Son ordinateur portable sous la main et son casque de musique sur les oreilles, elle entra dans le premier starbucks de la ville dans le but de terminé son prochaine article pour son blog. Cette fois, la blonde s’attaquait au gouvernement américain et la fameuse zone cinquante et un. Un sujet qui plaisait beaucoup aux lecteurs et qui amusait beaucoup la jeune femme. Elle fredonnait légèrement son morceau préféré en attendant dans la queue pour commander. Olly passait beaucoup de temps dans ce genre de cafés, simplement parce qu’elle pouvait y brancher son ordinateur et profiter d’une bonne boisson et d’un bon gâteau. « Bonjour, je vais prendre une part de moelleux au chocolat et un Caramel Light Frappuccino. » Elle connaissait la carte par coeur et pourrait parler pendant des heures de ce qu’elle préférait commander. Après quelques minutes de préparation, elle se chercha un endroit sympathique pour s’installer accompagner de son gobelet à son nom.

Par chance il n’y avait presque personne en cette fin de journée et une multitude de places, malheureusement, celle qu’elle préférait était occupé par un jeune homme. Dommage pour elle qui adorait travailler en face de la fenêtre, si bien qu’elle passa sa route. Enfin c’était ce qu’elle était en train de faire quand elle reconnu soudainement le fameux jeune homme, James d’York. Sans attendre une seconde, elle s’installa sur la chaise à côté de lui et posa son ordinateur sur la table en souriant. « Pas très royal comme endroit. » Olly n’avait pas recroisé le jeune homme depuis que ce dernier lui avait envoyé un chèque dans sa boîte aux lettres -ce qui l’avait vraiment étonné. « Ca tombe bien que je te croise, je suis totalement ruinée et j’ai d’autres pneus à acheter pour ma future voiture. » Une boutade qui faisait référence à leur dernière rencontre et elle n’était pas sûre que cela fasse plaisir au petit fils de la reine.

Attablé face à la vitrine du Starbucks, James terminait de feuilleter l’un des journaux moldus qu’il avait achetés au kiosque. C’était un de ses rituels les plus simples et les plus réconfortants : un bon café allongé fumant à l’abri de la rue agitée et passante pour consulter les nouvelles qui animaient le monde non-sorcier, le tout sur fond musical doux et cosy. Dans ce genre d’instants où on ne le calculait pas forcément et où les employés avaient pris l’habitude de le servir comme un client lambda, le diplomate se sentait quasiment normal, comme tous les anonymes de Londres et d’ailleurs. Ce sentiment lui allait bien et il lui permettait au moins de se comporter comme le reste du monde – c’est-à-dire avec suffisamment d’insouciance pour ne pas s’interroger sur la portée de chacun de ses gestes.

Tandis qu’il dégustait un peu de son breuvage chaud, le brun tourna une page du quotidien qu’il décortiquait et d’une de ses catégories favorites, le sport, lorsqu’une tornade d’ironie blonde et mordante s’abattit sur lui. Il aurait pu sursauter mais se contenta d’un sobre soupir alors qu’il relevait lentement la tête et constatait qu’il ne s’était pas trompé. Son après-midi au calme se terminait officiellement maintenant. « Olly … J’aimerais pouvoir dire que je suis content de te voir, mais non. » James contempla la blonde s’installer à sa table, aussi dubitatif qu’inquiet. Il ne haïssait pas viscéralement Olly – pas autant qu’elle pouvait détester sa famille à lui – mais il n’avait aucune confiance en elle et il avait toujours cette crainte stupide qu’elle ait quelque chose en tête, quelque chose de très mauvais pour lui et pour la famille royale.

Elle saisissait chaque occasion de lui rappeler qu’il était un prince, un non-roturier, un bourgeois bien avéré et cette manie de croire qu’il le revendiquait à outrance le laissait perplexe. Midler ne le connaissait bien sûr pas, mais de là à penser une chose pareille, c’était à la limite du non-sens. Tout ce qu’elle voyait c’était sa réputation – et son argent, ça elle ne l’oubliait pas non plus. « Le journalisme d’investigation ne paie pas beaucoup, apparemment. Pas plus que les ragots. » Il ne se privait pas d’être cynique, de toute manière la blonde ne l’épargnait pas quand il s’agissait de se payer de sa tête de fils à papa ou de multimillionnaire. Il n’avait donc aucune raison d’être tendre avec elle, tout comme il n’avait absolument pas la moindre envie de devenir son banquier attitré. « Désolé mais c’est non. Je ne suis pas Gringott’s. » répondit-il de façon aussi catégorique que directe.

« Autre chose ? » Il jeta un œil en direction de la Langue-de-plomb avant de siroter un peu de son café et de reporter son attention sur la page des sports du journal. Sa lecture était jusque là un vrai plaisir, il ne comptait pas sur qui que ce soit pour la ruiner. Peut-être qu’en ignorant au maximum la blonde, l’anglais parviendrait à la faire fuir – l’espoir faisait vivre.

