Noyées sous les ouvrages et sous une épaisse couche d’incompréhension brumeuse, les deux Gryffondor peinaient à s’accrocher au planning de révisions qu’elles avaient décidé d’établir, motivées par une force étrange. Une force qui les avait dès lors abandonné et qui n’allait pas revenir tout de suite, Hazel le comprit en entendant son amie se lamenter sur leur avancement tortuesque. « M’en parle pas, Elli. » grommela Hazel, qui en était réduite à s’attacher les cheveux avec des crayons de bois. « J’ai l’impression d’être une passoire. Et même pas une du genre qui retient les nouilles. » D’habitude la blague aurait pu la faire rire mais la jeune américaine était trop déprimée par leur incapacité à intégrer quoi que ce soit du cours qu’elles lisaient – c’était tout juste si elle connaissait le nom de la matière qu’elle révisait.

Comme rien n’avançait, autant faire une pause, ce que Hazel approuva avant d’appuyer son coude sur la table, logeant son menton dans sa main pensivement. « Pff, tu sais … Pas grand-chose. » Sa vie sentimentale était à l’image de ces séances de travail : inexistante et inutile. Depuis cet été, elle n’avait quasiment plus aucun échange avec le professeur de vol – qui semblait l’éviter soigneusement dès qu’il le pouvait, retour à la case départ – et aucun autre garçon ne trouvait vraiment d’intérêt à ses yeux. Il lui était devenu presque logique de s’occuper des soucis amoureux de tout son entourage pour ne pas déprimer d’être seule. « Enfin tu sais, la routine quoi. Le Genius Crew, ma famille, tout ça … » résuma la brune avec un manque évident d’enthousiasme – elle adorait ses amies et les Risenfield mais là n’était pas le problème.

La rouquine suggéra qu’elle prenne du temps pour elles deux, ce qui réveilla la joie dans l’œil bleu de la demoiselle. « Ouais ! Carrément. En plus on s’est vraiment amusées la fois où tu as refait toute ma garde-robe. » Certes, Jude avait râlé pendant près d’un mois avant d’accepter, ou plutôt de bougonner mentalement quand Hazel portait une jupe ou un chemisier un peu féminin, mais passer du temps à être une vraie fille en compagnie d’Elliot était vraiment quelque chose qu’elle appréciait. Elle pouvait avoir des discussions un peu futiles, se pomponner et apprendre des tas de choses de la part de son amie, qui s’y connaissait beaucoup mieux qu’elle dans ce domaine et qui en plus, arrivait toujours à la faire se sentir jolie.

Alors qu’elle rêvassait à leur future après-midi entre copines, le changement d’intonation de sa camarade l’alerta et étrécit quelque peu son sourire. « Oui, qu’est-ce qu’il y a ? » A l’écoute, Hazel n’imaginait pas la suite qu’elle allait entendre – et la nouvelle catastrophique à laquelle elle devrait faire face.

« Qu-quoi ?! » beugla t-elle, les yeux ronds comme des soucoupes. « Tu me fais marcher ? » A voir la tête que faisait sa comparse, la réponse était évidemment non, et cela fendait littéralement le cœur de la née-moldue qui était une vraie fan de leur couple. « Elliot c’est vrai ? Mais … Pourquoi ? » balbutia Hazel avant de se rendre compte que son amie avait cruellement besoin de soutien et d’un gros câlin – ce qu’elle lui offrit aussitôt et sans hésiter. « Ca va aller ? Tu veux des Patacitrouilles ? » Elle en avait toujours un stock sur elle et quoi de mieux que des friandises pour remédier à une peine de cœur ? « Comment peut-on vouloir réviser après une nouvelle pareille. »  soupira pour elle-même la brune avant de caresser gentiment les cheveux de la rouquine et d’oser poser la question, timidement. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »