Sujet: Something good can work | Armelle Sam 5 Sep - 11:27
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Cette sensation — Isaac aurait préféré l'ignorer. Elle était aussi douloureuse que des millions d'aiguilles enfoncées dans sa peau. Il jurait qu'il pouvait presque les sentir lorsqu'il étirait ses muscles, mouvement lent et sans volonté qui suffisait pourtant à lui arracher une grimace amère. Sa tête lui semblait lourde, si lourde qu'elle paraissait se noyer dans le coton de son oreiller. Bientôt, s'il ne faisait pas l'effort de bouger, il ne s'étonnerait pas de demeurer immobile, enfermé dans ses propres cauchemars, jusqu'à la fin de la journée. Il lui était vital de faire quelque chose. Pourtant, en se remémorant l'évènement principal de ce jour, il fut à nouveau tenté de se contenter de rester écroulé au fond de son lit et d'attendre qu'il passe, tout simplement. Ils allaient enterrer Clément dans moins de cinq heures. Cinq heures. Une éternité. Il poussa un grognement las. Avec son frère, il allait devoir enterrer ses rêves, ses derniers restes d'innoncence. Il ne posséderait plus le luxe de prétendre que rien ne pouvait lui arriver, tant que la silhouette rassurante de Clément se trouvait dans son dos, à moins de quelques pas. Clément était mort. Sûrement assassiné. C'était ce qu'avait prétendu son ami, Charlie. Ses idéaux, son courage et son éternel dévouement, plus que les Mangemorts, l'avaient tué. Pourtant, il était incapable de ressentir la moindre colère. À qui aurait-il pu en vouloir, sinon à lui-même ?
Il s'apprêtait à refermer les yeux, à replonger dans le sommeil, lorsqu'Ulysse sauta sur son lit et se fraya un chemin à travers ses membres enchevêtrés jusqu'à sa tête, poussant un miaulement déchirant qui arracha un sourire à Isaac. Qu'est-ce que tu veux, toi, pensa-t-il avec un amusement distrait, tendant les mains pour se saisir de l'animal grognon qui ne comprenait pas le soudain désintérêt de son maître pour les caresses. "Pas aujourd'hui, Ulysse, souffla-t-il en se redressant." Maintenant tout à fait réveillé, il s'interrogea sur la nécessité d'assister à la cérémonie. Il n'avait même pas de corps à honorer. Il ignorait qui serait présent, de plus. Sans doute ses collègues. Des vieux camarades de classe. Peut-être même des amis de l'Ordre. L'Ordre. Isaac frissona. Il avait toujours secrètement rêvé d'intégrer l'organisation, peut-être importe à quel point l'opinion publique la méprisait. Avec le meurtre de son frère, ce rêve prenait des allures d'urgence. Mais aujourd'hui — aujourd'hui, il n'avait pas le courage de faire face à ses membres et à leur regard sans doute empli de pitié. Il voulait leur faire bonne impression, incarner autre chose que le petit frère endeuillé d'un homme à la volonté exceptionnelle. C'était pour la même raison qu'il refusait de revoir ses amis pour le moment.
Ce fut à cet instant qu'il se rappela l'invitation d'Armelle, qu'il avait contacté lors d'une fugitive seconde de détresse. La honte l'envahit lorsqu'il se rappela la lettre qu'il lui avait envoyé, totalement inadéquate et inconvenante, et pourtant, elle avait réagi de la plus belle des manières. Elle s'était montré compatissante, réconfortante. Elle lui avait offert son aide. Mais il ne voulait rien lui imposer. Pourtant, quand il s'émergea enfin de l'appartement, c'est chez elle qu'il transplana presque automatiquement.
Il hésita longtemps à frapper à la porte, jugeant qu'il agissait de manière beaucoup trop spontanée pour être naturel. Isaac était un être de réflexion. Pourtant, ces derniers temps, depuis l'annonce de la mort de son frère, il avait l'impression de perdre totalement les pédales. Mais peut-être que ce n'était pas qu'une impression. Peut-être qu'il était vraiment sur le point de devenir incontrôlable. Cette pensée lui arracha un sourire amer. Il se sentait pathétique. Mais sans doute qu'Armelle ne tenterait pas de comprendre, elle oublierait alors de le juger et elle se contenterait d'être là, comme elle lui avait proposé. C'était une douce perspective et il refusa de s'attarder sur les raisons qui la lui faisaient paraître si attrayante. Il ne la connaissait pas plus que ça. Même Sybella, il l'avait côtoyé plus longtemps qu'elle. Mais Armelle — Armelle était Armelle. Alors, refoulant sa peur, il frappa à la porte et attendit sagement qu'elle paraisse devant lui, priant pour qu'elle soit réveillée. Le soleil venait à peine de se lever.
