Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

« AH-HA ! T’as perdu ! » s’exclama Eve, bien plus haut et fort que d’habitude, un large sourire conquérant étirant ses lèvres. La jeune fille, au succès peu modeste, leva les poings serrés vers le ciel avant de tourner le dos à la cible de fléchettes sur laquelle ils s’acharnaient depuis bientôt une demi-heure. Après avoir d’abord monopolisé le flipper, fait successivement une dizaine de batailles de chifumi et tout un tas d’autres jeux débiles pour s’affronter, c’était la brune qui remportait cette manche, et à n’en pas douter Léopold allait vouloir sa revanche. En attendant …  « Alleeeez, cul seeeec mec ! » La brune, hilare, observa son ami descendre son verre d’un seul tenant et frappa sur la table en signe de victoire lorsqu’il eut avalé sa dernière gorgée – voilà qui promettait de rajouter du génie à leur soirée.

Une soirée qui avait commencé sous les meilleures auspices. Arrivés ensemble dans un de ces bars de Londres où la bière et l’alcool coulait à flots plutôt généreux le tout dans une ambiance festive, les deux jeunes gens avaient très vite atteint le seuil de non-retour concernant l’alcool ; ce qui expliquait la puérilité croissante des défis qu’ils se lançaient – ils en étaient même venus à faire des batailles de pouce pour savoir qui allait commander au bar. La jeune fille voulut s’abreuver encore un peu, sa gorge réclamant le goût sucré et glacé du plus russe des alcools pour se substituer à celui, amer et pétillant de la bière, mais ce dernier était aussi sec que le désert du Sahara. L’assistante regarda Léo comme si elle avait appris la mort de son chien Marie. « Merde, mon verre est vide et le tien aussi … Faut qu’on remédie à ça ! » Ni une ni deux, elle s’éloigna dans un tournoiement de cheveux bruns qui rebiquaient – elle avait une vraie tête de petit démon, la faute aux trop nombreux verres ingurgités – et fonça vers le comptoir.

Le type qui l’accueillit ne se priva pas de la lorgner et de tenter sa chance, mais il n’imaginait pas la réponse qu’Eve lui réservait. « Hé ma jolie, qu’est-ce que je peux te servir ? » La jeune fille ricana avant de se pencher vers lui, offrant son regard le plus narquois au barman. « Une vodka pomme, comme mon mec là-bas, steuplé. » Petit mouvement de tête en direction de Léopold. Le sourire de l’employé fondit comme neige au soleil. « En double bien sûr. » rajouta la jeune fille qui se redressa et s’accota dos au serveur en attendant que les verres arrivent.

Ses yeux vagabondèrent, distraits et un peu hagards, sur la foule qui remplissait le bar. Ils étaient bien, là, parfaitement bien même. Bon, d’accord, Eve était légèrement – mais alors très légèrement, non, complètement – bourrée mais elle arrivait encore à marcher droit et à se moquer de son meilleur ami. D’ailleurs elle était persuadée qu’elle pouvait toucher son nez en mettant son bras sous son genou, songea t-elle en riant toute seule avant de se rappeler que ce n’était pas le moment de tenter ça, au risque de se ramasser. Le bruit de deux verres de vodka bien remplis la fit revenir sur Terre et c’est donc les mains chargées qu’elle retourna voir Léopold, morte de rire en repensant au barman. « Le serveur est un vrai bouffon. » Eve lui tendit son verre et but une gorgée du sien. « Bon allez on change de jeu ? J’voudrais pas qu’tu deviennes mauvais perdant. Tu choisis ! »

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Good luck my babe,

It's wonderful, it's wonderful, it's wonderful.

Boire. Jouer. Crier. La soirée idéale pour l’anglais, surtout si elle était en compagnie de son écossaise préférée. Il ne pouvait plus l’arrêter dans les jeux et finalement tant mieux, parce qu’il avait bien envie de poursuivre tout ça jusqu’au petit matin. « J’ai perdu la bataille, mais pas la guerre Bannerman ! » Un ton de compétiteur, tandis qu’il replaça correctement sa casquette du jour -ou plutôt de la nuit dans cette situation. Comme après chaque victoire, le perdant doit boire son cul sec et Léopold qui était un bon joueur ne traîna pas sur le sien, prêt à continuer cette compétition amicale qu’ils avaient lancé il y a déjà plusieurs heures. Un fois son verre vide, il le posa sur la table et s’essuya le coin de la bouche avec la main dos de la main. La soirée était déjà bien avancé et le jeune homme ne comptait plus les verres depuis le dixième, après quoi ses doigts ne suffisaient plus. Alors quand son amie proposa une nouvelle tournée, Léopold accepta volontiers. « Non ! Les verres vides c’est pour les faibles. » En moins de temps qu’il n’en faut pour dire Quidditch, la jeune fille était déjà au bar en train de commander des nouveaux verres, tandis qu’il se posa à une table.

Ses yeux se posèrent sur l’ancienne serpentarde qui commandait tranquillement au comptoir. Sans lunette, Léopold ne voyait pas très bien, mais il était certain que le flou autour d’elle venait plutôt des verres de trop que de ses problèmes de vue. Passer une soirée avec sa meilleure amie était toujours une bonne chose, en fait passer du temps avec elle était toujours un réel plaisir, même si c’était pour ne rien faire. Pour faire court, il adorait chaque minute aux côtés de la jeune femme et s’il ne la voyait pas pendant trois jours, elle lui manquait déjà. Heureusement, le bar n’était pas si loin et elle revint assez vite vers lui, soupirant et rouspétant contre le barman. « Pourquoi ? » Objectivement, il connaissait déjà la réponse, mais préférait de loin entendre la version de l’assistante qui serait à mourir de rire, comme toujours.

« Merci, tu gères ! » Avant d’attraper son verre, qu’il entama sans plus tarder. La jeune femme, qui était aussi joueuse que lui, lui proposa de trouver un nouveau jeu. Le garçon essaya de trouver un jeu auquel il n’avait pas déjà joué et qui pouvait se faire à l'intérieur du hangar. Ses yeux se promenèrent un peu partout à la recherche de l’idée du siècle, bien que son taux d’alcool dans le sang diminuait fortement la chance d’en avoir une. « Okay, je propose un action vérité, tu connais les règles je suppose. » Un sourire de prendre une grande gorgée de sa boisson. « Vérité. » De quoi commencer tranquillement le jeu, auquel il n’avait jamais joué avec la jeune femme, de peur de dire des choses qui étaient restées sous silence trop longtemps.

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

« Parce que cet abruti a cru que j’étais une meuf facile. » rétorqua la brune avec une évidente moquerie dans la voix. Elle n’en revenait pas de dénombrer autant d’hommes naïfs qui pensaient voir en elle une proie d’une nuit simple à piéger. Pourtant elle était sans aucun doute une des filles les moins parées pour séduire ce soir – rien que sa tenue suffisait à indiquer qu’elle n’était pas plus intéressée par de la drague pure et dure que son homologue masculin.

Eve reposa son verre de vodka et hocha positivement la tête, enjouée par l’idée de ce jeu auquel elle n’avait pas joué depuis belle lurette. Elle avait même d’ailleurs fait si peu de parties que les dernières en date devaient remonter de Poudlard et être des idées originales d’Antinea. « Ca m’va ! » Les coudes appuyées sur la table, l’écossaise jaugea d’un air exagérément mystérieux Léo avant d’avoir trouvé la question qu’elle allait lui poser. « Ooookay, alors c’est quoi le moment le plus honteux de toute ta vie ? » Il n’avait vraiment pas intérêt à tricher – cela dit s’il était dans le même état qu’elle, il n’allait pas avoir la force mentale suffisante pour inventer quoi que ce soit qui tienne la route plus de dix secondes.

