Selena descend rapidement les escaliers menant au sous-sol de la Mandragore. Même si l'irlandaise supporte de moins en moins ces réunions stupides qui n'aboutissent à rien, elle met un point d'honneur à être présente à chaque fois – à défaut d'être constructif, ça lui permet de passer un peu de temps avec son meilleur ami et de côtoyer toutes les personnes avec qui elle a grandit. Les talons de ses bottines claquent sur le sol alors qu'elle entre dans la salle de réunion. Vide – elle s'en doutait, elle est définitivement en avance mais sortant d'une réunion concernant l'entreprise familiale, elle n'avait rien de mieux à faire que se pointer ici à attendre le reste du monde. Durant quelques secondes, elle espère que Charles puisse lui aussi arrivé avec un peu d'avance – idée qu'elle oublie rapidement en se rappelant à quel point l'écossais n'est pas ponctuel. La brune s'allume une cigarette, attrapant l'épais dossier qui prend une grande partie de la place de son sac à main. Si elle n'a rien à faire pendant les vingt prochaines minutes, autant les rentabiliser. Elle n'est qu'à la troisième page lorsqu'elle entend la lourde porte s'ouvrir à nouveau. Elle remonte la tête pour voir apparaître Maël dans l'encadrement.

— Fais attention, t'es en avance, lâche-t-elle avec un micro sourire au coin des lèvres. Si Charles était là, il serait sûrement en train de se marrer dans un coin en essayant d'imaginer ce qui passe par la tête de Selena à cet instant – chose qu'elle contredit d'ailleurs violemment. La Stomby en a marre de ses allusions, sous-entendant qu'elle serait intéressé par l'autre mangemort. Il est vrai qu'elle a un immense respect pour le garçon – il est de loin l'un des meilleurs membres de cette équipe de bras cassé, et même si lui et son cousin cause bien du soucis avec leurs méthodes parfois trop violentes, elle ne peut pas nier qu'il est efficace, sans parler du fait qu'il vient d'une grande famille. Mais les choses s'arrêtent là, tout simplement là. Les autres pourraient croire que tu en as quelque chose à faire de cette réunion à la con. Elle le regarde quelques instant avant de fermer son dossier bien moins intéressant à ses yeux que la personne qu'elle a en face d'elle. T'es pas avec Willy ?, demande-t-elle en fumant tranquillement sa cigarette. Elle ne sait pas si l'autre gallois va débarquer dans les secondes qui suivent. Elle n'arrive d'ailleurs à pas à se décider si ce serait une bonne ou une mauvaise chose – le plus âgé aurait sûrement plus meublé la conversation que Maël surtout qu'ils se connaissent mieux, mais en même temps ce n'est pas tous les jours qu'elle peut discuter en face en face avec le brun.

Sa capuche sur la tête et légèrement humide après avoir traversé les quelques mètres qui séparaient son appartement du célèbre restaurant magique, appartenant à la famille Shafiq. D’une certaine manière, Maël se demandait pourquoi on fait encore les réunions là-bas, étant donné qu’il était sûrement la personne la moins fiable de mangemort. Si le gallois était persuadé que Monsieur Shafiq finirait bien par retourner sa veste, c’était simplement parce qu’il était de loin le plus malin de tous, si bien qu’il avait toutes les raisons de se séparer de ce groupe ridicule. Après tout, s’il en avait l’occasion, il le ferait lui-même. Malheureusement, il devait rester pour ses cousins et parce qu’il lui fallait une chance de pouvoir venger ses parents comme il se doit. Maël se moquait bien des histoires de né-moldus ou celle concernant le seigneur de ténèbre, tout ce qui lui importait c’était de détruire chaque membre de l’ordre en mémoire de sa mère et de son père torturé pendant des semaines pour des informations. Comme quoi les fous ne se cachaient seulement dans les rangs mangemorts et il serait temps de remettre les choses au claire. Malheureusement, les mangemorts n'avançait pas à grand chose en ce qui concernait le groupe adverse, ce qui commençait à l’agacer au plus haut point. Malgré cela, il mettait un point d’honneur à se présenter à chaque réunion pour être témoin du chao.

Comme s’il était chez lui et les mains dans les poches, il descendit les marches qui séparaient la lumière de l’ombre. Le couloir était sombre et on pouvait y trouver quelques portraits de famille qui aimaient râler à chaque passage d’un mangemort. Maël ne se donna même pas la peine de répondre et poussa la porte qui se trouvait au fond du couloir et qui donnait sur une grande salle, bien plus décorée. Alors qu’il pensait être le premier arrivé, il remarqua la crinière brune de la plus âgé des Stomby en train de travailler sur des dossiers. Ne relevant pas la remarque de cette dernière, il s’adossa juste à côté de la porte et la regarda de loin. Il l’avait toujours connu et bien qu’elle était la plupart du temps parfaitement fatigante, il lui accordait tout de même son professionnalisme. Serena était une personne de confiance et qui savait travailler sérieusement, contrairement à beaucoup de personnes de groupe. « Je me fiche de ce qu’ils pensent. » Maël n’en portait pas beaucoup dans son coeur, si bien qu’il se moquait bien de leur avis. Les seuls qui lui importait vraiment, c’était William, Charlotte et Daphné à la limite.

« Il est avec Charles. » Les deux cousins étaient très souvent ensemble, sauf quand William passait du temps avec Charles -simplement parce que ce gars était la personne la plus épuisante qu’il connaisse, suivi de près pas Selena, ce qui expliquait qu’ils étaient meilleurs amis. « A ton avis, tu penses que Shafiq et Rowle vont encore tout contrôler ? » Ces deux types étaient sûrement les cavaliers de l'apocalypse dans une autre vie, tellement ils dégageaient une aura mauvaise et charismatique. Loin d’être impressionnable, Maël préférait rester à l’écart des deux hommes, comme il le conseillait à son cousin d’ailleurs.

