Sa main tourna doucement le bouton de la vieille radio de la chevrolet pour la régler sur la bonne fréquence. Basile avait longuement réfléchit à un lieu idéal pour ce premier rendez-vous avec la brune et c'était sur cette projection d'un vieux James Bond qu'il avait tout misé. Objectivement, l'auror n'avait jamais vraiment organisé de sortie romantique avec une fille, pour dire vrai il n'en avait jamais vraiment eu le besoin et ne se souvenait même pas de sa dernière relation longue. Seulement, avec Victory, c'était un peu différent, tout simplement parce qu'il tenait à elle et se souciait de son confort. Tellement, qu'il avait même pensé à prendre des plaides au cas où il ferait trop froid à bord de sa voiture adorée. Choisir sa voiture comme lieu de premier rendez-vous représentait parfaitement l'écossais et si cela pouvait manquer des romantismes pour certaines personnes, c'était pour lui son paradis sur terre -sa seconde maison.

Pour l'occasion, il avait ressorti son pull en laine, celui qu'il sortait pour toutes les grandes occasions et il avait même fait en sorte de ne pas sentir de trop le whiskey. Des efforts infimes qui disaient pourtant déjà beaucoup, en espérant que la brune qui se tenait sur le siège passager puisse le remarquer. La situation était un peu gênante, même si Basile tentait de rester parfaitement paisible, il sentait une petite boule au ventre. La peur de toute foirer, la peur de la perdre, la peur de faire une erreur et peut-être aussi, la peur de ce qui pourrait se passer. Cette soirée était déjà un risque, parce qu'après, rien ne sera plus jamais comme avant et tout prendra un nouveau sens. « Bon, mini-miss je suis désolé, mais ce soir on ne regarde pas un film de fillette. » Un rapide sourire, tandis qu'il faisait clairement référence à  leur dernière soirée en tête-à-tête, où elle l'avait forcé à regarder le très célèbre Dirty Dancing.  

Installée dans la plus célèbre Chevrolet Impala qu’elle puisse connaître, Victory se sentait un peu bizarre. Pas totalement à sa place et en même temps plutôt contente de découvrir ce que ça faisait que d’être à un rendez-vous organisé par Basile Flaversham, la jeune femme avait largement approuvé l’idée du drive-in. Quelle meilleure idée que celle de pouvoir profiter d’un film et de pouvoir en même temps discuter s’ils le voulaient – le tout à l’abri des regards, point important si l’on prenait en compte la popularité de la brune.

Depuis cette fameuse rencontre à la station-service, Vic conservait un souvenir assez doux de leur relation, même s’il y avait une part de non-dit et de crainte. Tout était nouveau entre eux. Ils n’avaient encore jamais essayé d’agir comme de vrais … amoureux ? Le mot n’était même pas le plus approprié dans leur situation. Ils se savaient importants pour l’autre et n’auraient pu prendre leurs distances. Pour autant, parler de relation et de couple était un cap à aborder.

Ce soir était donc un exemple plutôt réaliste de leur situation. A deux, presque comme des amis, mais en réalité plus du tout, ils se taquinaient l’air de rien, pour cacher le trouble sous-jacent de ce rendez-vous. Un rendez-vous, se répétait en boucle la rentière, partagée entre le rire et l’hallucination. « Arrête. Je sais très bien que t’es devenu un fan inconditionnel. » le taquina la business woman avant de se racler la gorge afin de prendre une voix plus mâle et rauque. « On laisse pas Basile dans un coin. » C’était une piètre imitation de Johnny, mais la parodie restait largement identifiable grâce à cette réplique devenue mythique.

La brune se cala un peu plus confortablement sur le siège passager avant de soupirer profondément et de regarder le flyer qui affichait la projection de ce soir. « Donc on regarde … James Bond ! » Rien que pour vos yeux, en voilà un nom bien évocateur. Quelle coïncidence. « Plus gentleman, tu meurs. » plaisanta la jeune femme avant de le rassurer d’un sourire. Elle aimait beaucoup trop les films d’action et d’espionnage pour critiquer de tels monuments. Son regard glissa vers l’arrière de la voiture où trônaient d’épaisses couvertures. « Oh, t’as pris des plaids. Parfait. Je t’en prends un. » Sans hésiter, elle se servit et se drapa dans le plaid, puis jeta un coup d’œil amusé vers Basile. « On partage ? » Sérieuse ou non, ça c’était une autre paire de manches.

