Le soleil était déjà en train de se coucher, donnant une luminosité absolument sublime au ciel écossais. La plupart du temps, Balthazar se contentait de regarder le couché de soleil par la fenêtre ou ne le voyait d’ailleurs pas se coucher, passant de plus en plus de temps dans la serre où à l'intérieur pour s'entraîner à la basse. Depuis la franche réussite de leur premier concert, le gallois n’avait pas chômé, travaillant deux fois plus sur leurs prochaines chansons et cherchant aussi quelle composition personnelle il allait bien pouvoir proposer aux deux autres. C’était d’ailleurs la raison qui l’avait poussé à se rendre dehors, il avait profité de l’après midi, séchant au passage quelques cours pour chercher l’inspiration et écrire une chanson qui pourrait plaire aux garçons. Après avoir arraché une bonne dizaine de pages en quatre heures, il avait fini par écrire quelque chose qui lui convenait et qui était adapté à leur manière de jouer et leurs instruments.

Balthazar était justement en train de retourner au château, quand il reconnu sur son chemin une silhouette qu’il connaissait que trop bien, puisqu’il ne s’agissait ni plus, ni moins de Hazel. Naturellement, il s’approcha d’elle en souriant.  « Tu n’es pas avec les autres ? » Une question pour la forme, tandis que ses yeux se posèrent sur le pull de la plus jeune, un pull qu’il ne pouvait qu’approuver.  « All you need is love ? J’adore ton pull. » Le blond n’était pas du genre à faire des compliments vestimentaire, mais cette fois il devait avouer beaucoup aimer ce sweat, simplement parce qu’il parlait des Beatles et surtout, parce qu’il adorait cette chanson.

L'Elevage des Dragons pour l'agrément ou le commerce s’avérait être une lecture passionnante, songea Hazel en tournant la page. Il faudrait qu’elle pense à remercier pour la quatrième fois Isaac par hibou pour son présent. Non seulement elle avait pu apprendre des tas de choses très utiles sur l’un de ses animaux magiques préférés, mais en plus cet ouvrage lui avait redonné goût à la lecture –une activité que les gens comme elle n’étaient pas vraiment en mesure d’apprécier, trop hyperactifs et en manque d’attention qu’ils étaient.

Et pourtant, envers et contre toute attente, la septième année avait dévoré pas moins des cent premières pages du bouquin sans protester ni voir le temps défiler. C’était rare, tellement rare pour elle qui habituellement n’arrivait jamais à passer la barre des cinq pages pour les livres de cours sans se laisser distraire par une blague de Jude ou un plan foireux de Donnie. Définitivement, elle se plaisait bien là, assise sur ce petit banc de pierre à l’abri du froid hivernal. Et elle n’aurait peut-être pas bougé de là pour encore quelques temps si un jeune Serpentard n’était pas tranquillement venu à sa rencontre la déloger de ce calme trop studieux pour elle.

Hazel leva un nez rougi par les basses températures écossaises vers Balthazar avec un sourire très fier, comme ceux qu’arborent les jeunes enfants quand ils annoncent à leurs parents qu’ils connaissent leur alphabet sur le bout des doigts. « Non, figure-toi que je lisais ! » Et la lionne de brandir son exemplaire sous le nez de son interlocuteur.

Passé les salutations, il ne put s’empêcher de remarquer les paroles cousues sur son pull et l’américaine jeta un coup d’œil à ce dernier avant de jouer les fausses étonnées. « Sans blagues ! Balthazar Owen qui n’aime plus les Beatles, ça m’aurait étonné. » se moqua Hazel en lui souriant. Le jeune gallois était réputé pour être féru de rock mais pas seulement : s’il y avait bien une valeur sûre dans tous les groupes qu’appréciaient le jeune homme, c’était les quatre musiciens anglais. D’ailleurs quelque part, l’instigateur de l’achat de ce vêtement avait vraiment visé juste. En plus de tenir chaud et d’être d’une couleur qu’elle jugeait parfaite, il était cool – et pas du tout gnan-gnan, comme disait souvent Jude depuis qu’elle avait repensé sa garde-robe de manière un peu plus féminine. « En tout cas tu pourras dire merci à Benny, c’est de lui qu’il vient. » Et non, il n’y avait aucun souci particulier à ce que le meilleur ami de son cousin lui offre des cadeaux de Noël aussi précisément bien ciblés.

