It's moments like this where silence is golden

(And then you speak)

Kendra ouvre les yeux. Si le blanc caractéristique de l'hôpital magique Sainte Mangouste lui agresse les yeux, cela n'a rien à voir avec l'agression que représente la voix de son voisin de chambre dans ses oreilles. Sous ses paupières qu'elle a refermé, Kendra lève les yeux au ciel, déjà agacée, à peine réveillée. Elle n'a pas besoin de regarder pour savoir qui se trouve à côté d'elle, braillant – ou prétendant chanter – une chanson moldue.

Elle ouvre un œil pour confirmer ses pires pensées.

C'est bel et bien Dimitri Bolgarov à ses côtés. Il ne peut pas être plus ridicule aux yeux de l'asiatique : assis confortablement sur le lit d'hôpital, comme s'il était dans un hôtel cinq étoiles. Il ne lui manque plus que le cocktail pour parfaire son attitude. Kendra pousse un soupir qui témoigne déjà de son manque de patience.

Pourquoi, par Merlin, avait-elle fallu qu'elle se retrouve dans la même chambre que lui ?

Oh elle a bien sa petite idée, à vrai dire. C'est sûrement un coup du destin qui se moque d'elle : une histoire de karma, histoire de lui faire regretter d'avoir voulu mettre un serpent dans la maison de Dimitri... Comme si le fait de se retrouver à l'hôpital n'était pas une punition assez importante.

Elle se retourne dans le lit pour tourner le dos à Dimitri, prête à appeler une infirmière – la supplier de la sortir de là, de la mettre dans n'importe quelle chambre, sauf celle-ci – et ses yeux se posent sur le magazine, posé sur la table de chevet. « Ça parle de ton voisin de chambre. Je repasserais plus tard. »  est écrit sur un post-it, Kendra reconnaît l'écriture de sa meilleure amie. L'androgyne attrape le torchon – car c'est globalement ce que représente le Sorcier Hebdo à ses yeux, un tissu de rumeurs, ragots, potins, sans aucun intérêt journalistique, juste bon à distraire les foules des sujets réellement importants – pour se distraire, et surtout, surtout mettre hors de son champs de vision le Russe.
Ses yeux noirs parcourent le papier glacé, sans vraiment lire les mots : ils ne sont là que pour l'empêcher de se concentrer sur tout les défauts qu'elle peut trouver à Dimitri. Mais il est dur de faire abstraction de sa voix quand il chantonne. Kendra finit par claquer le magazine, se redressant dans son lit.

— Par Merlin, Dimitri, tu ne peux pas être silencieux au moins une fois dans ta vie ? Juste quelques minutes ou c'est trop te demander ? soupire-t-elle, agacée. C'était de sa faute s'ils étaient là, et rien que pour ça, Kendra est passablement irritée.

Elle plante son regard sur l'homme – si les regards lançaient des avada kadavra, Dimitri aurait rendu son dernier souffle à cet instant.

electric bird.

Sur l’échelle des emmerdes,

on pourrait même parler de l’Everest des problèmes.

« Like a virgin. When your heart beats next to mine. » Réveillé depuis moins d'une heure, le russe prenait ses aises dans la petite chambre de Saint Mangouste. Dimitri avait toujours eu le don de se sentir absolument partout comme chez lui et cela même quand il se trouvait dans la même chambre que Kendra, autrement la personne qui l'avait justement envoyé dans ce lit. Une vendetta qui avait mal tourné, envoyant les deux ennemis à l'hôpital et leur évitant de peu la mort par morsure de serpent. Une mort peu glorieuse pour quelqu'un comme lui, mais parfaitement mérité pour l'idiote qui dormait encore comme un bébé. Sans un certain sourire satisfait, le russe lisait paisiblement la dernière édition spéciale du sorcière hebdo, en chantonnant l'un des plus grands tubes de Madonna.

Le plaisir de voir qu'il venait pour la quatrième année consécutive de remporter le lauréat du sourire le plus charmeur compensait vaguement l'ennui de la situation. Il avait déjà appelé trois fois l'infirmière pour lui demander s'il pouvait rentrer chez lui, mais cette dernière n'en démordait pas et comptait bien les garder jusqu'à demain entre ces quatre murs. Après avoir râlé, il s'était résigné à passer encore quarante-huit heures dans cette pièce priant pour que l'asiatique se réveille enfin, histoire de pouvoir l'embêter un peu. La passion de Dimitri pour agacer les gens n'était définitivement plus un secret et la jeune femme allait très certainement regretté de l'avoir envoyé ici.

