Le voyage jusqu’à Pré-au-Lard avait été plus long que prévu et elle avait eu un peu de mal à trouver le chemin jusqu’à l’adresse qu’on lui avait donné. Retrouver Sybella n’avait pas été très compliqué, elle travaillait dans un magazine célèbre et apparemment elle vivait avec d’autre élèves de leurs promotions. Cependant, elle n’avait pas encore trouvé l’adresse de Charlotte, mais cela ne devrait pas tarder. Néanmoins, quitte à revenir, il fallait commencer par le début et comme elle avait fait en première année c’était par Sybella. Olympe se demandait bien ce que la blonde avait pu devenir depuis le temps, elle l’imaginait déjà vivre dans un bel appartement, avec des gens trop cools -autrement dit, tout ce qu’elle lui avait toujours souhaité. Une fois, elle s’était dit qu’elle pourrait prendre un peu de ses nouvelles, mais elle finissait par oublier, ce disant que c’était sûrement mieux ainsi, mais son grand retour allait sûrement changer beaucoup de choses.

Elle grimpa doucement les marches du petit immeuble, lisant au passage les noms sur les portes. Au bout de deux étages, elle trouva le nom de Tyrel, accompagné de d’autres, qu’elle ne se donna aucunement la peine de lire. Elle se recoiffa rapidement et réajusta son rouge à lèvre, histoire de faire bonne impression après quatre ans d’absence. De sa main, elle frappa doucement la porte jusqu’à entendre des bruits de pas venir. Elle ressentait une légère excitation et avait vraiment hâte de revoir celle qu’elle avait autrefois considéré comme sa meilleure amie. Elle était certaine qu’elle avait des tonne de choses à lui raconter et avec un peu de chance, savait où se trouvait les autres. Une petite soirée entre copine ne serait pas de refus. La porte s’ouvrit soudainement et elle tomba nez à nez avec Justin Finch-Fletchley. Elle bloqua un instant, avant de se reprendre. « Je cherche Sybella, il paraît qu’elle vit ici ? » Un regard et un ton de voix méprisant, il lui semblait que Justin était un garçon un peu stupide, alors autant en rester loin.

Justin connaissait cette fille.
Plus exactement, il l’avait connu. Olympe Bellamy. Dans ses souvenirs, elle portait des atours verts qui revendiquaient une appartenance plus que légitime à Serpentard. Le sourire narquois, le nez pointé en l’air comme pour tenter de respirer un autre oxygène que le sien, l’air terriblement arrogant et sournois. Elle n’avait jamais été capable de retenir son prénom et sans doute, non, bien sûr que c’était la raison pour laquelle il tâchait toujours de se faire remarquer en sa présence. Quitte à être une nuisance… Vous connaissez la suite et Helga, Olympe pouvait témoigner qu’il l’avait été jusqu’au bout. Cela suffit à le remplir d’une fierté imbécile et il s’adossa à l’encadrement de la porte, affichant un sourire faussement nonchalant.
En réalité, il n'y avait pas plus tendu que lui à cet instant.

Elle était quoi, déjà – une bonne copine de Sybella à tous les coups ; elle dégageait cette sorte d’aura que possèdent les filles qui se montrent trop sûres d’elles et en profitent pour jouer aux pestes, selon l’avis très objectif de Justin. Elle ne pouvait être ici que pour la vipère en chef ou peut-être bien Galaad – sans oublier Dean, songea le jeune homme en grinçant des dents, puisqu’il semblait tellement aimer les pestes à sang froid ces derniers temps.

Et bam, c’était précisément ce qu’elle voulait savoir. Où vivait Sybella. Si cela n’avait tenu qu’à Justin, pas ici. Mais Justin était coincé avec des idiots aveugles car il n’avait pas encore les poches pleines alors il se contenta de dire, son ton rivalisant avec celui de la jeune fille en matière de mépris – quoi que le sien avait du mal à paraître authentique. : « Partie. Me demande pas où, je suis pas son chaperon et j’ai aucune envie de le devenir. » Il contempla un bref moment ses pieds, s’attendant presque à ce qu’elle fasse demi-tour sans même faire l’effort de le saluer mais quand il releva la tête, qui était encore là, plantée pile au milieu de son champ de vision ? Gagné. Olympe.

