Ses lèvres quittèrent le torse de l’autre garçon, avant de venir y glisser une cigarette -à moins que ce ne soit un joint, il ne savait plus vraiment. Les yeux rouges, il s’allongea sur l’autre posa son menton sur son torse en le regardant. Il voyait flou, mais pouvait parfaitement distinguer la masse de cheveux de Thyme. « Devine quoi ! J’ai pris ma guitare aujourd’hui, depuis le temps que je t’en parle. » Roméo faisait de la guitare depuis pas mal d’année et en avait déjà parlé à l’ancien chanteur, mais n’avait jamais pensé à prendre son instrument en venant ici et il fallait dire qu’ils étaient souvent trop occupés ou trop défoncés pour y penser. L’ancien serpentard aimait bien passer du temps avec le jeune homme, au delà du plan physique, il le trouvait très intéressant et adorait discuter avec lui de tout et de rien. Ils pouvaient passer des heures dans un lit à refaire le monde et à prendre soin l’un de l’autre. Il n’était pas en couple, mais quand ils étaient tous les deux, c’était tout comme.

Avec sa main libre, il s’amusait à faire des formes sur le torse de son ami, tandis qu’il soufflait doucement la fumée dans le visage de ce dernier. Finalement, après quelques minutes de réflection, c’était sûrement un joint et pour être précis au moins le huitième depuis qu’il était là. L’avantage avec Thyme, c’était qu’il n’avait aucune raison de se justifier de son addiction. « Du coup, si tu veux, je te fais un morceau, mais en échange tu chantes. » Un sourire, tandis qu’il embrasse le ventre de l’autre avant de se lever, pour se retrouver en position assise. « Rassure moi, tu vois trouble aussi ? »

 Il tend sa main libre pour attraper de quoi se rouler un nouveau joint tandis que l’autre est occupée à jouer distraitement avec les cheveux de Roméo, avant de faire la faire glisser le long de sa colonne vertébrale. Les heures s’écoulent différemment avec Romy – Thyme dirait qu’ils sont à des années lumières du reste du monde, perdus dans des sphères spirituelles qu’on ne peut atteindre que sous certaines conditions, que si l’on est dans un certain état d’esprit, ou quelque chose dans ce genre… Mais ça n’a pas grande importance : Thyme se sent particulièrement bien, dans les instants qu’il partage avec Romy, peu importe ce qu’ils font, et c’est bien là l’essentiel ; qu’il s’agisse d’heure ou de minutes. La voix du garçon allongé sur lui le sort de sa réflexion poussée sur quelque chose d’affreusement abstrait et il cligne des yeux, l’observe quelques temps avant de répondre.

« Sérieux ? Trop bien. » lâche-t-il en se redressant, le joint coincé entre ses lèvres. Soudainement, l’évocation de l’instrument de musique est bien plus importante que ce sur quoi son esprit divaguait quelques secondes plus tôt. « Ça me va. Tu vas jouer quoi, alors ? » L’autre brun se relève, et Thyme passe ses bras autour de sa taille, posant son menton sur l’épaule de Romy, y déposant un baiser au préalable un rapide baiser. Il fronce un peu les sourcils, jette un coup d’œil à l’ancien serpentard. « On est censé voir net ? Vraiment ? » Thyme rigole – voir net, pour quoi faire ?  Les formes et couleurs sont bien plus intéressantes lorsqu’elles sont déformées, abstraites, confuses. Il hausse donc les épaules.

Ses pieds touchèrent le sol, tandis que ses mains se déposèrent sur le matelas chaleureux. Il ne voyait pas très clair et pouvait seulement déduire des formes dans la pièce, heureusement il venait assez souvent pour mettre une image sur ces formes. Les lèvres chaudes de son ami sur son épaule le fit sourire, tandis qu’il regagna le monde dans lequel il s’était embarqué avec Thyme. Un monde lointain et paisible, quelque part dans les limbes cosmopolites. « Non, puis il paraît que cela renforce les autres sens. » Tel un moine shaolin, il faisait preuve de calme et de recul dans presque toutes circonstances, voir trouble ne le dérangeait pas. « Un petit Nirvana, ça fait toujours plaisir non ? » Un rapide sourire, avant de se lever en direction de ce qui ressemblait vaguement à sa guitare. En chemin, il manqua plusieurs fois de tomber à la renverse, sous le regard sûrement amusé de son ami.

