Le petit loir se roule sur l'oreiller, reniflant au passage l'odeur féminine qui s'y trouve. Un petit sourire qui n'a rien d'animal se lit sur son museau et toute personne normale verrait immédiatement que quelque chose cloche chez lui. Tout dans sa gestuelle le trahit mais il s'en fiche. Pour l'instant, il est seul dans le grand appartement et ne prendra la peine de jouer la comédie qu'une fois la propriétaire des lieux arrivée.

Felix – parce qu'il s'agit évidemment du disquaire sous forme d'animagus – regarde les minutes passés sur le réveil. Son voyage à Amsterdam s'est vu annulé grâce à la maladresse de son meilleur ami, si bien qu'il a dû revoir un plan pour ses vacances. Il est donc passé voir sa sœur pour lui faire part de son plan fabuleux. Il compte rester plusieurs jours sous cette forme, se faisant passer pour une pauvre petite créature perdue, dans le but d'espionner son ex petite amie. Celle-ci est officiellement en couple avec le libraire du Chemin de Traverse – ce dont il se fiche royalement mais il y a vu une occupation pour sa petite semaine à ne rien faire. Il n'a pas fermé la boutique pour glander sur son canapé – ça il peut très bien le faire tous les jours de l'année où il travaille et en présence de Roméo.

Au bout de quelques heures d'attente – où il en a profité pour faire une petite sieste bien méritée – il entend un bruit en provenance de la serrure ainsi que des bruits de pas et des voix. Parfait, Automne vient de rentrer accompagnée justement de son copain ce qui lui donne une parfaite occasion d'obtenir les informations qu'il est venu chercher. Quelques minutes plus tard – alors qu'il s'est roulé en boule, adoptant la vraie gestuelle du loir dans un habitat loin d'être naturel – il entend une personne rentrée dans la chambre. Résistant à l'envie de lever la tête pour observer, il se contente de lancer des regards discrets en direction de la porte. Cette semaine promet d'être particulièrement hilarante et il a hâte de raconter tous les détails les plus croustillants à sa sœur.

La nuit était déjà tombée depuis un bon moment quand elle poussa la lourde porte en bois du bas de son immeuble. La soirée c’était divinement bien passé en compagnie de son petit copain. Ils étaient allés voir un film et avait mangé un morceau dans un restaurant indien sur la route du retour. Sans se presser, elle grimpa les marches en bois avant d’arriver à son étage et d’embrasser rapidement son petit ami, comme pour le remercier de la superbe soirée qu’ils avaient passé ensemble. Rapidement, elle entra chez elle, laissa tombé son sac dans l’entrée et referma la porte derrière le plus âgé. « Ma colocataire est là, on ferait mieux d’aller dans la chambre. Je fais du thé avant ? » Sans vraiment demander d’avis, elle marcha dans la cuisine et prépara une petite théière d’un thé à l’amande vraiment bon. Pendant qu’il infusait, elle caressa le petit chat qui avait sauté sur le comptoir de cuisine pour saluer sa maîtresse. Il fallait dire que depuis qu’elle sortait avec Charlie, elle passait beaucoup moins de temps chez elle et le chaton devait sûrement être un peu jaloux.

Une fois le thé prêt elle attrapa la théière et adressa un sourire adorable à l’anglais. « Je te laisse prendre les tasses ? » Elle lui déposa un bisous sur la joue, avant de se diriger dans la chambre et de déposer le tout sur le petit banc en bois blanc qui se tenait juste au bout de son lit et d’allumer la guirlande de lumière qui créait une bien meilleure ambiance que le plafonnier. Elle retira sans tarder ses chaussures, ainsi que ses chaussettes, puis son jean, histoire d’être plus à l’aise. Souriante, elle servit les deux tasses de thés et s’installa en tailleur dans le lit. Automne savait très bien qu’il ne se passerait rien entre eux ce soir, mais elle s’en fichait, elle avait passé une soirée et comptait bien la prolonger un petit peu avec un thé, avant de s’endormir dans ses bras. L’anglais se posa à côté d’elle et elle ne pouvait s’empêcher de le regarder amoureusement, s’approchant un peu plus de lui. « Tu as passé une bonne soirée ? » Quitte à vivre une soirée parfaite, autant que cela soit partagé.

La soirée est tout ce qu'il y a de plus parfait – comme tous les moments passés en compagnie de la française, se dit-il en esquissant un petit sourire doux à l'attention de la plus jeune. Charlie n'avait rarement été aussi heureux que depuis le début de sa relation avec Automne, et il espérait intérieurement que rien ne pourra venir ternir les choses sur ce plan. Leur rendez-vous a été tout ce qu'il y a des plus agréables – il adore ses goûts en matière de films et lui fait confiance dans ce domaine sans la moindre hésitation. L'anglais la suit dans la cuisine alors qu'elle va préparer le thé – bien que ça ne le dérange pas de croiser Wendy qu'il apprécie beaucoup, il est plutôt content à l'idée de pouvoir profiter un peu d'elle dans un cadre plus privé. Sans pour autant parler de dépasser les limites correctes de la proximité, il adore toutes ces nuits avec la française endormie dans ses bras. Charlie réalise qu'il aurait désormais du mal à s'en passer, tout comme les petites marques d'affection auxquelles il a le droit dès qu'Automne passe à proximité. Le bisou qu'elle lui colle sur la joue le fait immédiatement sourire et la constatation qu'il l'aime un peu plus à chaque moment passé avec elle se fait de plus en plus présente.

— Je m'occupe des tasses, répond-il avec un sourire toujours plus doux sur le visage. Depuis le début de leur relation, Charlie passe pas mal de temps dans cet appartement – tout comme Automne en passe dans le sien – et il n'a plus la moindre difficulté à trouver l'emplacement des choses dans la cuisine trop bien rangée de la jeune française. Une excellente soirée mon amour. L'anglais s'est débarrassé de sa chemise et de son jean pour venir s'asseoir sur le lit de sa copine qu'il regarde tendrement. Il pourrait passer des heures sans rien faire, à profiter de sa simple présence. Aussi, il était sur le point de l'attraper pour la prendre dans ses bras quand il remarque la petite boule de poils posée sur l'oreiller. Le libraire attrape ce qui semble être un loir – chose quand même assez étrange vu qu'ils sont dans un appartement. Automne, tu ne m'as pas dit que tu as adopté un petit loir. L'animal se réveille un peu et s'échappe des mains de Charlie pour aller se blottir entre les jambes de la française, ce qui fait rire le membre de l'Ordre. Il a l'air de beaucoup t'aimer en tout cas.

