L’averse du mois était en train de s’abattre sur Londres et Léontine courrait avec son chien en direction de son appartement. Elle sortait à peine du parc juste en face de chez elle et traversa la route sans même prendre la peine de regarder. Une fois le trottoir d’en face gagné, elle chercha ses clefs dans son sac, durant de longues minutes, tandis que ses cheveux dégoulinaient sur son visage. « Buddy, ça arrive, je vais les trouver. » Le chien ne bougeait pas spécialement, attendant simplement que son maître ouvre la porte, cependant elle essayait comme elle pouvait de se convaincre qu’elles étaient dans son sac, malheureusement ce n’était pas le cas -tout comme sa baguette. Après encore quelques minutes, elle regarda son chien en soupirant, voyant qu’il était tout aussi trempé qu’elle. Elle sortit naturellement son téléphone, cherchant qui pourrait passer pour l’aider. La brune avait horreur de demander de l’aide, mais comme elle avait peur de transplaner, il fallait bien trouver une solution.

Son meilleur ami était sûrement en train de bossé et son cousin aussi, ce qui représentait à peu près toutes les personnes en qui elle avait assez confiance pour demander de l’aide. Elle soupira un peu et tapa le numéro de sa cousine, avant de lever de voir un débarquer un chien qu’elle connaissait déjà. Naturellement, elle leva la tête pour trouver le propriétaire qu’elle connaissait un peu. Un peu honteuse, elle rangea rapidement son téléphone, jouant celle qui gérait parfaitement la situation, bien qu’elle portait un simple haut à manches longues et qu’on pouvait presque voir à travers à cause de la pluie. « Salut Tommy, ça va depuis le temps ? » C’était un garçon qui vivait pas très loin de chez elle et qu’elle avait l’habitude de croiser dans le parc en promenant son chien.

Il faisait un temps de chien, ce qui donnait à Londres un air encore plus lourd et sinistre sous cette grosse couche de nuages. Tommy n’avait pas spécialement prévu le coup et à défaut d’être abrité sous un confortable parapluie comme la plupart des gens normaux et prévoyants, il se contentait de la capuche de sa veste épaisse pour se promener dehors et braver la pluie – ce qui lui suffisait largement. Ce n’était que de l’eau et il n’était pas fait en sucre. Traverser les larges flaques qui parsemaient les trottoirs se transforma rapidement en un joyeux concert d’éclaboussures enfantins, achevant de transformer ses sneakers en bottes de pluie improvisées. Thomas songea qu’il devait être le seul à disgresser de la sorte et cela se confirma par un bref coup d’œil autour de lui. Dommage.

Tout le monde pressait le pas, personne ne tenant à profiter d’un orage imminent. Personne sauf cette fille qui parlait toute seule et qui semblait affairée à quelque chose qui échappait encore à l’esprit de notre gallois qui se dirigea vers elle, et pour cause, il la connaissait. « Hey Léon ! » s’exclama t-il avec un joyeux sourire, se fendant comme toujours de ce surnom pas forcément très original ni féminin qu’il lui a toujours dédié. Ses yeux ne purent se priver d’apprécier la vue comme à chaque fois – Léontine Daniels était une jolie fille, et même plus que jolie si on demandait l’avis de Tommy. De toute manière il n’avait jamais été un garçon très compliqué, et dès qu’une jeune femme lui souriait et riait à ses blagues, c’était une partie de gagnée avec lui. Le must restait quand c’était la demoiselle qui parvenait à l’amuser et quelque part les possibilités étaient larges avec un bon public comme lui.

Passant outre, Thomas se retrouva rapidement confronté à un constat qui était plus drôle pour le coup : Léontine était trempée de la tête aux pieds comme si un Magicobus venait de rouler sur une flaque d’eau à cent à l’heure près d’elle. La pluie était bien sûr responsable de l’état d’humidité extrême dans lequel était plongée – littéralement – l’ex-Poufsouffle. Le jeune homme s’approcha de la brune, mains dans les poches. « Ca va et toi ? Tu prends ta douche ? » commenta t-il avec un petit rire dans la voix et le regard parfaitement typique – celui où on sentait que le vert et argent était fier de ses blagues, même quand elles étaient mauvaises. « Parce que tu vas sérieusement attraper la crève si tu restes plantée là, tu sais. » Sous la couche de taquinerie, une touche de prévoyance de la part du garçon, un trait de sa personnalité qu’il ne pouvait jamais vraiment camoufler. Elle n’a pas changé, et cela bien qu’elle ait quitté Poudlard : Léontine restait cette fille légèrement bizarre qui le faisait toujours rire même quand elle ne le faisait pas exprès – c’était d’ailleurs sa spécialité.