La réponse du concerné ne tarda pas à venir bien qu’il ait toutes les difficultés du monde à ne pas se cacher derrière son verre. La jeune fille n’avait cependant pas perdu une miette de toutes ces informations précieuses sur le plus gros dossier qu’il lui livrait cette nuit – du moins c’était ce qu’elle pensait, elle qui avait sous-estimé les puissants effets d’amnésie de l’alcool. Après avoir largement charrié l’anglais, l’ex-Serpentarde but un peu de vodka et se redressa, prête à affronter toutes les curiosités de son ami. « A moi. Vérité aussi ! » Eve sourit de toutes ses dents tandis que Léo lui renvoyait l’ascenseur.

Ce fut le début d’un enchaînement de révélations successives assez hilarantes où il était question de savoir quel professeur avait-elle trouvé le plus charmant à Poudlard – la réponse d’Eve n’avait pas manqué de surprendre et de faire hurler de rire son comparse -, en quelle star moldue ou sorcière Léopold se serait réincarné s’il avait eu le choix, et tout un tas d’autres petits détails plus ou moins gênants sur eux qu’ils auraient sans doute refusé d’avouer sous la contrainte sobres. C’était l’avantage des jeux à boire, et Eve était loin de s’en plaindre. Même si elle se paierait sans doute une gueule de bois monstrueuse le lendemain, elle était actuellement bien trop euphorique pour avoir envie d’arrêter là.

Ils poursuivirent par quelques actions, bien sûr, des défis idiots à la mesure de leurs états respectifs qui ne faisaient rire qu’eux seuls – mais c’était l’essentiel. Finalement et peu à peu, les sujets avaient commencé à tourner autour de thèmes un peu moins sages, et à la question anodine et ponctuée de gloussements T’as déjà embrassé un autre gars ?, l’approbation de son interlocuteur déchaîna littéralement Eve pendant une bonne minute. Intenable, elle ne cessa d’essayer par tous les moyens de savoir de qui il s’agissait – en vain, les règles restaoent les règles : une seule vérité à a fois. « Nan mais sérieux ! Tu te fous de moi ?! » bouda t-elle trois millisecondes avant de rire de nouveau et de le regarder d’un air plein de malice. « Worsley, t’es un vrai cachottier … » Incapable d’imaginer avec quel garçon Léo avait bien pu faire un truc pareil et un peu trop perturbée par cette réponse imprévue, la jeune fille passa une main dans ses cheveux pour remettre quelques mèches folles en place.

C’était maintenant à lui de reprendre la main et ils avaient de nouveau fait le plein de boisson alcoolisée pour poursuivre les hostilités qui s’annonçaient de plus en plus risquées. La brune étouffa un hoquet et se racla la gorge. « Bon allez … J’suis – woups. » L'écossaise avait renversé un peu de vodka en buvant et s’essuya la joue avant de prendre une inspiration, telle une sportive de haut niveau prête à faire son plongeon. « J’suis prête, j’ai fait mon choix, je dis vérité ! » Elle avait hésité avec une action, se réservant cependant pour les trois prochaines gorgées qui remettraient sa dignité sur pied. « Alooors ? Qu’est-ce que tu vas me demander cette fois, hein ? » lui susurra t-elle, décochant un petit regard farceur.

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« Et tu ne lui as pas collé ton poing dans la gueule ? Surprenant ! » Un petit rire avant de lancer un regard bien moins sympathique en direction du barman qui s’occupait à nettoyer son comptoir. Comme ce dernier semblait avoir abandonné de guetter la plus jeune, Léopold décida de ne pas lui coller une droite maintenant, mais tenait quand même à lui faire comprendre qu’il ferait bien de se méfier. Parce que si Léopold était un garçon plutôt cool et plein d’humour, il ne supportait pas qu’on ne respecte pas ses amis et encore moins Eve. Seulement, cette fois rien de méchant et la soirée pouvait largement continuer avec ce nouveau jeu qui faisait l'unanimité. La jeune femme ne tarda pas à lancer les hostilité en commençant par une question simple. « Ma plus grosse honte ? Quand Katie Bell m’a foutu un râteau dans la grande salle devant tout le monde ? » Il n’étais pas sûr que ce soit la plus grosse honte de sa vie, mais il se souvient assez bien de ce gros moment de solitude que heureusement l’italienne n’avait pas eu le plaisir de voir.

Après cette première révélation, ce fut autour de l’assistante et ainsi de suite. Pas mal de sujet y passèrent jamais très importants mais toujours aussi drôles. Comme au moment où elle lui avoua ne pas savoir faire de skate, alors qu’elle passe son temps à promener sa planche partout ou le fameux moment où il avoua avoir déjà embrassé un mec, bien que c’était à une soirée lors d’un jeu, donc rien de très sensuel. « Oui, rigole Bannerman ! » L’avantage dans ce jeu, c’était que quand on avouait un truc horrible, on avait automatiquement le droit de se venger et de trouver une question encore plus palpitante. L’anglais marqua une pause, cherchant une question inattendu et un minimum utile.

Après quelques secondes, une question lui vint à l’esprit, bien qu’il n’était pas vraiment sûr d’avoir le droit de la poser. Puis finalement, l’alcool parla et Léopold lâcha prise sans regret. « Est ce que je te plais ? » Un ton légèrement joueur, qui était à mille lieu d’un moment sérieux comme on pourrait l’imaginer, Léopold posait cette question, comme il pourrait en poser mille autres. Néanmoins, la réponse l'intéressait fortement, parce que quand il croisait le regard de la brune, il savait qu’elle lui plaisait quoi qu’il arrive.

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

La brunette manqua de s’étouffer en avalant la gorgée de son verre de travers. Elle toussa et fit mine de grimacer, comme si le bruit autour d’eux était bien trop fort pour qu’elle ait compris un strict terme de ce qu’il lui avait demandé. « Quoi ? » C’était gagner du temps pour rien, Eve le savait – son cœur battait furieusement et pas sûr que ce soit l’effet de la boisson énergisante seule qu’ils avaient bu tout à l’heure qui en était responsable.

La jeune fille avait parfaitement entendu chaque mot, distinctement et clairement. En réalité elle se retrouvait prise au dépourvu parce que si elle avait fini par comprendre que ce jeu aurait dévié à un moment ou à un autre, Eve n’avait pas pensé qu’il serait aussi direct. Peut-être qu’il se moquait d’elle, peut-être qu’il était vraiment sincère. Pourquoi était-elle si étonnée ? C’était Léo. Il n’allait pas tourner autour du pot maintenant qu’il était complètement ivre et qu’il avait sans doute comme elle la sensation grisante d’être au dessus de tous les risques et d’être physiquement et émotionnellement invincible. Sauf qu’ils ne l’étaient pas, mais alors pas du tout.

Un autre jour, une autre heure, l’écossaise aurait pu trouver mille ruses pour ne pas répondre. Fuir, c’était sa meilleure option. Ca faisait des années qu’elle se voilait la face, qu’elle faisait semblant de ne pas comprendre quand on lui parlait d’eux. Ca faisait beaucoup trop longtemps qu’elle se mentait à elle-même. Alors elle esquivait, elle plaisantait, et avec le temps elle avait réussi à créer une vraie muraille d’excuses. Pendant ce temps-là, la vraie réponse restait bloquée dans sa gorge.

Elle s’entendit répondre alors que sa tête refusait systématiquement de faire bloc et d’empêcher les mots de sortir. « Ouais. Ouais, tu me plais pas mal. » balbutia t-elle sans le quitter des yeux. Elle avait un drôle de sourire qu’elle ne parvenait pas à chasser et la brune s’apprêtait à poursuivre. « Pourquoi tu … Merde, les règles. » se coupa t-elle d’elle-même, étouffant un rire nerveux.

