Dire que Natali connaissait la boutique de Quidditch par cœur était un euphémisme : elle avait passé tellement d'heures devant et à l'intérieur du Golden Snitch qu'elle était presque comme chez elle entre les quatre murs du magasin. Sans surprise pour un vendeur habitué (ou pour quelqu'un la connaissant) elle poussa la porte d'entrée en retirant ses lunettes et rajustant ses cheveux sous sa casquette. Ce n'était pas encore l'été pour le reste des anglais, mais pour Natali, les quelques rayons de soleil qui perçaient étaient suffisant pour justifier la sortie de tout son attirail estival. Elle jeta un coup d’œil curieux et plein d'envie sur les nouveautés, soupirant intérieurement malgré tout.

Sa sortie de Poudlard était une bonne raison de se réjouir : plus d'examens, plus de profs barbants, plus d'heures de colles et d'interdictions non-respectées. En un mot- la liberté. Mais.. Cela signifiait aussi qu'elle n'aurait plus l'occasion de faire du Quidditch aussi souvent, voire même plus du tout. Une perspective qui la démoralisait un peu, mais il s'agissait de ne pas se laisser déprimer pour si peu.  La Poufsouffle s'approcha du comptoir, y posant son longboard et tapota des mains contre le bois. « Hey, salut !» fit-elle pour attirer l'attention d'une vendeuse blonde qu'elle n'avait jamais vu jusqu'à présent. « J'aurais voulu savoir si j'aurais pu revendre mon équipement de Quidditch, genre un jour ? Pour sûr, un balai par exemple. » Son ancien balai ne lui était plus d'aucune utilité, mais encore en excellent état- il aurait été dommage qu'il finisse au fond d'un placard à prendre la poussière comme un simple ustensile de ménage moldu. Non, autant que celui-ci serve à quelqu'un, et que Natali se fasse un peu d'argent de poches en même temps. « Ou juste si tu connais quelqu'un a qui je pourrais le revendre. » rajouta Natali, regardant un peu autour d'elle. « Hey, je me trompe peut-être, tu travaillais pas là avant, non ? » Elle fit un petit sourire à la blonde – une fille qui bosse dans une boutique de Quidditch était évidemment une bonne personne.

Appoline regarde défiler un à un les clients qui entrent dans le magasin, répondant aux questions que ceux-ci posent avec un sourire poli et un entrain qui étonnerait les personnes la connaissant. Contrairement à ce qu'elle aurait pensé au début, elle apprécie beaucoup ce travail à Golden Snitch parce qu'il lui permet de rester dans le seul domaine qu'elle connaît. Ce n'est pas simple pour une ancienne joueuse professionnelle de se reconvertir et elle a réfléchi pendant des jours avant de trouver un travail qui lui conviendrait et qui l'accepterait sans la moindre qualification. Elle fait donc de son mieux pour ne pas pousser son patron à regretter son choix. C'est pourquoi elle adresse un grand sourire à la brune qui vient d'entrer dans la boutique avec un longboard. L'américaine adore pouvoir renseigner les étudiants, sûrement parce qu'elle est plus proche d'eux que des adultes qui rentrent dans la boutique.

— Salut ! Elle laisse dans un coin les protections qu'elle est en train de mettre en rayon pour se rapprocher du comptoir afin de répondre plus facilement à la demande de la jeune fille. Revendre ton équipement ? C'est possible. En fait, faudrait que tu l'amènes pour qu'on puisse faire une estimation, et puis on mettra ça dans les annonces d'occasion. Elle la regarde un peu avant de reprendre la conversation. Peu importe ce que les gens disent, pour elle la meilleure partie de ce travail est la possibilité de sympathiser un peu avec les clients – ce qui ne gêne pas réellement vu son patron vu que ça les fidélise. Laisse-moi deviner, tu quittes Poudlard et tu arrêtes le Quidditch ?, demande-t-elle avec un air un peu amusé. Ce n'est pas la première personne qu'elle voit dans cette situation cette semaine, et elle trouve d'ailleurs ça un peu triste. Même en ayant quitté la sphère professionnelle, elle a conservé son équipement qu'elle garde précieusement à côté de celui d'escalade dans l'espoir de s'y remettre un peu en amateur à l'occasion. T'as totalement raison.. J'en déduis par contre que toi, t'es une habituée vu que mademoiselle sait qui est nouvelle ou non. Elle rigole un peu, se disant qu'une fille qui fréquente vraiment ce genre de magasin ne peut être que cool. Du moins, c'est ce qu'elle pense vu qu'il y a encore quelques années, elle était dans le même cas.