Toutes les soirées avec Charlie étaient parfaites à ses yeux, simplement parce qu’elle se sentait heureuse à ses côtés. Son sourire ne quittait plus son visage, tandis qu’elle regardait tendrement son copain la rejoindre dans le lit. Ses yeux se posèrent naturellement sur les nombreux tatouages de l’anglais, une multitude de tatouages qui le rendait si unique à ses yeux. Automne adorait les contempler et passer ses doigts sur les lignes majeures et allait d'ailleurs le faire avant qu’un invité improbable ne fasse son apparition. Une petite créature poilue qui ressemblait en tous points à un loir, la fit sourire. « Il est mignon, mais je n’ai pas la moindre idée de comment il est arrivé là... » Ce n’était pas vraiment le genre d’animal qu’on croisait en ville et encore moins dans un appartement, mais la française supposa qu’il avait simplement perdu son chemin. L’adorable petite bête s'échappa des mains du libraire pour venir se blottir entre ses jambes, ce qui la fit sourire. « On dirait bien oui. »

Automne attrapa le petit rongeur dans sa main et le posa dans le creux de sa main pour le regarder de plus près. « Mais qu’est ce que tu fais là toi ? » Elle le caressa un peu avant de sourire à Charlie. Cette arrivée allait sûrement animé un peu la soirée et Automne décida que l’invité surprise pouvait rester un peu plus longtemps. Elle le reposa sur le matelas, avant de tendre une des tasses à Charlie et de boire dans l’autre. « On pourrait lui donner un nom ? » Un sourire tendre avant de venir se blottir contre son copain, lui caressant un peu la cuisse à l’aide de sa main libre. « Qu’est ce que tu penses de Melchior ? » Proposa Automne le plus naturellement du monde, avant de boire quelques gorgées de son thé.

Charlie regarde amoureusement la française blottie contre lui. Elle est loin, la personne qui le traumatisait autrefois, qui le poussait à rester terré dans un petit coin de la librairie quand elle passait la porte, qu'il préférait éviter de peur de se engueuler à tort. Aujourd'hui, elle est l'une des personnes les plus importantes de sa vie, cette fille qu'il aime pour toutes ses qualités mais aussi ses défauts. Sa simple compagnie le rend heureux comme jamais, et les rares fois où il se laisse emporter par un élan de nostalgie, faisant un point sur sa vie passée, il se félicite d'avoir su pardonner la photographe. L'anglais aurait pu, à cause d'un sentiment aussi stupide que la rancœur, passer à côté de l'amour de sa vie – il se sent un peu ridicule en ayant cette pensée, mais il ne peut la voir que comme ça. Chaque seconde passée avec elle lui donne l'impression d'être de plus en plus amoureux, mais au lieu d'être effrayé par cette constatation, Charlie l'accepte pour profiter le plus possible de cette relation. Tout est nouveau pour lui, et il espère qu'Automne supportera son besoin de prendre son temps.

— Il a dû vouloir se protéger du froid, le pauvre, dit le libraire avec un sourire doux en regardant la petite créature dans les mains de sa copine. Charlie a toujours aimé les animaux, toutes ces créatures de la nature qui ont besoin d'air pur, et s'il avait pu quand il était enfant, il aurait adopté tous ceux qu'il croisait dans la rue. J'aime beaucoup Melchior. L'anglais boit un peu de son thé en regardant les photos sur le mur d'en face – ne voyant donc pas le petit loir qui semble grimacer à l'entente du prénom. Il passe son bras autour d'Automne blottie contre lui pour lui caresser un peu les cheveux. Il ne se lassera jamais de ces moments pourtant simples mais totalement heureux. Je trouve que c'est un prénom très original. Il est habitué au thème des rois mages vu que son cousin s'appelle Balthazar, et qu'il sait qu'il y a également un Gaspard chez les Owen. On va se coucher ?, demande le libraire quelques minutes plus tard, une fois leurs tasses terminées.

L’idée que le petit animale puisse avoir froid pouvait presque expliqué sa présence dans un appartement Londonien, néanmoins cela n’en restait pas moins hors du commun. Elle caressa le rongeur, en douceur, dans le but de le réchauffer un peu. « Oui, peut-être. Il est trop mignon en tout cas. » Un vieux souvenir lui revenait alors à l’esprit, celui d’un après midi dans le jardin à Cancale, lorsqu’elle et sa cousine jouaient avec un petit mulot qui s’était blessé. Elles s’en étaient occupées jusqu’à ce qu’il aille mieux, comme de véritables infirmière. Comme aujourd’hui, la française lui avait trouvé un prénom original, qui restera sûrement à l’esprit. Une fois la proposition accepté par son copain, elle valida le tout avec un large sourire. « Alors, ça sera Melchior le loir. » Ainsi, leur nouvel ami portera le nom d’un des rois mages. Après avoir bu tranquillement son thé, toujours blottie dans les bras de son amoureux, ce dernier lui proposa de rejoindre les bras de Morphée ce qu’elle accepta d’un mouvement de tête, avant de se redresser rapidement. « Oui; bonne idée. Oh ! J’ai une idée. » Sans demander son reste, elle se leva et tira un des tiroirs de la commande, commençant une recherche intense.

Après quelques minutes, elle revint vers le lit, accompagné d’une écharpe qu’elle enroula un peu, avant de poser le Loir dedans. « Et voilà, il a un petit nid douillet et demain on ira le mettre dans le parc. » Dormir avec un rongeur dans son lit n’était pas le genre de choses qui dérangeait la française, surtout quand elle était en compagnie du brun. Avec lui, tout paraissait magie, douceur et tendresse. Une fois le loir posé dans son lit de fortune, elle s’allongea dans les bras de l’anglais, posant sa tête contre son torse et jouant un peu à promener ses doigts sur son torse. « Bonne nuit mon amour. » Elle ferma les yeux, profitant de la chaleur du moment et rêvant silencieusement à plus.

Troisième jour d'infiltration. Tout se passe bien. Je répète : tout se passe bien. L'abeille est dans la ruche, le lapin dans le terrier. Winnie mange son miel et Bourriquet a perdu sa queue. Bref, on s'en fiche.