« Qu’est-ce que tu fais toi ? » s’interrogea la brune en refermant son bouquin pour concentrer toute son attention sur Balthazar. Si en grandissant la jeune fille pouvait concevoir que parfois être un peu seul au calme n’était pas si horrible que cela, elle préférait quand même largement les activités de groupe – mais ce n’était pas le cas du blondinet, aussi aimait-elle souvent savoir ce qu’il bricolait en solitaire. « T’es ni avec Jude ni avec ta petite amie, j’en déduis que tu voulais être au calme, j’me trompe ? » Un petit air farceur éclaira son visage, la brunette s’interdisant de rajouter que c’était déjà mal parti pour lui s’il voulait rester avec la jeune Risenfield dans les parages. La notion de tranquillité était déjà rayée de la liste.

« Tu lisais ? Bravo, tu veux une médaille ? » Une petite boutade sans méchanceté en direction de la brune qu’il avait l’habitude d’aider pour les devoirs. Il était au courant de la dyslexie de son amie et ne disait aucunement ça pour la vexer. De toute manière, tous les proches de Balthazar devaient savoir que le garçon avait l’habitude du sarcasme et les succeptibles feraient mieux de passer leur chemin. Heureusement, Hazel étant une membre du fameux Genius Crew avait l’habitude de vivre avec le sens de l’humour du gallois. Surtout qu’il venait en contre partie de lui lancer un compliment sur ce pull fort sympathique.  « Faut croire que je suis trop prévisible. » Un sourire en coin avant de reprendre sa marche accompagné cette fois de la plus petite. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas passé du temps rien qu’avec elle et il devait avouer que cela lui manquait un peu, Hazel avait toujours été simple et discuter avec elle avait toujours été facile.  

« Benny ? C’est ton petit copain ? » Le gallois n’était pas la personne la plus physionomiste de l’école et connaissait pas mal de difficulté à remettre des noms sur des visages. Néanmoins, comme la brune traînait en général soit avec le Genius Crew, soit avec son petit cousin et ses potes, il supposa que cela devait être un garçon qui venait de là. De plus, il n’était peut-être pas expert dans la matière -même s’il se considérait clairement plus doué que Jude, il devait avouer qu’un garçon qui offrait un pull avec écrit All you need is love sous entendait forcément quelque chose -surtout que la brune n’était pas forcément une grande fan du groupe anglais.  « En tout cas, si c’est le cas, ce gars est forcément cool. » Un mec qui aime les Beatles ne peut définitivement pas être mauvais d’après le septième année, ce qui ne pouvait être qu’une bonne chose pour son amie, qui méritait bien d’un copain fiable pour une fois.

La brune le questionna sur sa présence en extérieur et elle visa plutôt juste avec sa déduction digne d’un Sherlock Holmes du dimanche.  « C’est vrai, j’avais besoin de calme pour composer. Tu sais, pour le groupe. » Il passa sa main dans ses cheveux pour les remettre en vrac comme il aimait, tandis qu’il marchait lentement aux côtés de la rouge et or.  « Puis entre nous, j’ai absolument aucune idée de où se trouve Jude et je n’avais pas trop envie de passer la journée avec Elliot. » D’habitude, il réfléchissait avant de parler, ce qui lui aurait éviter d’annoncer à la meilleure amie de la rousse qu’il n’avait pas envie de la voir, mais il supposa qu’il pouvait faire confiance à Hazel pour ne pas foutre la merde dans leur couple. Le gallois n’osait pas trop en parler, mais il s’ennuyait un peu dans son couple, simplement parce qu’il réalisait qu’il ne partageait finalement pas tant que ça avec Elliot, seulement en parler à Jude était compliqué. Surtout que l’asiatique aurait immédiatement pensé que cela se passait mal sur le plan sexuel, ce qui n’était absolument pas le cas.

