Hippolyte pousse un soupir de soulagement alors qu'il rentre la clef dans la serrure – encore quelques secondes et il sera chez lui, avec ses deux adorables chiens et la possibilité de se laisser mourir sur le canapé. La journée a été difficile – déjà, elle a commencé bien trop tôt, seulement une heure ou deux après qu'il décide d'aller se coucher. Comme trop souvent, la rédaction d'un nouvel article l'a tenu éveillé une bonne partie de la nuit, et quand il a enfin décidé de s'accorder quelques heures de repos bien méritées, il a fallu que son petit copain débarque dans sa chambre – ce qui en soit, pourrait être très agréable si celui-ci n'était pas complètement défoncé, chiant à refuser de partir et particulièrement blessant. L'anglais n'arrive définitivement pas à s'habituer à ce genre de visite inattendu. Il est persuadé que Dimitri ne fait pas ça avec une mauvaise attention, mais il préférerait qu'il ne débarque pas à des heures pareilles pour s'endormir dans son lit après lui avoir dit des choses qu'il se passerait bien d'entendre. Le russe n'est pas forcément méchant, il pointe juste du doigt certaines vérités qu'il se force à oublier la majorité du temps – le fait qu'il doit être trop ennuyant pour sortir avec quelqu'un d'aussi parfait que le Bolgarov, et tout ce genre de choses.

La surprise est totale – l'anglais ne s'attendait pas du tout à retrouver son appartement plongé dans une ambiance cosy et son copain dans le salon. En fait, depuis qu'il a quitté l'appartement ce matin-là, il s'est résolu à l'idée de ne pas voir le russe pour quelques jours. Entre les messages énervés qu'il lui a envoyés d'un café alors que le jour n'était pas encore levé, et la parution de l'article où il accuse le ministère, et donc en partie lui et son frère, d'être corrompu, il s'est simplement dit qu'il devrait vivre sans quelques jours – et ça pour son plus grand malheur. Hippolyte baisse les yeux, un peu gêné – il ne sait pas exactement comment il faut réagir face à une attention pareille et à ce moment précis il est complètement désolé, aussi bien pour les sms que pour la publication de la Gazette. D'ailleurs, il n'a pas encore eu le moindre retour de son copain et espère que celui-ci ne lui en veut pas trop.

— Dim, mais qu'est-ce que tu fais là ?, demande-t-il avant de lâcher son cartable pour se précipiter sur le russe, bien trop heureux à l'idée de pouvoir passer une soirée avec lui. Les choses entre eux vont généralement bien, et Hippolyte espère qu'il ne fait pas une erreur en se permettant de l'aimer de plus en plus. Enfin, pas que je veuille que tu partes. Pas du tout, je croyais juste que tu avais des choses à faire. Ou des gens à voir, ou toute autre chose qu'il ignore. L'anglais évite de trop se mêler de l'aspect privé de la vie de Dimitri, se laissant le droit d'apercevoir uniquement ce que le russe veut bien, et ignorant les rumeurs qui existent à son sujet. Mais je suis content que tu sois là, dit-il avant de l'embrasser tendrement – quelque chose dont il ne se lassera sûrement jamais. Très rapidement, les deux animaux viennent lui sauter sur les jambes et Hippolyte se baisse pour les caresser avant d'aller retirer son manteau, apercevant au passage un exemplaire de la Gazette qui traîne sur le meuble près de la porte. Une petite grimace naît sur son visage – il espère vraiment que Dimitri ne lui en voudra pas pour si peu.

La dernière bougie s’alluma tandis que le russe se posa enfin sur le canapé de l’appartement, plutôt fier du résultat. L’ambiance était clairement romantique et son elfe avait même cuisiné un plat succulent. Dimitri avait merdé, il était au courant et devait se rattraper un peu. La nuit d’avant, il avait débarqué complètement défoncé chez son petit copain. Ce n’était certes pas la première fois, mais sûrement celle de trop. N’ayant pas envie de faire souffrir le pauvre anglais, il avait décidé de lui préparé une petit soirée surprise. Pour ce faire, il avait mis les petits plats dans les grands, pensant même à la mettre Oasis en fond sonore, sachant que c’était le groupe préféré du journaliste. Tandis que ça monte annonçait déjà vingt heure, il attendait patiemment son copain en caressant les deux petits chiens que jouaient à ses pieds et se redressa un peu quand la porte d’entrée s’ouvrit.

Sans surprise, le blond était étonné de le trouver là, mais Dimitri resta dans son personnage et réajusta son gilet en souriant. « Surprise ! » Le blond ne semblait pas s’en remettre et alors qu’il s’imaginait déjà en train de devoir s’excuser pour rester, ce dernier lui fonça dans les bras. Un léger sourire en constatant que c’était finalement plus simple que dans ses scénarios. L’anglais avait une manière si particulière de toujours s’en faire et de toujours craindre son départ que le ministre ressentait une certaine peine. Il lui caressa un peu l’épaule avant de répondre sincèrement à ce baiser. Hippolyte était de plus en plus attaché à lui et le plus âgé le voyait très bien -quelques mois avant, il ne l’aurait sûrement pas embrassé de cette manière. « Je pars pas, je voulais juste me faire pardonner pour cette nuit. » Il ne mentait aucunement et on pouvait sentir une sincérité extrême dans sa voix, une sincérité qui semblait naître un peu plus chaque jour chez lui.

