coming out | Bolgarov Brat

Good Morning
Russia
« Vladounet !! » Dérapage contrôlé et le russe se retrouvait déjà face à son petit frère. Les couloirs du ministère étaient bien plus calmes durant les vacances d'été laissant bien plus de place pour faire de la trottinette tranquillement. Certains employés, qui devaient sûrement travailler plus pour compenser les départs, lui lançaient des regards sombres qui accusaient le coup. Dimitri n'était définitivement pas l'homme le plus apprécié de ses collègues et encore moins de ses employés, et le fait qu'il soit justement en train de faire de la trottinette en plein milieu de la matinée en était peut-être la raison. Cela dit, même si le Russe semblait totalement irresponsable, il gérait bien mieux son image qu'on pourrait le penser et sortir avec un journaliste politique était définitivement une bonne idée. Ce nouveau statut l'amusait fortement et donnait un peu de piquant dans sa vie. Ironie quand on savait la monotonie dans laquelle vivait son petit copain, Hippolyte Nemours.

« Tu n'arrêtes vraiment jamais de travailler ! Tu sais je pourrais demander à mes employés de faire ton boulot. » Il ébouriffa les cheveux de son petit frère et lui offrit un magnifique sourire. Ce n'était pas tous les jours qu'il le croisait dans les couloirs et même s'il faisait tous les jours l'effort de venir le voir, il était trop heureux de pouvoir le voir un peu plus. Son rayon de soleil personnel. « Oh, il est trop mignon ton noeud papillon. Pas autant que toi, mais mignon quand même. » Les compliments entre les deux plus jeunes de la famille n'avaient plus rien de surprenant et Dimitri se faisait un malin plaisir à le faire devant les autres, histoire de déranger l'opinion publique. Le plus vieux allait commencer à raconter sa petite vie, quand il aperçut en arrière plan un visage qu'il connaissait que trop bien. « Voilà l'autre pingouin. »

« NIKOLAI !!! » Dimitri paraissait trop joyeux de le voir pour être honnête et le chef des aurors devait se douter que ce dernier lui préparait un sale coup. Embêter le plus l'aîné de la fratrie était certainement une de ses activités favorites et il y consacrait une bonne partie de sa journée. Cette fois, il n'avait pas besoin de chercher très loin pour l'embêter, simplement de lui mettre sous le nez sa dernière situation amoureuse. « J'ai une grande nouvelle à vous annoncer … Je suis officiellement en couple. T'en fais pas Vladounet, tu seras toujours mon préféré. » Une sourire de gamin impatient. Il n'attendait qu'une seule chose, la question fatidique, pour pouvoir balancer le prénom de ce fameux roméo.
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Personne ne pouvait décemment autant avoir la classe que lui, c’était impossible. C’était ce que Vladimir se répétait, sûr et confiant, alors qu’il traversait le couloir qui menait au département des Mystères. Tout avait été étudié jusqu’au millimètre près, et il aimait cela : que ce soit jusqu’au choix de son nœud-papillon framboise écrasé assorti à l’anthracite de son costume digne d’un premier de la classe trop propre pour être honnête, jusqu’au petit sourire en coin mi-malicieux mi-démoniaque, en passant par la démarche traînante et assurée. Ne manquaient plus qu’un lâcher de colombes pour fignoler son passage et c’était parfait. Vladimir adorait ça, il ne s’en lassait jamais – et cela expliquait pourquoi il passait tant de temps à rôder dans les secteurs les plus grouillants d’employés : tester son aura était un jeu qui ne l’ennuierait pas tant qu’il pouvait sentir que cela fonctionnait.

« Vladounet ! » Au lieu de gâcher son plaisir, la voix qui résonna à son oreille le fit éclater d’un rire profondément enfantin, et signait le début d’un long échange en russe que personne ne comprendrait. Vladimir Bolgarov ne pouvait jamais être énervé, surtout pas quand c’était son grand frère Dimitri qui venait perturber sa routine de paon fier et orgueilleux. Il était tout à coup encore plus enthousiaste, ravi à l’idée de sentir qu’autour d’eux, les quelques salariés qui les avaient identifié sans peine craignaient de deviner quelles catastrophes ils allaient encore provoquer. « Diminouuuuu, mon mignoooooon ! » répondit-il en écho au lauréat multiple du plus beau sourire avant de le laisser docilement détruire sa coiffure – il en avait parfaitement le droit.

