Cher Joan,

La dernière fois que je suis passée dans ta boutique tu disais chercher un mannequin, je ne sais pas si c'est toujours le cas, mais j'ai trouvé quelqu'un qui collerait je pense parfaitement à ce que tu cherches. Il est français, mais est vraiment motivé pour ta boutique. Je t'ai glissé une photo de lui avec la lettre pour que tu puisses voir par toi-même, je trouve qu'il colle avec l'esprit de tes vêtements et qu'il sort un peu de l'ordinaire. Si tu ne veux pas je comprendrais parfaitement, mais sache qu'il est disponible dès maintenant.

Automne M. Pilcher.

Joan,

Je t'avais dit que je devais te parler de quelques choses d'importants pour moi. Pourtant, ce midi je n'ai pas osé. Il se trouve que c'est un peu honteux, ou du moins je trouve. Je suppose que pour beaucoup, c'est une conversation normale et conventionnelle mais je n'ai jamais eu à faire de ça de ma vie. Je suis incapable de savoir comment aborder le sujet ou comment me comporter face à ça. Tu penses que je devrais juste me lancer ?

J'ai confiance en toi, extrêmement confiance, et c'est pour ça que j'ose me confier, plus qu'à n'importe qui. Même si je sais que tu la connais.
Tu l'auras compris, ça parle d'une fille. Je sais que ce n'est pas un sujet que je n'ai déjà abordé avec toi, juste parce qu'aucune ne m'avait jamais plu jusque-là. Mais au final, elle est différente. Je me rends compte que je t'ai pas encore dit de qui il s'agissait. C'est Automne Pilcher.
C'est un peu gênant, surtout qu'elle doit être mariée ou fiancée, je sais pas exactement. Je me suis un peu renseigné avec des gens que je connais et ils m'ont tous dit que c'est une histoire qui date au moins depuis Poudlard.

Tu sais, je t'avais expliqué que je ne la supportais pas pour des raisons assez vieilles et sans trop d'importance. Sauf que depuis quelques mois, après la dispute dont je t'avais parlé à la librairie, elle se met à passer assez régulièrement. Très régulièrement même. Et je ne compte pas te faire une liste de toutes les raisons pour lesquelles elle me plaît – ça serait vraiment long, c'est une personne si intéressante et si belle – mais c'est assez bizarre. Je crois que je n'ai jamais ressenti un tel intérêt pour une personne, au sens romantique tu vois ?
Mais elle est avec Hippolyte – il sont même allés à Florence ensemble, si ça c'est pas une preuve que leur couple va bien. On continue à se voir beaucoup, elle passe à la boutique. Et ce week-end, je dois aller voir un film avec elle, une projection de Chat noir, chat blanc de Kusturica. C'est assez bizarre, et totalement nouveau pour moi comme situation et c'est pour ça que je voulais t'en parler. Tu comprends, elle me plaît mais je sais très bien que je ne suis rien d'autre qu'un ami – et encore.

Je voulais ton avis sur la question, mais je n'osais pas te le dire en face. J'espère avoir le courage de t'envoyer cette lettre d'ailleurs, et crois-moi que demain je risque de mourir de honte en te voyant. D'ailleurs, on mange toujours ensemble ?

Charlie.

PS : Concernant le mariage de ma sœur avec Sidney, tu es toujours certain que ce n'est pas une blague ? Je sais que je pose la question depuis une semaine mais je vois mal comment un tel cauchemar pourrait être possible.

[La lettre est accompagnée d'un sachet de thé à la menthe, d'une nouvelle théière venant du maroc et d'un paquet d'encens au patchouli.]

Je te souhaite un excellent Noël. Je sais que ce n'est pas grand chose mais je tenais à t'offrir un petit présent pour l'occasion. Tu sais que je suis allé au Maroc il y a quelques mois et je t'ai ramené du thé de là-bas. Je sais que tu aimes celui à la menthe, et tu avais définitivement besoin d'un nouveau service à thé. On ira boire un verre dans la semaine si tu veux. En attendant, passe d'excellentes fêtes.
Charlie.

Bon anniversaire,

Je te souhaite un très joyeux anniversaire et compte sur moi pour passer te voir dans la semaine à la boutique. J'espère que les photos du shooting avec Alexandre te vont toujours. En attendant, un petit cadeau pour cet anniversaire : Une place pour la Fashion Week de Paris.

Automne M. Pilcher.