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Rangeant son téléphone portable – ou plutôt le cellulaire qu’elle avait emprunté de longue durée à une connaissance qui devait sans doute le lui réclamer depuis quelques mois – dans sa poche de jean, Eve s’extirpa du conduit qui menait à la terrasse sur le toit du Musée tranquillement avant de se tenir sur ses pieds, contemplant les alentours avec satisfaction. Il faudrait qu’elle pense à y installer deux chaises pliantes, vu la fréquence à laquelle ils se retrouvaient ici à refaire le monde.

En attendant d’investir dans du mobilier d’extérieur, la jeune fille joua avec le sac qu’elle portait depuis qu’elle était sortie prendre son déjeuner – faire le secrétariat, ça creusait l’estomac. Le stand de hot-dogs qui avait élu domicile à quelques mètres du cabinet Sullivan n’était pas là pour l’aider, loin de là. Eve posa le sachet de nourriture contre le rebord de pierre qui délimitait le toit, en profita pour s’étirer comme un chat avant de se retourner en entendant du bruit derrière elle. Toujours ce réflexe, au cas où il faudrait détaler en quatrième vitesse. Mais ce n’était pas un vigile, c’était Léo. « C’est pas trop tôt ! J’ai pas une pause de midi de trois heures, je te rappelle que je bosse, moi. J’suis une roturière. » râla t-elle pour la forme. S’asseyant sur le rebord du bâtiment, les jambes pendant dans le vide vertigineux de la hauteur du Musée, Eve adressa un joyeux sourire provocateur à Léopold avant de sortir de sous son large blouson molletonné un sac en papier kraft légèrement tâché de gras – et qui flairait bon la moutarde et le pain chaud. Hot-dogs sur le toit du Musée National Magique, un bon plan en perspective – et pas du tout un rencard, loin de là. « Tada ! Bon ap’ ! »

La brune sortit du paquet un des deux pains débordants de sauce qu’elle tendit au jeune anglais avant de hausser les épaules, faussement désinvolte. « Ouais, désolée, ça vient pas de la Mandragore. Mais je les ai eu gratos ! » Bon, en fait je les ai même volés, d’ailleurs. Mais ça, elle n’allait pas nécessairement le mentionner à son ami. Le goût de la gratuité avait de toute manière une saveur inégalée.

Sans attendre que son comparse ait entamé sa première bouchée, la jeune fille mordit avidement dans son hot-dog. Elle était affamée – comme, en quelque sorte, la plupart du temps et à chaque fois qu’on lui plaçait de la junk-food sous le nez. Ou pire encore, des spaghetti bolognaise. Un véritable point faible. « Et puis ch’est la plus jolie vue de Londres, ichi. » désigna en déglutissant Eve, soulignant d’un geste du bras théâtral tous les bâtiments de la ville qui s’étalaient sous leurs yeux. Elle avait beau être une petite brute un poil mal élevée, la jeune Bannerman savait reconnaître un joli paysage, même s’il fallait enfreindre quelques règles pour en profiter.

La demoiselle observa Léopold pendant quelques secondes avant d’hausser un sourcil. « Ca va ? Tu tires une de ces gueules. » Elle aimait bien le faire marcher, ce qui était aussi une bonne technique afin d’évaluer si son meilleur ami était vraiment en forme ou non – il connaissait la ruse, mais réussissait toujours à se faire avoir à un moment ou un autre.

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Toi, toi, mon toi

toi, toi, mon tout, mon toi.

En retard, comme à son habitude, il arriva enfin à son tour sur le toit du musée qui offrait une vue absolument sublime sur le reste de la ville. Sans surprise, il découvrit son amie, déjà assise sur le toit à contempler le paysage. Cette dernière ne manqua pas une seconde pour râler sur son habituelle retard, tandis qu'il se contenta de lui sourire, avant de la rejoindre avec sa démarche légendaire. « Oh, puisque tu es une roturière, tu devrais être honoré de manger un morceau avec moi. » Ses jambes pendaient dans le vide, tandis qu'il attrapa un hot-dog qu'elle avait acheté en venant ici. « Tu gères meuf ! Personnellement, j'ai pris du coca. » Il posa la bouteille derrière eux, histoire qu'elle ne tombe pas dans le vide à cause d'un mouvement brusque, ce qui pouvait arriver extrêmement vite avec eux. « T'inquiète, rien ne vaut la malbouffe bien grasse et bien cancérigène. » Un rapide sourire, avant de croquer une première bouchée de ce très fameux hot-dog.

Son regard se posa sur la ville qui se tenait à leurs pieds et il ne pouvait qu'approuver les belles paroles de la jeune fille. « J'avoue, ché joli. » Du toit sur lequel ils se tenaient, il pouvait voir la belle et imposante banque de Gringotts. Son père lui avait raconté qu'un dragon se trouvait dedans et il se demandait souvent de quelle manière ils avaient bien pu le faire rentrer. C'était apparemment une des raisons qui faisait que cette banque était une des plus sûre du monde -et assez ironiquement, il avait déjà imaginé être un des premier à la cambrioler. Parfois, il rêvait de devenir un voleur célèbre, une sorte de Moriarty des temps nouveau, avant de se souvenir qu'il était à la brigade et qu'il était par conséquent dans le clan des gentils.

