Charlotte déposa les livres de Médecine Magique sur une des tables de la cafétéria, avant de se laisser tomber sur la chaise.
Elle poussa un soupir, organisant son espace de travail (la petite bouteille de lait fraise à gauche, la pile de livres à droite, de quoi faire des fiches au milieu, ses stylos, de différentes couleurs pour plus de compréhension, parfaitement alignés au dessus) tout en se disant qu'elle y avait des millions de choses qu'elle aurait préféré faire à cet instant – embêter William, par exemple, organiser d'autres plans maléfiques trahissant son génie naturel, trouver une autre solution pour éviter son fichu mariage – mais elle voulait aussi être la meilleure, brillante, excellente, et ce n'était pas en négligeant ses révisions et ses cours qu'elle pourrait atteindre le niveau qu'elle attendait d'elle-même – et ce même en étant naturellement intelligente. Charlotte n'accepterait pas d'être juste « décente ». Elle ouvrit le premier livre et feuilleta les pages jusqu'au chapitre étudiée, et attrapa le premier stylo avec détermination.

Elle finit par relever les yeux de ses notes, tapotant le stylo contre la table distraitement, laissant ses pensées divaguer un peu en guise de pause. La blonde observa les gens, lançant mentalement des petits commentaires sur l'un ou l'autre, avec un léger froncement de sourcils et une mimique dubitative à peine dissimulée. Ses yeux se posèrent sur une brune qui lui semblait étrangement familière – Charlotte la fixa quelques minutes sans se soucier d'avoir l'air malpolie ou indiscrète, jusqu'à ce que son esprit fasse le lien : Olympe Bellamy, une ancienne élève de Serpentard ! La blonde lâcha un petit « oh ! » avant de remballer ses affaires rapidement, bien décidée à aller lui parler. Ce n'était pas tout les jours qu'on revoyait des anciennes amies. Charlotte se releva avant de marcher d'un pas léger mais déterminé vers la brune.

« Ça alors! » s'exclama-elle en arrivant presque à sa hauteur, assez proche pour être entendue. « Olympe Shafiq, toi ici, quelle surprise ! Qu'est-ce que tu fais là ? Je te croyais toujours en Afrique, ou je ne sais où encore. » Olympe était bien la dernière personne qu'elle s'attendait à retrouver ici, mais ce n'était pas une si mauvaise surprise. Charlotte détailla rapidement l'ancienne Serpentarde de haut en bas – comme elle le faisait avec chaque fille, décidant s'il s'agissait d'une potentielle rivale : mais Olympe était une ancienne camarade et amie, pas une fille quelconque qui aurait pu voler la place de Charlotte. Elle rejeta ses cheveux blonds par dessus son épaule avec un sourire. « Ça fait plaisir de te revoir. Tu es revenue en Angleterre depuis longtemps ?  » Elles ne s'étaient pas revues depuis qu'Olympe était partie en quatrième année, et elles auraient sûrement des tas de choses à rattraper.

Café en main et démarche de reine, elle cherchait paisiblement une table du côté de la cafétéria, afin d’attendre son frère, qui devait venir la chercher. Comme elle ne savait pas transplaner et qu’elle n’avait pas la moindre envie de prendre un transport en commun, elle se servait ni plus ni moins de son frère en chauffeur -ce dont elle n’avait pas honte. Elle avait une heure à tuer, ce qui était parfait pour peaufiner les planches qu’elle avait dessiné pour refaire leur appartement. Enfin du moins, c’était ce qu’elle pensait faire avant qu’une voix qu’elle connaissait bien arriva dans son dos, sans plus tarder, elle se tourna. Tomber nez-à-nez avec une ancienne de ses meilleures amies était toujours un plaisir, surtout qu’elle avait un peu de mal à retrouver la trace de tout le monde. « Charlotte ! Eh beh, tu vas certainement ensoleillé ma journée ! » Un sourire en coin, tandis qu’elle observa la blonde de haut en bas, comme pour essayer de voir ce qu’elle était devenue.