C’était entièrement sa faute, évidemment. « Tu comptes rester là jusqu’à ce qu’elle revienne ou quoi ? »
Comme s’il allait l’inviter à entrer. N’importe quoi. Il y avait vraiment des gens qui prenaient leurs rêves pour la réalité.

Sa surprise face à l’anglais semblait largement partagé et il fallait avouer que la situation était cocasse. D’un côté, il y avait la brune qui avait disparu du pays pendant quatre années et de l’autre un garçon qui semblait vivre au même endroit que son ancienne meilleure amie qui aux dernières nouvelles n’était pas censé l’apprécier. Étrangement, elle commençait de plus en plus à ce dire que l’angleterre qu’elle avait laissé derrière elle n’avait plus rien avoir avec celle qu’elle retrouvait. Toutefois, Olympe était bien plus patiente qu’elle en donnait l’impression et restait ouverte à toutes explications. L’énervement du garçon la fille soupirer et lever les yeux au ciel comme une parfaite petite pimbêche. « Très bien. » Elle croisa les bras, légèrement contrarié par cette nouvelle, elle venait tout de même de se taper deux heures de train pour rien.

L’anglais manquait clairement de sympathie ce qui lui indiqua qu’il n’avait aucunement changé et Olympe se demandait vraiment comment il avait pu obtenir l’hospitalité de la part de Sybella. « Tu vis ici ? Avec Sybella ? » Son ton était infiniment méprisant, alors qu’elle ignora en beauté la question du brun, bien sûr qu’elle n’allait pas attendre son retour sur le palier. « Elle reviendra quand ? Une idée ? Non parce que si tu ne le sais pas, y a deux heures de train pour venir ici. Tu sais un train le truc qui roule sur des rails. » Un sourire moqueur, tandis qu’elle se donnait un certain plaisir à le prendre pour un idiot.

Et voilà qu’elle se la jouait, Miss Parfaite – comme si ça ne suffisait pas qu’elle ramène sa gueule d’ange, il fallait maintenant qu’elle adopte un air de client contrarié. Ses bras croisés en signe de défense lui évoquaient les rares qu’il pouvait croiser sous la houlette du frère de Victory. Pour être honnête, Justin ne serait pas étonné qu’elle se mette à s’époumoner, Je veux parler au manager ! Parce que c’était typiquement ce que des filles comme elles n’hésitaient pas à faire : elles se plantaient en face de lui comme s’il leur devait quelque chose, gaspillaient son précieux temps puis n’hésitaient pas à l’abandonner au détour d’un couloir. Et lui qui se retrouvait tout seul avec ses émotions, furieux de se sentir humilié malgré son costard ridiculement solennel qui aurait dû lui servir d’armure.

Justin détestait ce genre de personnes. Il détestait leurs moues supérieures, leurs manières travaillées, cette façon discrète mais persistante qu’ils avaient de lui rappeler qu’ils n’étaient pas nés dans le même monde et qu’il était un fou pour oser seulement espérer y évoluer. Et elle, Olympe – elle n’a pas changé, songea-t-il distraitement. Elle est toujours la même petite fille pourrie gâtée. Prévisible, de la part d’une ancienne élève de Serpentard !

« Disons plutôt, rétorqua-t-il d’un ton auquel il tâcha d’insuffler un maximum d’ironie, que c’est elle qui m’a supplié de l’héberger. La pauvre ne sait pas se passer de moi ! Qu’est-ce que tu veux, j’ai un charme dévastateur… »
Il s’efforça d’effacer l’ébauche de grimace qui menaçait de l’emporter sur son expression faussement magnanime lorsqu’Olympe ignora délibérément sa question. Une idiote égoïste, se rappela-t-il, histoire de ne pas être – trop – blessé. Tu as toujours été habituée à ce qu’on se plie en quatre pour toi, pas vrai ? Dommage mais pas question de t’inviter à entrer, ma belle. Tu restes sur le palier, tant pis pour toi. Ça t’apprendra peut-être à être polie.

«  J’sais pas, je te dis. J’suis pas son chaperon, répéta-t-il en exagérant volontairement les syllabes, comme s’il s’adressait à une enfant de quatre ans. Et non, figure-toi que j'ignore qu’il y a deux heures de train pour venir jusqu’ici parce que moi, je suis un sorcier. Un sorcier extrêmement doué qui vient d’obtenir son permis de Transplanage. Contrairement à une certaine personne, visiblement. » Cette fois, il ne put empêcher un sourire fier et même maladivement arrogant, piètre imitation du rictus naturellement supérieur de Drago Malefoy parce que le sien évoquait davantage celui d’un gosse ravi de sa répartie plutôt que d’un hériter sûr de ses droits.