Son amie l'observa, avant de lui demander si ça allait. Elle faisait souvent ce genre de choses, ce qui l'amusa grandement. Eve réussissait toujours à le faire rire et il ne manqua pas de lui faire un gentil sourire. « Tu dis ça parce je porte mes lunettes de vue ? » La jeune fille l'avait déjà vu avec ses lunettes, mais il était obligé d'admettre que ce n'était pas tous les jours. Seulement, il avait passé la matinée à bosser sur un dossier et n'avait pas envie de mourir d'une migraine pour une simple histoire de lunettes. « Et toi ? Madame je déborde de bonne humeur ? »

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Eve jaugea Léopold d’un air franchement peu convaincu, le sourire qui trônait sur ses lèvres étant plutôt clair sur ce qu’elle pensait de tout l’honneur qu’elle avait de déguster avec lui un plat hautement gastronomique : de la saucisse dans du pain. « Oh merci à Sa Majesté. » rétorqua t-elle, une voix un ton au dessus de celle qu’elle avait habituellement. La brune salua la présence du Coca-cola avec un petit hochement de tête en engloutissant une nouvelle bouchée de son sandwich. « Top. »

La vie, lorsqu’elle était simple et faite de petits moments ridicules comme ceux-ci, lui allait parfaitement. Pas besoin d’un boulot extraordinaire, d’un triplex en plein Londres ou de l’homme de sa vie pour être heureuse : tant qu’elle avait Léopold, son frère Romy, le cabinet Sullivan et son studio perché au dernier étage d’un immeuble de Londres, le reste pouvait aller sur des roulettes se faire foutre bien gentiment.

Elle jeta un coup d’œil à son ami, amusée. Il devait avoir bien plus connu les restaurants hors de prix et les repas à rallonge qu’elle – même si les réunions de famille catholiques des Bannerman étaient passées sous silence de son côté. Elle aurait préféré pouvoir les effacer de sa mémoire à vie avec un Oubliettes. « Je veux pas que tu t’habitues au foie gras et au caviar. En plus c’est dégueulasse le caviar. » commenta la brune. Pour en avoir déjà servi au dernier établissement où elle avait réussi à trouver un job et à ne le perdre qu’une semaine après, Eve en avait goûté en cachette : ça avait la même saveur que des œufs de lump. Et elle n’aimait ni l’un ni l’autre.

Les lunettes du jeune employé de la Brigade était un sujet à controverse. D’un côté la vue était primordiale – « imagine t’es en boîte et tu pécho un thon, t’auras l’air con » - et de l’autre côté, quand il se retrouvait avec cette monture sur le bout de son nez, il paraissait complètement éloigné de son image de petit caïd des rues – l’image qu’Eve préférait de lui de très loin. « Ouais. J’aime pas quand tu les portes. » On dirait ton père. Franchise à demi-assumée, la jeune femme reposa son hot-dog et essuya sa main droite dans la serviette en papier. « Donne. » S’il manquait indéniablement un « s’il te plaît » et qu’il y avait un peu trop d’impératif dans cet ordre, la jeune fille lui chipa ses binocles avec douceur – hors de question de lui égratiner les tempes – pour les placer sur sa tête et reprendre son air de duchesse en mousse.  « Ohohohoh, voulez-vous une petite tasse de thé, Monseigneur de Worsley ? » Elle prit la bouteille de soda, petit doigt en l’air, avant de reposer le tout et de rendre son bien à Léo avec un sourire hilare.

« Hé, je SUIS de bonne humeur ! » protesta l’écossaise. « J’ai trouvé une Mornille ce matin dans ma poche. Et aucun des clients de ce matin ne m’a menacé de mort. Et puis on mange ensemble un très bon hot-dog. » L’énumération des bonnes nouvelles était courte mais comme il en fallait peu à la Bannerman pour être heureuse, la substance de ce qu’était une bonne journée était bien résumée. « Et sinon, comment va la Brigade magique ? Tu leur passeras un p’tit coucou de ma part. » La jeune fille prenait toujours un peu trop à la légère cette histoire de police magique dans laquelle était pourtant engagé Léopold. Elle n’aurait sans doute pas du – ils lui avaient causé bien du tort par le passé, et elle risquait toujours très gros à flirter avec le risque de cette manière. Mais c’était Eve, et Eve s’en cognait royalement.

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Toi, toi, mon toi

toi, toi, mon tout, mon toi.

« Savoure le, c'est un grand cru. » Une petite réplique au sujet du soda qui l'amusa comme toutes celles qu'il avait l'habitude de faire à son amie concernant son origine familiale. Léopold était sûrement toujours dans les premiers à se moquer des valeurs et des principes de riches, ce qui avait d'ailleurs le don de faire soupirer ses parents. Le plus jeune de la famille Worsley, adorait se comporter comme un sale gosse des rues, ce qui ne correspondait pas vraiment au comportement que l'on attendait de la part d'un membre d'une famille titré par la reine en personne. « Le foie gras c'est délicieux, mais je ne risque pas de m'habituer au caviar. » Il approuvait parfaitement l'avis de la jeune fille, ce qui lui rappelait une de ses blagues qu'il avait fait lors d'un repas de Noël, échangeait la boite de caviar contre des oeufs de lump pour voir la réaction des gens. « De toute manière, même les riches ne font pas la différence entre du caviar et des oeufs de lump. » Se moquer de la haute était une activité dont-il ne se lassait presque jamais.

Apprendre que la jeune fille n'aimait pas ses lunettes n'était pas une surprise, elle ne s'était jamais passée de le lui dire. D'un geste plus doux qu'il ne l'aurait pensé, elle lui retira ses lunettes du nez pour les caler sur le sien. « Je n'ai pas vraiment le choix de les porter. » Intérieurement, il savait qu'il faisait assez attention à lui plaire, mais sur le sujet des lunettes de vue, il ne pouvait pas vraiment en faire autrement. L'imitation de Eve l'amusa et il ne put s'empêcher de lâcher un petit rire. « Sir Worsey, pas Monseigneur. » Quelques minutes plus tard, il récupéra ses lunettes et de cette manière la vue.

