Midi et toujours pas le moindre signe de vie dans l’appartement en parfait bordel d’Eve Bannerman. Le chien dormait dans son panier, et la propriétaire des lieux le faisait tout autant, même si quelques gestes commençaient à trahir son réveil proche. « Mmrmrharrête … Au panier … » Eve, qui sentait un poids contre sa hanche – sans doute Marie, lui suggéra son esprit encore tout endormi – repoussa la chose en question sans se soucier de vérifier s’il s’agissait bien du bouledog ou non. Avec un minimum d’attention, la jeune fille aurait pu très vite remarquer que c’était en fait un bras qui jusque là l’enroulait qu’elle venait d’écarter, mais pour le moment tout allait très bien pour la jeune Bannerman qui émergeait très, très, très lentement. Elle avait pensé à tirer les rideaux avant d’aller dormir même si elle n’en avait parfaitement aucun souvenir, mais au moins elle échappait à la clarté complète du jour, seule une lumière tamisée peinant à diffuser par delà le tissu.

Elle se retourna pour s’étaler de tout son long dans son lit lorsque sa jambe vint en heurter une autre – curieusement un peu moins imberbe que la sienne. Son œil droit s’ouvrit péniblement et sa main chercha à tâtons l’origine de ce qui devait sans doute être un corps humain jusqu’à toucher les cheveux de quelqu’un. Sa tête se tourna lentement vers la personne qu’elle pensait avoir déjà très bien reconnue. « … Léo ? » murmura Eve, plus pour elle-même qu’à l’intention du concerné qui devait très certainement dormir comme un loir.

L’italienne aurait très bien pu se remettre à dormir sans s’inquiéter – des nuits où il était venu dormir ici, il y en avait eu des tonnes. Mais il y avait quelque chose de bizarre, ou plutôt de vraiment très anormal – notamment le fait, soudain frappant et alarmant, qu’elle était uniquement en sous-vêtements comme elle put le remarquer en jetant un discret coup d’œil sous sa couette, et qu’elle avait un mal de crâne abominable qui lui rappelait qu’elle avait mille fois trop bu la veille. Son cœur se mit à battre à tout rompre pendant qu’elle tentait de réfléchir à cent à l’heure sur la façon de procéder. Avant de paniquer, essayer de reconstruire la soirée dans sa tête. Curieusement, Eve se rappelait plutôt bien de leur nuit dans le bar – et même de la suite, jusqu’à ce qu’ils décident de rentrer au studio.

Ils s’étaient donc embrassés, sa mémoire le lui confirmait sans faille. Plusieurs fois, songea une Eve absolument pas prête à avoir une discussion sérieuse – ni à jouer les nouvelles petites amies au visage de princesse fraîchement réveillée. Sa tête devait davantage ressembler à celle d’une cheerleader qu’on venait de tuer dans les cinq premières minutes d’un mauvais film d’horreur. Elle n’était pas vraiment apeurée par l’idée de l’avoir embrassé, mais complètement désemparée si elle avait été assez bête pour s’envoyer en l’air avec lui alors qu’elle était soûle. C’était le genre de souvenirs dont elle se serait bien passée avec Léopold et qui aurait pour elle tout gâché entre eux.

Prenant une profonde inspiration et ignorant son mal de tête lancinant, la jeune fille plaqua le drap contre elle dans un geste aussi pudique qu’absurde vu qu’elle avait du sans doute l’être beaucoup moins la veille, se retourna et secoua timidement le jeune homme par son épaule. « Léo. Léo, réveille-toi. » tenta t-elle avec une voix pâteuse et un peu caverneuse. Le petit prince répondit à son appel, émergeant comme une fleur sous la rosée du printemps – il avait bien meilleure mine qu’elle, jalousa son inconscient. « Est-ce qu’on a … ? » Pas de ça va, pas de bonjour, visiblement il y avait beaucoup plus urgent pour la brune que de sortir les croissants et de papouiller son ami.

Une main chaude sur son épaule le secouant légèrement, l’aida finalement à émergé de son sommeil. Allongé sur le ventre, la tête enfoncé dans un oreiller qui sentait une odeur qu’il connaissait que trop bien, il releva la tête en direction de la voix un peu paniqué qui lui parlait. Pas réveillé, avec une bonne petite gueule de bois, il attrapa mécaniquement ses lunettes de vue qui se trouvait par le plus grand des hasards sur la table de bord du lit -il avait sûrement par habitude posé ses lunettes ici en se disant qu’il ne verrait pas très claire au réveil. Léopold les plaça sur son nez avant de se redresser un peu et de regarder l’italienne qui se cachait à l’aide d’un drap. En posant ses yeux sur les épaules dénudées de la jeune femme, il se souvenait parfaitement de la soirée qu’ils avaient passé et lui adressa un sourire, avant de s’ébouriffer les cheveux tranquillement.