Après quelques secondes de périple, il regagna le lit en souriant à Thyme qui l’attendait sagement. « All Apologies ? » Il ne pourrait pas dire pourquoi c’était cette chanson qui lui venait en premier, mais il avait vraiment envie de la faire. Alors, sans attendre la réponse de son ami, il commença à jouer la chanson qu’il connaissait bien sûr par coeur. Roméo avait certainement beaucoup de défaut et était critiquable sur de nombreux points, mais on ne pouvait lui enlever se côté surprenant qui le rendait attachant. L’écossais savait jouer, malgré ce que la moitié du monde aurait pu penser. Ses doigts s’arrêtèrent, tandis qu’il attrapa le joint de Thyme pour le mettre dans sa bouche et en inspirer quelques bouffés. « Alors, monsieur l’expert ? »

« Et la créativité aussi. » complète Thyme avec une pseudo-sagesse venue de nulle part. « En tout cas, pour moi. La moitié des chansons d'Astral Plane on les a composé on voyait pas plus net que maintenant, tu sais ? Et c'est les meilleures qu'on ai faite- sans me vanter. » fait-il en se remémorant le temps où son groupe était encore actif, avec une pointe de déception dans la voix. Heureusement, il ne s'attarde pas plus sur le sujet, se laisse retomber allongé, observant Roméo se diriger vers sa guitare. « Toujours, peu importe le nirvana dont tu parles, d'ailleurs ! Hey, tu crois qu'on peut atteindre le nirvana par la musique, Romy ? » fait-il fronçant les sourcils, fixant le plafond au dessus de lui, comme s'il essayait de percer les secrets de l'univers et sans vraiment attendre de réponse de la part de son ami.

Il détourne son attention du plafond et se redresse un peu quand Romy se rassoit. Il hoche la tête – All Apologies lui va très bien. En même temps que Romy joue, Thyme reproduit les accords sans la guitare, chantonnant les paroles sauf lorsqu'il s'arrête pour tirer sur le joint. Quand Roméo s'arrête, Thyme glisse distraitement ses doigts le long du bras du guitariste, réfléchissant.

« Ce que j'en pense? Hm. » Il fait mine de se gratter le menton en plissant les yeux. « T'as déjà pensé à jouer autres choses que des covers ? Genre des trucs que t'aurais composé toi même. J'suis sûr tu en es capable.  » Il reprends le joint avant de continuer. « Les covers c'est bien, mais t'as du potentiel ça serait bête de le gâcher à reprendre des trucs que les autres ont déjà fait, aussi cools qu'ils soient tu vois. Tu crois pas ? » termine-t-il, tendant la main pour jouer avec une mèche de cheveux de Roméo qui lui tombait sur la joue.

« Si ça peut te rassurer, la moitié je les ai découverte dans un état similaire. » Un rapide sourire, avant d’attraper la guitare et de se tourner vers son ami qui se posait des questions existentialistes sur le chemin vers le Nirvana. « Bien sûr qu’on peut, sinon comment pourrait on ? » La réponse avait autant de sens que la question, mais il se doutait que Thyme était de toute manière sur la même longueur d’onde que lui et qu’il comprendrait sûrement. Heureusement, un peu de musique allait rendre la conversation un peu moins abstraite. Il termina rapidement le morceau qu’il connaissait autant que si elle était de lui, écoutant au passage le jeune homme chantonner.

Tandis qu’il posa la guitare sur le côté, il frissonna légèrement en sentant les doigts de son amis sur son bras et leva la tête vers lui. La question de Thyme l’étonna vaguement et il ne manqua pas de hausser rapidement les sourcils. « C’est très gentil, mais tu dis ça parce que tu es défoncé, j’ai clairement pas le niveau. Puis je ne suis pas compositeur, alors voilà. » Roméo n’avait jamais été très sûr de lui, sauf quand il montait sur scène pour jouer un autre que lui. Ce qu’il aimait avec Thyme, c’était cette manière qu’il avait de lui donner de l’importance et de le voir comme une personne et pas un nuisible. « C’est toi l’artiste, pas moi. » Il l’embrassa rapidement avant de lui sourire rapidement.

Thyme quitte son sourire rêveur pour prendre une mine un peu plus sérieuse, fixant Roméo droit dans les yeux – d'accord, il est défoncé, il ne peux pas nier ça, mais il est aussi on ne peux plus sérieux et honnête. Alors le brun se redresse un peu, se racle la gorge comme s'il allait déclamer un discours présidentiel de la plus haute importance.