Passer du temps avec elle était toujours un plaisir et il savait parfaitement qu'il ne pourrait jamais se passer d'elle, que ce soit en amie ou pas. « Heureux d'apprendre que manger un hot dog avec moi embellie ta journée ! » Un rapide clin d'oeil, avant de croquer une bonne bouchée de son somptueux repas. Lorsque son amie aborda le sujet de la brigade, il leva rapidement les yeux au ciel, ne comprenant pas vraiment pourquoi elle prenait encore autant de risques après tout ce qui c'était passé. La dernière fois, il lui avait retiré sa baguette, aujourd'hui, maintenant qu'elle était majeure elle risquait la prison. « Ca va. » Il ne préféra pas épiloguer sur le sujet, se disant qu'il avait un milliard d'autres choses à faire. « Tu fais quoi ce soir meuf ? On pourrait sortir ? » Pourvu qu'elle dise oui.

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« Ils sont cons, c’est tout. » Si l’écossaise ne les mettait pas tous dans le même panier, elle n’épargnait pas la plupart de tous ces imbéciles bien pensants coincés dans leurs costumes et leurs manières moyenâgeuses. Les gens riches étaient dotés d’une bêtise proportionnelle à leur compte en banque, et ça, Eve était particulièrement fière de le penser et de le dire très fort. « Heureusement, nous on connait la vie, la vraie ! » La jeune fille sourit de toutes ses dents avant de trinquer avec son sandwich et de reporter son regard sur la ligne d’horizon instable que formaient les bâtiments londoniens.

Certes, Léopold n’avait pas la vue d’une taupe mais quand il avait cette monture affreusement austère sur le nez, Eve se sentait toujours obligée de le moquer légèrement – ça faisait partie du jeu. « Tu pourrais mettre des lentilles. On verrait mieux tes yeux verts. » La remarque ne manquait pas de sérieux et aurait presque était surprenante. Si en apparence, cette réflexion laissait croire qu’elle ne lui prêtait aucune attention particulière, il fallait être suffisamment attentif pour savoir qu’Eve n’était pas du genre à aller dans le détail. Qu’elle ait remarqué la teinte des iris de son ami n’était pas vraiment un fait du hasard. « Bon ça va, t’es pas non plus dégueulasse avec, tu sais. » rajouta t-elle, un peu bourrue avant de secouer la tête comme si elle se trouvait bien au dessus de ces considérations physiques. Forcément, elle, elle ne s’était jamais prise la tête avec qui que ce soit dans l’espoir d’être trouvée jolie. Enfin, jamais ou presque.

Correction fut ensuite faite, le jeune Worsley ne plaisantant guère – ou pas – avec les titres de noblesse. « Oups, désolée Sir. » Une petite révérence du bras plus tard, l’écossaise esquissa un sourire moqueur et continua à manger son hot-dog, s’amusant à balancer ses jambes dans le vide. Décidément, il n’y avait pas besoin de tonnes de Gallions pour pouvoir s’amuser un peu. Et oui, pour elle, avoir son meilleur ami à ses côtés rajoutait un peu de joie dans son monde. Il avait beau la taquiner, elle n’était pas non plus en reste. Loin d’elle l’idée de vouloir trop lui flatter l’égo, même s’il savait d’ores et déjà que tout ce qu’elle disait n’était pas des paroles en l’air. « Qu’est-ce qu’il faut pas dire pour te faire plaisir. » souffla t-elle avec un brin de malice, juste à temps avant que la conversation ne redevienne légèrement moins drôle – un peu par sa faute, certes.

Léo n’était jamais très bavard lorsqu’il s’agissait de parler de son travail. Bien sûr, Eve n’était pas la moitié d’une nouille, elle avait vite compris qu’il se créait un malaise à chaque fois qu’elle pouvait évoquer de près ou de loin l’autorité du monde magique. Et Worlsey père n’y était pas totalement étranger. Mais en dépit de son renvoi de Poudlard et de tout ce qui avait suivi ce très mauvais événement dans sa vie, Eve avait continué d’exister – et les choses n’allaient d’ailleurs pas si mal que ça quand on les regardait globalement. Elle avait un job, une baguette non déclarée et ses amis pouvaient encore compter sur elle pour les gonfler. Il n’aurait pas du faire tant de cas de tout ça, même si elle n’ignorait pas que pour être complètement correcte avec lui, elle n’aurait pas du continuer à lui parler et à le voir comme si de rien n’était. Tout comme elle aurait du poliment refuser cette invitation. « Chais pas, j’ai rien de prévu. T’as des idées en tête ? » Elle reposa son hot-dog pas tout à fait terminé, appuyant ses paumes de main derrière elle pour s’étendre un peu plus à son aise. « Opéra ou ciné-Domac ? » Emmener un jour Eve Bannerman dans un lieu de haute culture serait un défi – et pas des moins hilarants, c’était une certitude.

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Toi, toi, mon toi

toi, toi, mon tout, mon toi.