Bien sûr, il se doutait que le réveil serait un peu gênant, mais il n’imaginait pas voir la jeune femme en panique. Comme une véritable douche froide, il était en train de réaliser qu’il avait peut-être commis une erreur, surtout en entendant la question de son amie.  « Euh… Bonjour à toi aussi. » Il se sentait vraiment mal à l’aise, se disant qu’elle était sûrement en train de le rejeter et si c’était le cas, ça serait sûrement le plus gros vent de sa vie, loin devant Katie Bell. « Non, on a pas couché ensemble si c’est la question. » Il se tenait maintenant assis sur le lit, le torse parfaitement nu observant un gêné la jeune femme, ne sachant pas vraiment quoi dire ou quoi faire. « Si tu veux, je peux rentrer chez moi. » Si elle regrettait ou ne voulait plus, il préférait le savoir maintenant et partir déprimer ailleurs -maudissant l’alcool et les jeux stupides. Il regarda rapidement autour d’eux, avant de voir leurs vêtements éparpillé, lui rappelant à quel point la nuit avait été chaude entre eux.

Grande nouvelle : non, Eve-bourrée avait su se retenir – ou Léopold-à-peu-près-sobre était parvenu à la réfreiner – et il n’y avait pas eu coucherie. La jeune femme était soulagée, sincèrement heureuse de ne pas avoir offert un si piètre spectacle à Léopold. Si cependant elle pensait ainsi, son comparse n’avait pas vraiment l’air ravi et elle devait avoir sûrement l’air un peu trop rassurée à son goût. Un peu comme si elle avait regretté ce qui s’était passé la veille, aurait du expliciter son cerveau encore dans le brouillard.

Le sourire qu’arborait le jeune homme à son lever avait fondu comme neige au soleil et maintenant qu’il avait remis ses lunettes et qu’il la regardait, il montrait bien qu’il s’était sensiblement refroidi, s’asseyant pour lui faire face et mieux comprendre où ils en étaient au juste. Un peu dans les vapes, le regard de l’assistante traîna sur le torse de Léo, ce qui engendra un léger retard dans l’écoute de sa phrase – et dans sa réponse. C’était vraiment pas le moment de le mater. « Hein ? » Ce fut en voyant la tête qu’il tirait qu’Eve sut qu’elle avait très mal réagi et qu’elle était à deux doigts de le voir détaler comme un lapin. Il y avait un énorme malentendu. « Non non non ! » s’écria t-elle tout à coup en lui attrapant le bras en désespoir de cause. « C’est pas ce que je voulais dire, attends. »

Ses yeux se plongèrent dans ceux de Léo avant de les détourner, ses joues rosissant légèrement – oui, oui. « C’est juste que j’étais vraiment morte hier, je voulais pas que … Tu vois. » Non, il ne pouvait pas voir, à moins qu’elle se décide enfin à être claire. « J’préférerais pouvoir me rappeler de notre première fois. Et éviter de puer la vodka aussi. » Oui, il arrivait parfois qu’Eve Bannerman réfléchisse et souhaite avoir de jolis moments en mémoire – ceux qui concernaient Léopold Worsley faisaient partie de cette catégorie. Toute rebelle et mal élevée qu’elle pouvait être, l’écossaise refusait par ailleurs d’être de ces filles faciles qui considèrent que coucher avec un garçon était aussi banal qu’aller faire ses courses et que bourrée ou pas, ce n'était pas très très important. D’autant plus quand tout ça se passait avec son meilleur ami et accessoirement homme dont elle était plus ou moins amoureuse depuis un bon moment.

Elle finit par le relâcher avant de grimacer, ses tempes lui étant douloureuses. « Putain. J’ai hyper mal au crâne. » marmonna la brune en jetant un œil à l’heure qu’affichait son réveil et à Marie qui roupillait toujours et que rien n’avait apparemment dérangé. Ses yeux notèrent le fouillis de leurs vêtements par terre – et quelque part son subconscient trouva la force de blaguer en notant que s’il n’y avait rien eu cette nuit, tout laissait croire le contraire. Finalement l’italienne observa de nouveau Léopold avant de soupirer et de frotter son visage d’une main piteuse. « Désolée pour le réveil. » Elle se trouvait tout à fait plouc de lui avoir fait un coup pareil, lui qui ne méritait rien de tout ça. Eve était aussi fatiguée que maladroite, et elle peinait à réaliser qu’il pouvait aimer une dinde comme elle qui avait failli le jeter comme un malpropre de chez elle. « Je te ferais bien un bisou mais tu vois, l’haleine du matin … » Comme pour dédramatiser un peu, elle lui déposa un baiser officiellement sur la joue – officieusement un peu trop près de sa commissure droite. Et la jeune femme de se laisser retomber pour cacher sa tête jusqu’à ses yeux, morte de honte d’avoir fait subir un tel ascenseur émotionnel à son ami. Enfin, son petit-ami. Parce que c’est ce qu’il était, maintenant, n’est-ce pas ?