Eve avait tout à coup chaud, bien trop chaud et elle repoussa ses cheveux sur le côté, se massant la nuque avant de reprendre d’une voix forte qui voulait chasser le trouble et la gêne. « Action ou vérité ? » Pendant que Léopold lui donnait son choix, la jeune fille noya la chaleur diffuse qui l’avait envahie sous la vodka pomme, regrettant que les vertus de celle-ci ne soient pas plus immédiates. Finalement l’ancien Gryffondor avait opté pour une vérité et la jeune fille décida qu’il était grand temps de laisser libre cours à son inconscient joueur – la raison, elle, avait été mise en veille pour le restant de la soirée. « Tu préfèrerais sortir avec Katie Bell ou avec moi ? » balança t-elle, se voulant parfaitement impassible alors que ses yeux brillaient d’une sorte de folie joueuse.

Elle le fixa ainsi pendant quelques secondes avant d’éclater de rire un peu trop fort. « Je crois que j’ai trop bu. Oublie. » Il n’allait pas oublier, tout comme il n’était plus vraiment laissé à son avis personnel d’arrêter le jeu. Au fond, Eve avait envie de voir jusqu’où ils iraient, et le monde autour d’eux n’était plus qu’une trame secondaire, négligeable.

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La question semblait faire de l’effet ce qui suffisait déjà à mettre la puce à l’oreille au garçon sur la réponse, d’après la brune qui servait de meilleure amie à Eve, il n’y avait aucun doute sur la nature de leur relation. Alors si elle avait raison pour lui, il se trouvait réellement en train d’espérer que ce soit le cas pour elle aussi. A aucun moment il ne jugea utile de penser à l’après, au lendemain. De toute manière, Léopold n’avait jamais été un garçon très subtile et cela encore moins après autant de verres. Ses yeux ne quittaient plus l’assistante et il fixait ses lèvres qu’il avait longtemps rêvé embrasser, attendant une réponse comme un gosse qui attendrait le père Noël devant le sapin. L’ancien Gryffondor avait largement conscience d’avoir quelque peu désarçonner sa meilleure amie, mais espérait réellement ne pas la faire fuir.

Alors qu’il commençait à se dire qu’elle n’allait pas répondre, l’improbable se réalisa et la fameuse réponse de frappa en pleine face. Il lui plaisait, ce qui le fit automatiquement sourire, avec ce sourire en coin qui lui allait si bien. Tandis qu’il était en train de savourer la nouvelle, la jeune femme semblait se perdre dans ses pensées bien plus floue. Il fallait croire qu’il lui faisait bien plus d’effet qu’il n’avait jamais imaginé. Au bout d’un instant il décida de l’aider un peu et de choisir vérité pour qu’elle se venge si elle le voulait. Léopold s’attendait à une question du même genre que la sienne, mais la encore elle l’étonna avec une question aussi mignonne que drôle pour le personnage. Avant qu’il ne puisse répondre, elle joua la carte de l’humour, mais c’était visible à des kilomètres que ce n’en était pas vraiment une. Cette sorte de jalousie était amusante et Léopold décida de rentrer les deux pieds en même temps dans ce petit jeu de séduction.  « Avec toi bien sûr. » Un sourire, tandis qu’il bu quelques gorgées de son nouveau verre.

Du coin de l’oeil, il guetta la réaction de l’écossaise, se demandant bien ce qu’il pouvait se passer dans sa tête à un tel moment et si elle avait autant envie d’aller un peu plus loin que lui. « A toi ! » Un clin d’oeil, tandis qu’elle annonça cette fois un action, ce qui demandait un peu plus de réflection de la part de l’anglais (et de la joueuse). Après quelques instants, il trouva une idée sympathique qui lui permettait de rester dans le thème et d’en même temps faire durer le suspens. « Approche un peu ta chaise. » Inviter la jeune femme à resserrer l’espace entre eux était clairement ambiguë, mais après autant de verres, qu’est ce qui ne l’était pas ?

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

Elle regrettait presque d’avoir dit la vérité, et obéi aux règles. Peut-être qu’elle aurait du rétorquer un « non » convainquant et mettre fin à cette amusette de gamins. Mais Eve ne voyait plus vraiment l’utilité de lui cacher ça et surtout, elle était vraiment trop soûle pour ça. La brune secoua la tête avant de se cacher derrière son verre de vodka, fuyant du regard l’étrange rictus qui était apparu sur le visage de Léopold à l’entente de son acquiescement. L’enfoiré, est-ce qu’il avait à ce point besoin de satisfaire son égo ? La brune ne croyait pas une seule seconde à cette version – elle voyait plutôt en son ami le reflet de sa propre euphorie. « Arrête de te foutre de ma gueule avec ton sourire là ! » râla la jeune fille pour la forme avant de croiser les bras et de toiser l’anglais, s’obligeant à rester parfaitement sereine et tranquille ; ce qui n’était absolument plus le cas depuis un bon moment.

S’il prétendait dire sans sourciller que c’était avec elle qu’il préférait être, l’écossaise dut ignorer les fourmillements qui la parcouraient dans tout le corps et les nombreux conseils de son subconscient fortement imbibé de bière et d’alcool pour rester la plus stoïque et la plus joueuse possible. Il était surréaliste de se dire qu’ils avaient eu besoin, après des années de faux-semblants, d’autant de boisson et d’une stupide idée d’action-vérité pour commencer à s’avouer toutes les choses qu’ils pensaient. Et même en étant honnêtes l’un envers l’autre, une part d’eux continuait à pousser le bouchon un peu plus loin. « On est pas censés mentir à ce jeu, Léo. » désapprouva une Eve bien déterminée à jouer les ingénues jusqu’à la fin de cette soirée.

C’était un risque. Elle n’était pas idiote, elle sentait parfaitement l’étrange tension électrique qui régnait. Et sa volonté de cette fois-ci choisir l’action rendait l’ambiance encore plus étouffante. Sa tête bourdonnait un peu et en même temps Eve n’avait jamais eu autant l’impression d’être surexcitée, des frissons plein la tête et le cœur alors qu’elle avait la sensation d’être au bord du gouffre, prête à sauter dans le vide sans savoir où elle atterrirait.

Son gage la fit sourire et hausser les sourcils, franchement incrédule. « C’est ça ton défi ? » Léo semblait parfaitement à court d’imagination, ou bien il avait simplement envie de la voir tomber par terre en se levant trop vite. Grave erreur, elle était persuadée de pouvoir aligner trois pas sans chuter. « J’suis bourrée mais à ce point là quand même … Regarde, j’te l’fais même avec un verre en plus dans le sang ! » La brune s’empara de son gobelet et le vida d’un seul trait avant de le reposer, de se redresser un peu pour s’avancer vers Léo et se rasseoir, l’air aussi satisfaite qu’inconsciente. « Voilà ! Ca te va comme ça ? » Elle savait déjà que oui, c’était parfait pour lui.

A même pas trente centimètres de lui, bien sûr que ça ne pouvait qu’être parfait. Eve ne voyait que le visage de Léopold de manière totalement nette et distincte, tout le reste avait mué en un chaos de couleurs et de mouvements confus. Loin de se laisser déstabiliser par l’ivresse et une envie curieuse et délirante d’abréger cet étirant suspens entre eux, l’italienne planta ses yeux dans ceux du brigadier, le sourire aux lèvres. « Je te laisse pas le choix ce coup-ci. Vérité pour toi. » La question allait être d’une simplicité édifiante. « T’attends quoi pour m‘embrasser ? » Si Eve Bannerman avait pu reprendre le contrôle de ses pensées éthyliques, elle en aurait sûrement fait une crise cardiaque.

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« Je me moque pas de toi, mais j’ai le droit de sourire non ? » Son sourire en coin en disait sûrement déjà trop et Léopold commençait réellement à aimer la tournure des événements, même si au fond il ressentait une légère angoisse. Si jamais tout dérapait en bien ou en mal, bien que la frontière entre les deux lui semblait encore floue, il n’avait pas la moindre idée de comment ils devront se comporter demain matin après tous ses aveux nocturnes. La jeune fille jouait les ingénues de première, ce qu’elle n’était aucunement, mais qui lui donnait un air définitivement trop mignon pour le bien être Léopold. « Tu peux pas savoir si je mens ou pas. » Cette phrase sonnait comme une réelle provocation et l’anglais se satisfaisait d’avoir encore assez de répartie pour lui répondre ingénieusement.