Loin de se vexer, la rouge et or s’esclaffa et approuva d’un hochement de tête vigoureux l’idée d’une récompense pour un acte aussi intellectuel. « Au moins ! » Le jour où Balthazar la blesserait, il y avait de fortes chances pour que cela coïncide avec la réapparition des dinosaures sur Terre – ou la naissance des premières poules avec des dents.

Déçu d’être devenu si facile à lire pour la rouge et or, celle-ci tempéra le tout avec une sagesse presque admirable pour quelqu’un comme elle. « Après sept ans, je commence à te connaître, heureusement. » Cela lui faisait toujours une curieuse impression de se dire qu’ils étaient ici depuis si longtemps et que bientôt ils quitteraient le château et leur vie d’élève pour devenir des adultes. Si Hazel imaginait parfaitement ce que Balth’ pouvait donner en tant que jeune homme parfaitement mature, pour sa propre cause, c’était différent et un poil plus compliqué.

Ils s’étaient mis à marcher et la jeune fille avait donc rangé son ouvrage pour suivre le mouvement, jusqu’à ce que le gallois lui demande le plus normalement du monde si Bennet était son nouvel amoureux. La question souleva une vague d’étonnement telle qu’elle lui envoya un petit coup de coude dans le bras. « Quoi ?! Mais non ! » Ses joues avaient violemment rougi tandis qu’elle riait, nerveuse. Il allait vraiment chercher de ces trucs, quand il s’y mettait. « C’est un ami. Et il est très cool, oui ! » Elle s’en voulait presque d’avoir mis son cadeau de Noël alors qu’il n’y avait rien à se reprocher – au fond elle avait un peu peur que l’on la pense intéressée par le futur petit-ami de son cousin. Mais le blondinet avait si bien choisi le sweat qu’elle ne pouvait pas l’abandonner dans son placard au risque de commettre un crime. « Si tu veux tout savoir il est amoureux de Donnie. J’essaie de les mettre en couple mais c’est encore pire qu’Elliot et toi ! » se sentit-elle obligée d’expliquer en oubliant complètement le respect de la vie privée d’autrui et tout un tas de détails – comme la véracité de ses hypothèses, par exemple.

Les Green Brothers étaient un sujet qui revenait de plus en plus fréquemment dans leurs discussion – les trois Serpentards semblaient plus que jamais concentrés là-dessus que sur les examens ou les choses plus imminentes de la vie. La brune haussa les épaules, ignorant partiellement où était Jude et ce qu’il pouvait bien trafiquer. « Je sais pas. Je crois qu’il avait un truc de prévu mais en tout cas il râlait beaucoup aujourd’hui. » Dans sa mémoire, cela ressemblait à une heure de colle en compagnie d’un professeur qu’il détestait – mais comme ce genre de situations avait souvent lieu, Hazel n’était pas tout à fait sûre que ce soit le véritable motif de son absence auprès d’eux.

Quand le blond lui avoua qu’il n’avait pas vraiment cherché la compagnie de sa copine rousse pour l’après-midi, les sourcils de l’américaine se froncèrent, légèrement suspicieux. « Ah bon ? Pourquoi ? Vous vous êtes disputés ? » s’enquit la jeune fille en penchant un peu la tête de côté, un sentiment d’anxiété apparaissant rapidement sur son visage, véritable miroir sans filtre de ses émotions. Elle ne voulait pas lui forcer la main s’il ne souhaitait pas en dire davantage mais pour assez connaîte Balthazar, si celui-ci ne voulait pas aborder un sujet, il ne le nommait tout simplement pas.

Un sourire en direction de la petite brune qui marchait tranquillement à ses côtés, tandis qu’elle rappelait le nombres d’années qu’ils se connaissaient et à quel point cela les avait rendu proche -au point d’être très bons amis. « Si tu me connais c’est déjà plus que moi-même. » Il fallait croire que c’était plus simple de connaître les autres que soi-même. Si elle pensait le connaître, il fallait croire que c’était réciproque étant donné qu’il semblait avoir visé dans le mille en parlant de Bennett. Hazel s’empressa de démentir ses propos, mais ses joues roses et son ton de voix plus aiguë que d’habitude laissaient croire le contraire. « C’est pour ça que tu es toute rouge ? » Un petit sourire, tandis qu’il referma un peu plus son manteau à cause du vent. La brune ne lâcha pas et continua de se défendre en ajoutant des arguments concernant son fameux cousin. « Amoureux de ton cousin ? Je croyais qu’ils étaient potes et puis j’ai comme le pressentiment que c’est pas ton cousin qu’il aime, mais plus toi. » Les pressentiments de Balthazar arrivait toujours au moment où l’on s’y attendait le moins, après libre à elle d’y croire ou pas.

Balthazar ne jugea pas utile de trop insister, après tout il savait mieux que personne à quel point c’était insupportable de voir ses potes fouiner dans sa vie sentimentale. Les spécialistes pour cela c’était elle et leur acolyte asiatique, qui même maintenant qu’il était en couple ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire, envoyant des livres à sa copine parfaitement déplacés -chose qui avait le don de le blasé encore plus que d’habitude. Raison pour laquelle il aimait avoir un quelques petits moments sans son meilleur ami qui savait se montrer épuisant. « Ouais, sûrement en colle, je crois qu’il m’en a parlé. » Il avait cru entendre Jude parlait d’une colle avec Daphné et il supposa que c’était sûrement le cas, au pire ce n’était pas très important. La brune sembla s'inquiéter par rapport à sa remarque sur sa petite amie et il se rattrapa rapidement. « Non, non, mais j’ai juste besoin d’espace et tout. » Balthazar n’était peut être pas le copain de l’année, mais n’était pas du genre à dire du mal de sa petite amie devant les autres juste pour jouer le garçon virile. Le blond appréciait vraiment Elliot, mais avait seulement besoin d’espace de temps en temps, ce qui expliquait son comportement parfois distant avec la rousse.

Bennet Harvey était sans aucun doute un garcon adorable, gentil et mignon. Il était aussi très drôle – parfois à son insu mais Hazel n’en voyait pas le mal – mais il n’y avait aucune explication logique ou sensée qui aurait pu faire qu’elle en soit amoureuse. Primo, parce qu’il était à et pour Donnie, secundo parce qu’offrir des cadeaux à ses amis était normal et absolument pas une preuve de quoi que ce soit. « Je suis rouge parce que c’est gênant ! » Une argumentation tout à fait bancale qu’Hazel n’avait aucune honte à présenter à quelqu’un d’aussi pragmatique et réfléchi que Balthazar Owen. Autant tout de suite se dénoncer à ce compte. Hazel poursuivit, persuadée d’avoir la bonne défense. « C’est tout. Ca aurait été pareil si t’avais parlé d’un autre élève. » Il aurait pu remplacer Bennet par n’importe qui, elle aurait été aussi gênée ou mal à l’aise qu’elle l’était en ce moment. Hazel n’était pas réputée pour être une jeune fille aux relations amoureuses nombreuses et de ce fait elle n’était en rien au fait de ses éventuels atouts, de son potentiel amoureux ou même des garçons susceptibles de la trouver mignonne – le savoir l’aurait très certainement plongée dans un état de confusion maximal.

