All you need is love

All we need is love.

Le gallois sortait de la grande salle, vêtu de son habituelle veste, d'un pull et d'une chemise légèrement fantaisiste. Il s'était comme souvent levé un peu trop tard et avait déjeuné tout seul, profitant d'un peu de calme avant d'entamer son dimanche. Balthazar avait une tonne de choses à faire, comme jouer de la basse, jouer de la basse et jouer de la basse -autrement dit, il n'était pas spécialement pressé et sa démarche pas plus rapide qu'à son habitude. Au détour d'un couloir, il croisa les Bonnie et Clyde de Poudlard qui s'amusait sûrement à faire quelque chose de stupide sur le rebord d'une fenêtre. Naturellement, il se dirigea vers eux en les saluant de la main.  « Hey ! » Il ne jugea pas vraiment utile de leur demander ce qu'il pouvait bien être en train de faire, puisque de toute manière, il s'en fichait un peu.

Cela faisait quelque temps que Balthazar évitait d'être seul avec ses deux amis, parce que cela devenait de plus en plus  compliqué de leur cacher la vérité en ce qui concernait Elliot. Cela faisait déjà presque six mois qu'ils sortaient ensemble et il savait que repousser le moment fatidique de la révélation n'allait pas aider. Étrangement, il trouvait que c'était le moment parfait pour leur dire, ou du moins un moment pas trop mauvais -pour la simple et bonne raison que la rousse n'était pas là et que cela sera bien moins gênant.  « Vous avez cinq minutes ? J'ai un truc à vous dire. » Balthazar n'avait pas l'habitude d'annoncer ce genre de choses et savait qu'il allait rapidement l'attention des deux autres.  « Je sors avec Elliot. » Le suspens n'était vraiment pas son fort.

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Un de ces quatre

nous tomberons ensemble.

« On en est à 70 points pour moi, et 75 pour toi. A mon tour ! »

Penchés tous deux à la fenêtre, Jude et Hazel observaient le petit peuple de Poudlard fourmiller sous leurs pieds. Occupés à jouer à leur jeu préféré à l’insu de tous ces élèves, ils s’amusaient à les prendre en cible vivante et à les toucher avec des ballons de baudruche gonflés d’eau froide – une activité saine et sportive de leur niveau. La plus petite des deux tenait le score avec précision : la dernière fois qu’ils s’étaient affrontés dans un match de ce type, elle avait du s’y reprendre à trois fois pour être certaine que Jude n’avait pas fait exprès de la faire gagner.

Alors qu’elle était en train d’armer son tir, munition en main, la voix traînante de Balthazar dans leur dos la fit bougonner. « Cinq minutes, montre en main ! On est très occupés, Balth, très occupés. » marmonna la rouge et or, qui ferma un œil et tira la langue pour mieux se concentrer. Un septième année allait justement passer, pile poil à ce moment, et si elle lâchait sa bombe au moment opportun, c’était cinquante points pour elle.

Malheureusement, leur camarade n’avait jamais su ménager son suspens – pas plus qu’il n’avait l’air de saisir l’importance d’attendre qu’elle ait fait son office avant de parler. « QUOI ?! » Splash. Dans la surprise la plus complète, Hazel avait lâché son ballon qui s’était écrasé à terre, éclaboussant certes les pieds d’autres élèves – mais faisant chou blanc pour ce qui était du septième année. La lionne avait fait volte face et n’en croyait pas ses oreilles, elle était même sûre qu’elle venait d’avoir une sorte d’hallucination auditive commune ; mais à en croire la tête que tirait Jude, ce n’était malheureusement pas le cas. « Tu as dit quoi là ? Tu as bien dit ce que j’ai entendu ? » Hazel observa Balthazar, proprement choquée. « C’est pas cinq minutes qu’il va nous falloir, là. Tu te moques de nous c’est ça ? »

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La surprise de ses amis était plus que compréhensible et Balthazar ne leur en tenait pas du tout rigueur. Après tout, ils avaient tout de même passé presque deux années à les caser et cette nouvelle se révélait sûrement comme une réussite pour eux. Bien qu'il trouvait leur réaction parfaitement normale, il ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu gêné. Le gallois n'avait aucunement l'habitude d'assumer ce genre de sentiment et lever le voile sur cette relation secrète n'était pas vraiment libérateur, néanmoins il savait qu'il fallait bien leur annoncer un jour et qu'attendre n'arrangerait rien.  « Ouais, vous devez être content, depuis le temps que vous le vouliez. » Un ton absolument pas convaincu, avant de s'adosser au mur.