Faire planer le mystère restait une solution facile, surtout qu’il l’avait fait durant des années et que cela ne demandait finalement plus tant que ça d’effort, si ce n’était ravaler ce désir brûlant de vouloir la serrer contre lui. Parfois, il se demandait à quoi pouvait ressembler une relation de couple avec son amie et à chaque fois, il chassait ses idées se disant qu’elles étaient trop mal placées. Seulement ce soir, rien ne semblait mal placé, encore moins cette nouvelle proximité avec la jeune femme qui ne s’était pas faite désirer pour avancer sa chaise. Il ne voyait plus qu’elle, en fait cela faisait un moment qu’il ne voyait plus que les yeux claires de la jeune femme. « Bravo, tout ça sans tomber, tu veux une médaille. » Une réplique clairement signé Léopold et il en semblait fier avec ce sourire satisfait.

Maintenant qu’elle avait avancé sa chaise, c’était à lui de se faire cuisiner et Eve ne le laissa aucunement choisir. La question l’étonna légèrement, avant de le faire sincèrement sourire, elle était définitivement aussi bourrée que lui, mais elle n’avait pas besoin d’en demander plus. « Je voulais dire action, mais je suppose que tu aurais demander ça ? A moins que tu n’es trop peur. » Un clin d’oeil, avant de s’avancer et de lui caresser lentement la joue, ses yeux plongés dans ceux de l’écossaise, avant de l’embrasser tendrement. Le reste n’avait plus aucune importance face à cette chaleur douce qui l’envahissait. Son père pouvait aller se faire voir, l’instant était préférable à toutes ses histoires et il verra les complications plus tard. Les bonnes choses avaient une fin et le jeune homme du libérer son amie de cette emprise pour s’écarter un peu. Il ne quitta pas son regard, guettant sa réaction et se demandant s’il était allé trop loin ou pas. Peut être qu’il n’aurait pas dû, peut être qu’elle lui en voudra, seulement elle lui avait demandé et il ne pouvait pas refuser une chose pareille.

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

L’italienne l’observa, défiante dans toute son attitude. « Si. J’sais quand tu me mens. » Et tu sais quand je te mens. Ce constat à double-tranchant était sans appel : vouloir cacher quoi que ce soit à Léopold, c’était prendre le risque qu’il le découvrirait tout aussi vite. Pour se connaître d’aussi longtemps, il devenait compliqué d’avoir des secrets pour l’autre. Celui-là était le plus énorme et sans aucun doute le plus compliqué à lui cacher, et elle avait presque réussi jusque là.

Presque, parce qu’à l’instant même où il avait capturé son regard, Eve savait qu’elle était foutue, grillée, à découvert. Il voyait tout en elle, il lisait ses sentiments comme s’ils étaient sous la forme d’un livre ouvert. La brune restait campée sur ses positions, jouant les effarouchées indépendantes qui n’éprouvent rien alors que leurs souffles sont coupés. « Peur ? Léo, je te le répète … J’ai peur de rien. » Il coupa court à ses mensonges et conclut sa phrase en apposant ses lèvres sur les siennes, la réduisant au silence le plus simple. Le fil de ses pensées explosa en une nuée d’étoiles en feu et la seconde d’après, Eve avait naturellement trouvé la place de ses mains, posées contre son torse.

L’apothéose de plusieurs années, la conclusion d’une interminable période de doute et le début de quelque chose de nouveau, d’inédit, de vibrant et d’inconnu. Voilà ce que ce baiser signait. Eve réalisait à quel point elle en avait eu envie depuis tout ce temps – et quel gâchis ils avaient fait de ces mois à se tourner autour et à feindre d’être aveugles. L’alcool rendait sûrement tout beaucoup plus limpide, mais elle était persuadée que ce n’était pas une erreur. Rien de tout ce qui se passait entre eux ce soir ne pouvait en être une.

Sa vue revint et si la jeune femme avait l’impression que tout autour d’eux était ouaté, ce n’était pas uniquement à cause de la vodka. Sans s’éloigner de Léopold, elle baissa quelques secondes le regard vers le sol avant de le relever et de sourire. « Ca c’était du baiser de cinéma, Worsley. » Elle effaça vite la plaisanterie en poursuivant. « Je sais que je suis vraiment pas sobre et que tu pourrais pas y croire mais … J’étais sincère. » C’était vraiment étrange d’avouer ses sentiments ainsi après des années d’amitié. Eve ressentait une joie curieuse lui réchauffer les entrailles et stimuler ses pensées qui défilaient à toute vitesse. « Bordel je sais pas pourquoi on a pas joué à action ou vérité plus tôt. » ne put s’empêcher de conclure la jeune femme avec un petit rire. Maintenant qu’ils avaient passé ce cap, la brune n’avait plus envie de s’écarter de lui, trop habituée à cette proximité coutumière. « Tu veux encore jouer à ce jeu bidon ? Ca nous réussit bien j’crois. » murmura t-elle à son oreille avec malice.

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Good luck my babe,

It's wonderful, it's wonderful, it's wonderful.

L’instant était magique, comme une scène du film le plus romantique du monde, même si c’était eux, même si c’était dans un bar et même si c’était avec trop d’alcool dans le sang, tout lui semblait absolument parfait. Léopold avait déjà imaginé le jour où il serait capable de briser cette frontière qu’ils avaient construit ensemble, mais s’il ne l’avait jamais fait c’était simplement par peur de tout détruire entre. Pourtant, maintenant qu’il avait franchi ce pas et qu’il sentait encore ses lèvres picoter, il regrettait amèrement d’avoir attendu si longtemps. Ses mains se posèrent naturellement sur les hanches de la jeune femme et ses yeux étaient incapable de quitter les siens. La proximité était devenue en peu de temps un réel besoin. Le commentaire de son amie le fit sourire, parce qu’il était digne d’elle et rendait la situation tellement simple.

« Moi aussi je suis très sincère. » Un sourire extrêmement doux en direction de l’écossaise, qui prouvait que l’alcool n’était pas vraiment la cause de tout cela, puis de toute manière, Léopold n’était pas du genre à embrassé n’importe qui en soirée pour un verre en trop. Eve était celle qu’il avait toujours voulu embrassé et il savait que tout allait être nouveau entre eux à partir de maintenant. Un nouveau petit monde qui appartenait seulement à eux, puisque personne n’était au courant. « Je crois que c’est devenu mon jeu préféré ! » Il rigola lui aussi, ne lâchant pas la jeune femme et ne quittant pas ses yeux, des yeux dans lesquels il pourrait largement se noyer.

Eve s’avança un peu, afin de lui murmurer à l’oreille une question plutôt provocante, surtout à ce stade de la soirée. Il pouvait sentir l’air chaud qui émanait d’elle et à cette instant elle le rendait totalement dingue. Sans même vraiment s’en rendre compte il s’était retrouvé debout devant elle, entouré par les cuisses de la jeune fille qui se tenait toujours assise. Avec ses mains, il la tira un peu vers lui en souriant. « Des idées d’actions ? Non parce que sinon je peux les faire moi même. » Comme pour accompagné ses paroles, il tourna un peu la tete, se retrouvant au niveau du cou de la jeune femme et y déposa un baiser. En fait, Léopold se fichait bien du programme de la soirée, du moment qu’il pouvait rester avec Eve.

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

Depuis qu’ils s’étaient embrassés, Eve ne repensait plus qu’à la prochaine fois où elle déciderait, librement et impunément, de réitérer l’expérience. Elle le pouvait autant qu’elle le voulait et comme elle le voulait, et se le dire rendait la chose encore meilleure. L’image fictive qu’une sorte de cage avait été ouverte et libérait une multitude d’angoisses qui se dissipaient comme par magie lui traversa l’esprit. Il était plus que son meilleur ami, il était son Léo à présent, et la jeune femme ne soupçonnait pas la soif de possessivité qu’elle aurait pu éprouver envers le jeune homme. Elle l’avait même inconsciemment emprisonné pour qu’il reste proche d’elle – mais le plus amusant restait qu’il en avait naturellement fait de même, comme un réflexe jusqu’alors caché de leurs subconscients. « C’est plus qu’un jeu, alors. » C’est réel. Voilà ce que l’assistante se répétait cahin-caha, les pensées agitées par l’alcool, la chaleur du lieu et l’euphorie de la situation.