« Ouais, la vraie vie des vrais gens. » C'était le genre de phrases qu'il se sortait à lui-même, pour se confirmer qu'il valait mieux que tous ses bons gens avec un balai dans le cul qui boivent du thé à la bergamote toute la journée. Léopold troquerait sans hésitation son titre contre celui d'un monsieur tout le monde, histoire d'arrêter de vivre comme le fils de Sir Worsley. Heureusement, la jeune fille savait le voir pour ce qu'il était réellement et cela lui faisait vraiment plaisir. « Ca me gêne les lentilles, tant pis pour mes magnifiques yeux verts. » Il se moqua rapidement de la réplique de son amie, c'était assez surprenant de sa part qu'elle est relevée la couleur de ses yeux, néanmoins il trouvait ça plutôt plaisant. « Ecoute, heureux d'apprendre que tu ne me trouves pas dégueulasse. » Il termina son hot dog et se tapota les mains pour enlever les miettes, avant de regarder à son tour la ville qui se tenait à leurs pieds.

L'écouter parler de son titre de noblesse avait tant de second degrés le faisait réellement sourire, Eve avait une fraîcheur communicative à laquelle il s'était attaché. « Pour me faire plaisir ? Tu pourrais garder Léo, c'est pas mal. » Déjà, il n'était pas très fan de Léopold, qu'il trouvait un poil trop rétro et prout-prout comme il le disait si bien. Du coup, pour tout le monde, c'était simplement Léo -trois lettres largement suffisantes. Le jeune homme fut largement satisfait de voir que l'ancienne serpentarde n'insista pas et qu'elle approuvait un changement de sujet.

« Non rien de spécial, traîner c'est tout. » Comme ils le faisaient tout le temps et comme ils le feraient sûrement toujours, enfin du moins, il l'espérait. « L'opéra ? Je suis sûre que tu t'endormierais avant même d'entrer dans la salle. » Il imaginait tellement mal la jeune fille dans un opéra, que rien que l'idée le faisait mourir de rire. « Sinon, ciné et Domac, ça me va carrément. » Du coin de l'oeil, il regardait la jeune fille. Il avait toujours trouvé Eve jolie et ne se laissait pas de ces deux yeux bleus. « Meuf, tu as un truc dans les cheveux. » Délicatement, il lui attrapa une mêche de cheveux, dont il retira un petit morceau de papier.

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Bien sûr ils étaient tout bonnement inaptes à garder leur sérieux plus de trente secondes, et ce surtout quand Eve osait dire une phrase sans vulgarité ni gentil tacle à l’adresse de son meilleur ami. Ce qui suivait souvent, c’était le retour de flammes du concerné, et finalement la jeune Bannerman qui se renfrognait et lançait un ou deux jurons pour éviter que la situation ne devienne gênante ou qu’il commence à attraper le melon. Ah, ces aristocrates. « Ha-ha-haaaa. Va te faire foutre. » bougonne t-elle en finissant finalement son hot-dog, ne laissant qu’une traînée de miettes sur son pantalon qu’elle essuie de la main.

L’anglais paraît pourtant assez heureux de savoir qu’il n’est pas aussi laid qu’elle peut le lui dire quand il l’énerve trop. Eve doit bien être honnête, si elle n’est pas encore sortie avec lui, ce n’est pas pour un blocage physique loin de là. Léopold doit sans doute être mieux foutu que le peu de mecs qu’elle a déjà eu, et puis il a une tête d’ange quand il ne joue pas au caïd des bacs à sable – cette succession de pensées un peu trop douces l’énerve d’autant plus qu’elle se sent comme une de ces dindes qui ne pensent qu’aux mecs et aux histoires d’amour à deux Mornilles. Elle a plus important à penser : elle doit se concentrer sur elle, sur Romy aussi. Mais pas sur ce qu’elle pourrait ressentir pour Léopold – elle en a déjà fait le constat seule et avec Antinea, pas besoin qu’elle se le rappelle à chaque fois. « Je t’en prie, ça m’fait plaisir, Léopold. » En insistant sur le patronyme, s’il vous plaît. La jeune fille s’amuse, et pour rien au monde elle ne changerait quoi que ce soit à ce moment.

Il aime bien se plaindre qu’il n’est pas né dans le bon camp et qu’il est comme elle. Comme elle. Ca ne veut en réalité rien dire, et s’il savait d’où elle venait, Léopold n’en croirait ni ses yeux ni ses oreilles. C’est pour ça qu’elle a toujours caché ses origines et sa famille, qu’elle ne considère même pas comme telle. Il n’y a que Roméo, son frère, pour être encore vu comme un pair. Les parents Bannerman, eux, peuvent bien aller se faire voir – ils n’ont aucune existence pour elle. « Tes parents t’ont donné un prénom, c’est pas pour rien ! » souligne Eve avec une philosophie étonnante. D’ailleurs, son propre nom lui a souvent paru absurde, mais elle n’est pas autant dérangée que lui que son ami. « Ca aurait pu être pire, t’aurais pu t’appeler … Jean-Sébastien, ou William-Charles. » Elle éclate de rire et apprécie l’idée fictive d’un Worsley fils avec un prénom à coucher dehors.

Evidemment, ils passent leurs journées ensemble – et leurs soirées aussi, comme si ça ne suffisait pas d’être tout le temps l’un avec l’autre. Aucun des deux ne s’en lasse. Ca pourrait vouloir dire beaucoup de choses, mais là encore il y a une barrière, ténue et invisible, qui n’attend peut-être que d’être franchie. « Ca veut dire quoi ? Je suis pas assez bien pour aller à l’opéra ? » Elle fait semblant, rien que pour la forme, de s’énerver, avant d’acquiescer avec amusement. « Exact. » Le jour potentiel où elle se retrouve dans un tel lieu, les Niffleurs auraient des ailes.