Il poussa gentiment son frère, le regardant en hésitant à peine une milliseconde alors qu’il lui proposait de faire faire le sale boulot à sa place. En réalité, Vlad aimait trop son travail pour vouloir le donner à quelqu’un d’autre – et puis il ne serait en aucun cas aussi bien fait ! « Tu sais très bien que tout ce qui se passe au Département des Mystères doit rester secret … » Œillade canaille, avant que le cadet Bolgarov n’apprécie le compliment de son aîné. Avec orgueil, il lissa un pli invisible de l’accessoire porté à son cou, tout bouffi de joie comme le fils à maman qu’il pouvait être. « Mama me l’a offert. Elle et toi vous les choisissez presque aussi bien que moi ! »

Mais trop tard, déjà « le Pingouin » mettait fin à ces sympathiques retrouvailles. « Arh. » Vladimir leva les yeux au ciel non sans un petit rictus moqueur, et pivota vers Nikolaï pour lui adresser une moue profondément angélique. « Ravi de te voir, frère. » Dans sa bouche, tout sonnait comme un affront, pourtant en apparence on aurait presque pu croire à de la sincérité. Les hostilités auraient été entamées sans aucune difficulté si Dimitri n’avait pas choisi de faire éclater une bombe sous leurs nez – comme toujours avec lui, et cela expliquait en soi qu’il ait accueilli aussi joyeusement la présence de Nik.

Vlad haussa les sourcils, partagé entre le bonheur de la nouvelle, la curiosité de savoir qui était le mystérieux individu qui avait décidé de s’introduire dans la vie de son frère – et pas seulement … -, et aussi l’incapacité à partager son Dimitri. A lui, rien qu’à lui. « C’est qui ? » demanda t-il, boudeur comme un enfant de cinq ans.

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Il aurait aimé ne jamais entendre son prénom crié par cette voix qu'il ne connaît que trop bien. Cette voix énervante, cet accent russe, ce ton joyeux synonyme d'ennuis immédiat. Le russe se tourne, faisant face à ses deux adorables petits frères. Il soupire d'avance, il sait que l'échange qui va se dérouler dans les minutes qui suivent dans leur langue maternelle aura le don de l'énerver. Personne ne devrait en douter, Nikolaï tient à ses frères plus qu'à sa propre vie. Rares sont ceux au ministère qui ont idée de tout ce qu'il pourrait faire pour eux – il s'en assure personnellement, persuadé que ça n'arrangerait en rien leur situation familiale si le monde savait. Mais cela ne l'empêche pas de haïr ces réunions de familles non planifiées, ces moments où ses deux cadets semblent prendre un malin plaisir à le rendre fou au bureau. Et Flaversham n'est pas là, il n'a personne sur qui se défouler, se servant comme unique prétexte une montagne de rapports mal remplis par le soi-disant meilleur auror du bureau. Il se dirige droit vers eux, le dos droit, l'air sévère qui ne le quitte jamais au Ministère.

— Dimitri, combien de fois je vais devoir te répéter de ne pas hurler mon prénom dans les couloirs comme un gamin de cinq ans ? Il ne l'avouera jamais Nikolaï, que la raison qui le pousse à détester autant ces discussions, ce n'est pas qu'elles soient inadaptées. Le russe leur offre l'avantage de la confidentialité, les gens s'arrêtent devant ce spectacle au premier abord inhabituel, sans ne jamais rien comprendre. Non, ce qui le gêne le plus c'est que ces instants sont trop rares, ils lui rappellent que ses frères sont des nuisances dans son quotidien, appuyant bien sur le fait qu'il aimerait que ça change. Mais ce n'est pas le cas et l'air trop mignon de Vladimir lui fait faire face à une réalité beaucoup plus sombre.

Il hausse un sourcil, ses mains enfoncées dans les poches de son trench-coat. La grande nouvelle de Dimitri l'inquiète, le nom de sa copine – ou copain, il ne sait pas vraiment quel sexe son frère a préféré cette fois – encore plus. Il n'est pas réellement stupide Nikolaï, il sait que son cadet n'a jamais voulu lui faire partager sa vie privée – et encore moins sentimentale. Alors s'il lui annonce comme ça, et pas uniquement à Vladimir lors d'une des grandes conversations qu'ils ont – celles qui lui rappellent que ses frères sont mieux sans lui – c'est qu'il y a un risque qu'il n'apprécie pas l'identité de la fameuse personne.