Enfin, elle apparut. Il ne s'attarda pas sur la surprise qui anima brièvement son visage et, se tordant les mains, la culpabilité faisant tressauter sa voix à certains instants, il dit : Bonjour, heu... Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, crois-moi, j'aurais aimé te prévenir mais... Je sais pas. J'y ai pas pensé. Je ne pense pas à grand-chose ces derniers jours." Il laissa échapper un rire vaguement amusé, incongru. "Il l'enterre aujourd'hui." Il oublia de préciser qui. Elle savait. "Mais je ne pense pas avoir le courage d'y aller alors... Je me suis dit. Hey ! Pourquoi ne pas partir ? Dans ta lettre, tu disais... Enfin, tu donnais l'impression que..." Crétin ! s'apostropha-t-il, avant de reprendre, ne terminant pas sa phrase : "On pourrait s'en aller. S'enfuir. N'importe où, où tu veux. On pourrait transplaner quelque part en Europe. En France, par exemple. Ou rester en Grande-Bretagne. En pleine nature, même, si tu le souhaites. Je ne sais pas. Je veux simplement partir pour oublier et je me suis dit que, peut-être, tu aurais envie de venir..." Il réalisa l'absurdité de sa proposition et baissa soudain les yeux mais la vision de ses chaussures ne valaient pas le visage familier et rassurant d'Armelle. "Pardon, c'était idiot. Je n'aurais pas dû venir. Excuse-moi." Il recula d'un pas mais ne se retourna pas, figé dans l'attente d'une réponse que, dans un mouvement d'égoïsme inhabituel, il espérait positive.
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Armelle C. Doherty
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Dim 13 Sep - 13:28
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Ce matin là, comme tous les autres de l'année, Armelle c'était levée tôt pour pouvoir contempler le soleil se lever par la fenêtre de la cuisine. Un spectacle paisible qu'elle aimait accompagner d'un thé et de tartine de confiture à la cerise, un petit rituel avant que sa très chère petite soeur ne se lève à son tour. La fin de l'été s'approchait à grand pas et elle devra bientôt faire ses adieux à la blonde avant de faire ses premiers pas dans le monde du travail, le monde des adultes. Une perspective qui ne lui faisait malheureusement pas vraiment plaisir et pour dire vraiment carrément peur. Armelle n'était pas sûre d'avoir les épaules pour, l'assurance pour affronter ce nouveau monde avec son habituel fardeau, la solitude. Silencieusement, elle profitait de chaque seconde dans cette maison, qui prenait tantôt des airs de donjon, tantôt des airs de royaume idyllique. Confortablement vêtue d'un long gilet en laine, d'un t-shirt un peu large et d'un short rouge assez simple elle regardait sa mère qui préparait du poisson fraîchement pêché par le voisin, tandis que son père était très certainement déjà en train de traire Marguerite dans la grange. Une vie totalement hors du temps en haut d'une falaise Irlandaise, loin de tout.
Toc, toc, toc.
Armelle se tourna en direction de la porte d'entrée, lança un regard à sa mère qui lui assura qu'elle n'attendait personne. « C'est peut-être parrain, il a dit qu'il passerait dans la semaine. » Il était assez étrange que leur oncle passe à une heure si matinale, mais la brune ne voyait pas vraiment qui pourrait bien venir à une heure pareille, surtout qu'elle n'avait vu aucune voiture passer sur le petit chemin. D'un pas finalement assez joyeux, elle traversa la cuisine, puis le salon pour venir ouvrir la porte d'entrée. Voir son oncle était toujours un vrai plaisir et elle savait déjà que sa soeur boudera en se levant et en voyant qu'il était déjà là pour prendre un verre. Aussi souriante que d'habitude -c'est à dire très peu. Alors qu'elle s'attendait à voir un vieil homme grisonnant, ses yeux tombèrent sur le jeune Isaac qui ne semblait pas vraiment dans son assiette. Armelle était plus que surprise de le trouver ici. Naturellement, sans vraiment savoir pourquoi, elle referma un peu la porte dans son dos, elle se demanda comment Isaac interpréterait ça, mais elle voulait simplement respecter son intimité en évitant que sa mère se ramène. Après tout, personne n'était jamais venu ici.
« Salut. » Elle ne savait pas vraiment quoi dire ou faire et se contenta de le laisser parler, ses yeux fixant ceux de l'anglais. Ses paroles semblaient brumeuses et elle éprouvait une certaine tristesse en le voyant dans un état pareil. Le plus âgé ne lui laissait pas vraiment le temps de parler, ce qui arrangeait quelque peu l'irlandaise. Seulement, son silence ne semblait pas vraiment aider Isaac qui après avoir fait un petit monologue se recula. Armelle avec presque envie de pleurer en voyant le garçon ainsi et elle n'imaginait pas une seule seconde le laisser seul à un moment pareil, même si finalement elle ne le connaissait pas plus que ça. D'un geste rapide, elle rattrapa le jeune homme et le serra dans ses bras -parce que c'était la seule chose qui lui apparaissait comme logique. « Tu n'as pas à t'excuser. » Armelle n'avait jamais pris quelqu'un d'autre que sa soeur dans ses bras et même si elle ne regrettait pas une seconde de l'avoir fait, elle finit par le lâcher les joues légèrement rouges. Elle ouvra la porte de chez elle, attrapa sa paire de converse offerte par son oncle et referma définitivement la porte. « J'enfile mes chaussures et on va où tu veux Isaac… Si tu veux je connais une forêt pas très loin d'ici. » La brune n'avait parfaitement aucune idée de comment il fallait s'y prendre pour réconforter quelqu'un et elle s'inspirait simplement de tous ses héros littéraires pour aider comme elle pouvait l'ancien serdaigle, son nouvel ami.
