William abandonne sa moto désormais garée à l'entrée de l'université pour se diriger vers le grand bâtiment se situant juste à côté de la serre. Comme toutes les rares fois où il finit tôt, il a décidé de venir chercher sa petite sœur pour l'emmener faire un tour avant de rentrer dans leur appartement commun – un acte de gentillesse qui l'oblige à passer régulièrement sur le campus. Mais aujourd'hui, il s'est permis d'arriver une heure avant la fin du cours de son petit monstre préféré pour passer voie une amie. Le message qu'il a reçu de la part de Cléophée à l'occasion de la Saint-Valentin l'a rendu assez perplexe. Les choses ont toujours été ambiguës entre eux depuis la rupture, et même s'il conçoit facilement que ce geste n'a été provoqué que par une habitude un peu persistante, il lui a rappelé à quel point elle lui manque. Sa relation avec la jeune fille a pris fin lorsque celle-ci a débuté sa thèse et c'est entièrement sa faute. Elle ne pourra sûrement jamais accepter qu'il fasse partie des mangemorts, et comme il lui a expliqué, c'est le seul sacrifice qu'il ne peut pas faire pour elle.

Il arrive donc au niveau d'un bâtiment qu'il connaît par cœur – il a passé des heures ici au fil des mois quand il sortait avec l'étudiante en botanique. Le gallois esquisse un petit sourire triste en se rappelant les nombreuses fois où il est venue la tirer de son mémoire ou de la serre pour la forcer à l'accompagner au parc, au restaurant ou chez lui. Une fois arrivé au niveau des tables de travail, il se dirige sans la moindre hésitation vers celle proche de la serre – il sait très bien que si Cléophée est dans le coin pour bosser, elle sera sûrement là. Sinon, il n'aura plus qu'à errer dans le bâtiment à la recherche de son ex petite amie en espérant pour qu'elle ne soit pas encore fourrée au milieu de plantes au potentiel dangereux – chose qui lui a souvent fait peur, surtout que l'idée de ne pas pouvoir la protéger lui est particulièrement douloureuse. Arrivant derrière elle sans un bruit, il pose doucement  ses mains sur ses yeux pour l'empêcher de voir de qui il s'agit.

— Devine qui c'est, dit-il en souriant. Comme toujours, Cléophée est magnifique – c'est ce qu'il s'est dit à la seconde où il l'aperçoit, ce qui est légèrement douloureux à ses yeux. Mais William, malgré ce que tout le monde pourrait croire, respecte ses promesses avec une grande attention. Il a accepté de rester amie avec la jersiaise et compte bien s'y tenir. Quelques secondes plus tard, une fois son identité trouvée par la blonde, il retire ses mains pour s'asseoir à côté d'elle, jetant au passage un coup d'œil rapide sur le travail qu'elle est train de faire. Je te dérange pas trop j'espère. Je passais dans le coin, et je me suis rappelé que tu m'as dit oui pour un café. Il a toujours apprécié la présence de l'étudiante et ça depuis Poudlard. Elle est intelligente et possède un caractère bien trop marqué pour passer inaperçu – point qu'il trouve particulièrement attrayant chez toute personne, aussi bien en amitié que pour autre chose.

Cela faisait déjà une bonne heure qu’elle s’occupait de l’Alihotsy de la serre, une plante très rare et très chez qu’il valait mieux éviter d’approcher sans être avertis en botanique. Ses gants en main, elle s’appliquait à tailler ce spécimens spécialement importé d’afrique du sud pour son travail personnel, au plus grand plaisir du directeur de département qui n’en n’avait pas vu depuis au moins une bonne trentaine d’années. La blonde était une élève très studieuse et ne manquait pas d’écrire minutieusement tout ce qu’elle faisait dans ses carnets avec de potasser tout cela dans son petit bureau tout en haut du bâtiment de magie naturelle, obtenu lors de son affectation en tant que professeur de travaux dirigés. Après avoir terminé la coupe de la plante, elle retira ses gants et attrapa son stylo pour rédiger quelques trucs. Travailler dans la serre lui allait parfaitement, après tout c’était sûrement un des endroits les plus inspirants de la faculté à son humble avis.