— Félicitation. Ne sachant comment réagir à la nouvelle, il reste classique, sortant à Dimitri la phrase la plus passe-partout au monde. Je pensais pas qu'il y aurait quelqu'un de suffisamment patient pour te supporter en tant que copain. Il a conscience de s'exposer à des réflexions. Lui n'a jamais annoncé ce genre de nouvelle à ses frères.
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« Oui, très secret, bien sûr. » Cela faisait bien longtemps que les Bolgarov se fichaient éperdument de savoir ce qui pouvait être secret ou pas dans le ministère. Il mettait leurs nez dans toutes les histoires et connaissait à peu près toutes les sales histoires du moment et le mieux placé pour le savoir était exactement la personne qui venait de tourner dans leur couloir, Nikolai. Comme toujours, il ronchonna face à l'attitude du benjamin de la fratrie. Il fallait avouer qu'aujourd'hui plus que d'habitude, Dimitri en faisait des tonnes, bien trop fier de sa nouvelle. Ce n'était pas vraiment le fait d'être en couple qui le mettait de si bonne humeur devant ses frères, mais plutôt la hâte de leur balancer l'identité. « Arrête un peu de râler, tu pourrais faire semblant d'être content de nous voir, nous les plus mignons de la famille. » Un clin d'oeil moqueur à l'égard du plus âgé qui avait sûrement toutes les raisons du monde faire la tête.

Néanmoins, rien ne pouvait entamer la bonne humeur de Dimitri. « [i]Tout le monde me voudrait en copain, pas vrai Vladounet ? » Bien qu'il soit assez sûr de lui, le russe doutait très largement de ses paroles, mais ce n'était pas vraiment le sujet du jour. Il tapota du bout du doigt le nez de Vladimir en souriant. « Ça c'était la bonne question ! Heureusement que tu es là ! » Malgré son sourire de gosse, on pouvait voir un regard malicieux en direction de son grand-frère. Il était sûr que la nouvelle allait faire l'effet d'une bombe. « Alors, je suis sûre que vous le connaissez tous les deux, parce que je sais que vous adorez la politique. » Dimitri se doutait que ses deux frères lisaient la gazette et particulièrement le plus âgé, qui devait connaître tous les noms des journalistes. Surtout avec tout le temps qu'il passait avec l'idiote de Austen.

« J'ai le plaisir de vous annoncer, avant le reste du monde, que je sors avec … Hippolyte Nemours. » Il contempla non sans un certain sourire malsain la réaction de son grand-frère, qui allait très certainement tomber de très, très haut en apprenant la nouvelle. S'il pouvait sortir avec quelqu'un dans le genre de l'anglais, dieu seul pouvait dire ce qu'il pouvait encore faire. Dimitri avait toujours eu les médias dans la poche, mais là c'était carrément dans son lit et ses frères mieux que personne, pouvaient comprendre la dimension que cela pouvait prendre.
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L’aîné des Bolgarov n’était guère connu pour son enthousiasme permanent. Bien au contraire il avait toujours été d’une nature un tantinet pessimiste et c’était, des trois, celui qui avait la plus grande capacité à être rabat-joie. Un trait de caractère dont les deux cadets aimaient à se moquer avec la subtilité qu’on leur connaissait – dommage, malheureusement, que ces taquineries à l’égard de Nikolaï soient toujours un peu trop aiguisées. « C’est dans sa seconde nature de râler, Dim. » tempéra, faussement compréhensif, le jeune russe non sans couler un regard innocent vers l’intéressé.

Ils pouvaient passer des heures à s’allier contre le chef des Aurors mais aujourd’hui, Dimitri avait changé la donne en annonçant une grande nouvelle, une de celles qui appartenaient à la catégorie des grains de sables capables de vous chambouler une journée parfaitement rôdée. Si habituellement, Vladimir raffolait des surprises de son frère, celle qu’il leur concoctait sentait légèrement le roussi – et c’était sans aucun doute le côté un brin possessif du Langue-de-Plomb qui le rendait aussi réticent à appréhender l’identité de celui qui allait lui voler, oui, voler son Dimitri.

