Kiss me with adventure

'til I forget my name

Kendra déverrouilla la porte de la chambre d’hôtel – ou plutôt, la suite, ce qui était absolument exagéré mais idéal pour terminer en beauté leurs petites vacances aux États-Unis.

Elle posa ses mains sur les yeux de Joy avec un large sourire. « Garde bien les yeux fermés, la chambre est une surprise. » Elle ouvrit la porte en guidant sa petite amie à l'intérieur, impatiente de lui faire découvrir. « Je reviens, mais tu n'ouvres toujours pas les yeux, je vais chercher les valises ! Ne triche pas, je te regarde, hein ! » L'asiatique fit rapidement demi-tour en vérifiant par dessus son épaule que Joy ne soit pas en train d'ouvrir les yeux. Elle posa les bagages au pied du lit, avant de se placer devant la brune, et déposa un rapide baiser sur ses lèvres. « Voilà, tu peux ouvrir les yeux ! Surprise ! »

Kendra tendit les bras, désignant la chambre avec un grand sourire, surexcitée à l'idée de voir la réaction de Joy. Elle s'assit sur le lit, observant chacun des gestes et expressions de la brune.
En haut de cet hôtel au nombre d'étages totalement délirant, dans une suite beaucoup trop grande (décidément, ces américains et leur obsession à tout rendre démesuré!), Kendra se sentait comme sur un petit nuage. « Alors, qu'est-ce que tu en penses ? La classe, tu trouves pas ? » Commenta-t-elle en s'allongeant sur le lit. Elle tendit le bras et attrapa le petit dépliant personnalisé sur la table de chevet. « A l'intention de M. et Mme Austen... Ben oui, une suite de couple, c'est forcément un homme et une femme. – nota Kendra en rigolant – Tiens ! Tu savais qu'on pouvait louer une limousine ? Ou une voiture avec une piscine à l'arrière ? Ils sont fous, à Vegas, vraiment. Je me demande qu'est-ce qu'ils n'ont pas inventés. » Elle secoua la tête, fascinée – elle aurait pu se perdre dans toute cette agitation, cette foule, cette folie, et elle aurait disparue, avalée par les grands buildings américains, le béton et la foule. Heureusement, si Kendra se surprenait à beaucoup aimer les États-Unis, elle préférait Londres, moins exubérante, moins dangereuse pour elle – le juste milieu entre l'extrême Américain et la campagne, à ces yeux. « Alors, cette Saint Valentin ?  Bon, j'ai encore prévu deux ou trois petits trucs, mais chaque chose en son temps... » lâcha-t-elle, alors qu'elle mourrait d'envie de tout révéler à l'instant. Elle se rassit sur le lit, y attira Joy.  

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But if I tell the world, I'll never say enough

'cause it was not said to you

Les yeux obstinément clos, Joy suivit jusqu'à l'intérieur de la suite sa petite-amie – la confiance, la tendresse, l'amour que ce simple mot suffisait à lui évoquer ne manquait jamais de lui couper le souffle – et attendit patiemment l'autorisation de les ouvrir. L'excitation à peine contenue de Kendra lui arracha un sourire attendri. Elle mourrait d'envie de tendre la main et de l'enlacer, s'enivrer de l'énergie qu'elle dégageait et du bonheur que lui procurait sa présence ; à la place, elle choisit de jouer le jeu. Cela avait l'air d'être important pour sa compagne et Joy jugea qu'elle pouvait faire l'effort de se passer de son contact pendant encore quelques minutes. Un voyage aussi inattendu – elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander si cela cachait quelque chose. La jeune femme avait beau être l'une des Aurors les plus acharnés de sa génération, face aux yeux pétillants et au sourire malicieux de Kendra, elle se sentait aussi démunie qu'à l'aube de son adolescence.