Concentrée à son maximum, elle n’entendit pas les bruits de pas s’approcher et sursauta légèrement en sentant ces deux mains se poser sur ses yeux. Il ne lui fallut pas plus de deux secondes pour reconnaître la personne qui se tenait dans son dos, peut-être parce que c’était la voix qu’elle aimait le plus au monde. « J’aimerais beaucoup que ce soit George Clooney, mais je sais que ce n’est pas le cas. » Une petite boutade avant de rigoler un peu. « Je rigole, je sais bien que c’est toi William. » Cette voix, elle en était tombée amoureuse dès les premières minutes et s’il n’y avait pas eu ces complications mangemortes, elle aurait peut-être le plaisir de l’entendre encore tous les matins. Malheureusement, la vie était faite ainsi et elle avait tiré un trait sur eux, malgré tous les sentiments qu’elle éprouvait encore pour lui -comme pouvait le montrer ce sourire quand il lui découvrit les yeux.

Voire le visage du gallois la rendait un peu joyeuse et elle ne pouvait difficilement ne pas sourire. Elle ne semblait pas réellement surprise de le voir ici, surtout après le message qu’elle lui avait envoyé à la saint valentin. « Non, tu ne me déranges pas du tout, j’avais terminé d’ailleurs. En plus, je meurs de soif. » Sans tarder, elle rangea toutes ses affaires dans son cartable en cuir, avant de s’approcher de lui. « Je suis prête, on peut y aller. » Boire un verre avec son ex ne lui posait aucun problème, tout simplement parce qu’après l’avoir largué, elle lui avait demandé s’ils pouvaient rester amis. Même si c’était très difficile, elle préférait ça que de le voir sortir de sa vie définitivement. La blonde commença à marcher en direction du café de la fac, qui servait d’ailleurs de très bons cafés. « Sinon, ton boulot tout ça ? » Elle se doutait que tout se passait bien pour lui, mais il fallait bien lancer la conversation.

Il n'a jamais pu s'empêcher de sourire en sa présence – Cléophée, plus que toute autre personne, est celle capable de le rendre heureux, de le calmer lors de ses excès de colère et de l'apaiser lorsqu'il ressent le besoin d'être violent envers quelqu'un. Juste pour cette unique raison, il aurait préféré ne jamais la perdre, pouvoir la garder auprès de lui pour toujours en la protégeant comme il peut de la folie qui habite sa famille. Mais William a l'habitude que rien ne se passe comme il le souhaiterait – de son enfance jusqu'à la récente décision du mariage arrangé de sa sœur – alors il se contente de subir les événements comme ils viennent. Le regard qu'il pose sur la jeune jersiaise quand il a l'impression qu'elle ne le regarde pas est d'une tendresse inhabituelle aux yeux de tous ceux qui le connaissent. Il sait qu'il ne devrait pas le faire, qu'il devrait aujourd'hui la voir uniquement comme une amie mais jamais il ne pourra changer la nature des sentiments qu'il ressent envers elle – elle est de loin de la fille la plus parfaite qu'il a rencontrée et la seule avec qui il aurait pu envisager un avenir.

— Je suis quand même mieux que George Clooney, arrête. Il rigole un peu à la remarque de son ex-petite amie alors qu'il la regarde ramasser ses affaires. À ses yeux, elle est plus que mignonne avec son look bien trop rétro pour une personne vivant au début de ce troisième millénaire et il a juste envie de la prendre dans ses bras pour ne plus jamais la lâcher, la kidnapper au besoin pour l'amener vivre avec lui loin de ce monde de folie. Mais le gallois a conscience de ce qu'on peut faire ou non, et c'est pourquoi il se contente d'un simple café totalement amical. Cool, je te suis, dit-il en marchant tranquillement à côté d'elle. Ces moments sont à la fois une source intarissable de bonheur et de douleur pour lui – c'est mieux que rien, elle n'a pas demandé à ce qu'il sorte de sa vie, mais il aurait aimé beaucoup plus.