Le nom d’Hippolyte Nemours fut lâché et curieusement, le patronyme lui était familier. En y réfléchissant, le benjamin de la famille se rappela alors l’avoir déjà lu dans les pages de la Gazette du Sorcier : un journaliste, son frère rencardait un journaliste. Voilà qui allait achever de mettre Nik dans une humeur hilarante. Un grand sourire de circonstance – ses préférés, ceux qu’il s’entraînait à exécuter devant son miroir chaque matin pour les faire toutes craquer – s’étala sur son visage juvénile et Vlad colla une bourrade dans le dos de son frère. « Félicitations ! En tout cas, bonne stratégie : il ne faut jamais sortir avec quelqu’un de plus beau que soi, tu as tout compris. » Après tout, une carrière de journalisme n’augurait pas d’avoir un bon physique.

Le regard malicieux du brun se tourna alors vers le dernier à réagir, pétillant d’idées toutes plus foireuses les unes que les autres. « On pourrait faire un repas de famille pour fêter ça. Oh non, j’ai une meilleure idée ! Faisons une petite soirée chez ce cher Nik. Quoi de mieux pour accueillir un nouvel arrivant dans la famille ? » Il ne lui accorda même pas une seule seconde de réflexion ou d’opposition, poursuivant sur un ton mielleux digne d’un célèbre serpent de dessin animé moldu. « On connaît tous tes talents d’hôte hors pair, frangin. » Et une blague subtile, une.

A mieux y penser, si Dim s’était trouvé quelqu’un, il fallait absolument que lui aussi se retrouve chaussure à son pied. Dans son esprit, l’image d’une petite brune bien familière lui trottait, mais il n’y avait pas que lui dans ce pétrin de jeune célibataire fringant : son glaçon de frère était aussi délaissé qu’un chien sur une aire d’autoroute. Et son cas était bien plus urgent que sa propre situation. « D’ailleurs peut-être que tu devrais te trouver une petite copine ou un petit copain, toi aussi, ça te détendrait. Le pouvoir de l’amour, ça change un homme ! Et tu pourras enfin arrêter de fêter Noël tout seul. Quelle déprime, mon frère … » Vladimir avait toujours peur que Nikolaï finisse par acheter un tabouret et deux mètres de corde – mettre fin à ses jours un soir aussi festif aurait été un réel gâchis, surtout pour le champagne et le foie gras.

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Il y a de bonnes et de mauvaises nouvelles, et puis il y a celles qui donnent carrément envie de rentrer chez soi pour cacher sous la couette en priant pour que cette journée soit un cauchemar. La grande annonce de Dimitri faisait sûrement partie de la troisième catégorie aux yeux de Nikolaï qui ne semblait pas prendre l'identité du copain comme une bonne chose. Il y en oublie immédiatement les réflexions presque blessantes que lui ont lancés ses frères – de ça, il en a l'habitude après tout, ce n'est rien comparé à la catastrophe qui est en préparation. Savoir que son frère a réussi à se mettre dans une situation qui promet d'être critique au point qu'il soit dans l'incapacité de régler facilement le problème quand celui-ci viendra – pour l'auror c'est une certitude, son frère va forcément rendre les choses impossibles – il en a presque envie de pleurer. Des années à faire en sorte que tout aille bien dans sa famille, que son frère n'aille pas en prison ou ne se fasse pas virer, et voilà que celui-ci anéantit ses efforts pour quelque chose d'aussi futile qu'une relation qui ne passera sûrement pas la barre des trois mois.

— Hippolyte Nemours, l'analyste de la Gazette ? Il ignore pourquoi il demande confirmation – c'est forcément ça, son frère a eu l'intelligence de se taper le journaliste politique du journal le plus lu par jour. Quelle idée. N'importe qui sait qu'il faut être proche des journalistes – et Dimitri fait normalement ça à la perfection mais là, il a dépassé une limite qu'il aurait dû se fixer. Tu es un grand malade Dimitri. Tu as intérêt à faire super attention, et à ne rien lui dire de compromettant, parce que te connaissant, tu vas encore prendre tout ça comme un jeu. Je sais que ça va mal finir et il est hors de question qu'on tue un journaliste à cause de toi.

Il se demande parfois ce qu'ils feraient sans leur langue maternelle. Il se tourne vers le plus jeune des trois en soupirant. Vladimir, sous sa gueule d'ange, est parfois bien pire le son grand frère. Il a l'habitude de ce genre de réflexions – sur son célibat, sur sa capacité à être amicale avec des gens, et plein d'autres choses. Ce qui compte à ses yeux, c'est la famille et pour l'instant il est sûr que Hippolyte Nemours n'en fera jamais parti.

