Un café dans chaque main, Mélusine traverse les différents couloirs des bureaux des entreprises Willard pour se rendre dans celui de sa meilleure amie. Elle profite de son après-midi pour venir lui rendre une petite visite, sous prétexte qu'elles ne se sont pas vu depuis deux jours – évidemment, le réel but est d'empêcher l'anglaise de mourir d'ennui à devoir prendre les rendez-vous de son frère aîné. La blonde arrive devant la porte avec un petit satisfait avant de pénétrer dans la pièce qu'elle connaît par cœur – c'est peut-être la seule qu'elle a réellement vue, visiter n'étant définitivement pas dans ses priorités quand elle vient voir Marla. Sa manie de vouloir passer le plus de temps possible avec la benjamine de famille Willard a d'ailleurs tendance à fatiguer l'aîné qui se plaint que sa sœur est donc totalement inefficace. Mais Mélusine connaît suffisamment son amie pour savoir qu'elle n'a pas besoin d'elle pour ne rien faire au bureau.

— Salut Marla. Je viens te sauver de ta passionnante journée. Ne me remercie pas. Elle dépose les deux cafés sur le bureau avant de s'asseoir dans la lourde chaise qu'elle a pris l'habitude de venir squatter et d'enlever sa veste. Un sourire satisfait aux lèvres, elle attrape sa boisson pour en boire quelques gorgées. Elle pourrait voir l'anglaise tous les jours qu'elle trouverait toujours une centaine de choses à lui raconter. Mais aujourd'hui, les choses sont différentes – elle doit lui parler d'un sujet sérieux lui tenant à cœur, et elle sait que Marla saura lui donner de bons conseils qu'elle n'écoutera sûrement qu'un mois plus tard. Alors ton début de semaine ? J'ai vu ton frère dans la sélection du Sorcière Hebdo, j'ai beaucoup rigolé. Il a dû adorer. Elle adore se moquer à chaque fois qu'elle voit le nom Willard apparaître dans le tabloïd, chose quasiment systématique. La vie de Marla n'est définitivement pas de tout repos, et elle la plaint de devoir vivre une telle pression médiatique. Enfin bref, j'ai un truc de malade à te raconter. C'est au sujet d'Henri. Autrement dit, son actuel copain de trente-cinq, marié et accessoirement le nouvel amour de sa vie. Mais comme souvent, les choses ne sont pas simples, et cette nouvelle relation s'annonce, à l'image des précédentes, être une véritable déception.

Cela faisait maintenant deux heures que la brune s’amusait à accrocher chaque trombone à un autre, formant ainsi la plus grand chaîne possible. Chaque jour, elle continuait ainsi, étant presque sûre d’avoir un jour un record en faisant le plus long du monde. Activité qui amusait d’ailleurs beaucoup moins son frère, qui préférerait qu’elle s’en tienne à son job. Mais la motivation de Marla avait des limites, surtout quand il s’agissait de faire du café. Alors qu’elle avait déjà rajouté une bonne centaine de trombones, une personne qu’elle connaissait que trop bien entra dans la salle avec deux cafés. Sa meilleure amie avait le don d’arriver toujours au bon moment et rien que pour ça, elle n’échangerait pas. « Oh mon dieu ! Tu tombes bien, je m’ennuyais tellement que j’allais presque commencer à travailler ! » Elle ironisa un peu, avant de tendre ses mains pour attraper le café directement apporté par la meilleure. Mélusine était un peu son rayon de soleil personnelle, la fille qu’elle admirait sûrement le plus au monde. Elle était belle, intelligente et son look en ferait rougir certaine.

Pour la forme, cette dernière lui demanda comment ce passait son début de journée et Marla ne put s’empêcher de faire une tête un peu blasée. « Mortel. Ouais ! J’ai trop rigolé aussi, d’ailleurs je l’ai collé sur le frigo, pour son plus grand plaisir. » Ce changement de sujet était le bienvenu, surtout qu’elle avait bien rigolé la veille avec l’article, se moquant ouvertement de son frère. Pour une fois, ce n’était pas elle qui était dans la presse, déjà que sa soeur était à la une, dans l’avant dernier. Rien que pour cela, elle continuerait à lire le sorcière hebdo chaque semaine, dans l’espoir de se taper quelques fous rires. La blonde lui parla soudainement d’un homme et Marla bloqua quelques secondes, ignorant de qui elle pouvait bien parler. « Henri ? Ah oui ! Le gars avec plein d’argent ! » Mélusine changeait souvent de copain, parce que ce n’était jamais le bon et même si ce genre d’histoires pouvaient en gaver certains, elle devait avouer adorer les écouter.

