A Clockwork Orange

A Clockwork Orange

ft. Jessie M. Joyce

Confortablement installé dans un fauteuil, avec une négligence qu'il ne se serait jamais permis s'il n'avait pas été seul dans l'appartement, Icarus contemplait sa plume. Qui semblait lui rendre son regard, lui demander pourquoi il ne lui dictait rien. En vérité, le jeune homme avait l'esprit ailleurs. Il galopait bien loin de sa coloc' trop petite, dans les fantasmagoriques plaines de la carrière qu'il n'aurait jamais. Certes, il avait presque fait son deuil de ses rêves d'être joueur de Quidditch professionnel. Mais depuis quelques temps, il poursuivait un nouveau dessein ; ses nombreuses rencontres avec Dimitri Bolgarov l'avaient en effet amenées à considérer une carrière au Ministère. Il savait que l'idée aurait hérissé ses pères, cependant. Surtout après qu'ils lui aient trouvé ce fichu job chez Ollivander.

Un toc-toc enjoué à la porte le sortit brutalement de ses pensées. Sursautant, il bondit hors du fauteuil plus qu'il ne s'en leva, et se dirigea d'un pas rapide vers l'origine du bruit. Il détestait laisser les gens attendre. Il se sentait terriblement impoli lorsqu'il le faisait, et c'est bien connu, l'impolitesse est le premier pas conduisant les gens à vous détester. Il se demandait tout de même qui pouvait bien passer le voir à cette heure. Son colocataire n'était pas supposé rentrer si tôt ... Et d'ailleurs, ce n'était pas lui qui attendait de l'autre côté de la porte, mais un jeune homme brun, au visage peu familier. Icarus mit un peu plus d'une seconde à l'identifier - un temps inacceptablement long. « Jessie ! C'est cool de te voir. » Il sourit. Au-delà du fait qu'il était ami avec sa patronne, Jessie lui avait semblé être un type très sympa, lors de leur quelques rencontres précédentes. « Qu'est-ce que tu fais là ? » A peine la question posée, il se rappela que lors de leur dernière discussion, il avait accepté de l'accompagner au cinéma.

« Oh, c'est vrai. Le marathon ... Truc-brick. » Il grimaça en s'entendant parler. Truc-brick, ça ne sonnait pas très bien. Mais il n'arrivait pas à se rappeler le vrai nom du réalisateur moldu. Il lança à son interlocuteur un regard désolé, croisant les doigts pour qu'il ne lui en tienne pas rigueur. « Je serai prêt dans une minute. Tu n'as qu'à entrer. » S'effaçant pour le laisser accéder à l'appartement qu'il partageait avec Charlie, Icarus en profita pour attraper une des nombreuses écharpes accrochées au dos de la porte. Laissant le brun découvrir lui-même leur salon impeccablement rangé - il avait été tout seul toute l'après-midi - il s'esquiva dans la salle de bain, le temps de remettre en ordre quelques mèches de cheveux et vérifier que sa tenue était aussi irréprochable que lorsqu'il s'était installé devant son parchemin, une vingtaine de minutes auparavant. « C'est parti ? » demanda-t-il lorsqu'il ressortit enfin, un sourire un rien crispé plaqué sur son visage - il n'avait pas pour habitude de se rendre à des évènements Moldus. « J'espère que tu connais le chemin. »

You needn't take it any further, sir
You've proved to me that all this ultraviolence and killing is wrong, wrong, and terribly wrong.
Un sac rempli de bonbons aux couleurs variées dans la poche de sa veste – excepté du vert, il s'est réveillé le matin même en réalisant à quel point cette teinte pouvait être moche – il se prépare à transplanner devant la porte de son futur compagnon d'aventure. L'idée lui provoque un pincement au cœur, il se retrouve obligé d'aller voir un marathon Kubrick avec un parfait inconnu – plus ou moins inconnu en fait, une personne qu'il a dû voir deux trois fois avec Kendra et qu'il a pensé utile de garder en contact. Un sourire aux lèvres alors que la porte s'ouvre, Jessie contemple Icarus qui semble avoir totalement oublié leur plan de soirée. Tant pis, il lui en faut plus pour le déprimer – beaucoup plus. Depuis quelque temps, les choses ont tendance à s'améliorer. Il ne vit plus dans un squat insalubre – il rigole mentalement en se disant que ce genre d'endroit ferait faire au journaliste de la Gazette qui se trouve en face de lui – et il a même reçu une lettre d'Automne. Alors quand il a vu la semaine précédente l'affiche pour le marathon Kubrick, il s'est dit qu'il pourrait peut-être s'en servir de prétexte pour se forcer à sortir, affronter les gens comme avant. Il a dans la foulée croisé Icarus qui s'est directement vu attribuer la tâche de l'accompagner. Aller au cinéma seul, ce n'est pas ce qu'il préfère. Bien sûr, il aurait peut-être pu trouver quelqu'un d'autre, un véritable ami, une personne avec qui il a réellement plaisir à parler, mais la perspective que personne ne lui poserait de questions sur sa disparition de quelques mois l'a conforté dans l'idée qu'Icarus était la personne qui lui fallait.