La blonde avait l'air sympathique ; énergique, et Natali aimait bien ce genre de fille. Elle avait l'air comme un poisson dans l'eau au milieu de la boutique, et la brune était quasiment certaine de ne l'avoir jamais vu auparavant – elle l'aurait remarqué, et avait généralement une assez bonne mémoire des visages. La poufsouffle répondit avec un sourire. « Okay, pas de problème. Si je repasse genre, début des vacances d'été, ça serait toujours possible ? » Aucune chance qu'elle se débarrasse de son équipement avant d'avoir totalement quitter Poudlard ; la brune allait profiter du terrain aussi longtemps que possible, quitte à l'utiliser jusqu'aux dernières heures du dernier jour : elle ne savait pas quand est-ce qu'elle aurait à nouveau l'opportunité de remonter sur un balai. « C'est ça. Qu'est-ce qui m'a dénoncé ? » Natali rigola, se doutant qu'il devait y avoir un nombre assez important d'élèves qui revendaient leurs équipements. Elle avait un petit pincement au cœur à l'idée de devoir vendre son équipement, que ses parents lui avaient achetés alors qu'elle était encore en Australie, mais c'était la vie, il fallait s'y faire. « J'hésite encore pour l'équipement, j'aimerai quand même trouver un moyen d'en faire après Poudlard. Mais j'ai un balai en trop, je préfère qu'il serve à quelqu'un. » Si elle avait dis adieu à l'idée d'en faire professionnellement, elle gardait quand même dans un coin de sa tête la possibilité d'en faire ailleurs. Qui sait, l'université sorcière avait peut-être une option Quidditch qu'elle n'avait pas remarqué.

Natali était à deux doigts de laisser une petite exclamation de victoire ; elle connaissait les têtes des vendeurs, on ne pouvait pas l'avoir sur ça ; même si elle passait des semaines sans y retourner, dès qu'elle revenait à Londres, Natali faisait un détour obligatoire par le magasin. « Encore gagné, décidément. J'y passe pas encore ma vie parce que je suis pas là toute l'année, mais sinon, je pense que je ferais parti des meubles. » Elle rigola avant de reprendre. « Du coup, ça fait longtemps que tu bosses ici ?  » demanda-t-elle, curieuse. La vendeuse n'avait pas l'air beaucoup plus âgée qu'elle, et pas non plus anglaise, et elle aimait le Quidditch assez pour travailler dans une boutique, c'était une bonne excuse pour faire la conversation.

Elle adresse un grand sourire à la jeune fille qui a définitivement l'air plutôt drôle. Si celle-ci vient régulièrement à la boutique, ça lui fera au moins une personne à qui parler de temps en temps. Appoline adore sympathiser avec les clients, surtout si ça peut lui faire des connaissances qui partagent l'une de ses passions. Elle ne peut pas le nier, le Quidditch lui manque beaucoup et elle hésite beaucoup à en refaire en amateur – ce qui n'est pas forcément simple quand on ne connaît personne et qu'on débarque seul dans un équipe. Contrairement à tout le monde ici, elle n'est pas allée à Poudlard et ne connaît personne – même si elle sait qu'elle finira par craquer et y aller seule, elle aurait préféré ne pas avoir à rencontrer un groupe d'inconnus sans personne à côté d'elle.

