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 Guts over fear | Joy


Victory E. Willard
Victory E. Willard


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MessageSujet: Guts over fear | Joy   Guts over fear | Joy Icon_minitimeDim 12 Juil - 14:12

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Elle n’avait rien à faire ici, pensait-elle tandis qu’elle garait néanmoins sa voiture en bas de l’immeuble. Et si Basile l’apprenait, il allait au mieux se moquer d’elle, au pire la considérer comme une tarée qui frôlait le harcèlement. Vic’ ne pouvait pas s’empêcher de se trouver tantôt ridicule tantôt compréhensible alors qu’elle sortait du véhicule, verrouillait celui-ci et pénétrait dans le hall d’entrée du building où vivait normalement l’auror Flaversham, porté disparu depuis bien assez longtemps pour inquiéter son amie.
 
Le silence de Jessie, tout comme le sien, l’avait inquiétée et elle avait eu toutes les cartes en main pour faire le lien véritable entre ces deux disparitions brusques. L'annonce de Basile au sujet de son ex-meilleur ami avait eu raison des deux sorciers. Mais tout ce qui comptait à cette heure, c’était que Basile lui avait envoyé une lettre – une seule – depuis leur rendez-vous au zoo et que depuis, ce crétin était aux abonnés absents. Et elle, elle se faisait un sang d’encre. Tout en grimpant les escaliers, Victory se demanda si elle ne risquait pas plus de s’attirer des ennuis que de savoir ce qu’il advenait de l’ex-Gryffondor avec cette idée improbable d’aller le voir chez lui. Arrivée devant sa porte, pourtant, la demoiselle avait déjà laissé derrière elle les remords et toquait sans qu’aucune réponse ne lui parvienne. Cinq minutes plus tard, elle actionnait doucement la poignée … qui ne lui offrit aucune résistance tandis que le pan de bois dévoilait l’intérieur de l’appartement.
 
Non ce n’était pas normal, se disait-elle en poussant lentement du bout de sa baguette fraîchement dégainée la porte de l’appartement. Victory n’aimait pas cette sensation qui courrait sur sa peau, lui dressant le poil et faisant frémir son échine. Pénétrer dans le domicile de Basile – plus ou moins par effraction et dans une certaine pénombre - lui fit prendre conscience au moins d’une chose : au premier coup d’œil, elle constata qu’il n’y avait pas vécu depuis un certain temps – et que par conséquent, la situation était encore plus suspecte que prévu. Elle redoubla d’attention, traversant le salon baigné dans l’obscurité où la poussière commençait à s’être installée sur certaines étagères, se sentant comme une espionne ou une chapardeuse ; dans tous les cas, une indésirable.
 
Quelle idée d’avoir voulu passer par chez lui à une heure pareille, se maudit Victory. Ca lui foutait encore plus les jetons, cette ambiance de début de nuit silencieuse où rien ne – une minute. Une lueur filtrait de la porte menant à la salle de bains. Coupant sa respiration et tendant l’oreille, la brune perçut comme le grincement métallique d’un frottement répété. Est-ce qu’un psychopathe ou un voleur se planquait dans la baignoire en l’ayant entendue entrer ? Une seule façon de le savoir, songea la rentière qui n’écouta que son stupide courage et envoya un violent coup de pied dans la porte en surgissant tel un diable hors de sa boîte, baguette pointée et menaces en bandoulière.
 
« ON BOUGE PLUS ! » beugla t-elle avant de réaliser qui était en réalité en train de siéger dans la salle d’eau de l’appartement. « Joy ?! » La surprise fut complète, mais de courte durée alors que Vic’ fut irrémédiablement attirée par ce à quoi elle s’était attelée – son regard tomba sur une éponge, un seau d’eau, et puis la baignoire. « Où est Basile, qu’est-ce que tu – » Ses mots s’évanouirent dans sa gorge alors que les sillons rougeâtres imprimés dans l’émail immaculé de la baignoire l’interpellèrent soudainement. Du sang. Du sang qui avait coulé comme autant de larges rivières culminant toutes en un point central, un lac que l’on devinait encore par la large tâche rosâtre. Si elle avait été précédemment soulagée d’avoir affaire à une ancienne amie de Poudlard et pas à un tueur sanguinaire, la donne venait brusquement de s’inverser. « C’est toi qui as fait ça ? A qui est le sang ? » Sa voix trembla sans qu’elle ne puisse le contrôler, sa main se resserrant alors tout à coup sur sa baguette.

