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L’enseigne rose et cotonneuse du salon de thé la narguait trop pour qu’elle puisse y résister : le ventre d’Hazel grognait d’ailleurs péniblement depuis une demi-heure et sa montre Flic-Flac pailletée lui indiquait qu’elle allait rater l’heure du goûter si elle ne se dépêchait pas. Traversant la rue pavée qui la séparait du salon de thé le plus kitsch du village sorcier, la brune essaya de ne pas faire tomber son chargement – une quantité assez impressionnante de cadeaux emballés dans des papiers tous plus colorés les uns que les autres.

Elle était d’ailleurs tellement chargée qu’elle ne voyait pas forcément où elle mettait les pieds et qui elle pourrait croiser, ce qui expliqua qu’elle dut freiner des quatre fers en urgence lorsqu’elle reconnut une haute silhouette qui la dépassait largement assortie d’une tignasse blonde familière. « Benny ! Coucou ! » La jeune fille apparut dans le champ de vision du blondinet et lui fit une bise chaleureuse, plusieurs de ses sachets vacillant un peu sous le mouvement. « Ca va ? Toi aussi tu fais tes provisions de cadeaux ? » La Gryffondor observa son camarade et ami, les bras visiblement aussi chargés de paquets et de sacs qu’elle. Tout le monde avait profité de cette dernière sortie à Pré-au-Lard avant la fin de l’année pour acheter ses présents de Noël, ils n’avaient pas dérogé à la règle.

C’était d’ailleurs pour cette raison qu’Hazel était seule – fait qui demeurait rare quand on connaissait l’appréhension de la jeune fille face à la solitude, même pendant une après-midi - : elle refusait catégoriquement que qui que ce soit voit un des cadeaux qu’elle avait prévu d’offrir aux autres. Donnie aurait voulu voir ceux de sa sœur, Jude, Balthazar et Elliot risquaient de tomber sur les leurs. « J’allais faire une pause et boire un chocolat, tu veux venir avec moi ? » La jeune fille lui sourit, faisant signe de la tête de le suivre. Boire un lait bien chaud chez Pieddodu était sans aucun doute réconfortant, mais seule, ca l’était forcément moins. Et puis la présence de Bennett tombait bien, elle pourrait peut-être essayer de mieux mettre en place sa tactique pour faire en sorte de mettre Donnie et lui enfin en couple. Ca avait bien fonctionné avec Elliot et Balthazar, après tout.

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Le froid les quitta aussitôt qu’ils posèrent le pied chez Pieddodu. Le rose les agressa d’ailleurs également visuellement, mais l’odeur du pain d’épice, du lait chaud et du chocolat fondu acheva de les convaincre de rester.

Ils s’installèrent à une petite table près de la cheminée – l’idéal pour la jeune fille, qui détestait cordialement avoir froid – et une fois débarrassée de ses deux écharpe en laine et de son épais manteau fourré, Hazel se laissa tomber sur la chaise en poussant un soupir bienheureux. « Ouais ! J’ai les pieds en compote. » approuva la brunette en agitant ses dix orteils dans ses chaussures. A force de marcher pour trouver le meilleur cadeau pour ses amis et son cousin, elle allait se transformer en cloque vivante.

Parler de Donovan était toujours un sujet divertissant, sauf quand il s’agissait de le préserver de lui-même et de sa folie destructrice pour les festivités de Noël. Le jeune Gryffondor avait la mauvaise habitude d’user de tous les stratagèmes pour deviner qui lui avait acheté quoi – ce qui ruinait inlassablement la surprise.  « Oui. Enfin je lui avais déjà acheté un cadeau mais j’ai craqué en voyant d’autres trucs. Je préfère pas t’en parler, je sais que Donnie peut être monstrueux quand il veut savoir ce qu’on lui offre pour Noël. » Le ton un peu trop sérieux pour quelqu’un qui parlait de son cousin un poil trop fouineur, la jeune fille observa autour d’eux le salon plutôt bien rempli. A ce moment, un serveur les coupa et se présenta à eux pour prendre les commandes, ce que fit Hazel sans hésiter une seule seconde – elle savait exactement ce qu’elle voulait et pour cause, elle connaissait la carte des boissons et des pâtisseries par cœur. « Bonjour ! Un grand chocolat chaud avec de la cannelle et de la chantilly. Beaucoup de chantilly. »

