(las vegas) Waking up in Vegas | Kendra

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Waking Up In Vegas

Il avait tout prévu. Les vêtements, l'horaire, le lieu d'arrivée, les arguments. Un vieux jogging ferait l'affaire, il devait être environ vingt heures sur la côté ouest des États-Unis, il avait mémorisé les détails d'une ruelle déserte grâce à une vieille carte postale et était porté l'assurance de passer une soirée inoubliable. Kendra ne pouvait pas dire non. Elle lui ressemblait trop pour dire non, pour même simplement envisager de dire non. Un sourire tremblant étira les lèvres de Lichuan. Il allait revoir sa cousine, la seule famille qu'il lui restait. L'enlever, lui faire découvrir les plaisirs éphémères de la nuit et les promesses vaines de l'argent. Ils allaient rire, s'amuser, tricher et se moquer des Moldus aveugles à leurs artifices, tous leurs artifices. Sans doute, non, bien sûr qu'elle devait le haïr. Mais il s'était passé tellement de choses — la révélation de sa trahison et celle, infiniment plus amer, de ses multiples tentatives de suicide. Lichuan avait oublié les mots qui consolent. Sherkan les lui avait ôtés, l'avait condamné à une existence où il se montrait incapable de réconforter ses proches. Mais Kendra le connaissait. Elle saurait certainement ce que cachait son soudain enthousiasme à plumer les casinos de Las Vegas. Ils profiteraient de l'occasion pour se retrouver. Merlin qu'elle lui avait manqué, sa petite cousine. Il l'avait vu grandir, s'épanouir, devenir quelqu'un. Pourtant il n'avait pas vu la tristesse, le désespoir, l'amertume. Il n'avait pas été là pour l'aider à se relever. Elle ne l'avait pas jugé assez proche d'elle pour se confier à lui.

Cette idée le torturait plus encore que le souvenir des actes qu'il avait perpétré et de tous ses mauvais choix. Kendra incarnait l'innocence d'un passé qu'il avait abandonné derrière lui. Mais elle était aussi un être insaisissable dont il avait volontairement occulté la complexité pour mieux se réfugier sous un voile d'illusions. Il avait échoué à tous ses devoirs mais refusait de croire qu'il était trop tard pour réparer les dégâts. Alors c'est vêtu d'un jogging vert absolument hideux ainsi que d'un T-shirt jaune sur lequel il était écrit avec des paillettes multicolores S.W.A.G (Shit, We Are Gay) qu'il transplana devant l'appartement de sa brune favorite. Il eut au moins la décence de frapper, jugeant que l'arrivée d'un criminel recherché sur son paillasson suffirait à faire lever un sourcil intrigué à Kendra. Cependant, dès que la porte s'ouvrit, il s'infiltra dans l'appartement à la vitesse de la lumière, saisit sa cousine par le bras et la fit tourner en s'exclamant : "On sort ce soir ! Va vite te préparer, j'ai des fausses cartes d'identité dans ma poche, des dollars moldus falsifiés et l'adresse d'un bon club à Las Vegas." Un baiser sonore sur sa joue plus tard, il continua : "Pas de question, pas d'interrogations, c'est moi qui m'occupe de tout, d'accord, meimei ?" Meimei, un surnom affectueux pour petite sœur qui, prononcé dans leur langue natale, prenait des allures de serment. Il ne l'avait plus utilisé depuis ses onze ans, lorsqu'il avait appris qu'elle irait comme lui à Poudlard. Une éternité. Meimei, la seule façon que connaissait Lichuan de demander pardon.
Excuse-moi de n'avoir rien vu.
Recommençons, tu veux bien ?

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Tout allait bien. Tout allait mal. Kendra, partagée entre deux extrêmes, comme à son habitude.

En fait, les jours, les semaines s'étaient écoulées et Kendra n'avait rien vu passé. Une seconde avant, elle vivait une vie plus ou moins normale – aussi normale qu'elle pouvait l'être, du moins – et la seconde après, ses vilains petits secrets étaient jetés à sa figure et à la figure du monde sans le moindre avertissement.
Kendra avait habillement évité les regards pleins de pitié ; elle n'avait bien sûr pas pu faire abstraction de la tristesse de Joy, d'Automne, mais elle ne s'était pas attardé sur le sujet. Moins elle en parlait, plus cela semblait comme un vague souvenir, un rêve un peu flou – il suffisait qu'elle n'en parle plus jamais et il finirait par disparaître, s'effacer complètement. Tout allait bien. Tout allait mal. Il avait suffi d'une petite remarque de Dimitri pour tout ramener sur le devant de la scène, sous le feu des projecteurs.