Même si c’était en quelque sorte la première fois que Léopold se montrait ainsi envers elle, qu’il faisait plus que jouer un rôle temporaire, Eve n’avait jamais autant eu l’impression que les choses étaient enfin normales, à leur place. Qu’il la serre contre lui n’avait rien de gênant, qu’il s’amuse à lui déposer des nuées de baisers dans le cou en public non plus, d’ailleurs elle était sans doute bien plus réceptive qu’il ne l’espérait. « Tu sais que tu vas finir par me rendre folle là ? » souffla la brune dans le creux de l’oreille de l’anglais, confusément persuadée qu’il n’y avait pas non plus pire moyen que de chuchoter des trucs pareils au garçon qui vous tourne autour depuis des années – et vice-versa. Même si tout cela n’était peut-être dû qu’à l’ivresse lui racontait une petite voix méfiante, même si peut-être demain il regretterait de lui avoir dit tout ceci et qu’elle se serait alors dévoilée pour rien, Eve ne voulait pas laisser échapper cette soirée qui leur appartenait définitivement.

Un instant, l’écossaise repensa à Antinea – apparition spirituelle sortie de nulle part - et au nombre incalculable de fois où sa meilleure amie avait prédit leur couple, faisant un forcing monstrueux pour lui arracher les vers du nez. Si elle avait su qu’il aurait fallu l’attaquer aux shots pour en avoir le cœur net … La brune eut un sourire envers elle-même et vola un baiser à Léopold sans prévenir, avant de jeter un coup d’œil au dessus de l’épaule du brigadier magique. « En tout cas … Y en a un qui a l’air jaloux de toi maintenant. » se moqua t-elle profondément avec un sourire en coin, les mains au cou de l’ex-Gryffondor. Le barman – dont il était question – paraissait en effet avoir capté leur manège et paraissait visiblement ronchon, sinon désireux de piquer la place de Worsley.

Il pouvait toujours rêver. Oubliant le serveur – parti de ses songes comme il en était arrivé -, la jeune Bannerman plongea son regard dans celui de l’anglais, une idée vague derrière la tête. « T’as pas envie d’aller ailleurs ? » Parce qu’elle, oui. Après autant de temps perdu et maintenant qu’elle savait ce que c’était que d’être véritablement avec lui, Eve ne voulait plus perdre ni une miette ni une seconde de tout ce qu’elle avait perdu en gardant le silence jusqu’à ce soir. Même si le restant de leur nuit se résumait à errer dans les rues de Londres main dans la main, même si elle ne faisait que passer la soirée blottie contre lui sur le toit d’un bâtiment quelconque, même si elle devait faire semblant de s’intéresser aux étoiles juste pour pouvoir s’allonger à côté de lui dans un parc désert jusqu’au petit matin. Elle s’en foutait tant qu’il était près d’elle. « Faudrait quand même pas qu’on nous colle une plainte pour outrage aux bonnes mœurs. » s’esclaffa la jeune fille avec un petit air espiègle qui n’arrangeait en rien leurs affaires.

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Good luck my babe,

It's wonderful, it's wonderful, it's wonderful.

Incapable de la lâcher, comme s’il avait besoin de la sentir contre lui pour exister, Léopold oubliait de plus en plus le reste du monde pour se concentrer sur elle. Un besoin naissant de proximité tandis que leurs lèvres n’avaient jamais été aussi proches et attirés entre elles. « Tu as raison, c’est clairement plus qu’un jeu. » Quand il parlait, ses lèvres effleuraient celles de la jeune femme, ce qui rendait la situation de plus en plus agréable et intense. Bien qu’il n’avait jamais imaginé vivre ça avec elle, il avait réellement le sentiment d’être à sa place et de faire exactement ce qu’il aurait toujours dû faire. Comme lorsque qu’il lui baisa tendrement le cou, ou qu’il lui caressa doucement les hanches, souriant face à la remarque que la jeune femme venait de lui glisser à l’oreille, d’une manière extrêmement attirante. « C’est peut-être le but. » Mécaniquement, il la colla encore plus à lui, avant de lui coller un bisous sur la joue.

Cette soirée, c’était la leur et plus rien ne pourra les empêcher d’en profiter jusqu’au levé du soleil. Demain sera un autre jour et une conversation sérieuse s’imposera sûrement, mais actuellement c’était le dernier de ses soucis, comme ce barman jaloux qui se trouvait dans son dos. « Entre nous, il est bien moins beau que moi. » Il rigola lui-même à sa blague risible, tandis qu’il s'éloigna légèrement d’elle pour tourner la tête vers le bar avec un sourire en coin qui voulait tout dire. Après avoir volontairement provoqué l’inconnu, ses yeux se reposèrent sur la chose précieuse qu’il tenait dans ses mains, avec un sourire sincère. Les mains d’Eve dans son cou le fit légèrement frissonner, la jeune femme n’avait jamais été très tactile de manière générale, mais il devait avouer que découvrir cette capacité était une très bonne nouvelle pour lui.


La proposition de son amie était exactement celle qu’il allait faire, comme quoi peu importe la nature de leur relation, ils étaient toujours sur la même longueur d’ondes. « J’allais justement te proposer de quitter le parc pour un toit plus calme, où au chaud si tu préfères. » Léopold se montrait finalement assez gentleman et il imaginait déjà sa soeur se tordre littéralement de rire en voyant cette scène. Après avoir rapidement chassé sa soeur de son esprit, il ne put se retenir de rire face au commentaire de l’ancienne serpentarde. « Ouais, tu as raison. On bouge. » Il l’embrassa rapidement, avant de se résoudre à la lâcher en souriant et enfila son gilet à capuche, posant au passage sa casquette sur la tête de la jeune femme, avant de la tirer vers l’extérieur du bar. « Alors, on va où ? »

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

De sa vie, la brune n’avait jamais été aussi spontanément tactile avec un garçon. Léo devait être le premier avec lequel tout paraissait facile. Il occultait tout : sa peur d’assumer ce qu’elle ressentait, celle des lendemains qu’ils devraient affronter. Il n’y avait que lui et l’envie qu’il la garde contre elle qui comptait. Elle se découvrait un besoin primaire de pouvoir le toucher, l’embrasser, lui parler. C’était à la fois revenir à ces années de jeunesse qu’elle n’avait pas tout à fait connu où l’on éprouve son vrai premier amour et où chaque centimètre qui les distançait était en trop. « Si c’est ça, alors t’es cruel avec moi. » gémit-elle dans son oreille, comme si elle était une innocente victime.

Ils s’amusaient en tout cas beaucoup, et la frustration du barman faisait partie des dommages collatéraux – Eve se délectait de le voir un peu froissé, tout comme elle s’amusait de la provocation que Léo adressa à l’homme. Il n’en manquait pas une et elle n’en attendait de toute façon pas moins de lui. Ils étaient deux incorrigibles fouteurs de merde, parfaitement faits l’un pour l’autre. Trop ivre pour lui dire qu’il allait attraper le melon s’il continuait à lui extorquer aussi facilement des compliments, la brune l’embrassa à la commissure des lèvres et fit mine de le jauger de haut en bas. « C’est peu de le dire. » Ouais, son Léopold était bien le seul mec qui pouvait lui plaire. Pas de doute là-dessus.