La brune reporta son attention sur le blondinet, écoutant sa requête avec attention ; on ne savait jamais, il aurait pu lui demander de parler à Donovan de quelque chose de personnel. Dommage, ça n’était pourtant pas le thème de la conversation : en fait, Benny tenait simplement à ce qu’elle lui transmette son cadeau de Noël. Tiens donc, il lui avait acheté quelque chose ! Comme à chaque Noël, objecta son inconscient. « Oh mais oui, t’inquiète. Y a pas de souci ! » Rendre service à l’ami de son cousin ne représentait rien qui puisse être contraignant ; de plus, Bennet méritait largement sa gentillesse. « C’est trop mignon que tu lui aies prévu un truc. » commenta t-elle subtilement avant de poursuivre et de s’extasier. « T’as trop de chance de partir en voyage. J’ai jamais vu de photos du Népal mais ça doit être super dépaysant. Le seul truc que je connais à part l’Angleterre, c’est Elizabeth City. » La Gryffondor fit une petite moue envieuse avant de se surprendre à imaginer ce que ça pourrait être que de devenir une globe-trotteuse. « J’aimerais bien partir à l’étranger … Voir des suricates, des koalas, des singes … » énonça t-elle, rêveuse. Oh oui, vivement la fin de Poudlard, pour qu’elle puisse traverser des dizaines de pays et croiser tout un tas d’animaux exotiques – même si ça coûtait un bras en gallions.

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Parfois elle a l’impression que lorsqu’elle décrit son cousin, elle parle d’un individu complètement fou qui vit une obsession malsaine pour les occasions festives. Et la minute d’après, Hazel se rappelle qu’elle fait partie de cette même famille où chaque rassemblement est une fête, où chaque moment de joie est un partage entre une vingtaine de frères, sœurs, cousins, cousines et parents. C’est bien souvent épuisant d’être intégré au sein d’une famille où ce principe-même est au centre. Et malgré tout, Hazel ne peut pas dire à quel point elle aime ça. Elle est heureuse de pouvoir avoir sa sœur, sa mère, son père et son cousin et tous les autres avec elle. Elle n’échangerait ça pour rien au monde, même si ça signifie que de temps en temps elle doit vivre et ruser comme une espionne britannique.

Alors la brune sourit, plus compatissante et compréhensive que jamais, quand Bennett lui conte à son tour un des exploits de leur camarade. « C’est du Donovan Risenfield tout craché. Un jour il s’est caché dans le placard juste pour pouvoir avoir accès aux cadeaux avant les autres. » explique t-elle sans être persuadée que si elle trouve ça très audacieux, les autres ne prennent pas peur d’un tel fanatisme.

La jeune Gryffondor finit par regarder Benny droit dans les yeux et parler à cœur ouvert – un fait sans doute courant, mais avec Benny les échanges se limitent bien souvent à des rires et à des discussions futiles qu’à autre chose. « Donnie a vraiment de la chance de t’avoir, tu sais ? » Si le jeune homme ne comprend pas forcément où elle veut en venir, Hazel, elle, est très sûre de son aveu. Elle n’a pas eu besoin de beaucoup d’observation depuis l’arrivée du blondinet pour noter la complicité qui liait les deux américains – et savoir qu’il était là pour son petit cousin l’avait rassuré dès lors qu’elle avait su qu’il avait passé les années précédentes avec lui. « Sincèrement. Je suis contente qu’il ait pu compter sur toi quand vous étiez à Salem. » Elle regrettait toujours un peu de ne pas avoir pu rester près de son cousin, même si ce déménagement avait été obligatoire pour eux.

Repartant sur un sujet plus léger, la jeune fille s’enthousiasma de nouveau à l’idée de pouvoir récupérer quelques images de la savane et de la faune népalaise. Elle raffolait beaucoup trop de ça pour dire non par politesse. « Oh ouais, des photos ! J’aimerais beaucoup. Je les afficherai chez moi. » Compléter son mur de photos serait un vrai jeu d’enfants avec ça – elle les mettrait à côté de toutes les autres de Bennie, par exemple.