Elle étala ses jambes sur le canapé, avalant le fond de sa tasse de café. Kendra savourait presque ses trois secondes de battements avant qu'elle ne se relève pour reprendre son ballet. Trois secondes, c'était tout ce qu'elle s'accordait ce soir. Trois secondes, et elle irai écrire cet article, ranger l'appartement, s'écrouler sur le lit quand elle serait épuisée.

On frappa.

Kendra déposa la tasse, se releva, ouvrant la porte sans même regarder – et elle fut prise de cours par une tornade semblable à son mouvement à elle.

Elle ne su pas ce qui la surpris le plus : le fait de voir son cousin entrer chez elle, l’inondant de paroles qui semblaient surréalistes, le baiser sur sa joue, ou peut-être la tenue aussi improbable que hideuse. Elle le serra dans ses bras – quelle réaction étrange. La dernière fois qu'elle l'avait vu, Kendra l'avait giflé. Mais ça, c'était il y a une éternité. Tout avait changé.

« Gēge. » Le naturel revient comme s'il ne l'avait jamais quitté, comme si elle avait encore onze ans, que rien n'était grave. Elle avait tant de questions, tant de choses à dire, si peu de temps. Et aucune envie de coller à ces retrouvailles une gravité inutile. Kendra afficha un sourire sincère, détailla Lichuan de haut en bas. « J'ai une question. Qu'est-ce que c'est que cette tenue ? »

Elle voulait le remercier. De ne rien mentionner – mais Kendra savait bien pourquoi il faisait tout ça, et voulait le remercier d'autant plus. Ils n'avaient pas besoin d'en parler des heures durant, non ?
Kendra tournait déjà les talons, déposant la tasse dans l'évier. Vegas. Quelle idée. Quelle merveilleuse idée.

« Tu n'as qu'à m'aider à choisir ma tenue, puisque tu es là. » Lança-t-elle en traversant l'appartement vers son dressing. « Une idée ? » Ses yeux parcoururent l'ensemble des vêtements, de la tenue la plus flashy, en passant par le plus classique, avant de lancer un regard interrogateur à Lichuan.
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Si naturelle – comme si rien n’avait changé. Tout à coup, cela le frappa. Rien n’avait changé. Ils étaient toujours des enfants, toujours une petite famille dysfonctionnelle mais c’était tout ce qu’il avait et tout ce qu’il lui restait. Il grimaça de manière exagérée lorsque Kendra l’affubla de ce surnom affectueux qui, prononcé en anglais, lui semblait atrocement ridicule. Cependant, cela ne pouvait pas être pire que sa tenue et il salua l’appellation avec un rictus sarcastique, écartant les bras comme pour souligner le génie de sa tenue. « Je la trouvais jolie, se contenta-t-il de dire en guise d’explications. Et cela ne semble pas te déplaire puisque tu veux quand même que je t’aide pour choisir tes vêtements. » D’un pas si joyeux qu’il paraissait presque bondissant, Lichuan s’étala de tout son long sur le lit, observant sa cousine d’un œil attentif alors qu’elle parcourait d’un regard critique son dressing. « Prends un truc casual. On s’en fout. On va tout rafler quoi qu’ils pensent. » Son sourire était celui d’un gamin impatient rien qu’à l’idée d’ouvrir ses cadeaux de Noël. Il attendit en tapant du pied sur le parquet que Kendra daigne se changer puis lui offrit son bras, parodie embarrassante de galanterie, avant de déclarer, glissant la photo de la ruelle entre les doigts fins de la jeune femme : « Notre destination. Je compte sur toi pour nous y faire arriver en un seul morceau ! »