« Non mais, sérieusement. Le niveau ça vient, on est jamais excellent dès le début, tu crois quoi. Moi je pense, sincèrement, que t'en es capable, faut juste que tu t'en donnes les moyens et que tu crois en toi! » Il embrasse le garçon, mais garde son sérieux. « Tu vois, le théâtre c'est de l'art, mec.. Si tu fais du théâtre, t'es un artiste. L'art c'est partout, on est tous un peu des artistes à notre manière, t'as pas d'excuses. » Il rigole un peu, attrape la guitare de Romy et joue quelques notes, en réfléchissant. « Et si j'écris des nouveaux trucs, tu voudrais les jouer ? » dit-il, un éclat dans les yeux comme s'il avait eu l'illumination de l'année. Il se lève brusquement du lit, fouille un peu partout dans un chambre pour trouver un carnet - dans lequel il écrivait des bribes de musiques, des accords et paroles en pêle-mêle incompréhensible pour un œil extérieur – et un stylo. « Alors, t'en penses quoi ? Ça te dirait? Genre, juste entre nous.  »

Son ami ne semblait pas partager sa manière de voir les choses et ne tarda pas à prendre son air sérieux si rare, mais pas moins charmant. Les belles paroles de l’anglais dessinèrent un sourire sur le visage de Roméo, comme à un enfant qu’un professeur encouragerait. Il fallait avouer que l’ancien serpentard avait rarement été encouragé par son entourage, sauf dans des conneries habituelles. Cela dit, il était assez conscient que sa petite n’était clairement pas un modèle et qu’il n’était en rien le genre de type qu’on souhaite présenter à ses amis, de peur qu’il se pointe sous héroïne ou autres drogues dures qui lui faisaient plus de mal que de bien. « Euh… Bah merci, je suppose, mais tu ne devrais pas trop croire en moi. » Un sourire timide au garçon, après l’avoir embrassé rapidement. Roméo adorait écouter le garçon parler et ne s’en lassait jamais, surtout quand il disait des choses aussi belles.

Le jeune homme attrapa la guitare des mains de l’écossais et joua quelques accords, pour Roméo, le seul artiste de cette salle était bel et bien Thyme. Cependant, sa proposition l’étonna grandement et il passa sa main dans sa nuque ne sachant pas trop quoi répondre. « Euh… Pourquoi pas, mais je voudrais pas… Enfin, ce sont tes chansons. » Trop tard, l’autre était déjà parti à la recherche de ses carnets dans la chambre, tandis que Roméo réalisait un peu dans quoi il était en train de s’embarquer. La plupart du temps, il évitait les responsabilité, par peur de décevoir et ne savait pas s’il devait dire oui ou non à son ami. Seulement, il se voyait mal dire non, surtout devant l’enthousiasme évident de l’autre. « Ouais, on peut essayer, juste toi et moi, pour voir. » En vrai, il voulait il voulait juste ne pas décevoir Thyme.

Thyme ébouriffe un peu plus les cheveux de Romy – il n'aime pas l'entendre de discréditer comme ça, même si Thyme sait qu'il est lui aussi plus critique envers lui-même qu'envers les autres. « Mais si, j'ai toute les raisons de croire en toi, te rabaisse pas comme ça. C'est juste que tu les vois pas pour l'instant, les raisons, mais ça viendra.  » affirme-t-il d'un ton très déterminé, comme s'il assenait une vérité inéluctable, irréfutable.

Il se laisse retomber sur le lit, s'assoit en tailleur, le cahier religieusement posé entre lui et Roméo. « Mes chansons, mes chansons... On a qu'à dire que je te les offre si y'a que ça qui te pose problème. » fait-il distraitement en tournant les pages pour trouver quelques choses d'un peu lisible et jouable. « Mais ouais, ça sortira pas de cette chambre, promis. Sauf si c'est trop génial, dans ce cas, je suis désolé, mais faudra le partager avec le reste du monde parce que sinon c'est un crime. La bonne musique, ça se partage, c'est pas fait pour rester secret. » Il laisse échapper un petit « ah ! » victorieux lorsqu'il trouve finalement ce qu'il cherchait. Thyme tourne le carnet vers Roméo. « Dis-moi ce que t'en penses et si ça te va, on peut tenter ça. Comme tu vois, c'est juste un début, j'ai pas réussi à continuer, mais c'est juste un détail. On trouvera peut-être la suite, qui sait. » Il tends la guitare à Romy, avant de reprendre. « Te sens pas forcé, hein, t'as le droit de dire non ! » se rendant compte qu'il peut avoir l'air trop insistant et entraîner Roméo contre son gré.