Alors qu’elle écoutait Bennett parler, Hazel était persuadée de s’entendre quand on la lançait sur le thème des animaux. Elle était tout bonnement folle des petites – ou grosses – bêtes, d’ailleurs elle commençait même à envisager d’en faire son métier. Jane aurait été fière de la savoir réfléchir à son orientation ; peut-être moins en apprenant que sa sœur voulait devenir éleveuse de Scroutts. « C’est tout à fait ça ! Les animaux sont tellement bien plus beaux en liberté, et dans leurs habitats naturels. C’est super rare de pouvoir en voir certains, alors t’as bien raison d’en profiter. » Les chocolats chauds arrivèrent, ce qui déclencha aussitôt la joie de la jeune fille. Une gorgée plus tard, elle se retrouvait avec une moustache de lait et approuvait, très sérieusement, son camarade. « Je vois carrément ce que tu veux dire, Benny. »

Benny était vraiment quelqu’un de bien, songea t-elle. Il méritait de pouvoir être avec Donnie – d’ailleurs il fallait qu’elle commence à aborder cet angle avec lui pour essayer de négocier leur future mise en couple. « Je suis contente qu’on puisse parler, tu sais. D’habitude t’es tout le temps avec mon cousin, on peut pas forcément discuter de sujets comme ça. C’est cool. » Un conseil d’il y a quelques mois de Jude lui vint à l’esprit pendant qu’elle parlait : la jalousie pouvait parfois faire des miracles. Ca tombait bien, Donovan lui avait donné matière à susciter quelque possessivité chez l’américain. « En parlant de lui, tu sais qu’il veut sortir avec Killian ? Ou Kieran, je sais plus. Bref. Un des deux. T’en penses quoi ? »

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Benny ne semblait pas réaliser l’impact qu’il avait eu dans la vie de Donnie, à moins qu’il ne fut d’une modestie hors normes. Cette option n’était pas tout à fait dénuée de sens lorsqu’on voyait le personnage ; le grand blond au cœur tendre, un peu solitaire mais tout à fait attachant. A y réfléchir, Hazel comprenait mieux qu’autant de filles puissent glousser sur le passage du jeune homme. Il avait vraiment la côte auprès des filles, son indifférence à ce sujet s’expliquant par un détail tout simple que la brune avait élucidé depuis bien longtemps.

La jeune américaine observa donc Bennet avec un petit sourire – qui voulait bien dire qu’elle en savait plus que ce qu’il ne croyait sur son cousin – et expliqua son avis au Gryffondor. « Tu sais … Quand j’ai déménagé pour venir ici, au départ, Donnie était vraiment triste. Moi aussi d’ailleurs. » Repenser à leur séparation brutale durant leur enfance, au déménagement et à toutes les conséquences que cela avait eu sur sa vie et celle de Donovan ravivait toujours la peine en elle. Elle savait qu’elle n’avait jamais réellement eu le choix quand ils avaient quitté Elizabeth City – sa sœur était bien plus importante que quelques années sans voir son cousin – mais elle se sentait toujours coupable, quelque part, d’avoir du abandonner Donnie aux Etats-Unis. « Je pense que sans toi les choses auraient été beaucoup plus difficiles pour lui. Alors vraiment, ne te sous-estime pas. » lui assura t-elle avec un sourire réconfortant et tout ce qu’il y a de plus honnête.

Hazel ne connaissait pas autant le jeune homme qu’elle l’aurait voulu : elle passait du temps avec lui parce qu’il était toujours fourré avec Donnie, mais seul à seule, leurs moments étaient bien plus rares. Pourtant ce n’était pas faute de volonté ; la jeune américaine appréciait beaucoup la tempérance du jeune homme et sans aller jusqu’à admirer sa capacité à rester seul pendant des heures, elle aimait que quelqu’un puisse parfois la réfréner dans sa folie. Ce n’était ni Jude, ni Donnie qui l’aidaient en ce sens.

Alors quand il lui proposa de lui donner des photos, la jeune fille était ravie. Ce serait l’occasion de se revoir et de parler encore – ou bien plutôt de pouvoir parler à Benny qui l’écouterait avec attention, comme il le faisait à chaque fois. « C’est trop adorable. Merci ! » Elle but encore un peu de son chocolat chaud après l’avoir gratifié d’un sourire chaleureux, et d’approuver le reste des paroles du Gryffondor. « Non c’est clair, et c’est bien dommage. » Peu de gens affectionnaient autant qu’eux la faune en règle générale. Que ce fut pour un animal adorable comme les Boursouflets, une espèce royale et rare telle que l’Hippogriffe ou un genre un peu plus singulier comme le Scroutt, Hazel aimait bien trop le contact avec les animaux et leur univers pour s’en désintéresser. Ils avaient plein de choses à apprendre d’eux, d’après elle – bien sûr on lui demandait rarement son avis, sous peine d’être coincé pour une heure minimum de discussion passionnée.