Qu’est-ce que Joy Jackson-Powell avait pu faire qui justifiait qu’elle nettoie une baignoire tâchée de liquide vital à une heure pareille chez son meilleur ami ?
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Joy C. Jackson-Powell
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MessageSujet: Re: Guts over fear | Joy   Guts over fear | Joy Icon_minitimeDim 19 Juil - 17:19

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« ON BOUGE PLUS ! Joy ?! »

Trois années d'entraînement intense auxquelles avait succédé une routine animée par une pluie de cadavres atrocement défigurés, d'enquêtes ardues et de criminels immoraux. Puis la prison. Une éternité plus tard, elle avait été libérée. Un quotidien d'une banalité épuisante mais pourtant bienvenue l'avait rattrapé. Alors elle avait eu la naïveté de croire que plus rien désormais ne pouvait la surprendre. Elle était maintenant forcée de reconnaître qu'elle s'était trompée. Malgré tous ses efforts pour demeurer imperturbable, le cri déclencha chez elle un sentiment de panique allié à la soudaine envie de disparaître dans un autre pays. En relevant la tête, elle n'eut aucun mal à reconnaître la silhouette familière de Vic braquant sa baguette sur elle. Non, pensa-t-elle avec une violence incongrue, comme si elle avait besoin d'être convaincue. Victory. Je ne suis pas sûre que nous soyons encore amies. Avec le temps, trop de distance s'est imposée entre nous. Elle ne m'aurait pas traitée comme une criminelle autrefois.

« Où est Basile, qu’est-ce que tu – commença-t-elle d'une voix où la stupéfaction se faisait clairement entendre, menaçant même de céder la place à un soupçon d'affolement. » Elle s'interrompit brutalement et Joy, mue par un réflexe idiot, n'osa pas émettre le moindre son alors que son regard échouait sur la baignoire. Malgré l'absurdité de la situation, elle fut amusée de constater que la réaction de Victory était étonnamment semblable à la sienne lorsqu'elle avait découvert l'étendue des dégâts, et encore… Avant son arrivée impromptue, elle avait déployé une montagne d'efforts afin de nettoyer la pièce et elle commençait à ressentir les prémices d'un découragement colossal. Il restait encore du sang séché au fond de la baignoire, des formes abstraites qui ne cessaient de rappeler impitoyablement à la jeune femme que Jessie avait été allongé là, les poignets taillés et l'esprit torturé. Elle peinait à mettre du cœur à l'ouvrage dans ces conditions et cela expliquait sans doute pourquoi elle était encore présente sur les lieux alors que la fatigue la submergeait comme une vague irrésistible.

« C’est toi qui as fait ça ? A qui est le sang ? s'exclama soudain Victory d'un ton tremblant qui fit hausser un sourcil indigné à Joy. » Elle était en train de l'accuser. Victory, son ancienne amie, était en train de l'accuser. Affichant une mine blessée, Joy s'empara de l'éponge humide et la jeta au visage de l'autre femme. Elle parut étrangement satisfaite mais son rictus narquois ne tarda pas à être remplacé par une grimace amère. De l'eau coula entre ses doigts, adoptant une teinte rosâtre au contact du sang imprégnant ses mains. Elle s'essuya distraitement sur son jean déjà couvert de larges tâches sombres. Heureusement, elle avait prévu des affaires de rechange.

« Non, asséna-t-elle d'une voix forte. Je suis même surprise de constater que tu aies pu envisager cette idée ne serait-ce qu'une seule seconde. Basile est mon meilleur ami. » Elle lui tourna le dos, choisissant délibérément d'ignorer sa baguette brandie comme la plus sûre des menaces. Elle jeta un coup d’œil abattu au sang, avant de s'emparer du seau d'eau savonneuse et de vider son contenu d'un geste brutal. Un sourire moqueur étira ses lèvres lorsque des gouttelettes aspergèrent Victory et sa tenue impeccable. Elle se souvenait d'une époque où la jeune femme se souciait moins de son allure.

« C'est le sang de Jessie, avoua-t-elle finalement en ramassant l'éponge tombée au sol, davantage poussée par sa franchise maladive que par l'envie de calmer les inquiétudes de Victory. Il a essayé de se suicider et je ne suis pas sûre que Basile résiste à la vue de… De tout ça. » Elle désigna d'un geste large la pièce. Plus loin, une large bâche couvrait tout une partie du mur. Cynique, elle ajouta : « Jessie a toujours eu le sens du spectacle. Il a écrit une espèce de message codé avec son propre sang. J'aurais dû venir plus tôt, c'est presque impossible à effacer maintenant et je refuse d'utiliser ma baguette. Si je suis contrôlée par les Aurors et qu'il découvre que j'ai utilisé plusieurs sorts pour effacer une grande surface de sang... » Elle laissa échapper un ricanement amer. « Là, j'aurais vraiment des ennuis. »