L’instant d’après, ils y étaient et Lichuan, sans lâcher le bras de Kendra, l’entraîna à travers les rues, parlant bien trop fort dans leur langue natale afin d’attirer tous les regards. « Hé, Meimei, lui glissa-t-il avec un sourire de chat. Je te parie que nous n’aurons pas besoin d’utiliser nos fausses cartes d’identité pour entrer dans ce club. » Il savait qu’elle comprendrait – elle comprenait toujours, et le fait qu’ils soient sur la même longueur d’ondes suffisait à noyer sa culpabilité sous une tonne de soulagement. Rien n’avait changé.
Ils se dirigèrent vers un bâtiment si illuminé que Lichuan dut cligner à plusieurs reprises avant de pouvoir lire l’enseigne. Parfait, jugea-t-il avant de se diriger vers un homme massif qui semblait garder l’entrée. « C’est une soirée privée, commença-t-il avec cet accent américain que Lichuan trouvait tout à fait intéressant mais, hey, ce soir, c’était à leur tour de parler. »

« Comment ? s’exclama-t-il d’un ton qui frôlait dangereusement avec les aigus, y insufflant une pointe d’accent qui mélangeait savamment l’influence de plusieurs pays asiatiques – une véritable farce mais suffisamment convaincante pour un portier impressionnable. Vous ne nous reconnaissez pas ? Mais enfin, c’est nous ! » Il se tourna vers sa compagne du jour, l’air absolument horrifié, comme s’il ne parvenait pas à réaliser l’ampleur de l’affront qu’il leur était fait. « Je ne reviens pas de cette ingratitude… C’est tout simplement alarmant. C'est la première fois que cela nous arrive… » Le pauvre portier, ignoré, les regardait alternativement comme à un match de ping-pong, l’air terriblement embarrassé. Lichuan compta sur Kendra pour lui asséner le coup fatal.

Décidemment, ce serait une très bonne soirée.

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Kendra haussa un sourcil curieux – elle n'était pas à la pointe de la mode, une styliste ou quelque chose comme ça, mais il aurait fallu être aveugle pour trouver cette tenue jolie. Son pauvre cousin avait-il perdu la vue ? Elle éclata néanmoins de rire à la remarque de Lichuan, avec un haussement d'épaules exagéré, comme si elle se résignait. « Bien sûr, puisque tu es la seule personne présente pour me conseiller. Sinon j'aurais appelé Seb, j'ai quand même plus confiance en ses goûts, tu sais. »
Casual, parfait pour crapahuter à droite à gauche, et à l'autre bout du monde – alors Kendra n'hésita pas plus, plongeant sa main dans l'armoire, changeant pour un débardeur et un blazer, déposant sur le haut de son crâne une paire de lunettes de soleil – concrètement inutile vu l'heure qu'il devait être en Amérique, mais parfaitement en accord avec le reste de la tenue – et enfile rapidement une paire de chaussures avant d'attraper le bras de Lichuan. « Le transport de Monsieur est fin prêt. » ajouta-t-elle en se concentrant sur la photographie- direction, la ville de tout les excès, Las Vegas.

Les rues, les néons lumineux, l’excitation, Kendra en frémit, un sourire aux lèvres qui ne voulait pas disparaître. Elle était bien plus légère – comme si le poids de tout ce qui lui trottaient dans un coin de la tête était resté en Angleterre et il n'y avait plus qu'elle et Lichuan, ils avaient juste à être les enfants qu'ils étaient toujours. Elle donna un coup de coude à l'aîné en rigolant – oh, elle imaginait bien quelle idée pouvait avoir traversé l'esprit de Lichuan, mais elle n'allait rien faire pour l'en dissuader, loin de là.
Kendra fit tomber les lunettes de soleil devant ses yeux, donnant l'air d'être une de ses célébrités moldues souhaitant à tout prix passer inaperçue et éviter le flash des appareils photos. Parfait, donc, songea-t-elle en suivant Lichuan vers l'immense bâtiment aux couleurs criardes.