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Isaac Delpech
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Ven 8 Jan - 17:38
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Un pas en arrière – et les bras d’Armelle, inattendus, bienveillants, qui se referment autour de lui en une étreinte chaleureuse, affectueuse. Isaac, malgré la portée évidemment compatissante et tendre du geste, se figea, réflexe idiot dicté par une pudeur encore plus stupide. Ses bras restèrent immobiles le long de son corps et il commit la cruelle erreur d’inspirer profondément… L’odeur des cheveux d’Armelle emplit son nez et il se surprit à avoir envie d’enfouir sa tête dans le creux de son cou et de simplement se laisser aller. Il se contraint à ne pas bouger, cependant, jusqu’à ce qu’elle finisse par le relâcher, les joues rouges mais l’air terriblement adorable. Un soulagement sans limite envahit Isaac ; la jeune femme ne jugeait pas. Elle se contentait d’être là et quand bien même cette sensation ne dura que le temps où elle le garda serré contre lui, cela suffisait. Tout lui paraissait plus juste ; comme si elle avait laissé sur lui une étrange empreinte et que celle-ci contribuait à chasser ses idées noires. Il sourit faiblement mais au moins il souriait, pour la première fois de la journée.
« Tu n’as pas à t’excuser, dit-elle alors. » Quelque chose menaça de se briser en Isaac ; il s’était tant accoutumé lui-même à ce qu’un flot d’excuses franchisse le barrage de ses lèvres à la moindre occasion, qu’il avait oublié ce que cela faisait de se montrer totalement insouciant. Il carra la mâchoire, tâchant de paraître ferme, d’adopter une expression rassurante. Mais ses nerfs déjà tendus à l’extrême semblaient sur le point de rompre à chaque instant, l’invitant à éclater en sanglots, à laisser le chagrin l’emporter. Isaac se força à sourire. Il ne voulait pas pleurer devant Armelle. Il ne voulait pas la déranger ou, pire que ça même, l’inquiéter. Cette simple tâche exigeait de lui une montagne d’efforts mais il s’y plia volontiers, plus préoccupé par l’impression qu’il allait donner à Armelle que ses propres émotions qui bouillaient sous son crâne.
Il l’observa enfiler ses affaires, ne sachant pas s’il devait la remercier tout de suite pour sa générosité ou attendre la fin de la journée ; si une seule fois suffirait ou s’il valait mieux qu’il l’inonde de merci gênants. Qu’il lui fasse la bise pour mieux affirmer sa gratitude, qu’il… Déjà, elle était prête, l’attendant presque alors qu’il était celui qui était venu frapper à sa porte en premier lieu. Isaac soupira. Il tâcherait juste de ne pas se poser trop de questions et tout irait bien, sans doute. Avec un peu de chance, elle ne le trouverait pas trop bizarre dans les minutes qui suivront.
« Je te suis, se contenta-t-il de dire, bafouillant un peu sur les derniers mots mais lui emboîtant le pas d’un geste auquel il inspira toute la fermeté que son état lui permettait. » Il ne lui demanda pas de transplaner. Marcher lui, ou leur, ferait certainement du bien. « C’est un bel endroit, se hasarda-t-il à murmurer après un moment, si bas qu’il se demanda un instant si Armelle parviendrait à l’entendre – peut-être qu’il avait trop honte pour la laisser entendre simplement tout ce qui sortait de sa bouche. Reposant… » Il réajusta son manteau. Froid. Il lança un coup d’œil en biais à Armelle. Elle marchait à ses côtés, ne s’était pas encore enfouie. « Tu y vas souvent, dans cette forêt ? tenta-t-il pour alimenter la conversation. » S’il te plaît, fit-il en silence. Ne me pose pas de questions sur mon frère ou je vais craquer.
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Armelle C. Doherty
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Mar 19 Jan - 13:42
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Des feuilles mortes craquaient sous ses chaussures, tandis qu’elle marchait en direction d’une forêt qui se trouvait à seulement quelques mètres de sa maison. Un lieu loin du temps et de l’espace, à mille lieux du reste du monde. En fait, c’était un peu toute la vie de la brune qui se trouvait coupé du monde, mais parfois cela avait du bon de voir le monde d’un oeil ingénu et pur. Armelle n’avait aucun préjugé sur les choses et acceptaient les gens comme ils étaient, à condition qu’ils l’acceptent bien sûr. L’anglais faisait parti de ce genre de personne, qui lui parlait pour ce qu’elle était et rien d’autre, mais maintenant, c’était à elle de lui rendre l'ascenseur. La brune évitait de le fixer, pour ne pas lui donner l’impression d’être une bête de foire. Elle se contentait simplement de marcher à ses côtés en regardant le paysage sauvage qui les entourait, fascinant et enchanté.
Pour la première fois depuis quelques minutes, le jeune homme rompu le silence et la plus petite posa ses yeux sur lui avec un sourire timide. « J’aime dire qu’il est magique et hors du temps. » Armelle n’avait pas du tout envie de lui faire passer un interrogatoire de toute manière, il avait déjà dû en subir une bonne centaine et s’il voulait parler il le fera sûrement de lui-même. Néanmoins, elle nota la volonté du garçon à brisé le silence et elle alla rapidement dans son sens, même si elle n’était pas de nature très bavarde. « Souvent oui, quand j’étais petite mon père nous disait qu’une famille de korrigans vivaient ici, malheureusement j’en ai jamais croisé un. » Au bout d’un moment de marche, ils arrivèrent dans une sorte de prairie entourée par des arbres tous plus vieux les uns que les autres, avec au centre le plus imposant des arbres de la forêt.