Elle jeta un regard perçant à Victory : « C'est bon, tu es satisfaite ? Maintenant, si tu n'as rien de mieux à faire, va chercher une éponge dans la cuisine et viens m'aider. Sinon, je suis bonne pour revenir ici demain soir. » C'était une étrange requête à formuler alors qu'elle avait les bras plongés jusqu'au coude dans l'eau savonneuse et qu'elle frottait avec une énergie renouvelée le marbre qui peinait à retrouver son éclat d'origine.
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Victory E. Willard
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MessageSujet: Re: Guts over fear | Joy   Guts over fear | Joy Icon_minitimeDim 19 Juil - 18:05

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Retrouver une ancienne amie avec qui elle n’avait jamais réglé ses comptes n’était pas forcément la chose à laquelle s’était préparée Victory. Elle aurait préféré tomber sur Basile complètement soûl ou sur n’importe quel autre spectacle compliqué à gérer que ça. Le regard de la brune qui la dévisage, empreint de déception et de jugement. Elle se pose non pas d’office en victime mais en tant qu’accusée à tort, et la rentière repousse derechef ce simulacre de reproche avec une franchise frappante. « C’est ce que tout le monde aurait pensé en voyant n’importe qui à ta place et une baignoire pleine de sang, Joy. » Qu’elle puisse elle-même imaginer l’ex-Poufsouffle juger tout le monde aussi facilement ne l’enchantait guère. Mais après tout, chacune avait eu mûrement le temps de s’enfermer dans ses habitudes et ses façons de pensée préconçues. Vic avait décidé de vivre comme une fille de riche que sa version adolescente aurait réussi à critiquer d’une façon ou d’une autre ; Joy traînait derrière elle un passé de taularde qu’on ne lui aurait jamais prédit, pas même pour plaisanter à l’époque de Poudlard.

L’anglaise aurait souhaité faire taire la jeune femme qui parlait sans même se soucier de ce qu’elle était en train de raconter crûment, sans fioritures ni détours. Un bloc de béton venait de s’abattre contre ses poumons, la prenant dans un étau sordide qui la fit tout à coup se sentir nauséeuse et interdite. Vic n’en croyait pas un traître mot et pourtant les sillons rouges dansaient sous ses yeux, les narguaient, presque indélébiles. « Il a … essayé ? » Complètement et soudainement abattue, la brune se laissa tomber sur le siège rabattu des toilettes, passant du coq à l’âne émotionnel en une fraction de seconde. Sans le savoir, l’ex-Auror venait de lui envoyer peu ou prou un coup de poing en pleine figure – et elle n’avait d’autre choix que de l’encaisser. Si Victory ne pouvait lui reprocher son franc-parler sans doute du au fait qu’elle avait toujours été ainsi, Joy aurait pu certainement vite comprendre que la businesswoman n’était pas au courant de tout ceci. « C’est arrivé quand ? » La voix blanche et le regard vide, la Willard n’était pas de ceux qui laissaient leur émotivité les dépasser trop vite, mas de là à masquer son bouleversement, il y avait une étape qu’elle n’arrivait pas à franchir.

Elle n’écoutait même plus Joy lui relater la logique de ses faits et gestes, le fait qu’use rde magie les aurait mises dans le pétrin et qu’elle avait besoin d’aide. Jessie était après tout un de ses meilleurs amis depuis des années. Qu’il fut Mangemort, qu’il ait fait des erreurs – de regrettables, stupides, incommensurables erreurs -, c’était des faits. Des faits qu’elle avait intégré, qu’elle avait eu le temps de ressasser et de digérer. Elle ne le comprenait pas, elle n’essayait même pas de lui trouver une excuse. Mais qu’il ait tenté d’arrêter tout à ce point, qu’il ait cherché à couper court à son existence, cela la touchait en plein cœur et la secouait jusque dans ses tripes. Ce qui expliqua la réaction soudainement abrupte et agressive que la millionnaire eut lorsque Jackson-Powell osa lui demander si elle était satisfaite. « Tu te fous de ma gueule ? Tu oses me demander ça après c’que tu viens de m’annoncer ? » La brune se releva subitement, poussa un profond soupir et eut un geste de la main qui semblait repousser sa propre colère rentrée. « Laisse tomber. Je n’ai pas envie de m’engueuler avec toi. Lavons ça. » Partagée entre résignation et brusque fatigue, la jeune femme tourna les talons pour aller à la cuisiner dénicher l’éponge évoquée et revint quelques secondes plus tard. « Ca me répugne. » Murmure qui ne concernait qu’elle.