Le fast-food et un film restait un de leurs programmes favoris – ils finiraient par disgresser et aller ailleurs. « Bon alors on fera ça. Puis tu m’invites, après tout t’es censé être un gentleman. » Eve dit ça mais n’en pense pas un mot : à chaque fois c’est d’ailleurs toujours la même histoire, elle râle car elle refuse de se faire payer quoi que ce soit et ça peut durer une heure. Le simple fait que Léopold continue de s’acharner à ne jamais être d’accord avec elle lui plaît – c’est complètement con, songe t-elle avant d’être interrompue dans ses pensées par la main de Léo qui vient se perdre dans ses cheveux.

Elle ne bouge plus, le regarde tout simplement. « Ah ouais ? C’est sans doute … » Un trou, elle n’arrive pas tout de suite à finir sa phrase. Son ventre papillonne et quelques secondes plus tard c’est déjà fini, ca n’était qu’un tout petit bout de papier. Dommage, elle aurait bien aimé avoir des tas de confetti juste pour qu’il s’amuse à tous les enlever. « … Un truc de merde. C’est rien. » Eve baisse le menton avant de sourire. « J’ai cru que t’allais me faire un tour de magie comme aux gamins. Tu sais, le coup de la pièce. » Sa main vient chercher quelque chose derrière l’oreille gauche de son compère, quelque chose d’invisible – et pourtant l’instant d’après elle en sort une Noise qui n’était absolument pas là. « Un peu comme ça en fait. » Elle le nargue avec ce petit sourire malin et provocateur mais jamais réellement moqueur.

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Toi, toi, mon toi

toi, toi, mon tout, mon toi.

« Arrête, tout le monde sait que tu serais triste si je partais. » Une blague qui pourrait paraître lourde de sous-entendus si elle ne venait pas de Léopold. Pour lui, c'était le genre de répliques types qu'il répondait toujours à ce genre de moment, comme pour prouver qu'il avait une répartie à toutes épreuves, ce qui avait le don de blaser le reste de sa famille qui ne partageait pas vraiment son avis au sujet de son amour. Le jeune homme grimaça légèrement en entendant son patronyme complet, avant de soupirer légèrement et de boire quelques gorgées de soda. L'ancien gryffondor lâcha un petit rire en entendant la phrase bien trop philosophique sur le rôle d'un prénom. Bien sûr, il connaissait et appréciait suffisamment la jeune fille pour savoir qu'elle était loin d'être stupide, mais il ne pouvait s'empêcher de sourire quand il l'entendait parler si sérieusement -sans parler que c'était très mignon. « Ouais, bah j'aurai préféré Léo, c'est moins pompeux. » Sans parler qu'il ne passerait pas directement pour un bourgeois en disant son prénom.

« Mais non, c'est l'opéra qui n'est pas assez bien pour toi. » Bien qu'il le disait sur le ton de l'humour, il le pensait très largement et ne niera jamais que son amie est mille fois plus intéressante que le meilleur opéra du monde. Surtout si cette soirée comportait un fast-food et un cinéma. « Je t'invite ? Ou tu vas encore faire une crise pour payer toi-même ? » Il ne comptait plus le nombre de fois que la jeune fille avait ronchonné lorsqu'il lui avait payé un repas ou un verre et il ne savait même pas si cela le faisait rire ou si cela le blasait légèrement.

Il lâcha doucement la mèche de cheveux sur l'épaule de son ami, avant de lui sourire gentiment et de jeter le fameux papier dans le vide. Dans ses moments de rapprochement, il ne pouvait s'empêcher de penser à toutes ces personnes qui les voyaient en couple et de se demander pourquoi cela n'était jamais arrivé. Eve était sûrement la fille la plus géniale qu'il connaissait et il devait avouer ne jamais avoir apprécié les copains de cette dernière. « Un tour de magie ? » Comme pour répondre à sa question, elle lui fit le célèbre coup de la pièce, ce qui le fit naturellement sourire. « Pas mal, mais tu n'as pas encore surpassé le maître. » Léopold avait toujours un tour dans son sac et c'est ainsi qu'il agita le téléphone portable de la jeune fille en souriant, qu'il avait chipé dans la poche arrière de la jeune fille sans même qu'elle le réalise. Il avait toujours eu un certain talent pour le chapardage et ne manquait pas une occasion de le rappeler. « Ouais, je sais. Je suis ton idole sur terre. » Un petit sourire de vainqueur avant de lui tendre son téléphone.

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Eve ne répondit pas à sa question. La fuite valait mieux à cet instant plutôt que la franchise – elle, n’avait pas envie de parler sérieusement avec Léopold. Il lui semblait qu’ils étaient heureux tels qu’ils étaient, comme ils étaient. Même si une partie d’elle se posait la question, toujours et sempiternellement la même, l’autre préférait se contenter de ce qu’elle avait actuellement – une vie pas trop merdique, ce qui n’était déjà pas si mal en soi. « Et toi ? Si je partais, tu serais triste ? » Une chance sur deux qu’il prenne son interrogation pour un jeu et ne lui fournisse pas plus de réponse honnête qu’elle ne l’avait fait. Tant pis, elle tentait quand même le coup.

La jeune femme s’étira en haussant les épaules. « C’est la vie, comme dirait l’autre. » Honnêtement, le prénom de Léopold était bien la dernière chose dont se souciait la jeune fille. Elle aurait pu trouver mille et une autres excuses pour se payer sa tête s’il avait été un de ces types qu’elle ne supportait pas. Ce n’était cependant pas le cas, et il avait donc bien assez de qualités en contrepartie pour que son patronyme soit négligeable.