J'ai réussi à attendrir le sujet B –  comme Charlie Daniels ? Il est bête comme un chou – et il a insisté pour qu'on me garde à l'intérieur. Le sujet A – comme Automne Pilcher, la meuf très bonne avec qui j'ai réussi à coucher – a des doutes sur ma nature. Des fois, je me dis que Sacha est vraiment le cerveau de la famille, j'aurais bien galéré si j'avais choisi de devenir animagus dodo. En plus, j'aurais pas pu dormir dans son tee-shirt. Et les seins d'Automne, ça vaut tous les oreillers du monde. Je m'égare. Je disais donc : mon plan se passe parfaitement. Automne est en train de devenir folle et Charlie ne la croit pas une seule seconde.

Points positifs de la mission : Je connais tous leurs secrets de couple. Quand je pense que cet idiot refuse de coucher avec elle, il est plus con que je l'aurais pensé. Je peux observer Automne nue quand elle va prendre son bain et ça c'est une très bonne chose. Je peux la regarder se changer. Ses regards affolés quand je danse devant elle n'ont pas de prix.
Points négatifs : Je fumerais bien un joint. La dernière fois, j'ai essayé de lui montrer quel vinyle choisir, mais elle m'a juste poussé. J'en ai marre d'écouter sa merde. Le chat essaye de me manger. Leur romantisme pathétique me donne envie de vomir. Sacha me manque.

Oh, j'entends un bruit. Elle revient ! Oh merde, Charlie est là, encore. Il en a pas marre cet abruti au sourire niais. Mais regardez-le, avec ses tatouages. Et vas-y que je regarde Automne, que je la prends dans mes bras, que je suis doux et attentionné. Mais quel abruti. Bouges-toi le cul gros con, allez. C'est pas comme ça que tu la garderas ta copine. Je devrais peut-être demander à Romy de lui expliquer le principe du sexe, il a l'air d'être léger à ce sujet.
Merde, ils me regardent. Allez Félix, pense loir. Tu peux le faire, loir. Juste loir.Voilà c'est bon. Je suis fatigué, j'ai envie de dormir, ne pas bouger, juste dormir. Et boire du thé, avec un lièvre et un chapelier. Ça y est, je suis bien. Approche-toi d'Automne, c'est bon, roules-toi en boule contre ses jambes, voilà. Mission réussie, je répète, mission réussie.

Le parquet de son appartement grinça sous les pieds des deux amoureux, tandis que Automne retira sa veste et posa son sac à main dans l’entrée. Il avait promené le chien dans le parc toute l’après midi et il pouvait désormais se prélasser sur le tapis du salon. La jeune femme, quant à elle, se dirigea naturellement en direction du canapé, histoire de se soulager un peu les jambes et de s’allumer une cigarette. Alors qu’elle allait se laisser tomber, elle remarqua un petit animal, blottie contre un des oreillers. Bien sûr, ce tableau était très mignon, si ce n’était la deuxième fois qu’il revenait dans son appartement en trois jours. Automne avait l’impression que quelque chose clochait avec cet animal. « Melchior est encore là ? C’est pas possible, je l’ai déposé au parc hier soir... » Déjà, elle trouvait assez étrange qu’un rongeur se risque plusieurs fois dans la ville, juste pour occuper son appartement, surtout qu’elle vivait au dernier étage. Ensuite, il était important de noter que ce dernier était très rapide pour traverser la ville -bien qu’elle n’avait aucune idée de l’allure à laquelle pouvait marcher un loir.

Automne, pas du genre méchante, laissa l’animal dormir avant de se poser à l’opposé dans le canapé en regardant son copain. « Tu sais Charlie, je le trouve un peu bizarre ce loir, genre la dernière fois je suis certaine qu’il dansait... » Bien sûr, elle lui avait pas raconté se passage sur le moment, de peur de passer pour une folle. Pourtant elle était certaine de ce qu’elle avait vu, le rongeur savait danser du Michael Jackson. Après avoir presque hurlé pour s’échapper dans une autre pièce, elle avait fait des recherches sur le dressage de loir et contrairement à ce que l’on pouvait croire, on pouvait effectivement apprendre des tours à son rongeur. Fallait vraiment ne rien avoir à faire de sa vie. D’un geste assez doux, elle attrapa son paquet de cigarette sur la table basse, afin de s’en allumer une, en gardant un oeil du le petit animal. Charlie arriva à son tour sur le canapé et la française continua ses spéculations. « Puis tu trouves pas qu’il a un comportement bizarre des fois ? On dirait qu’il nous espionne. » Le pire dans tout cela, c’était qu’elle avait l’air absolument sérieuse, comme un Sylvain Durif parlant des vaisseaux de la vierge Marie.

En caressant la tête de son chien, confortablement installé sur le tapis du salon d'Automne, Charlie réalise qu'il passe de plus en plus de temps chez la française, tout comme elle en passe de plus en plus chez lui. Si certaines personnes flipperaient face à cette contestation, ce n'est pas son cas. Il aime désormais beaucoup trop la française pour pouvoir se passer de sa présence, et pourrait l'affirmer sans le moindre souci, ignorant que ce genre de discours peut être mal vu. L'anglais n'a aucune honte à ne plus vouloir concevoir sa vie sans elle, et quand il voit ce tableau – Automne sur le canapé, Éole à ses pieds – il ne peut s'empêcher de vouloir que ça dure le plus longtemps possible. Il vient se poser à côté de la française, prenant à peine le temps de regarder le petit loir blotti dans un oreiller. Celui-ci est arrivé il y a quelques jours et l'anglais n'est pas gêné par cet invité inattendu. Le plus étonnant c'est peut-être qu'Automne lui a dit qu'elle le ramènerait au parc. Ils ne peuvent pas garder un loir ici, surtout avec Aslan qui tente de jouer avec l'animal, ou de le manger, il n'est pas très sûr.

— C'est pas possible chérie. Il n'a pas pu revenir en une nuit, dit-il calmement en s'allumant un tabac. Charlie est loin d'être dérangeant – il est rare qu'il contredise Automne surtout qu'il garde toujours le souvenir de ses colères monumentales qui l'ont tant traumatisé. Assis à côté d'Automne, il regarde l'animal tranquillement, avant de reporter son attention sur sa copine. Tu te fiches de moi ? Il a un petit sourire amusé sur le visage, qui laisse clairement entendre qu'il n'en veut pas à la française de lui faire une blague. Automne, tu sais très bien qu'un loir ne peut pas danser. Même s'il sait que le avancées en dressage ont fait des bonds phénoménaux ces dernières années, il doute qu'un animal comme un loir, réputé pour dormir les trois-quarts de son temps, puisse réellement apprendre à danser. Nous espionner ? Il regarde un peu étonné le visage d'Automne, cherchant à savoir si elle est sérieuse ou non. Je pense que tu es fatiguée mon amour. Ça doit être le boulot, tu devrais peut-être te coucher plus tôt pour quelques jours. Pour l'anglais, il ne peut y avoir que ça – Melchior n'est qu'un loir totalement normal, et elle n'a pas de raison de s'en inquiéter.