Si Olympe était surprise, elle n’imaginait pas à quel point cela pouvait l’être pour une fille qui était persuadé qu’elle vivait à l’autre bout du monde. « Et non, je suis de retour ! » Elle posa une main sur sa hanche et avala quelques gorgées de son café. Croiser Charlotte à l’université n’était pas vraiment une surprise, après tout c’était pour la plupart des gens de leur âge une case obligatoire. « Moi aussi ça me fait plaisir, en plus tu as tellement grandit depuis ! » Un sourire sincère avant de reprendre. « Je suis arrivée à la rentrée de Janvier, mais j’étais super occupée, mais tu étais la prochaine sur ma liste des bonnes copines à retrouver. » Elle fit quelques pas en direction d’une table vide et se posa tranquillement autour de cette dernière, en déposant son sac sur la table. « Bon alors, tu fais quoi comme études ? »

Olympe n'avait pas changé – si on faisait abstraction du fait qu'elle n'avait pas quatorze ans et qu'elle était maintenant une jeune femme – elle était telle que Charlotte se souvenait d'elle, et c'était plutôt rassurant. Olympe aurait pu devenir une personne totalement différente en quelques années passées en Afrique, mais visiblement, ce n'était pas le cas. « Voyons, c'est toi qui ensoleille ma journée. Tu es radieuse, c'est de revenir en Angleterre qui te fait cet effet là, ou bien tu as un autre secret ? » Elle eut un petit rire avant d'envoyer la bouteille de lait fraise dans la poubelle la plus proche et de reporter son attention vers l'ancienne serpentarde.

« C'est tout récent, alors ! Qu'est-ce qui t'as poussé à revenir ? On te manquait trop, j'imagine, tu peux le dire. » en s'asseyant en face d'Olympe, avec un rire. « J'ai l'impression qu'encore hier on était à Poudlard, c'est dingue comme le temps passe vite. Tu as grandis aussi, tu es magnifique, je ne plaisante pas.  » Charlotte secoua la tête, se rappelant à la perfection et avec un peu de nostalgie le temps où elles étaient encore les châteaux, des vraies petites reines dans leur palais. De très bons souvenirs, et revoir Olympe était réellement une joie. « Médecine Magique- pour devenir Médicomage, bien-sûr. » déclara-t-elle avec une pointe de fierté dans sa voix. « Et toi, donc ? Car j'imagine que tu n'es pas à la fac uniquement pour la qualité du café. » en désignant le gobelet qu'elle avait devant-elle. « Tu dois avoir des tas de choses à raconter – dis-moi tout. L'Afrique, ta famille, un petit ami... ? » Charlotte eut un petit sourire en coin, posant son menton sur la paume de sa main.

D’un sourire faussement modeste, elle accueillit le compliment de la blonde se disant que ce n’était pas non plus très surprenant. Après tout, Charlotte n’allait pas lui dire l’inverse surtout après quatre ans sans nouvelle -enfin, pour Olympe recevoir des compliments lui semblait normal. Elle était après tout une amie formidable, toujours là pour ses proches comme elle comptait bien le montrer avec son grand retour dans la capitale anglaise. Il était temps de reformer les troupes, parce que le nombre faisait la force -surtout la sienne d’ailleurs. La brune avait toujours été une meneuse, mais à la différence de certaines, elle n’écrasait pas du tout les autres, simplement parce qu’elle les considérait comme ses amis et non pas comme des faire-valoirs. « Un bon petit déjeuner. » Olympe n’était pas assez stupide pour parler d’une sorte de routine beauté matinale qui la classerait automatiquement dans la case fille superficielle.