« Ouais, j'ai même un poster au-dessus de mon lit. » Un peu d'humour ne pouvait pas faire de mal et méritait de détendre un peu l'atmosphère. Ils avaient toujours bien rigolé tous les deux et même après tout ce qui venait de se passer entre eux, ils réussissaient à se faire sourire mutuellement. Cette imitation absolument mythique de la brune l'amusa et il le fit comprendre en lâcha un petit rire. « En tout cas, tu n'as pas gagné le concours mini-miss grâce à tes imitations. » Un clin d'oeil made in Basile Flaversham, avant de la regarder feuilleter le programme de la soirée. Un James Bond, la base du film d'espion, le numéro un des anglais. « Exactement, je me suis dis que tu ne pouvais pas, ne pas aimer. » Sans surprise, la brune releva le titre du film que l'écossais savait un poil évocateur. « Ca m'arrive. » Un sourire, avant de s'enfoncer un peu son siège pour se mettre à l'aise dans la voiture.

La jeune fille remarqua les couvertures sur la banquette arrière et en attrapa une au passage pour se mettre dessous, à l'abri du froid. A la base, ces couvertures servaient à ses petits cousins quand ils les amenaient quelque part, comme ça ils n'attrapaient pas froid et leur mère ne râlait pas. La jeune femme proposa de partager le plaide, non sans un petit sourire en coin. « Vas-y, partage ! » Basile avait mis un pull et n'avait pas particulièrement froid, raison pour laquelle il décida de retirer ce fameux pull, se retrouvant ainsi en chemise à carreaux. L'auror en chemise était quelque chose de très rare et étonnant, pourtant il l'avait fais -preuve qu'il voulait faire les choses correctement avec elle. « Tu l'as déjà vu le film ? » Une conversation bateau, histoire de passer un peu le temps, tandis qu'il plaça légèrement la couverture sur sur lui, s'approchant au passage un peu de la brune. Basile ne savait absolument pas quoi faire et préférait attendre de voir le comportement que Victory choisirait pour cette soirée -pour ce rendez-vous.

L’anglaise avait encore écopé de sa fameuse appellation de Mini-Miss, ce qui la fit lever les yeux au ciel – non sans sourire un chouïa. Elle avait eu sa période de gloire alors qu’elle n’était que haute comme trois pommes, cela lui avait suffi, et chaque jour que Basile employait à se le rappeler, elle maudissait un peu plus sa mère de l’avoir fait participer à de telles sornettes. « Non. Mais si tu veux tout savoir, je gagnais grâce à mon talent spécial. » Un clin d’œil plus tard, et elle lui jeta un bout de plaid dans sa direction. Victory était au moins rassurée de constater que Basile ne prenait pas peur à son approche et continuait même de la taquiner comme elle le faisait avec lui. Leur relation n’était pas si fragile, simplement changeante.

Le film de ce soir s’annonçait plutôt intéressant – la brune se réjouit du choix de Basile. Songeuse, la jeune femme réfléchit quelques secondes avant de répondre. « Je crois, oui. J’ai du le regarder une fois avec mon frère. » Vague souvenir qu’elle avait de cette époque où Nicholas et elle avaient passé une de leurs premières après-midi à profiter de la télévision offerte par leurs parents dans leur chambre. Ils avaient regardé un bon paquet de films d’action – les James Bond en avaient fait partie. « En fait j’ai déjà vu la plupart des James Bond. » rajouta t-elle. Non, ce n’était pas du tout pour se vendre qu’elle disait ça : Vic’ savait qu’elle partageait bien plus de goûts avec les hommes que les femmes en général. Ce qui expliquait son aisance à être amie avec eux.

L’écran géant qui leur faisait face s’éclaira d’un noir uniforme, annonçant que le film n’allait pas tarder à démarrer. « Ca va, je te pique pas trop de couverture ? » Elle avait dit ça comme ça, sans trop réfléchir, parce que la rentière sentait qu’il ne valait mieux plus qu’elle se prenne la tête davantage avec les sentiments qu’elle pouvait éprouver pour Flaversham. Il était enfin temps qu’elle accepte de recevoir ce qu’il lui donnait sans rien attendre de plus ou de moins, et d’en profiter un maximum. Intérieurement, une petite voix lui conseillait de le faire tant qu’elle le pouvait encore – le futur lui paraissait moins lumineux que ce qu’elle s’imaginait, pour une raison qui lui échappait totalement.

Le choix du lieu était en tout cas intelligent ; ce n’était pas ici qu’ils tomberaient sur  « Il n’y a pas tant que ça de monde. C’est bien, ça évitera aux photographes de Sorcière-Hebdo de débouler … » Vic’ avait lu le dernier numéro et avait estimé s’en être plutôt bien sortie, jusqu’à ce qu’elle tombe sur la page des potins qui étalait fièrement la rumeur de son mariage avec un illustre inconnu – Dan, pour ne pas le citer. Le simple fait que Basile n’en ait guère parlé, ni par courrier, ni de vive voix, la surprenait sans véritablement la rassurer : s’il n’avait pas encore vu ou entendu parler de cette histoire, la jeune Willersham n’allait pas tarder à y échapper à un moment ou à un autre.

« Un talent caché ? Hâte de voir ça. » Un clin d'oeil rapide avant d'attraper le morceau de plaid qu'elle venait de lui lancer. Ce geste qui aurait toujours paru parfaitement amicale auparavant, avait désormais un tout autre sens. Basile ne comprenait toujours pas ce qu'elle pouvait bien lui trouver, surtout qu'elle le connaissait suffisamment pour le connaître jusqu'à ses défauts secrets qu'il se passait bien de montrer à ses coups d'un soir qu'il préférait encore quelques mois avant -quand tout allait bien dans le meilleur des mondes. Désormais, il n'avait plus aucune envie de s'envoyer en l'air avec la première fille un peu niaise qu'il croisait et appréciait l'idée de pouvoir profiter d'un moment paisible avec la brune qu'il connaissait déjà dix-sept ans. Évidemment, il se doutait bien que la brune avait déjà vu les James Bond, mais si cela n'avait pas été le cas, il ne lui en aurait aucunement tenu rigueur -personne n'était parfait sur terre, il le savait assez bien lui-même.

La question de la milliardaire le fit sourire et d'un naturel presque surprenant, il passe son bras autour d'elle, la collant ainsi légèrement à lui. Une proximité à laquelle il s'habituait bien plus vite qu'il ne l'aurait jamais imaginé. « Au pire, il y a d'autres couvertures. » L'écran avait pris une teinte de noir et il régla la radio correctement, afin de disposer d'un son optimal pour ce chef-d'oeuvre du cinéma et surtout pour que la brune ne puisse pas dire que la chevrolet n'est pas à la hauteur d'un rendez-vous. Heureusement, elle releva le choix judicieux qu'il avait eu qui évitait les journalistes et autres fanatiques bizarres qui le suivaient depuis sa célébrité qu'il espérait éphémère.

« Ouais, puis pas de sales gosses qui donnent des coups dans ton siège. » Un sourire, tandis qu'avec sa main, il lui caressait doucement le bras. Prendre soin de la brune lui semblait parfaitement normal, pourtant il ne voyait pas vraiment pourquoi une fille comme elle désirait s'y retrouver. Victory avait sûrement aucune difficulté à trouver des hommes bien et il était presque sûr qu'elle finirait par réaliser qu'il était très loin du prince charmant. Néanmoins, il acceptait de prendre le risque, surtout si cela pouvait la faire sourire de ce sourire réconfortant qu'il avait toujours aimé.

La plupart des concours de Mini-Miss auxquels Victory avait participé ne lui avaient pas appris grand-chose – tout au plus savait-elle toujours sourire en toute circonstance et saluer la foule comme une dinde. Néanmoins Vic’ avait au moins retenu une chose, son numéro de claquette qu’elle avait du mémoriser par cœur et exécuter des centaines de fois. C’était d’ailleurs un souvenir proche du traumatisme pour la brune qui ne se vantait guère d’une aptitude pareille. Ca aurait pu la faire rire, mais mine de rien apprendre cette espèce de singerie lui avait fait perdre beaucoup de temps et lui avait valu beaucoup de pleurs étant petite. « Ha ! Patience, mon cher. » lui répondit-elle avec un petit clin d’œil plein de mystère. Il y avait très peu de chance pour qu’un jour elle lui fasse la démonstration, et encore moins dans une voiture, ce qui allait être très compliqué. Mais au moins elle pouvait toujours s’amuser à le faire mariner avec ça. Nul doute qu’il allait s’imaginer des tas de choses farfelues.

Le calme du drive-in et l’originalité de celui-ci leur convenait, surtout qu’au moins cela préservait leur intimité – et c’était tout ce qu’elle pouvait souhaiter de mieux pour leur, en quelque sorte, couple. « Ne m’en parle pas. Vraiment. » Les enfants et elle, une vague histoire d’amour maternel qui n’était pas prête de commencer avant plusieurs années. « Et puis les gens qui font du bruit en mangeant leur pop-corn, ceux qui éternuent, ceux qui parlent pendant le film – les pires ! » énuméra t-elle, faussement sérieuse, avant d’éclater de rire. Elle était consciente de rentrer parfaitement dans au moins deux de ces catégories sans aucun souci. D’ailleurs la businesswoman était actuellement en train de gâcher la musique d’introduction du film sans complexe et s’arrêta donc finalement de parler pour concentrer toute son attention sur la grande image mouvante projetée face à eux.

Sa tête se posa doucement contre l’épaule de l’Auror, qui l’avait entouré d’un bras et se montrait bien plus tendre que ce qu’elle ne s’était potentiellement imaginée. Cette situation, sans être bizarre, avait cet attrait de la nouveauté, de l’inconnu qui la tétanisait et lui plaisait. Elle se retrouvait comme une ado de dix-sept ans à son premier rendez-vous avec le type le plus cool de son école, et les petits frissons dans son ventre étaient quasiment les mêmes. « Je suis contente d’être là avec toi. » chuchota t-elle tout bas sans quitter l’écran du regard.

Rapidement l’intrigue du film commença sur les chapeaux de roue, comme toujours avec ce genre de films. Après quelques cascades héroïques – qui n’égalaient certainement pas celles de Batman si vous vouliez l’avis de Basile ou même de Victory -, l’espion anglais le plus célèbre se retrouvait face à un des nombreux méchants du film. Si les scénarii se répétaient et que ces films manquaient certes à quelques scènes de réalisme, ils étaient bien trop divertissants pour ne pas se laisser prendre au jeu. « Oh sans blague, il s’en sort encore ! » s’exclama spontanément la brune. « Il a des pistolets dans toutes les poches ou quoi. Ne me dis pas que tu as quinze baguettes actuellement planquées sur toi, toi aussi. » pouffa t-elle à voix basse.

La brune jouait les mystérieuses au sujet de son talent secret et il ne pouvait s’empêcher de trouver cela marrant. C’était du Victory tout craché, ce qui faisait d’elle une personne aussi géniale. « Je finirai bien par trouver moi-même. » Il avait toujours été un très bon enquêteur et ne devrait pas avoir de mal à trouver les différents talents que l’ancienne poufsouffle pouvait encore bien cacher. Ce qui était bien avec ce lieu, c’était qu’ils étaient parfaitement d’accord sur ses avantages et il ne pouvait qu’approuver les dires de la brune. En plus, dans la voiture, il pouvait aisément la prendre dans les bras sans risquer de se faire flasher par une horde de photographe. Avec sa main, il lui caressait le bras essayant de faire en sorte que la brune passe une excellente soirée à l’instar de son anniversaire. Basile estimait qu’elle avait assez pleuré pour mérité le meilleur de lui-même au moins une fois. Une attention qui semblait faire plaisir, puisque la brune jugea utile de préciser qu’elle était heureuse d’être là avec lui. « Moi aussi. » Pas la peine d’en dire plus, tout était là.

Le film démarra et Basile savourait les images comme si c’était la première fois qu’il le voyait de sa vie, sauf que cette fois, il avait le droit aux commentaires de la brune. Après avoir rigolé, il lui chatouilla légèrement au niveau des côtes, comme pour la punir. « On ne critique pas James ! Puis c’est ça d’être un héros. » Basile ironisa un peu, avant de la serrer un peu plus contre lui et de se replonger un peu dans le film, lui attrapant au passage la main. C’était un peu bizarre de se retrouver ainsi en compagnie de Victory, mais il devait avouer que ça n’avait rien de désagréable et qu’il ne regrettait absolument pas son choix. Quand la James Bond girl de l’épisode débarqua, la célèbre Judy Havelock, interprété par la toute aussi célèbre Carole Bouquet arriva à l’écran, Basile ne put s’empêcher de sortir son petit commentaire à lui. « Les françaises sont tout de même magnifique. » Raison pour laquelle il avait tenté environ un milliard de fois sa chance avec Automne Pilcher.

La jeune femme ne put retenir son sourire en voyant à quel point Basile défendait le personnage principal. Elle se débattit faiblement sous les chatouilles sans pour autant réussir à ne pas rire et se replaça tranquillement contre lui dès lors qu’il eut fini de la taquiner. « C’est vrai que t’en connais un rayon sur les héros. N’est-ce pas Batman ? » Un clin d’œil à peine voilé à son obsession pour l’homme chauve-souris.

