Seamus était miraculeusement clean – une chose qui n'était arrivé depuis un certain temps mais qui avait une certaine explication. Il venait de passer la journée chez sa grand-mère à aider les plus jeunes de ses cousins à préparer leurs affiches pour décorer leur école à l'occasion de la Saint-Patrick – chez les Finnigan, on ne rigole pas les fêtes locales, toutes ont leur importance et on y accorde un soin particulier, quitte à commencer les préparatifs avec plus d'un mois d'avance. L'ancien Gryffondor avait donc été réquisitionné pour aider alors qu'il passait seulement dans le coin pour boire un irish coffee en compagnie de la matriarche de la famille. Et vu sa maladresse naturelle, il avait bien sûr été interdit d'approcher des bouteilles à moins de dix mètres – ainsi que des ciseaux. Il rentre donc à la colocation en héros – de la peinture sur l'une des joues, du feutre plein les mains et de la colle à paillettes sur le tee-shirt – persuadé d'avoir fait quelque chose d'utile de sa journée. Il n'envisage rien d'autre que de se vautrer dans son lit – peu importe si Galaad y est déjà – et de fumer quelque chose. Mais la présence d'un sac de sport dans l'entrée le fait immédiatement changer d'avis.

— Dean ?, crie-t-il en courant en direction du canapé où se trouve son meilleur ami pour lui sauter dessus. C'est le week-end que tu passes ici ? Je savais pas ! Seamus a perdu la notion des semaines – et des jours – à force de boire, et fois où son ami revient à l'appartement, il est souvent trop fatigué et cuité pour avoir une vraie conversation avec lui. Alors souvent, il n'impose pas sa présence à l'anglais – il sait parfaitement que celui-ci n'aime pas le voir dans cet état. Mais pour une fois, il est suffisamment bien pour profiter pleinement du retour du plus jeune entre les murs de leur colocation. Je suis trop content de te voir. Tu me manques quand t'es à Poudlard, dit l'irlandais en s'installant à côté de son ami. Il s'apprête à sortir son paquet avant d'abandonner cette idée en se rappelant du point de vue de l'autre à ce sujet. Tu vas bien ? Seamus fronce les sourcils, rapprochant son visage de celui de son ancien compagnon de dortoir. On dirait que quelque chose te tracasse. Huit ans de vie commune, il n'est pas prêt de rater une chose pareille – du moins aujourd'hui, parce qu'il a l'impression que tout ça n'est pas récent. C'est à cause de Sybella ?, demande-t-il d'un ton qui se veut léger.

Après des vacances bien méritées à Paris qui s’était plutôt bien passé en compagnie de Sybella, une montagne de travail attendait l’anglais, comme la préparation de ses prochains cours. Être professeur ne s’inventait pas et il fallait prendre du temps pour proposer quelque chose d’assez intéressant pour captiver les élèves pendant toutes la durée du cours. Pour la peine, Dean s’était fait un café, histoire d’être efficace pour les deux prochaines heures qu’il avait de tranquille avant de voir tout le monde débarquer. La colocation était certes vraiment sympathique et on ne s’ennuyait jamais, mais ce n’était pas vraiment le lieu le plus adapté pour travailler -surtout à partir de seize heure, l’heure de pointe du salon. Seulement, vers ce début d’après midi, il pouvait se poser tranquillement sur son fauteuil préféré en écoutant un vieux vinyle de Michael Kiwanuka, que sa soeur lui avait offert pour Noël.

Alors qu’il entamait le début d’un cours assez simple de première année sur les sorts de réparations, il entendit quelqu’un débarquer dans son dos. Il regarda l’heure dans le bas de l’écran et devina rapidement que ce n’était ni Sybella, ni Hannah et encore moins Justin étant donné qu’ils étaient encore au travail. C’était assez étonnant de croiser les deux autres membres de la colocation à une heure pareille, mais quand il entendit l’exclamation de joie, il devina que c’était son meilleur ami. Avant l’anglais envoyait toujours un message pour dire à l’autre qu’il passait le week end à la maison, mais maintenant il n’en prenait pas vraiment la peine. Ill fallait avouer que Dean n’aimait pas vraiment parler au garçon quand celui si était aussi frais qu’un merlu et aussi triste soit-il, préférait ne pas le voir que de supporter un être complètement stone.