Les chiens grimpèrent sur le canapé, faisant légèrement rire Dimitri, avant qu’il ne les repose au sol. Rapidement, il se leva pour attraper un petit paquet sur une commode et retourne se poser à côté de Hippolyte en le lui tendant. Trouver un cadeau n’était pas une mince affaire et après avoir traîné une petite heure en ville, il avait décidé de faire un cadeau plus personnel. Autrement dit, son gilet en laine préféré, celui qu’il avait prévu de porter le jour de la fin du monde. « Du coup, j’espère que ça te plaira. » Dans le cas contraire, il pourra toujours s’en servir comme couverture ou même le donner au chien, bien que cela lui ferait un peu de peine, surtout quand on connaissait le prix.

Les yeux d'Hippolyte ne quittent pas Dimitri alors qu'il s'assoit sur le canapé en ramenant ses jambes contre lui. Il n'en revient toujours pas – à aucun moment l'anglais aurait pu s'attendre à ce genre de surprise de la part de son copain, surtout après la soirée de la veille. Mais là, tout est parfait, l'ambiance, le fond sonore, et le russe qui lui affirme ne pas partir. En temps normal, la simple idée de passer une soirée tranquille avec son copain suffit à le rendre heureux mais là tout est mieux. Il sourit un peu timidement, ignorant comment réagir dans cette situation. Rien n'est habituel – Dimitri est trop gentil pour réussir se faire pardonner mais lui s'en veut également pour être parti aussi brusquement de chez lui. Tout aurait été plus simple si le russe n'avait pas débarqué, s'il n'avait pas fui, et si cet article qu'il n'arrive pas à sortir de sa tête n'était pas sorti aujourd'hui. Mais l'arrivée de Dimitri avec un paquet le fait un peu sortir de ses pensées – il regarde son petit ami un peu étonné avant d'attraper ce qu'il lui tend.

— Qu'est-ce que c'est ?, demande le journaliste en ouvrant délicatement le paquet cadeau pour tomber sur un gilet qu'il a vu une bonne centaine de fois sur le russe. Hippolyte relève la tête pour regarder Dimitri d'un air un peu étonné – il n'est pas sûr de comprendre ce qui se passe. Le russe ne peut pas vraiment lui offrir son gilet préféré. C'est- Il attrape la main de son copain pour jouer un peu avec, geste qu'il a pris l'habitude de faire à chaque fois qu'il est stressé. Tu me donnes vraiment ton gilet ? À moi ? Pour Hippolyte, une telle attention de la part du ministre était presque inespérée, et il sait qu'il le gardera toute sa vie – ce qui est très mauvais car c'est une preuve supplémentaire qu'il entretient des sentiments un peu trop poussés pour le plus âgé. C'est trop mignon. J'en prendrai soin, promis. Il lui sourit tendrement en gardant sa main qu'il caresse un peu avec le pouce. Aux yeux de l'anglais, tout est vraiment parfait, à l'exception de la question qui lui trotte dans la tête depuis que la Gazette a été publié le matin même. Et du coup, tu m'en veux pas pour l'article ? Il fuit un peu le regard du ministre en se blottissant contre lui, un peu effrayé par la réponse qu'il risque d'avoir.

Le cadeau semblait faire son effet et le russe en était ravi, après tout c’était plus personnel qu’une machine à café et il savait que le blond le porterait. Passer du temps avec le journaliste était toujours un plaisir, bien plus doux que tous les autres moments de sa vie. Bien sûr, il se cachait bien de le dire à Nikolaï ou même à n’importe qui d’autre, de peur de passer pour une personne faible. Dimitri avait été habitué à supprimer tous sentiments dans sa vie, gardeur seulement la haine et le désir de pouvoir, mais aujourd’hui pour la première fois il ne voulait rien d’autre qu’un moment de douceur avec Hippolyte. « Ouais je te le donne, bon après si c’est la fin du monde et que tu le portes pas, je le récupère. » Il pouvait sentir les doigts de l’anglais jouer avec les siens, de la même manière à chaque moment de stresse et même si le moscovite ne les comprenait pas toujours, il savait les apprécier et s’y attachait énormément. Un petit air amusé, tandis que l’autre lui promettait de prendre soin du présent. « Je te fais confiance. » Son maniaque de petit ami n’allait sûrement pas détruire un gilet en laine, qui avait déjà vu des jours sombres.

Alors que le plus âgé se rattrapait comme il pouvait de la nuit précédente, le sujet de l’article dans la gazette arriva et il ne put retenir un petit rire en caressant doucement le dos de Hippolyte. Au début, en lisant les quelques lignes, il avait été un peu agacé, se disant que c’était pas très sympathique. Puis finalement, avec un peu de temps, il avait décidé d’ignorer le problème, puisque au fond, cela ne changeait rien du tout. « Pour l’article ? Non, c’est pas un article comme ça qui va baisser ma côte de popularité. » Dimitri n’allait pas revenir sur le sujet, pas ce soir. Le temps était aux réconciliations et aux calins, pas aux engueulades. De toutes manières, les crises de ménages, c’était pas vraiment son truc. « Bref, ce soir tu décides tout ! Même le sujet de conversation, sauf si c’est sur la Reine. » Un petit sourire amusé, tandis qu’il emprisonna le blond dans ses bras en souriant.