La question suivante lui a toujours paru un peu bizarre depuis la rupture – peut-être parce qu'elle lui rappelle à quel point ils se sont éloignés. Depuis cette époque, William serait incapable de dire en quoi consistent les recherches de Cléophée, alors qu'avant il faisait son maximum pour retenir un nom compliqué de fleurs exotiques uniquement pour faire plaisir à sa petite amie. Il aurait pensé réellement apprécier ce changement – le fait d'être débarrassé de discussions lassantes sur la botanique l'arrange – mais ce n'est pas le cas. Tout ça lui manque presque autant que pouvoir se réveiller avec la jersiaise dans ses bras le matin.

— Le boulot ? Super chiant, comme d'habitude quoi. William est entré à la brigade en formation dès sa sortie de Poudlard, comme lui a recommandé son père. Ce n'est pas ce qu'il préfère – loin de là – mais ça lui permet au moins de pouvoir se défouler en attendant ses missions au sein des mangemorts. Seulement, il se passerait très bien de la présence du frère de sa meilleure amie et fils du chef parmi eux. Enfin, sauf ce matin. J'ai cru que j'allais faire exploser Léopold en lui expliquant que je me tape sa sœur, lâche-t-il en observant du coin de l'œil la réaction de Cléophée. Il n'y a rien entre lui et Célestine, mais il est curieux de voir comment elle pourrait le prendre – et il espère secrètement qu'elle ne soit pas enchantée par la nouvelle.

Sentir le regard du gallois posé sur elle, avait quelque chose d’agréable, qu’elle ne saurait pas vraiment définir. C’était comme si elle était exactement là où elle devrait être. Lorsqu’elle sortait avec lui, la jeune femme en avait rapidement déduit que sa place était dans les bras, dans les draps et dans le coeur de William, comme un véritable âme-soeur. Cléophée n’était pas vraiment du genre princesse croyant au Prince Charmant, mais elle devait avouer ne pas ressentir qu’une simple amourette d'adolescent pour le brun. Même s’ils n'étaient plus ensemble depuis un bon moment et qu’elle comblait parfois son lit avec des étudiants, personne ne pouvait la rendre aussi heureuse qu’un simple sourire de lui, l’amour de sa vie. Il lui manquait, chaque jour un peu plus, ce qui expliquait ce message à la Saint Valentin. Ils avaient décidé de rester amis, ou plutôt, elle avait décidé, incapable de le voir sortir de sa vie de manière totale.

Alors qu’elle rangeait ses affaires, le jeune homme releva la blague sur Clooney et elle se contenta de rire gentiment, avant de jouer les ingénues. « Je sais pas, faudrait que je puisse comparer en vrai. » Même si elle devait avouer que l’acteur possédait un charme assez admirable, il était à ses yeux, rien comparé à William, mais ça, il devait déjà le savoir. Une fois toutes les affaires rangées, elle prit la direction du café de l’université en compagnie du jeune homme, avec un sourire ravissant sur le visage. Être en compagnie de William la rendait encore plus rayonnante que d’habitude, au plus grand plaisir de certains premiers années fantasmant littéralement sur elle. Quand le brigadier aborda son boulot et plutôt sa relation conflictuel avec Léopold Worsley, elle ne put s’empêcher de rire. « Ahah, le pauvre. » Si elle rigolait sincèrement, un détail l’avait interpellé et elle était curieuse de savoir si c’était une simple blague ou la vérité. « Tu te tapes Céléstine ? Eh beh, tu te fais pas chier. » Céléstine, en plus d’être la soeur de Léopold, était la meilleure amie de William et une très jolie jeune fille. Même si cela serait assez dur à apprendre, elle devait avouer que c’était assez logique et que c’était le risque en se séparant de lui, devoir affronter l’idée de le voir heureux avec quelqu’un d’autre qu’elle. Après quelques minutes, ils arrivèrent à la cafétéria, devant une petite serveuse brune adorable. « Bonjour, je vais prendre un chocolat chaud viennois … Et toi Willy ? » Un peu honteuse de ne plus pouvoir deviner ce qu’il voudrait boire.