Comme il fallait s’attendre, l’anglais n’était pas vraiment aux anges de la croiser pour son café de fin de journée, ce qui amusa presque la blonde qui s’installait tranquillement. Olly n’avait pas la moindre envie de s’en aller, de toute manière par le plus grand des hasards une certaine foule avait débarqué occupant les autres tables. « Oh je m’attendais à une grande accolade, entre partenaire ça se fait non ? » Un rapide sourire avant de regarder par la fenêtre la ruelle illuminée par les lampadaire. La foule se promenait paisiblement, emmitouflée dans leurs gros manteaux. Le sien se tenait déjà sur la chaise, la laissant ainsi en simple gilet en laine. Elle retira son bonnet gris et le posa sur la table avant de rigoler légèrement à la remarque du plus âgé. « Ca rapporte, mais pas assez. Tu comprends, je veux une grosse voiture. » La blonde était fière de sa répartie et se récompensa même par une bouchée de ce succulent gâteau -rien que pour lui, elle continuerait de venir dans ces cafés.

Sans surprise, il refusait catégoriquement de parler argent, ce qui prouvait que tout était revenu à la normale entre eux. « Dommage, je te vois bien en gobelin. » Le tableau du jeune homme demandant avec un air ronchon les clefs des coffres l’amusait déjà et elle ne manqua pas de sourire à sa propre blague avant d’entrer son mot de passe pour allumer son ordinateur. Un mot de passe incroyablement long et compliqué, qui aux yeux de la blonde s'avérait simplement une nécessitée. Pendant que l’ordinateur terminait tranquillement de s’allumer, elle entama sa boisson et grimaça à cause de la température toujours trop élevée. Si la blonde avait déjà presque oublié la présence du l'anglais, cela ne semblait pas être son cas, puisqu’il semblait légèrement dans l’attente de la suite. « Non, je pensais juste travailler ici, vu que c’est la meilleure table. » Elle ne doutait pas un instant qu’il sautait déjà de joie à l’idée de passer sa fin d’après-midi en compagnie d’une ennemie de la famille royale -mais ça, Olly s’en fichait. D’un geste rapide, elle ouvrit le document texte et commença à relire le début de son article, guettant du coin de l’oeil l’ancien gryffondor qui lisait la page sport du journal du jour. « Liverpool a gagné contre Manchester, si tu veux savoir. » Olly avait toujours été une sorte de mine d’informations plus ou moins importante et le plus inquiétant, c’était qu’elle savait parfaitement comment les gérer à son avantage -des années d’expérience.

Midler voulait sans doute le taquiner mais le prince ne comprenait guère cette façon d’être et il ne comptait pas sympathiser avec ce qui était pour lui une représentation juste de l’ennemi de l’Angleterre. Face à lui, elle était habituellement constamment prête à attaquer quand il demeurait passif ; sur la défensive lorsqu’il se contentait de s’intéresser à elle. Et là elle avait l’air de vouloir jouer, de chercher à plaisanter comme on rit entre deux bons vieux amis – sauf qu’ils savaient tous les deux très bien qu’ils étaient très loin d’être de bonnes connaissances. « Entre partenaires, sans doute. » Si James était en temps normal un individu somme toute cordial et poli, il arrivait à être d’une froideur extrêmement déplaisant en compagnie d’Olly. C’était sous cette image qu’il se montrait aujourd’hui, peu enclin à vouloir être amical avec la jeune femme. Elle était pour lui le synonyme de beaucoup d’ennuis en perspective et puisque généralement c’était elle qui fuyait sa compagnie, le fait qu’elle soit actuellement assise face à lui ne le rassurait guère sur les idées en tête que la blonde pouvait avoir.

Repenser au mystérieux chèque qu’il lui avait alloué en échange d’une paix provisoire ne perturbait pas la vie de James. Néanmoins cet argent était une quantité non négligeable et l’utilité qu’elle en aurait restait floue – il ne gobait en aucun cas cette vaste blague de voiture de luxe. « Evidemment. C’est tout à fait ton style. » répondit l’anglais en regardant la jeune femme, franchement cynique. Il ne la connaissait certainement pas aussi bien que bon nombre de ses collègues, mais Olly n’était pas une fille à qui les objets clinquants et ostentatoires allaient.

Le nez dans sa gazette, la voix de l’anglaise vint le titiller de nouveau, incapable de le laisser tranquille plus d’une minute. Pire que chien et chat, songea t-il en redressant le menton pour se confronter au regard de la blogueuse. « Ah ? » Il haussa un sourcil, constatant en vérifiant rapidement l’entrefilet de la page que l’information de Midler s’avérait exacte. Bien sûr, puisqu’elle ne pouvait pas vider la salière dans son café et parce qu’il n’avait encore rien fait à son encontre, elle lui gâchait même la primeur des nouvelles sportives. Bon, James poussait peut-être un peu le bouchon, mais il n’avait pas envie de sympathiser avec la blonde – elle ne lui inspirait aucune confiance, comme la plupart des gens qui se laissaient acheter par de l’argent. « Donc tu t’intéresses au foot, toi ? » releva t-il malgré tout piqué au vif par ce détail. Il imaginait peu Olly supportrice de quoi que ce soit d’autre que des groupuscules anti-royalisme. « Je pensais que le sport ferait partie d’une sorte de leurre pour nous détourner du grand complot politique. » Il n’essaya même pas de faire semblant d’être sérieux, de toute façon quoi qu’il fasse, la jeune Langue-de-plomb saurait lui en imputer tous les torts.