La satisfaction excessif de l’italienne ne le faisait plus du tout sourire et en même pas deux minutes, elle avait presque ruiné tout le bonheur que cet amour nocturne naissant lui avait apporté. A ce moment précis, Léopold avait envie de taper dans son sac de ris accrocher dans sa chambre et de regarder un film nul avec Rose, juste pour ne pas avoir à penser qu’il était en train de se prendre un vent par la seule fille qu’il aimait vraiment, mais aussi parce qu’il était en train de perdre une amie précieuse. Son courage de Gryffondor avait des limites et il s’apprêtait à partir quand elle lui attrapa le bras pour le retenir. « Non, mais j’ai compris. » Il soupira, avant d’écouter ce qu’elle pouvait bien rajouter pour l’enfoncer un peu plus -un “tu es comme mon frère” serait sûrement le pire scénario du jour. Alors qu’il s’attendant au pire du pire, rien se produisit. La jeune femme aborda le sujet de l’alcool et d’une certaine manière, cela rassurait un peu l’anglais. « Ah, mais tu penses vraiment que j’aurai couché avec toi comme ça ? » Un peu désolé qu’elle puisse penser cela de lui, il trouvait néanmoins la jeune femme parfaitement adorable à ce moment précis. Elle ne ressemblait définitivement pas à la Eve que les autres pensaient connaître en la croisant dans la rue, non à ce moment précis elle ressemblait à celle qu’il savait parfaitement qu’elle était.

« Je l’aurai pas fais tu sais ? » Non, l’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit une seconde, se voyant mal couché avec elle alors qu’elle ne tenait même pas debout. Léopold lui replaça doucement une meche de cheveux derrière l’oreille, une preuve de la bienveillance qu’il possédait à l’égard de l’ancienne serpentarde. Il ne se voyait définitivement pas lui manquer de respect et s’il avait couché avec elle, ce qu’il n’aurait pas eu de mal à faire la veille, il estimerait lui-même être un parfait connard. La jeune femme lui lâcha le bras, tandis qu’un léger silence s’installa et Léopold ne savait plus vraiment quoi penser de tout cela, heureusement elle le brisa elle même. « Moi aussi, je pense que ça ne va pas être une journée productive. » Non ça ne pouvait pas en être une étant donné qu’il était déjà midi à sa montre et que son corps n’avait pas l’air motivé à bouger, sauf si son amie ne le lui demandait -chose qui détruirait sûrement son morale pour la journée et même un peu plus.

Cependant, elle ne semblait pas le voir partir, s’excusant même de son comportement et de l’avoir presque torturé dès le réveil, ce dont il se serait bien passé d’ailleurs. « Ca va, j’ai juste cru que me prendre le plus gros vent de ma vie. » Un léger sourire quand cette dernière lui proposa de l’embrasser, ce qui dessina à nouveau un sourire sur le visage du garçon et qu’elle lui colla un bisous sur la joue. Ses yeux regardèrent la jeune femme se cacher sous son draps, tandis qu’il passa la main sur le pectoral et se gratta légèrement sous la clavicule. « Tu comptes dormir encore ? » Rendre la situation normale était un peu compliqué, mais heureusement il était un garçon assez courageux.

Dire que Léopold avait été vexé était un euphémisme. Eve avait bien l’impression qu’elle aurait pu briser tout son entrain et sa joie de vivre en quelques mots de travers et rien qu’à cette pensée elle se trouvait encore plus redevable.

L’anglais l’étonnait par sa tendresse mais sûrement pas par la galanterie et le respect qu’il avait toujours eu envers elle. Il portait ces valeurs en bandoulière et cela le rendait d’autant plus précieux aux yeux de la brune qu’il restait ce jeune homme aux allures viriles de caïd. En réalité il était bien plus adorable que certains beaux-parleurs qui cherchaient à l’enfumer. Elle aurait du s’en rappeler avant de s’inquiéter pour rien, elle qui connaissait mieux que personne le jeune Worsley.« Non, je sais que t’es pas comme ça. » lui confirma l’écossaise d’un ton de voix aussi doux que coupable. « C’est moi. » Elle et ses manies d’être bien trop dans l’excès dès qu’elle avait un coup dans le nez. A l’image possible que la brune ait pu lui faire du sérieux rentre-dedans et s’avérer particulièrement lourde, Eve écarta ces scénarii de sa tête pour éviter de rougir de sa propre audace.

La matinée était fichue et l’après-midi n’allait certainement pas être occupée, l’italienne se trouvant peu motivée par l’envie de pointer son nez hors de son appartement. Ici ils étaient au chaud, plutôt bien installés et en dépit du malaise qui flottait encore dans l’air, Eve commençait à se sentir mieux, presque bien. « C’est peu de le dire … »

La peur avait en tout cas été réelle pour le brigadier qui n’aurait pas supporté un tel revirement de situation. Eve le comprenait sans effort, elle-même n’aurait absolument pas apprécié qu’il lui fasse u coup pareil. Peut-être même qu’elle aurait déjà  fait une petite scène pour le réveil qu’elle lui avait infligé ce matin. Quoiqu’il en soit l’ex-Serpentarde était une jeune fille de parole et de cœur, elle n’avait pas menti hier soir et pensait encore parfaitement tout ce qu’elle avait pu dire ou faire. « Hé. Je m’appelle pas Katie Bell. » plaisanta t-elle, la voix encore un peu fatiguée.