William ne quitte pas des yeux son ex-petite amie – il sait parfaitement qu'il s'agit d'une mauvaise idée parce qu'il n'a jamais été suffisamment stable pour supporter la vision de ce qu'il a perdu. Dans ces moments où il se retrouve seul avec elle, il meurt d'envie de la prendre dans ses bras, de recommencer là où ils se sont arrêtés il y a plusieurs années mais la raison vient toujours lui rappeler trop rapidement que ce n'est pas possible. Il se contente donc de profiter de sa présence. Ils n'ont beau plus être ensemble, son regard est toujours aussi doux et protecteur qu'à l'époque si bien qu'il ressent un peu de gêne à l'idée qu'elle s'en rende compte. Le gallois aurait aimé être capable de passer à autre chose, mais il en est incapable. La meilleure amie de son cousin lui a un jour expliqué que c'est parce qu'il a trouvé l'âme-sœur et qu'il devrait tout abandonner pour aller la rejoindre. Si les choses étaient aussi simples, il l'aurait sans aucun doute fait, mais à défaut de vivre dans un monde idyllique, il se contente de veiller sur elle de loin. C'est le genre de choses qui pourraient faire flipper – et lui en premier – mais il s'impose des limites. Il est hors de question qu'il surveille Cléophée pour être sûr qu'il n'arrive rien dans sa vie, tout comme il n'est pas concevable qu'il vienne s'imposer si elle décide de s'engager à nouveau dans une relation sérieuse. Mais il sera là en cas de souci, si quelqu'un la blesse ou s'en prend à elle, William est prêt à tuer cette personne si nécessaire, et ça peu importe les conséquences.

— Le pauvre ? Crois-moi, il l'a bien cherché, dit-il avec un petit rire. Léopold n'est qu'un petit fils à papa qui cherche à faire son thug une fois dehors. Il est hors de question qu'il laisse passer une chose pareille, surtout que Célestine est toujours partante pour l'aider – les deux amis forment un front de résistance des plus compétents face au brigadier pour le plus grand malheur de celui-ci. En plus, William espérait stupidement que cette insinuation ferait réagir Cléophée – un peu comme si la jersiaise tenait encore à leur relation. Mais la réaction de son ancienne copine ne lui plaît pas, elle n'est tout simplement pas suffisante, quasi inexistante. Ouais. Pourquoi, ça te pose problème ?, demande-t-il avec un sourire intéressée. Leur relation a toujours été ambiguë après la rupture, peut-être parce qu'ils se sont trop aimés pour être réellement capable d'avoir une amitié saine. Un café serré pour moi, s'il vous plaît. Il esquisse un petit sourire – entendre Cléophée l'appeler Willy lui rappelle beaucoup de souvenir, tous bien trop doux pour qu'il puisse un jour vouloir les oublier.

D’une voix claire, elle lâcha un petit rire. Les disputes enfantines de William et de son jeune collègue l’avait toujours amusé par leurs simplicités. D’une certaines manières, elles avaient un côté léger qu’elle aimait beaucoup voir chez son ancien petit ami. Pour elle, le brun méritait de pouvoir profiter de choses moins lourdes et moins grave que celles du monde mangemort. Au moins, Léopold lui apportait quelque chose de plus simple et rien que pour ça, elle appréciait ce petit. « Je pense surtout que vous adorez vous chamailler, et que s’il partait, tu serais triste. » Au fond, elle était persuadée qu’ils entretenaient une sorte de relation à la Tom & Jerry -ou à la WhiteSham comme on dirait par ici. Un bon duo comique comme il en fallait dans tout département qui se respecte. Elle se recala une mèche se cheveux, regardant du coin de l’oeil le brun, se disant que le quitter était sûrement la chose la plus dure qu’il lui avait été donné de faire sur terre. Pas une seule journée ne s’écoulait sans qu’elle ne pense à lui, à eux. Cléophée n’avait jamais été aussi heureuse qu’avec lui et paradoxalement, jamais aussi malheureuse qu’à cause de lui.