Mais, au final, on fait avec ce qu’on a.

Dans ses souvenirs, elle ne se souvenait pas spécialement de l'ego sur dimensionné du garçon et elle le trouvait plus blasant qu’autre chose. Le genre de personne à vous donner la migraine en moins de temps qu’il n’en faut pour dire quidditch. Silencieuse, elle le fixait avec un tête qui en disait long sur son mépris actuel. Sans parler que le jeune homme ne semblait pas vraiment vouloir répondre à ses questions. Elle était persuadée qu’il mentait, n’imaginant pas une seconde que la blonde avait pu tomber si bas en quatre ans. « Comment tu fais pour passer les portes avec une grosse tête pareille ? » Même une star de télé-réalité passerait pour quelqu’un de humble face à cet anglais.

Elle n’aimait pas vraiment la manière qu’il avait de lui parler et si elle n’était une personne mesurée, elle lui aurait sûrement déjà collé sa main dans la figure qui n’était déjà pas droite à la base. Quand l’histoire de transplanage arriva sur la table, elle se contenta de taper trois fois dans ses mains accompagner d’un sourire de pimbêche. « Wouah, tu veux une médaille ? D’ailleurs, tu devrais faire attention, tu as déjà déplacé ton menton en transplanant. » Un sourire charmeur, satisfaite de sa répartie qu’il ne trouvera certainement pas à son goût. De toute manière, elle n’avait aucune honte à dire qu’elle ne savait pas transplaner. « Tu comptes me dire quand elle est succeptible de revenir ou pas ? Sinon tu vas me voir à ta porte tous les jours. Ou au moins me donner son numéro. » Elle soupira un peu, montrant qu’elle s’impatientait un peu.

Ça – ça, c’était certainement la meilleure. Qui des deux était le plus arrogant ? S’il y avait bien une tête qui menaçait d’exploser tellement elle était enflée, c’était définitivement celle de la personne qui n’hésitait pas à forcer les autres à tenir la porte pour elle ; et s’il ne lui dit pas, c’était parce qu’elle ne lui en laissa pas le temps. Déjà, elle l’amenait à changer de sujet et lui, galant comme il l’était, la suivit sans poser de questions, trop heureux de trouver les ennuis sans même faire l’effort de les chercher. L’expression de pur mépris qu’arborait Olympe comme une seconde peau suffit à peine à freiner son enthousiasme. Elle allait voir…

Ses applaudissements ironiques faillirent le faire sourire avant qu’il ne s’aperçoive, heureusement juste à temps, qu’elle se moquait encore une fois de lui. Il eut tout à coup la désagréable impression d’avoir mordu dans un citron. Rien ne semblait pouvoir l’impressionner et, quelque part, cela n’aurait pas dû lui donner envie d’être capable de quelque chose susceptible de lui arracher ne serait-ce que l’ombre d’un regard étonné mais il ne savait pas s’empêcher. S’il était né blond et beau gosse comme Lucas Drifloon alors le sourire charmeur qu’affichait Olympe à ce moment aurait peut-être été sincère et il n’aurait eu qu’à lever un sourcil pour lui briser le cœur. D’un geste vif dicté par un automatisme qu’il ignorait posséder, il porta la main à son menton et le frotta d’un air pensif. Cependant – « C’est marrant que tu me parles de ton menton parce qu’il s’agit de la preuve incontestable de ma victoire sur l’andouille blonde que toi et Sybella adulaient à l’époque. » Il sourit, certain d’avoir déniché la parade in-fail-li-ble. « Lucas me l’a déplacé à coup de poings et suite à ça, je l’ai envoyé à l’infirmerie. » Ce qu’il ne précisa pas, c’était que ce crétin avait ensuite trouvé le moyen de se faire dorloter par toutes les plus belles filles de l’année tandis que lui était pointé du doigt et qualifié de weirdo pour avoir osé porter atteinte à sa beauté somme toute relative. Justin esquissa un début de grimace. Au final, il n’était plus tout à fait sûr qu’évoquer cette anecdote devant Olympe était judicieux. « Donc ouais. Tu vois. C’est quand même carrément plus glorieux qu’un Transplanage raté. Impressionnée ? » Puisqu’au final, on en revenait toujours à ça…

Changer de sujet. Vite.

