Seamus quitte le comptoir, une glace à la pistache à la main – l'irlandais n'a jamais compris pourquoi il devrait attendre le retour de l'été pour pouvoir manger une merveille pareille et il profite de son périple au Chemin de Traverse pour s'en acheter une, histoire de ne pas être sorti pour rien. Un sourire un peu béat aux lèvres, l'ancien Gryffondor avance à travers la terrasse couverte à la recherche d'une table libre au milieu de tout ce monde. Son regard se pose à ce moment précis sur une personne qu'il ne s'attendait pas à voir aujourd'hui, pour la simple raison qu'elle ne devrait pas se trouver ici, chez ce glacier, dans cette partie de l'hémisphère.

— Olympe Shafiq. L'étonnement se lit dans sa voix alors qu'il s'arrête brusquement devant la petite brune. Bah merde, tu devrais pas être perdue dans la savane à te battre contre un lion, toi ?, demande-t-il un peu incrédule. Il n'en revient pas de revoir l'ancienne Serpentarde ici – il espère stupidement qu'elle n'est qu'en vacances, et qu'elle n'ait pas décidé de s'installer à nouveau sur le sol anglais. Il repense à la joie sans bornes qu'il avait ressentie en apprenant à l'époque que ce démon allait vivre à des milliers de kilomètres d'eux – plus besoin de supporter son air condescendant, sa façon de les traiter comme des imbéciles heureux et tous ces autres détails qu'il a toujours détestés chez elle. Mais ça fait longtemps que t'es rentrée ? C'est bizarre, Sybella m'a rien dit.

L'amitié qui a lié les deux Serpentardes à une époque n'est un secret pour personne, et Seamus se doute que si l'anglaise est rentrée au pays, elle a sûrement dû prévenir Sybella. Il ignore pourquoi mais, à cet instant, il a un mauvais pressentiment – peut-être parce qu'il repense à l'excuse bidon que lui a sortie sa meilleure amie pour justifier son absence lors de son anniversaire. Sans pour autant faire preuve de paranoïa, il considère que les chances qu'Olympe soit la vieille connaissance en question assez élevée.

— Rassure-moi, dit-il en s'asseyant en face d'elle malgré les ondes de refus que lui envoie son ancienne ennemie. Tu ne comptes pas rester en Angleterre ? L'irlandais espère fortement que la réponse sera négative – il n'a pas envie de la voir graviter trop près de Sybella, de peur que celle-ci replonge du côté obscur.

Assise sur une table de la terrasse couverte, Olympe profitait d’un professeur absent pour déguster un sorbet cassis en lisant un magazine d’art décoratif. La brune appréciait ces quelques moments de calme dans la journée, surtout depuis qu’elle travaillait sur la refonte de l’appartement qu’elle partageait avec son frère. Elle ne laissait rien au hasard, en partant de la couleur des murs, jusqu’à la disposition de la moindre bougie. Ce n’était pas qu’elle était maniaque, mais seulement très perfectionniste dans ses travaux. Son MP3 passait ses morceaux préférés, tandis qu’un qu’elle entendit en fond sonore son prénom. Naturellement, elle retira un écouteur et leva la tête en direction du bruit avec un sourire. Un sourire qui s’effaça plus rapide que la lumière quand elle reconnu le jeune homme qui lui avait parlé. « Finnigan. Je me disais bien aussi que ma journée avait trop bien commencé. » Revoir l’irlandais n’était clairement pas une partie de plaisir, étant donné qu’il était sûrement une des personnes qu’elle était le plus heureuse de quitter il y a quatre ans. Son ton était méprisant, tandis qu’elle attrapa une autre cuillère de son sorbet.

Seamus lança directement les hostilités et la brune se prit très vite au jeu. « Et toi, tu devrais pas être sous un pont avec tes amis les rats ? » Se chamailler avec Seamus, c’était comme le vélo, ça ne s’oubliait pas. Même si le garçon la détestait sûrement autant qu’avant, il ne pouvait cacher sa curiosité et lui posa déjà une question qui tombait plutôt sous le sens, à un détail près. Qu’est ce que Sybella Tyrel fichait dans cette conversation ? « Quelques temps. En même temps, je ne vois pas pourquoi elle te l’aurait dis. » Non, elle ne voyait pas du tout, surtout que d’après Sybella, ils ne s’étaient pas vu depuis un moment. Finalement l’étudiante soupira, se disant qu’il était toujours aussi débile qu’avant. Sans surprises, il lui demanda combien de temps elle comptait rester et un sourire diabolique se dessina sur son visage. « Si, je compte rester, mais t’en fais pas, j’irai pas traîner sous ton pont miteux. » Elle rigola un peu à sa blague, se disant que finalement les choses n’avaient pas beaucoup changé.