Découvrir qu’il était mangemort avait été la chose la plus douloureuse de sa vie, pourtant à chaque fois qu’ils se retrouvaient ensemble tout était ambiguë. D’une certaine manière, c’était une sorte de jeu qui prouvait que tout n’était pas perdu entre eux. Elle savait qu’elle avait encore de l’importance pour lui et en jouait un peu, comme si elle espérait qu’il ne l'oubli jamais. Alors bien sûr, apprendre qu’il aurait pu tourner la page en sortant avec Céléstine lui faisait un peu mal au coeur, mais elle garda le sourire -après tout, c’est elle qui était partie. « Peut-être que oui, peut-être que non. » Laisser le doute planer était un peu une spécialité depuis leur rupture et Cléophée se contenta d’un sourire en coin avant de s’installer tranquillement avec sa boisson. Ses yeux se posèrent chaleureusement sur William, avec un sourire doux et plein d’affection. Cléophée aimerait tellement se lever et foncer dans ses bras, mais elle devait tenir sur sa chaise. « Tu devrais retourner chez le coiffeur, ça devient trop long. » Avec sa main, elle lui replaça une mèche de cheveux qui lui tombait dans les cheveux, avant de souffler un peu sur son chocolat.

— Je sais pas pourquoi tu t'acharnes à croire que je l'aime bien. Cléophée a toujours eu cette capacité de le voir meilleur qu'il est vraiment sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Son ancienne petite amie ne s'arrête pas au fait que ce soit un mangemort possédant une petite tendance psychopathe, sinon elle ne lui parlerait plus – mais elle ne lui pardonne par contre pas assez pour assumer une relation avec lui. William préfère ne rien ajouter. Il doute être triste si Léopold part, en grande partie parce qu'il ne tient pas à lui. Rares sont les personnes qu'il regretterait – ses amis, sa famille, mais surtout la personne qu'il aime le plus et qui se trouve juste devant lui. La seule chose dont il a envie est que ça soit réciproque. Peut-être que comme ça, tout n'est pas totalement perdu, qu'elle accepterait de lui donner une nouvelle chance. Il n'espère pas trop, il sait qu'il l'a bien trop déçu pour qu'elle puisse l'aimer. Juste peut-être ?, demande-t-il avec un petit sourire. Ma copine risque d'être jalouse, attention. Il se promet de prévenir Célestine qu'il l'a entraîné dans un nouveau mensonge plus gros que lui, se disant que de toute façon elle ne lui refusera sûrement pas ce petit coup de main.

William s'assoit à côté d'elle, gardant néanmoins une distance raisonnable. Pas qu'il n'ait pas envie de l'avoir proche de lui – au contraire, il rêverait de pouvoir la prendre dans ses bras – mais il n'en a pas le droit. Il doit comme toujours résister à ses pulsions, et c'est une des raisons qui le poussent à repousser toujours un peu plus les visites qu'il lui rend. S'il s'écoutait, il serait à sa porte tous les jours pour lui ramener le petit déjeuner, et viendrait la chercher tous les soirs. Tout simplement, il lui demanderait une seconde chance qu'elle n'a pas le droit de lui accorder. Tant qu'il fera parti des mangemorts, il sait que plus rien ne passera jamais – et il ne peut pas se permettre d'abandonner cette vie pour elle, bien qu'il en aurait clairement envie.