La froideur de l’anglais était à la hauteur de celle d’un garde de Buckingham palace et cela faisait légèrement sourire la blonde. Éprouvant un certain plaisir à l’agacer, elle ne lâchait pas l’affaire bien décidé à avoir le dernier mot jusqu’au bout. « On devrait acheter des t-shirts assortis, partenaire ! » Elle insista bien sur le mot partenaire, comme pour répondre à sa provocation. Ils n’avaient clairement rien de partenaire, mais l’idée était tellement drôle qu’elle ne pouvait se passer d’un petit commentaire. A ce moment là, Olly s’impatientait presque déjà de tout raconter à Aghna et Aiden. Elle se doutait déjà qu’ils trouveraient cela très amusant, mais sûrement moins qu’elle. L’histoire du chèque dans sa boite aux lettres, elle avait dû la raconter au moins une bonne centaine de fois et ne s’en lassait réellement pas -le jeune homme n’était pas prêt d’arrêter d’en entendre parler, tout comme cette histoire de voiture. « Puis j’en veux une avec un toit ouvrant. » Bien sûr, la langue-de-plomb n’était pas du tout le genre de personne à rouler dans une voiture trois fois plus chère que son appartement et cela même si elle était riche.

Quand elle annonça les scores du dernier match, une certaine surprise se dessina sur le visage du presque trentenaire. Olly était une personne très étonnante et il était très loin de se douter à quel point. D’ailleurs, elle ne manqua pas de jouer la mystérieuse face à lui. « Peut-être. » Un petit sourire, tandis que ses doigts pianotaient très rapidement sur le clavier pour poursuivre le prochain article de son blog, qu’elle comptait poster dans les prochains jours. Ce fut à ce moment là, que l’autre pointa du doigt un sujet très intéressant, ce qui fit sourire l’ancienne gryffondor. « Exact, tu vois tu commences à penser comme moi. » Elle se doutait que l’idée ne plairait pas le moins du monde à l’anglais, mais ça elle s’en contrefichait pleinement. Cela dit, après un petit silence, elle développa un peu plus. « Je m’y intéresse pas vraiment, mais je lis le journal tout les matins. » Il n’y avait pas une journée sans journal ou sans actuellement, peu importe où elle se trouvait sur terre.

Le jeune homme n’arrivait pas à comprendre pourquoi la jeune femme lui cherchait aujourd’hui des noises et s’amusait d’ailleurs beaucoup de chacune de ses réparties alors qu’il y a quelques jours à peine elle le traitait comme un pestiféré majeur. Si elle avait pu elle l’aurait chassé à coups de batte de son immeuble, or ce n’était pas ce qui s’était passé et pour finir elle avait même gagné bien plus pendant cette soirée qu’elle ne l’aurait imaginé. Acheter sa tranquillité ne rendait cependant pas totalement service au jeune Mountbatten qui devait maintenant composer avec la joie guillerette d’une Midler qui espérait sans doute pouvoir se servir de lui comme d’une tirelire humaine géante. En vain. « Vas-y, je t’en prie, avec mon chèque tu devrais pouvoir nous trouver deux hauts pas trop mal. » Pas le moins du monde inquiet par l’éventualité de passer pour un radin, James s’obstina à ne pas accorder le moindre regard à son interlocutrice qu’il laissait discourir le plus possible. Peut-être qu’à force d’épuiser sa salive et de se heurter à un mur, elle arrêterait ses gamineries.

Il était cependant difficile de rester de marbre à certaines perches qu’elle lui tendait plus ou moins volontairement. « On veut tous des choses dans la vie, et malheureusement on ne les a pas forcément. » philosopha avec beaucoup de sérieux et de conviction James, qui se retenait d’insister du regard avec force sur le visage d’Olly pour maintenir toute son attention sur sa lecture. S’il y avait bien un exemple parlant pour illustrer son cas, c’était la volonté violente qu’il éprouvait à ce que la Langue-de-plomb disparaisse de sa vue, chose qui pourtant n’avait toujours pas lieu alors qu’il clignait des yeux et la voyait toujours assise en face de lui.

Il éclata littéralement de rire quand elle fit le rapprochement entre eux, pourtant si différents et opposables. Comme elle était drôle. « Mais oui, tes articles m’ont convaincu Midler, je vais direct faire un coup d’état en rentrant chez moi et arrêter définitivement le sport, cette invention du démon ! » James songea que chaque discussion avec la blonde lui permettait d’entraîner toujours un peu plus son second degré et son goût de l’ironie. Ironie qu’il parvenait à renouveler à chacune de ses prises de parole sans jamais avoir l’impression d’être redondant. Heureusement, la blondinette lui donnait matière à répondre. « Bravo. J’ai pas de médaille pour te récompenser mais le cœur y est. » soupira le prince après avoir changé de page et bu une autre gorgée de café. Un coup d’œil discret vers la gauche lui confirma qu’en plus de devoir supporter la présence envahissante de la blogueuse, plusieurs personnes dans le café l’avaient reconnu et l’observaient avec un manque de discrétion notoire. Il n’avait rien contre les gens qui lui demandaient une photo ou venaient lui dire bonjour, mais il craignait d’avance qu’une catastrophe ne se produise avec Olly dans les parages.

