Appoline regarde sa sœur avec un grand sourire ravi. Elle a rarement été aussi heureuse que le jour où celle-ci est venue la rejoindre dans la capitale anglaise. C'était un peu inespéré – si elle avait ressenti l'envie de s'installer à Londres en revenant d'Islande, que Yseult la rejoigne était un peu une surprise. Bien sûr, elle savait depuis longtemps que sa sœur avait envie de bouger, tout comme elle, mais n'aurait pas cru qu'elle franchirait l'Atlantique aussi facilement. Maintenant qu'elles sont toutes les deux, la sportive sait qu'elle n'aura plus le moindre mal à s'habituer à cette nouvelle vie. Pouvoir comme aujourd'hui venir boire un verre de grenadine chez sa jumelle n'a pas de prix aux yeux de celle qui est partie presque un an faire le tour des États-Unis sans prendre le temps de rentrer voir sa famille. Elle joue tranquillement avec le furet posé sur ses genoux – sa sœur a toujours eu des goûts bizarres en matière d'animal de compagnie et elle n'est pas étonnée de la voir avec une chose pareille.

— Oh, en fait j'allais oublier. J'ai enfin fait développer les photos de mon voyage en Islande, dit-elle en attrapant une pochette dans son sac. Son année sabbatique s'est terminée par un mois seule dans le pays des aurores boréales – ce qui ne l'a pas dérangé vu qu'elle a fait la connaissance de personnes super sympa, dont un écossais que sa jumelle rêve de voir en photo. J'en ai prise quelques unes pour toi, du haut d'une montagne. Tu vas voir, c'est magnifique. Appoline a toujours eu cette habitude – prendre des photos pour pouvoir partager avec Yseult ce qu'elle peut voir quand elle est au dessus du monde. Sa sœur n'est définitivement pas sportive et elle sait très bien qu'elle ne l'accompagnera jamais dans ces délires. Cette coutume est un moyen à ses yeux de renforcer le lien qui les unis. Alors tu trouves ça comment ?

Elle lui passe chaque photo, prenant le temps de commenter un peu ce qui s'y trouve. La plupart de ces paysages vont bientôt décorer les murs de sa chambre, à côté de ceux de Yosemite et autres parcs nationaux. La passion d'Appoline pour les lieux encore sauvages n'est une nouveauté pour personne, et il n'est pas étonnant qu'elle ait autant aimé ceux d'Islande. Elle fixe la photo suivante avec un petit sourire un peu triste. Léandre est définitivement un garçon adorable et elle est très heureuse de l'avoir rencontré là-bas. Bien sûr, comme toujours, leur semblant de relation s'est terminée au moment où elle a pris son vol en direction de Londres. Elle est toujours un peu étonnée qu'il ait accepté de l'accompagner à l'aéroport – après tout, les choses n'étaient pas réellement sérieuses entre eux – mais elle lui en est toujours autant reconnaissante. Le plus jeune était vraiment un amour, et son arrivée dans sa vie alors qu'elle était en pleine peine amoureuse lui a fait un bien fou. Elle essaye de garer un visage un peu inexpressif alors qu'elle tend la photo à sa sœur, sachant pertinemment que ça ne fonctionnera pas et qu'elle aura le droit à un interrogatoire de celle-ci. Pour le coup, elle regrette presque de ne pas avoir trié les photos avant.

Même si elle ne vivait pas ici depuis très longtemps, Yseult se sentait déjà chez elle dans cette appartement et s’entendait divinement bien avec son colocataire haut en couleur. Détroit ne lui manquait pratiquement pas étant donné que la personne la plus importante de sa vie se trouvait elle aussi dans la capitale anglais, sa soeur jumelle. Vivre un an loin d’elle s’était avérée bien plus compliqué que prévu et elle était heureuse de pouvoir de nouveau boire de la grenadine en sa compagnie. « Ouais ! Hâte de voir ça ! » Comme à chaque voyage de sa soeur, elle attendait les photos avec hâte, c’était sa manière à elle de partager ça avec sa soeur. Parce qu’elle n’était pas du genre à gravir des montagnes. Sans surprise, l’Islande avait l’air sublime, exactement comme ça soeur lui avait raconté au téléphone. Non sans un sourire aux lèvres, elle écouta sagement les anecdotes de sa soeur, imaginant parfaitement le voyage. « Wouah, c’est vraiment sublime. » Sublime, c’était le mot, chaque photo était plus belle que la précédente.