— Kubrick, Stanley Kubrick. Tu vas voir, ce mec est un génie. Il y aura Orange Mécanique et 2001, l'Odyssée de l'espace. Ces films sont des chefs-d'œuvre, tu vas adorer. Son ton est plus sérieux qu'habituellement, peut-être parce qu'il sait que la personne en face ne le connaît pas. Il ne peut pas se permettre de faire l'enfant – ou du moins pas tant qu'ils ne seront pas au cinéma et qu'il aura la certitude qu'Icarus ne pourra pas faire demi-tour. Il tourne en rond dans l'appartement trop propre, trop bien rangé, attendant le retour du journaliste qui sort de la salle de bain exactement comme il y est rentré. Bien sûr que je connais le chemin. Je suis un super hobbit, je me perds jamais. On va transplanner de toute façon. Sortant de l'appartement, il pose sa main sur l'avant-bras du plus grand pour débarquer quelques secondes plus tard dans une ruelle perdue d'un quartier vide de Londres.

Le panneau lumineux du vieux cinéma de quartier attire son regard. Un regard heureux sur le visage en voyant afficher le nom d'un de ses réalisateurs favoris, il sourit en sautillant comme un gosse. Il aime permettre aux gens de découvrir de nouvelles choses de la culture moldue. Le Seigneur des Anneau passe avant tout, forcément – et l'annonce de la réalisation d'une trilogie l'a fait sauter littéralement de joie – mais ses références ne s'arrêtent pas à ça.
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A Clockwork Orange

ft. Jessie M. Joyce

Il n'était pas inquiet. Bien sûr que non. C'est du moins ce dont il essayait de se persuader quand Jessie posa sa main sur son poignet pour les faire transplaner. Après tout, il le connaissait à peine. Il l'avait vu une fois ou deux avec Kendra, certes, mais n'importe qui peut paraître très sympa quand on le fréquente un quart d'heure à peine. Et voilà qu'il avait accepté une sortie avec lui - moldue, en plus. Les titres des films qu'il avait cité avec un sourire ravi - on ne pouvait pas lui reprocher son manque d'enthousiasme - avaient semblé aussi étrangers à son oreille sorcière que les mots Mornille ou Gallion à un Moldu. Son désir ardent d'être accepté et apprécié par le premier venu finirait vraiment par lui poser des problèmes ... Mais le soupçon d'inquiétude qui brûlait au creux de son ventre était bien trop agréable pour qu'il se le reproche.

La ruelle pas franchement reluisante - et définitivement déserte - dans laquelle ils débarquèrent en quelques secondes de transplanage le confortèrent dans son opinion. Cette sortie n'aurait rien à voir avec celles qu'il avaient pu faire auparavant - que ce soit avec ses parents ou avec ses amis sorciers. Une enseigne lumineuse tranchait au milieu de l'enfilade de murs gris, et les titres vaguement familiers que proposaient les affiches indiquèrent à Icarus qu'il avaient atteint leur destination sans encombre. A côté de lui, Jessie peinait à contenir son enthousiasme. Son compagnon quant à lui ne savait pas trop quelle attitude adoptait - tout cela était beaucoup trop nouveau - alors il choisit de se laisser gagner par cette exaltation qui, il fallait l'avouer, était assez communicative. « Ok, maintenant qu'on y est, il me tarde de voir ça. » Il avait certes beaucoup de défauts, mais refuser de nouvelles expériences ne faisait pas partie de ses mauvaises habitudes. Loin de là.