Un rapide baiser sur les lèvres, trop fugace pour capturer son essence, trop vif pour réellement le savourer. Joy s'apprêta à protester mais l'appel soudain à découvrir sa surprise lui insuffla la volonté de reporter à plus tard ses plaintes paresseuses. Elle ne fut pas déçue. Ahurie, elle fit naviguer son regard dans tous les recoins de la chambre, à la recherche du moindre défaut. Elle n'osait pas imaginer le prix à la nuit – elle n'osait même pas imaginer comment Kendra s'y était pris pour réserver un tel endroit. Elle lui dédia le regard qui voulait dire : « Sérieusement ? » ; mais déjà, Kendra se laissait tomber sur le lit, lequel grinça à peine sous son poids. Joy réalisa qu'elle était incapable de deviner si cela était dû à la silhouette menue de la jeune femme ou à la qualité des matelas. La classe, en effet.

« Tu n'étais pas obligée d'en faire autant, murmura-t-elle sans conviction, gênée à l'idée que quelqu'un puisse tenir à elle au point de défier la dimension commerciale de la Saint-Valentin pour en faire une réelle fête d'amour. » Quelqu'un qui se souciait réellement d'elle et de leur relation. Dire que j'ai failli laisser passer ça, songea-t-elle avec un amusement détaché.

La lecture du dépliant la fit rire, étrangement. Elle se sentait trop euphorique pour seulement donner une chance à quelque chose d'aussi insignifiant de gâcher sa joie. Une pointe d'émotions menaça de la submerger. « Tu as réservé la chambre à ton seul nom ? » Comme si nous étions un couple marié, ne fut pas prononcé mais flotta dans l'air comme un vœu informulé. Joy ne pouvait pas s'empêcher de la contempler comme si elle était le plus précieux des trésors. Elle l'écouta distraitement énumérer toutes les possibilités de l'hôtel d'un air si ridiculement heureux que Joy n'eut pas le cœur de l'arrêter pour lui avouer que sa seule présence suffisait à l'égailler. « Oui, complétement fou, répéta-t-elle en songeant que Kendra elle-même flirtait avec la folie quotidiennement, et elle ne parlait pas de ses troubles mentaux. » Réserver comme ça à l'arrache l'un des hôtels les plus onéreux de la ville juste pour la Saint-Valentin... Il n'y avait vraiment qu'elle pour faire ça. Et si Joy n'avait pas su se libérer ? Et si elle n'avait pas accepté ?
En réalisant qu'elle aurait accepté de la suivre n'importe où si elle lui avait demandé, Joy songea que Kendra devait la connaître sans doute mieux qu'elle-même.

Elle se laissa attirer sur le lit, lui réclamant un baiser d'un air autoritaire qui ne souffrirait pas de refus. Les cheveux courts de Kendra frottaient sa joue. Elle peina à réaliser ce qu'impliquait sa phrase avant de s'être confortablement installée dans le creux de ses bras. Joy se figea momentanément, la regardant du coin de l'œil. « Quels autres trucs ? Tu ne trouves pas que cette Saint-Valentin est déjà parfaite comme ça ? » Connaissant Kendra, cela ne pouvait être que totalement fou...

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« Bien sûr ! Je n'aurais pas voulu qu'ils t'envoient un message gâchant la surprise. Tu imagines, quelques jours avant que je t'annonce qu'on parte : « Chère Mlle Jackson-Poweml, n'oubliez pas votre voyage...» Et puis, je suis sûre que ça te plaît un peu de passer pour Madame Austen.  » fit Kendra en riant de bon cœur. Elle ne voyait d'ailleurs aucun problème à être désignée par « monsieur »  -un détail totalement insignifiant.

Kendra embrassa encore Joy sur les lèvres, la joue, le cou, passant ses bras autour de la brune. On aurait pu penser que tout cela était trop ; Kendra avait mis trop d'argent dans ce voyage, elle voyait sûrement trop grand, mais à ses yeux, Joy méritait tout cela, et même bien plus, et c'est pourquoi elle n'avait pas hésité une seconde lorsque l'idée avait germé dans son esprit. Complètement fou, avait dit Joy. Oh oui, on pouvait bien dire que Kendra était folle pour des milliers de raisons plus ou moins valable, mais une chose était sûre, Kendra était folle de Joy.