Ses yeux ne quittaient plus le petit loir, tandis que son petit copain affirmait qu’un retour à l’appartement soit impossible pour un si petit rongeur. La réflexion fit soupirer la française qui pointa du doigt l’animal qui dormait contre l’oreiller. « Bah regarde, il est juste là. » La créature était certes toujours aussi mignonne, mais sa présence pas moins étrange. Automne était une personne plutôt rationnelle dans la vie de tous les jours et certainement du genre à croire que les animaux puissent parler ou autre fantaisie du genre. Pourtant, elle savait très bien ce qu’elle avait vu et cela même si personne ne la croyait. L’animal avait dansé juste devant ses yeux et elle avait comme l’impression qu’il les observait dans leur intimité. Charlie pensa d’abord à une blague, avant d’annoncer que les loirs ne pouvaient pas danser. La française leva les yeux au ciel, un peu agacée avant de reprendre très sérieusement. « Je ne suis pas folle, je sais bien ce que j’ai vu. » S’il y avait bien une chose qu’elle détestait, c’était qu’on ne la prenne pas au sérieux et si l’anglais l’ignorait, il allait très vite le savoir.

Alors qu’elle retira ses chaussures pour s’installer un peu mieux dans le canapé, elle regarda son petit ami avec un air blasé. « Charlie ! C’est pas la fatigue, je te dis qu’il y a un truc qui cloche avec ce loir. » Automne n’aimait pas la manière dont Charlie doutait de ses paroles et encore plus la manière dont ce loir continuait de dormir sur l’oreiller. Comme intrigué par ce dernier, elle l’attrapa en douceur pour le regarder de plus près. Physiquement, il avait tout d’un loir et honnêtement elle pourrait lui faire des milliers de calins, seulement elle savait que ce loir n’était pas comme les autres. « Il joue peut-être la comédie en faisant le loir. » Pour toute personne ne croyant pas ses propos, il était évident de croire que la française était juste en train de perdre pieds en devenant folle, mais ce n’était pas le cas. « J’ai une preuve ! Aslan arrête pas de vouloir le chasser, c’est bien que c’est pas un simple animal ! » Gardant l’animal dans le creux de sa main, elle regarda son copain dans les yeux espérant qu’il pourrait faire l’effort de la croire.

Charlie regarde sa petite amie un peu étonné. Le ton qu'elle emploie l'étonne un peu, il le trouve bien trop agressif pour une petite histoire de loir. Automne n'est pas si compliquée que la plupart des gens le croient – chose qu'il a découverte avec grand plaisir – et elle aime beaucoup les animaux. La voir s'activer à ce point pour prouver que ce loir n'est pas normal, voire maléfique, est plutôt étonnant d'elle. Face à cette situation, il ne peut pas se permettre de la contredire. Une relation de couple doit être basée sur la confiance et la compréhension, et même si aux yeux de l'anglais elle a forcément tort, il doit la soutenir. Pour lui, c'est forcément une mauvaise passe, un manque de sommeil, un excès de stress ou une alimentation trop riche ces derniers jours. Il ignore les raisons concrètes mais il sait qu'il doit l'aider à se calmer, à oublier ce loir – tout simplement à se détendre. Il lui sourit gentiment avant de passer ses bras autour d'elle pour l'attirer contre lui et de lui caresser la main avec beaucoup de douceur et de tendresse.

— Je dis pas que tu es folle Automne, dit-il calmement. Il a toujours le souvenir de toutes ces années à Poudlard où Automne lui criait dessus sans raison, et même si aujourd'hui il sait qu'elle peut être la fille la plus douce du monde, il craint encore ses excès de colère. Je dis juste que c'est peu probable. Il a l'air totalement normal ce soir. Il caresse la main le petit animal que sa copine a pris dans ses mains avant de l'attraper par la peau du cou pour l'observer. Charlie est loin d'être un expert en la matière, mais au cours de ses voyages il a rencontré beaucoup de personnes aimant les animaux au point de s'en occuper pendant des heures et qui lui ont appris certaines choses. À ses yeux, ce loir est tout ce qu'il y a de plus normal. Jouer la comédie ? Tu voudrais dire que c'est un loir qui aurait été dressé pour nous espionner ?, demande-t-il un peu interloqué. Il doute que les mangemorts prennent la peine de mener à bien ce genre de projets, et il ne voit pas qui voudrait espionner Automne. Celle-ci n'a pas d'ennemi d'après ce qu'il en sait. Mon amour, c'est normal qu'Aslan le chasse. C'est l'ordre naturel. Je te promets que rien ne cloche avec ce loir, promis. Il la regarde dans les yeux avant de lui faire un bisous sur le front. Même si elle paraît à cet instant un peu bizarre, il ne peut s'empêcher de la trouver pleine de charme, et d'être heureux de pouvoir passer du temps avec elle. On regarde un film pour te changer les idées ?

Sans surprise, Charlie ne la croyait absolument pas et il fallait dire que son histoire était des plus bancales. Bien sûr, le brun était trop gentil pour se moquer d’elle et se contenta de la prendre contre lui, chose qu’elle ne refusa aucunement. Automne aimait bien la proximité avec lui, même si elle trouvait que c’était jamais assez. « Mais… Je suis sûre de ce que j’ai vu... »Légèrement boudeuse, elle lui caressa tout de même la main en fixant l’animal. En écoutant son copain parler, elle réalisait à quel point ce qu’elle avançait semblait dingue et pourtant, elle refusait de lâcher l’affaire. Automne savait ce qu’elle avait vu et refusait de l’oublier. « Peut-être, on sait pas. » Elle soupira un peu, se doutant que cette histoire d’espionnage ne tenait pas la route. Après tout, qui pouvait s'intéresser à leur vie intime ? Ca n’avait pas de sens. Pourtant, tout donner à croire que oui, même l’instinct animal de son chat, qui guettait l’animal depuis le meuble de télévision, comme s’il craignait le pire. « Je trouve Aslan un peu bizarre de puis quelques temps, je crois qu’il aime vraiment pas ce loir. » La française avait confiance en son chat et se doutait que quelque chose clochait et arrivera bien à le prouver.