D’ailleurs dormir était un plan plutôt intéressant, n’en déplaise peut-être au jeune homme. « Ouais. Mais avant je veux juste me brosser les dents. » Trouvant une ressource d’énergie qu’elle n’avait même pas soupçonné dans son corps endolori par la gueule de bois, la jeune femme sauta hors du lit pour courir dans la salle de bains. Un bruit d’eau et quelques minutes plus tard, la jeune fille réapparaissait dans le champ de vision de l’ex-rouge et or et se glissait à nouveau sous les draps, poussant Léo à se rallonger pour ensuite poser sa joue sur son torse et l’emprisonner ainsi sans autre forme de procès. « T’avais un truc de prévu ? Non parce que va falloir annuler en fait. » se contenta de dire le plus simplement et spontanément du monde Eve, qui se voyait tout à fait et sans problèmes passer la journée ainsi à ne rien faire du tout.

Son ventre s’était crispé dès son réveil et si cela n’avait pas été Eve en face de lui, cela aurait fait un bon moment qu’il se serait barré sans le moindre état d’âme. Il n’était peut-être pas parfait, mais pas du genre à abuser des jeunes filles avec un verre de trop dans le nez, encore moins quand il la connaissait depuis si longtemps. Avec ses lunette de nue, il gagnait sûrement en inofensivité et ressemblait plus à un adorable panda roux qu’un voyou des bas quartier. Au fond, il était un peu déçu qu’elle n’est pas plus confiance en lui, mais il supposa que c’était digne de Eve. « Même si tu m’avais sauté dessus, ce que tu as fais, je ne t’aurai pas laissé faire. » Dans sa tête encore un peu embrumé, c’était d’ailleurs ce qui s’était passé. Une entrée bruyante dans l’appartement, des habits abandonnés tout aussi rapidement et des moments toujours plus audacieux sous la couette, mais rien de plus -il s’en était assuré.

Ses yeux étaient encore un peu lourd et sa nuque lui faisait mal, peut-être parce qu’il avait porté sur son dos la jeune femme totalement bourrée pendant presque une heure dans le froid. Autrement dit, il était hors de question d’occuper son week-end, si ce n’était pour glander et se reposer de cette soirée mémorable -qui pendant un instant avait failli tourner au drame à la plus belle la vie. Heureusement pour lui, la jeune femme semblait apaisé ce qui lui fit pousser un petit soupire de soulagement. « Non tu as raison, Katie ne m’a jamais invité dans son lit. » Un petit sourire moqueur, tandis qu’il passa sa main sur sa nuque dans le but de la soulager un peu. La jeune femme elle, envisageait déjà de prolonger sa petite nuit, mais seulement après une case salle de bain. Il la regarda partir, avant d’attraper son téléphone pour lire ses messages et d’y répondre rapidement. Puis soudainement, la jeune femme arriva de nouveau sur le lit, dont il n’avait pas bougé d’un centimètre et le poussa à s’allonger -ce qu’il fit sans résistance.

Eve se posa contre lui, avant d’indiquer qu’il était inutile de partir -ce qu’il n’avait pas l’intention de faire d’ailleurs. Il rigola légèrement, posant sa main sur le dos de l’ancienne serpentarde. « Ok je reste, mais du coup je dois me laver les dents non ? » Il lui caressa doucement le dos à l’aide de son pouce avant de reposer son télèphone sur le bord du lit, tandis que le soleil de l’hiver se glissait à travers les rideaux, éclairant au passage la moitié du visage du garçon, qui plissa légèrement un oeil. « Enfin, si tu as gardé la brosse à dents que j’ai oublié je sais plus trop quand. » Léopold n’était pas à sa première nuit chez la jeune femme, mais celle ci n’avait définitivement rien à voir avec toutes les précédentes.

La brune n’avait aucun souci à conserver la brosse à dents de son ami chez elle. Elle ne voyait même pas le problème d’ambigüité que cela soulevait, et pas du tout parce que c’était le genre de choses que l’on faisait uniquement quand on était en couple et qu’on prévoyait d’emménager chez l’autre. Non, c’était juste une question de pragmatisme et d’intelligence puisque Léo passait la moitié de son temps chez elle. « Ouais, elle est toujours là. » confirma l’écossaise en le libérant un peu à contrecœur pour le laisser quitter le lit. « Dépêche-toi avant que je me rendorme. » prévint Eve qui n’aurait aucune difficulté à s’endormir en dix secondes si elle fermait les yeux et se laissait bercer par le calme relatif de son studio.

Se blottissant sous la couette, l’italienne songeait à tout et à n’importe quoi – surtout à ce que sa tête endolorie voulait bien lui rappeler sans trop de difficultés. De nulle part, le vague souvenir de sa meilleure amie se moquant d’elle et lui jurant qu’un jour elle réaliserait que Léo et elle étaient bel et bien un couple qui s’ignorait la frappa de plein fouet. Il fallait urgemment qu’elle prévienne la jeune Stomby de la soirée d’hier et de tous les événéments qui s’étaient produit en une seule nuit mais qui à eux seuls occuperaient bien la semaine des deux jeunes filles. L’italienne tendit le bras pour chercher à tâtons son téléphone qu’elle dénicha par terre – il avait du tomber hier – et qu’elle commença à triturer pour commencer la rédaction d’un message tant bien que mal. Antinea. Je crois que tu vas être contente d’apprendre que- Entendant le bruit de la porte de sa salle de bains lui signaler le retour imminent de Léopold, Eve jeta son portable derrière elle et fit mine de se rouler en boule, singeant l’attitude de quelqu’un qui dormait profondément.