Contrairement à Sybella, elle sentait que son ancienne était réellement contente de la revoir et surtout que rien ne semblait avoir vraiment changé. Charlotte restait la même, ce qui rendait la conversation facile, comme au bon vieux temps. « Oui voilà, les plus belles filles du pays me manquaient tellement. » Un rire rapide avant de reprendre plus sérieusement. « Oui, c’est vrai je m’en souviens très bien aussi. Merci du compliment. » Olympe se souvenait parfaitement du château et de leurs grandes années en tant que petites terreurs féminine, aussi adulées que détestées. Apprendre que la blonde faisait des études de médicomagie lui dessina un certain sourire sur le visage, heureuse de voir que ses deux meilleures amies de l’époque réussissait plutôt bien, même si elle en avait jamais réellement douté. « Non tu as raison, je suis à la fac, je suis en art, spécialité architecture. » Un petit sourire, tandis qu’elle posa sa pochette de dessin sur le sol, qui comportait les planches de l’appartement de son frère qu’elle comptait refaire entièrement. Les questions de la blonde lui paraissaient parfaitement justifiées et elle s’empressa de répondre. « Eh bien j’avais des potes sympa là-bas et un petit copain très mignon, mais bon je suis pas très relation à distance. » Alors, elle était partie, comme quand elle avait quitté le pays, promettant quelques photos et autres détails dans le genre. « Et toi les amours ? »

Charlotte éclata d'un rire joyeux. « Évidemment. Qu'est-ce que tu ferais sans nous, et qu'est-ce qu'on ferait sans toi ! » Bien sûr, le monde ne s'était pas arrêté de tourner lorsque Olympe avait quitté Poudlard, mais il y avait néanmoins un petit quelque chose d'agréable lorsque des anciennes amitiés se mettaient à jour si facilement.

Elle haussa un sourcil, impressionnée – Olympe n'était pas une de ces artistes vagabondes qui vivaient au dépends de on-ne-sait-qui, un peu trop allumées et étranges, mais plutôt une future architecte, ce qui, aux yeux de Charlotte, faisait toute la différence. Les premiers étaient dans la catégorie de gens que la Mangemorte ne voulait surtout pas dans son entourage, et les deuxièmes, des gens comme Olympe, jouissaient d'être « dignes » de l'attention de la blonde. Tout un honneur. « Architecture, je suis impressionnée ! Je compte sur toi pour faire les plans de ma future maison, alors. » Elle afficha un petit sourire amusé. « De toute façon, tu sais ce qu'on dit... – commenta l'ancienne Serpentard avec un air plein de sagesse – un de perdu, dix de retrouvés. Et puis, on est encore jeune, ce n'était sûrement pas l'homme de ta vie. »

Des amours, des petits copains, elles avaient le temps d'en avoir des tas et des tas -elles étaient belles et jeunes, elles avaient le temps de s'amuser et de penser plus tard à des choses comme se mettre en couple de manière stable, se marier, etc, etc, tout le blabla habituel.
Charlotte soupira quand Olympe lui retourna la question, pourtant. « Eh bien... J'ai eu des petits... égarements on va dire.  » Elle balaya rapidement la cafétéria du regard, vérifiant que « l'égarement » en question n'était pas dans les parages. « Rien de très sérieux, mais mes parents ont décidés de me compliquer la vie sur ce sujet. Accroche-toi, tu ne vas pas en revenir – et je n'en reviens toujours pas. » Charlotte lissa du plat de la main sa jupe, avant de reprendre, levant les yeux au ciel. « Mes très chers parents ont décidés de m'organiser un mariage arrangé. Enfin, ça fait longtemps que c'est prévu, mais je ne suis au courant que depuis pas si longtemps que ça. Tu imagines une seconde, un mariage arrangé ?! » Elle secoua la tête, évitant de s'énerver devant Olympe qui n'avait rien demandé. « Toute une histoire. » conclu-t-elle avec un soupir, sans se lancer dans les détails.