L’agacement du jeune homme se faisait sans la moindre difficulté sentir et Olly se demandait un peu combien de temps il allait encore tenir. James se montrait patient, mais été sûrement loin d’imaginer à quel point la blonde pouvait l’être. Au fond, elle aurait pu l’ignorer et boire sa boisson sur une autre table, mais depuis la visite de l’anglais elle s’était trouvé un certain plaisir à parler avec ce dernier. Peut-être parce qu’elle cherchait une explication à ce chèque ou tout simplement parce que cela était très drôle. « On sera magnifique assortis. » Le jour où ils porteront des tenues assorties, les poules auront des dents et les cochons voleront, parce qu’il était hors de question que les gens pensent qu’elle s’entendait bien avec un membre de la famille royale. Si elle pouvait justifier le fait d’être vu avec lui, il n’en serait pas de même si elle portait un t-shirt coordonné au sien. La blague avait des limites et cela, même Olly le savait.

Alors que la blonde s’amusait comme une enfant de maternelle, le plus âgé jouait les moralisateurs terre à terre, dont l’humanité se passerait bien. Elle leva les yeux en l’écoutant jouer l’adulte, avant de reprendre en levant un pouce dans les airs. « Merci, Captain Obvious, tu viens de m’apprendre un truc là. » La langue de plomb jouait littéralement les ingénues, alors qu’au fond, elle se moquait très clairement de lui. Finalement, le plus drôle, c’était le contraste qui s’opérait entre eux. L’un était froid et calme, tandis que l’autre jouait à l’enfant sans le moindre état d’âme. Un tableau aussi charmant que comique, ce que l’anglais discuterait très certainement. Si la blonde blaguait sur un hypothétique goût à la conspiration de la part de James, lui de tarda pas à lâcher un rire gras et parfaitement risible, pour jouer au plus malin. La galloise leva les yeux au ciel, avant de le regarder avec un vague sourire. « Faire un coup d’état, ça doit être un peu compliqué pour toi non ? » C’est sûr qu’un petit fils aussi parfait n’allais sûrement pas trahir sa famille, encore moins si cela baisserait sa popularité.

La dernière remarque de l’ancien gryffondor l’agaçait un peu, mais elle tenta de faire bonne figure. « Très amusant. » Comme pour montrer qu’elle était au dessus de ça, elle se replongea sur son prochain article, avant que son téléphone ne vibre. Elle regarda rapidement le message avant de soupirer un peu. C’était de la part de Angelina, une fille de l’orphelinat, qui lui demandait de faire la comptabilité du mois. Même si cela lui déplaisait un peu, elle coupa rapidement son article, avant d’ouvrir document excel. Presque automatiquement, elle sembla extrêmement concentrée et oublia presque la présence de l’anglais sur la table. A l’aide d’un stylo, elle nota quelques trucs sur une serviette en papier, histoire de ne rien oublier. Une fois la serviette remplie, elle releva enfin la tête, pour se trouver face à James. « Je peux te prendre la tienne ? Ou je dois attendre de la trouver dans ma boite aux lettres ? » Un vague sourire avant d’attraper la serviette propre et de travailler le plus sérieusement du monde. Parce que si Olly passait pour une excentrique aux yeux du monde, elle n’en restait pas moins une jeune femme brillante.

Pourquoi tenait-elle tant que ça à ironiser sur leur improbable duo ? Il n’y aurait jamais d’unité, il n’y aurait jamais de groupe Midler-d’York, pas plus qu’une entente cordiale ne pouvait être envisagée. James était James, Olly était Olly. Ils étaient comme l’eau et l’huile, rien n’aurait su les harmoniser. Et quelque part il n’en ressentait ni le besoin fondamental, ni l’envie existentielle. Sa vie lui plaisait telle quelle, ce qui prouvait bien que l’amitié de la jeune femme n’était franchement pas dans ses priorités. Par contre, sa tranquillité et son café en solitaire, ça, c’était quelque chose auquel il tenait. Et quand une fille aussi hargneuse qu’elle s’escrimait à interrompre chaque minute de silence qui pouvait subsister pour la ponctuer de remarques moqueuses à peine déguisées par une maigre couche de miel, le jeune prince avait bien du mal à se retenir de se lever pour partir. Sauf que s’il s’en allait, c’était lui accorder sa place, c’était lui céder du terrain et surtout, c’était la laisser gagner. Et ça, il ne le permettait pas.