« Bon, ton voyage en train a pas l’air d’avoir abîmer ton joli minois, par contre, je crains que le contact avec les technologies moldues t’aient grillée quelques neurones. C’est normal, une fille comme toi doit pas avoir l’habitude. Bref, pour la dernière fois, je sais pas où est Sybella. Je sais pas quand elle rentrera. Merlin, elle pourrait être en train de s’envoyer une bouteille en pleurant sur sa vie minable sous un bureau dans la pièce à côté, je le saurais pas. Entre si tu veux fouiller l’appart mais pour ce qui est des détails techniques, demande à quelqu’un d’autre. Et t’imagines bien qu’après tout ça, j’ai pas son numéro. Allez, salut. »

Plus par curiosité qu’autre chose, Justin resta planté sur le palier, les yeux grands ouverts. Comment allait-elle réagir ? Allait-elle se mettre en colère devant son refus obstiné de lui fournir les infos qu’elle réclamait maintenant depuis cinq bonnes minutes, une éternité pour une meuf capricieuse entêtée.

Olympe posa les mains sur les hanches et écouta sagement l’histoire absolument stupide que lui racontait l’ancien poufsouffle, ne quittant pas cet air un peu méprisant qu’elle arborait presque naturellement. Elle se souvenait parfaitement de Lucas, pour la simple et bonne raison qu’elle avait écouté tant de fois son ancienne meilleure amie lui conter ses éloges qu’elle avait presque l’impression de le connaître. Cependant, elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il venait lui parler de ça et ce que cela pouvait bien lui faire. D’un ton un peu blasé elle se contentant de lui expliquer une chose qu’elle pensait réellement. « Lucas était un garçon absolument inutile et lui foutre raclé n’a rien d’impressionnant. Et en fait tu ferais mieux de dire que c’est un accident de transplanage. » Un rapide sourire narquois et ironique, alors qu’elle venait littéralement de lui brisé sa réplique avec un naturel navrant. Néanmoins, elle nota que le jeune homme semblait réellement avoir envie de l’impressionner ce qui la faisait sourire.

D’ailleurs elle ne manqua pas de lui accorder un vague sourire quand il parla de son joli minois, avant de reprendre son air fermé et méprisant. Justin se lança dans une véritable tirade pour lui expliquer qu’il ne savait pas où se trouvait la blonde. Tant pis, elle repassera plus tard et n’avait plus qu’à retourner à la gare pour patienter quatre longues heures avant de rentrer. Elle soupira et lui tourna le dos. « Ok, salut. » Olympe avait le don de toujours sortie gagnante des conversations et sans même lui lancer un regard, elle descendit les marches de l'escalier du petit immeuble de pré-au-lard, se demandant bien comment Sybella avait pu se retrouver là.

Le sourire arrogant de Justin fana à l'instant même où Olympe asséna d'un ton catégorique que Lucas, l'idole de ces dames, était inutile. Ce n'était pas quelque chose à laquelle Justin se serait attendu. Complétement désarmé, le jeune homme se contenta de la regarder les yeux ronds, l'air abruti. En temps normal, il se serait dépêché de déclarer à quel point elle n'était pas comme les autres filles et de lui demander de sortir avec lui. Oui mais. Il s'agissait d'Olympe. Justin ne sortait pas avec les vipères, Justin s'en méfiait comme de la peste et se moquait d'elles d'une voix amère lorsqu'elles n'étaient pas à la lisière de son regard, confortablement installé dans son canapé, loin de leurs crochets et de leur venin.

Il ne sut pas comment interpréter le sourire qui supplanta brièvement son air narquois, avant d'être aussitôt remplacé par une expression oh combien méprisante, mais il choisit prudemment de ne pas se laisser tourmenter par la perspective qu'Olympe Bellamy pouvait être plus qu'une fille pourrie gâtée. Il dormirait mieux la nuit ainsi. Sa réplique si brillante sur l'hypothétique location de Sybella, il tâcha de reprendre son souffle mais la réponse de son vis-à-vis se chargea de le lui bloquer à nouveau entre ses poumons et son nez. « Pardon ?! s'étrangla-t-il. » Mais elle était déjà partie.