Elle s’installa à l’autre extrémité de la baignoire, posant la bouteille plastique remplie d’un liquide qui sentait affreusement fort le citron synthétique qu’elle dévissa et aspergea son éponge du produit nettoyant sans se poser de question. « J’ai pris du détergent qui traînait dans un placard. On verra. » Expliquer ses gestes avait l’effet de l’apaiser, de rationaliser l’irréel, de ne pas la faire totalement perdre les pédales. Victory se mit à récurer le fond de la baignoire, les yeux obstinément rivés vers l’émail rosé – et certainement pas dans la direction de sa camarade d’infortune. Après un temps infiniment long, elle brisa enfin le silence, mais pas forcément avec la question la plus cordiale quin fut. « Comment tu sais ce qui s’est passé ici ? »
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Joy C. Jackson-Powell
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MessageSujet: Re: Guts over fear | Joy   Guts over fear | Joy Icon_minitimeVen 24 Juil - 18:18

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Victory se laissa tomber sur le siège rabattu des toilettes. Joy la contempla un moment en silence, pensive. Elle avait toujours été dotée d'une franchise exaspérante. Elle se remémorait confusément que c'était quelque chose qu'on lui pardonnait facilement à l'époque où ses traits ne trahissaient pas encore ses conflits intérieurs. En relevant les yeux, elle réalisa que ce défaut s'était peut-être mué en une arme susceptible de désarçonner la riche héritière. Malgré elle, malgré tous ses efforts pour demeurer impassible, son cœur se serra en voyant à quel point ses paroles avaient affecté Victory. Son regard vide, sa voix désincarnée, autant d'indices qui laissaient percevoir son trouble. Si l'attitude soupçonneuse de la jeune femme l'avait blessé, cela ne lui donnait pourtant pas le droit de lui asséner la dure vérité sans même la préparer. Jessie avait tenté de se suicider et elle connaissait les liens qui unissaient ces deux-là. Elle avait sans doute connue Jessie mais il n'avait jamais été que l'autre meilleur ami de Jessie, un pauvre gars honnête dont elle n'avait peut-être jamais compris la façon de penser mais qu'elle tolérait, au moins par respect pour l'Auror. Soudain honteuse, elle baissa la tête.
Qu'est-ce que t'as foutu, Jessie ? Pourquoi t'as déconné à ce point ? Qu'est-ce qu'on n'a pas vu et qui t'a fait partir en vrille ?
Elle n'aurait sans doute jamais la réponse à ces questions. Basile n'aurait sans doute jamais la paix et elle venait de briser les dernières illusions de Victory. C'était saisissant, de voir qu'un seul être pouvait tout chambouler, rien que par son absence.

Elle prit une profonde inspiration, s'apprêtant à formuler des excuses qu'elle jugeait dignes d'être écoutées mais la brusque explosion de colère, que Joy savait légitime, la coupa dans son élan. Elle tressaillit. Elle aurait mille fois préféré se foutre de sa gueule et se montrer rude était sa propre manière d'encaisser la violence de l'évènement mais elle n'espérait pas que Victory comprenne. Basile aurait compris. Ou alors il aurait pu au moins essayer de comprendre. Lorsqu'autrefois, ils faisaient face à un nouveau cadavre toutes les semaines, c'était en blaguant qu'ils tenaient le coup. Ils faisaient des suppositions grotesques. Se moquaient de la mort pour mieux oublier son influence pesante. C'était quelque chose de normal. Ils ne pouvaient pas lutter alors ils la provoquaient.
Rien que le fait qu'elle ne condamne pas cette attitude prouvait qu'elle avait sans doute plus changé qu'elle ne pouvait elle-même l'imaginer.

« Ouais, pardon. J'aurais pas dû t'en parler comme ça. Je suis un peu sur les nerfs en ce moment même si c'est pas vraiment une excuse. » Elle frotta encore plus vigoureusement la surface tâchée, comme pour évacuer sa frustration. Depuis combien de temps ne s'étaient-elles pas parlés ? Trop longtemps, aurait-elle fait remarquer autrefois, avant de se réjouir de la retrouver. Mais la femme qu'elle était devenue ne pouvait que se montrer sceptique, presque méfiante. « Ça commence à dater maintenant, poursuivit-elle, l'air spontané, bien que cela ne soit qu'une fragile façade. J'ai mis un bout de temps avant de me décider à venir. » La confidence avait été prononcé d'un ton qui n'attendait pas la moindre sollicitude.

Une forte odeur de citron la déconcentra un court moment et elle contempla rêveusement Victory en train d'asperger son éponge de détergent. L'entendre décrire ses gestes lui arracha un sourire. Elle n'osa pas lui dire que c'était précisément le genre de réactions que pouvait avoir un Auror stagiaire, et qu'elle avait elle-même eu la première fois que Nikolaï l'avait emmené sur une scène de crime. Ses yeux s'assombrirent. Personne ne devrait jamais avoir à s'habituer à ça. « Bonne idée, parvint-elle à articuler d'une voix rauque avant de se mettre à frotter encore plus vigoureusement la baignoire. » Enfin elle laissa le silence noyer tous les non-dits entre elles et Joy songea qu'elle pouvait s'accommoder à cette ambiance étrange, où elles toléraient chacune la présence de l'autre sans rien dire. Mais Victory paraissait déterminée à obenir des explications.