Seamus lève les yeux au ciel – pour son plus grand malheur, Olympe n'a définitivement pas changé. En une seule phrase, elle arrive déjà à lui lancer un concentré de mépris au visage, ce qui est loin de plaire à l'irlandais qui se serait également passé de cette rencontre. Bien sûr, il aurait pu tout simplement l'ignorer, continuer sa route, faire son chemin et oublier l'apparition mais ce serait trop simple. Il est définitivement intrigué par la présence de son ancienne ennemie ici et ne compte pas partir avant d'avoir les réponses à ses questions. Et s'il doit passer la soirée à se plaindre de cette pimbêche à Galaad en compagnie d'une bouteille de whisky pour oublier ce moment douloureux, il le fera. L'irlandais grimace à la suite de sa remarque – c'est de bonne guerre, dit-il pour se calmer bien qu'il ne soit pas vraiment sûr que ça marche. Durant ces quelques années, il avait oublié l'existence de l'ancienne serpertarde et les raisons qui l'ont poussé à la détester – il a beau avoir des tendances rancunières, Seamus n'est pas du genre à pousser la chose de façon à ce qu'elle vire à l'obsession – mais à ce moment précis, il se rappelle très bien pourquoi il n'a jamais pu s'entendre avec la brune.

— Très drôle, lâche-t-il d'un ton acerbe en avalant une cuillère de sa glace. Il aurait bien répondu quelque chose si la jeune fille n'avait pas répondu à son commentaire concernant Sybella. Pour l'irlandais, le fait que sa meilleure amie ne lui ait pas annoncé le retour de l'anglaise est un véritable mystère qu'il compte bien percer à jour. Pourquoi elle me l'aurait dit ? Je sais pas, disons parce que c'est mon amie et qu'on vit ensemble ? Seamus lâche l'information comme s'il s'agissait d'une évidence – après tout, si Olympe a revu Sybella, celle-ci lui a forcément dit qu'elle vivait avec Justin, Dean, Galaad et lui. Aux yeux de l'irlandais, la blonde n'a aucune raison de cacher ce genre de choses – après tout, elle s'est largement amélioré en ce qui concerne sa faculté à dire la vérité aux gens. La nouvelle que lui annonce ensuite la brune est loin de le réjouir. Lui qui se voyait déjà célébrer le départ de sa némésis raccompagnée quelques heures plus tôt à l'aéroport doit faire face à la triste réalité. Olympe Shafiq reste au pays, et il n'a plus qu'à prier pour ne pas la croiser trop régulièrement. Sérieusement ? Tu restes ? L'ancien gryffondor a l'air clairement dégoûtée d'apprendre ça, ce qui ne choquera sûrement pas son interlocutrice. Préférant ne pas répondre à sa provocation concernant le pont, il se permet néanmoins de lâcher une seconde connerie concernant son petit passage en terre africaine. Mais pourquoi ? Tu vas pas me dire que même les singes en ont marre de voir ta gueule quand même ?

Ses yeux méprisants ne quittait pas l’irlandais qui avait déjà pris ses aises sur la table, sans attendre qu’elle l’invite à le faire. Un manque cruel de savoir vivre, bien qu’elle ne l’aurait jamais invité à le faire, mais c’est un détail -il avait des jambes et pouvait parfaitement s’en servir. « Oui je sais, mon humour te fascine. » Olympe adorait avoir le dernier mot et ne laisserait pas Seamus s’en sortir si facilement. Si son père lui avait bien appris une chose dans la vie, c’était de toujours sortir gagnant d’une conversation, parce que cela montrait ta force et ton intelligence. Admiratrice de son père, elle ne pouvait pas lui faire honte et gardait la face devant cet être nuisible. Il savait réveiller en elle le mépris, le dégoût et la haine, mieux que personne d’autre, si bien qu’elle le considérait comme son véritable némésis. Haussa les épaules, elle planta sa cuillère dans sa glace, avant d’en prendre une bouchée. Elle était succulente à un détail près, elle devait la manger en compagnie de cet imbécile.

La réponse de l’irlandais la fit explosé de rire et elle plaça sa main devant sa bouche, d’une manière parfaitement méprisante. Elle se demandait bien comment il pouvait être aussi stupide que ça et où il avait bien pu inventer un truc pareil. A croire qu’il était le meilleur ami de l’autre con qui lui avait ouvert la porte deux semaines auparavant. « Sérieusement ? tu sais je suis allée chez elle et je sais bien qu’elle vit avec son copain. Puis t’en fais pas qu’elle m’a raconté à quelle point ta vie était misérable. » Elle se souvenait parfaitement ce que la blonde avait pu lui dire au sujet de ce dernier et surtout qu’elle vivait en compagnie de son copain, Galaad Stomby. C’était d’ailleurs un peu une surprise, surtout quand on savait qu’il était bien plus âgé qu’eux.