Une seconde d'hésitation. C'est ce qui fallut à Justin avant de se précipiter dans les escaliers, claquant la porte de l'appartement derrière lui, oubliant son manteau dans sa précipitation. Il ne tarda pas à rattraper la jeune fille, qui ne semblait pas vraiment pressée. Sans même s'en rendre compte, ou sans même vouloir s'en rendre compte parce que cela impliquerait bien trop de réflexion, Justin calqua son allure sur la sienne, affichant un sourire suintant une arrogance qu'il était loin de ressentir.

« Oh, tu es là, fit-il, l'air presque surpris. » Il réalisa alors qu'elle n'avait toujours pas prononcé son prénom. Depuis la septième année où il la pourchassait dans les couloirs en espérant l'entendre reconnaître son existence, fallait avouer que rien n'avait trop changé. Il y penserait plus tard.

La remarque sur Lucas ne manqua pas d’effacer se sourire stupide du visage de Justin, comme si elle venait de détruire sa dernière carte pour passer pour un mec virile et courageux. Malheureusement, s’il comptait sur cela pour faire bonne impression, il avait malheureusement parié sur le mauvais cheval et risquait réellement de ramer éternellement. Néanmoins, elle ne lui laissa pas le temps de renchérir, puisqu’elle était déjà trois marches plus loin, le laissant seul sur le perron de la porte.

Alors qu’elle s’apprêtait à pousser la porte en bois de l’immeuble, le garçon la rattrapa finalement en jouant la surprise. La brune ne comprenait pas vraiment ce qu’il lui voulait et pourquoi il faisait comme-ci c’était surprenant de la croiser ici. « Ouais, en général quand on descend des escaliers, on arrive en bas. » Sa répartie n’avait presque aucune limite et s’il pensait pouvoir rivaliser il se trompait, étant donné ses années d'expérience. « Je peux savoir pourquoi tu me suis ? » L’ancien poufsouffle était définitivement de plus en plus bizarre, mais au moins cela occupait son temps. Olympe redécouvrait avec plaisir les joies de faire tourner en bourrique le jeune homme, ce qui lui dessina un certain sourire sur le visage.

Justin grimaça. Comme de bien entendu, la logique exigeait que descendre les escaliers vous menait en bas de l'immeuble mais elle aurait au moins pu faire semblant d'être surprise, non ? Un peu de politesse en ce monde de brutes, s'il vous plaît. Ce n'était tout de même pas trop demandé ! Il shoota dans une cannette vide avec une telle violence qu'elle rebondit sur le mur opposé et atterrit quelques mètres plus loin. Il se sentait trop blasé pour tenter de répliquer quelque chose d'intelligent à cette observation pleine de finesse et de sarcasme, de toute – « C'est bien, mademoiselle connaît sa théorie de la gravité ! rétorqua-t-il sur un ton joueur, incapable de s'en empêcher, ne se souciant même pas de la qualité de sa tirade. » Il se souciait plus de ne pas lui laisser le dernier mot que de la moucher, à ce niveau-là.

« Je te suis pas, je vais faire les courses, dit-il, saisissante la première excuse qui lui venait à l'esprit. » Presque aussitôt, il songea que son absence de sacs était plutôt suspecte. Son comportement avait beau être inversement proportionnelle à la rationalité de cette excuse, il trouverait toujours le moyen de paraître crédible en face d'une fille visiblement peu habituée aux joies du monde moldu. L'un des rares avantages d'être né moldu ? Pouvoir troller facilement les Sangs-Purs et autres.

L’ancien Poufsouffle lui paraissait à ce moment précis plus que bizarre et elle se demandait bien ce qu’elle avait mérité pour passer une journée aussi nulle. Elle regarda la canette vide traverser le hall de l’immeuble avec un air un peu hautain. « Je suppose que c’était une tentative pour avoir l’air virile ? » Elle posa une main sur sa hanche, regardant l’anglais de haut comme pour l’informer que si cela avait été le but, il avait plutôt bien échoué. En plus d’être un peu limité, il fallait croire qu’il était aussi dépourvu d’humour et de répartie au vue du niveau de sa réplique. « Okay, je vois que ça s’améliore pas. » Son mépris était si grand envers le garçon, qu’elle se demandait encore pourquoi il tenait temps à lui parler encore. Si quelqu’un lui parlait et la regardait de la même manière qu’elle était actuellement en train de le faire, elle ferait sûrement en sorte de ne pas avoir à le supporter, mais il fallait croire que le poufsouffle aimait se faire du mal.