Son instant de philosophie de comptoir la laissa de marbre mais il passa bien vite en outre en notant le peu d’enthousiasme qu’une guerre intestine puisse avoir lieu dans la famille de la Reine d’Angleterre. Ainsi donc, si c’était James qui devenait un opposant au régime, cela ne faisait ni chaud ni froid à la blondinette ? L’anglais s’en amusa sans le cacher, plutôt hilare – et son sourire se renforça à la suite de la conversation. « Oui, c’est vrai que dans l’histoire on n’a jamais vu aucun membre d’une famille gouvernante faire de putsch. » Qu’une journaliste comme elle aussi impliquée et habituellement prévoyante dans son domaine, analytique jusqu’au bout des ongles puisse se cantonner à des facilités simplistes de ce genre le décevait presque. Elle avait pourtant l’air d’être une fanatique des scénarii basés sur les traîtres et les plot-twist : un prince conspirateur aurait du la séduire. « Tu sais quoi ? Ca doit être une histoire de gènes ! Une sorte de partie d’ADN qui fait qu’automatiquement ton cerveau est formaté à croire benoîtement tout ce que ta famille te dit. Le libre-arbitre a du être supprimé dans le même temps. Une mutation en remplaçant une autre, quoi. » Il n’avait aucun mal à poursuivre son délire et à se payer sa tête, le tout en conservant un sérieux qui donnait envie à n’importe quel interlocuteur de l’asperger avec son café bouillant – sauf qu’avec les boissons qui avaient eu le temps de refroidir, l’humiliation aurait été déjà moins douloureuse.

Il avait fini par entamer sa motivation à le titiller. A son tour de ressentir une trace d’irritabilité poindre chez elle – signe qu’il avait touché quelque chose, par la force de l’usure ou par un choix d’arguments judicieux. « N’est-ce pas ? » Le sourire qu’il avait en témoignage de sa petite victoire ne fut que de courte durée. James n’était jamais débarrassé pour longtemps de l’acharnement de son adversaire. Surtout quand il s’agissait de raviver le souvenir de sa générosité d’il y a quelques jours – visiblement Olly avait toutes les difficultés du monde à oublier que James pouvait aussi facilement se montrer arrangeant quand son intérêt s'en trouvait satisfait. Il était humain, après tout. « Non je t’en prie, je te l’offre bien volontiers. Surtout si tu comptes financer tes rêves de grandeur avec des serviettes en papier. »

Son regard se lassa du journal sportif pour se concentrer sur la jeune femme qui n’en finissait pas d’écrire, écrire comme si sa vie en dépendant. Les mots qu’elle venait de prononcer, pernicieuse, dansaient dans son esprit et il se prit à réfléchir à voix haute, parfaitement conscient de la déranger. « Olly Midler. Grande idéaliste dans l’âme, mais au final aussi vénale que tous les autres. Comme quoi toi aussi tu as un prix. » Là, il savait qu’il avait franchi une limite. Et qu’elle n’allait absolument pas l’accepter sans riposter. Il connaissait son emportement soudain quand les choses devenaient personnelles à ce point – il était pareil qu'elle sur ce détail.

Peu de chance que l’anglais soit du genre à renverser le pouvoir, mais la blonde ne pouvait s’empêcher de s’amuser face à l’idée et accorda un sourire à l’anglais. « Après, tu pourrais toujours me surprendre. » Objectivement, s’il le faisait, il remonterait clairement dans son estime, mais d’un autre côté, elle trouverait cela un peu ingrat. Après tout, c’était sa famille et étant orpheline, elle trouverait cela déplacé de leur foutre un couteau dans le dos. Par contre elle, elle avait parfaitement le droit de cracher sur eux sans modération. Olly écouta d’une oreille le délire étrange dans lequel partait le plus âgé et elle se retenait presque de rire face à ce discours, avant de reprendre calmement. « Oui, bien sûr. Ou juste de la connerie. » Elle savait bien qu’il essayait de se payer de sa tête, mais elle n’allait pas se vexer pour si peu, prouvant ainsi qu’elle était bien moins immature que lui sur certains points. Si la blonde adorait avoir l’air insouciante, elle était quelqu’un possédant beaucoup de responsabilités et qui surtout faisait preuve d’une indépendance à toutes épreuves.

Alors qu’elle attrapa la serviette du jeune homme, son visage se crispa un peu en entendant la remarque de ce dernier. Elle le trouvait clairement stupide, mais se contenta d’un soupire, avant de continuer ce qu’elle faisait. « Excuse, mais tout le monde n’a pas le luxe d’avoir des comptables pour gérer ses finances. » La trésorie de l’orphelinat était quelque chose qu’elle suivait au millimètre prêt, espérant qu’il ne tombe pas dans le rouge trop rapidement. L’état se moquait bien des ces pauvres enfants et rien que pour cela, lui et toutes ses mimiques le dégoûtait, même si elle faisait de l’humour. Alors qu’elle était déjà passé à autre chose, James lui colla une remarque vraiment pas sympa dans la figure, si bien qu’elle le fusilla du regard. Elle posa son crayon et le fixa avec un air qui n’annonçait rien de bon. « M’acheter ? Tu crois m’avoir acheté ? Parce que tu penses vraiment que j’ai gardé ton argent ? Ah non excuse, tu peux pas le savoir parce que tu fais sûrement pas tes comptes toi-même et que tu n’as même pas dû voir qui l’a encaissé. Tu es très loin de me connaître. » Très loin, comme ce jour où il s’était permis de lui faire un commentaire sur l’éducation de ses parents, qu’elle avait sans surprise très mal pris. Pour dire vrai, elle avait passé sa soirée en larme dans les toilettes de Poudlard.