Qui mieux que Basile Yann Flaversham pour débattre sur la thématique des héros et des sauveurs ? Il avait tout pour remplir ce rôle, et c’était tellement flagrant qu’il avait très vite embrassé ce rôle – parfois c’en était tellement criant que ça en devenait effrayant, et si Victory aimait bien plaisanter sur son côté chevaleresque, elle savait aussi que c’était un penchant dangereux qui l’avait poussé à commettre bien des risques et qui avait été une raison de leur plus grosse et plus récente dispute. Vic’ aimait beaucoup Basile, et c’était en partie pour son courage et la bravoure qui l’engageait à vouloir protéger les siens que l’Auror lui plaisait. Mais plus ils avançaient et moins elle avait envie de le savoir en mission ou dans un contexte qui le mettait en danger. Elle savait que Basile n’était pas invincible contrairement à ce qu’il prétendait et croyait parfois. Il avait réussi avec le temps à se persuader qu’il pouvait être au dessus de tout, et défendre tout le monde. Il avait tort, et définitivement besoin de quelqu’un pour prendre soin de lui.

La brune se dévouait volontiers à cette tâche pas si rebutante que ça, malheureusement parfois même dans le meilleur des moments, Basile avait la touche parfaite pour tout ruiner. Sans deviner s’il avait volontairement décidé de travailler la jalousie de l’anglaise ou s’il faisait son habituel numéro de Basile sans voir le problème que cela posait, le brun exprima sans complexe son avis sur les françaises – l’apparition de Carole Bouquet étant la cause principale de cette participation orale pas forcément nécessaire. Vic’ fit la soupe à la grimace, se raidissant un tout petit peu pour se décoller exprès de Basile. « Ah oui ? » Son ton dégagé cachait à peine qu’elle pensait tout le contraire et elle renifla, l’air de rien. « Je les trouve pas franchement si belles que ça. » Non, non, ça n’était pas de la mauvaise foi. « Mais si tu veux tu peux tenter de lui envoyer un hibou, je suis persuadée qu’elle te répondra ! » se moqua tout bas la rentière avant de redresser fièrement le menton. « Pendant ce temps-là j’irai voir James Bond. » Classiquement du Victory Willard.

L’allusion de la brune au célèbre cavalier noir le fit vaguement sourire, quelques temps avant il aurait sûrement répondu par sa réplique favorite, mais aujourd’hui il en était autrement. Basile c’était fait une raison, il n’était pas un héros, juste un faible incapable de protéger ses amis. « Ouais, sûrement. » Un ton un peu détaché, histoire de ne pas casser l’ambiance et de rester dans le thème romantique de la soirée. Du moins, il essayait et il semblait qu’il venait d’échouer en parlant de la beauté légendaire des françaises. Cependant, la réaction de la brune était aussi drôle que mignonne et s’il ne la connaissait pas, il penserait presque qu’elle était jalouse. « Oh si, elles sont très mignonnes. » Un petit sourire en direction de la milliardaire qui ne manquait pas d’exprimer son mécontentement. « Mini Miss, ça serait pas de la jalousie ça ? » Un sourire en coin, tandis qu’il rapprocha de lui à l’aide de son bras. « James Bond ? Rien que ça ? Je ne doute pas une seconde qu’il sera ravi de t’avoir. » Taquiner Victory avait toujours été une activité divertissante et il ne comptait pas arrêter dès demain.

Néanmoins, les meilleures blagues étaient les plus courtes et il ne fallait pas ruiner ce moment pour l’humour. « Cela dit, ce n’est pas Carole Bouquet que j’inviterai dans ma voiture. » Ou pas sur la même banquette, un détail qu’il taira à jamais, histoire de garder un minimum de sérieux. Après ce moment fort amusa -enfin de son point de vue, ses yeux se reposèrent sur le film, tandis qu’il serrait l’ancienne poufsouffle contre lui, jouant sagement avec le bout d’une mèche de ses cheveux. L’ambiance était certes hors du commun entre eux, mais ça lui paraissait finalement plutôt naturel. Finalement, elle lui avait peut-être toujours plu, mais il était simplement aveugle pour s’en rendre compte.

Ne relevant pas tout de suite sa faible approbation, la brune était déjà bien trop occupée à se plonger dans sa mauvaise foi légendaire – quand il s’agissait des autres femmes, Victory avait une trouille bleue.

C’était certainement du à toutes les fois où la businesswoman avait confié son cœur et les sentiments qui allaient avec à des hommes qui n’avaient pas pris toute leur mesure. Elle avait été fortement amoureuse, plusieurs fois dans sa vie, et si c’était une chance que d’avoir pu éprouver ces sensations grisantes, c’était aussi à chaque fois un calvaire pénible que de réparer les pots cassés quand les belles histoires prennent fin. Avec du temps et plusieurs mauvaises expériences, l’anglaise aurait pu espérer qu’elle avait appris de ses leçons – mais il n’en était rien : elle restait sensible et passionnée dans ce genre de choses.