Tandis qu'il chantait pour la énième fois cette chanson américaine, la belle au bois dormant s'éveilla enfin évitant soigneusement de croiser son regard. Cette dernière semblait terriblement agacée de se retrouver avec le russe qui partageait largement son avis. Il lui aurait bien lancer une petite phrase, histoire de lancer les hostilités, mais il changea d'avis en la voyant ouvrir le magazine qu'une charmante jeune fille avait déposé quelques minutes auparavant dans la chambre. Guettant furtivement sa réaction en lisant les potins du moment. Après tout, il était désormais de manière officielle le petit copain d'Hippolyte, autrement dit le collègue de sa colocataire de fortune.  « Je te conseille la quatrième page. » Un sourire espiègle avant de se remettre à chantonner à voix haute, comme s'il était tout seul, ce qui dans sa tête n'était pas très loin de la vérité.

Sans surprise, l'asiatique râla, lui demandant de se taire. Une réaction parfaitement compréhensive que le russe attendait avec plaisir. « Oh, mais si tu n'avais pas mis un serpent dans ma maison, tu n'aurais pas à supporter ma douce voix. » Il lui tira la langue, comme un gamin de huit ans, avant de faire mine de lire un article du magasine parlant d'ailleurs de son petit frère. « Like a virgin, feels so good inside ! » Bienvenue en enfer Kendra.

electric bird.

It's moments like this where silence is golden

(And then you speak)

Kendra leva les yeux au ciel, fixant le plafond blanc de Sainte Mangouste. La voix de Dimitri était aussi agréable qu'un bruit d'ongles contre un tableau noir, encore plus quand il chantait. Il lui conseillait la quatrième page – Kendra n'aimait pas suivre les ordres de Dimitri, mais sa curiosité avait été piqué. Elle tourna l'air de rien les pages, avant de se poser sur la photo de son cher collègue, Hippolyte. Kendra plissa les yeux en lisant. « En compagnie de Dimitri Bolgarov... » La journaliste releva les yeux, fixant Dimitri comme si elle avait vu le diable.

— C'est une blague, t'es sérieux ? Toi. Et. Hippolyte ? Tu te moques de moi ? Elle cligna des yeux, comme si c'était encore une plaisanterie de mauvais goût, digne de Dimitri.  On croit rêver.

Elle reposa le Sorcière-Hebdo sur la table de chevet, comme si celui-ci était empoisonné. Ces pseudo-journalistes ne parlaient que de ragots sans intérêt, juste bon à ruiner des vies, et elle n'était même pas étonnée que Dimitri lise et soit dans ce genre de torchon. Mais Hippolyte …

Il lui tira la langue. Bien sûr – c'était Dimitri Pavel Bolgarov, comment aurait-elle pu s'attendre à une réaction mature de sa part ? C'était bien trop demandé quand son interlocuteur avait l'âge mental d'un enfant de primaire. Elle croisa les bras.

— Pardon ? Si tu n'avais pas déplacé tout les meubles de mon appartement, si tu n'avais pas mis de cafards dans ma nourriture et mon café, alors, oui, peut-être qu'on en serais pas là ! Kendra soupira bruyamment.

Cette histoire était vraiment stupide, en y repensant – même si c'était Kendra qui avait initié la guerre en mettant du poil à gratter dans son pyjama, mais elle n'avait jamais pensé que cela prendrait des proportions telles. Ils auraient fallu qu'un des deux s'avouent vaincus, et ils étaient bien trop fiers pour faire ça, bien entendu. Résultat, Kendra avait frôlé la mort encore une fois et se retrouvait coincée pendant quarante-huit heures dans cette chambre d’hôpital avec la pire personne.

— Sérieusement. Tu ne pourrais pas grandir un peu ? C'est à cause de ton manque de maturité si on est là, clairement. Elle faisait preuve d'une telle mauvaise fois – plutôt mourir que d'avouer qu'elle était aussi fautive que lui.

electric bird.

Sur l’échelle des emmerdes,

on pourrait même parler de l’Everest des problèmes.