LLa fine couche de tissu qui se trouvait sur ses épaules laissait désormais tout à découvert, si bien qu’elle croisa un peu les bras pour se cacher. Léontine était loin d’être mal foutue, mais n’aimait pas spécialement l’idée de savoir ses dessous à la vue de tous. D’ailleurs, si le regard de Tommy devenait un peu trop insistant vers sa poitrine, elle ne manquera pas de le lui faire savoir. Sans surprise, il ironisa sur la situation et Léontine avait un peu de mal à trouver une explication logique. Si bien que comme à son habitude, elle parla un peu trop rapidement. « Euh, non. J’adore la pluie c’est tout. » En le disant, elle réalisa rapidement que c’était non seulement stupide, mais surtout pas utile pour espérer rentrer chez elle avant d’attraper une pneumonie. Tommy le précisait d’ailleurs lui-même, c’était pas un temps à rester dehors, sauf si on souhaitait tomber malade. D’un mouvement de main elle ignora l’inquiétude de l’autre, avant de répondre avec un orgueil bien à elle. « Non t’inquiète, je suis pas en sucre. » Léontine voulait toujours se débrouiller seule, parce qu’elle l’avait toujours fait ainsi et que demander de l’aide était pour elle un échec.

Cependant, quand ses yeux se posèrent sur son chien littéralement dégoulinant, elle se sentait un peu coupable. En effet, si elle assumait pleinement de tomber malade par orgueil, elle trouvait cela bien égoïste pour son chien qui lui, n’avait rien demandé à personne. La brune poussa un soupire en évitant le regarde de l’ancien serpentard. « Bon… Okay, j’ai un petit problème en fait. J’ai perdu mes clefs et ma baguette est chez moi, du coup je suis coincée ici avec mon chien. » Léontine se passa bien de précisé pour quelles raisons elle ne transplanait tout simplement pas dans son immeuble, trouvant que pour le coup, c’était un peu trop la honte. Sa peur du transplanage était plus que réel et malgré les essais de ses professeurs, elle n’avait jamais passé ce cap, ce qui dans la vie de tous les jours n’était pas vraiment un handicap, sauf dans ce genre de situation bien sûr. « Si tu avais ta baguette, j’avoue que ça dépannerait un peu… Je pourrais t’offrir un café ou un chocolat si tu veux. » Mon dieu qu’elle détestait devoir demander de l’aide aux autres, pire qu’un supplice, encore plus qu’elle ne le connaissait pas plus que cela.

Contrairement à lui qui se fichait monumentalement d’être trempé de la tête aux pieds et qui était bien trop souriant sous une pluie pareille, Léontine était loin de faire la fière et semblait passablement honteuse de sa situation. Elle voulut assurer que ce n’était rien et qu’elle survivrait à ce temps de chien, ce dont Thomas doutait – un rhume ne la tuerait pas mais ce n’était pas pour autant qu’il lui en souhaitait un. « J’suis rassuré alors. » fit-il semblant d’approuver alors que ce n’était pas le cas et qu’il comptait rester jusqu’à avoir une explication, même absurde, de la situation de son ex-camarade.

Et la jeune fille finit par vider son sac, déballant l’histoire dans sa globalité. Une simple suite d’oublis, en soi rien de dramatique mais c’était suffisant pour que les coïncidences concordent et que Léontine se retrouve enfermée dehors en plein début d’orage. Le visage du jeune homme s’éclaira d’une lueur de lucidité et d’amusement qu’il contint cependant. Il ne voulait pas froisser davantage la brunette en se moquant d’elle. « Tout s’explique ! T’inquiète, Super-Tommy à la rescousse. » Incarner le chevalier servant de ces dames ne le dérangeait jamais et de toute façon il aurait vraiment fallu ne pas avoir de coeur pour ne pas aider un tant soi peu Léontine. Il dégaina sa baguette magique et s’approcha de la porte, avant de jeter un coup d’œil derrière elle pour jouer l’acteur de film américain prêt à faire sauter la porte blindée de la banque. « Pousse-toi, ça peut être dangereux. » Un tour de main plus tard, il fit appel à ses vieilles réminiscences de sortilège ; heureusement celui-là était vraiment des plus basiques, ce qui évitait qu’il ne se rate devant Daniels et passe pour un blaireau fini. « Alohomora ! » Un déclic se fit entendre et le jeune homme actionna la poignée de porte, celle-ci s’ouvrant comme par magie.