Dans ce lieu, la nature était forte et pure, sans défaut. L’homme n’avait rien détruit et c’était un spectacle pour les yeux que de contempler tout ça. C’était comme une peinture qui se trouvait devant eux, ils pouvaient observer le temps et l’histoire. Armelle se posa sur un tronc d’arbre tombé, qui n’aura pas la chance de vivre un nouveau millénaire. « Quand j’ai besoin de me changer les idées, je viens là. Je me sens en sécurité. » L’ancienne serdaigle ne voulait pas paraître trop intruisive alors elle se contenta de le regardant, espérant qu’il accepterait de s’asseoir et ne partirait pas en ce moquant d’elle -en la trouvant inutile. Elle souhaitait réellement aider et aimerait le comprenne.
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Isaac Delpech
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Dim 31 Jan - 12:37
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Contrairement à Poudlard, contrairement à tout ce qu'il avait connu, cet endroit était dénué de magie et pourtant, Isaac s'y sentait plus à l'aise qu'il ne l'avait jamais été entre les quatre et quelques murs du château. Il dédia à Armelle un regard en coin, se demandant vaguement si sa présence apaisante avait un rapport quelconque avec cette impression. Cette pensée suffit à lui faire monter le rouge aux joues et il bredouilla une série de mots inintelligibles, les yeux rivés vers ses chaussures. Heureusement, la jeune fille ne parut pas remarquer sa gêne. Il n'aurait pas su comment s'expliquer et, pour être honnête, il ne voulait pas se l'expliquer. Pas aujourd'hui, pas maintenant, alors que les feuilles mortes formaient comme un pont entre eux et la réalité. Il se sentait presque coupable de laisser sur le sol l'empreinte de ses pas, comme si la moindre trace de présence humaine pouvait constituer une insulte à la majesté des lieux.
Isaac laissa échapper un soupir tranquille. Le son de la voix d'Armelle paraissait se calquer à l'atmosphère féérique qui régnait sur cette forêt, et il songea vaguement que s'il ne savait pas qu'elle avait passé toute son enfance ici, il l'aurait deviné à la manière dont elle y évoluait avec une facilité presque insolente. « Des korrigans ? répéta-t-il, parce qu'il n'osait pas y croire. » Il se rappela fugitivement des histoires surprenantes de Luna Lovegood et jugea qu'un korrigan était tout aussi plausible. Une telle perspective était même séduisante. « Qui sait ? se dépêcha-t-il d'ajouter, pour ne pas la laisser croire quelque chose qu'il ne voulait pas dire. Ils se cachent peut-être. Si j'étais un korrigan, et que des humains s'amusaient à me chercher tout le temps alors que j'essaie simplement d'élever mes enfants, je me cacherais aussi. » Il tourna vers elle un regard soudain embarrassé en réalisant la probable bêtise qu'il venait de proférer. Tu n'as pas à t'excuser, se rappela-t-il. Alors il lui sourit.
Il aurait voulu lui raconter une anecdote du même genre, comme pour équilibrer la discussion, mais la vue lui coupa le souffle. Un arbre qu'Isaac jugea millénaire, parce qu'un tel tronc n'avait pu germer qu'après mille ans de peine, trônait au centre d'une clairière si bien organisée qu'elle ne paraissait pas naturelle, et pourtant, elle ne pouvait que l'être. « C'est magnifique, bredouilla-t-il, ça ne m'étonnerait pas que ce soit l'œuvre de Korrigans. » Il laissa échapper un rire qu'il espérait complice, ce même rire s'étouffant dans sa gorge lorsqu'il observa Armelle glisser contre le tronc et s'asseoir à même le sol. Isaac la regarda un moment de plus, incertain, avant de céder à son invitation muette. Il s'approcha et, timidement, comme si elle allait le mordre, s'assit à ses côtés. Il fut toutefois incapable de supprimer la tension causée par leur proximité qui s'était logée dans ses épaules et dans sa poitrine.
« Tu as raison, murmura-t-il en guise de réponse à sa confidence. Gêné, il tortilla ses mains avant de murmurer, presque honteux : Merci. »
Il resta un moment silencieux avant de se décider à reprendre la parole : « Est-ce que... Est-ce que tu as peur, parfois ? De l'avenir, je veux dire... C'est un monde étrange, dehors. » Question stupide, peut-être, mais elle torturait Isaac depuis qu'il avait appris que son frère était mort pour la cause qu'il avait toujours défendu, qui avait déjà tuée leurs parents, et que cela n'avait probablement pas fait la moindre différence.
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Armelle C. Doherty
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Mer 3 Fév - 21:14
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L’anglais ne semblait pas se moquer d’elle en entendant parler de Korrigans, pourtant beaucoup de sorciers l’auraient fait, la traitant de folle, comme ils le faisaient avec les Lovegood. D’une certaines manières, elle aimait croire en leur existence parce que cela avait un certain charme, mais elle n’était pas non plus de genre à tout plaquer pour trouver ces êtres légendaires. La suggestion du plus âgé lui dessina un léger sourire sur le visage, heureuse de voir qu’il possédait d’une certaine manière un côté rêveur. « Tu as raison, c’est sûrement ce que je ferai aussi. » En fait, c’était un peu ce qu’elle faisait déjà, vivre à l’écart des autres pour qu’on lui laisse sa petite vie paisible. Sauf qu’elle, personne ne la cherchait jamais, parce qu’elle n’avait rien de légendaire, mais cela lui allait parfaitement.