Surtout qu’il s’enfonçait tout seul, un peu plus à chaque seconde. Olympe n’avait pas grand chose à faire pour le discréditer, puisqu’il lui faisait lui-même très bien. Elle rigola un peu, le prenant définitivement pour un idiot, avant de le regarder de bas en haut. « Les courses ? Sans manteau, sans sacs et sans argent ? » Olympe ne faisait peut-être pas souvent les courses, mais elle n’était pas encore débile et savait bien qu’il était en train de lui raconter des conneries parfaites. « Je te souhaite bonne chance pour tes courses. » Elle balança ses cheveux en arrière avant de lui tourner le dos et d’ouvrir la porte du bas de l’immeuble. « D’ailleurs, tu n’as pas de chaussures. » Ce n’était pas le cas, mais elle trouvait ça drôle de se moquer de lui.

Justin, il s'en rendait compte un peu plus à chaque fois qu'Olympe l'enfonçait avec un plaisir mal dissimulé, était en train de se noyer. Entre ses remarques méprisantes et son sourire hautain, il en vint presque à se demander si elle se souvenait de lui, après tout ; probablement pas, puisqu'elle avait passé plusieurs années à l'ignorer superbement. Toutefois, il était trop enfoncé dans cette voie pour rebrousser chemin maintenant alors il haussa nonchalamment les épaules et adopta un sourire éclatant pour camoufler son début de rancœur. Lorsqu'elle l'attaqua sur son évident manque de prévoyance, il se contenta de répliquer : « Pas la peine, la caissière est folle de moi. Elle le mettra sur ma note et je la rembourserai dès que je serai riche. » Un scénario hautement improbable : qui, en effet, prendrait le risque d'être mis à la porte pour le sourire gamin d'un jeune adulte au menton tordu ? Mais Justin n'était pas ici pour justifier ses mensonges. Il allait se mettre à invoquer l'exemple de cette caissière comme une nouvelle raison de l'admirer quand Olympe l'attaqua vicieusement sur l'une de ses faiblesses bien connues : sa crédulité.

« Qu'est-ce que... commença-t-il à baragouiner, s'arrêtant en plein milieu du passage pour jeter un coup d'œil à ses chaussures, pourtant bien présentes. » Olympe avait profité de sa distraction pour continuer sans lui. « Ah ah, fit-il semblant de se moquer de lui, se demandant si cela valait encore la peine de la suivre, assez vexé en réalité. Très drôle ! J'y ai presque cru... J'imagine que t'es fière de toi, Miss-Je-Suis-Mieux-Que-Tout-Le-Monde ? »
Il allait devoir lui trouver un surnom plus sournois, à force.

Le froid de l’hiver pénétrait sans le moindre soucis dans le hall de l’immeuble et la brune referma un peu plus son manteau en écoutant l’ancien Poufsouffle sortir un nombre incroyable de bêtises. Au fond, elle se demandait s’il en faisait exprès ou s’il aimait se faire du mal, étant donné qu’il aurait pu rester chez lui -à moins qu’il ne soit juste stupide. Le brun se vanta par la suite d’une chose parfaitement improbable et Olympe lâcha un petit rire tellement c’était hilarant. « Je ne sais pas ce qui est le plus pitoyable. Le fait que tu penses que te taper une caissière soit cool ou que tu penses pouvoir devenir riche un jour. » C’était la première fois que quelqu’un lui sortait un truc pareil et elle avait hâte de le raconter à son grand frère tellement c’était marrant. En fait, même si elle était venue jusqu’ici pour rien, elle devait avouer bien rigoler à se payer de la tête de ce garçon qui sauter les deux pieds dans le plats à tous les coups.

La blague des chaussures en était la preuve et Olympe rigola franchement devant ce spectacle affligeant. « Très fière de moi. » D’ailleurs, son sourire de gagnante sur le visage confirma ses belles paroles et elle aurait aimé pouvoir filmer cette scène. Néanmoins, après avoir bien rigolé et elle se calma un peu et posa sa main sur sa hanche avant de reprendre d’une voix Olympienne. « Du coup, je peux savoir pourquoi tu me suis ? » Le garçon était coincé à son propre jeu et encore une fois elle gagnait haut la main la partie.