Mélusine regarde sa meilleure amie avec un petit sourire satisfait. Elle est de loin l'une des personnes qu'elle préfère sur cette planète – avec ses cousins – et serait capable d'aller déranger la Reine d'Angleterre pendant l'heure de son thé s'il le fallait pour la voir heureuse. Malgré ce que la plupart des gens pensent – et dont fait évidemment partie le grand frère de la brune – la galloise est loin d'être sage ou de faire dans la demi-mesure. C'est peut-être d'ailleurs pour ça qu'elles ne se sont plus quittés depuis Poudlard. Marla est loin d'être un enfant de chœur et tout chez elle comble de bonheur la blonde – même la voir faire la plus grande chaîne du monde en trombones. Les choses ont toujours été comme ça, Marla n'a jamais aimé bosser alors qu'elle se sert de ses facilités pour faire les choses de la façon la plus productive possible. Alors oui, peut-être qu'Arthur Willard n'est pas très satisfait de sa secrétaire personnelle, mais il ne peut pas nier avoir la plus drôle, la plus belle et la plus entreprenante – du moins, c'est ce que pense Mélusine qui voit en sa meilleure amie une sorte de perfection inégalée par toutes les autres filles forcément plus fades.

— Travailler ? Oh non, ça serait vulgaire, lâche-t-elle avec un petit sourire amusé. La galloise a toujours trouvé adorable la manie de Marla à éviter le boulot – chose qu'elle n'a jamais été capable de faire, bien que choisir de devenir langue de plomb, autrement dit le métier dont tout le monde ignore le travail concret, est la preuve qu'elle a été plus influencé par sa meilleure amie qu'elle veut bien l'avouer à ses parents. Si tu veux, on peut lui préparer un collage pour la fin de l'année. Comme ça, tu auras déjà un cadeau à lui offrir à Noël. Les idées de Mélusine sont parfois loin d'être brillantes, mais elle les assume au moins à fond, un peu comme ses nombreuses relations désastreuses. D'ailleurs, elle ne peut s'empêcher de prendre un petit air énervé en parlant d'Henri – il est peut-être beau à mourir, il finira par lui briser le cœur comme tous les autres. C'est ça, le mec qui a plein d'argent. C'est vraiment le pire des cons. Il m'avait dit qu'il quitterait sa femme définitivement sa femme pour moi, que c'était qu'une question de temps mais- La blonde prend une grande inspiration avant de lâcher la nouvelle qui l'a quasiment détruite quand elle l'a apprise en fouillant le téléphone du trentenaire. Elle est enceinte ! Alors qu'il m'avait promis qu'ils couchaient plus ensemble. Ce genre de discours, elle l'a entendu des dizaines de fois, et pourtant elle donne encore à ces idiots le bénéfice du doute. Parfois, elle se dit qu'elle devrait demander à son meilleur ami de la débarrasser de ces monstres avant de se rappeler qu'elle n'est pas favorable à l'homicide. Mais c'est pas le pire. Du coup, il l'amène une semaine aux Caraïbes. L'agacement est perceptible dans sa voix, avant qu'une idée vienne illuminer son visage. Oh, Marla, ça te dit qu'on parte en vacances ? Pour décompresser. Aux Caraïbes par exemple.

Comme toujours, elle rigola sincèrement à la proposition de son amie, qu’elle trouvait aussi brillante que hilarante. Les deux filles étaient sûrement les deux personnes les plus prédisposées à apprécier leur humour mutuel sur terre, ce qui leur allait amplement. « Je pensais lui offrir un petit furet pour dans son bureau, mais un collage pour le frigo une idée divine. » Pour dire vrai, elle avait déjà trouvé la race exact de furet qu’elle voulait et avait même mesuré la taille exacte de la commode dans le bureau de son frère pour poser la cage dessus, il ne manquait plus qu’une chose : Noël. Pour dire vrai, elle pourrait parfaitement le prendre maintenant, mais comme il était évident qu’elle serait incapable de s’en occuper jusque là, elle avait décidé d’attendre.

Marla terminait de mettre le dernier trombone de la petite boîte sur la chaîne avant de regarder étonné Mélusine. Parfois, la vie de cette dernière était plus palpitante qu’un épisode de Dallas et rien que pour ça elle était heureuse de la voir débarquer dans son bureau. « Enceinte ? Oh merde… » Marla était un peu partagé entre l’envie de rigoler et l’envie de réconforter son amie, si bien qu’elle resta un peu neutre. Elle savait bien que cela faisait un peu souffrir son amie, mais d’un autre côté elle ne comprenait pas vraiment son problème avec les hommes mariés. L’histoire des vacances étaient un peu comme une cerise sur le gâteau et une sorte de sourire se dessina sur le visage de la brune. « Prions pour que l’avion s’écrase alors. » Bien sûr, elle ne souhaitait pas voir mourir des centaines de personnes, mais espérait quand même que cet imbécile passe de très mauvaise vacances. Quand Mélusine annonça vouloir partir en vacance, Marla misa intérieurement sur la destination qu’elle choisirait -sans surprise les Caraïbes. Elle rigola un peu, se disant qu’elle connaissait tout de même trop bien son amie avant de réfléchir un peu et de reprendre. « Je veux bien partir, mais pas au même endroit que ce bouffon. Tu sais où on peut aller ? Los Angeles ! Mon frère doit y aller, du coup il sera heureux d’avoir sa secrétaire, sans parler qu’il t’adore. » Une option parfaite pour se voyage qui avait l’air chiant à la base.