Hippolyte ne peut pas s'empêcher de sourire alors qu'il reste tranquillement blotti contre le plus âgé. Même s'il n'aurait pas pu penser ça possible, chaque jour qu'il passe auprès du russe a le mérite de le rendre encore plus amoureux. Et ce n'est pas cette soirée qui viendrait contredire cette impression. Le trouver dans son salon en rentrant après une journée aussi mauvaise a le mérite d'être l'une des choses les plus mignonnes qu'il ait vu – sans parler du cadeau. Qu'il rajoute ne pas lui en vouloir pour l'article est un véritable soulagement. Il a stressé toute la journée pour ça – l'idée que Dimitri pourrait lui faire la gueule pour ça est insupportable – et n'a fait qu'enchaîner les cigarettes pour ne pas l'appeler en catastrophe pour lui demander pardon. Il lui fait un grand sourire ravi. Il s'attendait à une soirée longue et ennuyante, qu'il aurait sûrement mis à profit pour avancer son boulot. Mais à la place de ça, il va pouvoir profiter de son copain et de ses câlins – et ça, c'est bien quelque chose dont il ne se lassera jamais et dont il compte profiter le plus longtemps possible.

— C'est vrai ? Cool, dit-il tout de même un peu blasé de savoir que leur travail ne compte finalement que trop peu au niveau de la population. Mais il ne va pas s'en plaindre ce soir, surtout que ça lui permet de pouvoir passer une soirée posée en compagnie du plus âgé. Oh, mais pourquoi ? D'ailleurs, ma grand-mère m'a appelé. D'après elle, la Reine a fait une nouvelle apparition avec un chapeau magnifique. Il réalise que trop tard ce qu'il vient de dire, et regarde son petit copain d'un air désolé – il sait que Dimitri n'aime pas la famille royale, et qu'il trouve ça très drôle l'amour que lui porte à chacun de ces membres. Heureusement, sentir les bras du russe autour de lui le rassure un peu – il a beau dire tout et n'importe quoi, c'est l'un des endroits au monde où il se sent le mieux. Ou alors, tu peux me raconter ce que tu as prévu pour ce soir pendant que je vais nous chercher quelque chose à boire. L'anglais se lève à regret pour aller chercher deux verres et une bouteille de whisky. Après toutes ces émotions, il a en quelque sorte besoin de se détendre, et quoi de mieux pour ça qu'un verre blotti contre le garçon qu'il aime le plus sur cette terre.

« Je vais pas m’énerver pour si peu. » Enfin, s’il n’avait pas des sentiments pour l’anglais, il l’aurait sûrement fais, histoire de faire comprendre qu’il n’était pas un gentil petit chiot docile, mais un Bolgarov et qu’il ne fallait mieux pas lui tirer dans le dos. Heureusement pour Hippolyte, le russe l’aimait, même s’il ne le savait pas vraiment lui-même, ou plutôt qu’il refusait de l’entendre. Néanmoins, ce soir, le plus important c’était simplement que la soirée se passe bien et que l’anglais se sente bien jusqu’au bout. Dimitri avait gaffé la veille et pas seulement d’ailleurs, et ressentait un véritable besoin de se faire pardonner. Ses bras entouraient le blond, d’une manière toujours plus protectrice, tandis qu’il rigola sincèrement en entendant cette histoire de chapeau grotesque. Levant les yeux au ciel, il colla un bisous sur la joue du journaliste avant de reprendre le plus sérieusement du monde. « Tu sais quoi ? Je vais faire comme si je n’avais rien entendu. » Même s’il se demandait bien comment on pouvait autant aimer la famille royale, il ne pouvait s’empêcher de trouver cela extrêmement mignon, comme beaucoup de choses chez cet anglais névrosé avec qui il partageait déjà sa vie depuis pas mal de temps, un exploit pour lui. C’était la première fois de sa vie qu’il se sentait aussi bien avec quelqu’un et étrangement cela lui faisait extrêmement peur, surtout si cela venait à se savoir.

Si le russe se posait régulièrement un milliard de questions au sujet de cette relation, il préféra les mettre de côté pour ce soir, histoire de profiter du blond. Ce dernier c’était dirigé vers la cuisine, histoire de servir quelques verres pour accompagner cette soirée. « Eh bien, j’ai pas prévu grand chose. Juste une soirée tous les deux, je sais que tu aimes les choses simples. » Dimitri avait l’habitude des artifices, mais prenait goût à la simplicité que lui offrait la vie avec le blond. Il regarda Hippolyte depuis le canapé, attendant que ce dernier revienne à sa place, c’est à dire dans ses bras. « En fait, c’est toi qui décide tout ce soir ! Genre je te refuse rien du tout. » Un rapide sourire avant d’attraper son frère et de pousser doucement Mordred qui en avait profité pour s’installer sur lui. Il leva un peu son verre, avant de dire presque solennellement. « Santé. » La soirée pouvait définitivement commencer.