La brune roula d’ailleurs des yeux en écoutant le gallois lui annoncer de but en blanc que son camarade blondinet avait sûrement davantage envie de sortir avec elle qu’avec son cousin. C’était une annonce tellement saugrenue pour la Gryffondor qu’elle la rejeta aussitôt en bloc. « Tu dis n’importe quoi. On croirait entendre Jude qui pense que tous les garçons sont après moi. » rétorqua l’américaine avec une incrédulité épatante. Les deux Serpentards étaient souvent dissociables sur de nombreux domaines, mais là, la ressemblance était frappante.

L’asiatique coincé en colle, ne restaient donc plus qu’eux deux pour une petite promenade improvisée dans le parc – et celle-là s’annonçait riche en discussions et révélations puisqu’ils avaient directement abordé le sujet d’Elliot, Hazel s’inquiétant toujours beaucoup trop vite du bonheur des autres. « Ah, j’ai eu peur. » La jeune fille souffla de soulagement, satisfaite de savoir que Balth’ restait seulement un garçon qui appréciait la solitude. La brune n’imaginait en aucun cas son ami faire de la peine à son amie métamorphomage et la seule raison pour laquelle il aurait pris ses distances avec elle se rapportait forcément à son groupe de musique. Aucun problème au paradis des amoureux, donc.

Hazel s’était toujours intéressée aux passions de ses plus proches amis et surtout elle aimait bien voir son comparse à l’œuvre – lui qui ne faisait jamais rien en cours et réussissait toujours tout devait forcément être exceptionnellement talentueux quand il se décarcassait. Quand Jude, Galaad et lui étaient ensemble ils devaient sans doute être à fond dans leur groupe et leurs chansons, et elle voulait les soutenir du mieux qu’elle pouvait pour ça. Curieuse, elle observa son camarade avec attention. « Bon et alors t’as fait combien de chansons ? J’espère qu’il y en a une sur moi. » Elle pouffa, pas peu fière de sa plaisanterie, tout en continuant de marcher.

Un léger sourire en écoutant son amie se défendre face à ces accusations. Balthazar ne jugeait pas vraiment la réaction de la brune et préféra en rire un peu. « Si tu le dis. » Il ne doutait pas vraiment que peu importe la personne elle aurait trouvé cela gênant, mais pour lui c’était certain que ce petit blond appréciait bien plus la brune qu’elle ne le pensait. Néanmoins, ce n’était pas son genre d’insister et accepta de passer à autre chose, ce qu’un certain Jude Lynch n’aurait sûrement pas fait. D’ailleurs, au moment même où il pensait à la lourdeur de son meilleur ami, la plus petite parla de lui, ce qui le fit vaguement rire. « Tu me compares à Jude maintenant ? » Pas un instant il ne prenait au sérieux ce qu’il venait de dire, sachant très bien qu’elle ne le disait pas méchamment. Bien que ressembler à Jude ne lui plaisait pas du tout, il supposa que de la part de Hazel, ce n’était pas un reproche. Après tout, c’était la meilleure amie de l’asiatique et elle s’enthousiasmait à chacune de ses conneries.

Passer du temps avec Hazel avait toujours quelque chose de rafraîchissant et il se disait qu’il devrait peut-être le faire un peu plus souvent d’ailleurs. S’il s’entendait aussi bien avec elle, c’était surtout parce qu’il la trouvait incroyablement sincère et honnête, ce qui était très rare aujourd’hui. Si bien que la manière dont elle paraissait soulager d’apprendre qu’il n’y avait pas d’embrouille dans son couple le fit sourire. « Non, t’en fais pas, tout va bien. » Tout était loin de la vérité, mais jusqu’aux dernières nouvelles, il n’y avait pas de réels problèmes si ce n’était un manque évident de communication dans leur couples.

La brune s'intéressa soudainement à ses compositions et il lâcha un petit sourire. « Deux, mais aucune sur toi malheureusement. Tu veux me donner ton avis ? » Balthazar ne proposait pas souvent cela aux gens, pour ne pas dire jamais, mais avoir un avis avant de le montrer aux gars apparaissait comme une bonne idée. Au moins, si c’était nul, il n’aurait pas à se taper le rire débile de son bro. En marchant, il sortit un petit carnet noir de la poche de son manteau, qu’il donna à Hazel.