Elle laissa échapper un soupir hésitant et mit un temps infiniment long à se décider si elle devait répondre ou non. Il s'agissait de Basile, après tout. Elle se rappela de son visage abattu le soir où il avait débarqué chez elle, effondré, rendu fou de chagrin par le geste fatal de son meilleur ami qui, allié à la découverte de ses véritables affiliations politiques, avait achevé de détruire tout ce en quoi il croyait.

« Je peux pas te le dire, murmura-t-elle enfin. Ce serait manquer de respect. » C'était une manière intelligente de faire comprendre à Victory que Basile le lui avait raconté. Qui d'autre, après tout ? Elle lui avait pratiquement avoué être venu ici pour tout nettoyer à la place de son meilleur ami car cela pourrait lui rappeler de mauvais souvenirs. Or Basile était le seul à avoir pu assister à la scène. Si la jeune femme était au moins aussi intelligente qu'elle l'espérait, elle saisirait le sens caché de son message.

Elle essora son éponge dans le seau qui traînait près d'elle. « Et toi ? demanda-t-elle sans la regarder. Je doute que Basile t'ait invité ici. »
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MessageSujet: Re: Guts over fear | Joy   Guts over fear | Joy Icon_minitimeLun 27 Juil - 22:24

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La réponse de la brune fut à la fois si sybilline et si évidente que la rentière se demanda pourquoi elle avait osé poser une question si rhétorique. Il n’y avait pas trente six solutions pour deviner pourquoi – et par qui – elle était au courant de tout ça. « Je vois. » Pas besoin d’avoir fait les grandes écoles pour comprendre que si elle savait ce qui s’était passé ici, c’était parce que le propriétaire des lieux lui en avait parlé. Basile avait donc été honnête envers l’une et pas l’autre. Un choix qu’elle aurait du ne pas juer ni chercher à critiquer, mais qui lui faisait plus mal qu’elle ne l’aurait cru. Malgré elle, un pincement douloureux lui serra le cœur et elle ressentit la brûlure âcre de la jalousie lui tenailler les entrailles. Elle s’en voulait de ne pas pouvoir réprimer cette pensée narquoise qui lui rappelait que Joy était et serait toujours la meilleure amie de Basile, celle qui savait tout de lui. Elle ? Sa place était autre, différente. Elle n’avait pas de réelle définition et c’était sans doute mieux ainsi – Victory prenait parfois peur en pensant à ce qu’elle aurait pu découvrir au sujet de ses sentiments personnels. Y songer lui donnait presque envie de se moquer d’elle et de ses réactions puériles. Elle ne pouvait pas reprocher à l’ancienne Auror d’être proche de Flaversham. Joy, contrairement à elle, ne l’avait pas laissé quitter sa vie pendant plusieurs années consciemment. Et c’était sans doute cet argument qui l’emporta sur tout le reste, faisant taire l’instinct possessif qui lui démangeait les lèvres.

Victory ne faisait aucun commentaire et s’évertuait à frotter les tâches rougeâtres avec son éponge imbibée d’eau et de produit nettoyant, la mâchoire serrée, le visage crispé dans un effort qui avait au moins le bénéfice de ne pas la faire vomir dans la baignoire. Imaginer un Jessie au bord d l’agonie, les veines ouvertes et le désespoir comme dernier compagnon avant la mort l’aurait rendue malade.

Si les excuses et le radoucissement léger de son ex-amie de Poudlard lui avaient au moins permis de descendre de ses grands chevaux, l’anglaise s’était presque si bien accommodée au silence gênant qui flottait entre elles que lorsque Jackson-Powell reprit la parole, la plus jeune des deux sursauta légèrement. Elle réprima l’envie de s’énerver à nouveau sur Joy – décidément, la videuse parvenait bien trop facilement à mettre ses nerfs à vif – mais ne put complètement jouer le jeu de la neutralité indifférente. Elle répondit, un brin sur la défensive. « J’ai pas besoin d’être invitée pour venir ici si j’ai envie. » Comme si elle avait besoin de prouver qu’elle aussi, elle pouvait compter pour l’écossais. Abrutie, lui rétorqua son subconscient. Joy était Joy, brut de décoffrage, franche et entière. Des années de silence et de reproches muets avaient simplement rendu chacune de ses phrases à moitié accusatrice, mais ça ne donnait pas le droit à Victory d’être constamment agressive. Elle souffla un peu, faisant une pause dans sa tâche ménagère avant de se confier un peu plus soncèrement – et aussi plus gravement. « A vrai dire je m’inquiétais. » Le dire rendait la chose encore plus bizarre. Il lui avait fallu plusieurs jours pour s’habituer à l’idée qu’elle pouvait réellement se faire du souci pour un adulte comme Basile – il était bien assez fort physiquement pour qu’elle n’ait pas à se ronger les sangs. Physiquement, oui. « Je sais qu’il a beaucoup de boulot en ce moment au Ministère mais je pensais tomber sur lui au moins à son appart’ … C’est à croire qu’il n’y vit même plus quand on voit tout ça. » Le décorum le lui avait chuchoté : Basile ne devait pas souvent voir la couleur de son papier peint s’il avait le temps de rentrer chez lui. Une attitude qui ne ressemblait pas au presque trentenaire, mais quand elle entendait sa meilleure amie parler de lui indirectement, elle avait l’impression qu’une partie de lui lui avait été épargnée, cachée.

