Bien sûr, Maximilien avait râlé. Et si tu rendais visite à Tante Emily, tu pourras dire bonjour à ta petite cousine ! lui avait dit sa mère, tout en lui rappelant d'offrir un cadeau pour le bébé. Certes, c'est les vacances et ce n'est pas le temps qui manque à Maximilien, mais le principe de devoir perturber ses éventuels plans est suffisant pour lui arracher des plaintes. (Bien sûr, Gaspard, lui, était libre de faire ce qu'il veut durant les vacances de Pâques, personne ne lui « suggère » de rendre visite à sa tante, évidemment! avait-t-il écrit dans son journal intime le soir même.) Mais malgré tout, il apprécie quand même sa famille et sa tante et c'est volontairement qu'il décide de passer pendant les vacances – et Eglantine est si adorable que même Maximilien s'est laissé attendrir. Son séjour en famille a donc un peu moins l'air d'une punition, et plus d'un moment agréable en famille.
Cependant, aller voir sa tante veux aussi dire voir son cousin ; dire que leur relation n'est pas des plus idéale est un euphémisme, mais depuis que Max ne traîne plus vraiment avec Gaspard, il semble avoir de la place pour un semblant d'amélioration entre lui et Balthazar.

« Yo. » fait-il en croisant son cousin au détour d'un couloir. La maison est grande, mais pas au point de ne jamais se croiser- il fallait s'y attendre, donc. « Ça faisait un moment. » fait-il simplement. « Je pensais que tu restais à Poudlard pour les vacances. Je savais pas que tu étais là.» Mais il faut croire que celui-ci avait décidé de retourner au bercail entre deux révisions, ce qu'il peut comprendre d'ailleurs. Poudlard a beau avoir de nombreux avantages, revenir chez soi est agréable, de temps à autres. « J'allais à la serre, tu veux venir ? » propose-t-il alors en faisant un vague geste dans la direction ; Maximilien et Balthazar ont sûrement des tas de goûts très différents (comme en musique, par exemple) mais étrangement, ils partagent le même goût pour la botanique. « Sinon, on se voit plus tard. » Il hausse les épaules, prends le chemin de la serre – il se voit mal imposer sa présence à Balthazar.

Un gilet à la main, Balthazar descendait tranquillement les marches de son salon en direction de la cuisine, ne résistant plus à l’appel du ventre. Cela faisait exactement six heures et quarante quatre minutes qu’il était en train de composer des chansons dans sa chambre, sans beaucoup de succès d’ailleurs. L’inspiration n’était pas vraiment au rendez-vous depuis son retour au Pays de Galles, sûrement à cause du nombre incroyable passant à la maison pour voir le bébé et surtout les cris de ce dernier. Églantine n’était pas aussi bruyante qu’il aimait le dire, mais comme il n’aimait pas vraiment les gosses et encore moins l’idée de devoir assumer le titre de grand frère, il jouait la carte de l’abonné absent. Sa mère avait beau râler en lui disant qu’il abusait clairement à jouer les fantôme dans la maison, il ne changeait rien à son comportement. Si bien qu’il passait son temps dans sa chambre, dans la serre ou dans le jardin, menant sa petite vie dans son coin. Autrement dit, ce que sa mère nommait la crise d'adolescence. Dans un placard, il attrapa une tablette de chocolat et une boisson sucrée avant de retourner en direction de l’escalier, pour s’enfermer dans sa chambre pour la fin de la journée.

Néanmoins, avant d’atteindre les escaliers, il tomba nez-à-nez avec son cousin et comme par réflexe, il poussa un long soupire lourd de sens. Balthazar avait longtemps détesté ses deux cousins, pour leur connerie sans limite. Bien sûr, depuis le départ de Gaspard, les choses avaient un peu changé, si bien qu’il avait appris à faire la différence entre les deux. Cela dit, ce n’était pas encore le grand amour entre les deux et le blond regrettait déjà d’avoir quitté sa chambre. « Bah non, je suis rentré. » Un ton méprisant pour une phrase sarcastique, la spécialité du jeune gallois qui ne prenait plus de pincettes avec Maximilien. Sa mère lui avait demandé de faire des efforts, mais Balthazar n’était pas vraiment du genre à écouter ce qu’on lui dit. Néanmoins, quand il entendit le plus âgé dire qu’il allait dans la serre, autrement dit sa serre, il leva un sourcil avant de lui emboîter le pas. « Ok. » L’idée de jardiner avec lui ne l’enthousiasmait pas trop, mais il n’avait pas envie de laisser n’importe qui faire n’importe quoi dans sa serre. Alors qu’il le suivait, un lourd silence s’installa et comme pour justifier le fait qu’il soit en train de le suivre, il balança une phrase. « Mélusine vient demain, si tu veux la voir. » Au moins, il aura fait un effort, ses parents ne pourront pas dire le contraire.