Ca ne dura que quelques secondes avant qu’Eve regarde Léo par-dessus son épaule. « Ben dis donc t’as pas traîné. » fit-elle remarquer avec amusement avant de porter sa main à son front et de grogner, roulant sur le dos. « J’ai mal partout putain, c’est incroyable ça. On a fait un marathon ou quoi ? » Ils avaient couru, ils avaient beaucoup bu mais sans pouvoir se souvenir qu’elle avait été portée par le jeune homme pendant une partie de la nuit, elle ne comprenait pas vraiment d’où ces tiraillements lui venaient. « J’arrête l’alcool. A partir de maintenant, tiens. » décida une Eve qui ne croyait même pas à sa déclaration - elle en aurait ri si elle n’avait toujours pas aussi mal au crâne.

Savoir que sa brosse à dents était toujours ici ne le surprenait même pas, il fallait dire qu’il passait extrêmement de temps ici et trouvait que cela avait un côté plutôt pratique. De plus, on ne pouvait pas dire que Léopold était du genre à se soucier des significations vaseuses que pourraient lui sortir un bonne centaine de personnes. « Cool, j’y vais alors. » La jeune femme le libéra et il se leva rapidement, s’étirant au passage avant de ramasser rapidement sa casquette qui se trouvait à même le sol. L’anglais rigola vaguement en entendant la jeune femme le suppliant de ne pas prendre dix ans, ce qu’il n’avait aucune envie de faire d’ailleurs. « Trois minutes, dans les règles de l’art. » Sans tarder, il se dirigea en direction de la salle de bain, évitant le gros chien qui dormait toujours comme un loir.

Une fois dans la salle de bain, il retira ses lunettes et se débarbouilla un peu, histoire de se donner meilleur mine. Retirer ses lunettes lui donnait de suite un mal de crâne horrible, si bien qu’il ne tarda pas à les remettre. Pendant qu’il se frottait vigoureusement les dents, il se massa doucement la nuque, essayant de supprimer cette douleur musculaire. Porter la jeune femme éméchée aussi longtemps et dans le froid ne l’avait pas épargné, mais comme c’était un brave garçon, il allait s’en remettre. De toute manière, il était trop occupé à penser à cette nuit en compagnie de la brune, qui avait été parfaite à ses yeux. Il regrettait sûrement que cela ne se soit pas fait avant, mais maintenant, cela n’avait plus la moindre importance. Léopold était aux anges et espérait que cela allait durer. Il cacha un peu son sourire débile avant de retourner dans la chambre et de se laisser tomber sur le lit, haut lieu de bien être d’ailleurs.

Si lui commençait vaguement à sortir de sa peine matinale, cela ne semblait pas être le cas de l’écossais, qui donnait l’impression de vivre une bien vilaine gueule de bois, ce qui amusait sans surprise le jeune homme. « Un marathon ? Je voudrais pas dire, mais madame s’est faite porter toute la soirée. » Il lui lança un sourire moqueur, avant de s’allonger à côté d’elle, tout de même bien heureux de pouvoir soulager sa nuque. Au même moment, Eve lançait la phrase qu’on pouvait entendre à tous les lendemains de soirée trop arrosé et il ne manqua pas de se foutre de sa gueule. « Bah voyons, j’y crois pas un instant. » Il mettait sa main à couper que s’il lui proposait une seconde partie dans la semaine, elle sauterait sur l’occasion et ne sera aucunement chez les abonnés absents.

Léopold tourna sa tête en direction de la jeune femme et posa son regard sur ce visage qu’il affectionnait temps. Même s’ils n’avaient jamais dépassé le cap de la simple amitié, il savait qu’il avait toujours apprécié la regarder et qu’il ne pourrait tout bonnement jamais se lasser de ce sourire unique. Pour lui, elle était de loin, mais alors de très loin, la fille parfaite. Répondant à un instinct primaire, il se redressa un peu et se pencha un peu au dessus d’elle pour l’embrasser tendrement. Étrangement, c’était encore mieux maintenant que dans ses souvenirs alcoolisés et un sourire sincère s’installa sur son visage, tandis qu’il replongea ses yeux dans ceux de l’italienne. « Ca va ? Tu ne vas pas me frapper pour ça ? Au cas ou, je porte des lunettes, tu n’as pas le droit. » Il resta pencher juste au dessus d’elle, à quelques centimètres de son visage, oubliant tout le reste du monde.

Lui se portait beaucoup mieux qu’elle : il suffisait de regarder sa mine un peu plus éveillée et moins marquée par l’excès d’alcool qu’elle pour le comprendre. Eve se sentait de toute façon bien trop à l’aise sous la couette pour risquer la folie de quitter son cocon – et si Léo y restait avec elle, c’était d’autant moins envisageable.