Yseult écoutait sa soeur un peu rêveuse quand arriva soudainement une photo en compagnie d’un charmant jeune homme. Au téléphone, elle avait sans surprise entendu parler de lui, le crush de sa soeur jumelle, Léandre. Garçon qu’elle préférait nommer Monsieur Mignon et qu’elle était vraiment trop heureuse de voir enfin en photo. « HAN ! C’est lui ? C’est monsieur mignon ? Pas vrai ? » Sans attendre la réponse, puisque c’était forcément lui, elle regarda la photo sous toutes ses coutures avec un large sourire sur le visage. « Tu as raison, il est super mignon, tu m’étonnes que tu as craqué ! Alors parle moi un peu de lui. » La blonde avait attendu assez longtemps et méritait enfin dans connaître plus sur le brun et sur la relation qu’ils ont pu entretenir dans le grand nord.

Appoline soupire – elle n'échappera définitivement pas au récit de son histoire avec Léandre. Sa jumelle a toujours eu cette manie de s'intéresser d'un peu trop près à ses histoires de cœur, ce dont elle se passerait bien par moments. Yseult est de loin la personne avec qui elle préfère partager toutes ses aventures, mais certaines restent trop récentes pour qu'elle en parle sans le moindre problème. Heureusement, ce n'est pas vraiment le cas avec Léandre, même si elle préférerait éviter de tomber dans la nostalgie de ses vacances en Islande. Les moments qu'elle a passés avec l'écossais sont tous heureux, peut-être même un peu trop vu qu'elle a eu du mal à le quitter au moment venue. Il est de loin l'une des personnes les plus gentilles qu'elle a rencontrées de sa vie et elle ne doute pas qu'il aurait plu à sa sœur. Elle sourit en regardant la photo – la musicienne n'a pas tort en l'appelant monsieur mignon, parce que c'est la première chose qu'elle a remarquée chez lui quand elle l'a croisé. Elle attrape une autre photo qu'elle a prise de lui, seul. Elle la mettrait bien quelque part sur le mur de sa chambre, mais peut-être que ça serait bizarre – après tout, ils ne se reverront sûrement jamais.

— Oui ! C'est lui. Mais il s'appelle Léandre en vrai. Elle regarde avec un sourire attendri la photo que sa sœur tient toujours dans les mains – un sourire assez rare chez elle qui est toujours trop excitée pour prendre le temps de se poser de cette façon. Du coup, c'est juste le garçon le plus gentil de la terre et je l'ai rencontré un soir. J'attendais pour voir une aurore boréale, et je crois qu'il avait perdu ses amis donc voilà. C'est le premier souvenir qu'elle a de Léandre ainsi que la première aurore boréale qu'elle a vue en Islande. Au début, elle s'en fichait beaucoup, mais avec le recul, elle est contente d'avoir pu le rencontrer durant un si bel événement naturel. Elle sourit un peu avant de reprendre son histoire. Et là, il s'est passé la chose la plus improbable au monde. Après qu'on ait passé la soirée ensemble, il a proposé de me raccompagner, tu imagines ? Appoline se rappelle avoir été étonné par une telle gentillesse de la part du garçon, et c'est d'ailleurs ce qui l'a poussé à tenter un rapprochement dans le bus retour.