Un petit rire en entendant la jeune fille parler de son côté indispensable, heureusement elle n’avait pas encore à la grosse tête au point de penser que le monde s’arrêtait de tourner sans elle. « Justement, je me demande bien ce que vous avez fait sans moi. » Un vague sourire tandis qu’elle replaça correctement ses cheveux et descendit quelques gorgées de son café -qui n’était d’ailleurs pas mauvais. « Compte sur moi, ma belle. » Après avoir rapidement expliqué les raisons qui la poussaient à être ici, ainsi qu’un très vulgaire résumé de sa vie en afrique elle afficha un petit sourire satisfait pressé d’en apprendre plus sûr la nouvelle vie de la galloise. Sa réaction parlait d’elle-même et voyant que celle-ci regardait autour d’elle, Olympe fit de même avant de reposer ses yeux vers la blonde qui avouait avoir fait quelques erreurs de parcours concernant les amours. « C’est pas grave, tout le monde fait des erreurs. » De la part d’une personne possédant autant le contrôle de sa vie que la brune, cela relevait presque d’une certaine hypocrisie. Pourtant, elle n’était pas le genre de personne à enfoncer ses amies, bien au contraire d’ailleurs.

Olympe aurait bien creusé un peu plus le sujet, mais la conversation dévia sur un autre sujet qui semblait bien plus sérieux. La nouvelle tomba et l’anglaise resta complètement bouche bée devant son amie, trouvant la situation presque gênante à vrai dire. Son père étant un descendant d’une des familles de sang-purs anglaises, elle savait très bien à quel point cela pouvait être important de perpétuer la tradition et était parfaitement au courant des mariages entre différentes familles. Néanmoins, elle ne pensait pas que cela se passait vraiment de cette manière et encore moins à une fille comme Charlotte. « Un mariage arrangé ? Sérieusement ? » Noyant sa surprise dans le café, elle se calma un peu, avant de reprendre en souriant. « Avec qui ? J’espère qu’il est beau alors et intelligent ! » Un mariage arrangé était déjà une plaid aux yeux de l’étudiante en art, mais il ne fallait pas non plus que ce soit un mec digne des princes de l’amour.

Charlotte leva discrètement les yeux au ciel, peu convaincue par la phrase d'Olympe, qui se voulait certes rassurante. Tout le monde faisait des erreurs, d'accord, mais Charlotte voulait se débarquer, ne pas être « tout le monde » et le simple fait de faire une erreur aussi insignifiante qu'une ancienne relation qu'elle regrettait, c'était déjà beaucoup trop pour la blonde. « Oui, clairement, ce n'est pas la mort! » Heureusement, il y avait bien plus intéressant qu'un ex-petit ami et Olympe ne questionna pas plus sur le sujet, préférant se concentrer sur le mariage arrangé. Une autre erreur, mais cette fois, pas de la faute de la mangemorte, heureusement. Charlotte apprécia pendant quelques secondes la surprise de son amie – juste le temps de savourer l'instant de suspens. Elle soupira à nouveau, rompant l'attente avant que cela ne soit trop long. « Sérieusement ! Apparemment, c'est prévu depuis ma naissance. Qui fait encore ça, vraiment. »  Bien sûr, c'était encore très courant entre les familles de sang-purs, Charlotte le savait bien, mais c'était une chose de le savoir que d'être au centre d'un mariage arrangé. Jamais elle n'aurait cru une seconde que cela pouvait tomber sur elle.

Olympe posait les questions intéressantes, comme on pouvait s'y attendre. Charlotte fit une moue – si elle avait été mariée de force à « l'homme parfait », il n'y aurait pas eu matière à se plaindre. Elle fit un vague geste de la main. « Eh bien, si c'était le prince charmant, tu te doutes que je ne te l'aurais pas annoncé sur ce ton. Déjà, il a l'âge de mon frère – en soi, les hommes plus âgés, c'est pas un problème... Mais bon, on connaît sa famille depuis toujours, c'est un peu comme être mariée à quelqu'un de sa propre famille. » Elle grimaça. « Tu en as peut-être entendu parlé, Charles Rowle ? Sa sœur, elle était à Poudlard un an avant nous. » Charlotte croisa les bras, s'appuyant contre le dossier de sa chaise. « Il est sympa, mais ce n'est pas vraiment le genre d'homme avec qui je pensais me marier, clairement. » termina-t-elle d'expliquer.

Portant son café à ses lèvres comme une véritable princesse, Olympe faisait une tête un peu méprisante. Ce n’était naturellement pas la blonde qu’elle méprisait, mais plutôt la tradition des vieilles familles à se marier entre eux, heureusement son père n’était pas du genre à faire ça. Elle devrait lui envoyer une carte pour le remercier à l’occasion d’ailleurs. « Les mariages arrangés c’est clairement moyen-âgeux. » Il posa son son café, avant de poser son manteau sur la main en regardant son amie avant un regard compatissant devant cette nouvelle attristante. « Chaud. » L’idée que toute la vie de Charlotte était parfaitement planifiée lui faisait vraiment froid dans le dos et elle ressentait presque de la colère envers les parents de cette dernière. Néanmoins, elle resta assez neutre en écoutant la jeune fille expliquer le calibre du garçon avec qui elle allait devoir finir.

Elle voyait très bien qui était Charles Rowle, simplement parce qu’il traînait avec un des plus beaux hommes de du monde, le frère de Charlotte -ce qu’elle se passa d’ailleurs de remarquer. En y repensant, elle ne l’avait pas recroisé et se demandait bien ce qu’il avait pu devenir, se doutant bien qu’il n’était pas devenu moche avec le temps. « Ouais je vois. » Le sujet n’étant pas le frère de son amie, elle se reconcentra, un peu outrée par la nouvelle. Olympe se recoiffa, avant de faire une moue sceptique. « Ma pauvre… Mais attend, tu comptes pas sérieusement accepter ? » Si ses parents faisaient ça, elle refuserait sans hésitation. Comme s’ils avaient le droit de choisir avec qui elle pourra se marier, une bonne blague.

Moyenâgeux, c’était le mot, oui, songea Charlotte avec un soupir dramatique. Elle se demandait parfois si ces parents étaient restés bloqués quelques années en arrière sur certains points, notamment celui-là, et évidemment, c’était elle qui en faisait les frais, puis qu’étrangement, son frère avait été épargné par cette tradition vieillissante. Le chanceux. « Je ne te le fais pas dire. » Même, le mot était faible : il s’agissait au moins d’une tragédie, mais on ne pouvait pas comprendre ce genre de chose si on n’était pas à sa place ; elle n’en voulait pas à Olympe de ne pas utiliser les termes adéquats pour décrire la catastrophe qu’elle avait l’impression de vivre.

La blonde prit un air choqué. « Pas du tout ! Enfin, ils ne me laissent pas vraiment le choix et pense que je finirai par me faire à l’idée… Mais à part ses parents et les miens, personne ne semble vraiment heureux de cet arrangement. Je compte trouver un moyen de briser l’accord – je ne sais pas encore quoi, mais bien sûr, il est hors de question que je me marie. » Annonça-t-elle d’un ton ferme. Elle n’avait beau plus s’entendre avec la sœur de son « futur mari » - Rose – au moins, elles avaient encore un point d’accord : cette union ne pouvait pas avoir lieu. Ce qui lui facilitait le travail, elle ne serait donc pas seule à tenter de saboter l’opération. « Enfin voilà, tu es à jour dans la vie de Charlotte Travers, passionnant n’est-ce pas ? » Elle eut un rire amusé.  

Bien sûr que Charlotte ne voulait pas se marier, qui souhaitait se marier de force à dix-neuf ans ? Personne. Parce que c’était du n’importe quoi et carrément contre la liberté de chacun. Olympe était quelqu’un qui portait beaucoup d’importance à l’individu et sur sa détermination personnelle, ce qui était ruiné par les commanditaires parentaux. « Tu m’étonnes ! Si je peux t’aider ça sera avec plaisir. Je vais pas te laisser te marier sans rien faire. En plus, Charles Rowle quoi... » C’était clairement pas le prince charmant et ne méritait pas du tout une fille aussi jolie que l’étudiante en médicomagie. Olympe adressa un sourire compatissant à la jeune femme qui concluait un peu le résumé de sa vie et décida de changer un peu de sujet, histoire de ne pas tourner dans négatif sa journée, qui avait plutôt bien commencé. « Je vois, je vois. Sinon ton frère devient quoi ? » Le frère de Charlotte ! Un sujet de conversation qui lui avait un peu manqué et elle devait avouer avoir très envie de le revoir, histoire de voir comment ce dernier était devenu avec l’âge. Après tout, il était ni plus, ni moins son premier crush de sa vie et elle adorait passer du temps chez son amie quand elle était petite pour le croiser au détour d’un couloir.