Il prit les devants pour rentrer dans le petit cinéma de quartier, mais dut très vite s'avouer vaincu : il n'avait aucune idée de la démarche à suivre. Fallait-il s'acheter des billets ? A qui exactement fallait-il s'adresser ? Il était aussi perdu qu'un gamin de cinq ans débarquant dans le Ministère de la Magie. Ce qui n'avait rien d'agréable. « Ah mince ... j'ai pas prévu d'argent moldu » chuchota-t-il avec une grimace. Pour être honnête, il n'avait même aucune idée de l'endroit où il aurait pu s'en procurer. « Je te rembourserai en Gallions ... » Il laissa donc son compagnon s'occuper de leur prendre des places, avant de le suivre dans la salle de cinéma. Pas de doute, l'endroit avait son charme. Mais ce ne fut qu'après s'être installé dans un des innombrables fauteuils rouges qu'Icarus fut pris d'un doute. « Euh, rassure-moi ... Les images vont bouger hein ? » Non, il n'avait jamais été dans un cinéma Moldu. Et alors ?

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— T'inquiète pas pour ça Ica, dit-il d'un ton enjoué, raccourcissant sans s'en rendre compte le nom du journaliste, Cadeau ! Pour ton premier ciné moldu. Il ajoute la dernière phrase tout bas, pour être sûr que les gens les entourant n'entendent pas une remarque qu'ils ne comprendraient pas. Mais personne ne fait attention à eux, et c'est ce qu'il apprécie le plus à cet instant. Les gens viennent pour la beauté des films, pour le plaisir de revoir des classiques. Et il se sent soudainement serein Jessie, une fois assis dans le gros fauteuil rouge qui fait le charme du vieux cinéma de quartier. Entouré d'inconnus, il est persuadé de ne croiser à aucun moment le regard déçu de personnes qu'il aurait aimé dans sa vie.

Il tend à Icarus le paquet de pop-corn qu'il a pris à l'entrée – ils lui ont semblé appétissants, peut-être à cause de l'odeur. Depuis que Victory est venue le chercher – depuis qu'elle l'a sauvé – il se nourrit beaucoup plus, redécouvrant le plaisir de la nourriture oublié ces derniers mois, retrouvant petit à petit sa santé perdue. Il sourit à la question du plus jeune, se retenant même d'exploser de rire. Il oublie parfois que pas tout le monde n'est comme lui ou la plupart de ses amis, qu'ils ne connaissent pas toutes les joies de la culture moldue. Une bande d'ignorants – voilà comment il voit la masse de sorciers vivant en autarcie dans les quartiers magiques de Londres.

— C'est quoi cette question ? Son regard passe de l'écran au journaliste assis à côté de lui. Il balance ses jambes qui touchent à peine le sol en cherchant à savoir s'il est sérieux ou pas. Tu sais, c'est comme un film normal, mais sur grand écran. L'impression d'être en train de faire une bonne action ne le quitte plus. L'ancien Gryffondor est définitivement un inculte et il ne peut pas le laisser comme ça surtout qu'il sait très bien que ce n'est pas Kendra qui prendra le temps de l'amener au cinéma – comme si son amie était capable de rester assise toute une soirée dans une pièce sombre à regarder un écran. Il finit par sortir le paquet de de bonbons de sa poche – qu'est-ce qu'il aime le sucre – observant un à uns toutes les personnes qui entrent dans la salle qui se remplit peu à peu. La séance ne devrait pas tarder à commencer. Il concentre à nouveau son attention sur son compagnon de soirée. Tu me diras quel film tu as préféré hein ? Il sourit comme un enfant de trois devant un spectacle de marionnettes. J'ai pas encore vu le dernier. Eyes Wide Shut est sorti il y a un mois et- Il ne sait pas vraiment quoi dire, Icarus ne peut pas être au courant de ses problèmes. J'étais en vacances.
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A Clockwork Orange