Le sourire de sa soeur la rendait réellement heureuse, pour dire vrai elle ne se souvenait plus de la dernière fois qu’elle l’avait vu comme ça et encore moins pour un garçon. Bien sur, sa soeur lui avait raconté quelques brides de l'histoire et elle en avait même parler à sa mère tellement elle était heureuse pour elle, mais elle ne savait pas vraiment comment tout avait terminé. En tout cas, elle pouvait facilement voir qu’il plaisait encore beaucoup à sa jumelle. « Léandre ? C’est mignon comme prénom. » De toute manière, Appoline aurait pu dire n’importe quoi, elle aurait simplement approuvé en disant que cela lui allait divinement bien. Après tout, elle était du genre à penser que les prénoms jouaient un grand rôle dans la personnalité des gens et qu’il était normal qu’il porte un prénom doux. Les photos qu’elle avait pris du garçon étaient particulièrement belles, ce qui pour elle voulait dire beaucoup. Après tout, c’était l’amour du photographe qui rendait beau une personne, bien qu’il devait partir avec beaucoup d’avantages physiques. Yseult aurait beaucoup aimer le rencontrer, rien que pour discuter avec la personne qui avait fais fondre si rapidement le coeur de sa soeur.

La scène de rencontre était digne des plus grand film d’amour et elle ne se cacha pas de l’envier un peu. Après tout, elle rêvait depuis longtemps de rencontrer la bonne personne, celle avec qui se serait une évidence. « Oh, et bien ça ne doit pas être un hasard si vous vous êtes rencontrés alors. » Le hasard n’en était jamais vraiment un à ses yeux, pour elle c’était leur destin de se rencontrer, rien de plus. Bien sûr, Appoline avait horreur de l’entendre dire cela, si bien qu’elle passa à la suite en s’allumant une cigarette. « Très romantique de sa part ! Il s’est passé quoi ensuite ? Tu m’avais parlé d’une piscine non ? Vous êtes sortis ensemble ? Vous avez couché ensemble ? Raconte moi tout ! » Une tonne de questions, tout en gardant la photo dans sa main en souriant.

Appoline se demande parfois ce qu'elle a fait au monde pour supporter une sœur pareille. Si ce n'était pas la personne qu'elle aime le plus au monde, elle mettrait sûrement rapidement fin à cette conversation qu'elle n'approuve définitivement pas. La sportive a toujours détesté entendre sa jumelle parler du destin. Si celle-ci y croit dure comme fer, c'est loin d'être son cas. Elle a toujours clamer haut et fort sa liberté, sa capacité à changer de voie d'une minutes à l'autre sans penser à ce qu'elle laisse dehors. Si Appoline tient autant à sa liberté, ce n'est pas pour qu'une chose comme la destinée vienne lui dire ensuite que tout était tracé. Déjà que tout ça a tendance à l'agacer de manière générale, les choses sont presque pire ce jour-là. La blonde a la preuve que le destin n'existe pas – elle a bien rencontré Léandre au moment où elle en avait peut-être le plus besoin, mais elle ne le reverra sûrement jamais. Pas de quoi s'extasier, elle aurait plutôt tendance à dire qu'elle n'a pas la moindre chance – un peu comme sa sœur quand il s'agit de relation sentimentale.

— Ah non, tu arrêtes avec ta connerie où j'arrête de raconter ! Elle se rend compte que les choses sont assez douloureuses comme ça, ce n'est pas pour rajouter les lubies de sa sœur. Elle lâche un soupir avant de poser la photo devant elle. Léandre lui manque beaucoup, et elle n'a plus le moindre moyen de le contacter vu qu'elle a perdu son téléphone en arrivant à Londres – et donc son numéro. La piscine ? Ah oui. On est allé aux thermes ensemble. D'ailleurs, il est foutrement bien foutu. Elle rigole un peu à sa connerie avant d'avaler une gorgée de sa grenadine. Elle se demande combien de fois le garçon lui a dit qu'il devait se remettre au sport parce qu'il avait grossi durant l'espace d'un mois – et ça alors qu'il était simplement magnifique. Enfin voilà, c'était vraiment génial et tout. La jeune fille n'aurait sûrement jamais pensé à aller dans un endroit pareil si elle n'avait pas rencontré Léandre et elle lui en est très reconnaissante pour ça. En fait, le garçon a été un véritable soutien durant la durée de ses vacances, sur tous les points. On est plus ou moins sortis ensemble, ouais. Après, je repartais à la fin du mois donc c'était pas super sérieux mais bon. Il m'a quand même accompagné à l'aéroport quand je suis partie. C'est ce moment précis qui lui a fait prendre conscience d'à quel point elle tient au plus jeune, même si c'était légèrement trop tard. La seconde question de sa jumelle est bien plus personnelle bien qu'elle ne l'étonne pas particulièrement. Les deux sœurs se sont toujours tout dit, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va s'arrêter. Non, on a pas couché ensemble parce que... En fait, c'est le truc improbable. J'étais sa première copine et il avait jamais rien fait donc vu que c'était pas vraiment sérieux, voilà. Appoline avait rapidement compris cela, et elle n'avait pas insisté ou fait la moindre chose déplacé durant les vacances, ce qu'elle se félicitait un peu, se disant que les choses auraient peut-être encore plus compliqué s'ils avaient vraiment couché ensemble.