La question de Jude, il s'y attendait autant qu'il la redoutait. Pourtant, il n'imagina pas une seule seconde lui mentir, après tout ça ne servirait à rien et rendra sûrement cela encore pire par la suite.  « Eh bien … Après le passage de l'infirmerie, je lui ai écrit une lettre. Du coup, depuis Juin. » Le bassiste se doutait qu'il allait s'en prendre plein la gueule et était prêt à entendre Jude râler dans le couloir.

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Il y a de quoi être étonnée et impoliment curieuse, mais même si Hazel attendait la suite avec impatience, elle était aussi incrédule. « J’en reviens pas qu’on ait rien vu venir ! » s’indigna t-elle envers Jude et elle-même pour avoir été si aveugles. Même si Balthazar et Elliot étaient deux modèles en matière de discrétion, deux esprits affutés comme les leurs – et surtout très proches des intéressés – auraient du avoir la puce à l’oreille.

Si la réaction de Jude était assez raccord avec la sienne, le comportement de leur troisième acolyte était quant à lui bien plus sur la réserve, ce qui n’était pas vraiment logique. Il paraissait en proie au doute, ce qui fit radoucir un tantinet la jeune américaine. « Tu dis ça comme si c’était une mauvaise chose. » commenta Hazel, légèrement perplexe. Elle regarda Owen pendant quelques secondes avant de s’exclamer avec enthousiasme. « Je trouve ça super, je suis contente pour vous deux ! » Sa joie était réelle, même si une pointe de déception s’y cachait – elle aurait préféré que son amie lui en parle avant plutôt qu’elle ne l’apprenne par le septième année.

La durée de cette petite cachotterie ne devait pas excéder le mois, pensait la septième année, mais elle allait une nouvelle fois être largement détrompée. « JUIN ?! » s’égosilla la rouge et or. Là, ça faisait vraiment beaucoup de nouvelles en une après-midi. Là, elle était carrément estomaquée. Déjà, apprendre que le célibat du Serpentard avait été réduit à néant était un choc, surtout que ça se passait avec Elliot. Mais découvrir qu’ils leur cachaient ce secret depuis au moins plusieurs mois … La jeune fille grommela, visiblement beaucoup moins réjouie par cette information. « Alors ça. Je pourrais t’engueuler parce qu’aucun de vous deux n’a rien dit, tu sais ! »[/color][/b] lança t-elle à Balth’, d’un air qui tenait à être menaçant – mais qui manquait clairement de conviction. Elle abandonna ballons gonflables et cibles mouvantes pour croiser les bras et se concentrer entièrement sur lui. « Balthy, je vois pas pourquoi vous nous l’avez caché. »

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D'une manière générale, ses deux amis semblaient plutôt contents d'apprendre qu'il était enfin en couple avec la rousse. Cependant, apprendre que cela faisait depuis le mois de Juin faisait plutôt l'effet d'une bombe nucléaire. Le gallois leva les yeux au ciel devant la crise de son meilleur ami qui semblait faire un arrêt cardiaque devant la nouvelle. Tandis que les deux autres s'offusquaient, il s'adossa au mur, attendant le moment où Jude décidera qu'il pourra parler. Après une dernière phrase pleine de poésie, il sembla enfin se calmer.  « C'est moi qui ai demandé à Elliot de ne rien dire, parce que je préférais prendre du temps pour réfléchir. » Sa voix était posée et il ne montrait aucune faiblesse dans ses mots, Balthazar savait que cela ne leur plaisait pas, mais si c'était à refaire il ferait exactement la même chose.

« Ce n'est pas une histoire de confiance, j'avais juste besoin de voir si ça pouvait marcher. » Au moins, de cette manière, s'il avait changé d'avis, il n'aurait pas eu les deux sur ses épaules pour l'engueuler. McCartney, qui l'avait suivi jusqu'ici se posa à ses pieds, comme pour soutenir son maître dans ce moment un peu gênant.  « Je voulais vous le dire plus tôt, mais j'attendais un jour où Elliot n'était pas là. » Maintenant que les deux autres étaient au courant, il se sentait tout de même soulagé d'un poids et savait que cela ferait extrêmement plaisir à la rousse.

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Passé le choc de la révélation, la septième année envoya une petite tape sur le bras de son meilleur ami. « Jude ?! » Qu’il soit fâché, passait encore, mais il pouvait quand même contrôler son langage.