La blonde ne peut s'empêcher de trouver l'idée de son amie géniale. Elle imagine déjà Arthur propriétaire d'un furet et ne doute pas une seule seconde que la réaction de celui-ci quand il ouvrira son cadeau sera magique. C'est pour ça que Mélusine aime autant assister à l'ouverture des cadeaux chez les Willard. Grâce à sa meilleure amie, les choses sont toujours plus fun qu'ailleurs, et si elle le pouvait, elle inviterait Marla à chaque repas de famille sans fin auquel elle doit participer. Elle explose donc de rire à l'annonce de la brune, se promettant mentalement de découper toutes les photos qu'elle pourrait trouver d'Arthur dans les tabloïds histoire de préparer cette surprise. Parfois, lorsqu'elle prend le temps de faire un point sur sa vie, la galloise se dit qu'elle a vraiment de la chance d'avoir rencontré Marla – elle est sûrement la seule personne sur cette terre qui peut la suivre à ce point dans ses délires. Même si elle adore Maël, elle doit avouer que la vie est parfois un peu blasante à ses côtés mais elle lui pardonne parce qu'elle adore son humour et qu'il est plutôt mignon.

— Oui, tu l'as dit. Merde. La blonde avale une grande gorgée de sa boisson avec un petit air triste. Mélusine sait très bien que c'est de sa faute si elle se retrouve aussi régulièrement dans cette situation. Elle devrait faire attention, ne plus se laisser avoir par ce genre d'hommes. C'est toujours comme ça. Les hommes mariés se fichent de ses sentiments, ils les piétinent sans le moindre remord et c'est à Marla de la ramasser après. Oh non, il serait mort. Il pourrait plus se mordre les doigts. J'espère plutôt que sa femme se fera manger par un requin. Mélusine est parfois un peu limite quand elle parle des femmes de ceux avec qui elle sort. Elle aimerait toujours les voir morte, mais sait très bien que ce serait une véritable tragédie – surtout que là, c'est deux vies qui partiraient en fumée. Il reviendrait à mes pieds en rampant, j'en suis sûre. Sa capacité de se faire des films est assez impressionnante et tous ceux qui la connaissent ne pourront jamais dire le contraire. Elle sourit à Marla quand celle-ci répond positivement à sa proposition, changeant néanmoins le lieu de destination du voyage. Los Angeles ?, demande-t-elle en réfléchissant quelques secondes. C'est vrai que ça pourrait être une bonne idée. J'ai bien envie d'aller faire les boutiques aux États-Unis. La galloise n'a jamais connu le manque d'argent, et l'idée d'aller à l'autre bout du monde pour s'acheter quelques robes ne la dérange pas, surtout qu'elle serait avec sa meilleure amie. En plus, il paraît que les boîtes sont géniales là-bas ! On peut voir sans difficulté dans le regard de la blonde qu'elle est déjà en train de tout prévoir. Il faut qu'on demande les dates à Arthur. Et puis, il faut prendre les billets, préparer les valises. Tu penses que j'amène un maillot de bain ? On prend un hôtel avec piscine j'espère., demande-t-elle avant de sortir son téléphone. Tu sais quoi ? J'envoie un message à Henri pour lui dire que j'ai pas besoin de lui, parce que je vais à Los Angeles avec la personne la plus cool du monde. Oh non, je sais. Tu penses que tu pourras forcer ton frère à prendre un selfie avec moi ? Pour que je lui fasse croire que je suis passée à autre chose ?

Franchement hilare en entendant Mélusine se faire violence et rêver de la mort de cette ménagère inconnue l’amusait beaucoup, surtout qu’en voyait le look d’enfant sage de la blonde qui cachait très bien son jeu. « Oh oui, et tu pourrais lui foutre ton talon dans la gueule. » Une image qu’elle imaginait bizarrement que trop bien et qui la faisait déjà beaucoup rire. Henry était une simple passade et elle se doutait bien que Mélusine n’était pas vraiment amoureuse de lui. Pour dire vrai, elle savait très bien que la seule chose dont elle était amoureuse, c’était les histoires d’amour. « Tu ferais mieux de te taper des meufs, ça marcherait peut-être mieux. » Elle rigola un peu avant de voir le sourire de la blonde en entendant parler des Etats-Unis. Si elle pouvait rendre Mélusine heureuse, c’était largement suffisant pour passer une bonne journée. « Bah écoute ça tombe bien alors ! » Elles feront toutes les boutiques qu’elle voudra, même si c’est à la base un voyage professionnel.

Bien décidé à partir et voyant la galloise déjà à fond, elle rigola sincèrement en posant les trombones sur la table et tapant un peu du point sur la table. « Bien sûr que tu prends ton maillot ! Et pour mon frère ? Je pense qu’il dira oui pour une photo avec toi, si je lui dis que c’est pour un connard qui t’embête. Bon tu sais quoi ? Reste là, je vais voir mon frère pour lui dire qu’on par avec lui ! » Elle ne doute pas un instant qu’il sera d’accord et avait déjà hâte de partir. Elle se leva rapidement et se dirigea vers le bureau de son frère, levant les bras au ciel. « Oncle Sam, nous voilà !!! » Les américains n’avaient cas bien se tenir.