Cependant, elle ne pouvait rien faire pour le moment et soupira un peu en sentant la chaleur des lèvres de son anglais sur son front, avant de se blottir un peu contre lui. « D’accord… On peut regarder Hôtel du Nord. » Elle avait vu qu’il passait à la télévision, sur une chaine un peu bobo où il passait tous les soirs de films en noir et blanc. Dans un mouvement rapide, elle attrapa la télécommande et alluma le téléviseur tout en caressant la cuisse de son amoureux, ne repoussant même pas le petit loir qui s’installa contre elle. Après tout, elle n’allait pas blesser un si petit animal inoffensif.

Une semaine que je suis bloqué dans cet appartement. Une semaine à écouter de la musique douteuse – Brel, Gainsgbourg, Aznavour, c'est assez. Une semaine sans burger bien gras, frites bien huileuses, et coca bien sucrée, sans repas dignes de ce nom. Une semaine sans la moindre goûte d'alcool et le moindre petit joint – j'en tremble presque, un véritable enfer.
Et le pire de tous, une semaine sans mon adorable ananas préféré.

Sacha, si tu m'entends, tu me manques. J'espère que tu as noté tous les rebondissements entre Ondine et Roméo et que tu me prépares un résumé complet. Devant un burger, une pizza et des litres de bière.
Aujourd'hui est un grand jour. Celui de la vérité, celui des révélations. Ce soir, je rentre chez moi, dans mon petit appartement avec mon coloc chéri. Oh mon Roméo, j'espère que tu as pensé à enregistrer les épisodes de Dallas.

Mais avant ça, je dois dire la vérité à Automne. Je lui dois bien ça. On a été proche elle et moi – apparemment plus proche qu'elle ne l'est avec son copain actuel. Il faudra que je lui demande où est le problème d'ailleurs. Peut-être qu'il est impuissant ? Ça m'étonnerait même pas. C'est écrit sur son visage. Franchement, si j'étais elle, je le larguerais. En plus, c'est pas comme si elle était laide. Elle pourrait avoir qui elle veut – moi par exemple, je suis pas contre recoucher avec elle si elle veut. Je devrais lui proposer aussi, tiens.

J'ai choisi le moment parfait. Ça y est, elle entre dans la salle de bain. Elle va entrer dans son bain. Oh putain. Elle est encore plus bonne qu'à Poudlard, je vais jamais m'en remettre. Je sais pas ce qui est le plus bandant – ses jambes ou ses fesses ? Je ferais peut-être un sondage. Je suis sûr que Basile Flaversham a un avis là-dessus. Et Sacha et Ondine aussi.
Bon, elle est tranquille dans son bain. Je vais faire preuve de gentillesse. Je vais lui laisser cinq minutes de paix avant de débarquer. Après tout, je lui dois bien ça. Elle avait tellement l'air folle ces derniers jours. En même temps, je l'obsède. Et oui Automne, tu te débarrasseras pas de moi aussi facilement, fallait pas rêver.

L’avantage d’être en couple, c’était qu’elle pouvait finir ses journées chargées dans les bras de son petit ami, ce qui était définitivement bien trop agréable. Alors qu’elle était confortablement installée contre lui avec son chat sur les genoux, elle décida de filer à la douche, histoire de prendre un bain bien chaud. « Je vais prendre un bain... » Comme toujours, elle aimerait bien que Charlie la suive, mais il était apparemment bien décidé à ne pas la toucher, ce qui après quelques moins commençait légèrement à lui peser. Automne se demandait s’il l’aimait vraiment et si c’était juste provisoire ou permanent, surtout qu’elle se voyait mal le forcer. Forcée d’y aller seule, elle l’embrassa rapidement avant de se lever en direction de la salle de bain en laissant son copain en compagnie d’Aslan. Elle ferma la porte de la salle de bain, en laissant le verrou ouvert, au cas où l’anglais aurait une soudaine envie de la rejoindre et mit l’eau à couler. Puis avant de se déshabiller tranquillement, elle démarra une cassette d’Aznavour. C’était un peu son petit moment à elle, celui qu’elle adorait prendre après avoir passé une journée à entendre son supérieur râler pour un rien. Une fois en tenue d’Eve, elle se glissa dans le bain chaud.

Une fois installée, elle relâcha tous ses cheveux et étira un peu ses jambes pour se détendre tel une actrice d’un vieux film de Jean-Luc Godard. La chaleur de l’eau lui fit rosir un peu les joues, tandis qu’elle fredonnait une de ses chansons préférées en réfléchissant à tout et rien. Alors qu’elle commençait à se détendre parfaitement dans son bain, une petite silhouette sur le rebord de la baignoire l’interpella un peu, si bien qu’elle releva un peu la tête. « Encore toi ? Tu as de la chance que je te chasse pas à coup de balais. » Ce loir était un véritable mystère et la française n’aimait pas spécialement le savoir chez elle. Quelque chose clochait avec l’animal et rien ne pourra la faire changer d’avis, pas même son copain et son calme olympien. Elle savait ce qu’elle avait vu et n’en démordra pas.

Le loir marche maladroitement le long du rebord de la baignoire. Il a attendu que la française s'installe tranquillement dans son bain pour venir l'embêter un petit peu. Son plan était parfait – passer une semaine sous sa forme animale chez Automne est une véritable réussite. La seule chose qu'il n'avait pas vraiment prévu, et qui rend les choses encore mieux qu'il l'aurait pensé, ce sont tous les doutes qu'elle a eu sur lui et qui l'ont fait passer pour une folle auprès de son copain. Bien sûr, Félix ne va pas la blâmer pour ça. La photographe a juste fait preuve d'un peu d'observation et d'intelligence alors que la chose lui servant de copain n'est qu'un idiot totalement camé qui ne remarquerait même la fin du monde s'il l'avait sous les yeux. Tout se passe donc à merveille, et il ne peut s'empêcher de sourire un peu – ce qui fait tout sauf naturel chez un animal – alors que la cancalaise lui fait une énième remarque. Ce sera la dernière vu qu'il a décidé de lui révéler sa vraie identité. Le loir fait quelques pas de danse pour répondre à la remarque d'Automne avant de sauter dans le bain comme un véritable plongeur. Quelques secondes plus tard, le disquaire a repris sa forme humaine, totalement nu dans la baignoire de la française ce qui provoque évidemment une petite inondation – ce qui doit actuellement être le dernier souci de son ancienne copine.