La jeune femme voulut rester froide et inflexible, prête à ne pas céder sous les gestes tendres de Basile. « Si tu le dis. » bougonna t-elle, s’obstinant à ne pas réagir alors qu’il essayait de la rapprocher de lui. Victory tenta même de nier haut et fort l’indéniable – une prouesse que seules les plus habiles pouvaient réussir. « Pas-du-tout. »  s’exclama t-elle un peu trop fort avant de renchérir. « Je suis pas jalouse, je m’en fiche moi, tu sais … » Ce regard tout comme cette moue ne voulaient rien dire qui abondait dans ce sens. Vic’ était une graine de jalouse, mais elle finirait par se soigner, un de ces quatre.

La jeune femme ne tint d’ailleurs sa résolution qu’une minute. Elle était déjà repartie trouver sa place contre l’Auror et ne parvenait pas à lui refuser l’ombre d’un sourire joueur – parce que tout n’était que du jeu dans ces taquineries, elle le savait au fond d’elle-même. « Exactement. Il sait comment traiter une femme ! » La brune laissa planer un silence très sérieux pendant quelques secondes avant d’étouffer un rire. « Tu parles. Ce type est un vrai macho. » Force était de constater qu’en matière de goujateries et de sexisme, Monsieur Bond accumulait les points. Basile pouvait au moins se targuer d’être meilleur dans ce domaine-là.

La brunette décocha un regard en coin plein de curiosité à l’écossais avant de murmurer. « Je me demande bien quel genre de filles t’invites en temps normal … » Typiquement le genre d’interrogations auxquelles il ne fallait pas répondre au premier degré, sous peine de se retrouver éjecté de l’Impala. Oui, Vic’ était capable de mettre hors de sa propre voiture le propriétaire de celle-ci. « Attention Basile Flaversham, ceci est une question piège. » susurra t-elle à son oreille avec un petit sourire de diablotin. Décidément, elle adorait provoquer cette proximité entre eux, quitte à en oublier un peu le film de temps en temps.

Sans difficulté, il pouvait lire la jalousie naissante sur le visage de la brune, bien que celle-ci démentie aussitôt ces accusations. La manière qu’elle avait de le dire l’amusait fortement et pour dire vrai, c’était la première fois qu’une femme se montrait jalouse avec lui -peut-être parce que les autres savaient qu’il était un homme pas très stable et qu’elle n’était rien d’autre qu’une passade comme une autre. Pourtant, tandis qu’il tenait la milliardaire contre lui, il savait qu’elle ne pourrait pas être comme toutes les autres, tout simplement parce que c’était elle. Victory avait toujours été une très bonne amie et d’une certaine manière, ils avaient toujours été plus ou moins proche. Franchir la barrière de sécurité était un risque, mais pour le moment il ne pouvait tout bonnement pas le regretter. « Non bien sûr, la grand Victory est bien au-dessus de cela. » Un rapide sourire, tandis qu’il la tenait toujours contre lui, comme une peluche qu’un enfant refuse de lâcher après la sieste.

La petite boutade sur l’espion anglais le plus célèbre le fit parfaitement rire. Basile n’était clairement pas un gentleman, mais il devait admettre que les femmes faisaient clairement les potiches dans ce genre de film -ce qui n’était réellement pas glorieux pour l’image de la femme forte. C’était donc sans surprise qu’une personne comme la milliardaire et très indépendante Victory Willard ne puisse pas approuver ceci. « Je te trouve bien féministe ce soir. » Pour dire vrai, il ne la trouvait pas que féministe aujourd’hui, mais aussi très joueuse ce qui avait le mérite de le tenir en éveil. Les quelques mots qu’elle lui souffla à l’oreille dessinèrent un sourire en coin sur son visage, tandis qu’il posa les yeux sur la brune ténébreuse.

« Si je réponds que je n’amènes pas les filles pour voir de film, c’est une bonne réponse ? » Basile n’avait jamais eu besoin de faire ce genre de chose pour se taper une fille et les rendez-vous amoureux n’était pas son domaine. Cependant, avec elle c’était naturel et absolument pas envisageable autrement. L’auror ne se voyait clairement pas considérer la jeune femme comme un plan cul d’une nuit, tout simplement parce qu’il n’avait aucune envie de la voir sortir de sa vie. Les petites caresses le long du bras de Victory était ce qu’il y avait de plus sincère et son regard doux ne pouvait pas être plus honnête. Le film perdait infiniment en intérêt et Basile ne quittait plus des yeux la jeune femme. « Ou alors là vraie question serait de savoir pourquoi ti je t’invite ? » Une sorte de tension palpable s’installa à bord de la chevrolet impala.