Quand il apprit qu’elle comptait rester au pays, on pouvait lire son agacement et cela amusa presque la brune. Olympe mangeait tranquillement sa glace, presque imperturbable, préférant faire comme s’il n’était pas là. Après tout, lui laisser gâcher son après midi, ça serait trop d’honneur. « Oui je reste et j’ai envie de dire que je vivais ici avant toi ! » Née Shafiq, c’était naturellement sous le sol de Londres qu’elle avait vu le jour, alors que lui était un irlandais venant d’un village paumé. « Je reste parce que j’en ai envie, j’ai pas de compte à te rendre. » Elle le regarda avec un regard hautain, avant de regarder ses palettes de couleurs et d’envoyer un message à son frère : Salut ! Tu peux venir me chercher, j’ai pleins de sacs et c’est lourd. Je suis au marchand de glaces. A plus. Avec un peu de chance, cela écourtera cette conversation.

Le mépris présent dans les yeux d'Olympe lui donne plus envie de rire qu'autre chose. Il ne peut s'empêcher de la trouver stupide quand elle est comme ça. Cette fille se croit supérieure à tout le monde, et ça depuis sa première année à Poudlard. C'est typiquement le genre de comportements qu'il ne peut pas supporter, et c'est sûrement l'une des raisons qui l'ont poussé à la haïr autant. En revoyant l'anglaise, Seamus comprend ce que Justin endure chaque jour en vivant avec Sybella – à la différence que la brune est clairement la pire des deux. Il préfère donc ne pas relever son commentaire stupide, se contentant de lever les yeux au ciel en avalant une cuillère de sa glace. Cette fille est ridicule et elle ne semble même pas en avoir conscience. Il pourrait presque avoir pitié d'elle pour ça – enfin, si elle ne lui donnait pas autant de vomir.

— Elle vit avec son copain ?, demande-t-il un peu étonné. Aux dernières nouvelles, Dean et Sybella ne se sont pas encore remis ensemble, ce qui fait que la jeune fille est célibataire. Et puis dans tous les cas, cela ne changerait rien au fait que Justin, Galaad et lui squattent également l'appartement.

Seamus soupire – la plupart des gens ont tendance à le voir beaucoup plus stupide qu'il ne l'est vraiment, sûrement à cause de sa manie de faire l'idiot. Mais ce n'est pas cela qui l'empêchera de faire rapidement le rapprochement évident qu'il a sous les yeux. Il aurait dû être heureux de pouvoir se moquer d'Olympe – après tout, à première vue, Sybella lui a menti – mais il comprend que cet acte a sûrement été motivée par une certaine honte. L'irlandais a soudainement une expression blessée sur le visage, il se sent trahi. Sa meilleure amie a préféré cacher son existence aux yeux d'une ancienne connaissance, et s'est permise de raconter des choses qu'il ne préfère même pas entendre. Il n'a plus qu'une seule envie : celle de partir pour se cacher sous sa couette, éviter Sybella pour la soirée, et pleurer un bon coup. Mais l'air satisfait d'Olympe l'oblige à rester, au moins pour la faire tomber de son piédestal.

— Ah ouais. Elle a dit ça ? Bah ma pauvre, il faut croire que Sybella est tellement passée à autre chose qu'elle n'a même pas pris la peine de te raconter la vérité. C'est faux et il en a conscience. Si Sybella avait vraiment surpassé le stade de Poudlard, elle n'aurait eu aucune difficulté à assumer la vérité. Mais ça, ce n'est pas avec l'anglaise qu'il doit en débattre mais bien sa meilleure amie le soir même. Du genre, elle t'a pas dit qu'elle partage son appartement avec Dean, Justin, Galaad et moi ? Que malgré ma vie misérable, pendant ton absence, c'est vers moi qu'elle se tourne quand elle va pas bien ? Ses yeux ne quittent pas le visage d'Olympe pour voir sa réaction. Il tente de rester fort devant elle, mais cela ne l'empêche pas d'avoir comme un nœud dans la gorge à l'idée que sa meilleure amie ne veuille plus de lui. Sybella a toujours été là depuis Poudlard, aussi bien dans la difficile affirmation de son homosexualité que dans sa dispute avec Dean ou dans les moments de vide qu'il a depuis qu'il est au chômage. Entendre ça c'est trop, beaucoup trop pour lui. Et sinon, elle t'a dit qu'elle sort avec qui au passage ?