— Bien sûr. C'est toujours possible, mais au début des vacances c'est parfait parce que c'est là qu'on a le plus de demandes, dit-elle en tapotant un peu sur la caisse. Revendre son balai est toujours un choix difficile, et elle trouve ça assez dommage même si elle n'a pas vraiment le droit de le dire. D'un autre côté, c'est mieux qu'il profite à quelqu'un plutôt qu'il pourrisse dans un coin. Oh beaucoup d'élèves viennent nous demander ça, mais je trouve ça dommage. Il faut pas arrêter le Quidditch ! Elle trouve ça assez drôle de le dire, vu qu'elle est même allée jusqu'à lâcher sa carrière du jour au lendemain – quelque chose qu'elle regrette encore par moment si ses raisons n'étaient pas toujours valables. Bah tu sais, j'ai cru voir qu'il y a des clubs amateurs qui organisent des trucs. Ça a l'air sympa. Après j'y suis jamais allée moi-même. Le problème, c'est aussi qu'elle a peur de s'ennuyer dans ce genre d'endroit, ça même si elle a dû perdre son niveau vu qu'elle n'est pas montée sur un balai depuis presque un an.

Elle rigole un peu face à la réaction de la jeune fille quand elle annonce être vraiment nouvelle. À croire que cette fille passe son temps dans cette boutique au point d'en apprécier chaque changement – la blonde trouve ça d'ailleurs plutôt drôle et sympathique. Si tous les clients pouvaient être comme elle, ses journées seraient beaucoup plus drôle et elle ne rechignerait pas à se lever le matin pour se rendre au Chemin de Traverse.

— Ah je vois. Ça fait quelques mois, pas plus. Elle sourit un peu, son arrivée à Londres est encore assez récente et elle a eu de la chance de trouver une colocation et un boulot assez rapidement. En fait, j'arrive plus ou moins des États-Unis, et Joshua a eu la gentillesse de m'embaucher, dit-elle en rigolant un peu. Son patron est définitivement génial, et beaucoup trop beau pour qu'elle puisse passer une journée au boulot sans le regarder en douce.

« Cool alors. » Avoir un peu d'argent au début des vacances d'été étaient toujours bienvenue, même si elle n'avait pas encore de plans pour les deux mois de vacances à venir – il valait mieux se préparer pour ne pas se retrouver sur le banc de touche parce qu'elle n'avait pas les moyens de faire quoi que ce soit. De plus, cela lui laissait encore un peu de réflexion sur quoi vendre, quoi garder. Elle tapota ses doigts sur le comptoir – la brune aussi trouvait ça dommage d'arrêter le Quidditch, et était d'ailleurs bien soulagée d'avoir pu continuer à en faire même après avoir déménager d'Australie. « Sans déc. Si je pouvais ne pas arrêter, je continuerai … toute ma vie ? » Natali rigola. « Ah ouais ? Tu crois que tu pourrais me dire où est-ce que t'as vu ça ? Je regarderais, ça m'intéresse carrément. » Quitte à faire le tour de plusieurs endroits avant de trouver le club parfait, si cela pouvait lui permettre de continuer à jouer un peu plus longtemps, la poufsouffle était absolument déterminée. « Tu joues quel poste ? Si tu as regardé des clubs c'est que tu joues aussi ? J'me trompe peut-être. » expliqua la brune. Si ça se trouve, elle se trompait totalement et la blonde était juste curieuse des activités sportives du Royaume-Uni, mais Natali avait la sensation que son  feeling était le bon.