L’arrivée dans la clairière semblait époustoufler l’anglais, tandis qu’un peu plus habituée, elle se posa à contre l’arbre. « On leur demandera si on les croise. » Un sourire sincère, tandis qu’elle étendit ce qui ressemblait vaguement à un sourire de la part de Isaac. Elle espérait réellement qu’elle l’aidait à surpasser cette journée compliquée, même si elle n’avait aucune idée du comportement normal à adopter -quand bien même il y en aurait un. L’ancien serdaigle se posa à ses côtés, formant ainsi une certaine proximité inattendu entre eux, mais qui ne la dérangeait pas vraiment pour dire vrai. Quand ce dernier la remercia, elle tourna la tête vers lui, plongeant son regard dans le sien avec un sourire qu’elle voulait sympathique. « C’est normal, tu ferais la même chose. » Ce dont elle ne doutait pas un seul instant, parce que même s’ils n’étaient pas si proche, une sorte de fil invisible les liait désormais à jamais.
Un silence s’installa vaguement, tandis qu’elle regardait le vent souffler dans les arbres qui les entouraient comme une sorte de muraille naturelle contre le reste du monde. Le chant des oiseaux berçait les deux adolescents, alors que les animaux s’éveillaient tranquillement. Isaac brisa le silence, posant une question assez existentielle qui demandait un peu plus de réflexion -si bien qu’elle laissa un petit moment avant de répondre. « Oui, bien sûr que j’ai peur, je suppose qu’on a tous un peu peur de l’avenir. Parce qu’on ne peut pas le contrôler, parce qu’on ne le connaît pas et qu’on ne pourra jamais vraiment le prédire. » Elle replaça une mèche de cheveux derrière son oreille avant de reprendre. « Mais quand j’ai peur, je me dis que c’est sûrement le cas de tout le monde. C’est stupide, mais ça m’aide à relativiser. » Cela dit, elle n’était définitivement pas dans la même situation que son ami, qui venait tout de même de perdre un proche. « C’est pour ça que tu as redoublé ? » La question était sortie toute seule et après coup semblait un peu mal placée, alors elle se rattrapa rapidement. « Enfin, tu n’est pas obligé de répondre. » De toute façon, elle ne le forcera jamais à parler s’il n’en avait pas envie.
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Isaac Delpech
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Lun 8 Fév - 11:42
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Durant une seconde fugitive, Isaac se sentit obligé de se poser sincèrement la question : aurait-il fait la même chose ? Presque aussitôt, il réalisa que oui ; il aurait ouvert sa porte à Armelle, lui aurait tendu spontanément la main, oubliant toutes ses insécurités et sa timidité maladive. Il l'aurait accompagné et écouté, sans trop savoir quoi faire, peut-être un peu comme elle en ce moment. Mais il s'inquiétait davantage de savoir si Armelle aurait ressenti la même impulsion, la même envie irrésistible de le retrouver afin de noyer son chagrin dans les yeux d'un autre. S'il avait pour elle suffisamment d'importance, suffisamment de poids. Il se surprit à espérer que c'était le cas. C'était une sensation grisante, d'être conscient du fait que vous étiez cher à quelqu'un. Ils ne se connaissaient peut-être pas depuis si longtemps mais, avec le temps, sans doute, ils combleraient les brèches de leur relation naissante.
« Quand même, tu n'étais pas obligée, murmura-t-il, parce que c'était la vérité. » Il fallait de la générosité, énormément de gentillesse, un désintéressement total pour tendre la main sans s'attendre à une explication, sans d'autres ambitions que celle de réconforter et d'apporter un soutien bienvenu. Armelle était réellement une personne formidable. Isaac était fier de la connaître et même de pouvoir figurer dans sa liste d'amis. Il voulut le lui dire mais sa timidité se chargea de le bâillonner. Il ne voulait pas rendre la situation bizarre en la forçant à accepter des compliments qu'il peinerait à faire paraître sincère à cause de son manque d'aise. Il ne voulait pas qu'elle croit qu'il se moquait d'elle.
Le silence qui s'installa entre eux le temps qu'Armelle réfléchisse à sa question n'avait rien de silencieux en vérité. Le chant des oiseaux, le crissement des feuilles, le souffle du vent ; tout cela servait à lui rappeler qu'il se trouvait peut-être dans une poche hors du temps mais que celle-ci continuait de vivre malgré tout. Rien n'était jamais totalement figé et cette pensée suffit à le réconforter, à l'apaiser tandis que la jeune fille lui offrait sa réponse. Une réponse pleine de sagesse dont il s'enivrât, avec l'impression de pouvoir calquer sa propre expérience sur les mots d'Armelle. C'était ce qu'il avait besoin d'entendre, plus que l'optimisme déplacé des anciens collègues de Clément. Tu verras, plus tard... Il n'y a rien à craindre. Cela ne l'empêchait pas d'avoir peur et l'idée qu'Armelle adhère à cette façon de voir les choses, cela le consolait davantage que toutes les condoléances du monde.