— Salut ma belle. Alors, je t'ai manqué ?, demande-t-il avec un grand sourire. Félix a rarement été aussi fier de lui et il a hâte d'aller raconter toute cette histoire à Sacha qui partagera sûrement son humour – comme d'habitude. Parfois, il se demande ce qu'il ferait sans sa jumelle, ce qui a d'ailleurs été une question récurrente durant cette semaine loin d'elle. Il observe avec attention la réaction de la française – c'est la résultat d'une semaine de boulot, et c'est sûrement l'un des plus grands bonheurs qu'il a connus. Tu t'attendais pas à ça, avoue. Si elle lui répond oui, il la demande toute de suite en mariage – ça voudrait dire qu'elle partage un peu de son génie, ce qui n'est pas rien et qui fera sûrement des enfants magnifiques.

L’animal la fixait comme s’il comprenait ses paroles, avant de se dresser sur ses pattes arrièrent et de faire quelques pas de danse improviser sous les yeux étonnés de la jeune femme. On pouvait sentir la panique dans le regard cerné de la française, qui commençait sérieusement à s'inquiéter de sa santé mentale. Sans même s’en rendre compte, elle s’était légèrement repliée sur elle-même, hésitant à crier pour faire venir son copain. Seulement, elle mettait sa main à couper qu’une fois le brun dans la pièce, le loir ne serait plus qu’un loir. Son esprit lui jouait-il des tours ? Avait-elle raison ? Les deux options l’effrayait réellement. Alors qu’elle était fermait les yeux en espérant être en train de rêver, le pire arriva, le loir se transforma en humain. Si bien qu’en quelques secondes elle se retrouva en compagnie d’un homme nu dans son bain. Elle lâcha un cri qu’elle stoppa à l’aide de sa main avant de fixer l’individu, en évitant bien sur tout ce qui trouvait sous la ceinture. « Felix ?!? » Elle hallucina tout bonnement en voyant son ex-petit-ami dans son bain et encore plus quand elle réalisa qu’il avait vécu durant des jours chez elle en se blottissant sous ses vêtements. Automne avait l’impression de faire un cauchemar et elle était partagé entre l’envie de hurler, pleurer ou commettre un meurtre. Puis une idée lui arriva à l’esprit, que se passerait-il si Charlie la voyait dans le bain avec un autre ? Une catastrophe, il ne fallait pas qu’il voit ça.

« Mais tu es complètement malade !! Un gros malade ! » Elle hurlait ne chuchotant et lui lança les bouteilles de shampoing qui traînait sous sa main à la figure, espérant le faire partir le plus rapidement possible. Malheureusement, ce n’était pas le cas et elle se sentait réellement débordé par les événements et par le sentiment de malaise qui montait en elle. Alors qu’elle avait réellement envie de le tuer, elle sentit les larmes monter et se replia sur elle même en cachant un peu son visage se sentant parfaitement humilié. « Je... Pourquoi tu fais ça ? » Elle n’avait aucune idée de pourquoi Felix avait violé son intimité ou pourquoi il avait joué les voyeurs, mais c’était vraiment dérangeant surtout quand on avait pas très bien dormi pendant plusieurs jours. Il n’en fallait pas moins pour craquer sous la pression et même si elle rêvait de retrouver les bras de Charlie, elle était coincée dans une situation vraiment honteuse.

Félix ne peut cacher son sourire satisfait alors que la française le traite de malade. Rien d'étonnant pour le disquaire qui a souvent été considéré comme trop barge – mais à ses yeux, ce n'est qu'un détail instauré par une norme trop stricte. Il n'est pas réellement fou, il a juste une imagination débordante et des idées trop novatrices pour le commun des mortels. Dans ce genre de moments, il se rappelle pourquoi il passe sa vie avec sa sœur, Roméo et Ondine. Seuls eux semblent partager son point de vue et ne s'inquiètent plus pour ses dernières révélations en date. Automne n'a hélas jamais fait partie de ces gens – trop normales, peut-être même trop rangée, elle est juste pour le blond la plus belle fille avec qui il a pu coucher, mais pas celle avec qui il pourrait faire sa vie. Quel dommage – il ne doute pas être un meilleur parti que le libraire vu que lui au moins serait capable de la satisfaire sexuellement.

— Aiiie, lâche-t-il quand la bouteille de shampoing rentre en collision avec sa tête. Son arrivée n'est peut-être pas très conventionnelle mais un simple bienvenue lui aurait suffit. Pas la peine de lui faire une nouvelle bosse en plus pour lui prouver qu'elle est ravie de le voir. Mais ce petit événement est rapidement oublié avec qu'il jette un coup d'œil rapide au corps dénudé de la française qui est définitivement sublime. Pourquoi ? Je m'ennuyais. Je devais partir à Amsterdam mais finalement non, une histoire de drogue dans une valise, quelque chose comme ça. Alors je suis passé dire bonjour. Il se remémore rapidement le passage à l'aéroport en compagnie de son meilleur ami – passage qui d 'après lui était à mourir de rire même s'il a eu pour conséquence de se retrouver comme deux connards dans un abribus. Il relève la tête pour regarder Automne avec un regard satisfait quand il croise le regard humide de la française. Il comprend vaguement à cet instant qu'il est peut-être aller plus loin – et s'il y a une chose que Félix n'est définitivement pas, c'est méchant. Il déteste blesser les gens à qui il tient et il a de plus en plus l'impression de l'avoir fait pour la brune. Il pose sa main sur son bras, dans un geste qui se veut réconfortant. Eh, ça va pas Automne ? C'est parce que je sais que tu couches pas avec Charlie que tu te sens pas bien ? Tu sais, si c'est que ça, je le dirais à personne mais faut pas pleurer, dit-il d'un ton qui se veut bienveillant. Il lui sourit franchement, persuadé que les choses iront désormais bien entre eux.