Tommy s’écarta de la porte, s’inclinant tel un groom improvisé et fit signe de la main à la jeune fille d’en profiter pour rapidement se mettre à l’abri tant qu’elle le pouvait. C’était officiel : ils étaient tous les deux bons complètement mouillés. « Je t’en prie, fais comme chez toi ! » Léontine ne se ferait pas prier, et il se décida à la suivre puisqu’après tout elle avait bien parlé d’un café ou d’un chocolat en récompense à sa bravoure, n’est-ce pas ? En grimpant les escaliers, le jeune homme jeta un œil par-dessus son épaule et constata non sans sourire qu’ils disséminaient derrière eux un bon paquet d’eau.

Le jeune accepta assez rapidement la requête, profitant même pour jouer les héros, ce qui amusa un peu Léontine. Le sortilège pour ouvrir une porte n’avait rien de compliqué, pourtant quand on regardé le garçon, on avait presque l’impression que c’était un exploit. La brune trouvant quand même très sympa de sa part de l’aider sans poser de question joua un peu le jeu. « Merci, super Tommy. » Les compliments n’étaient pas son fort et encore moins les remerciements, mais cela semblait le minimum vis à vis du jeune homme qui allait lui évité un bon rhume. Après un sortilège assez simple, la porte s’ouvrit et les deux chiens se précipitèrent au sec, rapidement suivit de Léontine. « Ah enfin au sec ! Je commençais à avoir un peu froid. » Sans parler que son t-shirt lui collait à la peau, plus mouillé que jamais. La chaleur du hall d’immeuble n’était clairement pas parfaite, mais la pluie avait au moins cessé, ce qui n’était pas rien. La prochaine étape sera bien plus agréable, étant donné que cela serait son appartement, havre de paix et de chaleur. Pour se faire, il fallait encore grimper quelques marches, ce qu’elle ne tarda pas à faire. Après trois étages, elle s’arrêta devant une porte et la pointa du doigt. « C’est la porte là. » Un morceau de bois qui leur barrait la route, mais qui céda face à la magie, encore une fois.

Une fois la porte ouverte, elle entra dans l’appartement essuyant au passage son chien et ce lui de Tommy avec des serviettes spécialement réservées pour le chien. Léontine était véritablement amoureuse des animaux et les traitait toujours avec beaucoup de douceur. Pour elle, c’était important qu’ils n’attrapent pas froid, plus que elle. Une fois les deux chiens secs, elle se redressa un peu et regarda l’autre. « Vas y, installe toi. » L’appartement n’était pas très grand, mais plutôt bien rangé, ce qui donnait un peu plus d’espace pour recevoir, même si ce n’était pas très souvent le cas. Léontine tremblait un peu à cause du froid et regarda le gallois. « Ca te dérange pas si avant de te faire un chocolat, je vais changer de haut ? Tu veux une serviette pour te sécher ? » Elle n’avait pas menti pour le chocolat chaud, mais au sec semblait être une option préférable.

Les chiens furent lâchés et tout le monde se trouva rapidement au sec, au plus grand bonheur des deux sorciers. Découvrir la demeure certes petite mais bien pensée de son amie le réjouit, même si les circonstances restaient inhabituelles. Il se frotta les mains tout en entrant à sa suite dans la pièce de vie à  la suite de la brune. « Tu m’étonnes. T’as l’air d’avoir fait un saut dans une piscine olympique ! » Il éclata d’un petit rire farceur avant de la regarder s’occuper des deux canidés.

Ceux-là avaient bien de la chance puisqu’on les séchait avec des serviettes sans rien leur demander : l’attention toute particulière que leur délivrait Léontine amusa beaucoup Tommy. Il appréciait l’intérêt que portaient les gens aux animaux, autant parce qu’il en reflétait beaucoup sur eux que parce qu’il trouvait cela plutôt mignon de la part de la jeune fille. « Aaaah la vache on est mieux au chaud ! » Soulagé par la vague de tiédeur et l’ambiance cosy de l’appartement, Tommy eut presque envie de se jeter dans le canapé pour s’y affaler. Il se rappela néanmoins que trempé de la tête aux pieds, il risquait de salir les lieux et se contenta donc de rester debout, les bras légèrement ballants maintenant qu’il avait rempli son office et aidé la demoiselle en détresse.

Léon l’invita cela dit à s’asseoir et maintenant qu’il le pouvait, il s’exécuta donc, non sans être un peu gêné par toute l’eau qu’il avait la sensation de répandre à chacun de ses mouvements. « Oh t’en fais pas pour moi, je vais me débrouiller. C’est juste l’affaire d’un petit essorage de tee-shirt. » Il appuya ses dires en tirant légèrement le tissu imbibé d’eau qui lui collait drôlement à la peau et se détacha avec un petit bruit de succion quelque peu surprenant – mais voilà ce qui se passait quand on s’amusait à rester sous la pluie diluvienne d’Angleterre. « Va te changer, t’inquiète pas. » Il était un grand garçon et n’avait pas besoin qu’on s’occupe de lui – loin de lui l’idée d’accaparer Léontine pour son bien-être personnel. Ca n’était qu’un peu d’eau et un vêtement, au fond. Et la pauvre avait déjà bien à faire avec elle-même.

Elle s’était donc à peine éclipsée que Tom en profita pour se débarrasser de son haut bien trop mouillé, amenant son lot de gouttelettes sur le canapé et au sol. Essorer ce truc au dessus de l’évier paraissait le plus raisonnable, mais au vu de la quantité d’eau qui se dégagea lorsque Tommy eut accompli sa besogne, reporter le vêtement maintenant tout moite, froid et détendu lui paraissait un peu désagréable. Un frisson le parcourut comme pour confirmer son pressentiment. Tee-shirt en main, il partit donc naturellement à la recherche de la salle de bains où il y aurait sans doute de quoi se sécher. « Hé, en fait j’aimerais bien une serviette si ça te dé- … » Pousser la première porte venue lui apporta deux informations : son sens de l’orientation était plutôt bon, et surtout, il aurait du se rappeler que Léontine l’avait prévenue qu’elle « irait changer de haut » juste avant de lui offrir sa boisson chaude. Ce qui l’amena donc directement à tomber sur la jeune Daniels en soutien-gorge. Il fallut quelques secondes de contemplation, à moitié ébahi, avant de réagir correctement en refermant un peu la porte. « Ah merde, désolé, j’avais oublié ! » Quel con ! Enfin bon, elle est quand même bien foutue … Surpris par le chaos de ses réflexions, Thomas se racla la gorge, légèrement troublé par le constat et les images encore fraîches qui flottaient devant ses yeux. Il valait mieux essayer d’oublier sa petite maladresse, même si ce n’était pas forcément la chose la plus simple à demander à un garçon comme lui à peine sorti de son adolescence.

Si le jeune homme s’amusait des cheveux plus que dégoulinant de la jeune femme, il ne pouvait pas en faire moins que pour lui. Les deux jeunes étaient aussi mouillé l’un que l’autre, si bien que l’on pourrait aisément se demander s’ils n'étaient pas passé sous la douche tout habillés. « Tu n’es pas beaucoup mieux que moi d’ailleurs. » Un sourire avant d’essuyer tranquillement les deux canidés qui semblait plutôt content d’une telle attention de la part de la brune. Amoureuse des animaux, elle avait une légère tendance à s’en préoccuper plus que les humains, si bien qu’elle ne se préoccupa même plus de son invité. « Bah oui, on est mieux là que sous la pluie. » Après avoir terminé de sécher les chiens et d’avoir gagné au passage quelques léchouilles, elle se releva en tremblotant un peu. Il était temps pour elle d’enfiler une tenue chaude, histoire de ne pas attraper une pneumonie. Le jeune homme semblait n’avoir besoin de rien et lui assura qu’elle pouvait aller se changer tranquillement. « D’accord. » Sans tarder, elle s’éclipsa dans la salle de bain pour enfiler rapidement son jogging d’appartement qui traînait avant de chercher un haut pas trop pyjama à mettre, comme ce petit haut à manches longues qu’elle attrapa.