Le simple fait qu’il l’appelait par son prénom entier était bien le signe que quelque chose n’était pas normal. Les petits secrets, ça n’avait jamais été pour eux. Comme si depuis l’an dernier, Hazel avait ouvert une boîte de Pandore impossible à refermer, celle qui contenait le monde des adultes, et qu’il serait bien moins facile d’être tout le temps honnête et tout le temps transparent avec les siens. Pour la forme et le fond, la jeune fille objecta. « Je te rappelle qu’on avait dit plus de secrets depuis Noël dernier … » Et bien sûr, lors des rares fois où ils s’imposaient une règle, l’un des quatre trouvait toujours le moyen de l’enfreindre joyeusement. Au fond, Hazel n’était pas tant marquée par le mensonge de son ami : Balth avait toujours eu une personnalité secrète et il distillait ses confidences au compte-goutte.

« Evidemment que ça allait marcher, patate. Vous vous tourniez autour depuis tellement longtemps que vous filiez le mal de mer à tout le monde ! » soupira la jeune fille en roulant des yeux. Visiblement il n’y avait jamais que les principaux concernés pour ne pas se rendre compte de ce qui se passait depuis le début entre eux. L’attirance était indéniable, mais avec deux cas comme eux, nul doute que les sept ans qui s’étaient écoulés avant qu’ils ne se mettent ensemble s’expliquaient complètement.

« N’empêche, je suis vexée. Elle a rien dit ! » Et ça, la brunette l’encaissait bien moins facilement. Elle aurait préféré que son amie soit plus bavarde et bien moins fidèle à son caractère. Si égoïstement elle aurait voulu à son tour pouvoir l’enguirlander pour avoir gardé le silence, Hazel l’aurait fait volontiers. Mais après tout, elle était amoureuse de Balthazar Owen, et puisque c’était lui qui le lui avait demandé, la rousse avait obéi sans même se poser de questions.

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« Ca va, ce n'était pas non plus un secret très grave. » Pour Balthazar, ce genre de choses n'était jamais très grave. Le fameux secret de Hazel ne l'avait pas vexé, en fait il l'avait même compris en voyant la réaction de Jude. Le gallois était toujours plus modéré que les deux autres, ce qui rendait ses réactions toujours moins extrêmes. Heureusement, ses deux amis, semblaient relativement de bonne humeur et acceptèrent de passer au dessus de tout ça. Se contentant de se réjouir pour leur couple. « Hazel, te sens pas vexée par rapport à Elliot, je lui ai vraiment demandé de ne rien dire. » Un vague sourire en direction de la brune, en espérant que cette dernière n'aille pas enguirlander sa copine -devenait-il protecteur ?

Quand l'asiatique annonça avoir une question de la plus haute importance, le bassiste s'attendait à une question absolument stupide et mal placée, comme il pouvait en faire chaque jour. Et comme toujours, celui-ci était à la hauteur de ses espérances, lui posant une question extrêmement gênante, à laquelle Balthazar se voyait mal répondre. Cela dit, il se doutait qu'il n'avait aucune chance d'être tranquille s'il ne fournissait pas une réponse dans les secondes qui suivent. « Oui. » Une réponse rapide, avant de détourner le regard vers la fenêtre ouverte, il ne le disait pas pour faire plaisir à son meilleur ami, c'était la vérité et devait même avouer qu'il trouvait ça plutôt cool, mais ça il se passera bien de le dire.

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Balth’ restait malgré tout attentif, plus que ce qu’aucune personne extérieure à leur groupe ne le soupçonnerait. Sa prévenance, bien qu’un peu tardive, atténua légèrement la vexation de la brunette qui bougonna un peu moins. C’était bien ce qu’elle avait pensé, Elliot avait du garder le secret, et cette mission devait avoir eu son lot de complications.

La question de son meilleur ami, brute de décoffrage, coupa l’instant plus réjouissant que le Genius Crew vivait. « Mais ça se demande pas ça Jude ! » glapit la septième année. Elle n’aurait même pas osé – bien sûr ils savaient qu’il y avait eu bisou, mais tout de même, c’était vraiment trop osé de demander un truc pareil.