Elle posa d'ailleurs son menton sur l'épaule de Joy, observant alors de près les détails de son visage. «  Presque parfaite, mais disons que j'avais envie de tenter l'impossible ? L'excellence, le jour parfait ? Comme ça, ce quatorze février deux mille sera gravé dans ta mémoire. » Kendra débordait d'un romantisme dont elle ne se serait jamais cru capable – Joy semblait révéler des côtés d'elle qu'elle n'aurait jamais soupçonné auparavant. Elle baissa les yeux, jouant avec la main de Joy, reprenant d'un ton presque solennel. « Tu me connais, moi et les choix, c'est pas vraiment mon truc, pourquoi tu crois qu'on a visité trois villes américaines avant d'être ici ? Je savais pas quoi choisir. C'est pour ça aussi que mon frigo déborde tout le temps, qu'il y a toujours trois fois trop à manger et que mon dressing est bien trop plein pour une seule personne, mais ça tu le sais aussi, aussi bien que moi, évidemment. » Elle marqua une pause – elle savait très bien où elle voulait en venir et se doutait que Joy, par contre, ne devait avoir aucune idée. L'idée avait germé après la plaisanterie de ses cousins – si Kendra ne l'avait pas vraiment pris au sérieux au début, elle avait fini par se dire : pourquoi pas?  Elle mordilla sa lèvre, plongeant une main dans la poche de sa veste. «  Bref, les choix et moi ça fait deux. Mais si je devais choisir une seule chose pour le restant de ma vie, une seule, eh bien, ça serait toi Joy.  » Si on lui avait dis, qu'à vingt-quatre ans, elle aurait prononcé ses mots, elle se serait esclaffé. Merlin, comme les choses changeaient ! «  Et puis, Joy Christine Jackson-Powell, c'est très long, tu ne préférais pas t'appeler Joy Christine Austen ? » Elle sortit au même moment l'écrin qui contenait l'alliance – et pour ça, elle pouvait remercier Sebastian pour ses idées qui au final, se révélaient excellente – avec un sourire. «  Alors, Joy, est-ce que tu veux devenir ma femme, m'épouser ? » Se décida-t-elle à dire clairement, ne laissant plus aucun doute sur ses intentions. Kendra trépignait. C'était une idée délirante, démente, mais elle n'aurait pas pu trouvé de meilleure manière de prouver à Joy qu'elle représentait tout pour elle.

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Inondée sous les baisers, Joy peina à reprendra sa concentration. Elle exhala profondément, l'odeur du shampooing de Kendra envahissant ses narines alors qu'elle passait une main distraite dans ses cheveux. Elle tenta d'insuffler à son geste, dont la familière intimité lui arracha un sourire attendri, toute la gratitude que lui inspirait le cadeau de sa compagne. Si la prison avait laissé une empreinte amère dans sa mémoire, l'énergie vibrante de la jeune asiatique parvenait à l'atténuer comme un petit miracle, un pansement appliquée sur une plaie qu'elle avait cru autrefois béante. Peut-être, non, bien sûr que Kendra n'était le pansement, car les gens n'étaient pas des médicaments et quiconque pensait le contraire était aux yeux de Joy empli d'un égoïsme abyssal, mais elle était la main prudente qui le lui avait tendu, l'invitant à aller mieux par soi-même. Cette pensée l'amena à déposer un baiser tranquille, presque apaisé, sur la tempe de sa petite-amie. « Oh ça, crois-moi, je m'en souviendrais, de cette St-Valentin, murmura-t-elle, rêveuse. »