Le rôle que Lichuan s'était donné était plus que parfait – si Kendra n'avait pas été dans la confidence, elle aurait presque pu y croire, et espéra que le portier fasse de même. D'ailleurs, elle baissa ses lunettes en le toisant de haut en bas, avec un regard hautain.
Elle poussa un soupir exagéré, secouant la tête et réajustant ses lunettes noires. « Incroyable. C'est une honte de se comporter ainsi envers nous, du jamais vu. Vous savez quoi, je vais immédiatement appeler le gérant pour lui faire part de cet incident- je suis sûre qu'il ne sera pas vraiment satisfait de savoir comment vous traitez ses amis.... » ajouta-t-elle en plongeant sa main dans sa poche pour attraper le téléphone moldu, claquant sa langue contre son palais avec un air agacé.
Visiblement, sa petite scène fit effet car le videur l'interrompit d'un geste précipité au moment où elle appuyait sur un numéro au hasard - « Toutes mes excuses, bien sûr, vous pouvez entrer ; vous recevrez une compensation pour cette honteuse erreur. Mes excuses, madame, monsieur. » Kendra rangea la téléphone avant de décerner à l'homme son plus beau sourire, attirant Lichuan par le bras. « Je savais bien qu'on pourrait s'arranger. » fit-elle en tapotant l'épaule du portier en entrant.

Une fois à l'intérieur, loin de l'entrée, Kendra observa avec le regard émerveillé d'un nouveau-né, avant de se tourner vers son cousin. « Eh bien, c'était plus facile que ce que je pensais ! Par quoi commence-t-on, très cher? »
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Là où Lichuan avait amorcé le plan, Kendra se chargea de le poursuivre en beauté, insufflant à son ton arrogant les références moldues qui achèverait de convaincre le videur de la gravité de sa malheureuse erreur. L’asiatique sentit poindre dans sa poitrine une étincelle de fierté déraisonnable – que dirait sa chère tante si elle apprenait, pa r hasard ou par erreur, qu’il encourageait sa précieuse cousine, encore si innocente, à se jouer des lois ? Pire que ça même, mettre en danger le secret magique ? Oh, il serait prudent. Certainement. Il veillerait à chasser de la mémoire des quelques Moldus égarés sur leur chemin leur souvenir pourtant impérissable – quel gâchis, vraiment ! Mais il suffit à Lichuan de se rappeler pourquoi il était ici, et surtout avec qui, pour qu’un sourire presque sincère fasse son chemin sur son visage. Il raffermit sa prise sur le bras de Kendra et se contenta d’opiner de la tête à chaque fois qu’elle assénait un avertissement meurtrier.
Il admira la souplesse avec laquelle elle s’empara de son – quoi, déjà ? Félétone – pour appuyer ses propos. Il s’apprêtait à répéter d’un air dédaigneux les affirmations outrées de sa cousine quand le videur se dépêcha de les interrompre. Enfin, ce n’était pas trop tôt, songea-t-il en faisant mine de réajuster les pans de son sweat-shirt froissé. Un couple les dépassa, certainement vêtus de leurs plus beaux atours, leur dédiant un regard curieux et Lichuan, incapable de s’en empêcher, leur tira la langue. Presque aussitôt, ils accélèrent et le fugitif ricana discrètement tandis que Kendra réglait les derniers détails avec le videur.

Lorsqu’ils franchirent l’entrée des lieux, Lichuan glissa dans la main du videur une fausse adresse glanée au fur et à mesure de leurs divagations. « Pour la note, fit-il avant d’emboîter le pas à sa cousine, suprêmement sûr de lui. » Il laissa son regard se gorger des détails de l’architecture une seconde avant de reporter toute son attention sur les montagnes de jetons, les rangées de machines dont il ne retenait jamais le nom et la foule – la foule ! Il se rappela qu’il ne pouvait décemment pas planter sa cousine-là si jamais il croisait le chemin d’une jolie âme flâneuse mais tout de même, il pouvait au moins les admirer, non ?

Heureusement, la question de Kendra le ramena sur terre. « Machines à sous, décida-t-il d’un ton péremptoire. Que dis-tu de simuler un malaise pendant que je trafique les résultats juste sous leur nez ? Ils seront si furieux de voir toute notre chance. » Au moment de prononcer ce dernier mot, il mima des guillemets avec un sourire malicieux. « Ou alors je suis celui qui m’écroule par terre d’un air théâtral. Ils auront trop de facilité à te relever avec ton petit gabarit… En plus, ça risque d’être drôle. » Un clin d’œil, tandis qu’il l’entraînait d’un pas triomphant vers les dites machines, la laissant décider de leur plan en paix.