Si Yseult avait toujours cru au destin et aux astres, ce n’était aucunement le cas de sa soeur, qui semblait même en avoir marre d’en entendre parler. Seulement, il en fallait plus pour troubler les croyances de la jeune femme, si bien qu’elle balaya les reproches de sa soeur de la main. « Ce ne sont pas des conneries, puis tu n’as plus le droit d’arrêter de raconter. » Un large sourire avant de se mettre en tailleur pour écouter le récit de sa soeur jumelle, qu’elle avait presque toujours considéré comme sa petite soeur. Un rire sincère sur le passage de la piscine, imaginant divinement bien la scène. « Ahah, je t’imagine déjà en train de baver devant dès qu’il a le dos tourné. » Appoline s’y connaissait en matière de sportif, si bien que si elle disait qu’il était bien foutu, c’était sûrement plus que vrai, bien que ce ne soit pas le genre de détail qui marquait vraiment Yseult.

Plus l’histoire avançait, plus cela prenait des airs de conte de fées, si bien qu’elle ne pouvait cacher un doux sourire en écoutant sa soeur. « Il t’a raccompagné ? Dis moi que tu l’as au moins embrassé avant de partir !! » Elle attrapa une photo du jeune homme, comme pour l’aider à visualiser la scène, tout en se demandant qui pouvait bien être cet inconnu. « Oh, jamais de copine ? C’est un peu triste. Après c’est bien ce que tu as fais, vraiment. » L’information était très importante, parce que cela voulait dire qu’il n’était pas un de ces idiots comme l’était l’ex-petit-copain de sa soeur qu’elle avait toujours détesté. De plus, cela prouvait que sa soeur n’était pas du genre à partir du jour au lendemain en abandonnant quelqu’un qui mettait de l’importance à une relation, comme l’avait son ex-petit-copain à elle. Il fallait croire que côté coeur, elle n’était pas jumelle pour rien. « Tu es encore en contact un peu avec lui ? Et c’est quoi son signe astrologique ? » Deux questions qui a ses yeux étaient toutes aussi déterminantes pour la suite.

La blonde se demande parfois à quelles moments elles ont pris des directions aussi différentes. Sa sœur est définitivement la personne qu'elle aime le plus au monde – sur ce point, il n'y a pas le moindre doute – mais elle serait désormais sûrement incapable de vivre avec elle. Yseult est fan de musique, bien plus qu'elle ne le sera jamais, alors qu'elle ne vit que pour le sport. Ce point est toujours apparu comme la différence fondamentale existant entre les deux jumelles, mais avec le recul Appoline se dit que tout est bien plus compliqué. Elles ont beau avoir le même âge, si ce n'est que quelques minutes de différence, mais parfois Yseult lui paraît tellement plus vieille. La jeune fille est plus posée, plus mature sur beaucoup de points alors que l'ancienne joueuse de Quidditch ne cherche qu'à faire la fête un peu trop régulièrement avec sa colocataire et les amis de celle-ci. Aujourd'hui qu'elle raconte ses vacances à sa jumelle, est fière que cette histoire paraisse peut-être moins stupide et plus mature que la précédente. Appoline a souvent parlé d'Ewan à sa sœur qui ne l'aimait pas du tout. Alors la voir sourire au sujet de Léandre la rend un peu heureuse, comme si pour une fois elle avait pris les bons choix. Dommage que ce soit concernant un garçon qu'elle ne reverra jamais.