Un air d'innocent, alors qu'il attendait tout simplement la réaction de la plus jeune en lisant la presse people. Sans trop de difficultés, il savait bien que la nouvelle allait sûrement dérangé et encore plus ceux qui ne le portaient pas dans son coeur. Il se souvenait de l'air abasourdi sur le visage de son grand-frère et au fond il espérait vraiment voir le même regard chez sa colocataire de chambre. La réaction de l'asiatique était parfaitement ce à quoi il s'attendait, si bien qu'il ne put s'empêcher de sourire. « Ce n'est pas moi qui écris le sorcière hebdo tu sais ?! » La regarde amusé. « Que veux-tu si même tes collègues m'adorent ?! »

Se chamailler avec Kendra était devenue en très peu de temps une de ses occupations favorites et il pouvait définitivement y passer des heures. Cela avait au moins le mérite de changer de son psychorigide de frère. Quand il se trouvait dans la même pièce que Kendra, il n'avait définitivement plus trente-deux ans et retombait un peu trop facilement en enfance. Tout, mais absolument tout était bon pour se disputer et la grandeur de la répartie n'avait aucune importance. « Et le pyjama on en reparle ? Ca t'apprendras à faire ton intéressante. » Une infirmière passa devant la chambre et fit un signe de la main à Dimitri qui répondit avec un magnifique clin d'oeil. Même s'il était un des hommes les plus bizarres du ministère, il avait réussi à garder la population de son côté et il savait mieux que personne à quel point c'était important.

« Si je suis immature, j'imagine même pas ce que tu es ... » Il aurait bien continué, mais c'était sans compter sur l'arrivée d'une lettre, d'une beuglante précisement, adressé aux deux blessés. Nikolaï, semblait comme toujours très enervé et tout le monde en prennait pour son grade à commencer pas Dimitri qui garda très difficilement son sourire en entendant les paroles de son frère. « Va te faire foutre. » Quatre petits mots en Russe qui trahissaient son agacement, pourtant il ré-afficha assez rapidement son sourire, pour l'image et se tourna vers Kendra. « Ouh, alors comme ça on déçoit Monsieur Bolgarov ? Bienvenue dans le club. » Un sourire mesquin avant de monter le son de la television.

electric bird.

It's moments like this where silence is golden

(And then you speak)

Vraiment. Hippolyte Nemours et Dimitri Bolgarov. Elle visualisait très bien son collègue, le meilleur ami d'Automne, mais elle n'arrivait décidément pas à le visualiser être en couple avec le trentenaire russe qui prenait ses aises dans le lit d'à côté. Mais, après quelques secondes de réflexion, elle était soulagée de ne pas visualiser, justement. Elle se passait largement et aisément de ce genre d'images mentales. L'asiatique soupira en levant les yeux au ciel.

— Ravie de savoir que tu n'es pas encore tombé assez pas pour écrire dans cette parodie de journalisme. Elle en profita au passage pour casser du sucre sur le dos des journalistes du Sorcière-Hebdo. Si on pouvait les appeler journalistes, bien sûr.

Dimitri l'horripilait. Sur tout les points possibles : sa manière de parler , de bouger, de respirer, d'être Dimitri Bolgarov, tout simplement. De manière exagérée, elle imita le Russe.

— Ca t'apprendra à faire ton intéressante... De ta part, quelle blague ! Dimitri faisait toujours son intéressant : il suffisait de le regarder trois secondes – le voilà qui faisait un clin d’œil à une infirmière – pour voir que Dimitri voulait l'attention de tout le monde, tout le temps.

Heureusement, leurs petits échanges furent interrompus par une lettre. Heureusement – c'était ce que pensait Kendra avant d'entendre la beuglante de Nikolaï. En entendant les mots – adressés aussi bien qu'à elle qu'à Dimitri – elle palissait à vue d’œil, avec le sentiment d'être une enfant réprimandée par son père. Elle se ratatina dans son lit, se doutant (en entendant les passages en russe) que si elle prenait cher pour son grade, Dimitri n'était pas logé à meilleure enseigne. Elle jeta un coup d’œil au russe, juste à temps pour voir son affreux sourire réapparaître.

— Tu parles. Elle se leva pour prendre la télécommande des mains de Dimitri, baissa le son en se réinstallant sur le lit. T'es pas obligé de me rendre sourde pour autant, monsieur «  l'abruti congénital  », fit-elle en citant les mots de Nikolaï. J'en reviens pas. « vous êtes incapables de faire comme tout le monde » …  avait du mal à accepter que Nikolaï la voit ainsi – même si ce n'était que sur le cou de l'énervement et de l'inquiétude.

electric bird.

Sur l’échelle des emmerdes,

on pourrait même parler de l’Everest des problèmes.

« Sacha et Ondine sont de très bonnes journalistes en plus elles portent les mêmes prénoms que dans le dessin animé Pokémon. » Le russe ne ressentait aucune gêne à dire qu'il regardait ce genre de choses et encore moins à affirmer que les deux jeunes femmes avaient du talent. Pour lui, le journalisme avait plusieurs facettes et chacune était aussi importante qu'une autre. Surtout que personnes d'autres que lui ne jonglait aussi bien entre les différents journaux sorciers. Si les médias t'aiment, le peuple t'aime. Une logique qu'il appliquait depuis ses premiers pas en politique. Si seulement cela pouvait fonctionner avec son frère, ça lui éviterait de recevoir ce genre de lettres blessantes, même quand on est Dimitri Pavel Bolgarov.