L'anglais esquisse un petit sourire alors que son copain décide de faire semblant de ne rien avoir entendu sur sa magnifique anecdote au sujet de la famille royale. Il a l'habitude de ce genre de comportement – personne dans son entourage ne comprend sa passion pour la famille royale à l'exception de Louise avec qui il peut parler durant des heures de la dernière apparition de James d'York. Dimitri fait partie de ceux que la simple mention de la Reine fatigue, et c'est pourquoi il s'interdit de le noyer de détails comme il fait avec Automne. De toute façon, à cet instant, il se dit qu'il n'en a pas besoin. Le russe est définitivement la personne la plus adorable du monde à ses yeux. Leur relation a beaucoup évolué depuis qu'ils sont ensemble, et si au départ, il avait peur que Dimitri s'ennuie s'ils faisaient des choses simples, cela arrive de plus en plus souvent. Hippolyte se dit que c'est sûrement ce qu'il aime le plus d'ailleurs, une petite soirée tranquille dans les bras de son petit ami. C'est sûrement l'endroit sur terre où il se sent le mieux, le plus en sécurité, le plus à sa place. Toutes ces raisons le poussent à se dire qu'il a envie de passer le plus de temps possible en sa compagnie, même s'il sait que cette relation aura une fin. Un jour, Dimitri se lassera de lui et il se retrouvera seul – et ce jour-là, il ne sait plus vraiment ce qu'il fera. Son attachement au russe est de plus en plus marqué chaque jour et ce n'est pas ce genre de soirée qui arrange son cas.

— Tu es le meilleur copain au monde, dit-il avec un sourire ravi avant de l'embrasser rapidement. Ce rendez-vous est définitivement parfait ce qui est un peu étonnant quand on connaît la manie de Dimitri à rendre tout compliqué alors que lui aime la simplicité par-dessus tout. Santé. Il se cale contre le russe, l'écoutant un peu parler de tout et rien. C'est quelque chose que Hippolyte aime énormément, se laisser bercer par la voix de son petit ami. Tout ce que celui-ci dit a un potentiel intéressant, et c'est une des raisons qui le poussent à l'aimer plus qu'il n'a jamais aimé personne. Il termine son premier jour en jouant avec les mains du russe, avant d'aller chercher le super repas préparé par Roosevelt – l'anglais sait que son copain n'est pas assez doué pour préparer une chose pareille tout seul, surtout que sa cuisine est toujours en parfait état. Au bout de quelques heures et verres, ils sont tous les deux tranquillement assis dans le canapé, Hippolyte toujours blottie dans les bras du russe pour son plus grand plaisir. J'adore passer du temps avec toi. C'est vraiment le meilleur rendez-vous que j'ai eu de ma vie. Son sourire ne faiblit pas alors qu'il regarde un peu amoureusement le russe. Le peu d'alcool qu'il a dans le sang le rend un peu plus bavard, et il ne peut s'empêcher de rajouter ce à quoi il pense depuis quelque temps. Tout le monde dit toujours que tu es dangereux, mais moi je te trouve juste parfait et super gentil. Pour lui, Dimitri est loin d'être le monstre que les gens soupçonnent, il est trop adorable pour ça.

Les deux verres s’entrechoquèrent annonçant par ailleurs le début des festivités et Dimitri s’appliquait à la rendre la plus sympathique possible pour son petit ami, après tout c’était le but. Au bout de quelques heures, Hippolyte semblait aux anges et même s’il le montrait beaucoup moins, lui aussi l’était. Ce genre de soirée, c’était celle qu’il réservait au blond, sans jamais en parler à personne d’autre, ce qui les rendait que plus intimes. Quand l’anglais affirma que c’était le meilleur rendez-vous de sa vie, il ne manqua pas rigoler un petit peu en lui remettant les cheveux, trouvant que le journaliste était terriblement trop adorable pour son bien. « C’est pas grand chose pourtant. » Non, quelques bougies, un repas et un canapé rien de plus pour passer une bonne soirée avec lui. D’ailleurs c’était un sentiment étrange pour le russe qui cherchait toujours à combler un vide avec du grandiose et des fantaisies en tous genres, mais à cet instant il ne voulait absolument rien d’autre. Alors qu’il buvait tranquillement son verre de vin rouge en regardant les chiens dormir comme des loirs sur le côté du canapé, il écouta un peu étonné la remarque de l’anglais.

L’anglais était-il si amoureux qu’il en devenait aveugle ? Pensait-il sérieusement qu’il était inoffensif ? L’idée le fit presque rire, tandis qu’il releva le non sens de la question. « Être dangereux n’empêche pas d’être gentil. » Un chien pouvait etre aussi gentil que dangereux, comme toutes les choses de la vie. Alors il ne comprenait pas vraiment pourquoi il ne pouvait pas l’être aussi. Après tout, il pouvait se montrer doux avec qu’il voulait et méchant avec le reste. La vrai question finalement, c’était pourquoi il ne l’était jamais pour le blond. « Puis je n’ai aucune raison d’être méchant avec toi. » En réalité, c’était plus une question d’envie qu’autre chose, et Dimitri ne comprenait toujours pas pourquoi il était incapable de blesser le blond. Enfin, il y avait peut-être une réponse, l’amour, chose qu’il refusait bien sûr d’avouer.

