objectivement, il avait déjà servi à écouler quelques fin de stock  l’année dernière, mais ce n’était pas à proprement parler une collaboration. Là, il acceptait de faire plus ou moins équipe avec un inconnu, ce qui n’était pour lui pas vraiment un problème, si les dangers étaient faibles. « Non, surtout quand on sait où aller. » Même s’il n’avait pas beaucoup d’amis à l’université, il connaissait beaucoup de gens et savait exactement à qui s’adresser pour ce genre de commerce, à commencer par les étudiants de première année avides d’animations. Puis, si c’était de la bonne qualité comme le brun l’affirmait, il pourra allé voir les plus âgés amateurs de vraies sensation et méfiants de certains produits. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il se devait de gouter avant de le proposer, histoire de mieux viser le public et surtout de pouvoir en profiter avant les autres. « Si ça me fait dormir, je serai ton meilleur client. » Depuis la mort de son frère, sa consommation n’avait cessé d’augmenter, dans l’espoir de trouver un peu de sommeil, ce qui fonctionnait rarement.

Appuyer contre le mur, il terminait tranquillement sa cigarette en regardant les autres élèves passer. Benjamin avait de plus en plus l’impression d’être invisible, une sensation un peu étrange quand on a été un des garçons les plus populaires de son année. Bien loin l’époque où il était le joueur de quidditch qui rendait toutes les filles folles amoureuses et les lettres d’amour dans son sac. Aujourd’hui, il était personne ou au mieux, Zombie. Le brun ne semblait réellement pas le connaître ou même le reconnaître, ce qui évitait trop des questions. « Ok, on fait ça. » Il accepta rapidement, pas du genre à peser le pour et le contre. La vie était bien trop courte pour se soucier de ce genre de choses, autant regretter plus tard quand on sera mort et enterré. « Bon, je dois y aller. » Sans prendre la peine de parler plus longtemps, il lui donna son numéro de téléphone et jeta son mégot de cigarette dans le cendrier à disposition avant de repartir derrière le comptoir.