Il est curieux de voir tout que ce que l'irlandaise a pu inventer lors de cette conversation, curieux de voir jusqu'à où elle a poussé les choses. Seamus en veut à cet instant encore plus à Olympe, c'est à cause d'elle que les choses sont en train de devenir compliquées et dorénavant il lui reprochera éternellement tous ses malheurs. Il ne prend même pas la peine de répondre quand elle affirme qu'elle est plus en droit de rester que lui, se contentant d'une grimace qui traduit très bien ses pensées. Au même moment, le téléphone de la jeune fille vibre, mais il n'y fait même pas attention. De toute façon, il n'a aucun moyen de savoir qu'il s'agit d'un message de Noé disant : Je termine dans une dizaine de minutes et j'arrive. Lui, tout ce qui l'intéresse, c'est blesser Olympe autant qu'il est actuellement blessé.

L’étrange curiosité de Seamus vis à vis de son ancienne meilleure amie était clairement bizarre et elle en viendrait même à penser que celui-ci aurait même des vues sur cette dernière. L’idée lui donnait déjà envie de rire, mais comme elle n’était pas du genre à faire des hypothèses, elle se contenta de lui répondre d’un air hautain. « Oui, un copain. Tu sais quelqu’un qui a des sentiments pour toi. » Olympe se fichait un peu de la gueule du monde, parce qu’elle n’avait jamais eu de copain digne de ce nom, seulement de faire valoir pour faire bonne figure dans son école et cela s’arrêtait là -loin de la relation intime. Bien sûr, elle n’allait pas parler de son absence de sexualité à Seamus -d’ailleurs, à personne d’autre. Alors qu’elle mangeait tranquillement sa glace, espérant que l’autre allait enfin se décider à dégager de son champ de vision, rien ne se passait. Seamus était bien décidé à rester là, comme si son unique but dans la vie était de l’embêter, même après quatre d’absence.

La manière dont il lui parlait ne lui plaisait absolument pas et elle ne pouvait s’empêcher de soupirer en l’entendant parler. Pourtant, ce qu’il était en train de dire l’étonnait un peu, si bien qu’elle posa les yeux sur lui. « Quoi ? » Olympe ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir, pourtant elle pouvait sans aucun mal discerner la déception dans les yeux de l’irlandais -un détail qui sous entendait déjà beaucoup. La suite n’était pas plus plaisante à entendre et elle planta sa cuillère dans sa glace avant de reprendre d’un ton faussement détaché. « Qu’est ce que tu racontes ? Pourquoi elle vivrait avec eux ? Elle les aime pas. Et je vois pas pourquoi elle irait dire que son confident est un looser. Excuse, ça n’a aucune logique, surtout que ça voudrait dire qu’elle a clairement honte de toi. » Olympe savait exactement pourquoi Sybella avait fais ça, parce qu’avec le temps, la confiance avait disparue et que apparemment, elle devait dégagé des ondes de vraie peste. Si la brune arrivait à comprendre, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était réellement stupide, après tout si c’était ses amis au point de vivre avec, elle ne devrait pas les descendre dans leur dos, mais plutôt donner une bonne vision d’eux.

Olympe était un peu déçue d’apprendre cela et essayera de parler un peu avec Sybella dans les prochains jours, histoire de mettre les choses à plats. L’étudiante en art n’attendait désormais qu’une chose, l’arrivée de son frère pour abandonner l’autre idiot d’irlandais qui venait de lui gâcher sa journée, si ce n’était sa semaine. « Avec Galaad Stomby. » S’il y avait au moins un point pas trop négatif dans tout ça, c’était bien lui étant donné qu’il était d’après ses souvenirs plutôt beau et populaire et au fond, elle espérait qu’elle ne lui ait pas mentit sur ça.

Seamus pourrait presque avoir pitié de la jeune fille. Après tout, elle aussi doit se sentir trahie par celle qui a été sa meilleure amie pendant des années. En soi, il comprend pour Sybella a fait tout ça. C'est sûrement plus simple de mentir à une personne qu'on a perdue de vue, de vouloir conserver la même image que lorsqu'on l'a quitté. C'est cette même raison qui l'a poussé à mentir à sa famille et ses amis au sujet de sa sexualité et à se disputer avec Dean pendant les premiers mois de la colocation à quatre. Les mensonges de la blonde ne sont pas pour autant pardonnables à ses yeux – qu'elle omette certains détails, il l'accepterait, mais qu'elle aille dire de telles méchancetés sur leur compte, c'est un peu trop pour lui. Il comprend qu'elle insulte Justin, et ça même s'il espérait qu'elle finirait par l'apprécier avec le temps, mais Dean – ou pire, lui-même – c'est quand même un cruel manque de respect. Il n'a plus qu'une envie en entendant les mots de l'anglaise, rentrer chez sa grand-mère pour qu'elle lui fasse un bon irish coffee pour le réconforter. Il n'a même pas envie de parler à la matriarche de la situation – celle-ci aime tellement Sybella qu'elle serait déçue de la voir faire du mal à son petit-fils.

