« Et elle tu lui mets combien ? » Du bout du doigt et de manière absolument pas discrète, elle pointa une petite brune qui passait dans le couloir avec son groupe de copines habituelles que Andy ne portait pas vraiment dans son coeur d’ailleurs. Seulement le jeu des notes était définitivement ce qu’elle avait trouvé de plus drôle à faire pour passer le temps, surtout que Kieran semblait parfaitement partant. Parfois il lui demandait pour un garçon qui passait, mais elle se contentait de ne pas répondre et de pointer quelqu’un d’autre pour faire diversion. La blonde n’avait pas vraiment d’avis et préféré de loin écouter son ami critiquer la moitié de la gente féminine du château. « Il paraît qu’elle est amoureuse de Bennett Harvey, c’est bizarre non ? » Toutes les filles de cet âge adulaient les garçons populaires de l’école, une sorte de norme absolue qui les rendaient toutes plus fades les unes que les autres, mais quitte à avoir le béguin pour un de ces mecs, autant prendre celui qui n’avait pas l’air trop bizarre.

La petite se tenait fièrement assise sur un rebord de fenêtre, donnant vue sur absolument tout le couloir. A ses côtés, son nouveau et très fidèle ami, se tenant à quelques centimètre. Depuis l’accident nocturne de la petite, ils étaient rapidement devenus inséparables et adoraient passer du temps ensemble pour faire les quatre cent coups, souvent accompagné du deuxième jumeau diabolique -qui était malheureusement occupé à son entraînement pour poursuiveur. « Et elle ? Je suis sûre que tu la trouves jolie ! » Sans aucune subtilité, elle pointa une autre fille, un peu plus grande qui venait d’entrer dans le couloir avec une jolie tresse qui lui servait de couronne -le genre de coiffure que la petite ne savait absolument pas faire.

Kieran pose son regard sur la fille que lui indique Andy – un petit six d'après lui, et encore. Il n'a jamais été très fan des brunes et il se doute que cela se ressent dans toutes les notes qu'il donne sans complexe à la petite Poufsouffle assise à côté de lui. Beaucoup qualifieraient leur jeu de méchant, surtout qu'ils ne prennent pas la peine d'être discret. De toute façon, ces filles n'ont pas la moindre importance à ses yeux, contrairement à sa coéquipière à qui il lance un sourire amusé. Savoir que les filles qui passent sont à fond sur l'un de ces mecs honteusement populaires le fait particulièrement rire. Il ne comprend pas ce qu'elles peuvent bien leur trouver – ils ne sont ni plus beaux ni plus intelligents que d'autres, et c'est loin d'être de la jalousie quand il pense ça. Contrairement à beaucoup de garçons de son âge, l'écossais refuserait même d'appartenir à ce groupe élitiste même si on le payait. Il préfère son quotidien tranquille à faire des blagues en compagnie de son jumeau – un quotidien qui vient quand même d'être bouleversé depuis cette nuit où il a trouvé Andy seule dans un couloir de l'école.

— Je vois pas ce qu'elles lui trouvent. Ce mec a l'air tellement ennuyant, lâche-t-il avec un soupir. Le pire à ses yeux reste quand même le meilleur ami du batteur qui se trouve également être le capitaine de l'équipe de Gryffondor. Donovan Risenfield n'est sûrement pas méchant mais il y a de nombreuses choses chez lui qui l'insupporte – comme le fait d'être systématiquement entouré d'une bande de filles toutes plus stupides les unes que les autres. Elle ? Potable. Je dirais 6 et encore je suis gentil. Sérieusement, c'est quoi cette coiffure sortie d'un conte de fées ? Ayant conscience d'être légèrement méchant, Kieran préfère se taire en attrapant quelques bonbons dans le gros paquet qu'il a posé entre eux. Une fois avalés, il regarde Andy. Enfin tu vois, c'est clairement le genre de filles niaises qui se prennent pour des princesses. J'aime pas ça. Il préfère les filles un peu casse-cou, les filles plus comme celle qu'il a à côté de lui.

« Ouais, j’avoue qu’il a l’air un peu limité, mais je suis sûre que toi aussi, tu aimerais avoir toutes les filles à tes pieds. » Andy se bidonnait déjà en imaginant Kieran en homme à femme de poudlard, bien sûr, il ne l’était pas, mais si jamais il le devenait, elle ne se passera pas de se foutre de sa gueule pendant des heures. Andy adorait ce jeu, tout simplement parce que presque à chaque fois, il collait de mauvaises notes aux filles qu’elle détestait et c’était d’une certainement manière jubilant. « Six ? Pas mal, mais si je te dis qu’elle pue de la gueule tu lui mets combien ? » La gentillesse n’était pas forcément la première des qualités de la petite, qui rigolait elle-même à sa connerie, de son rire si enfantin. « Ah ouais, sûrement. » Pour elle, presque toutes les filles de la terre avaient des airs de princesses, alors elle préférait ne pas répondre à la question.