Entre eux, ça ne cesserait jamais. La réalité était difficile à voir en face mais pourtant pour James, à ce moment, elle était claire comme du cristal. Olly Midler ne serait jamais une fille qu’il pourrait un jour tolérer dans sa vie. Ils n’étaient pas destinés à être amis, et d’une certaine manière il ne pouvait pas être étonné de se rendre compte que chacune de leurs rencontres se terminait plus ou moins mal. Cependant il y avait toujours une part de regret qui subsistait en lui, comme s’il s’était pris à espérer pendant une seconde de folie qu’elle puisse essayer de le comprendre, ou qu’elle veuille bien un jour laisser voir plus que cette insupportable carapace de fille qui ne laisserait rien l’atteindre. Il avait bien voulu croire qu’en lui donnant ce qu’elle voulait, elle mettrait de côté leurs rancoeurs. Mais ce n’était apparemment pas quelque chose dont elle se sentait capable et ses phrases le lui faisaient toutes très bien sentir. Il n’était pas digne de sa sympathie ni même de sa politesse. Et quand il dépassait les bornes – comme aujourd’hui ou comme lorsqu’ils étaient deux gamins de cinquième année -, elle lui explosait à la figure. James n’était cependant plus cet adolescent qui devait gérer ses difficultés à contrôler sa colère. Il avait vaincu ça.

Il n’avait pas besoin de crier ni même de partir dans des démonstrations exubérantes pour faire comprendre que clairement, elle aussi allait trop loin. Dans sa voix, égale, résonnait un bourdonnement amer et métallique. « Mais qu’est-ce que tu en sais bon sang ? Tu peux arrêter cinq secondes de faire comme si tu savais tout sur tout alors que non ? » Découverte du jour pour Olly Midler : non, ce n’était pas en répétant à tue-tête qu’on était sûre de tout connaître des autres qu’on était réellement omniscient.

Le jeune homme reprit, balayant toutes ses négations et ses refus en la regardant brusquement sans ciller, sourcils froncés. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise Olly ? Je te demande d’arrêter tes articles et tu me réclames de l’argent en échange. » Les faits, tels qu’ils étaient, ne pouvaient pas être plus objectivement retranscrits. Même lui avait été surpris de la voir réclamer quelque chose d’aussi … matériel. Il s’était attendu à ce qu’elle refuse, noblement. Pas à ce qu’elle vende son âme. Comme si, une fois de plus, il avait espéré autre chose. « Je te l’ai donné, simplement parce que c’est ce que toi tu voulais. Je ne te le reproche pas. Et d’ailleurs tu sais quoi, peu importe ce que tu en fais. Ca ne me concerne pas et je me fiche bien de qui l’a encaissé. Mais si ça te dérange tant que ça, n’en parle plus ! Passe à autre chose, au lieu de te payer ma tête avec ces histoires de voitures hors de prix. » Si elle était jalouse de sa fortune ou qu’elle ne supportait pas la vue de l’argent, qu’elle aille vivre dans une communauté retirée plutôt que de jaser sans arrêt.

Et évidemment, elle était une étrangère pour lui. Une fois de plus elle jouait la carte du mystère, du « tu ne me comprends pas, tu ne comprends rien ». Le nombre de personnes à lui avoir fait ce coup-là se comptaient sur bien plus que les dix doigts de ses mains, et c’était triste de noter qu’ils pensaient tous être incroyablement si différents. Personne ne l’était, ni lui ni elle. Ils étaient deux humains avec leurs problèmes mais ça ne faisait pas d’eux des gens hors du commun. « Pour ça tu as raison. Je ne te connais pas. Et ça tombe bien parce que toi non plus, tu ne me connais pas, contrairement à ce que tu as l’air de croire. » Il attrapa son gobelet présentement vide et se recula un peu, toujours sur sa chaise. « Et quand je pense que c’est toi qui viens t’asseoir en face de moi alors que j’étais tranquillement seul ici au départ. Et tu viens me reprocher de ne pas fouiller dans ta vie. » Pour sûr, s'il avait tenté d'en savoir plus sur son besoin financier, il aurait été aussi mal accueilli - et il serait passé pour le type qui se croit tout permis parce qu'il est de la famille royale. Ce cercle était aussi vicieux que possible.

Le jeune homme secoua la tête, prêt à rajouter quelque chose – avant de finalement se raviser pour se lever de table. « J’ai eu mon compte de non-sens pour la journée. Bonne fin de journée Midler, et félicitations, tu as gagné ta table. » Il tourna les talons pour prendre la direction de la porte du café, loin de la présence toxique de cette fille qui définitivement, trouvait toujours le moyen de l’énerver quoi qu’elle fasse.

L’anglais prenait la mouche, s’agaçant devant les accusations de la blonde qui elle, en tirait une petite satisfaction. Pourtant, le revers de médaille allait très vite arrivé. Olly se retrouvait assise sur un table à écouter sans pourvoir placé un mot le riche fils d’York. Certaines choses étaient dures à entendre pour elle qui avait toujours vécu de manière parfaitement indépendante. Elle avait horreur qu’on lui fasse la morale et encore moi quand cela venait de lui. Tout ce qui c’était passé entre eux depuis quelques temps se retournait contre elle, qui commençait déjà à serrer la mâchoire, ainsi que sa main autour de son mug. Des indiscrets écoutaient sans gêne la conversation entre les deux et certains de s’empêchaient pas de sourire. A ce moment, Olly détestait clairement toutes les personnes du café et même tout le reste du monde, si bien qu’elle en rêvait que d’une seule chose, lui foutre sa tasse dans la figure, s’assurant de l’ébouillanter comme il se doit. La langue de plomb était en train de perdre la face en public ce qui ne lui arrivait jamais. Après un bon monologue à la manière d’un politicien qui essayait de se faire passer pour un innocent, il décida que c’était la fin de la conversation et se leva de la table victorieux.