Alors qu’elle retira son haut tremper pour le mettre au sale, la porte de la salle de bain s’ouvrit. Un sursaut en voyant le visage du garçon avant de se précipiter par réflexe sur la porte pour le refermer. « Eeehh ! » Ses joues étaient devenues toutes rouges alors qu’elle entendant derrière la porte les plus plates excuses du jeune homme. Léontine se douta qu’il n’avait sûrement pas fais exprès où du moins elle espérait que ce ne soit pas le cas. Sans tarder, comme si elle avait peur que cela recommence, elle enfila son haut et une paire de chaussettes pilou-pilou avant de ressortir rouge comme une tomate de la salle de bain. « Voilà, une serviette, tu peux prendre la salle de bain… Je vais… Chocolats. » Un regard timide en direction avant de partir très rapidement en direction de la cuisine pour faire ces fameux chocolats chauds en essayant de relativiser la situation.

Il s’était éloigné de la salle de bains à pas un peu précipités, légèrement troublé. Bon, elle aussi avait eu l’air gêné. Une situation normale, en somme. Mais évidemment, en bon mâle un poil titillé par son subconscient, il songea qu’il risquait bien moins de faire des cauchemars au sujet de Léontine que des rêves d’un nouveau genre.

Le retour précipité de la brune dans le salon, visiblement toujours un peu mal à l’aise, le ramena sur Terre. Il resta la bouche légèrement ouverte pendant quelques secondes, à mi-chemin entre ses réflexions primaires qui ne regardaient que lui et l’invitation de la jeune fille à aller utiliser la salle de bain seul maintenant qu’elle était libre. Avec un léger temps de retard il s’y dirigea, marmonnant un borborygme incohérent qui devait ressembler à peu près à un « Merci … » et referma la porte sur lui, toujours torse nu et tee-shirt à la main. Il poussa un soupir avant d’envoyer bouler son tee-shirt tout humide dans le lavabo.

Elle était quand même bien mignonne Léon. Rah non, c’était pas le moment de repenser à ça. Mais est-ce qu’ils en avaient déjà parlé avec Ben à Poudlard ? Impossible de s’en rappeler. Il se souvenait très bien que l’idée de sortir avec elle ne lui avait jamais traversé l’esprit, pas plus que celle d’aller la draguer ouvertement, mais à y repenser et maintenant qu’il avait une perspective nouvelle sur certaines choses, il se disait qu’ils étaient un peu longs à la détente avec Benjamin s’ils n’avaient jamais remarqué auparavant que la grande brune avait de quoi faire. Intérieurement, une petite voix chargée de jouer le rôle de la bonne conscience – une voix qui ressemblait curieusement à celle de sa mère – lui reprochait déjà de ne pas penser avec son cerveau et d’être un peu plus respectueux de son amie, ce que Tommy était prêt à faire pour peu qu’il parvienne à changer de sujet dans sa tête. Tout distrait qu’il était, le jeune étudiant se tourna pour chercher une serviette dans un petit placard de la salle de bains, mais y alla un peu trop franchement et fit tomber le contenu de bouteille de shampoing, de gel douche mais surtout de plusieurs petits flacons de verre contenant du vernis. « Rah merde … Putain mais quel con … » Le raffût allait forcément interpeler sinon ramener la propriétaire de l’appartement qui se demandait sans doute déjà quelles bêtises était en train de commettre le jeune homme. Non, il ne fouillait pas dans les tiroirs, pas plus qu’il n’était en train de réorganiser les rangements de la salle de bains : mais forcément, avec un type maladroit comme lui qui avait la finesse et l’adresse d’un éléphanteau, il fallait bien que ce genre de situations arrive.

« T’inquiète pas Léon ! Tout va bien ! » se mit-il à crier spontanément, pas du tout dans l’optique que l’effet inverse était souvent provoqué par ce type de déclarations.  D’ailleurs ça ne loupa pas : le bruit de la porte qui s’ouvrait lui confirma qu’il aurait mieux fait de se taire. « C’est rien, enfin je te repaierai ces petits trucs, désolé … » Il ne savait pas vraiment combien du vernis pouvait coûter, de toute façon c’était vraiment la dernière de ses priorités puisqu’il était en train de réaliser qu’il avait essuyé – enfin cherché à essuyer – la petite flaque rouge vif avec son propre haut. Ce qui d’une part était idiot puisque son tee-shirt n’était pas une serpillière, et que d’autre part, le vernis s’étalait plus sur le carrelage qu’il ne s’estompait. Thomas faisait une bien piètre femme de ménage, apparemment.