Son coeur battait plus rapidement que jamais, tandis que ses joues étaient aussi rouges de honte que de colère. Automne n’arrivait pas à décider lequel des sentiments était le plus fort à ce moment précis, mais s’il y avait bien une chose qu’elle savait, c’était qu’elle avait littéralement envie de mourir dans cette baignoire. Une main se posa sur elle, tandis qu’elle releva les yeux dans les direction de Félix, un regard qu’elle voulait plus froid et méchant que jamais. « Lâche moi ! Et arrête de dire n’importe quoi, tout va très bien avec Charlie. » Non tout allait pas bien, mais il avait pas le droit de dire ça. Il les avait observé, c’était terriblement gênant, si bien qu’elle osait même plus le regarder plus de dix secondes dans les yeux. « Puis ce ne sont pas tes affaires, c’est ma vie sexuelle ! » Ou plutôt l’absence de vie sexuelle dans son cas. Bien sûr, ça la faisait chier que Charlie ne la touche pas et elle se remettait très souvent en question, mais de savoir que Félix était au courant et qu’en plus il se permette de faire une remarque l'énervait vraiment. Seulement, sa voix tremblait et ses yeux s'humidifiaient trop pour qu’elle réussisse à répondre autre chose.

Au bout d’un instant, quand elle se doutait qu’elle allait pleurer, elle décida de sortir de la baignoire pour attraper un peignoir et de se rouler dedans. « C’est super humiliant... » Tournant le dos à son ancien petit copain, elle plongea son visage dans ses mains pour craquer fatiguée de tout ça. On venait de violer son intimité et cette idée la mettait extrêmement mal à l’aise. Elle essaya comme elle pouvait de se reprendre, en relativisant la situation. Seulement, c’était trop pour elle et elle n’avait pas du tout envie de rire avec l’autre qui semblait définitivement trop fier de sa blague. A cet instant précis, elle avait envie de disparaître, mais savait que ce n’était pas possible.

Félix baisse les yeux, gêné. Il se rend compte peut-être un peu tard que sa blague peut ne vraiment pas plaire. Automne ne semble définitivement pas apprécié qu'il a fait. Il n'est pas sûr de comprendre pourquoi – lui trouverait une situation pareille hilarante et serait ravie d'avoir un ami prêt à sacrifier une semaine de sa vie pour une telle chose. Mais la française, elle, semble plutôt à bout. En temps normal, Félix aurait soupiré, aurait crié à l'hérésie – cette fille n'a aucun goût, c'est un cas perdu et il ferait mieux d'aller voir sa sœur que de s'occuper d'elle – mais pas aujourd'hui. Les yeux humides de son ancienne petite amie lui font rapidement réaliser qu'elle est sue le point de craquer, et que c'est en grande partie sa faute. L'anglais aurait adoré pouvoir accuser Charlie de mal prendre soin d'elle, mais à mis à part le fait qu'il refuse de coucher avec elle – une aberration que le blond ne comprend toujours pas – le libraire semble malgré tout chercher à rendre heureuse la cancalaise.

— Mais Automne. Le blond se lève à son tour de la baignoire, s'approchant d'elle un peu timidement. Il ne prend pas la peine de mettre une serviette autour de ses hanches, n'y pensant simplement pas. Félix n'est pas exhibitionniste, il n'est juste pas spécialement pudique surtout e compagnie d'une fille avec qui il a déjà couché. Eh, pourquoi tu dis ça ? Tu sais bien que j'ai pas fait ça pour te blesser. Il pose sa main sur son épaule, avant de lui faire un petit sourire amical et vide de toute mauvaise attention. On est amis, on se fait des blagues mais c'est pas méchant. Il lève la main pour lui caresser doucement la joue, un peu comme on le ferait à un petite fille triste qui viendrait de découvrir la cruauté du monde. Et je suis là si tu as besoin de moi, rajoute-t-il avec un sourire gentil. Même si tu manques clairement d'humour. Il n'en revient toujours pas, elle n'a pas trouvé drôle sa blague.

Quelques larmes coulaient ce qui rappelait qu’elle n’avait finalement que vingt-cinq ans et était encore loin d’être une vraie adulte. Elle aurait aimé lui en coller une ou même le virer de chez elle, mais à la place elle pleurait, parce qu’elle était blessé. Pour Félix, tout cela n’était qu’une blague, finalement tout avait toujours été une blague pour lui, ce qu’elle trouvait terriblement méchant. La main qui se posa sur son épaule lui donnait encore plus envie de pleurer, trouvant la situation terriblement rabaissante. Pourquoi son bourreau voulait-il la réconforter ? Pourquoi il ne voulait-il pas juste partir ? Sûrement parce qu’il voulait encore plus l’enfoncer pensa-t-elle. Il assura que non, mais elle n’était pas d’humeur à croire quelqu’un qui avait passé une semaine à la regarder dans son intimité. « C’est faux... » Le blond l’avait toujours charié sur ce qu’il s’était passé entre eux, comme si pour lui ça n’avait pas la moindre importance pour lui.

Plus il parlait, plus elle se sentait mal à l’aise, si bien qu’elle ne rêvait qu’une seule chose, les bras de son petit ami pour se blottir dedans et ne jamais en ressortir. Une main se posa sur la joue et elle la repoussa rapidement, agacé par cette fausse sympathie. « Tout a toujours été une blague pour toi ! Depuis le début je suis qu’un jouet pour toi, mais non je suis vraie personne avec des sentiments ! Je suis pas un jouet... » Alors qu’elle pensait être en train de reprendre le taureau par les cornes, elle s’effondra encore plus, tournant le dos au blond. Automne détestait avoir l’air faible face aux gens, si bien que pour elle pleurer était devenue une véritable honte. « J’ai pas besoin de toi… Puis tu n’as jamais rien pensé de bien à mon égard alors arrête ton cinéma. » Paniquée, elle attrapa son peignoir pour se cacher dedans, comme s’il allait l’aider à affronter cet affront.

Le disquaire a toujours eu cette manie d'aller trop loin dans les délires. Félix est barge, c'est un fait mais également la raison qui le pousse à ne rester qu'en compagnie de sa sœur et de ses plus proches amis qui partagent en partie son humour. Ce n'est pas le cas d'Automne. Il n'est pas stupide, il voit bien qu'il a blessé la plus jeune – ce qui n'était pas du tout le but quand il a commencé à squatter chez elle sous sa forme animale. Mais maintenant que le mal est fait, l'anglais ignore comment faire pour se rattraper. Elle n'a sûrement qu'une seule envie le concernant – qu'il disparaisse à jamais de sa vie, mais si le disquaire part maintenant, ce sera d'autant pire. Il soupire, bien décidé à affronter ses conneries jusqu'au bout, bien qu'il ne comprenne pas vraiment ce qui gêne son ancienne petite-amie dans sa blague.