— Parce que c'est comme ça Olympe. Elle avait nul part où vivre alors elle m'a demandé de venir vivre chez nous. Et Justin et Galaad sont arrivés après. Son ton a perdu son côté enjoué habituel. Il aime beaucoup trop Sybella, mais ne sait pas trop comment réagir face à cette nouvelle. Il n'a même pas envie d'aller s'expliquer avec elle. Les excuses que celle-ci risquent de lui sortir ne l'intéressent pas. Il est déçu, dégoûté et ce sentiment de trahison devient de plus en plus marqué. Et ça te regarde pas. Elle a pas honte de moi, c'est faux. Il aimerait que ça soit vrai, et que Sybella l'aime encore comme il y a quelques mois. Mais à cet instant, il reconsidère chacun des moments passés ensemble, et se demande si finalement elle ne fait pas ça par pitié. Mais heureusement pour son moral, Olympe va sortir une autre connerie digne des plus grands spectacles comiques. L'irlandais explose de rire, regardant la brune comme s'il s'attendait à ce qu'elle lui dise plaisanter. T'es pas sérieux ? Avec Galaad ? C'est une blague ?, demande-t-il toujours en train de rire. La situation serait beaucoup moins comique s'il n'était pas celui qui couchait avec Galaad à cause d'un simple partage de lit. Elle t'a pas sérieusement dit ça ? Elle peut pas l'encadrer. Elle passe sa vie à dire que c'est un déchet, et j'ai cru qu'elle allait faire un meurtre quand il nous a rejoints à la coloc en sortant de Poudlard. Il n'est pas certain qu'Olympe comprenne pourquoi Galaad est sorti de Poudlard après eux, mais il n'y pense pas vraiment. Il se demande juste à quoi Sybella joue – il faut être stupide pour annoncer sortir avec quelqu'un comme Galaad Stomby quand on le connaît un minimum.

« Elle devait vraiment être à la rue pour ça. » Pour que Sybella Tyrel demande de l’aide à un gryffondor pour trouver foyer, c’était qu’elle devait en avoir sacrément bavée. N’étant pas un monstre, Olympe s’inquiétait un peu de ce qui avait bien pu se passer, même si au fond ça l’agaçait profondément de s’être fait tromper. La brune n’avait pas beaucoup d’amis dans la vie et s’en faisait très difficilement, si bien qu’elle avait espéré pouvoir relier contact avec ses anciens. Malheureusement, il fallait croire que ce n’était pas aussi simple et que l’eau avait bel et bien coulé sous les ponts effaçant les anciennes amitiés. Cela dit, il fallait croire qu’elle n’était pas la seule à déchanter et finalement elle était bien moins à plaindre que l’irlandais. « Bah un peu quand même, sinon elle me l’aurait dis. » Si elle n’avait pas honte de Seamus, elle n’aurait pas caché un truc pareil, enfin c’était sa vision des choses, parce qu’elle ne le ferait pas. Olympe avait beau passer pour une princesse auprès de tout le monde, si elle avait bien une qualité, c’était d’assumer jusqu’au bout ses choix, ses fréquentations et son mode de vie, chose qu’il n’était apparemment pas le cas de Sybella. « Je vois, écoute je suppose qu’elle nous a trompé tous les deux. Sauf que moi, à ta place, je poserais des question sur son amitié. » Elle termina au même moment sa glace et regarda autour d’elle, heureuse d’enfant voir son grand frère arriver. Presque heureuse de le voir, elle se leva et ramassa ses affaires, ainsi que tous ses sacs. « Bref, y a mon frère. Salut. » Sans même attendre une réponse, elle se tourna et marcha quelques mettre avant de tout mettre dans les bras de Noé.

« Putain Noé, tu as mis grave du temps !! » C’était une libération, elle pouvait enfin souffler un peu, marchant dans le chemin de travers avec son frère. Elle faisait objectivement une gueule d'enterrement et shoota même dans une canette de canada dry qui traînait dans le coin, accompagné d’un long soupire. « Je vais rentrer à la maison ! » Une moue boudeuse avant de pousser la porte de l’immeuble avec un air nonchalant de princesse. « Pourquoi elle m’a rien dit ? Je vais pas la manger ! » Olympe regarda rapidement son frère, avant d’ouvrir l’appartement et de poser dans le canapé en retirant ses chaussures, sans se soucier de tous les sacs que son grand frère portait.