Hippolyte n'est pas aveugle. Son travail l'oblige à savoir mieux que personne ce qu'il se dit sur les Bolgarov – les russes sont trop influents au ministère, surtout avec les récents changements pour qu'on puisse les penser inoffensifs. Pourtant, tous ces mois passés auprès de Dimitri lui ont permis de réaliser à quel point il s'agit d'une personne adorable. Il est désormais incapable de voir son copain comme une personne cruelle, quelqu'un qui pourrait réellement faire du mal à quelqu'un, peu importe ce que ses amis lui répètent chaque jour. Il sait parfaitement que Automne ne l'aime pas mais dans sa volonté de défendre son petit ami face à ses accusations, il se rappelle clairement la scène de Noël. L'anglais se souvient parfaitement du sentiment de peur qu'il a ressenti lorsqu'il a vu les cadeaux que le plus vieux de la fratrie a offerts à ses cadets. Quelle personne sensée offre des armes à feu à l'occasion d'une fête religieuse. Hippolyte avait eu l'impression de se retrouver plongé dans un stéréotype russe où il était loin d'être à l'aise. Mais là encore, à ce moment, il y avait la présence de Dimitri à ses côtés – il aime plus que tout au monde cette chaleur réconfortante, et lorsqu'il se trouve dans les bras du brun, ou que celui-ci lui tient simplement la main, il ne peut s'empêcher de se sentir en sécurité, même dans un manoir en compagnie de personnes dangereuses et prêtes à tout.

— Je sais Dim, mais- Le blond marque une pause en regardant son copain. Il cherche les bons mots pour exprimer sa pensée, ce qui n'est pas toujours la chose la plus simple au monde, surtout après quelques verres. Il pose sa tête contre le russe tout en caressant doucement sa main. Tout le monde parle de toi comme si tu pouvais te montrer cruel, commettre un crime. Hippolyte a lointainement conscience que c'est l'alcool qui le pousse à dire une chose pareille – habituellement, il n'aborderait pas le sujet de peur de se retrouver confronter à des vérités qu'il n'a pas envie de connaître. Mais la présence de Dimitri à ses côtés et le sentiment que rien ne pourrait gâcher cette soirée si parfaite lui donne le courage de continuer cette conversation. En plus, c'est faux. Tu aurais des raisons d'être méchant, mais tu ne l'es pas. Parce que tu es profondément gentil. Il regarde le brun dans les yeux avant de lui adresser un petit sourire doux. Cette soirée est en tout point différente à la première qu'ils ont passée il y a presque un an, et cela le conforte dans l'idée qu'il a fait le bon choix en lui envoyant une lettre.

La conversation prenait un virage assez dangereux et pourtant Dimitri ne pouvait pas faire demi-tour. Inutile de jouer les bisounours, même si le blond en rêvait. Les autres ne mentaient pas quand ils disaient qu’il était un criminel et ce n’était pas prêt de s’arrêter. Le commerce du russe fleurissait de jour en jour et son armée de scout était de plus en plus efficace. Des gosses habillés comme des premiers de la classe passaient presque inaperçue dans le paysage urbain, sans parler qu’on n’imaginait mal un petit scout innocent vendre de la drogue en masse. « Tu sais, les rumeurs ne viennent jamais de nul part. » Jamais, et il était bien placé pour le savoir. Malin et surtout toujours bien informé, il savait que toutes rumeurs avaient une bonne raison de voir le jour et bien souvent, il suffisait de creuser un peu pour trouver la mine d’or. Pour son cas, il ne fallait pas creuser beaucoup pour savoir qu’il n’était pas un homme vertueux, bien que personne n’en avait réellement les preuves -hors quelques personnes. Les Bolgarov n’étaient plus des novices en terme de délinquance, si bien qu’ils savaient mieux que personne effacer les preuves ou simplement se sortir de situations improbables.

La remarque du plus jeune lui arracha une grimace, tandis qu’il baissa un peu la tête pour le regarder dans les yeux, se demandant s’il croyait réellement ce qu’il disait. Hippolyte était-il stupide, aveugle ou alors était-ce l’amour qui faisait cela ? Comment pourrait-on croire qu’il était inoffensif ? Soudainement, il se demanda si son frère n’avait pas raison, s’il ne devenait pas trop mou. L’idée lui faisait terriblement peur, parce qu’il savait ce qu’il se passait pour les hommes comme lui qui ne devenait plus crain. « Non mon chou, je ne suis pas profondément gentil, vraiment. » Si les gens se mettait tous à penser comme Hippolyte, il perdait tout, ce qui n’était pas envisageable. D’ailleurs, si quelqu’un venait à dire ce genre de chose il s’en servirait sûrement comme exemple, pourtant il était incapable de faire du mal à son anglais. « Seulement, avec toi je fais des efforts. » Simplement en prononçant ces quelques mots, Dimitri réalisait que c’était trop tard, il était définitivement amoureux et on ne pouvait pas dire qu’il aimait beaucoup cette idée. Pourtant, il garda le blond contre lui, s’allumant juste une clope.