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Il y avait de la lumière, du bruit, des gens : Kendra était dans son élément, elle aurait pu se perdre dans cet univers hétérogène, fascinée par tout ce mouvement, tout ces mélanges. Les gens allaient, venaient personne n'était vraiment immobile, elle ne savait plus où donner de la tête. Elle aurait pu disparaître sur un coup de tête, happée par l'excitation ambiante et la foule, elle se serait fondue dans la masse – il aurait suffi d'un moment d'inattention, de détourner le regard un peu trop longtemps, et Ken se serait faufilée, emportée par l'envie de tout voir, tout découvrir, tout faire. Heureusement, il y avait Lichuan, et ils avaient toute la nuit – chaque chose en son temps, quand bien même « prendre son temps » n'existait pas dans le vocabulaire de la jeune femme. Un regard à son cousin suffisait pour savoir que si l'envie de flâner à droite à gauche la démangeait, elle n'était pas seule dans ce cas. Elle esquissa un sourire.

« Un très bon choix, j'approuve. » commenta-t-elle en posant son regard sur les machines lumineuses et attrayantes – ah, de l'argent, de l'argent sans travail ni effort, simplement du « hasard » et un peu de « chance ». Son sourire s'élargit d'autant plus. Qu'est-ce que la chance quand on est une sorcière ? « Même si c'est très tentant de jouer la comédie, je crois que tes talents d'acteurs sont bien meilleurs que les miens. Je vais te laisser être le centre de l'attention, je suis sûre que tu en meures d'envie. » Elle en rigola, avant de s'approcher de cette merveilleuse machine dans lesquelles chacun semblait mettre tant d'espoir ; c'est fou ce qu'une simple machine moldue pouvait représenter pour les gens qui s'amassaient autour de ces boîtes de métal. « Impressionne-moi ! » souffla-t-elle à son cousin, attrapant discrètement sa baguette dans sa pochette. Tout le monde prêterait attention à Lichuan, clou du spectacle, et personne ne remarquerait une jeune femme, un bout de bois à la main. C'était un plan aussi simple que parfait, donc.

Elle tourna donc le dos à Lichuan, écoutant d'une oreille son petit show et se concentrant au même instant à ensorceler la machine pour leur faire gagner le jackpot – elle en frémissait, l'idée de faire quelque chose d'illégal qui pouvait potentiellement leur attirer des ennuis était grisant, encore plus qu'un verre de cocktail coloré et ultra sucré qu'il servait au bar. Une fois le sort lancé et la baguette rangée sans qu'on ait rien vu, il ne restait que la partie la plus simple : glisser la pièce, tirer le levier, laisser le « destin » jouer son rôle, avec un petit coup de pouce évidemment.
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Un sourire éclatant scotché sur les lèvres, Lichuan adressa à sa cousine un clin d'œil complice. Il fit la moue lorsqu'il réalisa qu'il était obligé de la laisser partir afin de pouvoir accomplir son petit ménage, et il frotta machinalement l'endroit où elle avait posé sa main comme si elle y avait laissé une empreinte indélébile. Puis, jugeant qu'il était temps d'accomplir une diversion à la hauteur de sa réputation, il chercha autour de lui une cible potentielle à laquelle se raccrocher dramatiquement lors de sa terrible chute. Quitte à se ramasser, autant atterrir en douceur dans les bras d'une jolie personne. Avisant un jeune homme à l'air poupin à moins de deux mètres de sa position, Lichuan songea qu'il ferait très bien l'affaire. Papillonnant bêtement des yeux pour simuler au mieux un début de malaise, Lichuan fit quelques pas avant de commencer à chanceler, ses lèvres laissant échapper un « Oh » très probablement exagéré mais qui fut vite noyé par le bruit de la vaisselle – et de la table voisine, peut-être que Lichuan avait finalement sous-estimé l'importance que son propre poids avait à jouer dans l'exercice de la gravité – qu'il emporta avec lui lorsqu'il tomba.