La brune regarda sa consoeur quelques secondes avant d’achever, légèrement coupable – mais n’assumant pas moins ses actes. « Joy, désolée si je t’ai vexé tout à l’heure. C’était pas mon intention, même si tu t’en fous peut-être. » Un trop bref sourire, et elle essore l’éponge, déversant une pluie rosâtre dans le seau d’eau sale.
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MessageSujet: Re: Guts over fear | Joy   Guts over fear | Joy Icon_minitimeVen 11 Sep - 15:42

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« Je vois, dit Victory. » Très simplement, mieux que ça même, très dignement, elle avait accepté son silence. Joy lui dédia un bref regard où luisait une étincelle de reconnaissance. Elle avait craint un instant que la milliardaire ne brandisse son amitié avec Basile comme un gage de bonne foi, la poussant dans ses ultimes retranchements. Patiente, Joy savait qu'elle pouvait l'être ; il avait fallu, après tout, qu'elle le devienne après sa sortie de prison. Les jugements rapides et les remarques indésirables étaient une véritable plaie qu'elle avait appris à panser grâce à une obstination sans faille. Elle avait simplement peur de ne pas pouvoir faire preuve d'un entêtement semblable alors que le sang d'un autre tâchait ses habits et qu'elle foulait de ses pas pressés le même sol sur lequel Basile avait étendu Jessie après l'avoir extirpé de la baignoire écarlate. Sans oublier la présence inattendue de Victory qui jouait avec ses nerfs comme les doigts d'un pianiste fou sur un clavier prêt à tomber en poussière. Un instant, elles paraissaient prêtes à s'accuser mutuellement des pires maux de la tête et la seconde suivante, c'était comme si tout était redevenu comme avant. Joy ignorait ce qu'elle préférait.

Entendre Victory asséner d'un ton un peu trop sec pour réussir à dissimuler tout à fait son amertume qu'elle pouvait très bien se passer d'une invitation arracha un sourire amusé à l'ancienne taularde. Rien que le timbre de sa voix était comme un drapeau rouge, signalant à tous les horizons que Miss Willard ressentait quelque chose pour Mr Flaversham. Quoi exactement, Joy se sentait parfaitement capable de vivre en paix tout en l'ignorant. Ses soupçons ne tardèrent pas à être confirmés lorsque son interlocutrice ajouta d'un ton subtilement plus grave, chargé d'angoisse : « A vrai dire je m’inquiétais. » Ne pouvant être plus d'accord, la jeune femme hocha la tête. Actuellement, c'était comme si Basile s'amusait à leur donner à toutes les deux mille raisons de s'inquiéter. Elle lui en voulait pour cela et le sentiment d'exclusion qu'elle s'acharnait à refouler depuis qu'on l'avait éjecté des rangs du ministre la torturait insidieusement. Elle aurait aimé pouvoir prétendre qu'elle s'en fichait mais la vérité était infiniment plus complexe que cela, malheureusement. « Il n'a plus de coéquipier pour veiller sur lui, ne put-elle s'empêcher de lâcher d'un ton amer. » Plus de coéquipière pour protéger ses arrières lorsqu'il regardait ailleurs.