La main du jeune homme dans ses cheveux avait au moins le mérite de la faire sourire, tandis qu’un sourire doux se dessina sur son visage. Roméo adorait les moments qu’il passait avec l’autre, avant tout pour la douceur et la chaleur dont ils faisaient preuve. Ici, dans cet appartement, il se sentait en sécurité et en harmonie avec lui-même -enfin presque- et le monde qui l’entourait. « D’accord, tu as sûrement raison je suppose. » De toute manière, Roméo allait rarement dans le sens inverse des gens, préférant éviter les longues conversations existentielles qui le rendait souvent mal à l’aise. « Très gentil cadeau. » L’écossais avait toujours aimé les compositions de Thyme et était touché de voir qu’il acceptait de les partager avec lui, même s’il n’en valait sûrement pas la peine.

L’enthousiasme et le naturel du brun était réellement quelque chose qu’il admirait chez son partenaire, alors il finit sans surprise par accepter en hochant vaguement la tête. Rapidement, l’ancien chanteur lui montra son carnet et Roméo tenta s’y comprendre quelque chose. Ce n’était pas très clair, mais après quelques minutes il comprit les notes. « Ca à l’air bien, on peut essayer. » Automatiquement, il se retrouva avec la guitare dans les mains, tandis qu’il pouvait lire la joie sur le visage du jeune homme. « Je ne me sens pas forcé du tout. » Il l’embrassa rapidement, avant de commencer à jouer les accords qu’il avait cru comprendre sur le carnet, comme ça sonnait plutôt bien, il se dit qu’il avait plutôt bien comprit.  

« Si tu apprécies ce cadeau, je te les offre toutes, même celles que j'ai pas encore écrite – elles seront toutes à toi, sans aaaaucune exception. » fait Thyme, avant de partir dans un fou-rire devant le côté « solennel » de sa remarque. Il n'est pas sûr d'être sérieux, mais aurait très bien pu offrir ses chansons à Roméo sans aucun regret. A ses yeux, Roméo méritait bien toutes ces chansons et même plus encore, s'il avait plus à offrir que quelques notes de musique et quelques paroles.

Il pose son menton sur le plat de sa main, observant le brun, avec curiosité et un peu d'impatience à l'idée que celui-ci joue ses compositions. Jouer la musique qu'il écrivait, d'accord, c'était cool, mais c'était encore plus agréable de voir quelqu'un d'autre jouer votre musique. « Parfait ! Ça restera entre nous, t'inquiète. Sauf si c'est excellent, auquel cas, ça serait criminel de priver le reste du monde d'une réussite musicale. La musique, c'est fait pour être partagée. » fait-il en rallumant le joint qui s'était éteins. «  Tant mieux. Je veux que tu te sentes bien. » ajoute-t-il avec un sourire, s'appuyant sur l’oreiller pendant que Roméo joue, terminant le joint coincé entre ses lèvres.  «  C'est rigolo, tu joues pas du tout comme moi, mais ça sonne trop bien. J'aime vachement comment tu joues. On devrait faire un duo. » lâche-t-il d'un ton détaché, reprenant le carnet pour en feuilleter les pages.

La spontanéité de l’ancien chanteur le faisait sourire à pleine dent, bien qu’il secoua légèrement la tête pour protester. « Non, vraiment ça serait du gachis. » Puis il ne saurait pas quoi en faire de toutes ses chansons, si ce n’est les chantonner en rentrant chez lui au petit matin. Roméo refusait d’avoir autant de responsabilité, tout simplement parce qu’il ne comptait pas décevoir le jeune homme qui semblait encore le voir comme quelqu’un de fiable -celle de sa famille lui suffisait amplement. Néanmoins, il accepta tout de même de jouer le morceau du jeune homme, histoire de le faire plaisir, de toute manière il ne pouvait pas lui dire non. Lorsqu’il termina de jouer, il posa rapidement ses yeux que Thyme, espérant ne pas avoir assassiné sa chanson.