Une soudaine question lui vint alors à l’esprit, c’était quoi le genre de fille que Kieran aimait si ce n’était pas les jolies et parfaites filles. Balançant ses jambes le long du muret, elle attrapa un bonbon dans le paquet avant de regarder le garçon avec qui elle adorait passer ses journées. « Du coup, c’est quoi ton genre de filles ? Ou mec ? » Un sourire espiègle, face à cette petite variante hasardeuse qu’il l’amusait sincèrement. « Laisse moi devinez… Les blondes ou les rousses, intellos et … QUI ÉCRIVENT DES POÈMES. » Elle explosa de rire, avant de donner un petit coup amicale au garçon en souriant. « Non vas-y, je donne ma langue au chat. » Se moquer de Kieran était vraiment drôle, mais il fallait savoir écouter.

Noter les filles qui passent avec Andy avait quelque chose d'extraordinairement drôle, sûrement parce que la petite blonde semble en connaître une bonne partie et qu'elle prend un malin plaisir à commenter ses notes pour qu'il les revoit à la baisse. Cela pourrait être vu comme cruel – ça l'est, clairement – mais il sait très bien que ce sont les mêmes filles qui critiquent sa nouvelle amie quand celle-ci a le dos tourné, alors il ne se gêne pas pour leur rendre la pareille. Kieran n'est pas vraiment méchant mais il y a certaines personnes à qui il est préférable de ne pas trop s'en prendre – son frère jumeau et les quelques amis qu'il a en font clairement partie si on ne veut pas se retrouver avec du poil à gratter dans le pull en plein hiver.

— Moi ? Avoir toutes les filles à mes pieds ? Le plus âgé grimace en entendant la remarque sa jeune fille avant de rigoler en imaginant la scène. Non, il n'a pas la moindre envie d'avoir une meute de filles totalement stupide qui le suivrait partout comme un certain Gryffondor plus âgé. C'est ça, ouais. Et puis quoi encore ? Arrêter les blagues ? L'idée l'effraye presque, la vie serait beaucoup moins marrante. Non sérieusement, j'ai pas la moindre envie que ça arrive. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'écossais préfère la simplicité actuelle de sa vie à Poudlard – passer du temps avec son frère, jouer au Quidditch et passer du temps avec Andy quand celle-ci a le temps. Vraiment ? Ben trois alors, ou deux. Ouais, deux. C'est mon dernier mot, dit-il avec un petit sourire moqueur.

La question suivante l'étonne un peu – elle semble beaucoup plus sérieuse que toutes celles qui ont précédé. Il attrape un bonbon en l'écoutant lancer au hasard quelques idées, un peu gêné par l'insinuation qu'elle fait au sujet des garçons. Il ne s'est jamais vraiment posé sur la question – en partie parce qu'il sait aimer les filles – mais la possibilité d'avoir un jour à embrasser un garçon ne le dérange pas spécialement, ce qu'il se passe bien de dire à tout le monde. Il ne comprend pas en soi – pour lui, on aime les garçons ou les filles, pas les deux, et ce n'est pour une pas son modèle sur terre qui l'aidera dans cette situation. Il se voit mal en parler à Basile, l'homme le plus viril de la terre.

— Oh non. Pas de poème, pitié. Kieran lève les yeux au ciel. Cette histoire de lettres d'amour qui a marqué leur début d'année s'est arrêté lors de la publication du dernier Sorcière Hebdo – à croire que la fille s'est senti concernée et qu'elle n'a pas insisté, pour son plus grand bonheur. Il s'arrête de rire pour répondre un peu sérieusement – ou du moins, c'est l'impression qu'il tente de donner – à la question d'Andy. J'aime bien les blondes. Et comme je disais, pas les princesses, les filles un peu casse-cous. Il a conscience que dire une chose pareille à Andy pourrait être mal vu, mais il s'agit en soi que d'une description rapide de son genre de fille.