Le ton tout à coup solennel de Kendra lui fit lever des yeux surpris où l'inquiétude menaçait de percer. Elle baissa la tête vers leurs doigts entremêlés une seconde mais ne put résister à la tentation d'observer sa petite-amie avec une attention qui en aurait intimidé plus d'un. Mais Kendra était loin d'être stoïque et elle poursuivit sa tirade comme si elle n'avait pas remarqué l'étonnement de Joy. « Oui, je te connais, affirma-t-elle d'une voix ferme, parce qu'elle avait besoin de cette assurance pour avancer dans la vie, parce que s'appuyer sur Kendra était devenu une habitude et que, de cette façon, elles formaient un couple solide. On se connaît et je refuse de te cacher quoi que ce soit... » Pour être honnête, elle s'attendait à ce que Kendra renouvelle ses vœux de ne plus rien lui cacher comme elle l'avait fait au Deus et Joy se refusait d'avoir cette conversation à nouveau, justement parce qu'elle avait placé toute sa confiance en elle. Toutefois, Kendra plongea la main dans sa poche, s'empara visiblement de quelque chose et un doute soudain envahit Joy.

Les souvenirs l'envahirent en cascade. Comme sous l'effet d'un anesthésiant, elle se rappela les ricanements moqueurs des cousins de Kendra à Noël, leurs airs conspirateurs alors qu'elle se voyait obligée, par pure politesse, de les remercier pour la robe de mariée et une montagne d'affaires de bébé dont elle ne saisissait pas – encore – l'utilité. Elle refusait d'y croire ; refusait de croire que leurs allusions indiscrètes avaient fini par germer en idées un peu folles, puis en désirs concrets dans l'esprit de sa compagne. Une vague soudaine de panique menaça de la submerger et Joy dut faire appel à tout son self-control pour ne pas bondir tout à coup de sa place, incapable de savoir quoi répondre à la question fatidique.
Calme-toi, s'asséna-t-elle en plantant ses ongles dans la paume de ses mains, davantage guidée par l'affolement que par la raison. Kendra est trop éprise de sa liberté pour seulement songer à un engagement aussi sérieux que le mariage – et moi, je – je ne suis pas sûre d'avoir le droit de dire oui parce que, Helga, je ne peux pas lui demander de sacrifier sa jeunesse juste pour moi. Ce serait la plus égoïste des décisions.

« Kendra, je ne suis pas certaine que – commença-t-elle d'une voix nouée par l'émotion. » Elle se retrouva incapable de terminer sa phrase, son anxiété croissante se chargeait de détruire ses mots avant même qu'ils ne puissent franchir le barrage de ses lèvres. Elle aurait aimé lui dire qu'elle n'était pas assez bien pour elle, qu'elle ne pouvait pas risquer que sa réputation sulfureuse l'entache elle aussi, que les temps avaient changé et qu'être dotée d'une compagne lesbienne en plus d'être Née-moldue était bien trop dangereux – que si Kendra était plus ou moins protégée par le sang qu'elle partageait avec Lichuan et Sébastian, Joy était la faille dans une armure déjà terriblement fragile.
Mais Kendra poursuivait et Joy demeura muette, écrasée par le poids d'arguments pourtant raisonnables qu'elle ne réussissait pas à formuler ainsi que par quelque chose d'autre, comme l'espoir un peu fou, et même totalement irrationnelle, d'être autorisée à réclamer le droit d'être appelée Mrs Austen quand l'envie devenait trop irrésistible de revendiquer fièrement sa relation avec la belle asiatique.

« Alors, Joy, est-ce que tu veux devenir ma femme, m'épouser ? » L'écrin, les alliances... Kendra était sérieuse. Kendra était sérieuse. Joy pâlit, se redressa un peu trop brutalement, considérant les bagues avec une méfiance dictée par son désir démesuré de dire oui, oui, bien sûr, jamais sans toi... Elle se contenta d'articuler d'une voix qui frôlait dangereusement les aigus : « Donne-moi une seconde. »
Ces mots à peine prononcés, elle courut s'enfermer dans la salle de bains, sur le point de faire une crise de panique.