— Il est hors de question qu'on l'invite chez mama, ou pire, chez moi. Vous voulez qu'on se fasse arrêter ou quoi ? Il a conscience du nombre de choses présentes dans son appartement qui suffiraient à le faire condamner – en commençant par tous les dossiers portant les noms de ses frères qu'il possède. Je te remercie Vladimir. Je te rappelle que je suis pas le seul ici à passer Noël tout seul, alors au lieu de me donner des conseils, tu pourrais te contenter de faire comme d'habitude et suivre le mauvais exemple que te donne Dimitri.
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Cette nouvelle était sûrement à la hauteur des espérances et le ministre ne pouvait s'empêcher de sourire en voyant les réactions de son frère. Entre le plus jeune que se montrait enthousiaste, mais avec une certaine retenue que Dimitri plaça rapidement sur le dos de la jalousie et le visage réellement désespéré du plus âgé qui était sûrement en train d'implorer le ciel de lui donner des frères un peu moins barges. « T'en fais pas Vladounet d'amour, tu seras toujours le plus beau à mes yeux. » Le russe ne savait même pas pourquoi il avait besoin de le préciser, ce n'était pas un secret, son petit frère était absolument tout pour lui et aucun petit copain au monde ne pourrait concurrencer. Avec un air plus que amusé, il se tourna en direction de Nikolaï. « Lui-même. » Une confirmation qui semblait fortement agacé l'auror, si bien que ce dernier commença déjà les hostilités. En seul réponse Dimitri lui offrit un air satisfait. « Tout es t un jeu voyons ! En fait, tu es jaloux parce que tu es obligé d'affirmer mon génie, maintenant la gazette n'est plus un problème pour moi. »

Son sourire était totalement malsain. « Puis t'en fais pas, je sais me débarasser moi-même de mes obstacles. » Si l'anglais se tenait là, il serait sûrement choqué en entendant les paroles du russe, seulement ce que tout le monde ignorait, c'était qu'il n'imaginait pas une seule seconde faire du mal à ce journaliste avec qui il se sentait finalement plutôt bien. Cela dit, il ne pourrait pas dire lui-même combien de temps cela pourra bien tenir, mais il appréciait secrétement cette relation et surtout l'aspect novateur qu'elle pouvait avoir. L'invitation de Vladimir le fit beaucoup rire, à l'instar de son frère qui ne pouvait s'empêcher de jouer sa Cassandre en annonçant une fin funèstre. « Je trouve l'idée de Vladimir parfaite ! Je l'inviterais peut-être un jour à une soirée jeux de société, se sont mes préférées ! » Pour rien au monde Dimitri ne raterait une soirée jeux, car c'était un peu le seul moment du mois où il avait l'impression d'avoir une famille comme tout le monde -ce qui n'était définitivement pas le cas.

La dispute qui suvit l'amusait fortement, comme toutes les autres. « Vlad à raison, tu pourrais te trouver un copain… Genre un de tes employés trop mignons... les Flavershams. Grrr ! Qu'ils sont sexy, je les prendrais bien pour mon quatre heures ! » L'avantage de parler en russe, c'était que personne ne pouvait comprendre, cela dit, il était presque sûr qu'il n'hésiterait pas une seule seconde à le dire en anglais. « En plus, je suis sûr que Vladimir va nous trouver une ravissante petite amie pour les fêtes, il faudrait être aveugle pour ne pas succomber à son charme… » Son regard se posa sur Nikolaï. « Enfin, sauf toi. Après tout, tu n'aimes personne. » Une méchanceté habituelle qu'il servait à construire une frontière entre lui et eux.
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Tout de suite les grands mots. Nikolaï n’était décemment pas quelqu’un de marrant, et à la seconde où Vladimir commençait à l’oublier, son aîné de grand frère se chargeait en personne de le lui rappeler. C’était fou d’être si emporté. Le Langue-de-plomb accorda un sourire tout enchanté à Dimitri, rassuré de savoir que sa place restait unique et indétrônable, avant d’objecter, on ne peut plus sérieux. « De quoi tu te plains ? On va pouvoir faire la une de la Gazette, Nik ! C’est exactement le genre de publicités qu’il nous faut. » Si on pouvait accuser Vladimir d’être sur un petit nuage de sucre filé, Nikolaï manquait cruellement d’optimisme. Il ne parvenait pas à saisir les opportunités là où elles pouvaient se trouver – celle-ci, par exemple, consistait à profiter de ce journaleux fraîchement mis dans la poche de Dimitri pour éviter les articles foireux sur eux. Ou au contraire, pour réclamer une petite interview histoire de dorer son blason.