« Te comparer à moi, c'est qu'il ne doit pas t'aimer tant que ça au final… En même temps je le comprends. » Un regard en direction de la plus jeune qui était sortie de son lit pour lui arracher la télécommande des mains, comme deux gosses qui se chamaillent pour savoir quelle chaîne regarder.  « C'est toi qui est sourde ! » Dimitri posait un regard amusé sur la plus jeune, un regard en rien rassurant. « Bon alors, l'echec ? Tu vas me dire pourquoi tu veux autant attirer mon attention ? » L'orgueil du russe n'avait aucune limite à ce moment précis et il était presque sûr de se prendre la télécommande en pleine face, mais il ne pouvait s'empêcher de sourire à sa propre bêtise, comme il le faisait à chaque fois.

electric bird.

It's moments like this where silence is golden

(And then you speak)

Des très bonnes journalistes – Kendra avait entendu des choses invraisemblables dans sa vie, mais Dimitri atteignait des sommets. Est-ce qu'il s'entendait parler, des fois ? Bien sûr qu'il les appréciait – comment aurait-il pu les détester alors qu'elles ne tarissaient pas d'éloges sur sa personne ! C'était purement et simplement pour gonfler son propre ego qu'il s'affairait à avoir ces journalistes de son côté. Kendra secoua la tête avec un soupir moqueur.

« Personne ne me compare avec toi. On a rien à voir. » trancha nettement l'asiatique en fronçant les sourcils. « On a rien à voir. » répéta-t-elle pour en marquer l'importante. « Je ne suis pas un espèce de trentenaire attardé avec un égo tellement surdimensionné que c'est à se demander comment tu peux encore te déplacer, vu ta grosse tête. » Kendra était parfaitement consciente de ses mots, quitte à être un peu blessante.

Elle crispa ses mains sur la télécommande à s'en faire blanchir les articulations, fusillant du regard son voisin de chambre.  

« Qu'est-ce que t'as dis ? L'échec ? C'est pas moi qui déçoit mon grand frère en permanence. Tu as peut-être réussi professionnellement mais ça fait pas tout. J'en ai rien à foutre de ton attention, le monde tourne pas autour de toi, redescends sur terre. » Kendra changea de chaîne, reportant son attention sur le poste plutôt que sur le russe, les sourcils froncés. Comment un être humain pouvait-il la mettre dans un état d’agressivité tel ? Si elle avait du reconnaître un talent à Dimitri, c'était celui-ci : la mettre en colère avec sa simple présence.

electric bird.

Sur l’échelle des emmerdes,

on pourrait même parler de l’Everest des problèmes.

Affichant son sourire en coin habituel, il regardait la plus jeune s'énerver sur le lit voisin. Ce genre de petites disputes enfantines lui plaisait beaucoup et  il ne pouvait s'empêcher de les entretenir comme un petit potager secret. Cependant, son sourire s'effaça légèrement en entendant les paroles de la jeune femme, qui étaient pour le coup plutôt virulents. Le russe ne comprenait pas vraiment cette haine qu'elle dégageait à son égard, lui qui trouvait avoir été très sympathique jusque là. Dimitri avait parfaitement horreur d'être remis à sa place et même s'il était habitué depuis son plus jeune âge à subir les critiques, il n'aimait vraiment pas la manière de la plus jeune lui parlait. « La ferme. » Deux mots, sur un ton très sérieux qui trahissait le malaise qui naissait au fond de cette âme trouble qui occupait le corps du trentenaire.

Échec. Un  mot qui résonnait de très loin, comme un écho du passé qui ne cessait de rattraper le Russe. Depuis son plus jeune âge, il combattait ce mot et aujourd'hui après tout ce qu'il avait fais pour atteindre un tel niveau il se refusait de l'entendre de la part d'une personne qui n'avait pas la moindre idée de la vie qu'il avait pu avoir et de qui il était. Une sorte de colère se perçue sur son visage, à l'aide d'un sourire -bien moins charmeur qu'à son habitude. Dimitri semblait bien plus dangereux que quelques minutes auparavant. Ses yeux méprisant se posèrent sur la jeune femme, tandis que d'un ton trop enjoué pour honnête il lui expliqua sa manière de voir les choses. « Moi ? Un échec ? Voyons Kendra, ne parle pas de choses que tu ne sais pas. Tu ignores tout de moi et me critiquer ne changera rien du tout. Tu sais aussi bien que moi que Nikolaï me préférera toujours à toi et que tout le monde se fiche bien de ta petite existence. Tu te penses peut-être supérieur parce que tu travailles dans un magazine célèbre, mais au fond tu n'es rien. Tu le sais mieux que moi, après tout ce n'est pas moi qui ai tenté de me suicider… A moins que là encore, c'était pour attirer l'attention. » Comme s'il venait simplement de lui parler de la météo, il ouvra un magazine qui traînait sur la table de chevet et commença un semblant de lecture.

electric bird.