Le jeune brigadier s’amusait d’ailleurs apparemment beaucoup de la traversée du désert de son amie, qui ne rêvait que d’eau fraîche et du lit bien chaud où elle était blottie actuellement pour passer une journée parfaite. Elle payait les abus de la veille – et lui aussi puisque son cou se souvenait du moment où Eve avait joué au cow-boy et où lui incarnait un Jolly Jumper assez convaincant. « Ah ouais ? Je m’en rappelle pas du tout. » mentit-elle éhontément, avec le petit sourire d’effrontée en prime. Quitte à avoir du culot, autant y aller à fond. « Ok mec j’en suis parfaitement capable, juste pour te donner tort. » Eve jugea inutile de préciser que passé un mois, elle aurait fini par perdre un tel pari et qu’elle n’allait dans tous les cas pas réellement tenir parole sur ce coup. Léopold avait vécu suffisamment d’années à ses côtés pour la connaître et deviner que si la jeune italienne regorgeait de ressources, elle ne pouvait pas faire une croix définitive sur une bonne bière de temps à autres.

Paressant paisiblement sur le dos, l’écossaise contempla le plafond dans un silence dont elle se délectait – tous les bruits qui excédaient le volume de la voix de Léo ou de la sienne l’auraient insupporté – quand le visage de ce dernier apparut dans son champ de vision sans prévenir. Elle accueillit le baiser non sans une certaine surprise, mêlée à la déception de voir si vite écouté ce contact. La brune observa Léopold avec attention et intensité, un petit sourire trompeur et mystérieux aux lèvres. Un rire froissa ce dernier devant l’interrogation de l’anglais. « Te frapper, moi ? J’suis pas une brute. » Son compère de toujours aurait largement pu démentir de tels propos, mais la violence d’Eve n’avait jamais concerné que les autres. Quand il s’agissait de Worsley, la sauvageonne qu’elle était se transformait la plupart du temps en gentil labrador – elle aboyait parfois mais ne mordait jamais. Aussi, l’excuse de la correction visuelle qu’il portait redoubla l’hilarité de l’écossaise, qui songea que ces fichues lunettes revenaient un peu trop souvent dans la conversation. Un de ces quatre, elle penserait à lui parler des lentilles de contact. « Enfin, pas à ce point. Sérieusement Léo, à part si tu m’annonces que t’as pris des vidéos d’hier, tu risques rien. » le rassura t-elle avec un sourire malicieux tandis que sa main droite se glissait derrière la nuque du jeune homme qu’elle s’amusait à frôler du bout des ongles sans le lâcher du regard.

Elle ne résista pas bien longtemps à l’envie qui la tenaillait et lui vola à son tour un baiser, l’entraînant par la même occasion à basculer les rôles pour pouvoir finalement s’installer sur son torse et y poser la tête contre, l’écho de ses battements de cœur se faisant entendre. Eve avait l’impression de ne pas tout à fait réaliser que cette matinée n’était pas une illusion de son esprit. En réalité elle découvrait Léo comme s’il avait toujours été partiellement étranger à elle, comme si toutes ces années durant elle n’avait jamais fait que le tour superficiel du jeune homme. C’était vraisemblablement ce qui expliquait la douceur toute nouvelle et la facilité plutôt déconcertante d’Eve envers lui, tout comme il se permettait d’être plus entreprenant avec elle, à sa mesure. « C’était une drôle de nuit, hier, hein ? » fit remarquer la jeune femme en relevant le menton qu’elle posa sur le torse de l’anglais. « Je pensais jamais dire un truc aussi niais un jour, mais j’ai l’impression que c’est pas réel. Tu sais, comme si à un moment j’allais me réveiller et retourner à la vie réelle, celle bien nulle où c’est Marie qui me réveille parce que j’suis à la bourre. »

Un sourire moqueur en écoutant la jeune fille jouer les ignorantes sur la période qu’elle avait pu passer sur son dos, avant de lui tapoter doucement le nez. « Bah voyons, ça se souvient que de ce que ça veut ! » Léopold n’avait aucune idée de si elle se souvenait vraiment pas ou si elle bluffait juste, mais au fond ça n’avait pas vraiment d’importance à ses yeux. Sa nuque finira bien par arrêter de le tirer et c’était un faible prix à payer pour avoir le droit à ce genre d’intimité avec l’écossaise. Il aimait presque tout chez elle, jusqu’à ses défauts et se demandait comment il avait pu ne rien tenter en autant de temps. « Pas la peine, je sais à quel point tu peux être bornée. » Pas la peine de prendre un pari inutile, surtout que cela voudrait dire se passer de soirée pour au moins à mois, ce qu’il ne comptait absolument pas faire.