Il y avait encore une marge existentielle avant que Balthazar Owen ne se métamorphose en une copie conforme de son meilleur ami. Et si tout le monde savait qu’il y avait en effet peu de chances pour que le gallois soit réellement assimilé à l’asiatique, Hazel s’esclaffa en constatant à quel point l’inverse n’aurait pas enthousiasmé le blondinet. Ce fut la raison pour laquelle la brune en rajouta une couche, le narguant d’un air moqueur. « Fais gaffe, il déteint sur toi. » Malheureusement ni l’un ni l’autre n’exerçaient d’influence positive sur eux-mêmes. Parfois pourtant il y aurait eu bien des avantages à voir naître un condensé du positif de Lynch et Owen.

Même elle pouvait reconnaître que Jude avait ses côtés agaçants, bien que c’était partiellement pour cela qu’elle appréciait autant son meilleur ami et qu’elle aurait refusé de se passer de lui. Néanmoins depuis ces dernières années passées à Poudlard, Hazel avait pu prendre conscience de l’importance que Balthazar avait également pris avec le temps dans son existence. Il était un ami devenu cher et valeureux avec qui elle passait du temps, sans doute moins qu’avec Jude mais leurs entrevues lui avaient toujours été bénéfiques et réellement bienheureuses. Aujourd’hui en était une un peu particulière et elle comprit pourquoi quand le Serpentard lui proposa de donner son opinion sur les deux chansons qu’il avait élaborées dans la journée. A l’entente de cette demande, Hazel se sentit gonflée d’un certain honneur. Il ne lui fallait pas plus de quelques secondes pour donner sa réponse. « Oh oui avec plaisir ! » L’américaine prit le carnet du jeune homme avec précaution pour en entamer la lecture. Elle s’arrêta de parler, concentrée sur les paroles et les écrits du blondinet. Pendant quelques minutes, Hazel ne pipa pas un mot – en effet, elle prenait sa mission très à cœur.

La jeune Gryffondor referma le carnet au bout d’un temps qui parut infini et s’arrêta pour observer Balthazar avec un air grave et profond. Rarement la brune avait eu l’air aussi solennelle et sérieuse. « C’est toi qui as écrit ça ? » demanda t-elle, comme une confirmation qu’il était bien l’auteur de ce qu’elle venait de parcourir. Visiblement si elle n’avait toujours pas donné son avis, il n’y avait pas la trace du moindre sourire ou du signe qu’elle avait aimé ce qu’elle avait vu. « … C’est super bien. » finit-elle par s’exclamer, une expression sincèrement admirative et soufflée se formant sur son visage. « Vraiment, je me moque pas ! » poursuivit-elle en lui rendant son bien. « Comment tu as fait ? Tu m’avais jamais dit que tu savais écrire des choses comme ça ! »

Le gallois lâcha un rire sincère en entendant Hazel parler d’une éventuelle ressemblance entre les deux garçons. Balthazar était sûrement une des personnes les plus différentes de Jude et cela même si c’était son meilleur ami. Ils se complétaient sûrement sur des millions de points, mais ne se ressemblaient pas le moins du monde. L’un comme l’autre se tirait vers le haut, même si on pourrait penser le contraire à certains moments. « Je préfère mourir que ressembler à Jude. » Un petit sourire avant de donner le carnet à la jeune fille, un peu stressé de savoir ce qu’elle pourrait en penser. Si elle n’aimait pas, il savait qu’il recommencerait tout, parce qu’il était du genre super perfectionniste. Balthazar ne laissait jamais rien au hasard, parce que pour lui, si on faisait les choses autant les faire pour de vrai et surtout correctement. Si bien qu’il regarda du coin de l’oeil la plus jeune en train de lire, essayant de lire sa réaction sur son visage, une légère boule au ventre.