L’idée de s’en aller d’ici et de laisser tous ces gens déprimés et déprimants les conquit et Eve accepta qu’il l’abandonne à la simple condition que dès qu’ils seraient sortis de cette pièce, ils resteraient à deux. Elle sauta de sa chaise, le sourire aux lèvres, et vida son verre. « En avant ! » L’italienne slaloma entre les tables tout en enfilant sa veste de sport, accordant de grands sourires joyeux à ceux qui tiraient une tête de six pieds de long dans le bar avant de retrouver l’air frais nocturne et d’être enfin en tête à tête avec son aristocrate de meilleur ami – ou plutôt petit ami après les dix dernières minutes qui venaient de se dérouler.

Eve avait la tête de ces jours où elle était un petit diable qui n’avait pu se retenir de faire une bêtise. A la question de son ami, elle se tortilla un pied sur l’autre, faisant celle qui n’avait absolument rien prémédité de ce qu’elle allait lui annoncer. « Je sais pas mais … Tadaaaaa ! » De dessous sa veste, elle dégaina une bouteille encore bien remplie de ce qui semblait être du bon champagne – et du fraîchement volé à une table en allant vers la sortie, évidemment. « Pour ma défense, c’était uniquement pour empêcher ces gens d’être soûls ! Et puis j’avais soif. » expliqua la brune, qui leva la main vers la droite en posture de témoin prêtant sermon dans un tribunal imaginaire.

Les possibilités étaient nombreuses et elles se bousculaient dans sa tête sans qu’une seule ne prenne le dessus sur l’autre – Eve se rendit compte avec un petit hoquet amusé qu’elle avait vraiment du mal à réfléchir quand elle était bourrée, encore plus que d’habitude. Ce qui lui faisait indubitablement sortir des âneries dignes d’elle au meilleur de sa forme. « Chez toi ou chez moi ? » lança t-elle, mimant un air un peu séducteur qui n’était tellement pas elle, avant de pouffer de rire et d’écarter les bras telle une offrande qu’elle lui faisait. « Emmène-moi où tu veux, Worsley ! » Eve but une gorgée d’alcool pétillant au goulot et regarda Léopold intensément, sûre et confiante dans ses mots. « De toute façon on est les rois du monde. » Plus rien ne pouvait l’affecter cette nuit. Elle se sentait galvanisée, enveloppée par une barrière invisible et protectrice qui les isolait de tout le reste.

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« Moi, cruel avec toi ? Honnêtement, je pense que c’est impossible. » Surtout quand on savait à quel point ils étaient amis et tenaient l’un à l’autre. Léopold n’avait pas forcément beaucoup d’amis proches, mais quand il aimait il ne comptait pas et Eve avait la chance d’être de loin la meilleure de ses amis et maintenant un peu plus d’ailleurs. Faire marche arrière était désormais impossible et cela tombait plutôt bien, parce qu’il n’en avait pas la moindre envie. Parce que jouer avec les lèvres de Eve et profiter au passage de sa chaleur était bien plus agréable que de pouvoir profiter de quelques contacts maladroits, avec autant de tabous que de non dits. Maintenant que leurs vrais sentiments étaient à découverts, ils pouvaient pleinement profiter et laisser ce naturel et cette fureur de vivre s’exprimer sans limite.

Une fois arrivé dehors, le garçon remarqua rapidement la tête de tyran de la jeune femme, qui annonçait une bonne connerie. Léopold connaissait suffisamment la jeune femme pour identifier ses mimiques et il était impatient de savoir ce qu’elle avait bien pu faire. Comme une dealeuse, elle sortie de sa veste une bouteille de champagne ce qui donna un rapide sourire à l’anglais -surtout que l’excuse de Eve était parfaitement hilarante et digne d’elle. « Parfait ! On va passer une bonne soirée ! » Il s’approcha un peu d’elle en rigolant devant tant d’enthousiasme, elle était définitivement plus bourrée que lui, mais mon dieu qu’elle était drôle comme ça.

Elle jouait les femmes fatales, ce qui le fit franchement rire, avant d’entrer un peu dans son jeu. « Chez toi, faudrait pas réveiller mes parents ? » Aucune chance, vu la taille de leur maison, mais pour ce soir ça sera suffisant. De toute manière, Eve était déjà partie très loin et l’anglais avait du mal à ne pas rire. « Ouais, les rois de l’univers ! Tu sais quoi ma belle ? Grimpe sur mon dos, je vais t’amener voir les étoiles ! » Il se tourna pour la laisser grimper, avant de commencer à marcher vers un immeuble du quartier qu’ils connaissait bien et d’arriver au sommet, ou se trouvait des canapés, installés par des jeunes de la fac. « Boit pas tout le champagne Bannerman ! » Il la posa dans le canapé, avant de s’installer à côté et d’attraper la bouteille pour boire un peu de boisson.

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

Eve ne ressentait même pas le froid de la nuit, trop ivre qu’elle était pour en avoir conscience. Et dans le cas où un petit frisson venait la contredire, il suffisait d’une gorgée de champagne pour faire taire cette sensation. « Tu crois qu’on ferait trop de bruit ? » Elle sourit à pleines dents, hilare et persuadée que cet espèce de sous-entendu déguisé fera autant rire Léopold qu’elle – en tout cas elle s’amuse beaucoup en imaginant la tronche de cake du père de son ami s’il la voyait débarquer chez eux. La jeune femme serait sans doute moins joyeuse en y repensant le lendemain, mais son enthousiasme extatique n’étant pas prêt de redescendre pour l’heure, la brune en profitait un maximum.

Puisqu’ils étaient donc officiellement les nouveaux roi et reine de cette nuit, il n’y avait aucune raison à ce qu’Eve ne soit pas portée par son preux compagnon. En un saut énergique, elle se retrouva cramponnée au dos de l’ex-Gryffondor et pouffa de rire avant de se redresser et de faire mine de donner un coup de talon dans le flanc de son canasson improvisé. « Huuu cow-boy ! » s’écria l’italienne avant de noyer son rire dans le cou de Léopold et de le laisser l’emmener Dieu seul savait où. La route ne fut pas bien longue quoiqu’un peu mouvementée. Plusieurs fois la jeune fille manqua de glisser et dut se raccrocher un peu plus fort au brun, et il y eut même quelques frayeurs concernant le contenu de la bouteille volée – qu’Eve faillit renverser par terre dans la précipitation.

Ils débouchèrent finalement sur le toit d’un vieil immeuble coloré du bloc où des sofas dépareillés trônaient. Des restes de soirées ornaient également le lieu. Eve fit à peine attention au paysage environnant, marmonnant un « Ouuuuh ça tourne vachement. » alors que son cavalier la déposait finalement dans l’un des canapés et qu’elle s’y laissait tomber docilement.

La jeune fille étira ses jambes et enfonça sa tête dans le dossier moelleux, un sourire ravi plaqué sur ses lèvres alors qu’elle ferma les yeux quelques millisecondes. « Aaah on est bien. » soupira l’assistante tandis que Léo se désaltérait après son parcours du combattant. Le noir complet n’était cependant pas fait pour lui plaire totalement – sans doute la faute aux verres de trop – et elle rouvrit les yeux, savourant déjà le silence relatif et les bruits lointains de l’agitation de Camden. « Bois pas tout ! Tu vas être malade, t’as pas l’habitude. » fit semblant de gronder Eve en narguant l’intéressé avec un air comique.

Sans prévenir elle décida de changer de posture et s’allongea, les pieds appuyés sur l’accoudoir et la tête sur les genoux du jeune homme. L’écossaise se retrouva ainsi face au ciel d’encre à peine marqué par les lumières astrales que l’on distinguait plus ou moins – quand quelques nuages ne venaient pas parsemer le ciel. « T’avais raison, on voit bien les étoiles. » murmura t-elle faiblement. Elle se sentait bien et ce même si son rythme cardiaque n’était plus vraiment ni calme ni régulier, et sa main droite vint attraper celle de Léo pour la serrer dans la sienne, sans un mot et sans même le regarder.