— C'est un peu ça. Mais franchement, il était magnifique. T'as vu sa petite bouille trop mignonne ? Comment on pourrait ne pas craquer. C'est ce qu'elle s'est dit durant toutes les vacances, cherchant à comprendre pourquoi Léandre n'avait jamais eu de copine dans sa vie. Si encore le garçon était con, elle aurait pu le comprendre, mais c'est sûrement l'un des garçon qui a été le plus gentil avec elle durant toute sa vie, ce qu'il a prouvé jusqu'à la fin. Elle rigole face à la question de sa sœur, qui ne lui laisse définitivement pas la possibilité de garder le moindre secret. Bien sûr que je l'ai embrassé. Mais vraiment, c'était trop dur. J'avais pas envie de partir. Appoline a beaucoup voyagé, fait un bout de chemin avec des gens qu'elle ne connaissait pas trop, passer de bons moments avant de dire au revoir en sachant qu'elle ne reverrait jamais. C'est le grand problème – on a beau se dire qu'il y a une chance, que peut-être qu'un jour si on repasse dans le coin, il faudra aller boire un verre ensemble. Les choses ne fonctionnent pas comme ça et Appoline en a pleinement pris conscience le jour où Ewan lui a dit qu'il rentrait chez lui sans elle. Non, dit-elle un peu tristement. Je lui avais promis mais tu te rappelles, j'ai fait tomber mon téléphone dans la Tamise en arrivant. J'ai plus son numéro. En arrivant, elle n'avait pas osé lui envoyer un message, et alors qu'elle s'était promis de le faire dans la soirée, elle avait perdu à jamais son numéro. C'était douloureux, surtout qu'elle lui avait promis de le faire, et qu'elle doit maintenant passer à ses yeux pour une fille qui s'en fout royalement de leur relation. Euh, sagittaire je crois. Sa sœur a toujours eu cette manie de mêler son astrologie là il n'y en a pas besoin, ce qui peut être assez fatiguant.

Pour une fois et bien que ce ne soit pas forcément son genre d’homme, elle accepta de valider les goûts de sa soeur, trouvant que le petit avait effectivement un charme indéniable. « Aucune idée, on a envie de lui faire des gros calins. » Si sa soeur y voyait quelque chose de sexuel, pour sa part c’était plus de l’ordre du mignon. Le brun ressemblait à un petit chiot et s’il se trouvait dans la pièce, il pouvait être certain de se faire tirer les joues par la jeune femme. L’important, c’était qu’il plaise à sa soeur, qui semblait d’ailleurs toujours autant sous le charme de cet inconnu. Yseult avait comme toujours envie de tout savoir, dans les moindre détails et sans filtre, parce que ça avait toujours été ainsi entre les soeurs, parce que le mot secret n’avait pas vraiment de sens. Elles lisaient en l’autre comme dans un livre ouvert, ce qui facilitait les échanges la plupart du temps. Si elle l’harcelait ainsi de questions, c’était qu’elle savait qu’elle aurait les réponses et rien que pour cela elle continuait sur sa lancé. « Tu m’étonnes, tu aurais dû prolonger ton voyage en vrai ! » A sa place, elle aurait sûrement prolongé d’au moins quelques semaines, histoire de profiter encore un peu de cette relation qui avait l’air presque idyllique.

Seulement, le reveil avait été rude pour sa soeur et elle ressentait beaucoup de tristesse en apprenant la nouvelle. L’écossaise était une jeune femme très compatissante, si bien qu’elle attrapa sa soeur contre elle pour lui faire un calin. Ce n’était sûrement pas assez, mais c’était déjà ca. « Oh non, c’est horrible ça, c’est à cause du miroir que tu as cassé, j’en suis sûre. » Comme toujours, elle croyait en des forces supérieurs, mais décida de ne pas réprimander Appoline qui souffrait déjà assez de cette erreur. Après quelques secondes, elle lâcha la plus petite avant de la regarder dans les yeux le plus sérieusement du monde. « Sagittaire ? Normalement vous-êtes compatible, il faudrait juste le retrouver... » Rien qu’en exposant les faits, elle était forcée d’admettre que ce n’était pas une mince affaire, néanmoins d’un naturel optimiste, elle restait confiante. « Tu connais pas du tout son nom de famille ? » Chose qui était peu probable, mais qui serait extrêmement arrangeant.