Le baiser fut bien trop cours à ses yeux et il mourait d’envie de recommencer, encore et encore. Cependant, avec Eve il voulait prendre son temps, savourant chaque instant avec elle. La petite blague sur les lunettes amusa la jeune femme, ce qui la rendait encore plus jolie à ses yeux. « Maintenant que tu le dis… Non je rigole. » Bien sûr qu’il n’allait pas s’amuser à filmer Eve en soirée, simplement parce que c’était immature et parfaitement irrespectueux. Au même moment, elle lui vola à son tour un baiser et Léopold souriait sincèrement, trouvant une fois que ce n’était pas assez long. Avant même d’avoir le temps de lui en coller un autre, son corps bascula et il se retrouva avec sa belle allonger sur lui. Naturellement, sa main se posa dans ses cheveux, lui caressant doucement.

Alors qu’il pouvait sentir la chaleur de Eve sur son torse, elle évoqua le caractère étrange de la soirée. Sans mentir, lui non plus ne savait pas vraiment quoi en penser, à part que c’était franchement parfait. « Oui, plutôt. » S’il avait aimé, il n’était apparemment pas le seul étant donné qu’elle lui avoua avoir l’impression d’être dans un rêve. Un sourire un peu bêta s’afficha sur son visage et il n’arrivait absolument pas à l’effacer. « Ca te va plutôt bien d’être niaise en fait. » Il rigola doucement en lui replaçant une mèche de cheveux, avant de reprendre. « Si ça peut te rassurer, moi non plus j’ai aucune envie de revenir en arrière. » Non, c’était plus que le cas de le dire. Léopold promenait doucement ses doigts sur le dos de la jeune femme, heureux de pouvoir la tenir dans ses bras.

Bien sûr qu’il abandonnait avant même qu’elle n’ait commencé cette chamaille pour savoir qui d’eux deux gagnerait ce pari mort dans l’œuf. L’écossaise avait l’habitude de ces jeux et elle ne les aurait délaissés pour rien au monde, parce que c’était comme ça qu’avait commencé leur amitié et c’était ainsi qu’elle se prolongeait. « Je suis pas bornée. Je sais ce que je veux. » contra l’écossaise avec l’aplomb qui lui était coutumier. Léopold l’avait suffisamment vue à l’œuvre pour savoir qu’en effet il se lançait d’avance dans une bataille perdue quand il s’agissait de déterminer qui avait raison. Au moins, Eve ne manquait pas de persévérance pour se défendre elle et les siens – ce qui lui donnait de temps à autre des airs de vraie lionne des savanes.

Lui s’amusait comme souvent de ses réactions, la taquinant gentiment. « Enflure. » La brune lui fit la moue, ne croyant malgré tout pas une seule seconde que son ami se serait risqué à s’exposer à de telles menaces de sa part. Une vidéo n’en valait pas la chandelle. Il pouvait jouer tant qu’il voulait le rôle du playboy ou du caïd, elle le connaissait par cœur et n’ignorait pas qu’il s’avérait être bien plus gentil et bienveillant qu’il ne le laissait paraître. Les gens comme eux savaient se reconnaître, surtout quand ils portaient la même carapace de durs à cuire.

La jeune assistante, immobile et tout contre lui, appréciait les secondes en silence. Ses doigts s’amusèrent à dessiner lentement des formes invisibles sur le torse de l’anglais pendant qu’elle l’écoutait parler, sereine et calme. Rares étaient ces moments où Eve n’était pas dans l’énergie et le mouvement. On pouvait mettre cela sur le compte des réminiscences de sa gueule de bois pour ça, mais pas seulement. Même si elle était d’humeur béate, elle n’en restait pas moins l’espiègle jeune fille qui adorait faire tourner les gens en bourrique – et même quand une de ces gens devenait son petit ami. « Ah oui ? On dirait pas. » se moqua t-elle gentiment avant de se redresser sur les coudes pour approcher son visage du sien mais sans jamais l’embrasser une seule fois. Elle le dévorait littéralement du regard, avec ce grand sourire plein de malice. Eve pouvait bien rester comme ça une heure entière s’il le fallait tant qu’elle pouvait constater à quel point ce qu’elle voyait dans les yeux de Léo la rendait bêtement heureuse. « De toute façon je savais bien que c’est moi qui ferais le premier pas vers toi. » lança t-elle en provocation, incapable de rester cinq minutes avec Léopold sans chercher le titiller. Le prochain débat était déjà tout trouvé : qui aurait la primeur de dire qu’il avait été à l’origine de leur premier baiser.

S’ils s’entendaient si bien, c’était avant tout parce qu’ils avaient la même manière de penser et de voir les choses. Ils étaient tous les deux aussi bornés l’un que l’autre, c’était avant tout par force de caractère, mais ils savaient tous les deux rester conciliant avec leurs amis. Bien sûr, la réponse de la jeune femme le fit sourire et il ne manqua pas de hausser un sourcil avec un petit sourire en coin. « Ah oui ? Et elle veut quoi la madame ? » Il n’espérait pas vraiment de réponse, mais après tout, qui ne tente rien, n’a rien. Si elle lui avait posé cette question, il aurait sûrement répondu que la seule chose qu’il voulait actuellement, c’était rester avec elle et tenter l’aventure. Pour lui, Eve était plus qu’une simple fille sur son passage -ce qui n’était déjà pas dans ses habitudes, mais pour lui elle était surtout la fille qu’il désirait le plus au monde.