Pour rien au monde elle ne voudrait se trouver ailleurs pour l’après-midi, trop heureuse de jouer à ce jeu stupide et méchant dans un couloir de poudlard en compagnie du plus âgé. A vrai dire, elle ne se souvenait pas vraiment avoir passé des moments plus joyeux qu’avec lui dans ce château, même s’il lui arrivait de rire avec certains de ses maîtres ultimes. Avec Kieran, tout semblait naturel et tout devenait infiniment plus drôle -surtout faire des conneries d’ailleurs. Pour la première fois depuis qu’elle était à poudlard, elle avait pu dire dans une de ses lettres pour ses parents qu’elle passait du temps en compagnie de personnes de son âge et pour dire à quel point cela semblait désespéré, sa mère lui avait envoyé en cadeau une nouvelle paire de chaussure pour faire du sport. « C’est ce qu’on dit. » Un sourire moqueur, alors qu’elle le croyait sur paroles quand il assurait ne pas vouloir de tout ça, du peu qu’elle connaissait de lui, il ne semblait vraiment pas du genre là.

Andy explosa de rire lorsqu’il baissa la note de la jeune fille, cette dernière avait largement comprit qu’ils se moquaient d’elle, si bien qu’elle quitta très rapidement le couloir en leur lançant un regard noir. La poufsouffle se fichait bien de passer pour une méchante, ce n’était que vengeance sur ces dernières années. « Si ça se trouve, tu lui as brisé le coeur, pauvre chaton. » Un sourire diabolique avant de remettre correctement ses cheveux en place, trop fière de sa propre méchanceté. Cependant, l’étonnement du garçon face à sa question la calma un peu et elle se contenta de le regarder, souriant légèrement devant l’histoire de lettres qui ne semblait pas le faire rire autant qu’elle. Néanmoins, la suite était un peu plus étonnante, puisqu’elle ne s’était aucunement attendu à avoir une réponse sérieuse à sa question. « Ok, je vois. »

Bon enfant, elle chercha naturellement une fille qui pourrait coller dans le couloir, posant ses yeux sur toutes les blondes, se disant qu’il y en avait finalement bien plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Après quelques secondes d’observation, elle lâcha un petit rire avant de le regarder avec un regard plein de provocation. « Okay ! Je te lance au défi d’embrasser la plus belle fille du couloir ! » Fière de son idée de génie et surtout du potentiel hilarant de le voir embrassé une fille qui passait, elle ne pouvait s’empêcher de sourire comme une gamine.

Peu de choses peuvent vraiment captiver l'attention du Poufsouffle – seules les blagues, les conneries faites avec son frère, les moments passés à écouter Basile ou encore les moqueries faites à l'encontre des Serpentard ont une certaine grâce à ses yeux. Et dans cette catégorie presque élitiste rentrent les défis. C'est un peu stupide de réagir de la sorte – ce n'est qu'une simple phrase, une idée lancée à la volée, une mise à l'épreuve qui n'a pas la moindre importance dans sa vie. Pourtant, à l'instant où Andy prononce ce mot, Kieran sait qu'il ne reculera devant rien pour gagner – déjà parce que ça le fait rire, et puis parce qu'il est hors de question qu'il perde la face devant sa nouvelle amie. Il hésite quelques instants, ne prenant même pas la peine de regarder les filles qui sont dans le couloir à ce moment. Il n'en a pas besoin – son choix est définitif, et ça peu importe qui peut bien être devant lui. La seule personne qu'il a envie d'embrasser à cet instant se trouve être la petite écossaise en train de se moquer de lui. Le plus âgé lâche un soupir – il sent qu'il va se prendre une baffe monumentale dans les minutes qui suivent mais il est prêt à assumer ses choix, peut-être parce qu'il se répète depuis qu'elle a posé l'ultimatum mais qu'est-ce que ferait le grand et magnifique Basile Flaversham dans ma situation ? Et s'il idéalise son cousin, c'est avant tout pour se donner du courage.

Kieran inspire profondément, il a beau dire ce qu'il veut, il est loin d'être fier à cet instant précis. Ce n'est pas comme s'il avait embrassé beaucoup de filles dans sa vie – en fait, ce n'est pas comme s'il en avait embrassé au moins une. Alors quand il se rapproche d'Andy, il est immédiatement persuadé qu'il va être très nul à ça et il entend déjà les rires de son jumeau quand il lui contera la scène avant d'aller dormir. Il envoie valser tout ça – il ne faut pas s'en rendre malade – pour finir par embrasser la blonde qui se trouve à côté de lui. C'est bizarre – bizarre mais agréable, et il se réalise stupidement qu'il pourrait y prendre goût. Les lèvres d'Andy sont douces et ont le goût sucré des bonbons dont ils se gavent depuis le début d'après-midi.