Après un court instant de réflexion, il s'apprêtait à lui livrer sa réplique quand elle l'interrompit par une question à laquelle il ne s'attendait définitivement pas. Surpris, presque choqué, Isaac la dévisagea un instant avant de secouer doucement la tête. « Non... Enfin, je veux dire, ça ne me dérange pas d'en parler. » Il laissa échapper un rire amer. « Tu seras la première personne à qui j'en parle, confessa-t-il en soufflant dans ses mains pour les réchauffer. J'ai pas redoublé parce que j'avais peur. Enfin si, quelque part. Mais pas de l'avenir. J'avais peur pour mon f-frère. » Sa voix menaça de se briser sur le dernier mot mais il poursuivit courageusement : « Clément, tu vois, il s'est toujours occupé de moi. Il est venu enseigner à Poudlard parce que j'y étais et je l'ai longtemps idéalisé avant de réaliser, et bien, qu'il n'était qu'humain. Mais, bizarrement, ça n'a fait qu'accroître mon admiration pour lui. Je ne voulais pas le quitter tout de suite. Alors j'ai décidé de rester une année supplémentaire à Poudlard afin de veiller sur lui à mon tour. Parce que mon grand frère n'était pas infaillible, malgré ce qu'il voulait me faire croire. » Il arracha une poignée d'herbe couverte de rosée avec un air pensif, presque douloureux. Il se tut un long moment, attendant d'être sûr de pouvoir parler sans se mettre à pleurer. « Je me demande qui est venu à l'enterrement, pensa-t-il à voix haute avant de se demander si parler autant de son frère n'était pas un peu égoïste vis-à-vis d'Armelle. Ta sœur, Eibhlin... Elle va entrer en troisième année, c'est bien ça ? »
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Armelle C. Doherty
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Dim 14 Fév - 0:35
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Aider les autres étaient quelque chose qu’elle appréciait faire, surtout quelqu’un comme Isaac, mais elle avait l’impression permanente de s’y prendre mal. Comment réconforter quelqu’un qui venait de tout perdre ? Quelqu’un dont la tristesse était enfouie si profondément qu’elle en devenait presque seul maître à bord de son âme. Armelle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pouvait être actuellement en train de vivre et jamais elle n’aura l'hypocrisie de lui dire qu’elle comprenait ou qu’elle partageait sa douleur, non la seule chose qu’elle pouvait lui dire et faire, c’était d’être avec lui autant qu’il en aurait besoin sans aucun intérêt personnel. Peut être qu’il n’était pas vraiment amis ou peut-être que si -en fait pour elle, ils l’étaient, mais étrangement la réciprocité de ce sentiment lui paraissait infiniment futile dans un moment pareil. « Je te jure que cela ne me dérange pas du tout. » Il pouvait lui parler autant de temps qu’il voulait, même s’ils devaient passer la journée entière au pied de cette arbre et même la nuit entière, elle le ferait, parce que c’était la chose qu’il lui paraissait le plus juste et le plus gorgé de sens.
L’ancien serdaigle était pour elle tout ce qu’il y avait de plus profond et sincère, surtout quand elle l’écoutait parler de son frère. Pour dire vrai, c’était la première fois que la garçon se confiait à elle de manière orale sur un aspect de sa vie. Dans son dernier courrier, il lui avait parlé de beaucoup de choses extrêmement triste et ironiquement comme une enfant, elle en venait à penser que la vie était sûrement la chose la plus injuste du monde. Isaac était quelqu’un de bien, cela ne faisait aucun doute à ses yeux et elle ne doutait pas un seul moment que son grand frère le pensait autant et voir plus qu’elle. « C’est assez logique finalement et très humain. Je suis sûre que ton frère était très fier de toi et t’aimait beaucoup... » L’espace d’un moment elle baissa les yeux, persuadé d’avoir dit quelque chose de mal en parlant de son frère au passé. Au début elle aurait préféré lui parler au présent, mais elle se disait que ce n’était sûrement pas l’aider que de le bercer dans un déni doux et limpide, seulement maintenant qu’elle venait de le dire à l’oral, elle se sentait brutale et déplacé. Un peu gênée, elle regarda dans la direction opposé, avant de poser ses yeux sur la main de l’anglait en train d’arracher nerveusement une touffe d’herbe un peu humide.
Sa question sur l’enterrement de son frère prouvait néanmoins qu’il réalisait peu à peu ce qui était en train de se passer et étrangement la gorge de la brune se serra un peu. En temps normal, elle n’était pas vraiment la personne qui ressentait le plus d’empathie au émotions des autres et pourtant Isaac arrivait parfaitement à l’émouvoir et si elle n’était pas Armelle, elle verserait sûrement quelques larmes. Cependant, elle devait être la pour lui, c’était ainsi que cela devait se passer, l’ordre des choses. « Eh bien sûrement tous ses amis, tous les gens qu’il a aidé dans sa vie, des collègues ou des élèves, parce que c’est une bonne personne, comme toi. » Incapable de dire si elle s’enfonçait ou si ses paroles pouvaient aider le jeune homme, une seule chose était sûre, il était encore là et ne semblait pas vraiment vouloir partir. « Ma soeur ? Elle rentre en quatrième années oui, mais tu sais ça ne m’ennuie pas de t’écouter parler. » Armelle n’était peut-être pas une experte en relations humaines, mais elle voyait très bien ce qu’étais en train de faire le blond et elle tenait à lui faire comprendre que ce n’était pas le moment de parler de sa soeur ou même d’elle, après tout ils auront tout le temps de le faire plus tard.
Elle tourna un peu la tête vers lui, plongeant son regard dans le sien avec un sourire plein de chaleur. Sa main vint frôler la sienne, avant de jouer furtivement avec ses doigts et de finalement lui attraper la main. « Tu sais… Tu as le droit de faiblir Isaac, c’est pas moi qui te critiquera… Tu n’as pas à être fort tout le temps. » Isaac avait le droit de pleurer, parce que c’était humain de pleurer le jour de l’enterrement de son frère et elle trouvait que ce n’était pas le pire endroit pour se laisser aller quelques instants. Dans cette nature qui se dessinait comme un refuge, dont rien ne pourrait s’échapper. Armelle essayait de réagir le plus naturellement possible, jugeant que c’était sûrement la meilleure chose à faire dans un moment pareil.