Basile rentra dans son jeu et fit mine de croire son mensonge, ce qui ajoutait un argument supplémentaire à la liste des « pourquoi sortir avec Basile Flaversham » : il pouvait devenir l’homme le plus adorable du monde. « Exactement. » Il l’avait bien compris : Victory était tout sauf le genre de femme qui n’était pas prête à défendre son homme coûte que coûte. Même si cela passait par une certaine forme de possessivité qu’elle ne pouvait pas nier – elle avait toujours été mille fois plus partageuse avec son argent qu’avec les gens qu’elle aimait. L’anglaise savait que parfois il lui arrivait d’en faire trop et de temps à autre elle avait besoin de se raisonner un peu et de se dire que non, les gens qui l’entouraient ne l’abandonneraient pas à la seconde où quelqu’un d’autre entrerait dans la même pièce.

Sa remarque suivant la fit rire. Le féminisme était la cause la plus identifiable de toutes que l’on pouvait associer à la rentière. Elle qui faisait toujours tout comme un homme mais qui avait toujours été fière d’être une businesswoman aimait beaucoup jouer les indépendantes et les fortes têtes. Et pourtant le constat était le suivant : son cœur était sans doute sa plus grande faiblesse puisque c’était à chaque fois à cause de lui qu’elle se retrouvait aux pieds d’un homme. Espérons que cette fois-ci, il ait choisi le bon – ça semblait bien parti. La brune sourit donc de toutes ses dents, pas peu mécontente de ce compliment qui n’en était pas un et poussa le bouchon un peu plus loin. « Ecoute, tu sais ce qu’on dit : derrière chaque grand homme, il y a une femme. Ca m’inspire. » se moqua t-elle gentiment.

Toujours installée contre lui mais restée un peu plus accrochée au film que l’Auror – à moins que ce ne fut qu’une façade -, Victory l’écouta se tirer de sa petite question pas innocente avec brio. A l’époque où ils étaient deux adolescents débiles, elle l’aurait sans doute applaudi et l’aurait taxé de grand romantique, mais ce soir et depuis un moment, elle ne parvenait plus totalement à le charrier pour ça. « Disons que tu marques un point. » concéda la jeune femme, qui sentait de plus en plus le regard clair de son ami se faire insistant et s’attarder sur elle. Vic’ finit par enfin reporter son attention vers lui et le regarder, haussant un sourcil amusé. « Oh je sais pas moi … » La brune abandonna définitivement l’écran géant où l’image mouvante de James Bond apparaissait pour se tourner complètement vers l’Auror, le regard pétillant. « Peut-être que … » commença t-elle, faisant mine de réfléchir tout en approchant peu à peu son visage. « Tu voulais te faire pardonner de quelque chose ? » lâcha t-elle du bout des lèvres avec un sourire malicieux. Elle n’était plus qu’à une ridicule poignée de centimètres de lui quand elle joua les ingénues et conclut dans un murmure. « Non franchement je donne ma langue au chat. »

Le petit jeu de séduction de la brune l’amusait vraiment et il n’hésita pas un instant à rentrer dedans, se disant que c’était un peu le sens logique d’un premier rendez-vous amoureux -enfin, d’après ce qu’il avait entendu. Basile n’avait jamais vraiment eu de rendez-vous dans ce genre auparavant et ne savait pas vraiment ce qu’il devait ou ne devait pas faire, ainsi il se contenta simplement de se comporter de la manière qui lui semblait le plus naturel en compagnie de la brune. Lui porter de l’attention n’était pas si compliqué qu’il l’aurait imaginé, bien au contraire d’ailleurs. Finalement, Victory était peut-être exactement la fille dont il avait besoin. « Ouais, mais malheureusement, je ne vois pas de grand homme dans le coin. » Basile n’estimait définitivement pas à la hauteur de sa réputation et e voulait pas donner de faux espoirs à la brune, qui finira sûrement par fuir en voyant quel raté ce cachait derrière ses yeux verts.

La réponse de l’écossais semblait avoir fait son petit effet, ce qu’il se félicitait lui-même avec un sourire franchement satisfait. « Au moins un bon point dans la soirée, je peux avoir une carte comme à l’école primaire ? » Chose qu’il avait rarement ramené à la maison contrairement à son petit frère qui adorait s’en vanter devant leur tendre et défunte mère -époque à laquelle il évitait de penser d’ailleurs. Malgré tout ce qu’il pouvait dire ou faire, Basile n’avait définitivement pas fait le deuil du meurtre de sa mère et sans le savoir cela le rongeait doucement, chaque jour un peu plus. Heureusement, dans des moments comme ça, en compagnie de personnes réellement importante, il arrivait à penser à autre chose et à profiter de l’instant présent, ce qui lui faisait un bien fou.