ft. Jessie M. Joyce

Icarus se tortilla un peu sur son siège. Il aurait presque eu l'air nerveux. Mais contrairement à ce que beaucoup imaginaient le concernant, l'inconnu ne lui faisait pas si peur - au pire le laissait-il vaguement anxieux, d'une anxiété qu'il ne trouvait pas désagréable, d'ailleurs. Le fait que Jessie lui ait payé ses places aurait aussi pu le mettre mal à l'aise, mais ce dernier y avait mis tant d'enthousiasme qu'il ne parvenait pas à être gêné à ce propos. Non, Icarus s'était en fait laissé gagner par l'excitation de son voisin. Alors qu'il rechignait presque à partir de chez lui moins d'une demi-heure auparavant, il lui tardait désormais que le grand écran s'anime. Prudemment, il saisit quelques-uns des flocons blancs et jaunes que Jessie lui tendait - les popcorns ne lui étaient pas plus familiers que les cinémas. Son test s'étant avéré fructueux, il se resservit en remerciant le brun.

L'étonnement de Jessie le fit cependant s'enfoncer un peu plus dans son siège. Il détestait passer pour un imbécile. A sa décharge, il lui était difficile d'y couper quand la culture moldue était concernée : ses parents adoptifs étaient tous deux sang-purs et bien que très ouverts sur de nombreux sujets, ils n'avaient jamais eu la curiosité de se renseigner sur les us et coutumes du reste de la populace londonienne. « Comme un film normal ... OK » acquiesça Icarus à mi-voix, espérant que ses joues légèrement rougies passeraient inaperçues dans la pénombre de la salle. « Euh oui oui, bien sûr, je te donnerai mon avis » assura-t-il en réponse à son compagnon, bien qu'appréhendant déjà un peu de devoir partager son opinion. Il écouta attentivement les babillements de Jessie, bien qu'il n'en comprenne pas la moitié. Comme si chaque syllabe pouvait lui apporter un ersatz de savoir supplémentaire sur cette culture moldue qu'il connaissait si mal. Les lumières s'éteignirent une à une, coupant court à leur discussion et aux questions qu'Icarus comptait poser - par pure politesse, bien sûr - sur les vacances que Jessie avait évoquées.

Les lumières se rallumèrent après un peu plus de deux heures de film. Icarus entendit à peine le Moldu de la caisse venir annoncer une pause d'un quart d'heure entre les deux films. Il devait d'avouer passablement confus. Il ne pouvait pas le savoir, bien sûr, mais Orange Mécanique n'était sans doute pas le film le plus facile à analyser quand on est étranger à la culture moldue. Il avait déjà mis du temps à s'adapter à la narration particulière de l’œuvre ; une fois cet effort accompli, il l'avait bien sûr apprécié davantage, même s'il n'en saisissait pas tous les enjeux. Encore que ... certains pouvaient sans problème s'appliquer à la société magique et à sa récente politique. Il n'osait cependant pas donner d'avis tant que Jessie n'aurait pas fait une remarque le mettant sur la voie. « Je peux aller racheter des euh ... ça » proposa-t-il en montrant le paquet de popcorns vide - oubliant au passage qu'il n'avait toujours pas d'argent moldu.

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Il pourrait facilement passer des heures à parler de ce film qu'il considère comme un chef-d'œuvre du cinéma. Même s'il est aujourd'hui incapable de se rappeler de ce qu'il a ressenti la première fois qu'il a pu voir ce qui est d'après lui une des œuvres les plus magistrales de Kubrick, Jessie ne doute pas un seul instant qu'il a été plongé dans le même sentiment de fascination gêne – et pourtant, contrairement à ce qu'on pourrait croire, il ne se reconnaît pas un seul instant dans le personnage d'Alex, il réfute l'idée que la violence puisse être belle ou encore attirante. Il préfère la voir comme une pulsion à laquelle il est incapable de résister – lui ne la cherche pas, pas un seul instant. Mais ça n'empêche pas ce film d'être magnifique. Il jette un coup d'œil à son compagnon pour la soirée. Il est assez curieux de savoir ce que Icarus en a pensé – parce que l'amener à un marathon pour ne pas être seul, c'est une chose, mais l'ancien Poufsouffle aimerait également que ça profite au journaliste pour qu'il élargisse sa culture.