Noé n'est pas vraiment sûr de comprendre ce qui se passe. À peine arrivée, sa petite sœur lui colle déjà tous ses sacs dans les bras sans lui demander son avis. Jusque-là, rien n'est vraiment inhabituel – elle l'avait prévenu d'avoir des sacs, et elle n'a aucun problème avec le fait de le traiter comme son petit chien personnel. Ce qui l'étonne beaucoup plus, c'est l'air pressé qu'elle a de partir de cet endroit, et la voir quitter une table où se trouve une personne habillée en clodo, passablement énervé et criant avec un horrible accent irlandais dans l'espoir qu'Olympe se retourne. Cette scène n'a rien d'habituel – cette chose ne peut définitivement pas être ami avec sa princesse de sœur. Il emboîte donc le pas à plus jeune, portant les nombreux sacs prouvant qu'elle a encore une fois tenté d'assécher son compte en banque – chose clairement impossible grâce à leur père, heureusement pour elle.

— Je sais, mais contrairement à toi, je passe pas mes journées à faire les boutiques, dit-il d'un air un peu blasé. J'étais au boulot. Heureusement pour elle, la Mandragore était à proximité du vendeur de glaces – il ne dit pas qu'il serait pas partie la chercher, juste que ça aurait mis beaucoup plus de temps s'il avait dû partir chercher la voiture. Il regarde la plus jeune du coin de l'œil plutôt étonné de la voir dans cet état. Il est rare que Olympe tire la gueule – contrairement à lui – et il se demande ce qui a bien pu se passer pour la mettre dans cet état. Si ce bouffon d'irlandais a vraiment été méchant avec elle, il se promet de demander à Gaspard de le retrouver pour lui faire un peu peur à l'occasion. Qu'est-ce qui se passe Oly ?, demande-t-il en posant tous les sacs sur le fauteuil. Il déteste voir la brune comme ça, parce que même s'il passe sa vie à la charrier, il l'adore et ne supporte pas l'idée qu'on puisse vouloir du mal à sa petite sœur. Après être passé lui chercher un smoothie dans la cuisine, il se pose dans le canapé à côté d'elle, la regardant un peu inquiet.

Enfoncée dans le canapé comme un petit animal, on pouvait aisément lire la frustration sur le visage de Olympe qui jouait légèrement les drama queen. Finalement, c’était plus une question d'ego qu’autre chose et la brune avait un peu du mal à avaler la pilule. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi les gens ne voulait pas d’elle, alors que fut un temps ils se seraient battus pour être son amie. « Il se passe que Sybella m’a raconté des bobards ! Si les seules personnes à qui je parle ici me mentes, je vois pas l'intérêt de rester. » Non, autant retourner chez elle, dans sa grande piscine avec du soleil et des gens qui l’admirent plutôt que supporter une bande menteurs. Elle poussa un long soupire avant de regarder son frère boudeuse. « Maman elle voudra bien que je rentre donc c’est pas grave. » Quand quelque chose lui déplaisait, elle avait la fâcheuse tendance de très mal le prendre et de réagir de manière parfaitement démesurée.

Elle attrapa un magasine de mode afin de le feuilleter sans vraiment regarder, histoire de penser un peu à autre chose. Seulement en moins de quelques secondes, elle le referma en soupirant. « Ma vie est nulle. » Même si elle essayait tout le temps de se dire le contraire, Olympe s’ennuyait terriblement ici et demandait rien d’autre que des gens avec qui passer du bon temps, à la place de faire les boutiques toutes seules à longueur de journée. Sans parler qu’elle devait raconter tous les soirs à sa mère au téléphone à quel point elle s’amusait ce qui n’était pas vraiment le cas.

Noé n'est pas sûr d'être capable de supporter Olympe dans cet état. Sans parler du fait que ça le blesse de voir sa petite sœur triste et sans le moindre ami, il sait très bien que celle-ci va se montrer encore plus insupportable avec lui si les choses ne s'arrangent pas. L'anglais a beau adoré sa cadette, il n'est pas certain de pouvoir vivre avec elle dans une situation pareille. Il soupire, la regardant avec un air clairement blasé. Le gros problème n'est pas qu'elle ait une baisse de moral, mais qu'elle baisse les bras. S'il y a une chose qu'on leur a apprise depuis le berceau, c'est de ne jamais s'avouer vaincu. C'est quelque chose que leur père n'estime pas du tout, et si celui-ci les adore et leur donne tout ce qu'ils veulent, ils doivent néanmoins faire en sorte de le rendre fier. Olympe réussit habituellement très bien ce genre de choses, mais il faut croire qu'aujourd'hui elle a besoin de quelqu'un pour lui remettre les idées en place.