Elle l'écouta déblatérer à propos de l'appartement de son propriétaire sans l'entendre, trop occupée qu'elle était à frotter, à récurer avec une force désespérée. Cependant, ses excuses se frayèrent un chemin jusqu'à son esprit et après un moment de surprise, Joy lui accorda une grimace, esquisse de sourire gêné, en guise de réponse. « Pas de souci. Je comprends. C'est normal. »

Soudain, elle saisit la véritable portée des mots qu'avaient prononcé un peu plus tôt Victory. « Basile, au ministère ? Mais il est en vac — » Le prononcer à voix haute lui fit instantanément réaliser la nature du mensonge qu'on lui avait donné à avaler, et qu'elle avait accepté sans broncher. Oh putain le con. Bien sûr, elle aurait dû s'en douter. Basile ne prenait jamais de vacances. Ahurie, elle fixa Victory en silence, incapable de formuler la moindre explication alors que les rouages de son esprit se mettaient à tourner à toute vitesse. « Il m'a dit qu'il avait besoin de vacances, ce qui ne lui ressemble pas du tout, évidemment, mais après ce qu'il venait de se passer avec Jessie, je ne me suis pas posée plus de questions..., fit-elle comme pour se remémorer les indices d'une quête, espérant que les exorciser les ferait parvenir plus rapidement à une conclusion — et aussi un peu pour que Victory en profite. » Elle se mordit les lèvres dans un geste de couleur spontané. J'aurais dû pourtant. Dans quoi est-ce qu'il s'est encore fourré ? Dans quelle montagne de merde phénoménale s'est-il encore fourré ? à moins que...

« Cela n'a aucun sens, énonça-t-elle d'un ton distrait en guise de conclusion. » Un coup d'œil étonné en direction de la silhouette de la milliardaire et avant même qu'elle n'ait pu analyser le sens de sa déclaration, elle la balança impitoyablement : « Il a toujours été nul pour larguer ses copines mais jamais à ce point. » Réalisant ce qu'elle venait de dire, ses joues se mirent à rougir et elle balbutia, spectacle peu coutumier chez elle : « Je veux dire, c'est Basile. C'est une option à envisager. » Elle laissa échapper un rire nerveux qui se mua en un gémissement alors qu'elle posait son front contre le rebord glacé de la baignoire, évitant prudemment le regard de Victory. « C'était débile, pardon, marmonna-t-elle sans relever le visage. Il y a forcément une autre explication... »
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MessageSujet: Re: Guts over fear | Joy   Guts over fear | Joy Icon_minitimeDim 27 Sep - 18:16

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Victory ne connaissait guère tout des tenants et aboutissants qui avaient pu impacter Basile lors de l’affaire Jackson-Powells. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était se baser sur les suppositions que son esprit lui suggérait – et la deduction, simple mais efficace, que l’Auror avait du souffrir de l’incarcération de sa meilleure amie. Privé d’elle dans le professionnel comme dans l’affectif, il avait sans doute du mettre un certain temps avant de refaire surface. Peut-être même qu’aujourd’hui encore, il devait être hanté par une envie lointaine de vengeance ou de justice. Plutôt de justice, oui. C’était tout à fait son genre. « Et visiblement on est nulles pour veiller sur lui. » commenta la brune avec une distance plutôt drôle. Elles faisaient un piètre entourage pour en être rendues à effacer le sang d’une baignoire d’un appartement qui n’était même pas le leur. Le genre de choses qu’on ne s’imagine jamais faire, même dans ses cauchemars les plus tordus.

Alors qu’elles commençaient lentement à voir le bout de leur corvée, la plus âgée des deux femmes sembla tiquer et acheva de metre la puce à l’oreille à son interlocutrice, qui fronça les sourcils. « Des vacances ? Il t’a dit qu’il prenait des vacances ? » Elle laissa tomber l’éponge par terre avant de secouer lentement la tête, le regard rivé vers le sol. Il était évident à présent que Basile avait cherché à leur faire gober un mensonge médiocre pour cacher quelque chose. Elle ne comprenait pas à quoi jouait l’Auror. Pourquoi aller dire une version de l’histoire à l’une et un mensonge à l’autre ? Pourquoi jouer sur deux tableaux, quel était l’intérêt, le but ? Victory avait soudainement envie d’envoyer furieusement bouler tout ce qui pouvait les entourer – cette foutue baignoire à la con, le Ministère, les racontars sans queue ni tête de Basile, et peut-être Basile lui-même s’il s’était trouvé avec elles dans cette salle de bains. « A quoi il joue ? » Excellente question à laquelle le seul qui détenait la réponse jouait au mort depuis trop longtemps.