Appoline un petit sourire en entendant la remarque de sa sœur. Des câlins, elle lui en a fait à Léandre, profitant de chaque minute qu'elle avait en sa compagnie à partir du moment où tout ça à commencer lors de leur séjour aux termes. Maintenant qu'elle y repense, elle ne peut s'empêcher de se dire que c'était un moment merveilleux – elle se sentait divinement bien dans les bras du plus jeune. Elle regarde la photo une dernière fois avant de la recouvrir d'une autre, beaucoup moins douloureuse représentant une aurore boréale. Yseult n'a pas tort. Elle aurait dû rester plus longtemps, juste pour profiter un peu plus du jeune homme. Mais cela aurait rendu les choses bizarres – dès le premier soir, l'écossais savait qu'elle ne restait que pour un mois, sa date de retour était fixé et la changer aurait juste prouver qu'elle commençait à beaucoup trop s'attacher à lui. Si elle n'a pas le moindre problème avec cette idée, il aurait peut-être trouvé ça bizarre, chose qu'elle ne voulait vraiment pas. Elle s'était déjà pris un énorme vent de la part d'un garçon qu'elle aimait dans les mois précédents et n'était pas prête à subir ça une seconde fois.

— Je sais, mais je regrette assez sans que tu viennes me le répéter aussi. Elle fait une tête un peu boudeuse, histoire de signifier à sa sœur qu'elle serait gentille de ne pas trop insister sur ce point. De toute façon, Appoline sait que ça ne sert à rien de vivre dans le regret – sinon, on n'avance jamais dans sa vie et on n'ose rien faire. Son but est de vivre le plus d'expérience possible, et elle sait qu'à cause de ça, elle perdra beaucoup de personnes à qui elle tient. Au final, la seule qui restera toujours sera toujours Yseult, et elle la remercie grandement pour ça. Mais t'es pas possible ! Tu comptes arrêter de croire tout et n'importe quoi un jour ?, demande-t-elle en soupirant. N'étant pas du tout superstitieuse, elle a du mal à comprendre comment sa jumelle a pu devenir comme ça. Le retrouver ? T'en as d'autres des idées brillantes ? Son ton n'est pas du tout méchant, mais plutôt triste. Bien sûr qu'elle aimerait le retrouver, mais elle sait que ça n'arrivera jamais. Non, je sais juste qu'il s'appelle Léandre et qu'il doit vivre quelque part en Écosse. La seule chose qu'elle sait de vraiment utile du garçon est qu'il compte faire des études en astronomie, chose qu'elle se passe bien de dire à sa sœur qui listerait sûrement toutes les universités du pays proposant ce genre de cursus. Elle a beau rêver de le revoir, elle sait que c'est compliqué vu qu'après plusieurs mois, le charme de cet amour de vacances sera sûrement rompu. Non mais laisse tomber. Je trouverai quelqu'un d'autre. Appoline soupire – à cet instant elle réalise que toute autre personne sera forcément moins bien que Léandre, et elle ne peut rien y faire.

Parler du brun semblait attrister sa soeur et ce n’était aucunement son but. Yseult aimait sa soeur plus que tout au monde et bien sûr qu’elle regrettait d’être partie -après tout elle n’était pas soeur pour rien et quand elles s'entichent de quelqu’un, ce n’était jamais à moitié. « Oh désolé, ce n’était pas du tout mon but. » Une moue un peu tristoune avant de l’attraper et de la tirer contre elle pour lui faire un calin. Bien qu’elles avaient le même âge, la vendeuse de disque avait toujours considéré Appoline comme sa petite soeur. Pas qu’elle la trouvait immature, mais simplement qu’elle l’avait toujours vu comme un électron libre alors qu’elle restait plus stable. Yseult sera toujours là pour rattraper sa soeur, comme elle l’avait toujours fait d’ailleurs.