« Eh bien, oui, je suis ici ce week-end. Tu vas bien ? » Il se décala pour lui laisser une place et faire la conversation. Bien que Dean n’approuvait pas du tout le mode de vie de l’irlandais, ce dernier restait son meilleur ami et il ne pouvait jamais dire non à une petite conversation, surtout qu’il semblait, pour une fois clean. « Oui, je bosse sur un cours pour les premières annnées. » Il referma son ordinateur et attrapa son café pour en boire quelques gorgées, avant de retirer ses lunettes de vue. Seamus malgré son comportement discutable avec lui ces derniers temps devina assez rapidement que l’anglais n’était pas vraiment au top de sa forme en ce moment et avait l’esprit très encombré. Bien sûr, sa relation avec la blonde ni était pas pour rien, mais il y avait surtout l'arrivée de Dexter dans sa vie, la nouvelle concernant son père et toutes les autres choses qui allaient avec. L’ancien gryffondor s’était déjà confier à la blonde, pour son plus grand bien et ne voyait pas comment il ne pourrait pas le faire avec l’irlandais.

« Non, tu as raison c’est pas trop ça en ce moment. » Dean parlait avec un ton assez calme, ne voyant pas la peine de dramatiser plus la situation qu’elle ne l’était déjà. Puis Seamus était trop émotif pour apprendre trop de nouvelles tristes le même jour, pas la peine d’en faire trop. « J’ai un cousin de la famille de mon père qui est venu me parler avant les vacances de Noël et du coup, j’ai appris que mon père était mort quand j’étais gosse. » Il marqua une pause et posa son regard sur son ami. « Du coup, je ne sais pas trop quoi en penser et j’ose pas en parler à ma mère, parce qu’elle n’est pas au courant et qu’elle est passée à autre chose en passant qu’il s’était barré tu vois… Cela dit, l’un empêche pas l’autre. » Si son père ne s’était pas vraiment barré, cela changeait beaucoup de choses et étrangement, il espérait presque cela soit le cas, histoire de ne pas avoir à culpabiliser à vie sur une personne qu’il a toujours détesté.

Assis sur le canapé aux côtés de son meilleur ami, Seamus est heureux de pouvoir enfin passer un peu de temps avec lui. La constatation que celui-ci n'est pas au meilleur de sa forme le gêne particulièrement. Il se rend compte qu'il est un bien piètre ami ces derniers temps. S'il fait en sorte d'être souvent là pour Sybella, c'est parce que ses gestes sont facilités par le fait qu'elle vive dans le même appartement que lui. Dean, qui dérive plus souvent entre Poudlard et la maison familial, ne l'aide pas dans cette tâche. Évidemment, il sait que c'est sa faute – il est le fautif, il aurait dû venir le voir clean plus souvent, il aurait dû s'en rendre compte avant et être là quand il avait besoin de lui. Sa première réaction quand il apprend la nouvelle est de lui faire un câlin pour le réconforter – pour une fois qu'il ne sent ni l'alcool ni le tabac, l'irlandais se dit qu'il y a des chances que cela ait vraiment le but recherché.

Il connaît Dean depuis une éternité maintenant et dans ses souvenirs, son ami a toujours détesté son père. Bien sûr, l'anglais n'est pas du genre haineux – il n'est pas du genre à insulter chaque jour cette personne qu'il ne connaît pas, mais cela ne veut pas dire qu'il lui a pardonné cet abandon. Tout ça, Seamus le sait et il se doute que la nouvelle a dû être un vrai choc pour son meilleur ami. Lui ne saurait pas comment il aurait réagi – c'est difficile du jour au lendemain de devoir complètement changer de point de vue sur une personne à qui on en a toujours voulu. Ça l'est encore plus de savoir que ce qu'on a pensé être un acte de lâcheté – le véritable abandon d'une femme et d'un enfant – n'est peut-être en vérité que l'incapacité de revenir. L'irlandais regarde attentivement le nouvel enseignant. Le sourire qu'il avait en venant se poser dans le canapé a définitivement disparu, et seule une grande compassion est lisible sur son visage.

— Oh merde, ça c'est de la nouvelle. Ce n'est pas rien, ça personne pourra le nier. À côté, Justin qui se découvre l'existence de deux cousins mexicains – dont un joueur de Quidditch professionnel – c'est quelque chose de presque banal. Je savais que tu avais des cousins de ce côté, dit-il calmement pour essayer de comprendre comment se sont passés les choses. Mais tu le connaissais pas du coup ? Il réalise que c'est peut-être pour ça, en fait. Il n'a jamais entendu Dean parler de ce côté de sa famille – il se demande même s'il en connaissait l'existence. En tout cas, ça doit être vraiment dure comme nouvelle. Je suis désolé pour ton père Deanou. Seamus essaye pour une fois de ne pas faire de gaffe, ce qui est plutôt compliqué quand on le connaît. En plus, s'il t'a pas abandonné et tout, tu lui en auras voulu pour rien et-, lâche-t-il avant de s'arrêter d'un coup – la voilà sa connerie, il est définitivement nul pour réconforter les gens sans empirer les choses. Enfin bref, non, oublie ce que je viens de dire. Et ton cousin, pourquoi il a débarqué si tard ? Il pouvait pas venir te voir avant ? Le fait que ce fameux cousin ait débarqué maintenant – alors que Dean a désormais dix-neuf ans – est un véritable mystère pour l'irlandais.

Mieux que personne sur terre, Seamus comprenait cette histoire, parce qu’il était finalement le seul à qui il avait tout expliqué clairement. Le départ de son père, le remariage de sa mère, son changement de prénom et surtout la haine envers cet homme qu’il voyait comme lâche. Si l’irlandais pouvait comprendre, il n’était pas forcément la personne la plus perspicace du monde, mais ce n’était pas après huit ans d’amitié qu’il allait le lui en vouloir. « Moi non plus je ne savais pas. » Non, il ne le savait pas et n’aurait d’ailleurs jamais imaginé un scénario aussi farfelus. Sans surprise, l’irlandais prit cette air désolé avant de supposer que cela devait être dur pour l’anglais. Et si cela était vrai, les raisons abordées n’y était pour rien. « Apprendre qu’il est mort, ce n’est pas vraiment le plus dur, après tout je ne le connais pas. » Non, la mort de ce dernier n’était pas vraiment difficile à digérer, après tout il avait fait le deuil d’un père depuis longtemps, mais c’était plutôt l’idée de s’être trompé sur cette personne. Sa mort rendait désormais son retour impossible et sans circonstances claires de cette mort, toutes les hypothèses étaient possibles. Seulement, la seule réponse que Dean souhaitait, c’était de savoir s’il les avait abandonné ou pas.

Alors qu’il essayait de faire bonne figure, l’irlandais pointa le doigt sur le point sensible et Dean grimaça légèrement, se disant que parfois Seamus n’était vraiment pas une flèche. « Merci, tu es officiellement la pire personne pour réconforter les gens, mais tu as raison c’est exactement ça le problème. » Mentir ne servait à rien, surtout pas à son meilleur ami, surtout que la vérité finissait toujours par exploser au grand jour -comme il avait pu l’apprendre avec Sybella. « J’en ai même pas parlé à ma mère, de peur de la rendre triste et tout... » Finalement, c’était ça qui le faisait sentir le plus coupable dans cette histoire. Détenir une information aussi colossale qui la concernait tout autant, voir plus que lui et devoir la cacher à la femme qu’il aimait le plus au monde. Seulement, que se passerait-il quand elle apprendra la nouvelle ? Dean n’avait pas envie d’y penser en fait, préférant profiter d’un peu de temps libre avant de son prochain retour dans la grande maison familiale.

La question suivante de l’irlandais tombait un peu sous le sens et il ne tarda pas à fournir une réponse assez logique. « Euh… Comme j’ai changé de nom de famille, ils retrouvaient pas ma trace, jusqu’à récemment et il vient pour un grand-père mourant je crois. » En fait, il n’en savait fichtrement rien, mais à ses yeux, c’était sûrement pour cette raison qu’ils ne l’avaient jamais contacté, lui ou sa mère avant. Seulement, le mot n’aidait pas et l’anglais avait un peu de mal à gérer tout cela, lui qui avait pourtant l’habitude de tout prendre à la légère. Heureusement, il profita du silence pour lancer un sujet bien moins dépriment et qui restait néanmoins dans le thème de la famille. « Je vais à Brooklyn bientôt, pour voir ma famille et tout. » Malgré un certain stress, il trépignait d’impatience à l’idée de visiter son quartier de rêve.

Seamus ne quitte pas son meilleur des yeux – à cet instant, il regrette son état des mois précédents qui l'a empêché d'être présent pour l'anglais alors qu'il aurait pu avoir besoin de lui. Il n'est pas stupide, leur relation n'est plus aussi idyllique qu'à l'époque de Poudlard et c'est entièrement sa faute, alors aujourd'hui il tente comme il peut de se rattraper en faisant bien les choses. C'est compliqué – comme Dean le fait remarquer, il n'a aucun talent pour réconforter les gens et le sait très bien. Il a pu expérimenter ça ces derniers mois avec Sybella et il avoue qu'il laisserait volontiers sa place à quelqu'un d'autre s'il pouvait le faire. Mais ce n'est pas le cas, et même s'il est minable dans cette compétence, l'irlandais tente du mieux qu'il peut d'être toujours là pour réconforter ses amis. Peu importe que ce soit complexe ou un échec, il se dit qu'une présence maladroite est mieux qu'une absence totale – et puis, il a déjà fait dans l'absence plusieurs semaines d'après ce qu'il comprend et il n'a aucune envie de continuer dans cette voie.

— Oh, désolé Deanou. Je voulais pas te rendre triste. L'irlandais regarde son ami avec un air un peu triste – il se doute qu'il n'arrange rien en pointant ainsi du doigt le problème mais le bon côté des choses à ses yeux est qu'il arrive encore à comprendre où est le problème. Mais tu sais, c'est pas de ta faute. Je veux dire, tu avais des raisons de lui en vouloir. Pour toi il était simplement parti, comme ça. C'est naturel, je suis sûr qu'il t'en voudrait pas. En fait, il n'en a pas la moindre idée mais il tente avec une certaine difficulté de trouver les bons mots pour réconforter l'anglais, de lui dire ce qu'il a besoin d'entendre. Ce n'est pas toujours simples, leurs situations sont totalement différentes, mais il se souvient de tous ces moments où Dean réussissait parfaitement à trouver quoi dire pour lui redonner le sourire. Tu as raison, ta mère mérite pas d'être triste. Elle est trop gentille pour ça, dit-il calmement.

Seamus a toujours adoré la famille de Dean, en grande partie parce que malgré ses cousins, il reste fils unique et que sa maison est définitivement trop calme comparée à celle des Thomas. Il a passé plusieurs fois du temps chez eux, et il ne peut s'empêcher d'être reconnaissant à cette femme pour ça. Ces moments font clairement partis des meilleurs de sa vie et il ne le remplaceraient pour rien au monde. Il le regarde avec un air intéressé – écoutant les explications son ami concernant cette nouvelle famille retrouvée. C'est quand même un scénario un peu improbable et il se doute que personne ne doit être préparé à ce genre d'intrusion dans sa vie.

— Je vois. C'est bizarre quand même. Ils ont eu de la chance. Ce n'est pas toujours simple de retrouver quelqu'un ici, surtout l'endroit où ils habitent. Il repose ses yeux sur son meilleur ami quand il l'entend prononcer le nom du quartier avec lequel il leur rabâche les oreilles depuis Poudlard. C'est une blague ?, demande-t-il un peu sceptique. Non mais Dean, à moi tu peux le dire si tu vas en Afrique tu sais. C'est pas honteux, et puis peut-être que tu verras des éléphants.

Après avoir foncé dans le mur, l’irlandais s’excusa et comme toujours, Dean l’en excusa rapidement d’un mouvement de main. « T’inquiète, j’ai l’habitude de ta subtilité d’éléphant. » Il n’allait pas s’offusquer pour si peu, surtout après autant de temps de si belle amitié avec le garçon. Ils avaient certes beaucoup plus de différents depuis le départ de Poudlard, il n’en restait pas la personne qu’il connaissait le plus au monde et se doutait bien qu’il arrêterait de déconner avec le temps. Peut-être avec un peu d’aide d’ailleurs, mais il lui en parlera plus tard. Naturellement, son ami chercha à le rassurer, lui dire qu’il n’avait pas tord et que c’était parfaitement logique d’avoir réagit de cette manière. Dean n’en était plus vraiment sûr et se contenta de soupirer rapidement. « Ouais, tu as sûrement raison. » Après tout, c’était plus simple si c’était le cas, alors autant prendre la meilleure des versions, histoire de ne pas s’en vouloir à chaque seconde de son existence. D’ailleurs, c’était pour cette raison qu’il n’en parlait pas à sa mère, se disant qu’il fallait mieux lui épargner la nouvelle. La mère de Dean avait été très chamboulé par le départ de son mari à la naissance de leur enfant et avait elle aussi appris à le haïr, puis avec le temps elle avait refondé une famille, avec un autre homme, dont Dean portait d’ailleurs le nom de famille et qu’il appelait sans le moindre soucis papa. « Surtout, j’ai pas envie qu’elle se sente coupable d’avoir refait sa vie. » Malheureusement, il se doutait bien que cette conversation arrivera un jour, mais il espérait que cela serait dans très longtemps et surtout pas dans les larmes.

Seamus nota le côté presque miraculeux de la famille Jordan à l’avoir retrouvé en Angleterre. Au début, il devait avoué avoir été étonné, mais c’était finalement dit, qu’il n’y avait pas beaucoup d’élève noir de son année orphelin d’un père. « Ouais, après il se doutait bien que j’étais allé à Poudlard et connaissait mon âge. » Même s’il ne portait plus le même nom, cela était finalement logique et il n’allait pas chercher plus loin, faisant parfaitement confiance à Dexter -même si cela avait pas très bien commencé entre eux. Aujourd’hui, tout avait bien évolué, ils allaient partir aux USA, rencontrer la famille et cela comme deux véritables cousins, apprenant de l’un ce qu’il lui manquait. Comme toujours, l’histoire des origines revint sur le tapis et Dean rigola un peu. « Non, mais c’est pas une blague… » Et d’ailleurs, il pouvait le prouver, puisqu’il sortit une place d’avion de son cahier qu’il montra fièrement à son meilleur ami. « Regarde ! J’ai trop hâte. » Le Graal, enfin.

Un air désolé sur le visage, Seamus hoche la tête de façon compréhensive en écoutant son meilleur ami. Lui n'a jamais connu tout ça – le fait de devoir vivre avec un père absent, la reconnaissance envers un homme qui a accepté de prendre pour femme une personne possédant déjà un enfant, la joie de voir sa mère connaître le bonheur. Maintenant que ses parents sont séparés, il réalise amèrement à quel point les relations humaines peuvent être compliquées, et comment les choses peuvent être difficiles pour les moins chanceux. Bien sûr, rien n'est comparable à la situation de son meilleur ami, mais l'éclatement de son cocon familial lui donne désormais la capacité d'envisager de façon nuancé comment les choses peuvent être délicates. Quand il voit actuellement sa mère se débrouiller pour passer à autre chose, il se dit que la tâche a dû être beaucoup plus douloureuse pour celle de Dean des années auparavant. Seule avec un bébé à charge, dans l'attente du retour d'un homme qui a toujours conservé son rôle d'éternel absent, elle a dû vivre des moments tristes par milliers. Alors apprendre que les choses n'ont jamais été celles qu'elles paraissent peu avoir de nombreuses conséquences. En soi, Seamus n'aimerait pas être à la place de l'anglais, devoir annoncer une nouvelle pareille – surtout que la mère des Thomas mérite amplement mieux que tout ça.

— Ouais tu m'étonnes. Après, dis-toi que ça peut être une bonne chose pour elle de savoir. Il regarde son meilleur ami avec un air légèrement sérieux qui en étonnerait plus d'un. Mais il arrive à l'irlandais de dire des choses sensées, de réfléchir avant de parler, et de se montrer mature – tout cela reste rare, évidemment, et encore plus ces derniers temps. Je veux dire, elle aurait refait sa vie dans tous les cas. Et heureusement qu'elle ne l'a pas su à l'époque, parce qu'elle n'aurait peut-être pas supporté de se mettre avec ton père si elle était en deuil. Il marque une petite pause histoire de recentrer dans sa tête là où il veut en venir. Tout ce qui touche à la famille n'est jamais simple, mais Seamus compte sur Dean pour ne pas s'y perdre. Par exemple, il sait que son ami se doute qu'il parle de monsieur Thomas en disant ton père vu que pour l'irlandais, ça n'a jamais été personne d'autre. Mais maintenant, c'est un peu lui apporter le dénouement de cette histoire, c'est bon pour la paix intérieure. Parfois, on se demande où Seamus va chercher tout ça, mais quand on l'entend de la bouche de l'irlandais, on sent que c'est entièrement logique à ses yeux. L'ancien Gryffondor attrape le billet d'avion que lui montre son ami sans en revenir. On peut lire l'étonnement sur son visage, surtout depuis le temps qu'il répète à Dean qu'il est africain. Oh putain. C'est pas possible. Alors tu viens vraiment de Brooklyn ? Il adresse un large sourire à l'anglais. Mais c'est génial Deanou, c'était le rêve de ta vie ! Dis, tu me ramèneras un chapeau de la statue de la liberté ? Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Seamus a beaucoup de connaissances sur New-York, mais seulement à cause de la vague massive d'émigration irlandaise qui a eu lieu le siècle dernier.