Elle bouillonnait intérieurement et lança un regard mauvais à un client qui s’amusait grandement de cet échange. Il était hors de question que cela termine ainsi. « Non… Mais... J’hallucine là ! » Olly ramassa le plus rapidement possible ses affaires, renversant au passage la fin de son café sur elle, ce qui arrangeait pas sa colère naissante. En moins d’une minute elle avait rangé son ordinateur, et s’en alla au pas de course en direction de la rue, sans même prendre la peine de vérifier ce qui pouvait rester sur la table. La silhouette de l’anglais se distinguait avec aucune difficulté et elle se précipita à sa poursuite. Une fois à sa hauteur, elle accéléra le pas pour se placer juste devant lui, lui bloquant ainsi le passage. « Tu vas pas t’en sortir si rapidement ! Tu as pas le droit de me parler comme si j’étais une débile avec tes trucs de diplomates ! » On pouvait lire une certaine colère sur son visage, mais surtout une vulnérabilité inhabituelle. Olly aimait tout contrôler, mais là ce n’était absolument pas la cas, ce qui la rendait très humaine.

Elle replaça son bonnet mal mit, avant de le regarder dans les yeux. « J’ai demandé de l’argent en faisant de l’humour et j’aurai jamais pensé en recevoir. Quand j’ai ouvert ma boîte aux lettres j’ai hésité, mais comme c’était au dessus de ce que je peux gagner avec un article je me suis dis que c’était avantageux de prendre le chèque. J’aurai pu faire ma garce en laissant l’article sur internet, mais je l’ai pas fais parce que contrairement à ce que tu dis, j’ai des valeurs ! » Sa voix étaient un peu tremblante montrant une certaine faiblesse. La galloise n’était pas du genre à faiblir, mais détestait ce genre de conflits. Alors qu’elle se tenait devant elle, en plein milieu de la rue, elle réalisa soudainement qu’elle était incroyablement petite face à lui, aussi bien en taille qu’en importance, ce qui la blessa encore plus. « Tu as toujours été quelqu’un de blessant, surtout avec moi. Je t’avais rien fais et toi, tu m’agresses sur mon éducation. Moi j’ai jamais frappé quelqu’un pour m’exprimer, alors joue pas les diplomate ! » La rancoeur sortait sans filtre, comme elle aurait dû sortir bien avant, histoire de remettre les pendules à l’heure. « En plus, à cause de toi, j’ai renversé du café sur mon jean. » Elle baissa les yeux en soupirant, préférant ne pas montrer à quel point ce qu’il venait de dire l’avait touché.

Une fois dehors, James poussa un profond souffle, expiant toute sa frustration et son énervement. C’était rare qu’il puisse être aussi agacé contre quelqu’un en si peu de temps mais plus il y pensait, plus il se disait qu’il était idiot de réagir ainsi. C’était lui donner raison, lui fournir des excuses pour qu’elle montre à quel point il était odieux. Il n’arrivait pas à rester impassible avec elle et il aurait préféré pouvoir être en mesure de l’ignorer tout bonnement.

En attendant, il lui balançait des choses affreuses à la figure et fuyait en pensant que ça suffirait. Mais ce n’était pas le cas. Tandis qu’il continuait de marcher le long des vitrines pour se calmer et passer à autre chose, il constata au son des pas qui se rapprochaient de plus en plus de lui que non, il n’en avait pas fini avec Olly.

« Midler … » commença t-il, épuisé d’avance de devoir à nouveau se battre contre elle avant de poser son regard sur elle et de finalement s’arrêter. Avec son bonnet à moitié mis sur sa tête et ses yeux brillants de colère – et de peine ? -, elle lui faisait tout à coup une drôle d’impression, à mi-chemin entre la pitié et l’incompréhension. Peut-être qu’il avait franchement exagéré ; pour qu’elle revienne vers lui ainsi, c’était qu’elle devait se rendre compte qu’elle avait été trop loin. Ou bien tout simplement qu’elle ne supportait pas qu’on lui coupe ainsi le sifflet sans avoir le droit de réponse et qu’elle choisissait de lui régler son compte au beau milieu de la rue pour en finir une bonne fois pour toutes avec sa petite tête de prince agaçant. Il ne savait pas laquelle des deux possibilités était la plus proche de la nature de la jeune femme. Entre l’idée qu’il se faisait d’elle et sa véritable personnalité, il semblait y avoir un miroir déformant.