Comme toujours, sa soeur râlait quand elle parlait de destin, mais ça n’affectait aucunement sa superstition. Elle avait toujours aimé y croire, parce que cela rendait tout plus passionnant. « Non j’y crois parce que c’est vrai. » Elle avait connu à plusieurs reprises des situations où seul le destin aurait pu faire d’aussi grandes choses, que rien arrivait réellement par hasard, que ça plaise ou non. « Oui, le retrouver. » Si sa soeur n’y croyait pas, elle pouvait y croire pour deux. Seulement, parfois il fallait provoquer un peu le destin en cherchant peut-être un peu dans les pages jaunes, mais là encore obstacle. « Ah… Bon déjà il n’a pas un prénom commun, c’est déjà ça. » Avec peu d’information, ça lui prendra sûrement beaucoup de temps, mais elle ne baissait pas les bras, persuadée qu’elle le retrouvera.


Seulement, ce n’était pas pour ce soir, parce que sa soeur avait besoin de se détendre et de penser un peu à autre chose. Pour cela, elle ne connaissait aucun meilleur remède qu’un peu de crème glacée devant un film sous un plaid bien chaud. « Ok, je laisse tomber. Par contre ce soir on se fait une soirée tranquille. » Impossible qu’elle ne s’échappe dans l’étreinte de sa soeur, alors qu’elle lui collait des traces de rouges à lèvres partout. Mon dieu ce que sa soeur lui avait manqué.

La sportive fait une moue boudeuse alors que sa sœur mentionne l'idée de retrouver Léandre. Bien sûr, elle rêverait de revoir l'écossais après ce séjour plus qu'idyllique en Islande mais elle ne se fait pas trop d'idées. Les choses ne sont pas si simples, sinon elle serait peut-être actuellement blottit contre le brun au lieu de parler de lui à sa sœur avec nostalgie. Appoline soupire – elle est partie en vacances là-bas afin d'oublier Ewan et la conclusion n'est finalement pas très réjouissante. Bien sûr, elle a fait le deuil de sa relation avec son ancien copain – et ça bien qu'elle a toujours un pincement au cœur en repensant à ce qu'ils ont vécu durant un an – mais elle s'est aussi beaucoup trop entiché d'une personne qu'elle ne reverra jamais. En conclusion, elle souffre doublement, et si sa vie à Londres n'était pas aussi agréable, elle aurait peut-être abandonné l'idée de se poser et serait partie ailleurs dans l'espoir de refaire un plein d'aventures – comme si son année dans les parcs nationaux n'avait pas été suffisant – et surtout rencontrer des personnes qui lui auraient permis d'oublier les deux garçons. Mais le fait de se poser un peu a de bons côtés – elle peut repasser du temps avec Yseult qui lui avait horriblement manqué, elle a une colocataire super sympa et un patron magnifique – personne ne sait combien de temps elle restera ici, mais pour l'instant, ça lui va très bien.

— C'est mort Yseult, on parle plus de lui ce soir, lâche-t-elle finalement avec un soupir. Elle ne s'attendait pas à que ce soit Léandre qui lui manque le plus mais il faut croire que la douceur et la gentillesse du garçon ont eu raison d'elle. Appoline n'est jamais sortie avec un mec méchant ou violent – ce n'est pas dans son tempérament de se laisser faire par quelqu'un – mais aucun de ses anciens copains n'était comparable à l'écossais qui était un véritable amour. Tout était simple, et l'absence de relation sexuelle a rendu les choses beaucoup plus douces et romantiques à ses yeux – comparés à certaines de ses rencontres où les choses ont commencés avec ça, elle avait l'impression que Léandre aimait passer du temps avec elle parce qu'il appréciait réellement qui elle était, et aux yeux de l'ancienne joueuse de quidditch, aucune fille ne peut se plaindre de ça. D'accord, si tu veux. Mais arrête de me foutre ton rouge à lèvres sur la joue ou je me barre ! Appoline se plaint souvent de cette manie qu'a sa sœur jumelle mais jamais elle ne partirait – après tout, elle est trop heureuse de la retrouver pour envisager la quitter à cet instant alors qu'elles prévoient de se faire une petit soirée tranquille à regarder des films sous la couette.