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Isaac Delpech
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Ven 26 Fév - 18:43
carried away
how's it going to be
De manière prévisible, cela ne la dérangeait pas de lui parler. De partager avec lui une partie de sa tristesse, même la plus infime, parce que, de toute façon, les mots lui manquaient pour exprimer la douleur de la perte, le poids de l'absence. Isaac s'en voulut instantanément. Il avait l'impression de profiter de sa gentillesse, de sa générosité. Or la dernière chose qu'il souhaitait, c'était de lui imposer un fardeau qui allait bien au-delà de la mort de son frère. Se dévoiler, révéler l'entièreté de ses secrets, c'était aussi lui confier un bout de la responsabilité qui allait inévitablement avec le savoir que Clément Delpech, le si sage, si doux Clément Delpech, était ce que l'opinion populaire n'hésiterait pas aujourd'hui à qualifier de terroriste. Membre de l'Ordre du Phénix, combattant dévoué à sa cause, au point qu'il avait fini par mourir en son nom ; voilà la facette cachée de son aîné qu'il peinait à lui confier, malgré toute sa bienveillance. Ou peut-être bien à cause de. Il n'avait pas le droit de lui infliger un tel fardeau, de lui demander de choisir entre son amitié et les lois. Plus tard, sans doute – non, se ressaisit Isaac. C'était sa décision, son choix et, dans la mesure du possible, il ferait tout pour l'en préserver. Animé du besoin aussi féroce que soudain de la protéger, le jeune homme se persuada de se taire. Armelle était – si jamais, comme Clément, elle – n'y pense pas.
L'entendre affirmer à haute voix sa tranquille certitude que Clément l'aimait, qu'il était même fier de lui – parce que, vraiment, qui pouvait être fier d'un garçon aussi timide et maladroit que lui ? – lui fit bredouiller un vague début de protestations enflammées. Sa tirade, toutefois, mourut aussitôt au bord de ses lèvres alors qu'il aperçut Armelle baissa les yeux, comme honteuse de s'être laissé aller à proférer un tel compliment. Isaac, incapable de comprendre, amorça un mouvement de la main si spontané qu'il l'effraya lui-même ; et les doigts qui s'apprêtaient à effleurer le menton d'Armelle afin de lui faire relever la tête, avortés net dans leur élan, retombèrent faiblement sur ses genoux, froissant avec une nervosité palpable le tissu de son pantalon. Isaac peinait à croire qu'il avait tenté d'initier un contact physique. Prudemment, patiemment, il préféra attendre qu'elle relance la discussion vers des terrains où il ne serait pas effrayé à l'idée de faire une gaffe à la moindre réplique. Mais s'il s'était préparé à endurer n'importe quel sujet de discussion, il ne s'attendait pas, non, définitivement pas, à ce qu'elle réponse sérieusement à son interrogation distraite sur les gens présents à l'enterrement de Clément. Cela ne l'empêcha pas de superposer un visage à l'énonciation de chaque fonction, comme pour se rassurer lui-même : le professeur avait beaucoup d'amis, certes, et certains endossaient même une réputation sulfureuse qui ne suffisait cependant jamais à lui faire peur, sans doute à cause de sa nature tolérante. Isaac l'admirait pour cela : il y avait tant d'acceptation dans un simple regard de son frère !
« Tu te trompes, répondit-il, peut-être d'une voix plus dure qu'il ne l'avait escompté au début, se dépêchant de l'adoucir alors qu'il ajoutait : je ne suis pas comme lui. Mais j'essaie. »
Isaac voulut un instant plaisanter sur le fait qu'Eibhlin, décidemment, ne faisait pas son âge et – qu'est-ce que ça grandit vite, après ça défile dans les salles communes et on oublie de qui il s'agit, car ça change tellement au fil des ans ! Mais sa triste, presque pathétique tentative de diversion échoua, se heurtant à la détermination sans faille d'Armelle. L'ancien Serdaigle aboya un rire bref, étouffé dans une gêne qui menaçait de le submerger. Un : « Pardon. » forcé par l'habitude franchit le barrage de ses lèvres, suivi aussitôt d'un second : « Désolé. » en réalisant qu'il n'avait pas su se retenir de s'excuser comme il l'avait promis à Armelle à peine quelques moments plus tôt. L'instant d'après, le jeune homme rougissait si fort qu'il s'interdit brièvement de croiser le regard de son amie. Ainsi il ne vit pas ses doigts s'approcher des siens jusqu'à ce qu'ils finissent par l'effleurer, le faisant tressaillir malgré la légèreté du geste. Il dut résister à l'envie soudaine de fuir, parce qu'à cet instant, il avait la saisissante impression que tant de gentillesse pouvait le tuer. Être si proche d'Armelle qu'il pouvait entendre son souffle était une chose ; réellement éprouver la sensation de sa main sur la sienne en était une autre.