Il fut enfin question de son cousin et de son crush du moment, une histoire qui contrariait quelque peu la brune mais elle avait besoin de bien plus que ça pour se laisser abattre. « Oui, oui je vois. » Bennett avait tout l’air de très bien savoir de qui il s’agissait, ce qui n’augurait rien de bon – le blond devait garder un œil sur Donnie, il savait donc très bien le nom de ceux qui intéressaient ce dernier. « Mais tu le connais bien, toi, ce Killian ? Tu penses qu’il est gentil ? » s’interrogea la septième année, qui joua les perplexes. « J’ai un peu peur que mon cousin sorte avec lui sans réfléchir. Peut-être qu’il y a quelqu’un de bien mieux pour Donnie, qui n’attend juste que lui, tu vois. » Elle ne voulait pas y aller avec le dos de la cuillère mais l’américaine avait le pressentiment que brusquer Benny était le pire moyen d’arriver à ses fins. « Tu lui dis pas tout ça, hein ? » rajouta t-elle, un peu inquiète à l’idée que tout cela arrive aux oreilles du principal intéressé. Il fallait qu’elle fasse vraiment attention. Même si, réalisa t-elle l’instant d’après, ce n’était pas quelqu’un comme Bennett Harvey qui irait cafter quoi que ce soit – il devait être l’exemple parfait de l’expression « muet comme une tombe ». « Pardon. J’oublie toujours que je suis la pire pour garder des secrets, alors que toi tu dois être le meilleur pour ça. »

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La jeune rouge et or éprouvait une véritable tendresse envers Benny et l’amitié loyale et fidèle qu’il entretenait avec Donnie. Ces deux-là s’étaient mieux trouvés que quiconque et elle pouvait facilement les comprendre quand elle songeait qu’elle tenait sans doute autant à Jude que les deux garçons à l’un et l’autre. Bien sûr il y avait une dimension supérieure à leur relation entre les deux Gryffondors, et ils ne l’avaient sans doute pas encore réalisé mais c’était quelque chose de prévisible, presque compréhensible quand on y pensait. Plus d’une fois on lui avait déjà demandé si Hazel n’était pas quelque part amoureuse de Jude, ou s’il n’y avait pas tout simplement plus que ce lien platonique entre eux. Mais au contraire de la brune qui n’avait jamais douté et savait tout de la réciprocité amicale du Serpentard, son cousin et son meilleur ami n’en étaient pas à ce stade. L’américaine aurait tant voulu les aider, mais elle avait la sensation de faire mal les choses et surtout avec une maladresse exécrable.

La jeune fille engloutit encore quelques gorgées de chocolat chaud avant de rajouter, sans cacher la légère réticence qui teinte ses paroles. « Peut-être, après tu sais on ne connaît jamais vraiment bien les gens, et puis bon j’ai pas envie que Donnie tombe sur des garçons qui profitent de sa gentillesse ou de sa popularité, tu vois. » Haz’ n’était pas complètement naïve, elle avait pris pour habitude de passer outre toutes les filles un peu superficielles qui copinaient avec Donovan pour la gloire. Mais quand c’était les garçons qui essayaient de le charmer, c’était jouer avec le cœur de son cousin et ça la septième année ne l’aurait jamais toléré.

Bennet, lui, ne se serait jamais permis un tel acte. C’était pour ça qu’il devait finir avec Donnie – il était celui qui saurait le mieux prendre soin de son petit cousin, il le connaissait par cœur et il le complétait avec une perfection épatante. La jeune femme songea qu’il y avait fort à faire mais que tout était encore possible, surtout si ce Killian se montrait trop distant et pas intéressé par Donovan auquel cas il serait vite éliminé du tableau. « Tu m’étonnes. C’est trop compliqué toutes ces histoires de cœur, hein ! » plaisanta Hazel qui avait malgré tout tendance à beaucoup s’impliquer dans celles des autres – cela lui permettait en un sens d’oublier les siennes.