Il fallut ajouter au vacarme le cri de surprise outrée que lâcha sa cible, laquelle était, il fallait l'avouer, moins mignonne de près, ainsi que les exclamations ahuries des autres clients, sans compter le bruit de pas précipités que faisaient les chaussures parfaitement cirées du personnel sur le sol impeccable. Du coin de l'œil, Lichuan aperçut sa cousine ranger sa baguette avec un calme exemplaire. Elle avait sans doute eu plus que largement eu le temps de lancer son sort mais cela ne l'empêcha pas de se laisser choyer quelques instants, les fesses à terre, un serviette sur le visage et une foule de visages inquiets autour de lui. Il avait l'impression d'avoir trois ans à nouveau. D'un geste apaisant de la main, il leur fit comprendre que tout allait bien et, plus pour le spectacle que par réelle intention, il embrassa la joue de son sauveur involontaire. Non, il n'était définitivement pas mignon.

D'un pas chancelant, juste pour la forme, il rejoignit Kendra. « Allez, à toi l'honneur, fit-il à voix basse, jetant autour d'eux un regard méfiant. » Quelques personnes semblaient encore intrigués par sa remise en forme soudaine mais il les ignora, les gratifiant d'une mimique supérieure alors qu'il reprenait le bras de Kendra. Ce soir, Lichuan se sentait d'humeur à s'assurer par le toucher que sa cousine était là. Vraiment là. Il lui dédia un sourire attendri et l'embrassa sur la joue. « Après on tente le poker ? »

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Difficile de ne pas détourner les yeux pour admirer son cousin en pleine action : d'ailleurs, tout les regards étaient sur lui, clou du spectacle, célébrité de l'instant. Elle était impressionnée par les talents d'acteur de Lichuan – c'était exagéré, c'était beaucoup trop théâtral sans doute, mais les gens étaient naïfs. Il suffisait de voir la tête, moitié surprise, moitié inquiète du garçon sur qui Lichuan avait jeté son dévolu : il ne pouvait décemment pas laissé tomber quelqu'un qui venait de s'évanouir dans ses bras, mais il n'avait sûrement pas prévu de jouer les princes charmants pour une princesse en détresse qui dépassait largement le mètre quatre-vingt-dix. Kendra eut un sourire amusé, réprimant un fou-rire. Si Lichuan exagérait, que dire des réactions des autres clients ? Décidément, même les réactions étaient excessives – comme si le continent américain insistait pour que tout soit amplifié par rapport au reste du monde. Et il en profite, quel idiot. songea une Kendra qui s'amusait bien trop, voyant Lichuan planter un baiser sur la joue du preux chevalier – elle en venait à se questionner sur les goûts en matière d'homme de l'asiatique.

« Tu t'es remis de ta chute ? Il ne faudrait pas que tu refasses un nouveau malaise. » fit Kendra, prenant une mimique inquiète qui disparu bien vite au profit d'un air malicieux. « Que la « chance » soit avec nous, alors. » Elle avait envie de rire à sa propre remarque, petite plaisanterie qu'eux seuls pouvaient comprendre. Elle tira le levier, croisant les mains comme si elle attendait anxieusement le résultat. Quand les trois symboles identiques s'alignèrent et que les lumières clignotèrent (avec un bruit affreux) signalant le jackpot, Kendra lâcha une exclamation de joie. On ne gagne pas un jeu de hasard tout les jours. « Eh bien, je crois qu'on a gagné ! Quelle surprise ! Ne t'évanouis pas, hein. » Elle ignora les regards envieux et choqués des curieux autour (« comment peut-on gagner au premier coup ? » ; « quelle chance... »), secouant le bras de Lichuan et sautant presque sur place – elle ne jouait pas la comédie, même si elle avait un peu aidé le destin, elle avait encore cette pointe d'inquiétude : et si son sort n'avait pas marché ? Mais heureusement, il avait fonctionné et ils étaient maintenant les heureux gagnants du gros lot. « Poker, tu disais ? Tu connais les règles ou on y va... au talent ? » Elle ramassa leur butin avant que quelqu'un ne s'intéresse de trop prêt à leur fabuleuse chance. « On fera 50-50 avec nos gains, si tu veux. Ou on pourra tout dépensé dans la soirée, il est encore tôt. »

Elle tira Lichuan vers la table de poker en question, d'un pas légèrement sautillant, s'asseyant sur la première place libre et l'attirant à côté d'elle. Kendra fit tomber ses lunettes de soleil sur son nez, avec un petit sourire à l'adresse du plus âgée. « C'est plus pratique pour bluffer. J'espère qu'on ne verra pas les cartes dans le reflet, par contre. » Elle adressa un sourire à l'employée du casino.
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