— Je m'en lasserai jamais !, dit-il avec son habituel ton enjoué alors que les lumières signalant l'entracte se rallument. Il est vraiment génial, peut-être un peu compliqué pour toi mais les autres seront plus faciles à comprendre normalement. L'absence de culture moldue chez les sorciers est pour Jessie une aberration. Certains se permettent de critiquer quelques choses qu'ils ne connaissent pas – et par le fait, ne comprennent pas non plus. Il ne peut s'empêcher de trouver ça stupide. J'aime beaucoup le personnage d'Alex. Enfin pas aimer au sens que j'aimerais être son ami, mais je trouve qu'il est vraiment bien travaillé. Surtout qu'il faut que tu gardes en tête le fait que le film est sorti en 1971. Pour l'époque, c'est assez exceptionnel. En fait, ça fait presque depuis sa sortie que le film a pas été projeté depuis au cinéma ici. Il énumère les faits avant de soupirer. En fait, il y n'a eu pas mal de débats. Est-ce que la violence à l'écran va rendre les jeunes violents comme les personnages du film. Jessie regarde l'ancien Gryffondor un peu sérieusement. En fait, on peut voir quelques parallèles avec notre monde aussi. C'est pas juste moldu tu vois, c'est un fait de société.

Il n'est pas sûr que son ami puisse saisir ce qu'il essaye d'exprimer – pour Jessie, la violence est partout, conclusion assez ironique pour un garçon qui a été élevé par un couple de hippie pronant l'amour et la paix. Mais les choses changent – souvent à cause des époques – et il aime voir dans ce film une probable anticipation de ce que deviendra la société telle qu'ils la connaissent. Et si le monde sorcier semble pouvoir y échapper, les problèmes que connaît actuellement le gouvernement ne permettent pas d'envisager que de bons scénarios – il faut s'attendre au pire, surtout que la ligne de conduite que semblent prendre les mangemorts lui semblent de plus en plus vagues.

— Du pop-corn ?, demande Jessie en croquant dans un de ses crocodiles en gélatine. Bonne idée, vas-y. Oh attend. Il lui tend son porte-monnaie. C'est le billet orange, tu verras c'est facile. Pour lui, tout l'est – il est autant à l'aise dans chaque monde comme beaucoup de ses amis, et il a tendance à oublier que ce n'est pas le cas de tout le monde.
electric bird.

A Clockwork Orange

ft. Jessie M. Joyce

Icarus écouta l'exposé de Jessie sur le film avec un intérêt non feint. Son compagnon de sortie était passionné - donc passionnant. Et le journaliste avait en effet la tête pleine de questions à la fin de cette œuvre pour le moins dense. Si bien que contrairement à beaucoup d'autres situations, il n'avait pas besoin de se forcer à paraître intéressé. Ce qui était loin d'être le cas lorsqu'il devait écouter Ollivander partir dans de longs monologues incompréhensibles sur les baguettes magiques, par exemple. « Merci » fit-il distraitement en attrapant le porte-monnaie sans trop le regarder, l'esprit encore encombré de toutes ces informations. Il essayait à la fois de les intégrer dans sa propre analyse du film, mais aussi d'en tirer quelques conclusions sur l'avis de Jessie. Histoire d'être bien sûr d'aller dans son sens lorsqu'il discuterait avec lui après. En plus d'être ami avec Kendra, le brun avait l'air cultivé et intéressant - typiquement le genre de personne qu'Icarus voulait se targuer d'avoir comme ami.

Seul problème : trop occupé par ces égoïstes considérations, il n'avait rien écouté aux consignes de Jessie. Il se retrouva donc bien bête une fois devant la vendeuse de pop-corn - qui n'avait pas du tout l'air heureuse de se trouver là, en plus de ça. Il jeta un œil perplexe à l'intérieur du porte-monnaie, mais ni les bouts de papier ni les morceaux de métal ne lui évoquaient quoi que ce soit. Pas décidé à passer pour un imbécile, il attrapa discrètement sa baguette dans sa poche en prétendant réfléchir, et jeta un modeste sort de confusion à la vendeuse quand il eut fait son choix. Elle eut ainsi la gentillesse de ne lui réclamer aucun argent - Jessie n'en saurait probablement rien, et au pire, il aurait fait quelques économies, voilà tout.