C'est décidément le soupir le plus long qu'il aie jamais entendu de toute sa vie – et il provenait de son cousin. S'il a pensé quelques secondes qu'il y avait de la place pour de l'amélioration entre lui et Balthazar, le soupir laisse sous-entendre que le chemin à parcourir est bien plus long que ce qu'il pouvait penser. Maximilien enfonce les mains dans les poches de son jean, se gardant bien de commencer des hostilités inutiles, se préparant plutôt à ce que Balthazar évite totalement sa présence – mais à sa grande surprise, le plus jeune des deux emboîte le pas. « Tu sais que t'es pas obligé de jouer au baby-sitter avec moi, j'ai aucun intérêt à saccager ta serre. » bougonne-t-il à mi-voix. Max se doute bien que Balth ne le suit pas de bonté de cœur ou par envie de passer des moments privilégiés avec lui, et qu'il y a une bonne raison pour laquelle il s'est décidé à le suivre.

Mélusine est sûrement sa cousine préférée ; si on oublie qu'il n'a pas d'autre cousine pour faire compétitions- même si elle a parfois tendance à le réprimander sur... Tout un tas de sujet. Notamment sur comment il se comporte avec Balthazar. Ne serais-ce que pour que cette dernière lui fiche la paix sur ce sujet là, il est prêt à faire un semblant d'effort avec le blond. Mélusine pourrai être fière de lui et le lâcher un peu. « Ah, je savais pas qu'elle passait, c'est cool. » Le silence se réinstalle aussi rapidement, lourd et embarrassant, gênant au possible. Maximilien pousse un soupir mais garde la mâchoire serrée jusqu'à-ce qu'ils arrivent près de la serre et qu'il se décide enfin à décrocher un mot. « Sinon ça va entre ta sœur et Poudlard ? » demande-t-il pour faire bonne figure. « Ta mère m'a dit que tu comptais aller à la fac l'année prochaine. » Non pas qu'il ai particulièrement envie de traîner avec lui sur le campus. Il s'agit plus de faire la conversation – après tout, c'est lui-même qui avait proposé à Balth de le suivre (quelle idée – mais il n'avait pas pensé que celui-ci accepterait réellement).

Si Balthazar se demandait un peu pourquoi il avait décidé de suivre son cousin, cela semblait plus que partagé avec ce dernier. Néanmoins, il se voyait mal faire demi-tour maintenant et se contenta de balancer un mensonge, le plus simplement du monde. « Non, mais j’y allais. » Le plus jeune venait officiellement d’abandonner son gouter, pour une séance jardinage avec son cousin, ce qui le blasait déjà. La journée avait trop bien commencé pour que ça soit vrai, il fallait s’en douter. Heureusement, parler de Mélusine permettait au moins de faire la conversation sans trop aller dans le côté personnel. Parce que même s’ils étaient cousin, ils ne se connaissaient pas, à tel point que Balthazar n’avait aucune idée des études ou des amis que pouvait bien avoir le plus âgé. « Elle veut absolument que Églantine choisisse une peluche à elle comme doudou, du coup elle en amène presque tous les jours. » Leur cousine était une personne vraiment très drôle et rien que pour ça, c’était toujours un plaisir de la voir, même si elle avait une légère tendance à parler mariage pour un rien -une bonne chose qu’il soit à nouveau célibataire d’ailleurs.

Balthazar marchait toujours légèrement derrière l’autre et se montrait assez surpris de l’intêret que ce dernier pouvait lui porter. « Bah ouais, pourquoi ça irait pas ? » La question était un peu stupide aux yeux du jeune serpentard, qui ne voyait pas en coin Églantine pourrait nuire aux études, sans parler qu’il ne voyait même pas en quoi les exams étaient compliqué, sauf quand on est Jude Lynch et qu’on ne sait pas écrire forestière. Pour lui, tout cela ne sera qu’une formalité avant l’université où se trouvait déjà son cousin. « Ouais, mais t’inquiète on traînera pas ensemble. » Une sorte de sourire sarcastique sur le visage tandis qu’il entra dans la serre. Comme toujours, il était un peu comme chez lui dans cette serre et indirectement c’était un peu comme si tout lui appartenait. Heureusement, il savait partager un peu, même s’il aimait pouvoir vérifier qu’on ne fasse pas n’importe quoi dans son sanctuaire. Sans surprise, le silence était redevenu maître des lieux et Balthazar qui trouvait assez stupide de venir ici pour le regarder sans mot dire, s’hasarda un peu dans une futile conversation. « Et toi, ça se passe bien avec… Ta colocataire ? » Si Galaad n’était pas dans son groupe de musique, il n’aurait sûrement jamais su que la soeur de se dernier vivait en colocation avec son cousin, d’ailleurs il ne savait même pas que Maximilien avait des amis.