« Tu es glacée, parvint-il à bredouiller, tâchant bravement de demeurer calme et stoïque. » L'instant d'après, l'étau de ses doigts se refermaient. Aussitôt, ce fut comme si tous les barrages qu'il avait mis tant de soin à construire, à ériger entre lui et le monde s'effondraient. Isaac réalisa confusément qu'il tremblait un peu, et cela aurait été facile de prétendre que tout cela n'était qu'à cause du froid, ses frissons, sa respiration hachée, ses lèvres tordues en une grimace désespérée pour ne pas se mettre à pleurer... Cela était une insulte à l'intelligence d'Armelle, toutefois, mais cela ne l'empêcha pas d'essayer : « Tout va bien. Ce n'est rien. » Il tenta un sourire, échoua. L'instant d'après, un unique sanglot lui échappait, presque par erreur. C'était dur de lutter contre cette envie irrésistible qui semblait le supplier de lâcher prise quand Armelle lui offrait sa présence comme réconfort, son calme comme ancre. Elle était sans doute le témoin le plus sûr qu'il puisse trouver en ces moments de tristesse, oui, mais – j'ai déjà pleuré, songea-t-il stupidement, comme si le deuil de son frère était une chose si insignifiante qu'il pouvait la gérer en moins d'une semaine. Fort, Isaac ne pensait pas l'être ; mais il essayait, oh combien il essayait ! Les jointures de ses doigts étaient quasiment blanches à force de serrer avec le désespoir d'un naufragé la main de la jeune femme, et il tremblait un peu. Soudain douloureusement conscient de ce contact, presque brûlé par lui, il desserra un peu son emprise.
Il commit alors l'erreur de croiser son regard. Humain. Presque tendre. Une dernière fois, Isaac força ses lèvres à esquisser un sourire. Il se brisa en un rire un peu fou, un peu cassé, alors que les larmes se décidaient à ignorer sa piètre volonté pour enfin rouler sur ses joues. Il finit par céder, Isaac, et son rire se mua en sanglots, et parce qu'ils avaient été si longtemps retenus, ils semblaient ne jamais vouloir s'arrêter. Mais à aucun moment il ne lâcha la main d'Armelle.
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Armelle C. Doherty
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Sujet: Re: Something good can work | Armelle Mar 8 Mar - 19:10
I would have stayed up with you all night,
Had I known how to save a life.
La douleur du jeune homme était sûrement sans limite et Armelle ne savait pas vraiment si elle l’aidait vraiment. Elle n’arrêtait pas de se demander ce que les autres feraient à sa place. Peut-être qu’elle devrait lui faire un câlin, peut-être qu’elle devrait le faire rire ou peut-être qu’elle devrait simplement se taire. Une multitude de possibilité qui rendaient tous très compliqué aux yeux de Armelle qui n’osait plus trop bouger d’ailleurs. Quand Isaac brisa le silence, elle avait l’impression de l’avoir vexé, d’avoir dit quelque chose de mal et regrettait automatiquement d’avoir parlé. La brune avait le sentiment qu’elle devait se rattraper, qu’elle devait modifier ses paroles maladroites. « Tu n’es peut-être pas comme lui, mais ça n’empêche en rien que tu sois une bonne personne. » Elle le pensait réellement, plus que n’importe qui sur terre, mais ce qu’elle aimerait ce serait qu’il le pense lui-même. A ses yeux, l’ancien serdaigle était une personne parfaitement admirable et ne méritait aucunement ce qui lui arrivait actuellement. Ses yeux se posèrent sur lui, tandis qu’elle repensait à la lettre qu’il lui avait envoyé quelques jours auparavant dans laquelle il parlait de sa mère. Armelle se doutait qu’il avait plus ou moins perdu son dernier véritable soutien en enterrant son frère, sans quoi il ne serait pas venu la voir.
Pour changer, Isaac s’excusa -et s’excusa même de s’excuser. Dans la vie de tous les jours, cela l’aurait sûrement fait sourire, mais elle jugea que ce n’était pas le moment de sourire. « C’est pas grave. » Sa voix était infiniment douce et calme, comme pour le rassurer, lui dire qu’elle ne lui en voudra jamais pour ça. Même si elle ne le connaissait pas depuis très longtemps, elle le considérait comme un ami et n’avait aucune envie de le laisser tomber, ni aujourd’hui, ni demain. Leurs mains s'effleurèrent jusqu’à s’attraper et ne plus se lâcher. Le geste était sincère et sans arrières pensées, mais les joues rouges de Isaac laissait croire que cela le rendait mal à l’aise. La réflexion du garçon l’étonna, comment pouvait-il encore penser à elle avec tout ce qui était en train de lui arriver. « Je n’ai pas froid, ne t’en fais pas. » Elle allait lui libérer la main, seulement elle sentait la main de Isaac se serrer un peu capturant sa petite comme une bouée de secoure. Il lui assura que tout allait bien et même si elle n’en croyait pas un mot, elle ne releva pas, se contentant d’être là. La main du garçon se referma un peu plus fort, mais ça ne la dérangea pas le moins du monde, préférant le laisser aller.
L’emprise de Isaac se relâcha un peu, tandis qu’elle le regardait tendrement. Armelle ne jugeait pas sa manière de traiter ses émotions, parce qu’elle était incapable de savoir comment elle pourrait réagir à sa place. L’espace d’un instant, les yeux clairs du jeune homme se posèrent sur les siens et pour une raison qu’elle ignore déclenchèrent la tristesse du garçon. Elle le laissa pleurer un moment, jugeant que c’était un peu remède de se laisser aller. Puis au bout de quelques minutes, elle lui lâcha la main pour lui faire un câlin. Elle passa ses bras autour de lui, et posa sa tête contre lui, tandis que ses genoux s’enfonçaient un peu dans l’herbe. « C’est normal Isaac, c’est normal... » Peut-être qu’il ne voulait pas de son calin, mais c’était la chose la plus naturellem qui lui était venu à l’esprit.