La brune avait totalement mis de côté leur mission nettoyage et elle commençait maintenant de plus en plus à s’inquiéter. La tête inondée par un flot continu de questions et de théories fumeuses, Victory avait du mal à le croire mais elle sentait une intuition douloureuse et mauvaise au sujet de Flaversham, un ressentiment qui nourrissait une angoisse intérieure secrète – celle de ne finalement pas tout savoir, de ne plus être assez importante pour ça. « C’est clair … »

« Attends, je t’arrête tout de suite. On est pas ensemble lui et moi. » Tout à coup c’était comme si elles étaient revenues dix ans en arrière, obligée de justifier que leur amitié n’était bel et bien que platonique et qu’il n’y avait bien sûr rien d’autre qu’une sincère complicité. Même si Victory n’avait pas pu feindre le léger pic au cœur qui l’avait touché sous le coup des mots maladroits de l’ex-taularde. « Laisse tomber Joy, on s’en fout. » Ce n’était pas le moment de rapporter ça à elle, d’ailleurs elles régleraient leur malaise plus tard : il y avait bien plus urgent à cette heure-ci. « L’autre explication c’est qu’il nous cache quelque chose, à moi comme à toi. » Elle n’eut besoin que de quelques secondes de silence avant d’ajouter, plus sûre d’elle et aussi beaucoup plus grave. « Et ça doit sans doute avoir un rapport avec son boulot, vu qu’il n’y a que ça dans sa vie. » murmura t-elle, la mâchoire bloquée dans une expression de crispation tendue. La couleuvre était difficile à avaler : Basile leur avait menti, délibérément menti. Et maintenant, elles allaient devoir se débrouiller à deux pour démêler le vrai du faux.
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Joy C. Jackson-Powell
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MessageSujet: Re: Guts over fear | Joy   Guts over fear | Joy Icon_minitimeMer 30 Déc - 14:44

I'm the girl nobody knows until she commits murder
Joy leva des yeux étonnés vers Victory lorsqu'elle s'exclama d'un ton indigné : « à quoi il joue ? » Elle avait insufflé une certaine distance à son ton et cela lui paraissait si éloigné de la jeune femme qu'il lui fallut un moment pour réaliser que les circonstances, après tout, s'y prêtaient. Elle laissa échapper un soupir résigné avant de secouer la tête, tachant de faire en sorte qu'une poignée de mèches brunes rebelles trouvent refuge derrière son oreille. Veiller sur Basile, avait-elle dit… L'idée était saugrenue ; c'était comme tenter de prévoir la trajectoire d'un ouragan apparemment inoffensif et réaliser ensuite qu'il s'était précipité sans raison sur un axe principal en semant derrière lui des dégats irréparables. Elle essora son éponge au-dessus du seau, ses pensées cogitant furieusement. Jusqu'au dernier moment, vous pensiez avoir la situation sous contrôle et puis finalement, vous vous rendiez compte que votre meilleur ami – compagnon d'armes, frère de cœur – vous avez menti. Pire encore, qu'il s'était fourré dans un pétrin incommensurable dont la baignoire tâchée de sang n'était que le reflet déformé.

Elle hésita un bref instant à rappeler Victory à l'ordre, voyant que les récentes révélations l'avaient totalement et, d'une certaine façon, légitimement détournées de leur tâche initiale. Elle s'apprêtait à aboyer une réplique probablement peu conciliante lorsque Victory l'arrêta d'une voix sèche. Malgré elle, malgré tous ses efforts pour réfréner son incrédulité, elle ne put s'empêcher de lever un sourcil inquisiteur en entendant Victory nier la nature de leur relation. Elle aurait cru, pourtant… Elle jugea préférable de laisser tomber. Cela ne regardait qu'eux, après tout, d'autant plus que Victory elle-même l'invita à changer de sujet. Elle tâcha de frotter avec plus de vigueur la surface brillante de la baignoire mais son esprit était ailleurs, cherchant à percer les motivations réelles de Basile. Ça, chercher, fouiner, cogiter, c'était quelque chose qu'elle connaissait, une habitude héritée de son ancien boulot. Elle songea une seconde que cela n'aurait pas dû être aussi facile, et qu'elle n'aurait pas dû se sentir aussi nostalgique, mais elle chassa ce sentiment aussi vite qu'il était arrivé.

« Ou peut-être plus que ça, dit-elle distraitement. Peut-être que c'est plus que son boulot. » Plus que nous. Elle serra les dents, la pensée était presque aussi douloureuse qu'un sortilège de magie noire. « Mais je compte bien le découvrir. » Son visage s'était figé en une expression déterminée, les poings serrés sur son chiffon. Elle le balança d'un geste énergique dans le seau qu'elle saisit ensuite d'une main dont elle s'efforçait de maîtriser les tremblements colériques. « Après toi, l'invita-t-elle d'un ton calme, droite dans l'encadrement de la porte. » Elle lui emboîta le pas, s'extirpant des obscurités menaçantes de l'appartement de Basile, mais seulement après avoir jeté un dernier coup d'œil à l'appartement, au mur couvert d'un drap blanc, aux photos dont on ne devinait que les cadres dans le noir, à ce témoignage d'une vie autrefois vivante et joyeuse qui frôlaient maintenant dangereusement l'angoissant et l'oppressant.

Tout ira bien, pensa-t-elle, comme pour s'en convaincre, et elle suivit Victory à l'extérieur.
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