Les yeux de la brune se posèrent sur lui quand il termina sa question, sans surprise cette dernière avait fait son petit effet et la brune en profitant pour jouer les mystérieuses et ingénues. La distance entre leurs visages devenait de plus en plus infime, tandis qu’il souriant sous les répliques digne d’un film romantique de la brune. « Ou alors, je tiens toujours mes promesses. » Un sourire, tandis qu’il se montrait sincère avec elle. Basile tenait toujours sa paroles, même quand cela ne l’arrangeait pas, comme la promesse qu’il avait fait à un certain asiatique. Cependant, cette fois, il était ravi de l’avoir tenue et sans prévenir, il embrassa la brune. Un baiser qui lui semblait infiniment naturelle et qui pour une fois, se faisait dans les règles de l’art.

La brune éclata d’un petit rire grave et fit un petit signe négatif de la tête, faussement sévère. « Pas d’image pour toi, Flaversham. » Loin de vouloir cependant réellement le punir comme l’enfant dissipé qu’il avait été, la jeune femme en avait mis de côté l’intrigue du film et les dialogues qui tournaient en fond sonore dans l’Impala. Ses yeux contemplaient chaque détail du visage de son ami avec attention et malice, sans qu’elle ne bouge d’un cil. Victory restait là, à lui face, l’écoutant parler des promesses qu’il finissait toujours par tenir – même celles qu’il n’avait jamais formulées mais qui ressemblaient plutôt aux volontés secrètes de l’anglaise depuis le jour où il lui avait juré qu’il leur laisserait une chance.

Et il l’embrassa enfin, il franchit le pas et fit cette chose que la businesswoman avait espéré depuis un petit moment mais qu’elle n’avait pas voulu initier à nouveau par peur de le brusquer. Elle avait seulement cherché à jouer et le reste s’était fait. Cette fois-ci il avait parcouru seul le chemin qu’il restait à franchir pour aller jusqu’à elle et la jeune femme n’avait sans doute jamais autant apprécié un premier baiser à un premier rendez-vous. Leurs lèvres se séparèrent quelques secondes, Victory en profitant pour glisser un « Tant pis pour le film. » qui la fit sourire avant qu’elle n’embrasse de nouveau l’Auror, fébrile et sincère.

Savoir qu’il l’acceptait la rendait transie de joie. Elle souriait comme elle lui avait rarement souri – c’était une nouvelle facette de Victory Willard que l’écossais allait découvrir. « Là tu mériterais au moins une cinquantaine de bons points. » plaisanta t-elle à peine. Elle n’avait rien envie de dire de plus, ne voulait pas se perdre dans des paroles qui avaient tellement moins de sens et d’impact que tous les gestes et les regards qu’elle voulait lui accorder. Aucune phrase n’avait vraiment sa place dans cet instant d’intimité où elle savourait chaque seconde. Victory pouvait le confirmer sans crainte ; elle était heureuse, enfin prête à vivre ce début d’histoire et à faire partie de la vie de Basile pour de bon.

Ce baiser avait une saveur de nouveauté et sous-entendait beaucoup de changement, mais il fallait bien grandir un jour et assumer d’avoir envie d’une vraie relation. Sa certitude que cela ne pouvait être quand compagnie de la brune grandissait et pour une étrange raison il se demandait s’ils avaient vraiment été amis ou éternellement attirés l’un vers l’autre comme deux aimants. Soudainement, c’était comme si tout dans sa vie l’avait indirectement mené à elle et qu’il se trouvait exactement là où il devait être. L’auror n’était pas vraiment le genre de personne à croire au destin, mais cette fois il se plaisait à se dire que tout cela était réelle et fait pour une vraie raison.

Heureusement, le baiser semblait avoir satisfait la brune qui s’empressa de se tourner vers lui avec cet air diaboliquement attirant. « Ouais, tant pis pour le film. » Puis ce n’était pas comme si c’était la centième fois qu’il le voyait et qu’il connaissait presque toutes les répliques qui passait en fond sonore. De plus, les lèvres de la brune sur les siennes étaient une attraction bien suffisante pour lui. Il lui caressa doucement la joue, avant de l’embrasser à nouveau, plus langoureusement encore. « Cinquante points, c’est tout ? » Un rapide sourire, avant de poser ses mains dans le bas du dos de la brune la collant un peu plus à lui. Basile était prêt à commencer quelque chose avec elle, même s’il savait que cela ne sera certainement pas simple tous les jours. Ses mains se glissèrent doucement sous le chemiser de la jeune femme, une nouvelle partie pouvait commencer.