La vision du monde de Seamus était souvent assez simple et pure, mais permettait au moins de voir les choses sous un nouvel angle. Peut-être qu’il avait raison, ou peut-être pas, mais cela n’avait pas vraiment d’importance parce que s’il y avait bien un chose certaine, c’était qu’il devra bien l’annoncer un jour à sa mère. Il soupira un peu, avant de se frotter un peu le front. « Ouais, je sais pas trop. Je me donne un peu de temps pour le faire. » Il se doutait bien qu’il n’existait pas de bons moments, mais il essayait d’en trouver un pas trop mal. Il savait que son beau père devait partir en voyage pour le travail, ce qui laissera sa mère seule pour quelques temps, laissant donc un instant pour parler. Autrement dit, il tiendra bien sa langue jusqu’au fameux voyage de l’autre côté de l’océan, que son petit frère enviait au plus haut point.

Seamus s’enthousiasmait d’apprendre que son meilleur ami avait finalement bel et bien des origines de ce célèbre quartier, comme il avait aimé le proclamé durant tant d’année. Maintenant, Dean pourra dire comme bon lui semblait qu’il était un afro-américain. « Je vous l’avais bien dis ! Oui, un chapeau si ça peut te faire plaisir ! » Il ramènera sûrement un cadeau pour chacun de ses colocataires, histoire de marquer le coup. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’on allait aux États-Unis. Dean se connaissait, il savait déjà que ça valise serait pleine à son retour et son appareil photo aussi d’ailleurs. Alors que le soleil descendait dans le ciel, il sentit son ventre gargouiller. « Bon, j’ai faim ! Ca te tente un burger, juste nous deux ? » L’occasion de passer un peu de temps avec Seamus, ce qui était plutôt rare.

L'irlandais aimerait pouvoir faire plus pour Dean, mais rien n'y fait. Il ne sait pas toujours pas quoi dire. Il a conscience que ses conseils sont loin d'avoir la moindre utilité, et qu'il ferait sûrement mieux de se taire plutôt que de les donner. Mais Seamus est comme ça, toujours partant pour essayer d'aider les autres, son meilleur ami passant prioritaire. Il l'a clairement montré lors de toutes les histoires avec Sybella – il a essayé d'être là malgré son manque total d'objectivité et sa capacité à avoir suffisamment décuvé aux moments fatidiques. Là tout est différent. Il aurait aimé pouvoir Dean à prendre une décision concernant la nouvelle à annoncer à sa mère, mais ça ne le concerne juste pas – une chose que Seamus respecte malgré les apparences.

— Tu as raison, mais je sais que tu prendras la bonne décision Deanou, dit-il avec grand sourire qui se veut motivant. C'est le seul soutien qu'il peut apporter, et ça bien qu'il aurait aimé faire mieux. Il cherche à voir le bon côté des choses – Dean arrêtera peut-être de les bassiner avec son histoire de Brooklyn lorsqu'il réalisera que l'Irlande est forcément plus belle. C'est vrai ? T'es le meilleur ! Sa passion pour les chapeaux ridicules le perdra sûrement un jour, et personne ne doute que s'il haïssait pas autant l'Écosse, il portera un bonnet Nessi régulièrement. Un burger ? Trop bien, lâche-t-il en se levant rapidement – chose rare quand on voit la loque qu'il est depuis quelque temps. En plus, je pourrais te raconter ce que tu as raté cette semaine. Galaad et Justin se sont encore engueulé, c'était hilarant. Il attrape le pull qu'il avait abandonné en rentrant pour suivre Dean avec un grand sourire. Ça fait un bail qu'il n'a pas eu l'occasion de passer du temps avec son meilleur ami, et ça lui a énormément manqué.