Le journaliste est tenté de se boucher les oreilles – un geste à la fois stupide vu qu'il ne l'empêcherait nullement d'entendre les horreurs qui sortent de la bouche de Dimitri, mais surtout très enfantin. Il s'en veut. C'est lui qui a lancé cette conversation stupide, lui qui est en fait si son copain lui dit la vérité. Il a beau se voiler la face, son travail revient parfois, lorsqu'il boit et il ne peut s'empêcher de se poser des questions. La vérité derrière Dimitri Bolgarov – l'anglais baisse les yeux, il n'a pas envie de se dire qu'il peut exister de la cruauté derrière un si beau sourire. Instinctivement, il se blottit un peu plus dans les bras du russe – il s'y est toujours senti en sécurité, même s'il voit difficilement comment aujourd'hui celui-ci pourrait le protéger de ses propres mots. Ses mains jouent nerveusement avec celle du plus âgé – l'espace d'un instant, il se demande quels crimes elles ont pu commettre. Si on écoute les rumeurs, c'est peut-être même des vies qu'elles ont pris – quelque chose qu'un anglais aussi pacifiste que lui a du mal à comprendre. Il les caresse doucement, comme s'il avait envie de leur enlever toute histoire morbide.

— Dis pas ça, dit-il d'une voix un peu faible. On sent que la tournure des événements l'inquiète particulièrement – à trop chercher, on finit toujours par apprendre des choses qu'on aimerait pas savoir. Je t'aime trop pour penser que tu peux être un monstre. L'anglais ne se rend pas compte de ce qu'il vient de dire – c'est sorti instinctivement, les choses sont assez claires dans son esprit. Il aime Dimitri plus qu'il n'a jamais personne, et rien ne pourra sûrement. Hippolyte se tourne un peu, toujours collé au russe, afin de le regarder droit dans les yeux. Juste là, comme ça, à la regarder, il pourrait rendre les armes, abandonner et ne pas poser la question qui le démange. Ce serait plus simple, plus sûr. Il serait au moins certain de passer une bonne fin de soirée. Et pourtant, le blond fait preuve d'un courage stupide. Dim... Répond-moi franchement. Tu as jamais tué quelqu'un, si ?, demande-t-il étonnement sûr de lui. Ses yeux ne quittent pas ceux de son copain alors qu'il attrape une cigarette – l'anglais a définitivement besoin de tabac pour survivre à cette réponse.

Bien qu’il appréciait beaucoup le blond, il se demandait à quel point ce dernier avait pu se voiler la face. Comment après un an à ses côtés, il avait pu imaginer que toutes les rumeurs étaient fausses. Soudainement, le russe se demanda s’il ne s’était pas ramolli avec le temps. Une idée qui lui faisait soudainement peur, surtout que son frère passait son temps à le lui répéter. Pourtant, il ne s’en était pas particulièrement caché, bien qu’il faisait tout de même des efforts à ne pas apparaître comme un monstre aux yeux de la première personne qui faisait preuve d’autant de douceur à son égard. Il ne l'avouera jamais, mais il aimait beaucoup ce genre de moments qu’il pouvait passer en compagnie de l’anglais, loin de son monde de violence dont il était bien plus qu’acteur. Seulement, il était temps d’arrêter de jouer les illusionnistes et reprendre son véritable visage, en espérant que cela ne fera pas fuir le journaliste. « Je ne m’en cache pas tu sais ? Être un monstre aux yeux de tout le monde ne me dérange pas plus que ça. » Un haussement d’épaule avant de se dire que l’ancien lui aurait sûrement fait regretter cet article avant de se dire qu’il était tout simplement au dessus.

La dernière question de Hippolyte était finalement la seule qu’il trouvait réellement intelligente depuis le début de la soirée et d’une certaine manière, il se demandait pourquoi elle n’avait pas été posé bien avant. Dimitri était certain que ce dernier connaissait la réponse, pourtant en regardant dans les yeux de ce dernier, il voyait une sorte d’espoir immense qui le mit extrêmement mal à l’aise. Il allait le décevoir, il le savait et rien que pour ça, il avait une énorme boule au ventre. Une main dans ses cheveux, histoire d’être sous son meilleur jour avant de sourire légèrement, comme s’il parlait de la météo. « Si, mais tu sais c’était pas des gens biens et puis je ne le fais pas particulièrement pour le plaisir. » Bien sûr, il savait que la réponse n’allait pas plaire, mais mentir ne savait à rien dans un tel moment. Puis il tenait trop à l’anglais pour lui servir des mythos sur un plateau, après tout ce n’était plus un simple jouet.