— Je voulais juste te faire rire, parvient-il à dire d'une petite voix. Félix baisse les yeux, gêné comme un enfant qu'on aurait engueuler pour une bêtise. La photographe arrive à faire disparaître la fierté de son cœur. Il la regarde, sur le point de s'effondrer, ignorant la démarche à suivre. Habituellement, il lui aurait fait un câlin mais il se doute que c'est la dernière chose dont elle ait envie. Je voulais qu'on rigole ensemble comme avant, quand on était amis. Ils ne l'ont jamais vraiment été, et le seul moment où ils ont réellement passé du temps ensemble est l'époque où ils sortaient ensemble. Mais Félix n'a jamais aimé la jeune fille au sens romantique du terme, et à ce moment-là, les sentiments qu'il avait pour elle était clairement amicaux. Dommage pour lui, il faut croire que Automne ne le voit que comme comme un nuisible. Il ouvre la bouche, s'apprêtant à dire autre chose – prendre sa défense, endosser le rôle de son propre avocat dans cette affaire perdue d'avance – mais la referme immédiatement. Ça va Automne ? À qui tu parles ?, demande la voix venant du salon, celle du copain de la jeune fille. Charlie a l'art de tout gâcher, se dit le blond qui soupire. Je vais te laisser mais on se voit bientôt, d'accord ? Il n'attend pas la réponse de la jeune fille – il sait qu'elle sera sûrement négative et lui a décidé de ne pas lui laisser le choix – et transplane immédiatement dans sa chambre avant de se vautrer sur son lit en attrapant une cigarette.

La situation pouvait difficilement être pire, sans parler qu’elle se sentait extrêmement seule à cet instant précis. On lui avait rarement manqué autant de respect et elle trouvait cela particulièrement méchant de la part de Félix avec qui elle avait tout de même partager des choses. « Amis ? Parce que tu fais ça toi à tes amis ? Parce que pas moi ! »La colère commençait à monter alors qu’elle s’essuyait les joues avec le revers de la main, comme pour garder un semblant de dignité. « Moi mes amis, je les invite à manger, je prend des nouvelles et je fais en sorte qu’ils aillent bien. » Automne n’était pas la personne la plus amicale du monde, mais pour les quelques personnes qui en profitaient, elle se montrait irréprochable sur ce point. Pour elle les amis c’était comme la famille, il fallait se serrer les coudes, sans quoi il était impossible de trouver son propre équilibre.


Dans une gêne ultime, elle ressera à nouveau son peignoir, comme si elle avait peur que le blond puisse encore voir des choses intimes. Alors qu’elle avait encore beaucoup de reproches à lui faire, la voix de Charlie résonna à travers la porte et son coeur s’emballa un peu avec la panique. S’il rentrait et découvrait cette scène, il serait forcément blessé et aucune explication ne tiendra la route pour quelqu’un de normalement constitué à l’instar de Price. « Je… Personne, je me suis juste pris le pieds dans le meuble. » Son petit ami était bien placé pour savoir qu’elle était du genre à s'énerver facilement, si bien qu’elle espérait que cela l’éloigne de cette porte. Alors qu’elle commençait déjà imaginer lancer le blond en forme de rongeur par la fenêtre, ce dernier décida de transplaner en la saluant et en moins de temps qu’il en faut pour dire quidditch, elle était seule dans la salle de bain.


Un coup de baguette plus tard, son visage avec repris un aspect neutre, tandis qu’elle ouvrit la porte toujours en peignoir pour sourire à son petit ami. Il était peut-être pas parfait dans tous les domaines, mais lui au moins il ne lui manquait pas de respect. « Je veux des calins. » Il lui fallait au moins ça pour oublier ce qu’elle venait de traverser et bien sûr elle ne souhaitait pas en toucher un mot à Charlie.

Charlie a envisagé de lire – cette idée n'a tenu que quelques minutes avant qu'Aslan décide que ce n'était pas l'heure pour ça et qu'il vienne l'embêter en lui sautant sur les jambes. Le brun a commencé par le poser doucement à côté – une fois, puis deux et à partir de la cinquième, il a fini par poser le livre pour accorder à la petite boule de poil ce qu'il voulait, c'est-à-dire des caresses et dormir sur ses genoux comme si c'était normal. Il s'occupe donc du félin, s'attirant le regard un peu étonné d'Eole en train de se reposer à l'autre bout du salon. Le brun sourit à son chien – si une chose est sûr dans sa relation avec Automne, c'est qu'aussi bien lui que son animal ont à subir la présence intrusive dans leur vie du chaton toujours aussi énergique, chose qui jure énormément avec le côté sage du labrador dont la personnalité s'accorde à merveilles à celle de son maître. C'est à cet instant qu'il entend la voix de sa copine dans la salle de bain et ça bien qu'elle soit seule. Il regarde la porte un peu étonnée après qu'elle lui ait répondu s'être juste cogné le pied. En réalité, Automne l'inquiète ces derniers temps – depuis cette histoire de loir, la française ne semble pas très bien et lui ignore comment faire pour qu'elle se sente mieux. Et pourtant, il essaye, faisant son maximum pour qu'elle se sente bien et qu'elle soit heureuse avec lui.

— Ah oui ?, dit-il en la regardant doucement alors qu'elle lui annonce vouloir des câlins. Il lui sourit tendrement avant d'ouvrir ses bras pour qu'elle vienne contre lui. Il n'aurait jamais pensé pouvoir avoir une telle relation avec une personne qui l'a harcelé toute sa scolarité mais il est bien content que ce soit arrivé. Il serait passé à côté d'une personne extraordinaire. Il la serre contre lui, Aslan ayant de lui-même sauté sur le bord du canapé. Je te sers un thé. Il attrape la théière posée sur la table pour servir une tasse à la jeune fille avant de lui mettre dans les mains – rien n'est meilleur quand ça va mal qu'une bonne tasse de thé chaud. Il lui caresse délicatement la jambe. Tu sais mon amour, si tu es stressée, on peut partir en week-end au bord de mer. Ça pourrait te détendre un peu, propose-t-il calmement. Il ferait tout pour la française, surtout si ça a une possibilité de la rendre heureuse – et quoi de mieux pour ça que de passer un week-end en amoureux.