L’argent n’était d’ailleurs pas non plus une des raisons qui rendaient Léopold appréciable de l’avis d’Eve. Ni porte-feuille humain, ni opportunité de se faire un réseau d’artistocrates blindés aux as, il était plutôt ce jeune homme qui arrivait à la faire rire avec des blagues un peu moyennes et des phrases d’accroche de drague dignes des années 80. Si elle n’était pas une idéaliste hippie qui pensait qu’on pouvait se contenter de vivre avec un peu d’eau fraîche et beaucoup d’amour, elle aurait bien pu le devenir juste quand elle vivait ces moments présents, perchée sur le toit du Musée. « Ha ! Je la note, celle-là, elle est magique. » Quant à savoir s’il pourrait réellement un jour lui payer l’addition, Eve ne concéda sa victoire qu’à demi-mot. « On verra. » marmonna la brune qui choisit de balayer toutes ces histoires bien trop adultes au profit de quelques tours de magie.

Le coup de la pièce était indémodable mais ce n’était pas le seul attrape-nigaud qu’elle connaissait en matière de prestidigitation. A vrai dire, Léopold non plus, et lorsqu’il lui colla son propre téléphone sous le nez, la jeune fille ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes et attrapa aussitôt son mobile. « Léopold Worsley ! C’est pas beau de voler. » s’était-elle exclamée pendant qu’elle rangeait en lieu bien plus sûr et moins exposé le petit objet technologique. Il n’y avait que lui pour faire ça. Quelque part elle n’était pas vraiment complètement vexée de s’être faite avoir – elle aimait être surprise de cette façon, savoir qu’on pouvait la battre à son propre jeu la stimulait. « Pf, mon maître. On aura tout entendu. » ironisa Eve, très mauvaise perdante.

Le brigadier allait en entendre parler pendant encore plusieurs mois, puisqu’elle poursuivit, faussement mystérieuse. « Qui te dit que j’t’ai pas laissé volontairement me voler mon téléphone ? » C'était peu probable vu qu'elle laissait difficilement un garçon approcher sa main de sa poche arrière de jean, mais c'était toujours une bonne idée de vouloir le lui faire croire. La jeune femme haussa un sourcil provocateur, avant de soupirer et de le narguer avec un sourire tout aussi énervant de celle-qui-savait-tout. « T’es trop naïf. »

La brune se redressa sur ses fesses pour se tenir debout sur le rebord du toit. Elle pointa Léopold d’un index déterminé, ignorant le danger du vide qui se situait à quelques centimètres de ses baskets. « Je me vengerai. Oh ça, ouais. » La sorcière jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, constatant qu’en effet, la hauteur du bâtiment était toujours aussi impressionnante et qu’elle pouvait vraiment finir aplatie comme une crêpe sur un faux mouvement. « Wouh ! C’est haut, dis donc. »

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Toi, toi, mon toi

toi, toi, mon tout, mon toi.

Le retour de question était presque juste, si elle avait émit une réponse. Léopold aurait pu en faire de même, mais il trouvait sa stupide de se mentir sur une chose aussi stupide. « Bien sûr, sans toi je mangerais avec qui le midi ? » Sûrement pas l’employé en face de son bureau, dont il refusait l'existence elle-même. Il lui offrit un sourire au passage, qui avec ses lunettes le ferait passer pour l’être humain le plus gentil du monde. Le ton détaché de la jeune fille face à son prénom représentait parfaitement ce qu’elle avait toujours été pour lui. « Ouais, c’est la vie. Surtout chez les Worsley. » S’il était né dans une famille lambda, il n’aurait sûrement pas écopé d’un nom aussi vieux, mais personne ne choisit sa famille.

Le compliment qu’il fit à la jeune fille semblait l’amuser, ce qui le rendait automatiquement fier. Léopold n’avait pas besoin de beaucoup pour être heureux et faire sourire Eve lui suffisait amplement. Cependant, le compliment aussi bien soit-il, ne suffisait pas à la jeune fille pour l’autoriser à lui payer un restaurant un jour. « Ce soir je vais payer directement, tu pourras rien faire. » L’idée de courir vers la caisse pour passer sa carte bleue en premier le faisait déjà rire et il se doutait que la manche sera serré avec l’ancienne serpentarde qui ne risquait pas de se laisser faire.

Les quelques tours de magie rendait la situation infiniment plus enfantine et c’était de loin leur spécialiste. « Voler ? Rien à voir, c’est de la MAGIE. » Il accentua le dernier mot de manière incroyablement ironique, avant de lui rendre son précieux. La jeune fille râla pour la forme, comme elle le faisait souvent. « Tu fais genre, mais je sais que c’est faux. » Il n’en savait rien, mais ça n’avait pas d’importance, c’était bien plus amusant comme ça. Tête de mule, l’écossaise lui affirma avoir fait semblant de le laisser faire, ce qui fit lâcher un rire sincère au garçon. « Bah voyons, tu ferais mieux de m’accorder le respect eternel. » Il lui colla son doigt sur la joue, juste dans le but de l’embêter, elle et sa mauvaise foi du jour. « Tu arrêtes jamais de me contredire ? » Il était presque sûr que ce jour n’arriverait jamais.