Un peu coupable, Hazel se surprit à essayer de deviner intérieurement quelle serait la réponse de son ami. Elle chassa cette curiosité un poil malsaine de son esprit et tenta d’intervenir pour garder de privé ce qui devait à tout prix le rester. « Balth’ t’es pas obligé de répondre, tu sais … » Trop tard, le mal était fait ; le jeune homme n’eut pas l’air de se formaliser réellement de l’indiscrétion de son bro et leur donna la réponse sans aller par quatre chemins. C’était un oui. Haz’ regretta de ne pas s‘être bouchée les oreilles pour ne pas avoir à connaître ce détail intime sur deux de ses amis. « Oh lalalala. » marmonna t-elle, sentant ses joues devenir cramoisies. S’il était possible pour elle d’être encore plus gênée qu’à cet instant, ça n’était clairement pas facile à imaginer – Hazel donnait l’impression de vouloir s’enfoncer et disparaître dans le mur de pierre derrière elle. Au contraire de Jude qui réagissait avec visiblement beaucoup plus d’entrain et d’aisance, l’américaine marchait littéralement sur des œufs. « Hum. Bon eh ben euh félicitations, on est fiers de toi, enfin non, enfin, voilà quoi. » Non, ce n’était absolument pas ça qu’on disait à un de ses meilleurs amis quand on venait d’apprendre qu’il était devenu un homme. En fait il n’y avait absolument rien à dire, mais ça Hazel n’en savait rien du tout. « Bon euh, c’est tout ? » tenta t-elle d’abréger d’un ton très dégagé, signe de son malaise assez visible.

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Le blond était partagé entre une envie de rire et une envie de soupirer, tellement les réactions de ses deux meilleurs amis étaient opposés. D’un côté, il y avait une Hazel ultra gêné qui le mettait bien plus à l’aise et de l’autre un Jude parfaitement déplacé qui ne manquait pas une occasion de mettre les deux pieds dans le plat. Plus l’asiatique parlait, plus la brune rougissait ce qui était réellement très amusant -à se demander comment ils étaient devenus meilleurs amis. Le câlin de son ami était cependant inattendu, si bien que la moitié des élèves du couloirs se tournèrent vers eux, se demandant bien ce qu’on leur avait mis dans leur jus de citrouille. « Jude, pose moi par terre et ne compte pas sur moi pour te parler de ça. » Balthazar ne se voyait pas du tout parler de ses aventures sexuelles avec sa petite copine à Jude, même contre de l’argent. Non seulement, c’était très gênant et en plus cela serait clairement un manque de respect envers Elliot.

« Tu vas rien faire du tout, j’ai pas besoin de toi. » Il croisa les bras en regardant l’asiatique, histoire de le dissuadé de faire ce qu’il comptait faire, mais étrangement il se doutait que cela n’aura pas beaucoup d’impact sur la situation. « Regarde, Hazel elle pose pas de question. » En même temps, elle était déjà trop rouge pour demander des détails et Balthazar la remercia en souriant. Histoire de détourner un peu la conversation, il attrapa un ballon d’eau et le lâcha pile sur un élève de serpentard qui passait en contrebas. « Je joue, dans l’équipe de Hazel. »

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Et voilà que l’asiatique portait à bout de bras le gallois comme s’ils venaient d’emporter la coupe de Quidditch et celle des Quatre Maisons dans la même journée. La jeune fille enfouit sa tête dans ses deux mains pour cacher à la fois son désarroi et ses joues bien colorées. Parfois, le manque cruel de finesse de son meilleur ami pouvait atteindre des sommets. « Franchement t’en fais à peine trop. » marmonna Hazel tandis que le brun reposait enfin le blondinet, ses pieds retrouvant le sol alors qu’il calmait un peu les ardeurs de Jude.

Celui-ci avait toutes les peines du monde à ne pas s’immiscer violemment dans l’intimité de son ami, et plus il y allait à coups de remarques graveleuses, plus la Gryffondor perdait patience – ce qui se traduisit au bout d’un moment par une moue agacée. « La ferme, Jude ! » Bon, elle n’était pas complètement énervée, mais tout de même, il savait très bien qu’Hazel détestait quand il parlait de la gent féminine avec la même élégance que celle d’un boucher au sujet de ses steaks. « Ugh, sérieusement … » Elle leva les yeux au ciel, pas mécontente que Balthazar abonde dans son sens et fasse comprendre que ça ne regardait que lui et Elliot. Elle le remercia d’un sourire sincèrement soulagé. « Oui enfin c’est normal. Elliot est quand même mon amie, je veux pas savoir ce que … Bon on parle d’autre chose, c’est vraiment hyper gênant là. »

Leur bataille de ballons d’eau était restée en pause, et le Serpentard la reprit, rejoignant son camp pour leur changer les idées. « C’est gentil, mais Jude était parti pour perdre, il aurait bien eu besoin d’aide n’est-ce pas ! » se moqua très gentiment et très malicieusement la brune avant de siffler d’admiration en voyant que Balth’ avait fait mouche – et augmentait l’écart qui les séparait. « Jacoby, t’es mal barré. A ton tour ! »

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