It's moments like this where silence is golden

(And then you speak)

De toutes les petites engueulades et petites piques échangées avec Dimitri, il y avait toujours eu cette ligne à ne pas franchir, implicite et scrupuleusement respectée... Que Kendra avait, sans aucun état d'âme et sans penser aux conséquences, franchie avec ses quelques mots. Le ton trop sérieux de Dimitri lui faisait clairement comprendre qu'elle allait regretter ses paroles – et Kendra ne s'attendait pas à avoir visé assez juste pour provoquer une telle réaction chez le trentenaire.

Mais oh, si Kendra avait visé correctement, elle devait reconnaître une autre chose à Dimitri : il visait parfaitement bien, en plein cœur, Dimitri – 1 , Kendra – 0 . Elle déglutit, serrant les draps entre ses doigts. Ce sourire sur son visage lui donnait envie de lui asséner une bonne claque ; bien sûr qu'elle ne savait rien de Dimitri – elle n'avait jamais cherché à en savoir plus, le peu qu'elle savait suffisait à ne pas l'apprécier.

« Je ne... » commença-t-elle, réalisant qu'elle n'avait rien à rétorquer. Kendra se reprit rapidement, fixant Dimitri d'un regard sombre. « Tu crois que c'est une compétition ? Que je suis jalouse de toi ? Je ne cherche pas à être aimée de tout le monde ; contrairement à toi. Tu ne connais pas plus de choses sur moi, tu te permets de parler comme si tu connaissais tout sur tout. Je ne suis peut-être pas parfaite, mais bordel, tu n'es pas mieux. Tu es au même niveau que moi. » Elle se fichait de savoir qu'on l'aime plus ou moins que quelqu'un d'autre – ce n'était pas une compétition aux yeux de Kendra. Ou peut-être qu'elle était trop blessée pour admettre que cela lui tenait à cœur. « Ta gueule. » conclu-t-elle, trop agacée pour continuer. « Juste ta gueule, d'accord ? T'es content, t'as eu ce que tu voulais, j'espère. »

Kendra se retourna, tournant le dos à Dimitri. Elle aurait voulu pouvoir partir maintenant – coincée dans cette pièce avec lui lui donnait la sensation d'étouffer. Elle pinça les lèvres, bien décidé à ne plus décrocher un mot, quoi que le russe dise.

electric bird.

Sur l’échelle des emmerdes,

on pourrait même parler de l’Everest des problèmes.

Si la jeune avait dépassé la frontière entre le hypothétiquement drôle et le plus du tout, Dimitri lui venait de larguer une bombe nucléaire. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour savoir qu'il était allé un poil trop loin et que pour une fois il s'était réellement montré méchant envers la plus jeune. Bien sûr, elle n'était aucunement innocente dans l'histoire et l'avait très certainement cherché, mais cela n'empêchait pas un seul instant que les mots du russe se montraient trop déplacé. Sans surprise, elle n'apprécia pas du tout le commentaire et s'enflamma sans plus attendre. Tandis que le plus âgé faisait mine de lire une interview très passionnante dans les pages du dernier sorcière hebdo.

Les répliques sanglantes de Kendra partageait le russe entre une légère culpabilité et une sincère envie de rire, ce qui lui laissa simplement son sourire habituel sur son visage. « Même niveau ? Non je crois pas. » Plus histoire de faire le malin qu'autre chose. La jeune femme coupa assez rapidement la conversation, non sans cacher une certaine tristesse, avant de se tourner. Dimitri posa ses yeux sur la jeune fille, contrairement à ce que l'on pourrait penser, il éprouvait une certaine empathie pour la jeune femme. Même si c'était lui qui avait lancé le sujet de ses tentatives de suicides, il n'était pas du genre à juger les gens pour de telle action. Pour lui, chacun menait sa vie comme il l'entendait, peu importe les conventions. Autrement dit, cette attaque avait un but certes méchant, mais pas forcément méprisant dans la bouche de Dimitri. Ne sachant plus trop quoi dire, il décida d'écrire une petite lettre à son nouveau petit copain, pour lui proposer un rendez-vous.

electric bird.