Une fois la lecture terminée, la jeune femme lui posa une question un peu étrange qui le fit bloquer. Oui, il avait écirt ça, mais cela sous entendait quoi ? Que c’était mauvais ? Que c’était bien ? Beaucoup de questions se bousculèrent dans sa tête, jusqu’à ce qu’elle vienne le rassurer en lui disant que c’était bien. Balthazar ne partager jamais ses écrits et pour un premier commentaire, c’était plutôt cool. « Bah j’en parle pas jamais, mais du coup je me suis dis que personne dans le groupe allait le faire. » C’est sûr qu’il ne fallait pas compter sur les deux autres pour écrire des textes un minimum convenable -surtout Jude, qui ne savait même pas écrire forestière. Après cet avis sympathique, Balthazar récupéra son carnet, pas encore prêt à livrer tout ses secrets, après tout certaines chansons étaient encore trop personnelle. Il marcha un petit peu avant de s’arrêter sur le chemin en regardant Hazel dans les yeux. « Tu crois qu’ils vont aimer ? » On pourrait croire Balthazar extrêmement sûr de lui, mais ce n’était aucunement le cas. L’idée de montrer ça aux garçons l’effrayait un peu, pour ne pas dire beaucoup.

Pour sûr, Jude serait ravi d’apprendre que son meilleur ami ne souhaitait absolument pas partager de trait de caractère avec lui. Cette volonté farouche qu’ils avaient de vouloir rester parfaitement dissociés dans leur caractère amusait profondément Hazel. Elle aimait autant la personnalité de l’un que de l’autre et les changer serait revenu à les dénaturer, mais malgré tout, l’influence qu’ils exerçaient l’un sur l’autre restait présente.

Le partage de Balthazar touchait Hazel, qui se sentait particulièrement fière d’être mise au secret de ses compositions. Elle avait l’impression que par ce geste inconscient, elle approfondissait son amitié avec le gallois et que surtout, celui-ci lui faisait confiance comme à une véritable amie. Ca n’en avait pas l’air, mais le jeune homme était parfois si discret et si peu loquace que les preuves d’affection de sa part étaient parfois assez rares ou tout simplement trop subtiles pour quelqu’un comme l’américaine. « Vraiment, c’est vraiment bien. Je pense que les garçons seraient hyper fiers, et encore plus s’ils savaient que ça vient de toi ! » La Gryffondor le gratifia d’un sourire d’encouragement sincère. Si elle était aussi étonnée des doutes qui pouvaient habiter le jeune Serpentard sur ses capacités de musicien et d’artiste, elle restait une de ses plus fidèles amies et se devait donc de le soutenir du mieux qu’elle le pouvait. Surtout quand, en l’occurrence, le septième année n’avait pas à rougir de la qualité de ses écrits. Elle se permit de dédramatiser la chose, avec la malice qu’on lui connaissait. « Et puis bon, si Jude n’aime pas, c’est juste qu’il est vraiment jaloux de pas avoir eu l’idée avant toi. Et je le frapperai, t’inquiète. » Personne n’imaginait la frêle petite brune donner le moindre coup à l’adresse de son meilleur ami, pourtant Balthazar était le mieux placé pour savoir qu’Hazel pouvait se révéler être une petite brute avec le Genius Crew.

La rouge et or resserra sa prise sur le livre offert par Benny, avant de jeter un coup d’œil dans la direction de la large entrée de l’école qui menait au hall. L’envie de revenir à l’ambiance feutrée, chaleureuse et surtout bien chauffée de l’intérieur de Poudlard refaisait surface au fur et à mesure que le froid à l’extérieur s’accentuait, faisant rougir ses pommettes et le bout de son nez. « Ca te dit de retourner au château ? Il fait vraiment froid, j’ai bien envie d’un chocolat chaud en cuisine moi. » Le vert et argent ne serait sûrement pas contre un petit remontant, surtout si cela pouvait leur permettre de continuer à papoter tranquillement.