Elle lève les yeux au ciel – comme souvent, Maël se montre particulièrement aimable ce qui semble être un trait de caractère assez courant chez les Travers. Il se demande ce qui a bien pu arriver aux deux cousins pour qu'il fasse preuve d'un aussi mauvais caractère la plupart du temps. Si elle faisait l'effort de se remettre en cause, elle réaliserait peut-être qu'elle est la cause du problème et que Maël lui répond de cette manière uniquement parce qu'il n'a pas envie de se lancer dans une conversation avec une personne susceptible de se plaindre pendant des heures. Selena est chiante, c'est un fait que son meilleur ami prend plaisir à lui rappeler à chaque instant. Elle hausse donc les épaules, faisant tomber le cendre de sa cigarette sur le sol. Ça fait bien longtemps qu'elle a perdu la notion de respect pour ce lieu accueillant les réunions des mangemorts. Shafiq n'aura qu'à demander à un de ses larbins de passer un coup de balai, ce qui ne devrait pas trop poser de problèmes. Elle lâche un petit rire amusé quand Maël lui donne la raison de l'absence de son cousin à ses côtés. Elle aurait dû s'en douter. S'il y a une personne que le plus jeune ne pourra sûrement jamais encadrer chez ici, c'est bien son meilleur ami. Si elle le trouve merveilleux, elle a conscience qu'il doit représenter tout ce que déteste Maël – il est agaçant, n'a pas un humour facile à comprendre pour quelqu'un qui a choisi de devenir médecin légiste, et il est loin d'être réellement compétant au travail. En vérité, Selena trouve que Charles n'a pas la moindre utilité au sein des mangemorts et qu'il ferait mieux de rester bosser au Deus et d'arrêter de les gêner dans leurs missions – chose qu'elle se passe bien de dire, n'ayant pas envie de se mettre le patriarche des Rowle à dos.

— Je vois. Et c'est bon, tu arrives à survivre sans ta moitié ? Elle a toujours aimé se moquer des deux Travers, et ça depuis Poudlard. Elle ne sait pas si c'est parce qu'ils ont été élevé ensemble, mais les deux garçons se ressemblent sans vraiment se ressembler – ce qui est beaucoup plus voyant depuis que William n'est plus avec Cléophée, ce qui l'a fait plonger dans un cercle un peu vicieux entre missions de plus en plus violentes et absence totale de respect pour toute personne n'ayant pas la chance d'être née homme. C'est un problème récurrent dans les familles de sang-purs, et Selena le sait particulièrement bien vu que c'est de cette façon qu'elle a été élevé – surtout après le départ de sa mère. Bien sûr, l'emprisonnement de son père lui a permis d'évoluer d'une façon inespéré – être désormais à la tête de l'entreprise et la seule Stomby encore présente lors des réunions de mangemorts lui a permis d'éviter le mariage arrangé – chose négociée plus que difficilement avec ses grands-parents qui auraient voulu qu'elle ne devienne elle aussi qu'une poupée derrière un mangemort. Mais Selena les côtoie trop au quotidien pour envisager de les aimer, elle déteste avoir à prouver chaque jour qu'elle est capable de faire un travail bien mieux que ses collègues. C'est une vraie question ?, demande-t-elle l'air amusé. Shafiq et Rowle sont la pire des pourritures à ses yeux, des opportunistes qui ne leur laisseront aucune chance quoi qu'il arrive. Sérieusement, je te le dis Maël, on va finir par crever pour leurs petits intérêts. C'est bien évidemment les jeunes – eux, Charles, William, Maël, Daphné, elle – qui font le sale boulot pour ces grands messieurs alors qu'ils restent tranquillement dans leur bureau à boire du cognac à longueur de journée.

Ses omoplates appuyait contre le mur, tandis qu’il regardait la brune assise sur la grande table déserte. Même en cherchant dans son enfance, le jeune ne trouvait pas une seule période où il ne la connaissait pas, à croire qu’ils avaient été mélangé dès la naissance. Elle n’était pas son amie, mais une connaissance avec qui il avait toujours été obligé de composer. Ce n’était pas la pire personne avec qui il devait travailler, mais si elle pouvait arrêter de parler, il ne serait pas complètement contre. L'aînée de la famille Stomby était une sorte de vipère qui ne pouvait pas s'empêcher d’ouvrir la bouche pour toujours ajouté un commentaire inutile, comme à cet instant. Maël était proche de son cousin, mais pas la peine d’en faire tout un fromage, surtout que la blague n’était pas amusante du tout à ses yeux -faut dire qu’il n’était pas très bon public non plus. Au lieu de lancer une réponse sanglante, il préférait ne rien répondre et ignorer comme souvent ce qu’elle venait de dire, comme si ce n’était pas assez bien pour lui.


« Non, ce n’est pas une question, juste un constat. » Un jour, peut-être qu’à force de répéter qu’ils ne sont rien de plus que de la chair à canon, les choses allaient changer. Maël en avait marre d’obéir à des adultes qui soutenait un combat qui n’avait plus lieux d’être. Voldemort n’était toujours pas là et il était hors de question qu’il lui porte allégeance quand ce dernier raménera sa fraise entre le dessert et le digestif. Sans parler que lui n’avait aucun parent et ne se sentait redevable de rien. La seule chose qu’il voulait c’était détruire l’ordre et il le fera avec ou sans les mangemorts. « Tu remplis quoi comme papier ? » Curieux et surtout parce qu’il n’avait rien à faire de mieux, il s’avança pour se mettre dans le dos de la chaise de la brune et lire par dessus son épaule sans aucun scrupule, comme si c’était intéressant.