— Défi relevé, dit-il avec un petit sourire satisfait accroché au visage. Kieran ne tente pas de fuir – après tout, il croise trop souvent la jeune Poufsouffle pour penser éviter indéfiniment les conséquences de ses actes. Étonnée ?, demande le jeune écossais en la regardant du coin de l'œil. Elle avait de quoi l'être, définitivement, et ça il le savait. Et encore, qu'est-ce qu'elle pourrait bien dire si elle savait que la seule idée capable de germer dans sa tête à ce moment-là était de recommencer cet acte étrange et nouveau qu'il se surprenait à trouver attachant – en grande partie parce qu'elle était la fille en face de lui à cet instant précis.

Ei marchait dans le couloir, perdue dans ses pensées, jusqu'à ce que ses yeux se posent sur une blonde qu'elle connaissait bien : Andy. La gryffondor afficha un large sourire en se dirigeant vers la joueuse de Quidditch d'un pas léger et joyeux. « Hé, Andy ! » fit-elle en s'approchant d'elle - elle remarqua qu'elle était en compagnie de Kieran, et songea que c'était une bonne occasion pour se rapprocher du garçon, en apprendre plus sur lui, avoir un semblant de chance.

Enfin, ça, c'était ce qu'elle pensait peu de temps avant que Kieran n'embrasse la Poufsouffle, là, dans le couloir, juste devant ses yeux – bon d'accord, ils ne l'avaient peut-être pas remarqué, mais ça ne changeait pas que la situation était gênante et qu'Ei avait maintenant l'impression d'avoir une boule dans la gorge.
Elle s'arrêta brusquement à quelques centimètres d'eux, retrouva sa langue au bout de quelques secondes qui lui parurent durer des années. « … Oh. Oups. » Lâcha-t-elle avec un rire nerveux. « …Je crois que je vous dérange. Désolée, je vais … Enfin... A plus tard. » Eibhlin recula de quelques pas, avec un sourire forcé avant de faire volte-face et disparaître au bout du couloir d'un pas pressé. Déjà qu'ils n'avaient pas une grande estime d'elle, il valait mieux ne pas traîner et prendre le risque de fondre en larmes devant eux.

Ses yeux balayèrent la salle, se demandant bien qui le jeune garçon allait bien pouvoir embrasser, elle aperçue au même moment la grand perche et lui adressa un vague sourire. Bien qu’elle ne préférait pas qu’on les voit ensemble, elle avait finalement convenu que dire bonjour n’était pas si compliqué. Andy ne remarqua pas spécialement que cette dernière s’approchait d’eux, trop occupé à regarder le couloir quand soudainement, les lèvres de Kieran se posèrent sur les siennes. Cette dernière parfaitement surprise se figea complètement ne comprenant absolument pas ce qui était en train de se passer. Pourquoi le plus âgé l’embrassait, pourquoi cela ne la dérangeait pas et pourquoi elle était en train de répondre timidement à ce baiser. Une montagne de questions, tandis que leurs lèvres se séparèrent et que leurs regards s’affrontèrent. « Oh… Euh… Oui, plutôt. » Parfaitement écarlate, elle détourna son regard de l’écossais pour regarder dans le couloir. Son coeur battait clairement trop vide et ses lèvres sentaient encore une certaine chaleur. Cette sensation nouvelle la rendait un peu bizarre, mais étrangement elle avait presque envie de recommencer un peu plus longtemps juste pour voir. Seulement, une idée naissante lui monta aussi vite à la tête, celle que le plus âgé lui faisait justement une blague ce qu’elle trouvait pour le coup très vexant.

La blonde hésitait donc entre l’embrasser à son tour ou lui coller sa main dans la gueule, lorsqu’elle remarqua la tête de Eibhlin. Cette dernière n’avait pas l’air ravi et surtout un peu déboussolé. Ce fut à ce moment précis que la plus petite recolla les morceaux et devina que le garçon dont lui avait parlé la blonde était Kieran et elle supposait que la blonde était la poète recherchée -en fait, comment elle n’avait pas pu penser à Eibhlin en lisant ses vers stupides. « Oh putain ! Je te laisse. » Elle aurait très bien pu laisser l’autre partir, mais bizarrement cela lui sauvait la mise et elle en profita largement. Après un signe de main en direction du garçon, elle attrapa son sac à dos avant de partir en courant, se fondant la masse et rattrapant la plus âgée qui courait largement moins vite qu’elle. « Ei ! » Une petite conversation s’imposait.