— Un peu trop long, dit-il avec un petit sourire. Sentir la main de Cléophée dans ses cheveux a toujours un effet particulier. Ça lui rappelle des souvenirs qu'il n'est pas prêt d'abandonner – de bons souvenirs, les plus beaux de sa vie sûrement. En même temps, je préfère quand c'est toi qui me les coupe. Tu le fais mieux. Comme dans pour tout, la jersiaise est plus douée. Elle a toujours tout fait à la perfection, elle s'occupait de lui mieux que personne et il regrette cette époque où il n'avait qu'à se contenter de l'aimer.

« Parce que je suis certaine que tu t'ennuierais sans lui. » Pour elle, les gens qui aimaient bien se chamailler, c’étaient une sorte de lien indestructible. Après tout, il n’y avait pas de Tom sans Jerry ou de Bip sans Coyote, et elle était sûre que le travail de William serait bien moins marrant sans le fameux Léopold, qu’elle ne connaissait que de réputation. Sans parler qu’il était le frère de la meilleure amie et désormais hypothétique copine de William. Au fond, elle espérait que cela soit faux, mais n’osait pas trop réagir de peur d’avoir l’air encore attaché -ce qui était parfaitement le cas. Si bien qu’elle se contenta de jouer l’imperturbable, tout en lui adressant un sourire doux. « Oh, je ne pense pas rivaliser avec la belle Céléstine Worsley. » S’il sortait vraiment avec cette dernière, elle ne saurait pas vraiment comment le prendre. D’un côté, elle serait heureuse de savoir que c’est avec une fille respectable et pas une mangemorte sanguinaire, mais elle ne pourrait s’empêcher d’être triste. Après tout, si William se recasait, cela mettrait fin définitivement à leur histoire ce qu’elle était bien incapable de faire. Cléophée l’avait trop aimé pour ne pas avoir envie de retourner avec lui et à chaque rencontre c’était un véritable enfer de ne pas lui sauter au cou pour l’embrasser.

Elle rigola légèrement en écoutant son ex-petit-copain parler de ses cheveux, tout en buvant son café encore fumant. Cléophée se souvenait encore parfaitement des moments où elle devenait coiffeuse, histoire de toujours mettre en valeur le charisme de son copain. La blonde le trouvait beau et avait toujours tout fait pour qu’il le soit, parce qu’elle aimait le chouchouter, plus que n’importe qui. « Bah passe chez moi à l’occasion, je pourrais toujours le faire, parce que là tu ressembles pas à grand chose. » Après tout, cela n’avait rien de romantique et elle pourrait très bien le faire pour ami -même si au fond, c’était simplement pour pouvoir le voir. William lui manquait tous les jours et elle adorait avoir la chance de pouvoir le croiser, même si ce n’était qu’en temps qu’amis.

William regarde l'étudiante sans trop savoir quoi répondre. Même s'il trouve que sa meilleure amie est vraiment magnifique, personne sur cette planète n'est capable d'égaler la beauté de Cléophée à ses yeux. Pour lui, son ex-petite amie est et restera à jamais la fille la plus belle de la terre, et il ne reviendra jamais sur cette décision. Elle est la personne faite pour lui, celle qu'il a envie de voir tous les matins au réveil et tous les soirs avant de s'endormir, celle qu'il aime au point de pouvoir mourir pour elle, et la seule personne avec qui il envisage de vraiment faire sa vie. Il n'y a pas de rivalité possible, la jersiaise restera toujours son seul amour aux yeux du brun. C'est là que les choses se compliquent – l'avouer serait lui montrer qu'il est encore attaché à elle alors qu'il lui a promis de passer à autre chose. D'un autre côté, il sait qu'il doit accepter de la laisser partir, qu'elle fasse sa vie, qu'elle soit heureuse. Le jour où il la verra avec un autre garçon, engagé dans quelque chose de sérieux, il prendra sûrement des vacances, s'exilant le temps de digérer la nouvelle pour ne pas faire un meurtre. Elle mérite ce qu'il y a de mieux – et hélas ce n'est pas lui, un mangemort psychologiquement instable incapable de la rendre heureuse.