En tout état de cause, Vladimir ne pouvait croire que les choix de son frère aîné n’étaient pas mûrement établis ou réfléchis. Il ne faisait jamais n’importe quoi, c’était une vérité générale qu’il osait énoncer sans crainte. Aussi, l’existence toute récente d’Hippolyte dans la vie amoureuse de Dim signifiait nécessairement que ce Nemours devait être tout à fait charmant. « Fais-nous donc un peu confiance. Moi, Dim, je te fais totalement confiance. » clama pompeusement le benjamin de la fratrie. Pendant qu’ils se chamaillaient allègrement dans les couloirs du Ministère, les employés les observaient en passant, à la fois intrigués et décontenancés par ce manège plutôt habituel.

Vlad se retourna finalement entièrement pour faire face au quadragénaire, envoyant un coup d’œil mauvais à son adresse. « Ne sois pas jaloux, brat. C’est très moche, ça ! » Depuis quand le fait qu’il suive son frère le dérangeait ? Après tout, ils étaient les deux fils dénigrés, ceux que leur père ne reconnaîtrait jamais complètement. Cette situation arrangeait forcément le chef des Aurors, qui pouvait profiter tant qu’il voulait du piédestal qu’on lui avait attribué. Qu’il ne vienne pas les priver de la complicité dans laquelle on les avait tous précipités. Et heureusement que le plus petit des trois Bolgarov pouvait trouver un soutien infaillible en la personne de Dim, qui approuvait son idée de trouver l’amour pour Nikolaï. Car la mission semblait plus compliquée pour lui que pour Vlad, mais ils pouvaient ensemble, avec un peu de chance et beaucoup d’huile de coude, y arriver.

« Enfin ! C’est toi qui vois, mon cher. Mais ne viens pas râler parce que tu te retrouves face à une chaise vide à Noël ! Et on engagera pas de call-girl pour donner le change. » Le prix des prostituées de luxe commençait à devenir bien trop élevé pour qu’ils se permettent des dépenses aussi peu productives. Nik devait apprendre à ouvrir son cœur, voilà tout. « Tu vas briser le pauvre cœur de Mama qui aimerait juste que tu te trouves quelqu’un … » soupira le brun d’un ton désolé. Leur mère avait sans doute eu plus de fois qu’il n’était recommandé le cœur secoué par des nouvelles – la plupart du temps, mauvaises ou très mauvaises. Elle aussi avait besoin d’un peu de bonheur !

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— C'est exactement le genre de publicité qu'il ne nous fait pas, répète le plus âgé en insistant bien sur la négation. Il n'arrive pas à se faire à l'idée que ses frères sont suffisamment inconscients pour voir du bon dans la nouvelle qui vient d'être annoncée – pas stupides, il sait très bien que ses cadets sont capables de faire preuve d'une grande intelligence quand il s'agit de se sortir de situations compliquées ou de transformer son quotidien en enfer. C'est pas en vous que j'ai pas confiance. Enfin, ça se discute. La capacité des deux plus jeunes à se mettre dans des galères toujours plus compliquées le stresse plus qu'il voudra bien se l'avouer à lui-même. Mais un journaliste. Tu as l'air convaincu que la Gazette n'est plus un problème mais si ça se trouve ce Nemours fait juste ça pour te faire tomber. Il est peut-être plus dangereux que tu le penses, plus fourbe. Si ça se trouve, c'est toi qui te fait manipuler, conclut le russe. S'il connaissait un minimum l'anglais, il rejoindrait sûrement l'avis de son cadet – ce garçon est totalement inoffensif.