Eve le menaça de se venger ce qui le fit réellement rire, tandis que cette dernière se leva sur le rebord. Un équilibre dangereux, que le garçon observa du coin de l’oeil, sans pour autant la materner. Elle était assez grande pour prendre ses précautions et ce n’était pas lui qui allait jouer les mères poules. « Hâte de voir ta vengeance ! » Rapidement, il nettoya ses lunettes à l’aide de son t-shirt, écoutant la fille s’exclamer à cause de la hauteur. « Ouais, évite de tomber, on va m’accuser de meurtre. » Un sourire, avant de lui proposer rapidement sa main pour qu’elle redescende si l’envie lui en prenait.

electric bird.

You can't always please the crowd

But I am still not bowing down

Eve ne s’était jamais réellement montrée jalouse des fréquentations de Léopold. Il aurait bien pu manger avec qui il voulait le midi à sa place ; elle ne se sentait tout bonnement pas menacée par une seule des filles qu’il aurait pu côtoyer à son travail. La jalousie n’était pour elle jamais bon signe, surtout si elle commençait à étouffer quelqu’un par la possessivité avant même qu’il n’y ait quoi que ce soit entre eux. Mais l’air de rien, savoir que son absence affecterait Léopold la confortait dans ce sentiment d’avoir sa place spéciale et particulière.

Le jeune brigadier n’était apparemment pas prêt de changer d’avis ; il continuerait à jouer la carte de la galanterie jusqu’à ce qu’elle craque. La victoire ne s’annonçait franchement pas facile pour lui, surtout qu’elle avait presque ri en imaginant Léopold se ruer sur le caissier pour le menacer d’accepter sa monnaie à lui et pas celle de l’écossaise. Ils étaient parfois pire que des enfants. « Je ferai la course, et je gagnerai. » C’était une promesse qu’elle tiendrait avec certitude, cela se lisait dans la détermination malicieuse de son regard. Elle n’en avait rien à fiche de courir comme une dératée dans un fast-food au beau milieu de Londres pour si peu ; le seul concept d’une telle compétition puérile entre eux ajoutée à l’idée de défier Léo l’amusait au plus haut point.

Eve secoua la tête, désapprouvant largement de s’être faite avoir de manière aussi grotesque. Elle qui avait l’habitude de voler les autres vivait le coup de l’arroseuse arrosée comme toujours avec sa mauvaise foi légendaire. « De la magie, mon cul ouais. Tu vas pas non plus me prendre pour une dinde, Worsley ! » Elle grimaça, cessant peu à peu de bouder pour se montrer plus intransigeante et décidée que jamais. Le jour où elle s’avouait vaincue par son ami n’était pas prêt d’arriver. « Jamais. Sinon c’est plus marrant. » Un petit sourire en coin et la jeune fille changea de sujet pour ne pas avoir à supporter plus longtemps le goût de la défaite face à Léo.

Un Léo qui n’aimait pas trop la voir jouer à l’équilibrise et qui lui rappela que si elle chutait dans un moment d’inattention, on ne trouverait d’elle qu’une purée informe sur le parvis du Musée et qu’en plus il serait sûrement inquiété de sa disparition. « Mais non, voyons. Tu me rattraperais si je tombais, de toute manière. » Bien sûr qu’il le ferait. Il n’y avait aucun doute là-dessus, il l’aurait suivie quoi qu’elle fasse – parce qu’elle l’avait toujours suivi, lui, même quand il avait choisi d’opter pour une carrière … moins à l’image de ce qu’elle s’était faite. Elle continuait de le voir et resterait là malgré tout pour lui parce que toutes ces histoires de brigade magique, c’était de la connerie pure et simple qu’il finirait par abandonner un jour. « On vérifie ça ? »  lança t-elle, brusquement sérieuse. Elle se tourna pour lui faire face, dos au vide menaçant et allait pour reculer d’un pied avant d’annuler son geste et de secouer la tête en signe de dénégation évidente. « Je rigole. J’allais pas le faire ! Je vais descendre. » le rassura t-elle avant de prendre sa main pour descendre du muret. Oui, elle aurait pu l’ignorer royalement comme elle le faisait souvent quand elle jouait à ce jeu-là ; mais elle ne l’avait pas fait.

Eve soupira en entendant au loin un des clochers de Londres sonner et leur rappeler que le temps ne s’arrêtait jamais – la journée était loin d’être terminée pour eux. « Faut que je retourne bosser bientôt … Tu veux pas faire semblant de m’arrêter pour l’aprem’ ? Histoire qu’on puisse glander un peu. »

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Toi, toi, mon toi

toi, toi, mon tout, mon toi.

« C’est marrant, mais je pense que je te bas en course à pied. » Pour dire vrai, ils n’avaient jamais vraiment fait la course pour vérifier, mais il y avait de fortes chances pour qu’un tel duel termine en un match de boxe amateur. Les deux amis n’étaient pas réputé pour leur fair-play et n’hésitait pas à tricher ou mentir pour gagner une partie -jamais rien de méchant bien sûr. Néanmoins, Léopold voyait déjà son amie lui faire un croche patte dans l’allée du fast-food et rire de manière absolument pas discrète devant son hypothétique chute. Donc, s’ils devaient faire la course, il s'assurera d’attacher les lacets de la jeune fille autour de la chaise avant de se lancer -assurer ses arrières était une manie chez les Worsley. Quand bien même il arriverait premier à la caisse, il pouvait être certain que comme à l’instant précis, elle crierait à qui veut l’entendre qu’elle l’a volontairement laissé gagner. La mauvaise foi de son amie l’amusa grandement, même s’il leva légèrement les yeux au ciel. « Mais si petite, la magie existe. » Un petit sourire en quoi, tandis qu’il rigola franchement sur le refus de la jeune femme, promenant son regard le long des toits Londonien.