Maximilien hausse les sourcils, peu convaincu par le mensonge de son cousin, mais se décide néanmoins à ne pas relever et rester silencieux plutôt que de se lancer dans une conversation houleuse. Pour une fois qu'il choisissait de ne pas se plaindre, quelqu'un aurait dû sortir un calendrier pour y faire une croix. Parler de Mélusine, au final, est une distraction plus agréable et qui évite que l'ambiance soit trop étrange – Merlin merci. Il a un petit rire et un sourire ; tout à fait le style de Mélusine, et il comprends maintenant pourquoi Églantine semble avoir bien trop de peluche pour une enfant de son âge. « Ça lui ressemble bien ça, à Mélusine. Églantine va finir par disparaître sous tout ses doudous à force. » Il lève un peu les yeux au ciel, mais n'ajoute rien de plus, trouvant néanmoins touchant la détermination de la blonde.

Bien sûr, Balthazar est toujours tellement au-dessus de tout le monde qu'il ne voit évidemment pas pourquoi cela ne pourrait pas aller – Maximilien soupire et marque son indifférence avec haussement d'épaules. « Comme ça. Ta mère aurait pu t'en demander plus, ou je sais pas. » L'idée que son cousin et lui se retrouvent au même endroit que Balth est loin de l'enthousiasmer, repensant à leurs années communes à Poudlard. D'accord, Gaspard n'est pas à la fac pour compliquer les choses, et heureusement puisqu'elles le sont déjà sans sa présence. « Ah, tant mieux, c'est déjà suffisant de se croiser ici. » maugrée-t-il en refermant la porte de la serre derrière eux, et prenant ses distances, laissant un écart un peu exagéré entre eux. Maximilien aurait pu se satisfaire de ce silence – chacun dans leur coin ; mais Balth en a décidé autrement. L'autre Owen fronce un peu les sourcils. « Antinea ? Je pensais pas que tu savais que j'habitais avec elle. » fait-il, essayant d'assimiler le fait que Batlhazar connaît quelque chose de sa vie. « Tout se passe bien, ça va. » Sans s'étaler, par exemple, sur la vie d'Antinea – de toute manière, il connaît Galaad et s'il veux des informations sur les Stomby, autant demander au principal intéressé. « Et ton groupe ? »

Leur cousine avait au moins le mérite d’être unique et haute en couleur. Parfois, c’était un peu fatiguant, surtout quand elle se plaisait à prouver qu’elle était la meilleure cousine du monde. Si seulement elle avait eu un frère ou une soeur pour satisfaire son trop plein d’amour. « Au moins, elle arrêtera de nous en offrir. » Balthazar exagéra légèrement, cela faisait un moment qu’il n’avait pas eu de peluche de la part de Mélusine, mais il pourrait aisément remplir des cartons entiers avec tous les cadeaux de sa part. Si la blonde était toujours de nature très enjouée, c’était un peu le cas de toutes les femmes de la famille, à commencer par sa mère. Emily Owen était certainement la personne la plus douce et gentille du monde et surtout la maman la plus gâteau de tout le pays, toujours à couver Balthazar. La naissance de Églantine ne changeait en rien son statut de petit prince et encore heureux. « Bah non, elle s’en fiche. » De toute manière, il s’il devait faire les tâches ménagères, il payerait sûrement quelqu’un pour le faire à sa place, préférant de loin le calme ou sa basse. D’ailleurs, l’année prochaine, quand il quittera Poudlard, il compte bien laisser ce genre de tâches à l’asiatique, pendant qu’il compensera les musiques du groupes, ce qui n’était pas une mince affaire.

La fin de l’année arrivait rapidement et de paire l’université. Sans surprise, sa mère n’arrêtait pas de lui dire de poser des questions à Maximilien pour bien préparer sa rentrée scolaire -chose qu’il ne fera jamais, même sous la torture. « Je te le fais pas dire. » Détester son cousin était devenu une véritable habitude et il n’avait même plus besoin de raisons valables pour le faire. Pourtant, il voyait bien que c’était plus comme avant, que sa haine envers lui était moindre, la preuve était qu’il acceptait de rester dans la même pièce que lui, volontairement. « Si, Galaad me l’a dis. » En vrai, il le savait déjà, c’était juste une information totalement inutile à sa vie et donc absolument inintéressante. Alors qu’il s’occupait d’un rosier mal en point, Maximilien se renseigna sur son groupe naissant. L'intérêt était uniquement pour la forme et il le savait, si bien qu’il se contenta d’une réponse brève. « Ca va. » Supporter son cousin était bien moins compliqué que quelques années auparavant et il pouvait s’en difficulté voir le changement chez lui, changement qui ne pouvait venir que d’une chose. « Tu parles plus au truc qui te sert de frère ? » Tout le monde dans la famille savait que Balthazar jouait aux abonnés absents et il se demandait bien si c’était aussi le cas avec Maximilien.