Il soupire face aux conneries que peuvent lui sortir ses frères. Des fois, il se demande comment ils arrivent à être aussi inventifs en matière de conneries. C'est un don qu'ils ont reçu à la naissance – un don dont il se serait bien passé d'ailleurs vu que c'est toujours son rôle de régler les problèmes que ses frères pensent trop mineurs pour avoir la moindre importance. Alors qu'au contraire de ça, les détails inutiles sont mis en valeur avec une facilité qui frôlent le ridicule. Qu'est-ce qu'ils ont à vouloir le caser avec quelqu'un – il est très bien dans son quotidien de célibataire, à s'occuper de ses dossiers, de son chat et des abrutis qui travaillent sous ses ordres.

— Dimitri, tu es prié de laisser les Flaversham en dehors de cette histoire. Nikolaï soupire, il ne sait pas ce que tout le monde trouve aux deux frères. Ils sont plutôt pas mal, il ne dira pas le contraire, mais de là à supporter les délires lubriques de son petit frère. Vraiment, je plains ton copain si tu penses déjà au suivant. Il ne se rappelle de toute façon pas avoir connu le ministre dans une relation stable, alors il ne voit pas pourquoi ça devrait changer maintenant. Et arrête ta comédie. Je le connais ton beau discours de mon frère n'aime personne et ne trouve même pas Vladimir mignon. Ils ne le nieront pas, le potentiel mignon du benjamin est un sujet d'une importance extrême au sein des conversations des Bolgarov. Et toi, Vova, je t'interdis de parler du cœur de Mama. Je pense qu'elle se fiche pas mal que je me trouve quelqu'un ou non. Surtout que comme vous me le faites assez remarqué, je suis trop vieux pour ces conneries.
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Ce qui était réellement amusant dans cette conversation entre frères, c'était qu'ils pensaient toujours l'inverse et que Dimitri pouvait toujours profiter de deux avis radicalement opposés. L'un trouvait que c'était un bon coup de publicité, tandis que l'autre affirmait que c'était tout le contraire. Le ministre souriait devant les réactions parfaitement prévisibles des deux autres. « Mais bien sûr, tout le monde sait que je suis une personne fiable. » Il rigola lui-même à sa boutade, avant d'adresser au plus jeune un clin d'oeil plein de malice. Bien sûr, Nikolaï le paranoïaque ne partageait clairement pas l'avis de l'autre et décida de lui faire la morale, sortant des arguments étranges qui rendit Dimitri franchement hilare. « J'ai une tête à me faire manipuler ? Non sérieusement Nikolaï, tu me prends pour un novice ou quoi ? Puis on parle de Nemours, il ne ferait pas de mal à une mouche. » Il voyait mal comment un homme lavant son chien à la lavande pouvait être maléfique et voyant encore moins bien en quoi cela sera difficile de s'en débarrasser dans ce cas.

Maintenant que sa nouvelle du jour avait été donné, il pouvait retourner à son occupation favorite, se moquer du plus vieux. Le faire tourner en bourrique était très certainement le jeu le plus amusant du monde, avec Risk. « Laisse mon copain en paix et essaye pas de changer de sujet, tout le monde sait que tu en pinces pour Basile Flaversham et que c'est pour ça que tu le convoques tout le temps dans son bureau. » Bien sûr, c'était un mensonge, enfin du moins absolument pas véridique, mais il trouvait cela amusant de lancer de fausses rumeurs, qui mettront le brun en colère. « Je constate juste tu sais. » Un clin d'oeil, avant de rigoler à la dernière réplique du plus vieux, qui s'adressait au plus jeune. « L'amour n'a pas d'âge et en plus il rend aveugle, deux bonnes nouvelles pour toi. » Une petite tape sur l'épaule du plus vieux, avant de re-grimper sur sa trottinette. « Ce n'est pas tout, mais j'ai un boulot moi, je vous laisse. Vladounet, on se voit ce soir ! BISOUS. » Sans plus tarder, il disparut à travers la foule.
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hs : clos pour moi.

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Ecouter le débat entre ses deux frères divertissait fortement le plus jeune de la fratrie. Il adorait déjà les voir s’écharper durant les repas de famille, mais quand leurs petites querelles prenaient place au Ministère, c’était encore mieux, car à leurs dialectes russes enflammés se rajoutaient les regards interloqués des employés qui n’y comprenaient rien – c’était en quelque sorte la cerise sur le gâteau. « Voyons, les anglais sont bien trop stupides pour être aussi diaboliques, Nikolai ! » Et le benjamin de rire le plus joyeusement du monde.

Il semblait ne rien prendre au sérieux, mais dans les faits, Vladimir écoutait bien plus qu’il ne le laissait croire ses deux camarades. Comme à chaque fois, Nik faisait preuve d’une paranoïa déconcertante et jouait les procéduriers tandis que Dimitri, lui, était outrageusement confiant. Une qualité qu’il admirait chez ce dernier et qu’il appréciait bien davantage par rapport aux précautions jugées inutiles que prenait le plus âgé. Alors lorsque Dimitri annonça de but en blanc qu’il n’y avait pas de raison de douter de lui, le Langue-de-plomb hocha la tête. « J’approuve. » Rien de surprenant à tout cela, c’était même plutôt l’inverse qui était anormal. Le jour où Vlad soutiendrait Nik face à Dim, les Scroutts auraient des plumes.

Son regard se dirigea vers le chef des Aurors, beaucoup moins tendre tout à coup. Il avait une sainte horreur d’entendre qui que ce soit chez les Bolgarov lui donner des ordres de cette façon – et venant de Nik, la pilule passait d’autant moins bien. « Tu ne m’interdiras rien du tout ! » répliqua un Vladimir aussi vexé qu’un enfant de cinq ans et demi à qui on venait de taper les doigts. « Si Mama t’entendait. Enfin, bon. Comme dirait Dimitri, peut-être qu’il te faut juste un coup de pouce avec ce Flaversham. J’irai le voir, tiens. » Encore une idée lumineuse qui allait coûter cher à l’aîné de la fratrie.

« A plus taaaard ! » cria t-il à l’adresse de Dimitri qui s’échappait sur sa trottinette, repartant comme il était venu. Ne restait plus que lui et Nikolai, déconfit et sans doute bien énervé par cet échange. « Et toi, j’espère que tu y réfléchiras à deux fois avant de venir seul au repas de Noël ! » Le jeune homme adressa un regard lourd de sens à son aîné avant de tourner les talons et de s’éloigner vers son département. Comme toujours, les conversations des Bolgarov étaient riches en émotions.

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Flashing teeth of Brass, standing tall in the dark
Malgré ce que peuvent penser tous les employés du ministère, Nikolaï ne déteste pas se disputer avec ses frères. Alors bien sûr, il préférerait naturellement des conversations posées qui ne s'arrêteraient pas à une opposition entre deux camps figés – deux équipes dont il n'a jamais eu le moindre mot à dire sur la composition. Mais non, l'aîné apprécie ces instants où les deux plus jeunes acceptent suffisamment son existence pour faire de sa vie un enfer. Il préfère ça, il se répète sans cesse qu'au moins ils ne sont pas à l'ignorer, le laissant dans une solitude bien trop triste pour qu'il puisse vivre avec. Du moins, c'est ce qu'il pense habituellement avant de les croiser – parce qu'au bout de quelques minutes en leur compagnie, il a à nouveau envie de les faire se responsabiliser à grands coups d'enseignements soviétiques qui rendent chaque enfant beaucoup moins individualiste. Aujourd'hui, le problème n'est même pas à leur dernière connerie mais aborde un sujet beaucoup plus gênant chez les Bolgarov – les relations amoureuses. Ils peuvent se moquer tous les deux, mais mis à part cette nouvelle passade de Dimitri, les trois sont tristement seuls toute l'année et rien ne semble sur le point de changer.

— Je vous promets que le premier qui parle à Basile Flaversham, je m'arrange pour qu'il passe quelques jours à Azkaban. L'éternel menace qui a aussi peu de poids qu'un je te prive de dessert prononcé par une maman gâteau. Nikolaï passe sa vie à faire en sorte que ses deux frères évitent la prison, et ce n'est pas pour les envoyer lui-même quelques jours plus tard. Il en a conscience, encore plus alors qu'il voit ses frères partir pour retourner travailler – quelque chose qu'il s'apprêtait à faire avant d'être interrompu dans sa course jusqu'au bureau par les deux russes. Il soupire suite à la remarque du plus jeune. Trouver une copine deux heures avant le réveillon juste pour donner l'impression de ne pas être seul, c'est ridicule. Tu ferais mieux de t'en rappeler, dit-il en soupirant à Vladimir qui s'éloigne. Il sent que cette année encore, Noël promet d'être épuisant – et pourtant, c'est dans plus de quatre mois.
electric bird.

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