Eve aimait prendre des risques dans la vie et ce n’était pas le grand amateur de parkour qui allait l’en empêcher, toutefois il la surveillait du coin de l’oeil au cas où elle serait par surprise déséquilibrée. « Oui, comme dans un film d’action, puis tu lâcheras, de peur de nous faire tomber tous les deux dans le vide. » Un instant, il imagina un film d’action avec eux dans les rôles principaux et ne pouvait s’empêcher de penser que cela deviendrait automatiquement une comédie, si ce n’était pas un métacomédie d’ailleurs. L’ancienne serpentarde semblait s’amuser à teste le calme et la patience de l’anglais et étrangement, ce dernier ne bougea pas, se contentant simplement de lui tendre la main si jamais sa provocation tournait mal. De toute manière Eve était trop indépendante pour écouter les sages paroles d’une personne aussi peu sage que Léopold.

Au bout de quelques secondes, elle lui attrapa enfin la main et descendit du muret. Le garçon se tourna de son côté, faisant dos au vide comme si ce n’était absolument rien d’impressionnant. « Tu avais peur que je ne te sauve pas ? » Un sourire en coin avant d’entendre lui aussi le son lointain des clochés de la ville qui annonçait la fin de ce sympathique repas. Il rigola vaguement devant la proposition de la plus petite, avant de se lever et de s’approcher. « Je sais que tu meurs d’envie que je te menotte et de passer ta journée avec moi, mais désolé j’ai un truc important à faire cet aprem. » Un peu d’humour ne pouvait pas faire de mal. « On se voit ce soir du coup ? Je passe chez toi ? » Il attendit la réponse, en lui ouvrant la trappe qui donnait sur le toit, pour faire le chemin du retour ensemble.

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Eve éclata de rire et soupira, ne prenant même pas trois secondes sa défiance au sérieux. « Mec, tu sais pas ce que c’est que de réellement devoir courir vite. » Elle avait presque envie de rajouter qu’il aurait du un jour être coursé par la police pour savoir ce que c’était que de vraiment user ses jambes, mais à la réflexion, le fait qu’il se trouve lui de l’autre côté de la barrière de la justice devait sans doute lui donner lui aussi un peu d’entraînement pour rattraper les fuyards comme elle.

La brune n’accorda aucune autre réponse à la vantardise de Léo – il y avait fort à parier pour que ce débat n’ait de toute façon jamais de fin définitive. Il y verrait sans doute une victoire en soi mais c’était loin de l’être : la jeune Bannerman était plus têtue qu’un troupeau de mules. La concernée laissa divaguer ses pensées en écoutant son compère les théâtraliser en héros de film d’action, rêveuse. « Exactement. » Impossible pour le jeune brigadier de savoir si elle pensait sincèrement pouvoir se sacrifier pour lui ou si elle ne faisait que bluffer – seule une véritable mise en situation lui donnerait la réponse, si tant était qu’il la souhaitait.

Il saisit sa main en même temps qu’il mit fin à son délire sur leur hypothétique scénario de block-buster où leurs rôles seraient les principaux, et la jeune femme lui décocha un regard qui avait tout du défi. « J’ai peur de rien. » Etait-elle si sûre d’elle pour pouvoir ne pas craindre qu’il la laisse tomber, ou connaissait-elle seulement bien trop le jeune Worsley pour être persuadée qu’il n’était pas capable d’un tel acte ? Sans doute un peu des deux, même si quelque part la jeune fille mentait profondément en prétendant n’avoir aucune source d’anxiété. Elle abandonna sa main et songea au restant de la journée qui l’attendait – elle avait tout à coup hâte d’être à ce soir et n’aurait pas refusé un Retourneur de temps pour changer le cours des choses.

Une après-midi qui n’incluait visiblement pas l’ancienne Serpentarde dans le programme de l’ex-Gryffondor, même s’il ne manquait pas d’idées vaseuses pour l’inviter à y participer. La brune se retint de lui envoyer un coup dans les côtes pour cette sombre histoire de menottes – Léopold ne faisait jamais que plaisanter mais parfois il avait le don d’enfoncer les portes ouvertes avec la subtilité d’un camion-benne, ce qui la mettait toujours dans un état de malaise mêlé à de l’énervement et une envie de rire. « Sérieux, t’as vraiment de ces fantasmes ! » Et bien qu’elle n’aurait pas dit non à sacrifier le temps de son après-midi laborieuse pour rester avec lui, quitte à éparpiller sa paperasse dans tout le Ministère, la jeune fille savait qu’elle avait des devoirs et des promesses à respecter vis-à-vis de Raph – et surtout, elle ne pouvait pas trop prendre le risque de fricoter ouvertement avec le fils Worsley sous les yeux de son père. « Un truc plus important que moi ? J’demande à voir. » répondit-elle avec l’audace qui la caractérisait, avec un petit sourire en coin.

Pourtant Eve finit par lui accorder le répit dont il avait besoin et se dirigea vers la trappe que Léopold ouvrit pour les faire sortir. L’anglo-italienne jeta un coup d’œil derrière elle avant de rajuster sa veste de sport et d’acquiescer aux propos de son ami. « Oui, passe avec ta voiture la plus chère, ou ton carrosse le plus royal. Sinon je me contenterai de nous emmener sur mon skate privé. » balança t-elle de façon tout à fait insouciant et sérieuse tandis que son sourire démentait clairement ses propos. La seconde d’après, Eve se glissait dans l’ouverture du sol, quittant ainsi le toit du Musée et son ambiance hors de la vie réelle.

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