— Maman elle voudra bien que je rentre, répète-t-il avec une voix intentionnellement trop aiguë pour lui. Noé a toujours aimé se moquer de sa sœur en l'imitant, surtout quand elle lui sort ce genre de connerie. Ma vie est nulle tu vois, moi j'ai pas d'amies. Je suis toute seule et j'ai plus de places pour mes chaussures. Il esquisse un sourire en regardant la plus jeune qui ne doit sûrement pas aimé la petite blague. Tant pis pour elle, elle n'avait qu'à pas lui donner autant de matière si elle ne voulait pas s'en prendre plein la gueule. De toute façon, elle se vengera bien assez tôt, alors autant en profiter. Sérieusement, Oly, tu t'entends un peu ?, demande-t-il en la regardant un peu sérieusement. Depuis quand tu baisses les bras ? Cette fille t'a menti et veut plus être ton amie ? Très bien, trouve toi-en une meilleure et fais-lui regretter ce qu'elle t'a fait. pour Noé, les choses sont aussi simples que ça. Ils n'ont pas besoin de personnes susceptibles de les trahir à la première occasion. Si papa t'entendait, il serait déçu de toi là. Il sait très bien que sa petite sœur est en réelle adoration face à leur père et il espère au moins la faire réagir en disant ça.

Assise dans le canapé comme un petit chaton de mauvais poil, elle fixait son frère grimaçant en l’entend l’imiter. Olympe détestait quand il faisait cela et s’il n’était pas si grand, elle lui collerait bien son poing dans la figure. Un jour, dans une dispute, elle lui avait lancé un sort, mais s’en était un peu voulu par la suite, si bien qu’elle se contenta d’un regard noir, accompagné d’une formalité. « Ta gueule.[ » Deux petits mots qui traduisaient très bien à quel point elle trouvait cela absolument pas drôle. Son insulte n’arrêta pas son frère qui décida de jouer les moralisateurs sous le regard méprisant de sa petite soeur déjà de mauvais humeur à cause de sa période lunaire. « Tu peux pas comprendre. Si personne veut être mon ami, je ne vois pas pourquoi je resterais ici à m’ennuyer. » S’ennuyer. C’était effectivement la chose qu’elle faisait le plus ici et sûrement la seule raison qui la poussait autant à vouloir refaire cet appartement. Tout redécorer demandait beaucoup de temps et du temps, elle n’en avait jamais eu autant de toute sa vie. Sa vie à Londres se résumait en gros à aller en cours, faire l’appartement, manger et dormir. Rien de grandiose pour une jeune fille qui aspirait au meilleur depuis qu’elle savait respirer.

Elle poussa un long soupire avant de se laisser tomber allonger dans le grand canapé aubergine qui trônait dans le grand salon. « Quand j’aurai terminé de refaire la décoration, je vais faire quoi ? » Bien sûr, elle avait encore Charlotte, mais cette dernière était tout de même très occupée avec ses études, sans parler qu’elles avaient toutes bien grandit depuis. Ses yeux fixaient le plafond, comme si ce dernier allait lui donnait une réponse. « Au moins chez maman, il fait beau. » Rentrer lui apparaissait réellement comme une bonne solution, même si elle devait supporter cet idiot de militaire à longueur de journée. Au moins, là bas elle était seule et elle savait pourquoi.

En écoutant sa cadette se plaindre, Noé ne peut s'empêcher de penser que la vie en Afrique du Sud l'a bien ramolli. Il ne sait pas si c'est le fait qu'elle n'avait pas besoin de faire d'effort pour être au dessus de la moyenne de cette bande d'attardés – le cuisinier a vu les amis qu'elle y avait, des chiens qui la suivait sans émettre la moindre protestation uniquement parce qu'elle dégageait un charisme certain – ou simplement le soleil qui lui a grillé les neurones mais la seule chose dont il est certain est qu'elle ne peut pas définitivement pas rester comme ça. Il a beau être plus réservé, beaucoup plus timide, même lui ne se laisserait pas aller pour un détail pareil. Si du jour au lendemain Cléophée venait à lui tourner le dos, il serait triste, il le prendrait sûrement très mal, et évidemment qu'il se morfondrait pendant des heures par principe, mais il n'irait pas abandonner sa vie à Londres pour si peu. Malgré qu'il se plaint beaucoup, Noé sait relativiser et s'en sortir des situations désagréables.