L'anglais baisse les yeux. De tous les moments qu'il avait passé avec le russe, cette soirée était de loin l'une des meilleures. Pouvoir rester dans les bras de son petit ami était toujours agréable, surtout quand celui-ci se montrait autant attentionné. Et pourtant, il avait trouvé le moyen de gâcher cette scène idyllique en se lançant dans une conversation plus que dangereuse. Il aimerait tellement revenir quelques minutes en arrière et effacer tout ça. Le blond ne sait définitivement pas quoi penser de tout ça. D'un côté, il préférerait que le russe lui mente, disant exactement ce qu'il a envie d'entendre – qu'il n'est pas comme ça, une version beaucoup plus humaine de celui qu'il aime – mais d'un autre côté, il sait que tout ça ne serait que mensonge pour le préserver. Hippolyte le regarde sérieusement, pas sûr de vouloir vivre plusieurs mois de plus avec ces questions qui lui provoquent parfois des insomnies. Que Dimitri fasse des choses répréhensibles, il ignore s'il pourra vivre avec. Mais que le russe n'accepte de lui montrer que cette image qu'il n'est peut-être pas n'est pas forcément plus plaisant. Bien sûr, reste la dernière possibilité – que toutes ces rumeurs soient fausses et même si le journaliste se force à y croire depuis des mois, il sait qu'il ne soit pas non plus rêver. La tournure que prennent les événements ne laissent pas vraiment place au doute.

La réponse tombe et durant l'espace d'un instant, l'anglais a l'impression d'être dans un véritable cauchemar. Il regarde le russe, cherchant désespérément à s'accrocher au peu de réconfort qu'il essaye de lui procurer par ses paroles. Mais la vérité est là, et peu importante que ce ne soient pas des gens biens ou que Dimitri ne prenne aucun plaisir à faire ça, seule importe le résultat final. Et celui-ci ne lui fait aucunement plaisir. Même s'il a mentalement du mal à imaginer le journaliste faire du mal à quelqu'un, il ne peut nier que cela ait du sens et c'est sûrement ce qui l'inquiète le plus. Comment lui, si attaché à ses principes, a pu tombé amoureux d'une personne pareille.

— Je vois, dit-il tout bas, la gorge nouée. Hippolyte aurait aimé dire quelque chose d'autre, plus que ces simples mots qui ne veulent strictement rien dire mais il en est incapable. L'anglais baisse les yeux, évitant le regard de son copain en se blottissant un peu plus contre lui. Il sait très bien qu'il devrait partir, quitter cette étreinte bizarrement réconfortante et le faire sortir de sa vie. Mais pourtant, il reste, serrant désespérément la chemise de Dimitri comme si c'était la dernière chose qui comptait dans sa vie. Pourquoi ? Il est persuadé que là encore il n'aimera pas la réponse, mais son côté curieux – le même qui l'a poussé à devenir journaliste – ne peut s'empêcher de poser la fameuse question. Pourquoi tu fais ça ?

Quand est-ce qu’il avait plongé dans cet dépendance à l’autre ? A quel moment Hippolyte était-il devenu si important ? Pourquoi il le serrait contre lui, comme par peur de le voir partir ? Une centaine de questions du genre lui torturaient l’esprit, alors que ses yeux fixait les cheveux dorés de son copain. Il se sentait soudainement mal à l’aise, parce qu’il ne savait plus s’il faisait le bon choix en parlant honnêtement, que ce soit pour son couple ou pour son image. Bien sûr, il se passait bien d’en faire part au journaliste, parce que celui-ci ne comprendrais pas ce que l’image vient faire ici. Dimitri était né dans un monde de violence et de haine, il ne pouvait pas se comporter autrement sous peine de finir six-pieds sous terre. Pourtant, il n’avait plus envie de lui mentir, il voulait le laisser un peu entrer dans son âme, là où personne n’était jamais allé et où ses démons intérieur veillaient dans l’ombre. Alors quand l’anglais demanda pourquoi il faisait ça, le russe lui déposa un baiser sur le front. Comme pour lui dire qu’il ne risquait rien avec lui, comme s’il savait que peu importe ses mots, il ne comprendrait pas. La vie du journaliste avait toujours été en tous points opposé à celle du russe et Dimitri se doutait bien que c’était pour cette raison qu’ils s’attiraient, presque comme des aimants.

Avec lui, il se mettait à rêver de vie tranquille et bien rangée, même s’il savait parfaitement que cela n’arrivera jamais et surtout que personne ne devait l’apprendre. Si on apprenait qu’il tenait à l’anglais, celui-ci deviendra une proie facile et lui perdrait la face parmi les barons de la drogue et autres requins dans le genre. « Il n’y a pas vraiment de pourquoi, je le fais c’est tout. » Et ça sera toujours comme ça, parce que la vie est ainsi pour les gens comme lui. « Je dois montrer que je suis un homme, un vrai. Je veux prouver que je suis meilleur que Nikolai. Puis c’est pour Ludwig. » Un nom sorti des abysses, qu’il n’avait pas prononcé depuis des années. Son ami, son premier amour et surtout sa première douleur. En le prononçant, sa gorge s’était serrée et comme pour se reprendre, il se recoiffa.