Max rigole un peu. Mélusine s'emballait décidément bien trop vite, déversant peut-être un trop plein d'amour sur la petite qui n'avait pour l'instant rien demander. « Merde, moi qui lui en ai offert une aussi, j'aurais dû penser à autre chose. » Il aurait probablement la flemme de refaire les magasins pour bébé, de plus qu'il avait dû demander de l'aide aux filles de son entourage pour trouver quelque chose de potable – il n'a aucune idée de ce qu'un bébé de quelques mois peut bien aimer. De toute manière, la mère de Balthazar et Églantine s'était ravie du geste, c'était d'une certaine façon, l'essentiel. Au moins, le quotidien de l'aîné ne semble pas avoir changé plus que ça, malgré l'arrivée de la petite. « Bah, écoute. Tant mieux pour toi, j'imagine. »  Le contraire n'aurait pas changé la vie du plus âgé plus que ça, cependant.

Heureusement, Maximilien est quasiment sûr que lui et son cousin n'ont pas pris les mêmes matières à l'université, limitant les moments où ils se croiseraient. Et le sentiment étant partagé, Max n'a aucun soucis à se faire et ne verra sûrement pas Balthazar débarquer pour des coups de mains ou des conseils ; ce qu'Emily aurait bien voulu voir arriver, mais c'est être un peu trop optimiste sur la relation entre les deux cousins. Si les deux garçons respirent le même air pour l'instant, ce n'est qu'un tout petit progrès qui ne présage pas forcément une grande amélioration pour l'instant. « Ah, je vois. » fait-il sans demander d'explication. La conversation entre eux reste affreusement en surface sans que l'un des deux ne cherchent à en savoir plus sur l'autre ; le dialogue est un peu stérile, là pour meubler le silence. « Gaspard ? » Maximilien a un petit grognement qui en dit long. Il n'a aucune idée de ce que peut bien faire Gaspard, qui ne prends pas vraiment le temps d'envoyer des cartes postales ou d'envoyer un sms. Il hausse les épaules et reprends, avec une once d'amertume dans la voix. « Nan. Je crois pas qu'il parle encore à quelqu'un de la famille d'ailleurs. » S'il avait toujours un peu vu Gaspard comme un modèle, maintenant, ce n'est plus vraiment le cas. « Pourquoi tu demandes ? » Les relations entre les deux frères sont probablement le cadet des soucis de Balthazar.

Les peluches de Mélusine remplissaient de plus en plus vite le lit du bébé et pendant un moment il s’était demandé si ce n’était pas secrètement une tentative de meurtre. Néanmoins, il voyait mal sa cousine capable de faire du mal à quelqu’un, surtout à un bébé. « Bah après, elle prendra peut-être la tienne. » L’enfant était après tout trop jeune pour faire un choix simplement pour faire plaisir à la blonde et s’il préférait celle de Maximilien, il en sera ainsi. La famille était quelque chose d’assez important chez les Owen, bien que ce ne soit pas vraiment le cas chez les plus jeunes qui avaient du mal à se souder et le meilleur exemple restait de très loin Gaspard. « Ouais, lui. » La haine de Balthazar à l’égard de ce cousin était à l’image des problèmes qu’il posait et le gallois avait déjà entendu parler ses parents de ce dernier. Presque toute la famille se doutait qu’il avait dû rentrer chez les mangemorts et cela en accablait plus d’un. « Tant mieux, ça fait des vacances à tout le monde. » Bien sûr, le plus jeune était un peu désolé pour Maximilien qui n’avait rien demandé pour que son frère soit si con, mais il n’avait aucune pitié pour l’autre clown narcissique.

« Pour rien. » En fait, il posait la question simplement parce qu’il se demandait si c’était réellement vrai que personne n’avait de nouvelle, alors qu’ils avaient été très proche. Cela dit, l’eau semblait avoir coulé sous les ponts et depuis qu’il ne traînait plus avec son grand frère, Maximilien avait l’air un peu moins con -suffisamment pour ne pas le surveiller au jardinage. « Je vais manger, on se voit cet été je suppose. » Sans prévenir, il décida de faire demi tour et de regagné la cuisine se doutant qu’il le recroisera sûrement pour les grandes vacances.