Il ne dit rien, la laissant parler tout son soûl. Après tout lui-même avait eu l’occasion il y a quelques minutes de déballer tout ce qu’il avait sur le cœur sans qu’elle ne l’interrompe une seule fois : elle avait donc le droit au même traitement. Il l’écouta sans doute bien plus sagement que sa raison ne le lui dictait – celle-ci choisissant plutôt l’option ne pas prêter attention et partir au pas de course pour ne pas qu’elle puisse le suivre. Et curieusement il n’y eut pas une seule phrase qui l’attaquait lui directement. Elle ne fit que s’expliquer, ce qui au final faisait presque plaisir à James.

Cet apaisement ne dura que quelques secondes, jusqu’au moment où Olly eut l’air de se réveiller de sa torpeur étrange pour à nouveau l’accuser de tous les maux. L’anglais ne comprit pas tout de suite à quoi elle faisait référence. « Sur ton éducation ? Mais – » Ce ne fut que trop tard qu’il réalisa qu’elle avait encore en tête ce fameux jour où il avait laissé sa colère déborder. Le summum fut atteint lorsque la blonde fit un sous-entendu plus que déplacé à ce sujet. Il l’avait bien cherché, celui-là, ricana une petite voix. « Très bien. C’est tout ce que tu avais à me dire ? » finit par clore le britannique en la regardant très sérieusement.

Elle avait l’air toute petite face à lui, vraiment pas en posture de s’attaquer au prince d’York. Pourtant elle allait à chaque fois au combat, bien qu’à présent son habituel air bravache s’était transformé en quelque chose de plus … touchant, curieusement. Il chassa cette désagréable sensation et se concentra pour parler le plus calmement possible. « Midler, je ne sais pas quoi te dire. » Des excuses auraient été appropriées mais James n’avait franchement pas trop envie de s’incliner si facilement devant elle. « Désolé. Pour ton jean. » Il aurait pu arranger ces choses-là d’un coup de baguette, mais en quartier moldu, on ne pouvait pas tricher. Et elle aurait complètement refusé qu’il lui avance le pressing – encore des histoires de gros sous qu’il souhaitait éviter. « Je crois qu’il vaut mieux qu’on en reste là. Ca ne sert à rien de se parler. On ne trouvera jamais de terrain d’entente. » conclut le jeune homme en croisant les bras. « Merci d’avoir tenu ta part du marché pour la dernière fois, en tout cas. » Ce n’était certainement pas le meilleur moyen pour lui d’avoir la paix avec elle, mais force était de reconnaître qu’elle s’était montrée réglo et qu’elle méritait donc au moins ça.

La blonde reprenait son souffle après s’être légèrement emballée. S'énerver n’était pas spécialement une partie de plaisir pour elle, même si elle aimait dire honnêtement ce qu’elle pensait. Dans la vie de tous les jours, les gens pouvaient la trouver un peu bizarre, un peu perchée ou même trop exubérante, personne ne pouvait l’accuser de méchanceté. Olly avait toujours été quelqu’un de sympathique avec les autres et même si elle en demandait souvent une contrepartie, aidait souvent les gens dans le besoin -pour les plus démunis, elle n’avait jamais hésité à le faire gratuitement. La blonde détestait James, parce qu’il avait cet manie de jouer les supérieur, comme s’il avait le monopole de la vérité. Aucune discussion n’était possible avec lui et si elle avait fais des effort pour, elle avait pu voir à quel point c’était inutile. « Oui, c’est tout ce que j’ai à dire. » Tout était dis, maintenant qu’elle avait pu dire ce qu’elle pensait, ils étaient quittes, situation qui la rendait déjà un peu moins agacée.

Alors qu’elle commençait à se sentir réellement petite face à lui, il décida enfin de s’excuser ou du moins de faire semblant. Olly ne se sentait pas vraiment satisfaite, mais c’était déjà un pas en avant, calmant sa colère. Elle se fichait des passants qui ralentissaient à leur niveau, étonnés de croiser un membre de la famille royale en plein milieu de la rue, comme ils pourraient croiser leur boulanger. Pour elle, il n’y avait qu’eux et une montagne de reproches qui auraient dû exploser bien avant. Malheureusement, à Poudlard, James lui avait fais plus peur qu’autre chose, si bien qu’elle avait choisi la fuite. Aujourd’hui, ils étaient des adultes et Olly n’avait aucunement de fuir. Alors qu’elle s'apprêtait à dire qu’elle se fichait de ses excuses, le jeune homme lui offrit quelque chose de parfaitement surprenant -ses remerciements. La langue de plomb fut un peu étonné et le dévisagea quelques secondes sans savoir quoi répondre à cela. Elle avait obtenue ce qu’elle voulait, ce qu’elle préférait et ne savait même plus quoi dire. Dans une sorte d’orgueil mal géré, elle réussit enfin a dire quelque chose d’un minimum censé. « Très bien. Et souviens toi que c’est toi qui a fait durer le conflit, pas moi. » Parfois, elle ferait mieux d’arrêter de vouloir sortir gagnante des échanges, mais c’était plus fort qu’elle.

Comme elle ne savait pas quoi faire, elle décida de mettre un terme à tout cela et de prendre la route en direction de son confortable appartement. « Salut. » Elle lui tourna rapidement le dos, souriant légèrement, fière d’avoir eu un remerciement de sa part. L’incroyable venait de se produire et Olly avait hâte de le raconter à ses deux meilleurs amis -enfin après avoir joué à son MMORPG avec les amis de sa guilde.