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« Trop de bruit pour la bienséance parentale. » Il ne manqua pas de rire devant la remarque de la jeune fille qui était définitivement bourré -bien plus que lui d’ailleurs. Bien sûr, il ne marchait pas du tout droit, surtout avec ce poids sur lui, mais comparé à son amie il était encore capable de rentrer en boîte. Soutenant les cuisses de l’ancienne serpentarde il marcha tranquillement pendant plusieurs minutes, tandis que cette dernière rejouait un vieux film de Sergio Leon. « On se calme Calamity Jane, parce que sinon ton Jolly Jumper de la night va te laisser par terre. » Un boutade évidente, étant donné qu’il était tout bonnement incapable de l'abandonner en plein milieu de Camden, encore moins après un début de soirée aussi prometteur. Heureusement pour son dos, ils arrivèrent rapidement en haut de l’immeuble qu’il connaissait déjà et la déposa sur un canapé.

« Ouais, j’adore venir ici, on est grave posey ! » Quelques bonnes gorgées de champagne bien mérité, tandis que son regard se posait sur la ville qui s’étendait à leurs pieds. La jeune femme le coupa dans sa descente et il lui adressa un sourire en coin plus que moqueur. « De ta part je trouve ça vraiment très très drôle, parce que à côté de toi, je suis presque clean. » Presque, parce que si il devait rentrer chez lui, il était certain de se manger quelques murs avant de gagner son lit, surtout que cette bouteille commençait seulement. Cette soirée ressemblait à beaucoup d’autres qu’il avait passé en compagnie de la jeune fille, pourtant il était évident qu’elle n’avait finalement plus rien à voir avec toutes les autres. Cette fois, ils avaient franchi la barrière invisible qu’ils s’étaient toujours forcés de respecter.

Alors qu’il était occupé à boire une autre gorgées de champagne, Eve en profita pour déposer sa tête sur ses cuisses. Un peu étonné, il posa ses yeux vers elle, tandis qu’elle regardait le ciel tranquillement. Soudainement, il en venait presque à regretter de ne pas avoir tenté sa chance plutôt, tellement il se sentait bien dans ce moment. « J’ai toujours raison. » Un petit rire avant de jouer de sa main libre avec les cheveux de la jeune assistante. L’ambiance était devenue automatiquement plus calme et plus douce que quelques minutes auparavant et Léopold devait admettre avoir rarement été aussi apaisé. « A mon tour, Vérité ! » Jouer permettait étrangement d’être plus honnête et ils avaient sûrement beaucoup de choses à se dire. Puis avant de rentrer, il fallait bien passer le temps et maintenir Eve en éveil.

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

Quelque part l’écossaise savait tout de l’état alcoolisé dans lequel elle était : elle était passée par tous les stades jusqu’ici – la joie progressive, l’euphorie soudaine puis l’envie de tout faire n’importe comment peu importe le sens et les conventions, puis finalement le tournis, les vertiges rendus agréables par Léopold. Elle avait parfaitement conscience qu’elle ressentait avec la même violence tous les symptômes du lendemain de cuite et qu’elle passerait la journée au lit à regarder l’écran de la télévision débiter des programmes idiots et inintéressants jusqu’à recouvrer toutes ses forces et son énergie.

Mais les sentiments qu’elle éprouvait à cet instant n’étaient comparables à aucun de ceux qu’elle avait pu connaître toutes les fois où elle avait trop bu. Il y avait une différence, et celle-là n’était aucunement due aux vodkas, aux bières ou aux boissons énergisantes – en fait c’était juste le contact de la peau de Léo dans la sienne, son souffle tout près d’elle, son parfum l’enveloppant subtilement, entendre jusqu’au moindre mouvement, au moindre son de son corps. Une respiration, un battement de cœur, un rire qui secoue ses côtes. Elle était transie par un sentiment extatique et stimulant, à peine sensible au froid. Et tout ça lui allait parfaitement.

Son index vint se poser sur la bouche du jeune homme, qu’elle coupa en gloussant à moitié. « Ch-ch-cht. C’est même pas vrai. » Question conviction, Eve repasserait plus tard. « Tu dis n’importe quoi, j’suis pas bourrée, je parie que je peux faire le poirier plus longtemps que toi ! » s’insurgea t-elle avec l’intention ferme de démontrer qu’elle pouvait tout à fait prendre le risque de défier la gravité sans vomir – ce qui, en réalité, s’avérerait très compliqué à réaliser.

C’était d’ailleurs pour cette raison inconsciente que la jeune fille ne bougea pas, se contentant d’écouter Léo qui voulait encore continuer leur partie inachevée d’action ou vérité. « Encore ? » fit-elle semblant de protester mollement et davantage pour la forme que pour le fond. Se renfonçant dans le canapé en étendant ses jambes avec délectation, la brune fit semblant d’acquiescer après une réflexion longue et rondement menée. « Ok, très bien. » Léo décida du sort qui lui serait accordé et l’assistante lui adressa un sourire mutin. « J’me doutais que tu serais pas cap’ de dire Action. » Juste pour piquer son égo avec malice, la jeune femme n’ignorant guère qu’au contraire de ses taquineries, l’anglais était bien capable des défis les plus osés si c’était elle qui les lui lançait.

Un silence et la jeune femme inspira avant de le regarder. « T’es plutôt plage ou montagne ? » Eve ne put conserver son impassibilité que quelques secondes à peine, avant de s’esclaffer. Elle était vraiment intenable, comme ça pouvait souvent lui arriver sobre – mais le faire tourner en bourrique alors qu’elle était ivre, c’était un jeu encore plus drôle et divertissant que d’habitude. « Bon, sérieusement, sérieusement. » reprit-elle pour calmer le jeu avant que ses éclats de rire ne s’estompent et que sa voix redevienne maîtrisée et plus calme.  « Quand est-ce que t’as su que j’te plaisais ? » Cette question-là venait du fond du cœur et il y avait beaucoup à parier qu’Eve n’aurait jamais osé la lui poser dans d’autres circonstances que celles, particulières, de cette étrange nuit d’hiver.

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Après tant d’années de franche amitié, c’était la première fois qu’il sentait aussi en harmonie avec l’écossaise et pour rien au monde il ne voudrait faire demi-tour pour revenir à leur ancienne relation. Parce que c’était trop agréable de sentir la chaleur de son corps contre le sien, de pouvoir passer sa main dans ses cheveux et surtout de pouvoir poser ses lèvres contre celle de la jeune femme. Léopold se sentait incroyablement et le reste du monde lui paraissait désormais infiniment lointain et futile. Bien sûr, il avait déjà eu des petites copines, mais jamais ses sentiments n’avaient été aussi fort pour une fille -si ce n’était en amitié. Il pourrait sans aucune difficulté passer la soirée dans se canapé à jouer avec les cheveux de la brune en regardant les lumières de la ville -de toute manière l’alcool dans son sang empêcher le froid de le saisir. En parlant d’alcool, il n’était définitivement pas le seul à en avoir dans le sang, raison pour laquelle elle lui colla son doigt sur la bouche, sûrement dans le but de la faire taire. Cette dernière assurait qu’elle pourrait faire le poirier sans la moindre difficulté, ce qu’il ne prit pas au sérieux une seule seconde. « Oui et même sur une seule main je pense. » Un petit sourire moqueur avant de lui retirer la main pour la caresser un peu, veillant au passage à ce qu’elle ne soit pas gelée, sans quoi ils rentreraient sans plus tarder.

Comme la main d’Eve lui paraissait encore chaude, il décida de relancer le jeu, ce qui la fit sourire gentiment. Il se sacrifia en premier en choisissant vérité et le petit sourire de la jeune femme n’annonçait rien de bon, mais c’était cela qui rendait ce jeu ludique. « Je t’avoue que j’avais la grosse flemme de me lever. » Ce qui l’éloignerait d’ailleurs un peu de la jeune femme, ce dont il n’avait absolument pas envie actuelle. Évidement, la première question de le fit exploser de rire, tandis que la seconde le calma presque directement. Pour dire vrai, il était un peu surpris et ne savait pas exactement ce qu’il avait vraiment le droit de répondre. Néanmoins, ayant trop bu, il ne tarda pas à sortir la réponse la plus honnête qui lui venait à l’esprit. « Je suppose que tu m’as toujours plu. » Dès leur première année à Poudlard, le courant était bien passé entre eux et il était presque sûr qu’elle était la première fille pour qui il avait eu des sentiments, une idée qui lui donnait presque envie de se foutre de sa propre gueule.