Ce n'est pas raisonnable, s'apostropha-t-elle à voix basse en s'aspergeant le visage d'eau glacée. Je ne peux pas dire oui. Cela revient à la mettre en danger, à faire d'elle une cible. Tant pis si refuser revenait à leur briser à toutes les deux le cœur, Kendra finirait par comprendre comme elles se comprenaient toujours éventuellement. Oui mais – Joy pensa aux risques insensés que la jeune femme prenait quotidiennement à cause de son métier, aux scoops qu'elle pourchassait avec une détermination que le danger ne parvenait pas à effacer. Elle n'accepterait jamais cette excuse. Elle rirait sans doute à gorge déployée et lui ferait signe de se taire, parce que ce n'était jamais rien qu'un défi de plus à relever.
Joy pensa aussi au voile sombre et angoissant que les Détraqueurs faisaient planer au-dessus de leurs têtes au cœur d'Azkaban et songea que rien ne pouvait égaler cette terrible sensation. Elle pensa à son bureau qui l'attendait au sein du ministère et ses ambitions renouvelées. Elle pensa que si elle voulait être à la hauteur, elle devait au moins essayer d'arrêter d'avoir peur. Affronter son passé pour enfin réussir à se construire un avenir.

Pendant un moment qui lui parut interminable, elle contempla son reflet dans le miroir. Puis elle inspira et éteignit le robinet, se forçant à respirer calmement, les mains crispées sur le rebord du lavabo. Elle était toujours aussi pâle mais ses yeux brillaient d'une volonté encore un peu tremblante mais dont elle était sûre qu'elle se raffermirait au fil du temps. L'instant d'après, elle sortait de la pièce, tâchant de paraître décidée.
Se plantant en face de Kendra, elle prit le temps de détailler son visage, se gorgeant de la beauté de ses traits. Helga, dire que j'ai failli un instant lui dire non, pensa-t-elle. Un sourire doux effleura ses lèvres et elle tendit sa main afin de lui caresser la joue. « Pardonne-moi. J'ai paniqué, souffla-t-elle le plus honnêtement du monde. J'ai eu peur parce que j'ai pensé à la foutue époque à laquelle on vit. Puis je me suis dit que c'est justement parce qu'on vit ici et maintenant que j'ai besoin de toi. Parce qu'au moins, avec toi à mes côtés, ça vaut le coup de se lever chaque matin. »

Elle laissa planer un silence le temps de rassembler toute sa volonté et puis elle murmura simplement, d'une voix fébrile : « C'est oui, bien sûr. »

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Kendra parlait, parlait, prenait à peine le temps de respirer – elle parlait comme elle vivait, à toute vitesse, emportant Joy au passage, comme à son habitude. Elle parlait, notant seulement rapidement la surprise de la brune – il fallait tout dire, vite, avant qu'elle ne change d'avis ! Parce que Kendra n’aimait rien de plus que sa liberté – liberté de courir à droite à gauche, de se jeter à corps perdu dans son travail, de séduire homme et femme, d’être homme et femme… C'est ce que tout le monde pensait, ce que Kendra elle-même pensait – et ce, jusqu’à ce qu’elle rencontre Joy.
Elle y avait pensé, repensé, les yeux fixé sur le plafond de son appartement, tirant des conclusions sur vingt-quatre années d'existence, et une année entière à connaître la jeune femme. Une année remplie de hauts très haut, de bas mais pas si bas que ça. Elle s'était rendu compte de comment sa vie et elle-même avait changé à la seconde même ou elle avait autorisé Joy dans sa vie. Tout aurait été si différent si Kendra s’était lassé, avait jeté son dévolu sur une autre personne- avec des si … Le fait est que ce choix inconscient les avait menées jusqu’ici, jusqu’à cet instant où Kendra sortait la bague de sa poche, ignorant la surprise, l’émotion, et le doute qui s’emparait de celle qu’elle considérait comme sa moitié. Kendra n'aimait rien de plus que sa liberté – sauf peut-être Joy. Elle était prête à passer le reste de son existence auprès d'une seule personne pour qui elle aurait remuer ciel et terre sans aucun regret.