Bien sûr, il n’avait pas vraiment pris de photos de la soirée et l’écossaise le savait mieux que personne. Il se contenta alors que de rigoler sincèrement à l’insulte qu’elle lui lançait sans la moindre méchanceté. Eve le connaissait par coeur, mieux que personne et avec elle, il ne manquait pas de naturel, ce qui dans son cas était assez charmant. Le rebelle Léopold était finalement un adorable garçon qui se soucis du bien être des gens qui l’entourent, à commencer par Eve. Jamais il lui ferait un coup de pute pareil, à s’amuser à prendre des vidéos pour les poster sur le net par la suite. Déjà, faudrait-il qu’il trouve le temps de le faire et ensuite il ne voit pas qui cela pourrait intéresser, si ce n’est des cons.

Sa main jouait un peu avec les cheveux de la jeune fille, tandis qu’elle restait coller à lui comme une moule sur son rocher. « Eh ouais, ça m’arrive d’être fleur bleue. » Le dire le faisait rire lui-même, mais il savait que ce n’était pas complètement faux d’ailleurs. Il aimait bien avoir de vraies copines et pas des plans culs comme beaucoup de garçon de son âge aimaient avoir. Malgré son côté mauvais garçon, il était très droit et respectait toujours ses valeurs sans aucun écart. « Ah ouais ? Excuse, mais c’est moi qui t’ai dis de m’embrasser, donc c’est un peu comme si j’avais fais le premier pas ! » Il rigola franchement, la regardant dans les yeux, avant de l’embrasser tendrement, ne résistant pas très longtemps de toute manière. Il passa ses bras autour d’elle, comme pour la garder avec lui et espérant qu’ils pourront rester ainsi toute la journée. « On pourrait commander un repas, pour ce midi et ce soir, tu en penses quoi ? » A l’aide de son pouce, il lui caressait doucement le dos.

Qu’est-ce qu’elle veut ? Son index vint tapoter, sûr et inquisiteur, sur le torse du jeune anglais. En d’autres temps, la réponse aurait été compliquée à formuler, mais après cette nuit elle découlait d’une logique quasiment enfantine. « Toi. » Un sourire sans équivoque s’étala sur son visage alors qu’elle savait qu’intérieurement il se réjouissait de cet aveu – et que quelque part, elle terminait d’avouer l’inavouable, se jetant à corps perdu dans une histoire qu’elle n’avait jamais réellement cru possible. Se contenter de rêver une réalité n’était plus suffisant maintenant qu’elle y avait goûté. Et il partageait très certainement son avis.

Le sentimentalisme des deux tourtereaux était aussi nouveau que divertissant et même si ces deux-là n’avaient pas l’habitude d’être véritablement tendres avec les autres, cela s’avérait bien plus facile entre eux. Et autrement plus acceptable. « Merde alors. » gloussa l’écossaise avant de lui faire les gros yeux et de se rebeller à nouveau en hochant vigoureusement la tête, en signe de désapprobation. « Oh arrête. Si je t’avais pas envoyé un signal, t’aurais jamais osé me demander … » Connaissant les fins talents de psychologue de Léopold Worsley, Eve devinait sans peine qu’il n’avait pas vraiment du les voir. Aucun homme ne les comprenait jamais. Ou alors lui y était beaucoup trop habitué pour les reconnaître. A moins qu’il n’y ait pas cru. Ou tout simplement, que l’alcool en ait faussé leur perception – cette dernière théorie arracha un sourire d’auto-dérision à la brune. « Et puis tu peux dire merci à la vodka aussi d’ailleurs. » Elle n’était pas forcément fière des cuites qu’elle prenait en compagnie de Léo et l’alcool n’avait en aucun cas trompé ses sentiments sincères pour le jeune homme, mais d’une certaine manière, ils avaient sensiblement accéléré la cadence des choses.

Et ce n’était franchement pas plus mal. Le débat fut bien vite interrompu par un baiser qu’Eve prolongea avec délice. La jeune Bannerman se laissa finalement piéger dans les bras de Léo, sans pour autant le quitter du regard. « ‘Suis d’accord. » Son estomac protesta quelque peu à l’idée de manger, comme s’il n’était pas encore complètement prêt à supporter que quelque chose de solide passe ses portes. « Bon là j’avoue j’ai pas faim du tout. » confessa la jeune fille en riant à moitié avant qu’elle ne gigote un peu pour s’éloigner à regret du jeune homme, saisir son téléphone portable et le passer à Léo. Hors de question qu’il sorte d’ici pour aller chercher à manger : ils se feraient livrer, traîneraient toute la journée au lit et ne se lèveraient pas … tant qu’elle l’aurait décidé. « Tiens. Moi je vais … rester là. C’est très bien, là. » conclut d’une voix légèrement ensommeillée la jeune fille qui se blottit contre lui et ferma les yeux, se laissant happer par le calme de l’appartement rythmé au son ouaté des battements cardiaques lents et apaisés de Léo qu’elle discernait parfaitement. Là, juste contre lui, sa peau au contact de la sienne, elle ne pouvait pas être mieux.