« Pour ma part, je dois me taper le miens et des fois c’est pas un cadeau, surtout quand il invite Gaspard... Heureusement, il cuisine super bien, ça rattrape un peu le niveau. » Olympe ne détestait pas son frère, loin de là. D’ailleurs, pour rien au monde elle échangerait, mais parfois elle se disait qu’elle avait tout de même pas de chance quand on voyait le capital beauté de ceux de ses deux anciennes meilleures amies, à savoir William Travers et Joshua Tyrel. Cela dit, elle devait avouer que son frère s’arrangeait avec le temps, mais elle ne pourra jamais oublier l’époque ou il se mettait du noir sous les yeux. Triste époque d’ailleurs.

Heureusement, Olympe comprenait, contrairement à ses parents qui ne semblaient pas comprendre pourquoi Charlotte s'indignait qu'on la force à se marier à quelqu'un. Dans quel siècle vivaient-ils ? Sûrement pas le vingt-et-unième ! S'il s'agissait seulement d'un soucis de pureté du sang, ils auraient pu se rassurer : jamais Charlotte n'aurait épousé quelqu'un d'un sang inférieur, alors pourquoi la punir ainsi ? Elle soupira – elle y penserait plus tard, chaque chose en son temps. « Tu es vraiment un amour, Olympe, heureusement que tu es là ! » lâcha-t-elle avec un sourire. La blondinette passa les doigts dans ses boucles blondes – d'accord, Charles Rowle n'était pas le plus laid sur terre, mais clairement il était loin de rivaliser avec d'autres hommes beaucoup plus séduisants.
Nouveau soupir, changement de sujet on ne peux plus bienvenue : son frère ! « William ? Eh bien écoute, il travaille à la Brigade Magique maintenant. » répondit Charlotte avec une pointe de fierté dans sa voix. Ce n'était un secret pour personne que Charlotte admirait son grand frère. Parce que, évidemment, il était le plus intelligent, le plus cool, le plus parfait des grands frères et elle se battrai avec quiconque oserait dire le contraire. Et pas de doute, celui-ci avait du succès auprès de ses amies, et Charlotte appréciait beaucoup ça. « D'ailleurs, il vient me chercher ce soir, si tu finis à la même heure, tu pourras venir lui dire bonjour. » suggéra-t-elle avec un petit sourire.

Olympe répondit immédiatement à sa question silencieuse – que devenait son frère à elle. « Alors il est revenu d'Afrique avec toi ! Qu'est-ce qu'il fait alors, à part la cuisine ? Il va d'ailleurs falloir que tu m'invites, s'il cuisine aussi bien que tu le dis. » Elle rigola. « Et puis... Gaspard ? Gaspard Owen ? Je savais pas qu'il le connaissait tiens. » Charlotte haussa un sourcil intrigué- Olympe n'avait sûrement aucune idée que Gaspard était un mangemort, et Charlotte ne serait sûrement pas celle qui lui annoncerait. Mais ainsi donc, Noé Shafiq traînait avec un mangemort. Détail intéressant.