— Mais t'as qu'à t'en faire d'autres des amis. Attend, t'es Olympe Shafiq. C'est limite si les parents des familles un peu déchus ordonnent pas à leurs gosses de traîner avec toi, dit-il en soupirant. Même si officiellement, lui et sa sœur ont changé de nom, Noé continue à utiliser Shafiq depuis son retour à Londres. Ce simple nom lui facilite la tâche – personne ne vient le chercher, il n'a pas besoin de se battre, et depuis que Gaspard a décidé de rentrer chez les mangemorts, ça lui permet de graviter autour de la même bande que son meilleur ami sans avoir le problème. C'est d'ailleurs le contraire, il a parfois l'impression que tous les sangs-purs de la ville – dont Daphné Greengrass est l'exception – sont obligés de faire semblant de l'apprécier, juste à cause de son père. Il ne doute pas que Olympe doit vivre la même chose quand elle croise d'anciennes connaissances bien plus haut placé que cette stagiaires dans un journal politique. Bah, ça sera les vacances je crois, alors on pourra partir en France ou en Italie si tu veux, pour faire les boutiques. Ça te va ?, demande-t-il dans l'espoir de lui remonter un peu le moral. Il connaît l'amour de sa sœur pour la mode et se dit que c'est un bon compromis. Et arrête de dire ça. De toute façon, tu repartiras pas dans ce pays d'attardés. Il soupire avant de se lever pour se diriger vers la cuisine, mettant ainsi fin à la conversation pour aller préparer le repas du soir.

Assise sur une table de la terrasse couverte, Olympe profitait d’un professeur absent pour déguster un sorbet cassis en lisant un magazine d’art décoratif. La brune appréciait ces quelques moments de calme dans la journée, surtout depuis qu’elle travaillait sur la refonte de l’appartement qu’elle partageait avec son frère. Elle ne laissait rien au hasard, en partant de la couleur des murs, jusqu’à la disposition de la moindre bougie. Ce n’était pas qu’elle était maniaque, mais seulement très perfectionniste dans ses travaux. Son MP3 passait ses morceaux préférés, tandis qu’un qu’elle entendit en fond sonore son prénom. Naturellement, elle retira un écouteur et leva la tête en direction du bruit avec un sourire. Un sourire qui s’effaça plus rapide que la lumière quand elle reconnu le jeune homme qui lui avait parlé.  « Finnigan. Je me disais bien aussi que ma journée avait trop bien commencé. » Revoir l’irlandais n’était clairement pas une partie de plaisir, étant donné qu’il était sûrement une des personnes qu’elle était le plus heureuse de quitter il y a quatre ans. Son ton était méprisant, tandis qu’elle attrapa une autre cuillère de son sorbet.


Son frère lui faisait la morale et elle détestait ça plus que tout au monde, surtout quand il avait raison. Olympe se laissait clairement aller et devait remettre du poil de la bête pour se faire des amis. Seulement, aussi triste cela soit-il, elle n’en avait jamais vraiment eu, si ce n’était Sybella et Charlotte -et encore. Elles étaient petites et on ne pouvait pas vraiment dire qu’elles avaient vécu beaucoup de choses ensemble. Les autres n’avaient été que des petits chiens bien dressés pour la mettre en avant dans toutes les situations, même ses petits copains n’étaient que des figurants. Jamais elle n’avait partagé son intimité avec quelqu’un, jamais elle ne s’était confié à quelqu’un et surtout jamais quelqu’un l’avait fait avec elle. Pourtant, Olympe se savait loyale envers ceux qu’elle considérait comme des gens digne d'intérêt et ne comprenait pas pourquoi Sybella avait refusé sa sympathie. Tout était tellement plus simple pour Noé qui se contentait d’avoir Gaspard et Cléophée en amis, sans se soucier des autres. A l’instar d’elle, son frère n’avait jamais été un leader, une reine des abeilles et n’avait pas à tenir une réputation à toute épreuve. Olympe c’était elle qui décidait, ce qu’elle faisait était normal, les gens qu’elle désignait digne d'intérêt le devenaient même s’ils n’avaient en rien le profil du populaire. Seulement maintenant, à Londres, tout le monde se moquait bien de ce qu’avait pu devenir Olympe Shafiq et elle s’en rendait totalement compte aujourd’hui. La vie avait continué sans elle et si elle voulait ne pas rester seule, elle allait devoir changer son fusil d’épaule. « Puisque c’est comme ça, Sybella ne me reverra pas et je vais me faire de nouveaux amis, bien plus cools. » L’anglaise cherchait plus à se persuader elle-même, mais c’était déjà un début de motivation.

Même si elle critiquait assez souvent son frère, elle devait au moins admettre toujours pouvoir compter sur lui, ce qui était clairement agréable dans des moments pareils. Néanmoins, elle n’aimait pas paraître faible devant lui et se redressa rapidement sur le canapé pour reprendre son attitude de princesse. « Monaco ! On va aller à Monaco. » Sans vraiment demander l’avis de son frère, elle avait déjà choisi la destination de ses prochaines vacances, loin de tous ses idiots. « Bon, je vais regarder les hotels. » Sans même se retourner, elle gagna sa chambre et s’installa sur son lit avant de se laisser tomber en arrière pour réfléchir à sa nouvelle vie sur le sol anglais qui commençait plutôt mal.