« Et voilà ! » annonça-t-il en revenant s'asseoir aux côtés du brun. Il déposa le pop-corn entre eux deux, puis piocha un peu dedans. Son avis sur le film, donc. Il réfléchit un instant, avant de se lancer. « Je suis d'accord avec toi : ce film marche bien dans la société sorcière. Il y a plusieurs passage qui m'y ont fait penser - pourtant, je ne suis pas hyper calé sur les diverses politiques. C'est plutôt le domaine de Kendra, en fait. » Il s'interrompt, sourit non sans une légère incertitude. Il n'est pas sûr de bien cerner Jessie. Heureusement pour lui, ce dernier ne paraît pas enclin à exploiter ses hésitations à son avantage. Une chance que le journaliste est loin de trouver dans toutes les situations. « Après, je ne connais pas trop les canons de la culture moldue ... c'est la première fois que je vois un film après tout. Mais s'ils sont un tant soit peu proches des nôtres, j'imagine que ça a dû choquer pas mal de gens. » Malgré tout son égocentrisme, Icarus savait très bien à quel point les gens pouvaient se montrer intolérants à tout ce qui différait de leurs petites habitudes. Il avait après tout été élevé par un couple gay.

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Le reporter revient avec le pop-corn ce que Jessie accueille naturellement avec un grand sourire. Les sucreries moldue lui ont terriblement manqué durant ses semaines d'exil et il est plus qu'heureux de pouvoir profiter à nouveau de tout ça. Ce sont toutes ces choses qui rendent le quotidien plus supportable alors qu'il s'habitue à nouveau à la vie en société. Depuis qu'il vit dans un appartement de Victory, il n'est plus autant coupé du monde que dans ce squat moldu – il voit régulièrement l'ancienne poufsouffle, est directement passé voir Dimitri pour s'excuser de l'avoir dérangé à la suite de sa dispute avec Basile. Mais trois des personnes qu'il aime le plus manquent à l'appel – Basile qui ne lui pardonnera jamais, Lichuan qui semble chercher à oublier son existence, et Automne qu'il a honte de retourner voir. Alors hors la drogue, Jessie se noie sous une masse de bonbons, de sucreries et de tout ce qui est susceptible d'adoucir le goût amer qu'il a dans la bouche quand il repense à sa vie passée.

— Ouais, c'est ça. Après, tu l'as dit toi-même. Ça t'y a fait penser alors que tu n'es pas calé sur le sujet. C'est la preuve que le film est bien fait. Il lance un sourire en attrapant un peu de pop-corn. Jessie a rarement faim, mais l'odeur lui donnerait envie à n'importe qui. Le fait que ça soit le premier film qu'Icarus voit dans sa vie à un côté un peu gênant – on ne fait pas commencer les gens par du Kubrick, et s'il l'avait su Jessie aurait sûrement trouvé quelqu'un d'autre pour l'accompagner. Mais c'était fait, et l'anglais apprécie ne pas être seul dans cette salle de cinéma. Tu as raison. Il choque et il dérange, je pense que c'est normal. les lumières s'éteignent à nouveau, plongeant la salle dans le noir pour le lancement du second film – 2001, l'odyssée de l'espace.

Quelques heures plus tard, les deux sorciers sortent du cinéma moldu entourés de personnes commettant l'ultime film du réalisateur. Le plus petit s'allume une cigarette en regardant le reporter sportif. Lui a beaucoup aimé le film – ce qui n'est pas très étonnant en soi – et il espère que c'est également le cas de son ami. Il suppose que voir trois longs-métrages de ce genre à la suite est beaucoup pour une personne n'ayant aucune affinité avec le cinéma. En tout cas, plus que son avis sur le film, Jessie se demande si cette soirée d'initiation a été bénéfique pour lui. Peut-être pourra-t-il une prochaine fois lui montrer des choses plus abordables, si le garçon est d'accord.

— Alors, tu as aimé le cinéma ?, demande-t-il en observant sa réaction. Pour lui, c'est important de s'ouvrir au monde extérieur – ils ne peuvent pas rester cantonné dans le monde sorcier, ce serait une crise pour l'évolution des mentalités. Si tu veux, on pourra se refaire un film à l'occasion. Je choisirais un truc plus abordable. Jessie sourit, il a vraiment passé une bonne soirée en compagnie d'Icarus.
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