Natali hocha la tête – quelques mois, c'était donc une arrivée récente, elle n'était donc pas passé à côté d'une nouvelle vendeuse depuis plus d'un an, elle n'était pas « en retard » dans l'activité de son magasin préférée. « T'es plus ou moins américaine ou absolument pas?» demanda-t-elle par curiosité avec un sourire. Il fallait croire que Natali avait le don de tomber sur tout les étrangers d'Angleterre, au lieu de tomber sur des anglais. Ou bien la communauté étrangère traînait dans les mêmes endroits. Elle avait eu de la chance de trouver un boulot si vite – et si Natali n'avait pas eu l'intention d'aller à la fac et avait voulu tenter de trouver un job directement, elle aurait probablement tenté ici en premier. « T'as eu de la chance, on dirait. Ça te plaît ? Ça à l'air cool comme job. » La brune se renseignait – elle pourrait toujours demander un job étudiant dans l'une des deux boutiques de Quidditch si jamais le besoin s'en faisait sentir, et avoir l'opinion d'une vendeuse était sûrement bienvenue.

Appoline rigole un peu à la remarque de la brune. Celle-ci a l'air d'avoir le même avis qu'elle sur la question – arrêter ce sport est une véritable hérésie, peu importe ce qui se passe. Le Quidditch, tout comme l'escalade, fait partie de la vie de la blonde et elle n'arrêtera sûrement jamais de le pratiquer. Après un an à errer entre les différents parcs nationaux américains, elle a finalement ressenti un véritable manque vis à vis du sport sorcier, qui se serait sans doute manifester avant si elle n'avait pas arrêter par lassitude. Avant de partir pour l'Islande, elle a pas hésité à aller voir d'anciens amis pour remonter sur un balai – un plaisir sans faille pour la jeune fille. C'est pourquoi aujourd'hui, elle cherche activement un groupe où jouer, même si elle sait que le niveau risque de l'ennuyer assez rapidement. Comme souvent, elle finit un peu par regretter ses choix, même si elle sait parfaitement avoir fait le bon.

— Bien sûr. J'ai vu quelques prospectus qui traînait dans le coin et j'allais me renseigner dans la semaine. T'auras qu'à repasser à la boutique ou me donner ton numéro, et je te dirais ça, dit-il avec un sourire assez sympathique. Appoline a toujours eu cette manie de parler aux inconnus comme à ses meilleurs amis, et la jeune brune ne dérogera pas à la règle. Après tout, elle est sympa et ça ne la gênera sûrement pas. De toute façon, dans le pire des cas, elle n'aura qu'à s'excuser de cette proximité qui peut paraître gênante pour certain et ça sera oublier. Poursuiveuse, la meilleure place. Une certaine fierté ressort de sa phrase, ce qui pourrait facilement débuter une guerre si la personne en face d'elle ne joue pas le même poste qu'elle. Mais cette fille a l'air assez cool – et d'après Appoline, qui dit fille cool dit poursuiveuse. La conversation change du tout au tout pour finalement parler de ses origines, ce qui fait sourire la vendeuse qui se dit que c'est peut-être compliqué pour pas grand-chose. Alors, en fait je suis écossaise et québecoise. Mais j'ai toujours vécu à Détroit donc dans un certain sens, je suis américaine d'adoption. En soi ce n'est pas très étonnant de la part de la jeune fille de l'entendre dire une chose pareille – elle aime tellement voyager et rencontrer des gens qu'elle se sentirait chez elle partout. Puis les choses s'étaient bien passées pour elle ici, comme ce travail. Oui c'est cool. En plus, je t'avoue que je sais pas faire autre chose que parler de Quidditch. Elle rigole un peu avant de reprendre plus sérieusement. Bah ça va en vrai, mais faut vraiment s'y connaître au niveau de l'équipement pour bien conseiller les clients. Après c'était vraiment ma spécialité donc cette partie c'est un vrai plaisir. Après, on doit faire le ménage à un moment aussi, et ça c'est nul. Pas qu'elle déteste faire ça – la jeune fille a même un petit côté maniaque – mais elle commence à en avoir marre de toujours repasser derrière des clients qui salissent tout.