Hippolyte devrait partir, quitter le russe au moment où celui-ci lui annonce être véritablement un tueur – c'est contre toutes ses convictions, contre tout ce pour lequel il se bat depuis des années. Il devrait aller se réfugier ailleurs que dans les bras de Dimitri, ailleurs que dans cette douce étreinte qui lui donne malgré tout l'impression d'être à sa place. Il devrait mais ne le fait pas. Quand le ministre le serre contre lui, au lieu d'avoir peur, l'anglais se sent rassuré. Il est à sa place contre le russe, là où il doit être avec la personne qu'il aime par dessus tout. Parce que là est le problème. Hippolyte l'aime au point d'oublier tout le reste – la peur, le dégoût, la tristesse et la haine. Il l'aime au point de ne pas le lâcher, d'espérer rester à ses côtés pour toujours et ça même si toujours doit être un temps très court. Il a besoin du russe comme il n'a jamais eu besoin de personne d'autres – malgré ce que les autres pensent, la présence de Dimitri à ses côtés est la chose la plus logique de toute sa vie. Les lèvres de son petit-ami se pose sur son front et l'anglais ne peut s'empêcher de lui adresser un sourire à la fois doux et réconfortant. Il se doute que le russe n'a aucune envie de répondre à sa question, mais s'il décide de le faire, Hippolyte veut qu'il sache qu'il ne le juge pas. Après tout, s'il l'aime, il se doit d'être là, patient, présent, sans pour autant être intrusif. C'est difficile pour un journaliste, d'apprendre que les rumeurs sur un ministre sont vraies sans pouvoir écrire d'articles dessus. Il doit s'autocensurer, et à cet instant il se déteste comme jamais.

Il passe doucement sa main dans les cheveux de son petit ami. Ce n'est pas la première fois qu'il l'entend parler de son frère de cette façon. Il ignore ce qu'il s'est passé dans la famille des russes, s'interdit d'y penser de peur de tomber dans le cliché même s'il a de plus de plus l'impression que ce ne serait pas très loin de la vérité. Tout ce qu'il sait, c'est que la relation entre Dimitri et son aîné n'est pas simple – il en a eu la preuve à Noël ou de nombreuses autres fois depuis qu'il sort avec le brun. Le ministre des sports semble haïr son frère sans pour autant pouvoir se contenter de l'ignorer. Ils sont dans une dispute constante, quelque chose qui n'a rien de sain mais qui semble pourtant stable. Lui ne comprend pas, fils unique qui adore sa cousine, il est incapable de voir les raisons qui poussent des frères à se déclarer une guerre pareille. Puis vient un prénom qu'il n'a jamais entendu dans la bouche du russe.

— C'est qui Ludwig ?, demande-t-il doucement. Son ton est aussi bien calme que doux, comme pour insister le russe à se confier s'il en a envie. Hippolyte ne le forcera jamais – il sent que prononcer ce prénom a été douloureux pour Dimitri et même s'il est curieux au sujet de cet inconnu, il ne veut pas paraître irrespectueux envers le plus âgé.

Sans réelle surprise, Hippolyte ne prenait pas la fuite, sûrement trop amoureux pour cela. Le blond avait toujours montré sa dépendance au russe, si bien que Dimitri n’avait pas réellement peur des représailles. Peu de chance que le journaliste balance ça aux médias, se doutant que cela mettrait fin à leur relation. Pourtant, un doute planait, combien de temps les paillettes allait occuper les yeux du plus jeune ? Un jour, il ne supportera plus cette vérité, parce que rien est éternel et ça Dimitri était bien placé pour le savoir. Malgré tout cela, ni le regard de l’anglais ni ses gestes ne semblaient changer, ce qui soulageait presque le russe. Une main passa dans ses cheveux, tandis qu’il se perdait dans des pensées lointaines et sombres. Son enfance, il la détestait, parce qu’elle était la cause de tous ses maux et démons qu’il avait toujours garder sous clefs dans les tréfonds de son âme. Seulement, pour la première fois, il se sentait capable de parler à coeur ouvert. Peu de gens avait entendu le prénom de son ami, pas même ses frères et à force de ne jamais en parler, il avait fini par se dire que ce n’était peut-être pas réel. Peut-êre que Ludwig n’était rien de plus qu’un ami imaginaire qu’il s’était inventé pour combler son mal-être. Pourtant, sa peine elle était bien réelle et il serait prêt à tout abandonné pour faire revenir son ami dans ce monde.


Ludwig, c’était un garçon qui aurait mérité de vivre, de grandir et de devenir ce qu’il y a de meilleur sur terre. Le russe était certain qu’il aurait fais de grande chose et que le monde avait perdu une personne exceptionnelle ce jour là. Jamais il n’avait trouvé la vie aussi un juste que quand on lui avait annoncé le décès de son ami, jamais il n’avait été aussi triste que le jour où il avait attendu seul dans le dortoir, espérant revoir son sourire passer la porte. « Ludwig… C’est un garçon à qui j’ai fais une promesse. » Une promesse d’enfant qui comptera toujours à ses yeux, bien qu’il ne soit absolument pas à la hauteur de la tenir. « Une promesse que je ne suis pas encore capable d’honorer. » Dimitri était bien incapable d’apporter la paix dans ce monde, simplement parce qu’il n’en avait pas encore le contrôle. Le pouvoir était la seule chose qui pourrait lui permettre de faire changer les choses et de rendre ce monde aussi harmonieux que celui dont rêvait son ami la nuit.