« Bon, je t’en propose un dernier et après on rentre au chaud ? » Un sourire, tandis qu’il jouait toujours avec la longue chevelure de l’assistante. Celle ci, annonça à son tour choisir vouloir prendre vérité et Léopold balança légèrement sa tête en arrière pour regarder les étoiles, avant de reposer ses yeux sur elle. « Et toi ? Je te plaisais avant ? » La question n’étais pas très originale, mais la réponse l'intéressait bien plus qu’il ne l’aurait jamais avoué. Sa main se posa sur le ventre d’Eve, tandis qu’avec son pouce il faisait des petits mouvement répétitif et incroyablement doux.

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Et je m’exerce ce soir à vouloir croire

Croire en quelque chose

Ses rires se noyèrent dans les siens jusqu’à ce qu’il se retrouve confronté à sa question, celle qu’il attendait sans doute autant qu’il l’appréhendait. En dépit de leurs airs de voyous, ces deux-là n’étaient pas les plus courageux en matière de sentiments. La réponse de Léo avait au moins l’avantage de toucher une corde quelque part dans son cœur, armé et blindé depuis trop longtemps. « Vraiment ? » demanda t-elle comme une enfant apprenant que ce qu’on n’avait cessé de lui promettre deviendrait enfin réalité. Un sourire fleurit sur ses lèvres et sa main serra plus fort la sienne pendant une fraction de seconde avant de laisser ses yeux s’égarer sur la voûte étoilée de Londres.

Il n’était pas coutumier de voir Eve si encline au contact d’autrui ; la plupart du temps elle était très rétive à ce genre d’effusions. Mais étrangement, les gestes du brun ne provoquaient en elle rien d’autre qu’une paix sereine. Exit le malaise et l’angoisse de ne pas savoir comment réagir promptement, aucune peur de se sentir bête face à lui. Elle frissonna légèrement quand il se mit à jouer avec quelques mèches éparses de ses cheveux, avant d’approuver d’un petit hochement de tête sa proposition. « Ouais. J’commence à avoir un peu froid. » Elle ne pouvait pas nier que l’envie de se retrouver blottis au chaud en plein mois de janvier demeurait une idée séduisante, surtout à la vitesse à laquelle le retour de flamme de sa soirée arrosée la rattrapait.

La jeune fille n’hésita pas à demander cette fois-ci une vérité que Léopold ne dut pas chercher bien loin – ce qui fit évidemment écho chez son amie, revancharde à souhait. « Tricheur. » ronronna l’italienne avant de concéder une réponse sincère. « Oui, en fait … Je sais pas, j’ai jamais été comme ça avec quelqu’un d’autre. » Prononcer ces paroles à voix haute la perturbait autant qu’elle se sentait libérée d’une cage invisible. Des petits copains, Eve en avait eu quelques uns mais d’une manière ou d’une autre, les relations qu’elle avait pu entretenir avec eux n’étaient aucunement comparables avec ce qui la liait depuis le début à Léopold. Et clairement, le souvenir limpide d’en avoir pris conscience était d’une précision accrue dans sa mémoire embrumée. « Je sais juste que je m’en suis vraiment rendue compte quand j’ai été virée de Poudlard, en fait. » Même si évoquer cet incident réveillait des souvenirs désagréables, Eve n’avait plus vraiment le sens commun suffisant pour taire ce détail. Maintenant qu’ils savaient, maintenant qu’ils avaient été honnêtes l’un envers l’autre, la jeune femme ne se voyait pas cacher cela plus longtemps. Cette sensation soudaine de manque, elle l’avait éprouvé la première fois qu’elle s’était retrouvée seule face à ses problèmes et que Léo n’était pas là pour la soutenir et la faire rire.

Finalement heurtée par le contrecoup du sérieux de leur discussion et du calme après la tempête, l’ex-Serpentarde se sentit fatiguée et surtout, elle avait envie d’être chez elle – avec Léo. La brune se releva, assise, pour l’observer. « On rentre maintenant. Tu me portes ? » Pour dire vrai, Eve aurait pu, avec un peu de concentration, faire l’effort de se relever et de marcher jusqu’à une station de métro qui les aurait emmenés à son studio. Mais plutôt que de jouer les filles indépendantes comme elle en avait l’habitude, l’assistante penchait ce soir pour plus de laisser-aller et de mutinerie – se faire transporter sur le dos de l’anglais en faisait partie.

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Une mèche de cheveux entre ses doigts, tandis qu’il regardait la jeune femme avec un regard extrêmement doux et bienveillant. Il aimait se sourire qui se dessinait sur son visage lorsqu’il lui avouait avoir toujours aimé sa compagnie et que intérieurement, il avait toujours su qu’il ressentait plus qu’une simple amitié envers elle et pour la première fois, il pouvait le dire ouvertement. « Oui, vraiment. Je suis pas du genre à mentir, même pour tes beaux yeux. » Il posa sa main sur le ventre de la jeune femme et le caressa tout doucement, de manière très délicate. Léopold n’était pas forcément la personne la plus tactile du monde, mais il n’arrivait définitivement pas à la lâcher, peut-être pas peur que tout cela s’arrête. Ils vivaient actuellement une sorte de petit songe et le lendemain sera sûrement moins voluptueux, mais Léopold ne pouvait s’empêcher d’en profiter un minimum, caressant doucement les lèvres de la jeune fille. Cette dernière frissonna légèrement et confirma la chute de température à moins que ce ne soit celle de l’alcool dans le sang, et naturellement il retira son gilet à capuche pour lui donner. « Voilà, ça devrait te tenir chaud -moins que moi certes. » Il l’aida à l’enfiler, avant de recommencer à jouer avec ses longs cheveux.

C’était au tour de Eve de répondre à la fameuse question et on pouvait sentir une certaine curiosité dans le visage de Léopold. Étant largement moins éméché que l’italienne, il devait avouer avoir un peu peur que cela ne soit juste l’alcool et rien de plus. Il ne savait pas vraiment comment il réagirait si elle disait qu’il ne lui avait jamais plus, si pour elle il était juste un bon pote et que quelques baisers n’étaient là que pour s’amuser. Heureusement, ce ne fuit aucunement le cas et un sourire satisfait gagna automatiquement le visage du jeune anglais. « Moi aussi tu m’as manqué à Poudlard. » Quand elle était partie, il avait réalisé à quel point elle était importante pour lui et que ça allait être dur de ne pas la voir chaque jour dans les couloirs du château -attendant alors avec impatience les vacances pour passer du temps en sa compagnie. Parfois, il se demandait comment se seraient passées les choses s’ils avaient terminés leurs études ensemble. Peut-être qu’il aurait déjà tenté sa chance et qu’il déjà en couple ou alors, peut-être qu’elle l’aurait recalé et qu’il se serait éloigné.

La vie ne pouvait pas être prévu à l’avance et même s’il était rassuré de savoir que la jeune femme le trouvait à son goût, il devait tout de même prendre les choses avec des pincettes, histoire de ne pas tout gâcher entre eux. Si bien que même s’ils rentraient à l’appartement de l’assistante, il s’interdirait d’aller plus loin, simplement parce qu’il aurait clairement l’impression d’abuser d’elle. « Oui, grimpe sur mon dos princesse. » Il la soutenait par les cuisses et marcha quelques minutes, avant d’arriver à l’appartement de la jeune femme. Toujours dans cette élan de tendresse et de jeux, ils se glissèrent les yeux vitreux sous la couette volant quelques baisers au passage, avant de s’endormir l’un contre l’autre.

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