La panique la gagna lorsque le blondinet s’interrogea, un peu curieux et amusé, par un potentiel concurrent amoureux dans la course au Donnie. Il ne fallait surtout pas, au grand jamais, que Bennet croie qu’il puisse être menacé. « Oh euuuh non, non, c’est pas ça ! Enfin y a plein de filles qui sont amoureuses de Donnie mais je veux dire – enfin … Personne, y a personne. » Pas vraiment persuadée du bien-fondé de sa défense, la jeune fille tenta de détourner la conversation comme elle pouvait et lança avec un grand sourire qui essayait de chasser toutes les bizarreries de ses élucubrations précédentes. « Et sinon toi tu as quelqu’un en vue ? » Sans le savoir, elle avait sauté à pieds joints dans le grand plat du malaise.

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Comme on pouvait s’y attendre, le sixième année soutint son avis, ce qui lui fit chaud au cœur et renforçait définitivement sa bonne opinion à son sujet. « J’espère bien ! » s’exclama l’américaine, outrée d’imaginer un futur où Donnie ne pouvait plus compter sur son grand homologue blond sud-africain pour veiller sur lui. Cette réalité alternative n’existait ni dans ses cauchemars les plus fous ni dans un monde parallèle, les deux Gryffondors étant bien trop indissociables pour cela.

Et c’était d’ailleurs une excellente raison pour eux que de se mettre ensemble, bien que pour l’heure les choses semblaient encore trop floues et indécises pour les deux garçons. Hazel savait que l’amour pouvait être une révélation aussi subite que lente à venir, elle l’avait découvert par ses rares et propres expériences – et ses amis aussi. Leur laisser le temps était donc envisageable, jusqu’au jour où Hazel provoquerait la chance par elle-même pour forcer le destin. Parfois, celui-ci avait juste besoin d’un petit coup de pouce. Comme le disait si bien Bennett, Donnie méritait la perfection. « Oui, bien sûr. Après tout il y a plein de gens qui disent que chaque pot a son couvercle ! » Citer les phrases pleines de bon sens et de sagesse de ses parents lui paraissait toujours être une valeur sûre, d’autant plus que la jeune fille estimait son père et sa mère comme deux personnes ayant parfaitement réussi à fonder une famille aimante et soudée. « Enfin un truc comme ça, je crois. » corrigea la brune, songeuse, avant d’hausser les épaules et de siroter son chocolat pensivement.

Puisqu’ils avaient fait le tour des horizons amoureux de son cousin, ils arrivaient fatalement à ceux du blondinet qui tout à coup semblait bien moins à l’aise et plus vague – un détail que la septième année associait sans mal au secret qu’il pensait pouvoir encore tenir. Elle avait vu clair dans son jeu mais devait continuer à faire semblant de ne pas voir l’évidence. « Oh c’est vrai ça Benny ? » s’étonna ingénument la brunette avant de baisser la voix et de jeter un regard de conspiration malicieux à son interlocuteur. « Tu sais tu peux me le dire, je te promets que je garderai ça secret. » Sa réputation n’était plus à refaire en ce domaine : elle n’avait définitivement pas la langue dans sa poche. « Enfin bon je veux pas insister si c’est vraiment trop personnel. Mais je suis persuadée que t’aurais ta chance avec plein de gens à Poudlard ! » lui assura t-elle avec confiance, un sourire encourageant en prime pour lui donner toute son approbation.

L’heure tournait et son regard dévia distraitement vers l’horloge de vieille facture qui lui confirmait que la pause prise avait été plus longue que prévu. Une illumination supplémentaire vint la frapper, ce qui la redressa brusquement sur sa chaise, les yeux brillants. « Tu sais quoi ? Je viens de réaliser que j’ai oublié d’acheter des cadeaux qu’il me fallait absolument ! Il faut que je file. » La brune ne pouvait décemment pas lui demander de venir avec elle même si elle aurait beaucoup aimé prolonger cette après-midi en sa compagnie, et pour cause, cela aurait ruiné l’effet de surprise. La jeune fille engloutit le restant de sa boisson avant d’essuyer sa bouche et de se lever, se battant pendant quelques secondes avec son manteau, son écharpe et ses nombreux sacs de shopping. « A bientôt Benny ! » La jeune fille lui colla une bise sur la joue en guise de salut et lui fit un grand signe de la main avant de filer vers la sortie sans trop traîner. Il lui fallait absolument prévoir quelque chose pour le Noël de son ami, et elle venait d’avoir l’idée parfaite.

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