Le compliment la fit sourire, comme à l’époque où elle jouait les meneuses chez les vertes et argentes. « Oui, je sais, je suis parfaite. » Elle ne le pensait pas vraiment, mais aimait le faire croire, tout comme son père le lui avait appris. Olympe laissait rarement un détail de côté, préférant tout contrôler. Avoir l’air forte et intouchable était un peu sa spécialité, même si pour le coup, cela ne plaisait pas à tout le monde. Même si elle donnait l’impression d’écraser tout le reste du monde, elle n’en était pas moins une très bonne amie, qui fera en sorte de soutenir au maximum ses amis dans la difficulté. Après tout, les amis n’étaient pas seulement là pour les bons moments. Déjà qu’elle avait dû manquer beaucoup de moments, c’était le moment de rattraper le temps perdu. Avant de partir, elle avait déjà le souvenir de voir William à la brigade, mais l’entendre était toujours un peu bizarre. Après tout, elle l’avait connu bien avant cette époque. « Il a dû devenir musclé et tout maintenant. » Le physique du jeune homme avait toujours été à son goût et la galloise devait très bien le savoir. D’ailleurs, quand celle-ci lui proposa de dire bonjour au garçon, elle ne put s’empêcher de sourire un peu. « Avec plaisir ! » En espérant qu’il se souvenait un peu d’elle.

Son frère, contrairement à William, ressemblait bien moins à l’homme parfait. Bien qu’il se soit largement amélioré avec le temps, elle n’arrivait tout bonnement pas à le voir autrement que dans sa période d’adolescent torturé. « Non, il est revenu avant moi, mais du coup je l’ai rejoins dans l’appartement. Je t’invite quand tu veux à la maison pour manger. » Après tout, c’était une occasion de plus pour manger un repas encore meilleur que d’habitude et de montrer les premiers travaux qu’elle avait déjà fais dans l’appartement, en commençant par sa chambre. Bien sûr, la présence de Gaspard dans son salon de manière régulière, n’aidait pas l’avancement des travaux, même si elle haussait parfois un peu le ton. Elle soupira un peu en terminant son café. « C’est son meilleur ami, mais pas vraiment un cadeau. Une virée shopping, ça te tente ? » Elle rangea rapidement ses papiers avant de se lever.

Certaines auraient craints qu'Olympe finisse par avoir la grosse tête à force de se voir jeter des fleurs ainsi, mais Charlotte la connaissait assez pour savoir que ce n'était pas vraiment son genre – mais Charlotte préférait flatter les gens en qui elle faisait assez confiance – ce n'était pas donné à tout le monde, et les rares personnes qu'elle complimentait sincèrement le méritait réellement. « Presque parfaite, voyons. Il y a toujours de la place pour de l'amélioration ! » plaisanta-t-elle. Personne n'était parfait, sauf peut-être elle-même dans ses meilleurs moments, même si elle se garderait bien de le dire. « Oh oui. Toute les filles sont à ses pieds, encore plus qu'avant. Je ne te dis pas les réactions la première fois qu'il est venu me chercher ici ! C'est une surprise qu'aucune fille ne se soit encore évanouie en le voyant. Je suis sûre qu'il en profite. » fit Charlotte, en rajoutant une couche. Son frère n'était pas non plus un de ses beaux gosses sans rien dans la cervelle. « Je suis sûre qu'il sera ravi de te revoir. » assura-t-elle.

Tout le monde n'avait pas la chance d'avoir un grand frère doté d'une beauté et d'un charme naturel – le frère d'Olympe n'était pas moche et depuis le temps, il devait sûrement avoir changé, mais les quelques souvenirs que Charlotte avait de lui n'avait sûrement pas laissé la même impression que William dans l'esprit d'Olympe. « Parfait, il faudra qu'on s'organise ça alors, j'ai hâte de goûter ça ! » Elle était curieuse de voir l'appartement quand lequel les deux Shafiq habitaient – nul doute, s'il était décoré par Olympe, il aurait sûrement plus de classe que si elle avait décidé de laisser le choix à son frère. « Oh j'imagine, je connais un peu Gaspard, je vois tout à fait ce que tu veux dire. » Charlotte hocha la tête, comprenant totalement les réticences de la brune. Son visage s'éclaira d'un large sourire – shopping, le mot idéal pour égayer une journée banale. « Comment dire non à une telle proposition ? Allons-y tout de suite !» Charlotte se releva avec un sourire, rangeant ses affaires et se dirigea vers la sortie avant d'attendre Olympe à la porte.