Les compliments, il ne s’y attendait clairement pas, mais ceux ci lui dessina un sourire enfantin sur le visage. « Merci je suppose. Un duo ? Pourquoi pas. » Il posa la guitare quelques secondes, histoire de fumer un peu et attrapa le carnet des mains de l’autre garçon en souriant. « Faire un duo avec toi ? Le rêve. » C’était lors d’un concert du groupe qu’ils s’étaient plus ou moins rencontré et Roméo avait toujours apprécié ce que le jeune homme faisait, alors il ne pouvait pas dire non à un petit duo. « On refait la même ? »

Ah, Thyme aurait voulu permettre à Roméo de se voir d'un œil extérieur, qu'il sache que les compliments qu'il ne cessait de lui faire étaient on ne peut plus sincère. Il esquisse un sourire un peu rêveur en observant les mains de Romy sur la guitare, puis qui attrape le carnet sans qu'il n'y oppose grande résistance. « Peut-être que dans le futur on sera un duo super célèbre toi et moi, talentueux, beau, et tout. » annonce-t-il en rigolant. De toute manière, que la  musique reste entre eux ou sur une scène, le trentenaire se sent heureux de partager ça avec Roméo. « Parfait. Je vais prendre ma guitare aussi, et regarde... » Il griffonne quelques notes rapidement sur le carnet, arrangeant un peu la composition. « Comme ça, tu joues ça, je joue comme ça, ça fera bien tu verras. » Thyme hoche la tête, satisfait et se lève pour chercher sa guitare avant de se rasseoir à même le sol, contre le lit. Il gratte les cordes distraitement, attendant Roméo avant de commencer à jouer.

Il repose sa tête contre le matelas, pose la guitare à côté de lui quand ils terminent, et observe le brun à l'envers avec un petit sourire. « Pourquoi on a jamais fait ça avant ? Non pas que ce qu'on fait d'habitude soit pas cool, évidemment, mais c'est vraiment, vraiment, vraiment sympa de juste, jouer de la musique comme ça, avec toi. » Il souffle sur une mèche de ses cheveux qui tombent devant ses yeux. « On devrait faire ça plus souvent. »

« Talentueux et beau ? J’en doute. » Il rigola tout de même en imaginant un peu ce que cela pourrait donner et même s’il ne voyait pas du tout les choses comme Thyme, il voyait bien une certaine chaleur se dégager d’un tel duo. Peut-être qu’ils ne se tiraient ni l’un, ni l’autre vers le haut, mais au moins ils avaient la chance de connaître une certaine complémentarité de caractère. Là où l’un se montrait optimiste, l’autre montrait plus de réserves -ce qui formait un ensemble pas trop mal. Thyme était clairement le leader entre les deux et l’écossais ne lui refusait presque jamais rien -en même temps, comment refuser quelque chose à ce petit sourire enfantin. « D’accord, on fait ça. » Il regarda rapidement le carnet, avant de se lancer dans ce morceau avec son ami.

Le morceau toucha à sa fin et il déposa lui aussi sa guitare sur le côté. C’était réellement apaisant de jouer avec Thyme, mais encore plus de poser sa tête sur le ventre de ce dernier. Roméo adorait ses moments doux avec l’ancien chanteur, simplement parce qu’il lui donnait l’impression de ne pas avoir tous ses problèmes à côté. « Je suppose qu’on pensait pas à ça. » Avec son doigt, il dessinait des petits cercles sur le ventre de son ami, avant de finalement sourire sincèrement. « On refait ça quand tu veux, mais en attendant, je dors ici. » Hors de question de partir maintenant, surtout pas avant un dernier calin.

Le rire de Romy est communicatif – il entraîne Thyme à rire aussi. « On peut rêver. » D’accord, ils ne seraient peut-être pas les futures stars à la une de tous les tabloïds sorciers et moldus, mais s’imaginer partager quelque chose d’aussi important et fou avec l’écossais, ça le laisse rêveur, le regard perdu dans le vide. Il cesse de rire avec un petit soupir d’aise, s’appuie contre le matelas moelleux. « Je savais que tu dirais oui, évidemment. »  rit-il en jouant les premiers accords.

Le morceau terminé, la guitare abandonnée sur le côté, Thyme joue avec les cheveux de Roméo. Qu’ils jouent de la guitare, fument, couchent ensemble, Thyme aurait sûrement tout lâché à la seconde si Roméo lui proposait qu’il se voit – parce qu’il apprécie beaucoup ces instants, parce qu’il se sent comme sur un petit nuage - indépendamment de la drogue qu’il prend. C’est l’amour, dirait Pepper. Lui, il est bien loin de se soucier de coller une étiquette sur ce sentiment, de toute manière ; il préfère le vivre sans poser de questions. « Non, mais c’est bien aussi. » Il passe ses bras autour du brun avec un large sourire. « Bien, de toute façon, je t’aurais pas laissé partir. »