— Elle est vraiment cool. Faut que je passe la voir ce soir, elle me manque un peu, dit-il simplement. Le plus simple à ses yeux est d'éviter le problème, d'éviter de répondre cette problématique qui se pose. Son regard croise rapidement celui de Cléophée, provoquant chez lui une véritable vague de bonheur. Chaque fois qu'il la revoit après plusieurs semaines, il se demande comment il fait pour l'aimer autant et supporter cette distance. C'est vrai ? Tu ferais ça pour moi ? Il la regarde avec un sourire doux et sincère. Il n'est pas sûr que ça soit une bonne idée d'aller chez la blonde pour se faire couper les cheveux – il préfère la croiser dans des lieux publics, en compagnie de témoins qui l'empêcheraient de faire une connerie quelconque – mais il ne va pas refuser une possibilité de passer un peu de temps avec elle, même si ce n'est qu'en tant qu'ami. Je passerai du coup, t'es totalement géniale. Il termine son café avant de regarder sa montre avec un petit air blasé. Charlotte ne va pas tarder à finir les cours, et il a promis d'aller la chercher, ce qui écourte ce moment particulièrement agréable en compagnie de l'étudiante en botanique. Charlotte m'attend, je dois y aller, dit-il en la regardant avec un petit air désolé. Il se lève en remettant sa veste, sans pour autant la quitter des yeux. On se voit bientôt du coup ?, demande-t-il avant de s'approcher pour lui dire au revoir, lui faisant un rapide bisous sur la joue avant de partir en lui adressant un signe de la main.

Imagine William dans les bras d’une autre était bien évidement difficile à vivre pour elle, cela dit elle s’était promis de ne pas lui en empêcher -après tout, elle avait promis qu’ils resteraient amis. Au moins, cela lui permettait de le voir plus souvent, d’entendre plus souvent sa voix et surtout de sentir son parfum si unique. Cléophée se demandait souvent comment elle faisait pour résister, pour ne pas lui sauter au cou et l’embrasser pendant des heures. Elle se souvenait de tous les moments avec William, qui hors l’incident, était tous merveilleux. Cependant, la blonde lui en voulait encore de ne pas pas la choisir elle, même aujourd’hui elle avait encore espoir qu’il quitte les mangemorts pour elle, elle qui l’avait toujours aimé, chouchouté sans réserve. Malheureusement, il ne l’avait pas fais et aujourd’hui il était en train de tourner la page en sortant avec Céléstine Worsley. « Oh je vois. » Fut un temps, c’était elle qu’il devait rejoindre pour la soirée, c’était elle qui lui manquait et se dire que c’était définitivement termina lui serra le ventre. Néanmoins, elle resta forte face à lui, adressant même un petit sourire avant de boire sa boisson.

Le brun semblait ravi d’apprendre qu’elle pouvait lui couper le cheveux, ce qui la fit légèrement rire. « Bien sûr, je vais pas te laisser comme ça. » Ce n’était pas non plus l’action du siècle et elle le ferait sûrement pour n’importe quel ami, sans parler que c’était un peu son petit plaisir de s’occuper de lui. Cléophée avait toujours eu un côté un peu maternelle avec les gens qu’elle aime, mais encore plus avec lui. « Quand tu veux alors ! » Avec sa thèse, elle avait besoin de faire des pauses et de s’offrir des loisirs pour de pas devenir folle ou dépressive comme son frère. Heureusement, pour le moment tout se passait bien pour elle, surtout niveau temps. Alors qu’elle terminait sa boisson, le gallois se leva et lui colla un bisous sur la joue qui la fit frissonner un peu. « Oh ok, bon bah à la prochaine pour une séance coiffeur. » Toute bonne chose avait une fin et il était temps de retourner travailler.