Elle tenait la bague devant elle, les yeux brillants d'émotions, d’excitation, elle passa sa langue sur ses lèvres en attendant la réponse de Joy – elle s'était joué mille et un scenarii, dans lesquels tout arrivait : Joy refusait. Joy acceptait. Joy... Bref, Kendra avait observé la scène sous tout les angles, se parant à toute éventualité. Elle était prête à essuyer un refus- elle n'en tiendrait pas rigueur, ce n'était parce qu'elle ne voulait pas l'épouser qu'elle ne l'aimait pas. Il y avait des millions de raisons de refuser de se marier, Kendra était tout à fait prête à les entendre s'il fallait.

Mais elle ne s'était sûrement pas préparé à ce que Joy prenne la fuite.

Enfin, prendre la fuite – elle n'avait pas réellement fui à proprement parler ; elle s'était juste isolée dans la salle de bain. Kendra cligna des yeux, interdite, réalisant ce qu'il venait de se passer.

Kendra était sûre de ces choix.
Mais c'était peut-être trop précipité ? Peut-être que Joy ne voyait pas les choses du même angle, après réflexion – Kendra avait basé ses scenarii sur l'idée que Joy l'aimait autant qu'elle. Et si... et si...
L'asiatique s'interdit de finir sa pensée. Non, le problème ne venait pas de là. C'était beaucoup d'un coup, il fallait la comprendre : le voyage, la demande, ça plus les cadeaux de ses cousins à Noël, c'était beaucoup d'émotions. Comme Joy l'avait dit, elle avait juste besoin de quelques secondes pour remettre ses idées en place.

Par la barbe de Merlin, Kendra inspira pour faire taire les battements frénétiques de son cœur, fixant le paysage par la fenêtre de la chambre – il fallait se calmer. Le bruit de la porte de la salle de bain qui se déverrouilla la fit se retourner, son regard suivit Joy et la simple vision de la jeune femme lui arracha un sourire. Le monde aurait pu s'effondrer, Joy lui arracherait toujours un sourire. « Ne t'excuse pas, je comprends, c'est beaucoup d'un coup et... » Kendra s'arrêta, se forçant à rester silencieuse pour ne pas inonder l'aurore de paroles inutiles. Assez parler, il fallait écouter. Elle attrapa la main de Joy, la caressant doucement. « Donc... ? » souffla-t-elle lors du silence.

Kendra observa Joy, cette femme formidable, ses yeux noisettes qui se plissaient dans elle souriait, ses boucles brunes, son sourire, son amour, et son cœur en rata quelques battements. Et en rata quelques autres quand elle étendit la réponse de Joy.
Elle ouvrit la bouche pour dire quelques choses, la referma rapidement pour reprendre ses esprits – alors qu'elle avait prévu ce moment, voilà qu'elle se retrouvait sans mot ! Elle se racla la gorge en se levant, droite face à sa future femme. « Vraiment ? » C'était une question stupide ; Joy venait de dire oui ! Il ne s'agissait pas de la faire douter maintenant ! Kendra embrassa Joy, la couvrit de baisers en glissant ses doigts entre les siens, incapable de réprimer un large sourire. « Tu m'as fais affreusement peur, j'espère que tu t'en rends compte ? Cet ascenseur émotionnel ! » Elle en rit, attrapant la main de Joy pour glisser l'anneau. « J'ai cru que tu allais dire non. Enfin, j'avais songé à un scénario où tu dirais non, j'étais prête à comprendre, mais... Bref, tu as dis oui, c'est l'important. On va se marier, Joy. » Elle l'embrassa à nouveau, avant de se laisser retomber sur le matelas et attirant Joy dans ses bras, inspirant pour calmer toute cette excitation.

« Je t'aime, tu sais? » fit Kendra, glissant ses doigts dans les boucles de Joy. « Je n'aurais jamais pensé rencontrer quelqu'un comme toi un jour, quelqu'un qui me rends si... Heureuse, mais aussi fière, parce que tu es une personne formidable. Je sais bien qu'on vit dans une drôle d'époque, mais honnêtement, avec toi à mes côtés, j'affronterai... Je sais pas, un troll s'il le fallait. Ou cinq autres Noëls avec Sebastian et Lichuan qui font des cadeaux douteux. »

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